Les Informés du matin du lundi 11 décembre 2023

  • l’année dernière
Transcript
00:00 *Musique*
00:07 Et ravie de vous retrouver pour Les Informer, on est ensemble en direct jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et France Info Télé,
00:13 Canal 27 avec Renaud Delis.
00:15 Bonjour Cédia.
00:16 Bonjour Renaud.
00:17 Et nos informés du jour, Agathe Lambret, journaliste au service politique de France Info,
00:21 coprésentatrice du 8.30 France Info, le vendredi, samedi et dimanche avec Jean-Rémi Baudot.
00:26 Bonjour Agathe.
00:27 Et à vos côtés Sylvain Courage, directeur adjoint de l'OPS.
00:30 Bonjour.
00:31 Bonjour Sylvain.
00:32 Renaud Delis, le premier débat de Ces Informer porte sur le projet de loi immigration qui arrive aujourd'hui donc dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale.
00:37 Et oui, j'ourgis donc pour l'ouverture de cette discussion dans l'hémicycle après l'examen la semaine dernière du texte en commission des lois.
00:44 C'est donc un rendez-vous extrêmement important pour le gouvernement et pour le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin en particulier.
00:48 On sait qu'il ne nous dispose pas sur le papier au début de cette discussion d'une majorité absolue.
00:53 Va-t-il réussir à la construire au fil de cette discussion à l'Assemblée Nationale ?
00:57 Rappelons que la commission des lois de l'Assemblée est revenue à une version du texte plus proche du texte originel
01:03 et donc a détricoté en quelque sorte la version qui était sortie du Sénat et qui avait été validée par la majorité sénatoriale de droite.
01:11 Gérald Darmanin espère-t-il donc réussir à bâtir une majorité ?
01:15 Voici ce qu'il en disait ici même sur ce plateau.
01:17 C'était vendredi matin.
01:19 Nous devons faire un compromis avec la droite et le centre.
01:23 Il faut une majorité à l'Assemblée Nationale, il faut donc un compromis.
01:26 Il y a deux solutions.
01:27 Soit il y a un 49-3, parce qu'on ne veut pas discuter avec les oppositions,
01:30 mais dans ces cas-là, il faut le dire tout de suite,
01:33 mais ni les parlementaires, ni moi-même, ni la première ministre ne le veulent.
01:36 Soit il y a une discussion avec ceux qui pourraient composer une majorité pour ce texte.
01:40 Et je ne vois pas comment, objectivement, un parlementaire de droite peut voter contre un texte
01:44 qui prévoit notamment d'expulser 4000 étrangers délinquants par an.
01:47 Sauf qu'avant même de bâtir éventuellement une majorité autour de ce texte,
01:50 Gérald Darmanin et le gouvernement vont devoir forcer sur une première étape aujourd'hui,
01:53 dès 16h à l'ouverture de la discussion.
01:56 Une motion de rejet préalable a été déposée.
01:59 Enfin, celle qui sera débattue, c'est celle qui a été rédigée par les écologistes,
02:03 celle qui a été tirée au sort parmi les plusieurs motions qui avaient été déposées.
02:06 Alors, cette motion, elle sera votée évidemment par l'ensemble des députés de gauche.
02:10 Mais il y a un suspense.
02:11 Est-ce que l'ensemble des députés LR et l'ensemble des députés du Rassemblement National
02:15 voteraient eux aussi cette motion de rejet préalable,
02:19 qui donc à ce que la discussion finalement s'interrompe, s'achève, avant même de commencer ?
02:25 Est-ce qu'on peut imaginer que le texte soit retoqué dès cet après-midi ?
02:28 Elle a des chances d'aboutir cette motion de rejet, Agathe Lambret ou alors Sylvain ?
02:33 Vous êtes un peu devin, là.
02:36 Non, mais sur le papier, elle a des chances d'aboutir,
02:38 parce que Renaud a rappelé les déséquilibres qu'on constate.
02:43 Ensuite, c'est quand même compliqué d'imaginer que la droite, effectivement,
02:46 vote une motion de rejet présentée par les écologistes,
02:51 alors qu'ils n'ont absolument pas la même idée de la question migratoire.
