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Est-ce que les données peuvent aider une entreprise à réduire son impact environnemental et améliorer son apport social ? Un consensus émerge autour de la data au service de la mesure des performances, y compris RSE. Sous réserve de réussir à faire remonter les bonnes informations pour établir les bons constats.

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00:00 On poursuit cette discussion toujours en compagnie de Martin Beignet, cofondateur d'Olys.
00:11 Nous avons rejoint Caroline Lutigny qui est à distance avec nous, directrice de la communication
00:16 et RSE du groupe Erige, un groupe familial actif dans les matériaux de construction.
00:20 Antoine Compin également, directeur général de Manut en France et partenaire de cette
00:24 émission.
00:25 Bonjour à tous les deux.
00:26 Antoine, je me tourne vers vous, j'entendais ce que disait Martin tout à l'heure, il
00:30 me disait voilà, la RSE, la data, il faut aller la chercher partout pour faire progresser
00:34 des outils de scoring.
00:35 J'ai l'impression que cette data, elle est finalement disséminée un peu partout dans
00:40 l'entreprise déjà pour commencer.
00:42 Est-ce que vous, vous arrivez à mobiliser l'ensemble de vos collaborateurs sur cette
00:47 importance de la data et de la faire remonter surtout ?
00:50 Bonjour, bonjour Oly, bonjour à tous.
00:53 Oui, bien sûr et je pense que Martin l'a très bien expliqué, la donnée est clé.
00:59 Nous, ce qu'on met avant tout en avant, avant la donnée et son utilisation, c'est la
01:04 stratégie RSE que l'entreprise a établie et a affirmée et on va ensuite effectivement
01:09 collecter de la data avec différents moyens pour soutenir cette stratégie RSE.
01:14 Cette donnée, elle n'est pas au même endroit, partout, au même moment.
01:18 Manut en est un distributeur de matériel, ce qui signifie qu'on s'appuie sur des fournisseurs
01:23 fabricants qui ont dans les mains une partie de l'histoire.
01:25 On va s'appuyer aussi sur des partenaires qui vont s'occuper du transport de marchandises
01:29 qui ont également une partie de l'histoire.
01:30 Il faut qu'on collecte l'ensemble de ces informations pour en avoir une lecture la
01:34 plus proche possible qui va bien soutenir cette stratégie RSE.
01:38 Par exemple, lorsque l'on dit que l'on va baisser de 5% l'empreinte carbone sur les
01:43 trois scopes, le scope 1, le scope 2 et le scope 3, lorsque l'on sait que le scope 3
01:48 c'est déjà 80% en moyenne de l'ensemble de ces trois scopes et que ce scope 3 c'est
01:52 majoritairement les produits qui sont achetés donc commercialisés par Manut en, on a effectivement
01:57 tout intérêt à collecter les bonnes données pour soutenir à la fois notre propre stratégie
02:01 RSE mais aussi celles de nos clients qui comptent effectivement pour Manut en.
02:05 Caroline Métigné, cet éclatement de la donnée qui est finalement présente un peu partout,
02:10 j'imagine que vous y êtes confrontée de la même façon chez ERIJ, comment est-ce
02:12 que vous traitez cette problématique ?
02:14 Oui, effectivement, nous on est chez ERIJ à la fois un groupe industriel et distributeur
02:20 donc on est confronté aux mêmes problématiques que Manut en sur la partie distribution.
02:25 Sur la partie industrie, évidemment, on est plus en maîtrise de nos données mais on
02:29 relève les mêmes écueils aujourd'hui sur cette faible disponibilité et accessibilité
02:34 à la donnée et surtout l'absence d'automatisation de la chaîne de traitement.
02:39 Donc cette donnée, parfois elle est présente, parfois elle est existante mais pas collectée
02:45 et elle est absolument nécessaire pour pouvoir animer, piloter, dialoguer aussi au sein de
02:50 l'entreprise pour pouvoir faire émerger de manière très claire auprès de nos collaborateurs
02:54 cette stratégie RSE et toutes les initiatives que l'on met en œuvre.
