À quatre jours du second tour des élections législatives anticipées, la présidente sortante de l'Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet, répond aux questions de Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 03 juillet 2024.
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00:00RTL 7h45, excellente journée à vous tous qui nous écoutez, Amandine Bégaud vous recevez ce matin la présidente sortante de l'Assemblée Nationale, Yael Broun-Pivet.
00:11Yael Broun-Pivet, quelle est la priorité pour vous ce matin ? Pas de majorité absolue pour le REN ?
00:15La priorité c'est effectivement de mener le combat jusqu'au bout, donc jusqu'à vendredi minuit,
00:21pour éviter à notre pays que le Rassemblement National prenne les REN compte tenu des valeurs qu'ils portent,
00:29et compte tenu du programme économique qu'ils portent, dont on parle un peu moins aujourd'hui, mais qui nous amènerait à une ruine totale.
00:36Vous avez été présidente d'une Assemblée Nationale agitée, avec une majorité relative, qu'est-ce qui se passe s'il n'y a pas de majorité absolue ?
00:43Ça va être un grand bazar, pire que ce qu'on a pu connaître ces derniers mois ?
00:46Ça ne doit pas être cela, parce que le vote des Français nous oblige, c'est exactement ce que j'avais dit en 2022,
00:52lorsque je suis devenue présidente de l'Assemblée Nationale, les Français auront fait leur choix.
00:57Ils nous auront élus, chacun des 577 parlementaires, et donc notre devoir, ce sera d'oeuvrer à leur service,
01:05et donc nous aurons une obligation de résultat dans le fonctionnement de l'Assemblée Nationale.
01:09Il faudra qu'elle fonctionne, il faudra qu'elle tourne, qu'elle remplisse sa mission au service des Français.
01:14Mais ça veut dire quoi le devoir pour chacun d'entre nous ?
01:16Une grande coalition qui irait DLR jusqu'au communisme par exemple, cette assemblée plurielle ?
01:24Alors nous regarderons en fonction des résultats des élections, de ce que les Français auront choisi,
01:29mais en tout cas moi depuis plus de deux ans je plaide pour que nous fassions une grande coalition des démocrates,
01:36des républicains, de ceux qui partagent les mêmes valeurs.
01:39Ça peut aller jusqu'à la France Assoumise ou pas ?
01:42Ça peut aller dans le bloc de gauche avec les écologistes, les socialistes, les communistes,
01:48je dis bien les communistes de l'Assemblée Nationale ou des gens comme Fabien Roussel qui malheureusement a perdu,
01:54mais qui sont des personnes avec lesquelles je partage des valeurs et une même vision d'intérêt général.
02:00Après nous verrons en fonction de ce que les Français ont élu.
02:04La France Insoumise, il y a certains parlementaires qui sont de très bons parlementaires, qui partagent ces mêmes valeurs.
02:11Je pense toujours à ma chère vice-présidente Caroline Fiat, qui était quelqu'un d'extrêmement soucieux de l'intérêt général et très républicaine.
02:20Il y en a d'autres avec lesquels il n'est pas question de travailler.
02:23Il faudra regarder en fonction du choix des Français à nouveau, mais ce sera notre devoir de le respecter.
02:30Après une coalition, vous savez, moi je trouve que c'est souhaitable, c'est pour ça que je la souhaite depuis longtemps.
02:35Parce que moi je préfère des personnes qui sont capables de se réunir, de se mettre ensemble pour travailler dans l'intérêt des Français,
02:42et se dire, eh bien j'abandonne telle ou telle partie de mon programme parce que je pense que c'est mieux pour le pays,
02:48plutôt que des gens qui passent leur temps à opposer les uns aux autres et qui veulent gouverner tout seuls.
02:54Mais sur le papier, il y a un certain nombre d'auditeurs qui nous écoutent et qui sont sans doute d'accord avec vous.
03:01Sauf que ces auditeurs se disent, ça fait des années et des années que ces gens sont au pouvoir.
03:08Sept ans pour Emmanuel Macron.
03:10Comment peut-on imaginer que ce soit possible de trouver des compromis, de trouver un programme commun,
03:15alors que par exemple sur la question des retraites, sur la réforme des retraites, vous n'y êtes pas parvenu ?
