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Danièle Obono, députée LFI de Paris, sur franceinfo le 19 janvier 2024.

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00:00 - Bonsoir à vous Daniela Bono. - Bonsoir. - Vous avez vu les images sur les chaînes d'Info Continu.
00:04 Le président de la République Emmanuel Macron, sa ministre de la Culture de choc, Rachida Dati,
00:08 en visite,
00:11 populaire si je puis dire, en Seine-Saint-Denis pour parler de culture. Vous en dites quoi ce soir ?
00:16 - Pas grand chose. Disons que j'attends de voir quelle politique effective va être mise en place.
00:22 Parce que là c'est de la communication.
00:25 Pris pour affirmer le soutien présidentiel à la nouvelle ministre.
00:29 Qui est un peu le coup politique, le seul coup politique on va dire qui a eu l'ordre de ce remaniement.
00:36 - Vous diriez c'est un coup réussi Daniela Bono ?
00:38 - Ah oui puisque ça fait parler et ça a occupé du coup
00:40 beaucoup dans les médias. Mais je pense qu'au delà la question, comme pour tout ce remaniement,
00:45 c'est de savoir quelle politique va être mise en oeuvre. Pour ma part en tant que parlementaire, ce qui m'interpelle surtout c'est que
00:52 nous n'avons pas eu, comme c'est normalement fait, de présentation de la politique générale du Premier ministre.
01:00 Ou celui qui est supposé être le Premier ministre. Nous avons eu un discours d'Emmanuel Macron.
01:03 Mais après le discours d'Emmanuel Macron qui en gros a tout dit d'une certaine manière.
01:08 Et pour moi en tant que parlementaire et vis-à-vis de ce gouvernement et de cette ministre de la culture,
01:13 ça m'interpelle. C'est un peu ça qui m'interpelle.
01:16 - Pour vous la conférence de presse aura été finalement le discours de politique générale qui ne dit pas son nom ?
01:22 - Ah ben clairement ! Et pour le coup sur ce sujet là, je ne vois guère en termes de politique culturelle,
01:28 du contenu et des propositions, ça ne m'étonne pas en même temps, qui vont dans le sens de ce que déclarent par ailleurs
01:35 Madame Dati, la ministre Dati et le Président de vouloir construire une culture populaire. Tout ça en fait,
01:41 voilà, je crois que c'est beaucoup de la com et j'attends de voir
01:43 ce qui va être fait politiquement.
01:46 - Le choix de la Sainte-Saint-Denis cliché sous bois qui fut le point de départ de la crise des banlieues de 2005,
01:52 mais aussi Montferveille, qui sont des terres d'élection de la France insoumise.
01:56 Ils se promènent chez vous Emmanuel Macron, si je puis dire, avec humour.
02:00 - Oui, oui, je comprends l'expression mais
02:02 ces villes, ces populations ne sont de territoire et d'appartements à personne individuel.
02:08 Ce sont des territoires de la République qui malheureusement connaissent des situations
02:12 de difficultés, de défaillances structurelles.
02:16 Et je pense que c'est pas un théâtre en fait, c'est pas une scène où on vient faire de la com.
02:23 Il y a des milliers, des millions de personnes qui vivent là,
02:26 des millions de travailleurs et travailleuses dont on sait qu'elles seront et qu'ils seront les premières victimes, par exemple, de la réforme des retraites
02:35 qu'a mis en place ce gouvernement, qui ont été souvent les
02:39 travailleurs et travailleuses essentielles pendant la crise du Covid et qui méritent non seulement du respect,
02:45 de la considération, comme tous les citoyens et citoyennes de ce pays, mais aussi
02:49 des politiques publiques, que ce soit de la culture, que ce soit de la santé, que ce soit de l'emploi,
02:54 qui servent en fait l'intérêt général de ces populations.
02:58 Et là, faire en gros de la Seine-Saint-Denis, quand on veut parler ou dire qu'on parle aux classes populaires, aux quartiers populaires,
03:05 on va faire un tour en Seine-Saint-Denis, on invite les médias et puis basta et on continue les mêmes politiques.
03:10 Ça fait six ans que monsieur Macron est au pouvoir et qu'il mène une politique délétère pour ces populations.
03:15 Donc ça suffit de s'en servir un peu comme des figurants du grand théâtre macroniste.
03:21 - Daniel Obono, vous avez dit "j'attends les propositions", il y a eu cette idée de réarmement civique,
03:27 c'est-à-dire faire en sorte que peut-être une certaine partie de la jeunesse, notamment, mais pas que,
03:31 puisse, on va dire, revenir, se raccrocher aux idées de la République. Qu'est-ce que vous en avez retiré vous-même ?
03:38 - D'abord, moi, je récuse cette rhétorique, ce discours et ce lexique militaire, guerrier.
03:44 - Vous parlez de quoi ? De réarmement ? - Le réarmement, voilà, on en a attendu.
03:46 - Vous ne voulez pas ? - Non, non, je pense que, compris politiquement, historiquement, ce sont des références que je trouve réactionnaires.