02:57 J'ai l'impression que c'est un sujet, Martin Bénier, dont on parle de plus en plus aujourd'hui,
03:02 probablement mais peut-être que vous allez me dire que ce n'est pas corrélé, j'en
03:05 sais rien.
03:06 Parce qu'il y a l'arrivée de la CSRD aussi qui pousse les entreprises à s'engager
03:10 davantage et où elles vont avoir finalement ce besoin de données encore plus prégnant
03:14 demain.
03:15 Effectivement, la CSRD joue.
03:17 La CSRD, même si elle est au niveau entreprise, comme l'a très justement rappelé Antoine,
03:22 les produits représentent peut-être autour de 75% de cet impact.
03:26 Et prendre des données génériques pour une entreprise qui sont disponibles dans des
03:30 bases de données publiques, c'est certes un moyen de quantifier cet impact mais c'est
03:35 un moyen qui va être un petit peu majorant pour éviter du greenwashing notamment.
03:38 Et donc pour elles, être capable d'aller creuser, d'aller faire le lien entre les
03:43 données qu'elles ont, les données qu'elles vont aller chercher au niveau de leurs fournisseurs,
03:46 ça va leur permettre d'avoir un score qui est plus représentatif et ce gain en représentativité,
03:50 déjà juste ça, ça permet d'éviter les données majorantes.
03:53 Et puis ensuite quand on initie des démarches d'éco-conception, encore plus s'améliorer
03:58 et donc être mieux disant sur la NFRD qui est en train d'arriver.
04:01 Antoine, est-ce que vous avez mis des outils spécifiques pour agréger cette donnée en
04:05 place chez Manutan ?
04:06 Alors oui, nécessaire, obligatoire même.
04:10 On sait qu'à une échelle de temps, ça va démarrer en janvier 2024, ça va s'échelonner,
04:15 pour Manutan ce sera en 2025.
04:17 Nous ce qu'on a fait en 2023, nous avons sorti notre score d'impact environnemental
04:23 produit.
04:24 Je reprends un petit peu l'exemple que Martin a donné tout à l'heure mais nous on fait
04:28 partie de ces entreprises qui gèrent plus de centaines de milliers de références,
04:33 on a 800 000 références aujourd'hui.
04:34 Donc on a aussi non seulement des contraintes légales qui flèchent et qui orientent les
04:39 entreprises dans les bonnes directions, c'est une très bonne chose.
04:41 Et puis il y a le besoin de rendre cette méthodologie et l'utilisation de ces données reproductibles,
04:46 parce que l'idée effectivement est de mesurer le score d'impact environnemental d'un produit
04:51 une fois et de le faire 800 000 fois.
04:54 Donc on s'appuie aujourd'hui sur deux référentiels, le premier qui s'appelle PEF, Product Environmental
05:00 Footprint, donc l'empreinte environnementale produit en français, qui a été retenue par
05:05 l'Union Européenne, pour tout ce qui va concerner les produits EPI, les produits
05:10 de protection individuelle, et puis bien sûr l'ADEME, notamment sur tous les produits
05:14 mobiliers de bureau.
05:15 Ces deux référentiels permettent sur des critères, il y en a entre 12 et 16, de déterminer
05:21 des scores d'impact environnemental produit.
05:24 Dans ces critères-là, on va retrouver certains que Martin a cités, l'impact sur la santé
05:29 humaine, l'impact sur l'émission de particules fines, des impacts de changements climatiques,
05:35 et tous ces critères-là permettent de donner un score.
05:38 Ça reprend un petit peu le Nutri-Score, qu'on connaît un peu plus en tant que consommateur.
05:42 On va être en capacité de produire et de fournir à nos clients des données par des
05:47 scores, des lettres qui vont de A à E, et qui vont à la fois donner un éclaircissement
05:52 sur les mesures de l'impact environnemental des produits à nos clients, mais en plus
05:55 de ça, vous l'avez cité tout à l'heure, la possibilité de comparer des produits et
05:59 des utilisations entre elles.