03:19C'est vrai que nous n'avons pas réussi à trouver des compromis sur tous les textes,
03:23mais nous avons néanmoins voté pendant ces deux années plus de 100 textes.
03:28Ces textes, nous les avons votés en trouvant des majorités sur chacun des textes,
03:33soit avec les républicains, soit avec les socialistes.
03:35Il y a un certain nombre de textes qui ont été votés aussi à l'unanimité.
03:38Et pas le grand texte, pas le budget ?
03:39Mais si, deux grands textes, la loi de programmation militaire, la loi de sécurité intérieure, la loi sur la justice,
03:44tous ces textes qui visent à protéger les Français.
03:46Sécurité, justice, armée, ce sont des grands textes sur lesquels nous avons réussi à trouver des compromis et des majorités.
03:53J'ajoute que pendant ces deux ans, nous avons trouvé des majorités dans 90% des cas,
03:57avec le Sénat qui est une chambre dans l'opposition.
04:00Donc trouver des compromis texte par texte, nous savons le faire, nous l'avons fait.
04:04Maintenant, ce qu'il faut faire, c'est passer à l'étape supérieure,
04:07nous dire sur un an, 18 mois, deux ans, voilà les grands sujets sur lesquels nous devons travailler ensemble.
04:14Ce qui nous donnera l'occasion également, en ayant cette vision globale,
04:17de pouvoir travailler avec la société, avec les Français, faire des débats citoyens,
04:21travailler avec les corps intermédiaires, avec les associations, avec les personnes qui sont engagées.
04:26Et tout ça, c'est des choses, par exemple...
04:27Ce qui convaincut que c'est cela dont le pays a besoin aujourd'hui,
04:30plutôt que d'être fracturé avec une extrême droite au pouvoir.
04:33Tout ça, ce sont des choses qu'on a déjà entendues.
04:36On se souvient d'Emmanuel Macron qui dit, après la crise des gilets jaunes, après le Covid,
04:40je vais faire autrement, j'ai compris, je vais vous écouter.
04:44Aujourd'hui, quand on tend le micro, et vous, quand vous allez un peu partout dans les circonscriptions,
04:48le constat, il est le même.
04:50Les gens, ils disent, on est abandonnés, personne ne nous écoute,
04:53il y a des promesses, mais elles ne sont pas tenues.
04:55Pourquoi aujourd'hui, ça changerait ?
04:57Parce qu'aujourd'hui, cette majorité de coalitions, de projets, viendraient des Français eux-mêmes.
05:05Puisqu'elles résulteraient de leurs choix exprimés dans les urnes.
05:08Et elles résulteraient donc des représentants qu'ils ont élus.
05:11Donc vous voyez bien que ça change tout.
05:13Lorsque ce désir de travailler ensemble, pour embrasser les grands sujets qui intéressent nos compatriotes,
05:19le pouvoir d'achat, leur sécurité, leur qualité de vie, leur capacité à s'émanciper,
05:24eh bien, ces grands sujets, nous pourrons les embrasser en venant du Parlement, l'Assemblée Nationale.
05:30Moi, j'ai toujours plaidé pour une Assemblée Nationale qui a davantage de pouvoir,
05:34davantage de force, davantage de place dans notre vie démocratique.
05:38Je pense que le moment est venu et nous y parviendrons parce que c'est les Français qui nous diront de le faire.
05:44En attendant les résultats de dimanche et un probable changement de gouvernement,
05:47Emmanuel Macron a visiblement l'intention de procéder à une série de nominations.
05:51Marine Le Pen, hier, a mis en garde contre un possible coup d'Etat administratif.
05:55Ce sont ces mots, réponse de l'Elysée quelques heures plus tard.
05:58La présidence de la République appelle Marine Le Pen à faire preuve, je cite, de son froid et de mesure.
06:02Elle perd son sang-froid, Marine Le Pen, d'après vous.
06:04En tout cas, elle a une drôle de vision des institutions et moi, ça m'inquiète en tant qu'ancienne présidente de l'Assemblée Nationale.