02:55 Mais eux-mêmes aussi ont déposé une motion de rejet.
02:58 Oui, c'est pas celle qui a été tirée au sort.
03:00 C'est l'astuce, c'est la possibilité, mais on sait que les députés LR, du coup, sont divisés.
03:06 Il y a un groupe qui serait enclin à voter la motion de rejet,
03:10 et un autre qui veut rester cohérent.
03:12 Et donc, on ne sait pas exactement où va passer la ligne de partage,
03:16 si bien que c'est finalement le Rassemblement national qui est en position,
03:19 comme souvent, d'arbitre et qui va faire durer le suspense
03:22 jusqu'à une demi-heure avant l'ouverture de la séance.
03:25 On va continuer de parler de ce projet de loi immigration
03:28 qui arrive cet après-midi à l'Assemblée nationale,
03:30 dans l'hémicycle, avec cette motion de rejet.
03:32 On ne sait pas si elle va être adoptée par les oppositions.
03:35 On fait un petit passage d'abord par le Philinphone. 9h10, Maureen Swiniard.
03:39 La COP 28 doit appeler à la sortie de toutes les énergies fossiles.
03:44 La position ce matin du chef de l'ONU.
03:47 La conférence sur le climat se termine demain.
03:49 Antonio Guterres estime qu'il est essentiel qu'un texte final soit adopté
03:53 pour limiter le réchauffement climatique de la planète à 1,5°C.
03:57 Un premier test pour le gouvernement cet après-midi à l'Assemblée nationale.
04:00 Les députés ont la possibilité de voter une motion de rejet du projet de loi immigration.
04:06 En cas de coalition des oppositions, le texte ne sera pas débattu dans l'hémicycle.
04:10 Il est accusé de viol et d'agression sexuelle sur 14 jeunes femmes, parfois mineures.
04:15 Un agent de mannequin de 43 ans est jugé à partir d'aujourd'hui à Paris.
04:19 Il est soupçonné d'avoir mis des femmes sous son emprise pour mieux profiter d'elles.
04:23 Il reconnaît les relations mais affirme qu'elles étaient consentantes.
04:26 Une bonne série pour l'OM qui signe une troisième victoire en trois matchs de Ligue 1.
04:31 Les Marseillais se sont imposés hier soir 4 buts à 2 face à l'Orient.
04:35 L'OM est désormais 6ème de la Ligue 1.
04:37 De retour sur le plateau des informés avec Sylvain Courage, directeur adjoint de l'Obs,
04:49 avec Renaud Delis et avec Agathe Lambret, journaliste au service politique de France Info.
04:54 Agathe, pour le projet de loi immigration, Gérald Darmanin multiplie les perches vers la droite
05:00 pour pouvoir faire adopter son texte.
05:01 Oui, notamment vendredi sur France Info, on l'a entendu,
05:04 Gérald Darmanin a dit qu'il était prêt à réintroduire éventuellement le délit de séjour irrégulier
05:09 qui avait été ajouté par le Sénat puis supprimé par la Commission des lois par les députés.
05:14 Il s'est dit aussi ouvert à des quotas de régularisation annuelle.
05:19 Ça, c'est une idée qui est portée par la droite et par certains dans la majorité du groupe Pourizon.
05:23 Il s'est dit aussi ouvert à des débats au Parlement sur l'immigration.
05:28 Maintenant, tout ce que fait Gérald Darmanin vers la droite, il risque de le perdre sur la gauche.
05:32 Et on en a une preuve aujourd'hui avec cette interview de Sacha Houllier,
05:36 président de la Commission des lois dans les Échos.
05:38 Alors lui, c'est le…
05:39 - Lui, il est renaissance.
05:40 - Il est renaissance et c'est un peu le meneur de l'aile gauche.
05:43 Et donc, il dit clairement qu'il est opposé à ce retour du délit de séjour irrégulier.
05:50 Donc finalement, Gérald Darmanin est un peu piégé.
05:53 Il n'a que des mauvaises solutions parce que là, en ce moment,
05:56 ce qu'il est en train de faire, c'est de fracturer un peu plus sa majorité
05:59 et de risquer de perdre son aile gauche.