06:01 C'est ça qui est important aujourd'hui.
06:02 Caroline, même question, est-ce que vous avez mis en place des outils particuliers
06:06 pour pouvoir mesurer les scores de vos produits utilisés dans votre industrie ?
06:12 De manière plus globale, nous effectivement on assure la mesure de nos enjeux ESG, à
06:19 la fois sur la dimension environnementale, mais aussi d'un point de vue social.
06:23 Sur la dimension environnementale, on a mis en place une trajectoire carbone qui a été
06:27 validée au niveau SBTI, au niveau international.
06:30 On la suit effectivement sur notre Scope 1 et 2, tout ce qui touche à l'énergie et
06:38 à ce qui touche à l'intérieur de l'entreprise.
06:39 Le Scope 3, comme on l'expliquait, qui est plus lié à tout ce qui se passe en amont
06:44 et en aval de l'entreprise, est plus complexe à déterminer.
06:47 En revanche, pour pouvoir accompagner cette démarche, on a mis en place des systèmes
06:52 d'information dédiés.
06:54 Sur la partie extra-financière, on est en cours de déploiement.
06:57 Sur la partie plus sociale, on a d'ores et déjà bien avancé le dispositif, sur lequel
07:03 on adosse une stratégie data pour pouvoir ensuite accélérer l'automatisation et la
07:10 remontée des informations, la structuration des ratios de manière automatique pour à
07:15 la fois répondre aux enjeux réglementaires qui vont s'imposer au niveau de la CSRD,
07:18 mais au-delà de ça, ce qui est très important pour nous, c'est de pouvoir améliorer notre
07:22 pilotage et au quotidien donner du sens par la mise en place de budgets extra-financiers,
07:29 de systèmes qui nous permettent d'aborder notre pilotage et notre stratégie de manière
07:34 plus globale.
07:35 Justement Caroline, vous parliez de pilotage, qui est-ce qui pilote ça chez vous ? Est-ce
07:39 que c'est la direction de la RSE ou est-ce que ça relève de la DSI puisqu'on parle
07:42 de data ?
07:43 Alors, le programme data est directement impulsé par le président du directoire de
07:49 Groupe, ça fait partie vraiment de sa feuille de route, qui est basé effectivement sur
07:53 des projets fort structurants pour nos différentes activités, sur une politique RSE particulièrement
07:59 engagée, le progrès humain, mais aussi sur la dimension data et intelligence artificielle.
08:05 Donc, il en est le premier promoteur.
08:07 Moi, j'en assure en fait le sponsoring au niveau du comité de direction Groupe et à
08:12 ce titre, je fais plutôt œuvre de passerelle entre nos départements informatiques, nos
08:17 DSI effectivement dans nos différentes activités et les dirigeants métiers pour assurer la
08:21 bonne cohérence du projet et du pilotage de l'ensemble de ce programme data.
08:26 Je suis accompagnée par des prestataires extérieurs qui s'assurent effectivement
08:33 de toute la partie architecture, planning, cohérence, gouvernance, etc.
08:38 Et en interne, les équipes SI ont cadencé des pilotes pour pouvoir avancer sur nos différentes
08:46 activités, cartographier les datas, les sources, identifier les usages que l'on souhaite
08:51 déployer le plus rapidement possible et puis surtout assurer la qualité de la data qui
08:56 va être remontée.
08:57 Comment on s'assure de la qualité de la data, Martin Vainier ?
09:00 Alors, il y a plusieurs moyens de le faire.
09:03 Déjà, sur chaque donnée environnementale qui sont dans les bases de données, il y
09:07 a un score de qualité qui est associé.
09:10 Donc, ça permet déjà de savoir si cette donnée a été élaborée par la base il
09:14 y a peut-être 10 ans, 5 ans, 15 ans, 20 ans.
09:17 Ça peut être assez variable.