03:53 Je crois que ce dont a besoin la jeunesse de ce pays, c'est d'égalité, égalité des droits,
03:59 c'est de pouvoir avoir un cadre où s'épanouir à l'école, par exemple, on parlait de la Seine-Saint-Denis,
04:06 vous savez que les établissements scolaires les "mieux dotés" de Seine-Saint-Denis,
04:12 le sont moins que les établissements scolaires les moins bien dotés que Paris.
04:17 C'est une situation absolument catastrophique.
04:20 Mais plus généralement, aujourd'hui, la jeunesse de ce pays subit les politiques comme Parcoursup,
04:26 qui sont des politiques de sélection, de discrimination territoriale, subit l'état de l'école,
04:34 et c'est de ça dont a besoin la jeunesse aujourd'hui, pas d'un espèce de caporalisme,
04:39 comme aime à le faire Emmanuel Macron avec le SNU qui est censé être généralisé,
04:46 faire chanter la marseillaise, etc. - Mais tu n'es pas d'accord avec ça ?
04:48 - Non, je crois que, et d'ailleurs, pas simplement moi, mais les organisations étudiantes et lycéennes sont contre,
04:54 et tout cela, encore une fois, c'est une espèce de grand cirque dans le théâtre,
04:59 où on dit des mots dont on pense qu'ils vont plaire à un certain électorat de droite et d'extrême droite,
05:04 et qui se fait, du coup, au détriment du bien-être des élèves, des jeunes,
05:09 et donc tout cela n'est vraiment pas sérieux.
05:10 - Vous parlez d'éducation, Daniel Obono, juste un détail, Amélie Oudéa Castera,
05:14 vous diriez quoi ? Fin de la polémique, on passe à autre chose ?
05:17 - Fin de la ministre, surtout. Enfin, ce n'est pas juste une polémique, on a une ministre qui ment à répétition.
05:23 Je veux dire, au-delà même du mensonge, qui est quand même flagrant, et qui a été prouvé,
05:28 chaque fois qu'elle ouvre la bouche, c'est pour dire un nouveau mensonge.
05:31 Ça pose question, et ça remet en cause, en fait, sa légitimité.
05:36 - Elle a présenté ses excuses.
05:37 - La question n'est pas là, c'est quelle est la légitimité d'une ministre de l'Éducation nationale,
05:43 qui exprime un tel mépris pour le personnel de l'Éducation nationale,
05:49 et qui, y compris, n'assume pas, ou alors plutôt, nous explique que depuis six ans,
05:53 les politiques qu'elle soutient, et le gouvernement qu'elle soutient,
05:56 a mis l'éducation dans l'état qu'elle décrit, effectivement, avec pas assez d'heures de cours assurées, etc.
06:06 Donc je pense que là, il y a une contradiction qui ne peut être résolue que par le départ de cette ministre.
06:11 - Départ de la ministre. Vous souhaitez qu'elle quitte cette fonction-là.
06:14 - En tout cas, je pense que pour elle, dans son positionnement, c'est intenable.
06:18 Et puis surtout, je pense qu'il faut regarder dans le détail, y compris les sujets de fond qu'il y a,
06:24 par rapport au fait que pas assez d'heures de cours soient assurées,
06:28 pas à cause des professeurs, parce que, je le rappelle, les professeurs,
06:32 le personnel de l'Éducation nationale, fait son travail dans des conditions souvent très difficiles,
06:37 et donc, pour recruter des profs, il faut revaloriser les salaires,
06:41 et puis faire en sorte que le cadre scolaire soit au mieux pour le bien-être des élèves.
06:47 - Ce sera ma dernière question, Daniel Bonneau. Justice a été rendue.
06:50 Le directeur est un journaliste de Valeurs Actuelles, définitivement condamné,
06:54 respectivement pour injure et complicité d'injure à caractère raciste, à votre encontre.
07:00 - Oui, effectivement, cette condamnation définitive de la Cour de cassation
07:05 est pour moi importante, au-delà de ma personne,
07:08 mais je crois que c'est à la fois un symbole d'encouragement pour toutes celles et ceux qui sont
07:13 plus d'un million de personnes aujourd'hui dans notre pays,
07:16 et qui disent subir des propos, des actes racistes,
07:20 et qui n'obtiennent pas toujours justice, malheureusement, très majoritairement,
07:25 que ce soit par impossibilité de pouvoir faire entreprendre des procédures de justice,
07:31 qui coûtent très cher.
07:32 Moi, j'ai été en capacité financièrement, notamment, de pouvoir mener cette procédure.
07:39 C'est trois ans quand même de procédure, et ça coûte très cher.
07:44 Et donc, je pense que, voilà, justice peut être rendue.
07:47 Et puis, c'est aussi un rappel à toutes celles et ceux qui instrumentalisent
07:50 la liberté d'expression à des fins racistes,
07:53 que tout ça, ce n'est pas une opinion, le racisme est un délit,
07:55 et qu'il n'est pas acceptable en République.
07:57 - Allez, je vous remercie, Danielle Bonneau, députée de la France Insoumise de Paris,
08:00 d'avoir répondu aux questions de France Info. Merci à vous.

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