06:00 Et par ailleurs, juste, on parlait de la motion de rejet.
06:02 Cette petite musique autour de la motion de rejet,
06:04 qu'on se pose même la question de savoir si elle peut passer, c'est quand même très mauvais.
06:08 Tout ça, ça dit quelque chose du rapport de force.
06:10 Et ça dit que là, ce n'est pas très bien parti quand même pour le texte.
06:14 - Sur les perches envoyées à l'opposition de droite, le délit de séjour irrégulier,
06:18 on rappelle ce que c'est, ça a été donc retiré et aboli sous François Hollande.
06:22 Et en gros, c'est si un étranger se fait contrôler dans la rue,
06:27 il peut écoper à la fois d'une amende et puis même être arrêté.
06:33 - Oui, ça a été réintroduit à la faveur de la discussion sénatoriale de la loi
06:37 qui a considérablement droitisé le texte.
06:40 Texte qui a à nouveau été recentré en quelque sorte en commission à l'Assemblée.
06:46 Et donc, on ne sait pas exactement où le curseur va tomber.
06:48 Effectivement, c'est le réglage fin de cet atterrissage
06:53 qui conditionne l'obtention ou non d'une majorité qui paraît très problématique.
06:57 - La difficulté, c'est que les propositions que fait Gérald Darmanin,
06:59 elles ne sont même pas acceptées par son propre camp.
07:02 - Pas toutes en tout cas, mais à l'heure qu'il est.
07:04 Après, je pense qu'effectivement, ça suscite des tiraillements et des oppositions
07:08 au sein de l'aile gauche, par exemple, le rétablissement du délit de séjour irrégulier.
07:11 Après, je pense que du côté de l'exécutif, on se dit qu'à un moment ou un autre,
07:14 au pied du mur, si jamais vraiment l'attention est à son comble au moment du vote,
07:20 les députés dits de l'aile gauche du groupe Renaissance auront peut-être plus de mal
07:24 à voter contre ou à ne pas approuver le texte au regard des conséquences politiques
07:29 qu'amènerait évidemment un échec.
07:31 Conséquences politiques qui concerneraient pas seulement Gérald Darmanin d'ailleurs,
07:34 mais l'ensemble du gouvernement et pas ricocher la majorité.
07:36 Mais c'est vrai qu'il est lancé pour bâtir cette majorité éventuelle
07:40 dans une quête des soutiens à droite, Gérald Darmanin,
07:43 et toutes les mesures, toutes les propositions,
07:45 tous les amendements éventuels que vous évoquiez sur le délit de séjour irrégulier,
07:51 les quotas éventuels, etc. participent de cette stratégie-là.
07:54 Et ça souligne deux points, me semble-t-il, sur l'ensemble du discours autour de ce texte.
07:59 D'une part, le fait que le calcul de départ du gouvernement,
08:02 souvenons-nous d'ailleurs, à l'origine, le texte n'avait pas été présenté
08:04 par Gérald Darmanin lui seul, mais par un tandem, Gérald Darmanin et Olivier Dussopt,
08:08 le ministre du Travail, qui a disparu depuis des mois.
08:12 Mais le calcul de présenter un texte, soit disant, en même temps,
08:15 en quelque sorte, gentil avec les gentils, méchant avec les méchants,
08:17 c'était la formule du ministre de l'Intérieur, est en train d'échouer.
08:21 Et certains d'ailleurs, dans la majorité, y compris un poids lourd du gouvernement,
08:24 récemment, me confiaient qu'effectivement c'était une erreur,
08:26 et qu'il fallait un seul message, selon lui, pour faire avancer ce texte.
08:29 Et ce poids lourd-là plaidait pour un message dit de fermeté,
08:32 disant que pour ce qui est de la régularisation des sans-papiers
08:35 travaillant dans les métiers en tension, il n'y avait pas besoin de créer
08:39 une disposition législative, mais que cette mesure qui concerne finalement
08:42 au grand maximum 20 000 personnes aurait pu finalement être prise par décret.
08:46 Mais le gouvernement a voulu un affichage politique, un texte équilibré,
08:49 ce qui, sur un sujet comme celui-ci, est sûrement extrêmement compliqué.