09:18 Et puis après, il y a le niveau de qualité de la donnée qu'on collecte.
09:22 Est-ce qu'on a juste dit voilà, on prend une donnée générique, on pense qu'en moyenne
09:26 notre produit fait telle masse, est-ce qu'on est allé la collecter, est-ce qu'on a collecté
09:31 un premier niveau d'information, est-ce qu'on est rentré dans le détail, de savoir peut-être
09:33 entre différents types de plastique, la manière de le produire.
09:36 Ça peut vraiment, pour chaque matériau, pour chaque processus, on a une granularité
09:39 qui peut être très très fine.
09:40 L'idée étant qu'il faut chercher évidemment à avoir de la qualité, mais il ne faut pas
09:45 non plus oublier que l'enjeu est surtout déjà de mettre un score sur l'ensemble de ces
09:49 produits et que vouloir à tout prix faire du 100% super pointilleux, ça va se faire
09:55 au dépend de l'énergie des ressources qu'on peut exploiter pour toutes ces autres gammes
09:59 de produits.
10:00 Donc nous typiquement, avec notre outil, ce qu'on identifie, et j'entendais Caroline
10:05 parler d'intelligence artificielle, ça fait partie des outils qu'on exploite activement
10:09 sur la plateforme pour permettre d'identifier quels sont les leviers d'action et comment
10:13 est-ce qu'avec quelques actions très simples qui sont valables sur le plan environnemental
10:18 et sur le plan économique, on va être capable de réduire l'impact d'un produit ou en tout
10:24 cas d'augmenter la qualité de ses données, ça dépend un petit peu de la démarche qu'on
10:27 souhaite faire, sans être obligé systématiquement de devoir tout collecter.
10:30 Antoine, dans quelle mesure cette data, une fois collectée, elle sert, elle éclaire
10:35 en tout cas la stratégie future d'un groupe comme le vôtre ?
10:38 Elle l'éclaire dans le sens où, comme pour Caroline, notre directrice de la RSE qui
10:44 a été nommée il y a trois ans, est rattachée directement au président de l'entreprise.
10:48 Donc ça montre bien qu'il n'y a pas d'un côté une stratégie produit, de l'autre
10:53 une stratégie commerciale ou encore une stratégie data, et que la stratégie RSE viendrait
10:58 comme ça sur le côté doublé un petit peu par la gauche ou par la droite.
11:02 C'est véritablement la stratégie de l'entreprise.
11:03 Quand Manu Tham fixe sa mission comme étant entreprendre pour un monde meilleur, ça
11:07 montre bien l'impact qu'on a envie d'avoir sur la société au sens très large, dont
11:12 l'environnement.
11:13 C'est cette stratégie qui fait en sorte de driver ensuite toutes les autres actions
11:17 qui sont entreprises par nos collaborateurs.
11:19 Bien sûr, on l'explique, on donne beaucoup de sens à la mission que l'on donne à l'entreprise.
11:25 Et puis surtout, on va aller chercher aussi nos fournisseurs qui sont nos partenaires,
11:30 où on va ensemble définir la meilleure façon de lire les données que parfois ils possèdent,
11:36 parfois ils ne le possèdent pas en totalité, pour faire en sorte de traduire ça dans un
11:40 score qui soit entendable par nos clients, puisqu'on souhaite dans un premier temps
11:44 le mesurer, dans un deuxième temps améliorer la mesure.
11:47 C'est à la fois une sorte de course vers le nombre de références, encore une fois
11:52 800 000 références dans un catalogue, ça nécessite d'y consacrer du temps, c'est
11:56 très important.
11:57 Et puis bien sûr, l'amélioration de ce score est dans les achats, qui sont quelque
12:02 part la manière dont nos clients vont également mesurer leur propre performance.
12:05 Donc on travaille à co-construire avec eux, via une méthodologie qu'on appelle Save
12:10 Inside, qui leur permet d'optimiser leurs achats.