06:10Nos institutions, elles sont solides, elles protègent notre État, l'État de droit,
06:14mais elles protègent surtout les droits et libertés de chacun d'entre nous, de nos concitoyens.
06:18Et donc, il faut y veiller, les conserver et aussi les respecter.
06:23Et effectivement, le président de la République a des pouvoirs de nomination qu'il est légitime, qu'il exerce.
06:31Et rien ne doit l'en détourner.
06:34Il n'y a pas de coup d'Etat administratif.
06:36Mais ces termes-là sont extrêmement choquants.
06:39Et vous savez, lorsque Marine Le Pen fait un certain nombre de propositions en violation de la Constitution,
06:44le référendum constitutionnel qui passerait directement par les Français,
06:48alors que d'abord, il doit être voté par l'Assemblée Nationale et le Sénat,
06:52des propositions qui sont contraires au principe d'égalité lorsqu'elle propose de séparer les gens
06:59selon qu'ils aient une ou deux nationalités.
07:01Tout cela est extrêmement inquiétant.
07:04Et donc, il faut y prendre garde.
07:06Ne nous laissons pas avoir par de la poudre aux yeux.
07:10J'appelle nos concitoyens à bien regarder ce qui est proposé,
07:15à voter en conscience ce dimanche.
07:18Vous faites partie, Hélo Brun, privée de ceux qui, au sein de la majorité sortante,
07:21étaient contre cette dissolution.
07:23Vous l'avez dit publiquement à plusieurs reprises.
07:25Vous avez même tenté d'en dissuader le président.
07:27Vous l'avez revu depuis ? Vous lui avez parlé ?
07:29Je l'ai revu depuis. Je lui ai parlé, évidemment.
07:32Nous menons tous ensemble ce combat.
07:35Sincèrement, c'est tenable pour lui ? Encore trois ans, comme ça ?
07:37Écoutez, moi, je le crois.
07:40Il faut pas confondre les élections.
07:42Vous voyez, on a eu des élections européennes qui ont donné un certain résultat.
07:45Nous sommes en ce moment en élection législative.
07:48Et il y a eu des élections présidentielles en 2022.
07:51Vous voyez, quand je dis respect des institutions,
07:54eh bien, le président de la République a été élu en 2022 pour 5 ans.
07:57C'est la lettre de la Constitution.
07:59Respectons tous notre Constitution et nos institutions.
08:02Il en va de la survie de l'état de droit.
08:04Mais rien ne l'obligeait à dissoudre cette assemblée à l'issue des résultats des européennes,
08:08qui étaient des élections européennes.
08:10C'est une des raisons pour lesquelles j'étais opposée.
08:13Mais la Constitution, à nouveau, rien que la Constitution,
08:15confère au président ce pouvoir et à lui seul.
08:17Il l'a fait en conscience, vous savez.
08:19Vous ne lui en voulez pas ?
08:20Non, parce que...
08:21Vraiment ?
08:22Parce que le président de la République est le seul à être élu par l'ensemble des Français.
08:27Oui, mais un président de la République aujourd'hui que les Français détestent quand on les entend.
08:32Alors, moi, je n'utiliserai pas ce mot.
08:35Moi, j'entends beaucoup de colère.
08:37J'ai entendu beaucoup de colère après la dissolution, vraiment.
08:40Dans les rues, c'était flagrant.
08:42Colère contre lui ?
08:43Colère contre lui, colère contre cette décision.
08:45Et puis, maintenant, j'entends beaucoup d'inquiétude et d'appréhension de nos concitoyens.
08:49Qu'est-ce qui va nous arriver ?
08:50Qu'est-ce qu'on va faire ?
08:51Et c'est pour ça que, moi, je plaide pour cette stabilité, cette construction en commun,
08:56ce sens de l'intérêt général, ce sens du devoir que chacun d'entre nous,
09:01qui seront porteurs du mandat des Français, devra avoir.
09:04Juste d'un mot, le président, il doit parler avant dimanche ?
09:06Peu importe.
09:08Là, on est en campagne.
09:09En tout cas, ce qui est important, c'est que nous, les députés, on mène campagne.
09:12Merci beaucoup, Yelbo.