08:52 Et on le voit là. Et un tout dernier point,
08:54 on s'interrogeait sur la motion de rejet.
08:56 La motion de rejet, elle illustre effectivement, si jamais elle était adoptée,
09:00 ou en tout cas le suspense qui règne, la fragilité de la situation du gouvernement,
09:04 mais elle illustre aussi le cynisme absolument stupéfiant
09:08 d'une bonne partie des oppositions.
09:10 Que la gauche vote la motion des écologistes avec l'argumentaire
09:14 des écologistes pour rejeter ce texte, ça, ça paraît tout à fait logique politiquement.
09:17 Mais c'est vrai que la droite et le Rassemblement national
09:20 entretiennent une sorte de suspense, alors que l'argumentaire
09:23 va être exactement l'argumentaire opposé de celui que défend le RN.
09:27 Le RN considère que ce texte est trop laxiste,
09:29 la gauche considère qu'il est beaucoup trop sévère.
09:32 Ça, ça illustre la façon dont ce sujet de migration, qui est un sujet important,
09:35 est instrumentalisé par de nombreuses forces politiques
09:38 à des fins purement électoralistes et extrêmement cyniques.
09:40 Vous parliez de l'affichage, Renaud, sur ce texte,
09:44 un texte qui se voulait équilibrer en même temps.
09:46 Là, ces derniers jours, Gérald Darmanin a multiplié les interviews.
09:49 Et ce qu'il veut faire valoir pour la droite, par exemple,
09:53 il dit "j'imagine même pas que la droite puisse justifier
09:55 qu'elle ne vote pas le texte face à ces électeurs qui, en fait,
09:58 parce que c'est un texte de fermeté,
10:00 il a raison d'appuyer là où ça fait mal ?
10:02 C'est le meilleur argument qu'il a, évidemment,
10:04 d'essayer de mettre la droite en cohérence avec ses engagements constants.
10:09 Le problème, c'est qu'il personnalise énormément le texte.
10:11 On l'a dit, Dussopt a disparu entre temps.
10:14 Et du coup, le sort politique de Gérald Darmanin est attaché à ce texte.
10:19 Donc, ça crée aussi une pression supplémentaire,
10:21 puisque certains voudraient bien le voir trébucher, notamment à droite,
10:25 pour pas qu'il ne devienne le champion de la droite le jour venu.
10:29 Ce qu'il est en train de faire, Gérald Darmanin, c'est de dire
10:31 "moi, j'aurais tout fait, j'aurais tout essayé".
10:34 Dans "Le Parisien", il le dit, "je dors quatre heures par nuit,
10:36 je ne compte plus mes déjeuners, mes dîners, mes discussions"
10:38 pour essayer de faire passer ce texte.
10:40 Et donc, ce qu'il fait, c'est qu'il est en train de faire porter le chapeau
10:43 d'un échec, soit aux Républicains, par leur incohérence
10:47 qu'il est en train de démontrer, soit à l'aile gauche de la majorité aussi,
10:51 qui n'est pas d'accord avec ses mains tendues vers les Républicains.
10:54 Donc, il dit "j'aurais tout essayé".
10:55 Et il est très embêté, Gérald Darmanin,
10:57 parce qu'ils ont fait la même erreur que sur la réforme des retraites.
11:01 Ils ont diabolisé depuis le départ l'idée d'un recours au 49-3.
11:05 Alors que cette loi est populaire, après tout,
11:07 ce qui n'était pas le cas de la réforme des retraites.
11:09 Pourquoi pas avoir assumé dès le début le recours au 49-3 ?
11:12 Aujourd'hui, Gérald Darmanin est coincé et c'est pour ça qu'il se donne autant,
11:15 qu'il fait absolument tout pour que son texte passe de façon classique,
11:19 notamment parce qu'ils ont avoué d'eux-mêmes que le recours au 49-3 serait un échec.
11:24 Donc, maintenant, ils n'ont plus trop le choix.
11:25 Mais est-ce que, justement, ils vont se priver du 49-3 à la dernière minute ?
11:28 Au pied du mur, il y a du bluff.