12:12 On va par exemple dire à nos clients, le produit que vous recherchez est là, et vous
12:16 avez la possibilité de commander une alternative, qui est une alternative permettant la même
12:20 utilisation de produit, mais sur lequel le score d'impact environnemental produit est
12:23 meilleur.
12:24 Et à partir du moment où on a réussi à faire ça, je dirais, ensemble, nos fournisseurs,
12:28 nos clients et nos collaborateurs, on a tout gagné.
12:30 Caroline Lutinier, comment est-ce que vous, de la même façon, vous engagez à la fois
12:35 vos collaborateurs, mais aussi peut-être vos clients, vos fournisseurs sur ces sujets-là ?
12:39 Alors nous, depuis l'arrivée de notre président il y a trois ans, effectivement, on a mis
12:45 un grand programme au niveau de la stratégie d'entreprise, de manière à ce qu'elle
12:49 soit pleinement incarnée à tous les niveaux du groupe, à travers la gouvernance, ou d'abord
12:55 avec la mise en place d'un comité RSE, du conseil de surveillance, une formation de
13:01 l'ensemble des acteurs de la direction, et derrière aussi des plans d'objectifs et
13:07 d'intéressement pour les collaborateurs basés directement sur la stratégie RSE du
13:11 groupe, qui est évidemment alignée avec la stratégie globale de l'entreprise.
13:15 Et on décline ensuite par comité RSE et tous les niveaux d'entreprise, que ce soit
13:20 au niveau du groupe, au niveau des activités, y compris au niveau des collaborateurs à
13:25 titre individuel, on a développé des collectifs qui permettent à chacun de pouvoir agir et
13:29 de prendre des initiatives sur ces thématiques.
13:32 Maintenant, ça nous permet aussi de les engager en comprenant mieux.
13:40 On estime qu'effectivement la formation est un fort levier nous permettant de les
13:45 engager.
13:46 C'est pourquoi on a mis en place des formations à la fresque du climat sur l'ensemble des
13:49 collaborateurs.
13:50 Aujourd'hui, on est à peu près à un tiers du groupe formé sur ces enjeux-là, de manière
13:55 à ce qu'on comprenne mieux notre engagement en matière d'environnement.
13:59 Sur nos activités industrielles, on a travaillé beaucoup en termes de R&D pour déployer à
14:04 la fois des gammes de produits dans notre activité béton au travers d'une démarche
14:09 qu'on a appelée Vitalis, qui dispose elle-même d'un vitascore, qui permet aussi de disposer
14:15 de différents produits à empreinte carbone réduite, d'avoir des solutions béton différentes
14:21 selon les usages et avoir le bon béton pour le bon usage avec une empreinte réduite.
14:26 D'autre part, sur la partie menuiserie, on travaille également très fortement sur les
14:31 enjeux tournant autour des ressources et des matières premières avec la mise en place
14:36 d'un dispositif qui permet de récupérer les menuiseries en fin de vie pour les réintégrer,
14:42 les trier, recycler et réintégrer ensuite dans les process.
14:45 Martin, Béni, tout à l'heure vous disiez que la donnée peut être plus ou moins fiable
14:50 selon du moment duquel elle date.
14:53 Je me demandais à partir de quel moment on doit réactualiser son score ? Parce qu'une
14:57 fois qu'on l'a, très bien, mais si le fournisseur change x ou y composants, ça peut faire changer
15:02 le score.
15:03 Est-ce que c'est du temps réel ? Comment est-ce que vous fonctionnez ?
15:05 Effectivement, si le fournisseur change de fournisseur, déjà pour commencer, ce qui
15:11 est peut-être le cas le plus fréquent, ou qu'il fait une amélioration ou une dégradation
15:16 de ses procédés de production, ça va changer l'impact réel du produit.
15:20 Aujourd'hui dans la réglementation, il n'y a pas encore de consensus sur le niveau de
15:25 rafraîchissement ou le rythme de rafraîchissement de ces scores.
