La députée LFI de Seine-Maritime se dit extrêmement déçue de l'accord trouvé à Dubaï dans le cadre de la COP28 qui prévoit "une transition hors des énergies fossiles".
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Bonsoir à vous Alma Dufour.
00:02 - Bonsoir.
00:02 - Alors vous êtes députée La France Insoumise, mais vous êtes également activiste pour le climat, vous vous auto-revendiquez comme telle,
00:08 vous l'ancienne porte-parole des Amis de la Terre.
00:10 Important de préciser cela, que dites-vous de l'accord sorti de la COP 28 de Dubaï ?
00:15 - Bah on est extrêmement déçus et on ne s'attendait pas à grand chose en même temps, donc c'est ça le problème en fait.
00:21 Cette COP pour moi signe l'échec de 10 ans à peu près de négociations sur le climat.
00:28 Quand j'ai commencé à militer c'était la COP 21 et on se disait qu'il était encore peut-être possible de rester à 1,5 degré de réchauffement en 2100.
00:36 Là on sait qu'on les aura dépassés dans la décennie.
00:39 On sait que les engagements des Etats ne permettent pas une réelle réduction des émissions dans les 10 années qui nous restent pour vraiment infléchir la tendance.
00:47 Donc on va vraiment droit dans le mur aujourd'hui.
00:49 - Vous savez c'est le verre à moitié vide et le verre à moitié plein.
00:52 Vous prenez François Gemeyenne, quand même spécialiste du climat, monsieur Giec qui a dit sur France Inter ce matin
00:57 qu'on dessine quand même un futur largement décarboné pour les énergies fossiles.
01:01 Il parle d'accords quasiment historiques et ambitieux.
01:04 Lui préfère voir la marge de progression en fait.
01:08 - Tout à fait, non mais il y en a une.
01:10 On ne peut pas dire qu'on a stagné depuis ces huit COP.
01:14 Néanmoins, moi entre les paroles et les actes j'ai des gros doutes.
01:18 Je vais prendre juste l'exemple qu'on connaît le mieux, c'est-à-dire celui de la France.
01:20 Les engagements que la France a pris devant la scène internationale et devant l'Union Européenne,
01:24 aujourd'hui elle n'est pas capable de les tenir d'ici 2030.
01:28 C'est physiquement impossible de réduire nos émissions de moitié dans les sept années, huit années qui nous restent,
01:34 comme c'est nos obligations.
01:36 Et donc imaginez, alors que la France met quand même beaucoup de moyens dans une partie de la transition, pas dans tout,
01:41 d'autres pays ça va être encore pire.
01:43 Pourquoi ? Parce que ce qu'il y a de commun dans ces COP, c'est qu'on n'a jamais remis en question
01:47 le modèle économique néolibéral, productiviste et de croissance
01:51 qui sous-tend en fait la majorité des économies développées.
01:55 Et tant qu'on n'aura pas fait ça, on aura beau développer des énergies vertes,
01:58 on ne mettra pas fin par exemple à l'exploitation des énergies fossiles, c'est une certitude.
02:02 - Même si les grandes maisons, les grandes multinationales s'y mettent aussi ?
02:06 Même si les grandes entreprises essaient, par-delà le greenwashing, de se décarboner
02:10 parce qu'elles y voient aussi un atout, un intérêt ?
02:12 - En fait le problème c'est que les intérêts s'additionnent.
02:15 C'est-à-dire que vous pouvez faire des renouvelables d'un côté et continuer les fossiles de l'autre.
02:18 C'est exactement le cas de TotalEnergies qui d'après ses annonces, d'ici 2030,
02:22 n'investiront que 30% dans les énergies renouvelables.
02:25 Et tout le reste c'est dans les fossiles.
02:27 Notre majeure pétrolière française est une de celles qui ouvre et développe
02:31 le plus de nouveaux projets de pétrole et de gaz dans le monde.
02:34 Donc on n'a vraiment pas de leçons à donner.
02:36 Les multinationales du CAC 40 françaises, elles émettent 11 fois plus que la France.
02:40 Donc en fait il ne faut pas attendre qu'elles s'y mettent gentiment, il faut les contraindre.
02:44 Et aujourd'hui c'est ça qu'on demande à Emmanuel Macron depuis des années déjà.
02:47 Tout ce qu'on fera en France et les efforts qu'on demande aux français
02:50 ne valent rien si on ne contraint pas nos multinationales à nous.
02:54 - Donc Alma Dufour, ce soir, pessimiste, déçue.
02:57 - Écoutez, on n'a pas le luxe d'être pessimiste.
02:59 Il faut absolument continuer à se battre chaque demi-degré compte.
03:02 - Alors la loi de l'immigration à présent, Emmanuel Macron a décidé de jouer à qui tout double
03:06 avec la commission mixte paritaire.
03:08 Soit elle sera conclusive, soit le texte sera retiré, a fait savoir le chef de l'État hier soir.
03:14 C'est la bonne attitude, pas de 49.3 en tout cas à la sortie.
03:17 - Écoutez, on est heureux qu'il ne passe pas un tel texte à coup de 49.3, il ne manquerait plus que ça.
03:21 Je vous rappelle quand même que sur tout le budget, tant de la sécurité sociale que de l'État,
03:25 nous n'avons pas pu voter.