11:31 Il y a une partie de poker, c'est-à-dire que là, du côté de tant de La Place Beauvau
11:35 d'ailleurs que de Matignon, on dit "il faudra aller au vote, on ira au vote".
11:38 Et si jamais, effectivement, ce texte était rejeté,
11:40 finalement, ce serait de la faute des oppositions.
11:42 On fera porter le chapeau, comme le disait Agathe Lambret à l'instant, à la droite, etc.
11:47 Le moment venu, est-ce que le gouvernement ira jusque là
11:49 ou est-ce qu'il dégainerait aussi le 49-3 ?
11:51 Rappelez-vous que pendant la discussion sur le projet de loi sur les retraites,
11:54 la réforme des retraites, le gouvernement annonçait mordicus
11:59 qu'il ne recourrait pas au 49-3.
12:01 C'est vrai qu'ils ont tout fait pour essayer d'éviter d'y recourir,
12:03 mais le calcul leur semblait trop compliqué.
12:06 La différence, et là aussi, Agathe a eu raison de le souligner,
12:08 c'est là-dessus, juste là-dessus qu'essaye de jouer Gérald Darmanin,
12:11 c'est le fait que globalement, ce texte aujourd'hui,
12:14 y compris et même d'abord son volet dit ferme, répressif,
12:19 est soutenu dans l'opinion, ce qui n'était pas le cas, évidemment, de la réforme des retraites.
12:22 La réforme des retraites était massivement rejetée par l'opinion,
12:24 ce qui rendait d'ailleurs le recours au 49-3 encore beaucoup plus compliqué,
12:28 ce qui a produit, ce qui a attisé la crise politique et sociale qu'on a connue.
12:31 Donc c'est vrai que c'est la raison pour laquelle Gérald Darmanin
12:34 interpelle la droite dans son rapport à ses électeurs.
12:36 Il le fait aussi sur les réseaux sociaux depuis des semaines et des semaines,
12:39 ce qui est un mode de communication assez nouveau
12:44 et pas forcément apaisant d'ailleurs dans ce cadre-là,
12:46 qui consiste à tweeter les profils d'un certain nombre de délinquants étrangers
12:53 qui ont été expulsés ces derniers jours ou ces dernières semaines
12:57 ou qui pourraient l'être, dit-il, dit le ministre de l'Intérieur,
13:01 si jamais son projet de loi est adopté.
13:02 Ce qui illustre quand même le caractère explosif de ce texte
13:04 quand on recourt à ce type de communication,
13:06 c'est qu'effectivement, on est prêt à aller assez loin pour essayer de le faire approuver.
13:10 C'est un argument qui fonctionne, ça, dans l'opinion publique,
13:12 dire à chaque interview et puis même égrener, effectivement,
13:15 comme le disait Renaud, sur les réseaux sociaux,
13:17 tous les jours, le nombre de délinquants étrangers expulsés.
13:21 Il parle de 4000 étrangers délinquants qui pourraient être expulsés chaque année
13:25 avec son nouveau texte.
13:27 À court terme, c'est une manière de jouer l'opinion contre la droite parlementaire,
13:30 contre les appareils politiques.
13:32 À moyen terme, c'est dangereux parce que, évidemment, ça durcit aussi l'opinion,
13:37 ça la polarise et donc on sait qui peut profiter de cette polarisation ensuite.
13:40 Ce n'est pas nécessairement Gérald Darmanin, mais bien plutôt le Rassemblement national.
13:44 À propos du 49.3, je voudrais dire aussi que le blocage vient de Matignon
13:47 parce qu'Elisabeth Borne est fatiguée d'être Madame 49.3
13:51 et elle résiste à l'idée de le dégainer à nouveau
13:55 et elle résiste d'autant plus qu'elle n'est pas en accord avec la ligne de Gérald Darmanin.
13:59 Il est 9h20, le fil d'info de Maureen Swiniard, tout de suite et on revient après.
14:04 L'épreuve de surf des Jeux Olympiques 2024 sera bien maintenue à Tahiti.
14:09 Le président polynésien l'affirme malgré les polémiques autour de cette épreuve.