15:28 Il faut quand même avoir en tête que c'est un exercice qui est très très lourd pour
15:31 les entreprises, quand bien même elles utilisent des outils d'automatisation.
15:34 Donc pour le moment, l'idée est plus d'être sur un rythme annuel de mise à jour.
15:39 Ça marche bien pour certaines gammes de produits, je pense notamment aux textiles qui ont des
15:44 collections biannuelles, d'ailleurs très souvent, qui vont avoir un rafraîchissement.
15:49 Et puis pour les autres produits, ça peut être aussi juste au lieu de refaire tout
15:53 l'exercice de collecte, de simplement aller demander à ses fournisseurs, est-ce que pour
15:57 le moment vous jugez qu'il y a eu un changement ? Quand c'est des changements positifs, souvent
16:01 les fournisseurs sont assez proactifs sur le sujet, et puis d'avancer comme ça pour
16:08 le pilotage.
16:09 Donc il y a encore de consensus sur à quel rythme il faudrait le faire.
16:11 Dans un monde idéal, il faudrait le faire en temps réel.
16:14 Aujourd'hui, ce n'est peut-être pas non plus un enjeu encore aussi crucial pour les
16:19 fournisseurs, pour les entreprises et puis pour leurs clients.
16:21 Antoine, est-ce que ces nouveaux outils de scoring que vous avez mis en place vous amènent
16:26 à penser à de nouveaux produits, à de nouveaux services ?
16:28 Clairement, je pense notamment à ce que nos clients nous disent.
16:36 Nos clients sont des entreprises, des collectivités, des artisans, ce sont des professionnels.
16:39 Et ils ont, nos clients, cette envie d'avoir à la fois la possibilité de mieux consommer,
16:45 d'avoir un score environnemental des produits qu'ils consomment qui s'améliore, qui se
16:50 mesure, on l'a vu, qui s'améliore aussi.
16:52 Et ils ont également envie, ce n'est pas un mais, c'est un et, d'avoir une performance
16:56 économique qui soit au rendez-vous de leurs objectifs, de notamment maîtrise en tout
17:00 cas de leurs coûts et de leurs dépenses.
17:02 Et une des solutions sur laquelle Manu Tan travaille déjà depuis quelques années,
17:07 c'est l'économie circulaire.
17:08 L'économie circulaire, c'est comment faire rentrer des produits dans un second cycle
17:13 de vie.
17:14 Donc, on n'est pas en train de parler de produits neufs, mais de produits de seconde
17:17 main qui ont déjà vécu, qui ont pu être réparés, qui ont pu être réutilisés,
17:21 en tout cas qui rentrent dans un deuxième cycle de vie.
17:24 Ces produits ne faisant pas l'objet de l'extraction en matière première, d'une nouvelle industrialisation,
17:28 ni même souvent d'un acheminement, ont un score d'impact environnemental produit bien
17:33 meilleur.
17:34 Et par définition, bien souvent, un produit de seconde main est également plus économique.
17:38 Donc, en mettant à disposition de nos clients à la fois la possibilité de collecter du
17:42 matériel informatique et du matériel de bureau, mais aussi de proposer des produits
17:46 de seconde main dans notre offre, nous permettons à nos clients de garantir à la fois un meilleur
17:51 score environnemental des produits qu'ils consomment et aussi de meilleure performance
17:55 économique.
17:56 Caroline Lutini, sur cette question de la performance économique, est-ce que ça se
18:00 mesure, le fait d'avoir une politique RSE très data-centric, est-ce que ça se mesure
18:04 en termes de performance aujourd'hui ou est-ce que c'est trop tôt ?
18:07 Alors aujourd'hui, la mesure de la performance de manière multi-capitaux en prenant en compte
18:16 à la fois les enjeux environnementaux, économiques et sociaux, on commence à mettre en place
18:23 quelques éléments, quelques réflexions, mais j'avoue qu'au niveau de l'entreprise,
18:28 on est plutôt sur des pilotes que sur un déploiement large de l'analyse de cette
18:32 performance globale.