03:26 Nous n'avons pas pu voter sur la protection de l'enfance,
03:28 nous n'avons pas pu voter sur l'écologie justement,
03:30 nous n'avons pas pu voter sur l'hôpital.
03:33 Par contre, effectivement, il va falloir qu'il choisisse son camp.
03:35 Monsieur Macron ne peut pas faire du en même temps, sa stratégie ne fonctionne pas.
03:38 Soit il est du côté du Rassemblement National et de leurs auxiliaires des Républicains,
03:42 soit il ouvre une vision beaucoup plus progressiste de l'immigration.
03:47 - J'entends vos arguments, mais je vous pose une question très franche.
03:52 Vous ne regrettez pas d'avoir voté cette motion de rejet avec les Républicains,
03:56 avec le Rassemblement National ?
03:58 Il y a un côté un peu carpe et le lapin, pardonnez-moi.
04:01 - Mais tout le monde le sait.
04:03 - Vous auriez pu discuter là du texte normalement.
04:06 - Non, parce que nous on sait qu'on est...
04:07 - De pousser au maximum selon vos intérêts.
04:09 - Non, parce qu'en fait, la seule marge de négociation était extrêmement faible.
04:12 En réalité, ce texte est un recul sur quasiment tous les points de la loi immigration.
04:15 Le seul sucre qui était destiné à la NUPES pour le faire passer, vous savez,
04:19 c'était les titres de séjour d'un an pour les travailleurs des métiers en sanction.
04:22 C'est des titres de séjour jetables, ça veut dire qu'on fait des travailleurs jetables
04:25 qui ont une épée de Damoclès sur la tête s'ils perdent leur travail avant la...
04:28 - Mais vous savez que vous vous battez là-dessus, là vous allez avoir un texte...
04:30 - Mais nous on ne voulait même pas de ça, nous on voulait la régularisation des travailleurs sans papier.
04:33 Il n'y avait rien à gagner parce qu'on sait justement que le RN,
04:37 les LR et la Macronie sont au fond d'accord sur ce sujet-là.
04:40 - Mais de votre point de vue, elle m'a du fou.
04:42 Le texte qui va sortir là sera encore plus dur puisque ce sera grosso modo celui qui émanique du Sénat.
04:47 - Mais nous ne voterons jamais pour le doublement des places sans crânes pour expulser les gens.
04:51 C'est tout aussi simple que ça. Nous ne voterons jamais pour le droit d'expulser
04:55 des jeunes qui n'ont jamais mis un pied dans leur pays d'origine
04:58 parce qu'avant ça on empêchait l'expulsion des gens s'ils étaient à leur 13 ans en France.
05:03 Ça, nous ne voterons jamais pour ça.
05:04 Vous ne pouvez pas nous reprocher de rejeter un texte qui est contrairement à toutes nos valeurs les plus fondamentales.
05:11 - Moi je ne vous reproche rien. Au passage, elle m'a du fou.
05:14 Vous avez voté avec le RN. Qu'est-ce qui vous est reproché ?
05:17 - Alors, écoutez, quand les macronistes votent avec le RN pour refuser ma proposition de loi
05:22 pour indexer les salaires sur l'inflation, ça ne choque personne.
05:25 Quand ils votent avec le RN pour refuser des taxes sur les dividendes
05:28 alors que les dividendes n'ont jamais été aussi hauts en France et que les Français crèvent de faim,
05:32 ça ne choque personne. Pourquoi ?
05:34 Il n'y a que quand la NUPES et le RN votent sur une motion de rejet
05:37 et ça s'arrête là pour rejeter un texte.
05:39 On n'a jamais voté des amendements du RN une seule fois depuis le début de la mandature.
05:43 Là, d'un coup, ça choque tout le monde.
05:45 Je suis désolée, la présidente de l'Assemblée nationale qui est macroniste,
05:48 Yael Brown-Pivet, a quand même organisé elle-même la plus grande opération de réhabilitation du RN de l'histoire,
05:54 c'est-à-dire une marche contre l'antisémitisme auquel ils étaient conviés.
05:58 À partir de ce moment-là, on n'a aucune leçon à recevoir sur le barrage républicain de la part du gouvernement et du macronisme.
06:04 Mais il restera dans l'esprit public que vous avez voté ensemble.
06:08 Vous voyez ce que je veux dire ? Vous pouvez sortir tous les arguments de la terre, pardon.
06:11 Mais pour des raisons différentes, comme une motion de censure.
06:14 Comme une motion de censure contre un gouvernement.
06:16 C'est-à-dire que vous n'êtes pas d'accord et Bruno Le Maire avait déjà voté une motion de censure déposée par le RN il y a longtemps.
06:20 Donc ça, c'est le jeu, malheureusement, d'un Parlement où il n'y a plus de majorité claire.
06:24 - On verra bien ce qui sortira de cette loi immigration. Merci à vous, Mme Laville-Four.
06:28 Je rappelle, députée La France Insoumise, NUPES de Seine-Maritime, activiste pour le climat, c'est vous qui l'écrivez sur votre compte X-Twitter.
06:35 Merci d'avoir répondu aux questions de France Info.
06:37 - Merci.