14:13 Des centaines de personnes ont manifesté contre la construction d'installations
14:17 qui pourraient selon eux avoir des conséquences désastreuses sur les coraux.
14:21 Cinq polos, deux pulls et deux pantalons par enfant.
14:24 Voici le contenu du kit qui sera distribué dans le cadre de l'expérimentation de l'uniforme à l'école.
14:29 C'est une information France Info.
14:30 Cela ne sera pas à la charge des parents.
14:32 Le dispositif voulu par le ministre de l'Éducation sera testé dans les régions, les départements volontaires.
14:38 L'exécutif retient son souffle.
14:40 Son projet de loi immigration va-t-il être examiné par les députés ?
14:43 Une motion de rejet a été déposée.
14:46 Si les députés votent aujourd'hui en faveur de cette motion, le texte "immigration" ne sera pas débattu.
14:52 Rejeter cet examen serait incompréhensible, estime la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Broun-Pivet.
14:59 Le directeur de Sciences Po Paris propose sa mise en retrait provisoire
15:02 à la présidence de la Fondation Nationale des Sciences Politiques.
15:06 Mathias Wischra a été entendu par la police la semaine dernière dans une affaire de violence conjugale.
15:11 Des étudiants ont manifesté à plusieurs reprises la semaine dernière au sein même de l'établissement.
15:16 Toujours avec Agathe Lambret, journaliste au service politique de France Info,
15:31 avec Sylvain Courage, aussi directeur adjoint de l'Obs.
15:33 C'est Renaud, on va maintenant parler du gouvernement qui veut pouvoir sanctionner les parents dits défaillants.
15:38 Et oui, c'est une annonce de la ministre de la Famille et des Solidarités, Aurore Berger,
15:42 hier dans un entretien à la Tribune dimanche.
15:44 Du côté du gouvernement, on présente évidemment ce dispositif comme une réponse aux émeutes du début de l'été.
15:50 Et donc la ministre, Aurore Berger, qui annonce qu'elle souhaiterait pouvoir sanctionner effectivement
15:54 ce qu'elle appelle les parents défaillants, sanctionner les parents d'enfants coupables de dégradation ou d'incivilité.
16:02 Et donc les sanctionner financièrement, d'une part, voire aussi en instaurant des travaux d'intérêt général.
16:09 Et à cette fin, pour relever les défis de la parentalité, explique Aurore Berger,
16:12 elle installe d'ailleurs une commission qui va se pencher sur les outils nécessaires pour relever ce défi.
16:19 Commission qui sera co-présidée par le pédopsychiatre Serge Eiffez et par Hélène Roch,
16:24 fondatrice de Notre avenir à tous, une structure spécialisée dans les questions de jeunesse.
16:28 Hélène Roch qui était l'invité ce matin de France Info et qui, comme Serge Eiffez,
16:33 est en fait sur le fond plutôt hostile aux propositions de la ministre.
16:36 Je ne sais pas très bien ce que ce sont des parents défaillants.
16:40 Et pour tous les auditeurs parents qui nous écoutent, je pense qu'on peut être nombreux à se reconnaître
16:46 dans le fait qu'on n'est pas forcément des parents parfaits.
16:49 On en met trop, on a trop stigmatisé les parents parce qu'en réalité,
16:55 c'est toute la collectivité qui doit se remettre en question pour élever ses enfants.
17:00 Et voilà, boum bada boum si j'ose dire.
17:02 La ministre qui fait donc des annonces hier, qui nomme une commission à cette fin
17:05 et les deux chefs de file de cette commission qui prennent position contre les annonces de la ministre.
17:12 Comme une illustration d'une forme peut-être d'amateurisme, point d'interrogation.
17:15 Et puis au-delà, sur le fond, d'ailleurs, est-ce à l'État effectivement d'envisager de sanctionner les parents dits défaillants ?
17:20 Est-ce qu'il faut pénaliser les parents délinquants ? Est-ce que c'est une bonne piste, Agathe Lambret ?
17:24 En tout cas, ça fait depuis des années qu'il y a un débat autour de ça
17:28 parce que le Code civil permet déjà de rendre les parents responsables et de les sanctionner.
17:32 Mais c'est vrai que c'est peu appliqué.