18:34 L'enjeu pour nous, c'est que la data et l'analyse de la performance à partir de
18:40 cette data, elle se déploie au sein de chacun de nos métiers et qu'effectivement, l'approche
18:45 quand on vise le développement d'un nouveau service, d'un nouveau produit ou d'un
18:49 nouvel investissement, soit non plus uniquement sous l'angle financier ou économique, mais
18:56 aussi sous l'angle extra-financier, on commence à le mettre en place dans le cadre de nos
19:00 réflexions sur des investissements, investissements machines, sur le développement de nouveaux
19:06 produits, de manière aussi à pouvoir avoir une lecture transparente de nos développements
19:13 sur l'ensemble de la chaîne de valeur et c'est vraiment ce que l'on souhaite faire
19:18 avec le développement de cette stratégie data pour l'ensemble de nos métiers.
19:21 Martin Vainier, vous qui êtes au cœur de cette récolte de la data, est-ce qu'il
19:25 y a des secteurs qui aujourd'hui ne sont pas encore suffisamment matures pour pouvoir
19:29 afficher des scores ou est-ce que demain, au contraire, on va se retrouver avec des
19:33 petites étiquettes rouge jaune verte, pour faire simple, sur à peu près tous les produits
19:37 qui nous entourent ?
19:38 Alors, il y a effectivement un phasage qui est en cours sur les secteurs qui vont déployer
19:43 ce type de dispositif d'affichage.
19:45 Caroline parlait tout à l'heure des produits de construction, même si on ne va pas avoir
19:50 des étiquettes sur notre béton, nos porte-fenêtres, puisque c'est surtout à la destination des
19:55 clients professionnels, mais il y a d'ores et déjà avec l'ARE 2020 une base de données
19:59 qui recueille ces fiches de déclaration environnementale et sanitaire, les FDES, qui elles vont vraiment
20:05 avoir cette cartographie, cet impact pour chacun de leurs produits.
20:09 Donc ce secteur est assez avancé.
20:11 Dans le textile et dans l'alimentaire, c'est pour le moment, dans le cadre de ce que dit
20:16 le commissariat général de développement durable récemment, c'est les deux secteurs
20:19 prioritaires pour avoir un score pour nous tous consommateurs, donc textile et alimentaire.
20:24 Et puis ensuite, petit à petit, avec des initiatives comme celle portée par Manutan
20:28 par exemple, on va avoir de plus en plus de scores sur de plus en plus de produits, sachant
20:32 que nous on voit déjà chez nos clients des secteurs qui ne sont absolument pas contraints
20:37 par la réglementation, mais qui mènent déjà de fond ces sujets, parce que c'est aussi
20:41 des transformations assez lourdes pour l'entreprise.
20:43 Caroline parlait tout à l'heure de le faire rentrer dans chacun des métiers.
20:48 C'est vraiment ça qui compte.
20:49 Il faut avoir bien en tête que la majorité de l'impact d'un produit, il se décide au
20:54 moment de la conception pour les entreprises qui la font ou de la sélection des achats.
20:59 Donc ce n'est pas une idée de dire on a choisi, c'est dans le catalogue, c'est déjà dans
21:03 les rayons et puis maintenant on va quantifier, puisque à ce moment-là, de toute façon,
21:06 il n'est plus possible de s'améliorer.
21:07 Il y a vraiment cet enjeu aussi de diffuser la pratique et que des designers, des ingénieurs,
21:13 des chargés de logistique, de sourcing et évidemment de RSE soient capables de parler
21:18 de ces scores et de le faire avec une volonté d'amélioration.
21:22 Merci beaucoup à tous les trois de nous avoir apporté votre expertise aujourd'hui.
21:25 Martin Beignet, cofondateur d'Olys, Caroline Lutinier, directrice communication et RSE
21:29 du groupe ERIJ et Antoine Compin, directeur général de Manut en France.
21:33 A très bientôt.

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