17:34 Et il y a eu un exemple particulier, c'est le fait de sanctionner les parents d'enfants absentéistes.
17:40 On leur suspendait les allocations familiales.
17:42 Et cette mesure, elle a été instaurée, puis supprimée par la droite, puis réétablie par la droite,
17:47 puis supprimée par la gauche parce qu'à chaque fois, on s'est rendu compte que ça ne marchait pas vraiment,
17:50 que les enfants ne revenaient pas à l'école pour autant.
17:53 Donc déjà, première question sur l'efficacité du fait de sanctionner les parents.
17:57 Et puis ensuite, la pertinence aussi pour l'État de rentrer dans les familles.
18:02 Est-ce que l'État peut remplacer un père absent, par exemple ?
18:05 Et puis, comment savoir si c'est une question de défaillance, de désintérêt, d'irresponsabilité des parents
18:11 ou si c'est tout simplement un parent qui est dans un état dépressif, qui est malade, qui est alcoolique, qui est seul ?
18:17 Enfin voilà, il peut y avoir plein de raisons pour lesquelles des parents parfois ne sont pas à la hauteur
18:22 et élèvent mal leurs enfants. Ce n'est pas qu'une question d'indifférence.
18:27 – C'est plus compliqué que ça, c'est ce que disait Hélène Roch.
18:29 Les parents, on n'a pas de parents parfaits.
18:33 – En tout cas, on ne choisit pas ses parents et l'État ne choisit pas non plus les parents.
18:37 Et voilà, non, tous les parents ne sont pas parfaits.
18:39 – Sylvain Courage, est-ce que c'est vraiment le rôle de l'État de prendre en charge l'autorité parentale ?
18:44 – C'est un peu la limite de l'exercice de l'État.
18:47 En principe, justement, la cellule familiale, elle est auto-centrée,
18:52 il n'y a pas nécessité que l'État s'assoie à la table de la famille.
18:57 Mais la demande sociale est telle que l'État s'y risque,
19:00 et avec les contradictions qu'on vient de voir, c'est-à-dire que d'une main,
19:03 il prétend sanctionner, avec les limites qui viennent d'être dites par Agathe,
19:08 et puis de l'autre, il voudrait prévenir, porter assistance,
19:12 c'est le propos de la commission menée par Eiffez et Roch,
19:16 et on voit bien que ces deux attitudes coexistent mal,
19:21 qu'on ne comprend pas où ça peut aller.
19:24 On comprend quand même que l'idée de prévenir,
19:28 l'idée de créer des cellules d'écoute dans les quartiers,
19:32 ça pourrait peut-être être une bonne mesure,
19:34 donc moi je serais tenté de donner un bon point à la commission,
19:38 parce qu'effectivement, ce sont des problèmes complexes.
19:40 Mais la commission, elle ne prend pas le problème de la même manière que la ministre, visiblement.
19:45 Pour parler d'autorité, par antage.
19:46 Oui, parce que je pense que du côté d'Aurore Berger,
19:47 il y a une confusion entre d'un côté un certain défait d'annonce,
19:49 effectivement, d'annonce, alors c'est dans l'air du temps,
19:52 pour restaurer l'autorité, on parle d'abord de sanctions.
19:55 Sauf que là, très concrètement, et si on parle d'ailleurs des émeutes du début de l'été,
19:58 qui sont quand même évidemment l'événement déclencheur de ces initiatives,
20:02 on le sait par exemple, il y a effectivement beaucoup de mineurs qui étaient dans la rue,
20:08 on se souvient d'Eric Dupond-Moretti interpellant les parents en disant,
20:13 je ne sais plus, "Tenez vos gosses", je crois que c'était son expression, etc.
20:16 Or on sait notamment que l'un des problèmes tient à l'explosion de la cellule familiale,
20:20 il y a des familles monoparentales,
20:21 familles monoparentales, il ne faut pas se leurrer,
20:24 dans 99% des cas, c'est que le père s'est barré, pour parler crûment.
20:27 Donc les mères seules qui sont aux prises avec des adolescents
20:31 qui ont des difficultés psychologiques, sociales, autres, éducatives,
20:36 il ne faut pas les sanctionner, on ne va pas sanctionner ces familles-là.
20:40 Il faut les accompagner.
20:41 D'ailleurs, ce n'est pas ce que dit Aurore Berger, soyons précis.
20:43 Ce n'est pas ce que dit Aurore Berger, mais il faut plutôt les accompagner,
20:46 les aider évidemment d'une façon ou d'une autre.
20:48 Donc que l'État contribue à restaurer l'autorité parentale,
20:51 ça ne me choque pas, au contraire, je pense que c'est même judicieux
20:54 au regard effectivement de la perte d'autorité qu'il y a dans un grand nombre de familles,
21:00 pas seulement d'ailleurs dans les milieux sociaux défavorisés.
21:02 Ce n'est pas la seule clé.
21:04 Aurore Berger, une formule dans l'interview qu'elle accordait hier,
21:06 qui était assez judicieuse, elle disait que le père, par exemple,
21:09 ne devait pas se résumer au versement d'une pension alimentaire.
21:13 Évidemment, que la responsabilité des pères, elle est au premier chef en cause.
21:18 Mais c'est vrai que commencer à aborder ça par des travaux d'intérêt général,
21:22 ça fait un peu annonce improvisée et ça me semble, au regard des réactions
21:26 justement des spécialistes qui prennent en charge cette commission,
21:29 assez raté comme effet d'annonce.
21:31 Juste un mot, Renaud Dély parlait d'annonce improvisée,
21:33 alors que ça fait depuis des mois qu'on attend la réponse aux émeutes.
21:37 C'est quand même tout ça pour ça.
21:38 Et en fait, on a l'impression que cette réponse, elle est fragmentée.
21:40 On a Gabriel Attal, le ministre de l'Éducation, qui nous parle de l'uniforme à l'école.
21:44 Aurore Berger qui fait ses annonces aujourd'hui.
21:46 Et on nous promet aussi un texte sur la justice des mineurs,
21:49 parce que c'est ça aussi le sujet.
21:51 Et je trouve que c'est assez intéressant le moment, en fait,
21:55 dans lequel Aurore Berger fait ses annonces.
21:57 On vient d'avoir les sanctions contre les mineurs dans l'affaire,
22:01 dans l'assassinat de Samuel Paty, des mineurs qui étaient jugés.
22:04 C'était un vrai test.
22:06 Est-ce que la justice allait être sévère ou pas ?
22:08 Et ces mineurs, ils ont été quand même condamnés à des peines relativement légères,
22:13 ce qui a fait dire à l'une des avocates de la famille de Samuel Paty,
22:17 qui n'avait pas eu de sursaut.
22:18 Elle a dit "je ne vois pas de sursaut unanime de l'institution judiciaire".
22:22 Le fait de dire "attention, on ne fait pas ça en France, même si on est mineur".
22:25 Je pense que ça aussi, il faut en parler,
22:27 parce qu'on parle beaucoup des parents, de sanctionner les parents,
22:29 mais des enfants, ils ont une responsabilité.
22:31 Et quand on voit ce qu'ils sont capables de faire de plus en plus jeunes,
22:34 c'est bien qu'ils sont capables d'agir.
22:36 Et donc, il faut aussi avancer sur ce dossier-là.
22:39 Merci beaucoup. Merci à tous les trois.
22:40 Agathe Lambret, journaliste au service politique de France Info.
22:43 On vous retrouve le vendredi, le samedi et le dimanche à 8h30 avec Jean-Rémi Baudot.
22:48 Sylvain Courage, directeur adjoint de l'Obs.
22:51 Merci d'être passé ce matin à l'Obs.
22:54 De cette semaine, on va le voir tout de suite.
22:56 Gabriel Attal, la stratégie du bon élève en Macronie.
22:59 Un entretien avec le ministre de l'Éducation nationale, c'est-à-dire cette semaine.
23:04 Merci beaucoup, Renaud. Merci, Saliha.
23:05 Nous, on se retrouve demain.
23:06 Les informer sont de retour ce soir à 20h avec Bérangère Abonte et Jean-François Ackilly.
23:10 ♪ ♪ ♪

Recommandée