Le maire de Béziers, Robert Ménard, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00 Place donc à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:03 Bonjour Robert Ménard.
00:04 Bonjour.
00:05 Et bienvenue à vous, vous êtes le maire d'Hiverdroit de Béziers.
00:08 Robert Ménard, la collégienne de Rennes a été hospitalisée.
00:11 Je rappelle qu'hier matin, sa télève a menacé une enseignante avec un couteau pendant un cours.
00:16 Le procureur a dénoncé, je cite, qu'elle voulait faire comme à Arras,
00:19 faisant donc référence à l'assassinat du professeur Dominique Bernard.
00:22 Mais c'est l'aspect psychiatrique là qui est mis en avant.
00:25 J'insiste quand même, c'est une mineure de 12 ans.
00:28 12 ans avec une lame de couteau de 17 centimètres.
00:32 Est-ce qu'on est démuni, Robert Ménard, face à des enfants de cet âge-là ?
00:36 Je suis comme vous, j'étais abasourdi.
00:39 En plus, ce n'était pas la première fois, manifestement.
00:42 Elle avait des ans précédents.
00:43 Avec un couteau.
00:44 Alors je ne me prononce pas sur l'affaire parce que je n'en sais rien.
00:47 Je veux dire, manifestement, ça n'a pas très bien allé dans sa tête
00:50 pour dire des choses comme ça et faire des choses comme ça.
00:52 Mais c'est surtout, qu'est-ce que vous en faites de cette gamine ?
00:55 En plus, elle a moins de 13 ans.
00:57 C'est-à-dire qu'il n'y a une réponse qu'éducative.
00:59 Que des mesures éducatives.
01:00 Alors, attendez, dans un certain nombre de cas, moins de 13 ans,
01:03 bien sûr, il faut des mesures éducatives.
01:05 Moi, je pense que tous les cas sont différents.
01:07 Et je pense qu'on devrait laisser aux juges…
01:11 Moi, je ne suis pas dans le genre à trouver que tous les juges sont laxistes.
01:13 Ceux que je connais ne le sont pas, donc ils ne sont pas tous, ce n'est pas vrai.
01:16 Ça, c'est des généralités qui finissent par être des bêtises.
01:20 Et je pense qu'on devrait laisser, chaque fois qu'il y a des gosses de moins de 13 ans,
01:25 aux juges la possibilité de ne pas suivre la loi aujourd'hui
01:30 qui vous oblige à n'importe quelle réponse qu'éducative.
01:33 Dans un certain nombre de cas, je ne parle pas d'elle, je ne sais pas.
01:36 Bien sûr, s'il y a discernement…
01:38 Et puis il y a un certain nombre de cas, enfin, vous avez vu,
01:41 le policier à Nice, ils avaient quoi, 12-13 ans, un certain nombre.
01:48 Un policier réserviste qui a été reconnu, qui a été attaqué…
01:51 Oui, et ils ont tiré au mortier, enfin, tu peux tuer quelqu'un quand même avec ça.
01:54 C'est sûr, et qui s'est réfugié au commissariat.
01:56 Voilà, vous avez vu ça.
01:57 Vous avez vu même les gamins qui ont en gros vendu Samuel Paty
02:03 puisque c'était pour de l'argent et tout.
02:05 Tu ne peux pas te dire face à ça qu'ils ne sont tous pas…
02:08 Moi, je pense que malheureusement, on est dans une société où, vous le voyez,
02:12 c'est une violence de plus en plus jeune, de plus en plus radicale.
02:15 Pardon de le dire devant vous, avant c'était beaucoup de garçons,
02:17 maintenant c'est des garçons et des filles.
02:19 Et pareil, là, c'est pour les moins de 13 ans, mais même le principe de minorité
02:25 qui fait que vous coupez la peine en deux systématiquement entre 16 ans et 13 ans,
02:31 dans un certain nombre de cas, il ne faudrait pas.
02:33 Alors, certains pointent la responsabilité des parents.
02:36 Là, le ministre de l'Intérieur, ici même hier sur CNews,
02:39 dit que cette famille d'origine mongole n'avait pas de problème,
02:42 il n'y avait pas de radicalisation religieuse,
02:45 elle n'était même pas connue, dit-il, des services de police.
02:48 Mais quand même, est-ce qu'on pointe une responsabilité dans l'éducation ?
02:51 Où est-ce que ça ne va pas ?
02:54 Je ne sais pas, madame, je ne sais pas.
02:56 Il y a des familles où, tu vois, tout va à volo et tu te dis, tu les retrouves dans la rue.
03:01 Moi, je vois, tu les retrouves dans la rue, ils font toutes les conneries du monde.
03:04 Moi, je les appelle, vous savez, dans les rappels à l'ordre, je leur fais une morale.
03:07 Enfin, les pires ne viennent jamais parce que la leçon de morale, ils n'en ont rien à faire.
03:10 Les parents n'ont rien à faire.
03:12 Et le projet de loi d'Aurore Berger, enfin l'idée d'Aurore Berger,
03:15 je trouve que ce n'est pas si mal pour ces gens-là.
03:18 Sur les parents défaillants.
03:19 Défaillants.
03:20 Ensuite, il y a des familles qui sont non seulement dépassées, mais certaines complices.
03:27 Moi, je le vois dans certains quartiers de Béziers,
03:29 le trafic de drogue, ça ne nourrit pas, si j'ose dire,
03:33 et ça ne donne pas de l'argent que de l'argent de poche.
03:35 C'est intéressant, vous avez la même analyse que la mère de Romain Surizer,
03:38 qui parle, pour certains, d'un modèle économique familial.
03:41 Mais bien sûr.
03:42 Mais attendez, vous rigolez, ça fait vivre une partie de ces familles-là.
03:46 Tout le monde le sait.
03:47 Le problème, c'est comment on répond ça.
03:50 En plus, les réponses qu'on nous propose, par exemple,
03:53 le maire que je suis a la possibilité de virer des logements sociaux.
03:58 Les familles en question, mais attendez, madame, ça, c'est ce qu'il y a écrit.
04:03 Le mettre en œuvre.
04:04 Mais enfin, attendez, c'est dingue, compliqué, on n'y arrive même pas à le faire.
04:08 Ça veut dire qu'il y a un certain nombre d'annonces.
04:10 Moi, je trouve que c'est bien ce qu'elle a dit au hors-bergé.
04:13 Donc, je ne vais pas la critiquer et tout.
04:14 Je dis qu'il y a des réponses.
04:16 Mais maintenant, comment concrètement on va le faire ?
04:18 C'est-à-dire qu'il y a les grandes déclarations, fermeté, affiché,
04:21 choc d'autorité, si on peut dire.
04:23 Mais sur le terrain, vous qui l'éprouvez en tant que mère,
04:25 vous dites qu'il y a une montagne de normes et de complications.
04:28 Je vous donne un exemple.
04:29 On vous dit, il faut qu'il soit condamné.
04:31 Mais il faut qu'il soit condamné définitivement.
04:33 En plus, vous savez le temps qu'il faut entre le moment où se passe quelque chose.
04:38 Moi, je pense à des cas dans ma tête.
04:40 Exactement, des gens qu'il aurait fallu virer tout de suite pour leur dire,
04:43 pour que les voisins comprennent un truc tout simple.
04:46 Un an après, ils auraient dit, voilà, ils font ça, c'est des trafiquants de drogue.
04:50 La mère, elle servait en plus, elle avait l'argent et la drogue.
04:54 Donc, on la sanctionne.
04:55 Mais on ne la sanctionne pas un an.
04:56 Attendez, je ne sais même pas si on va la sanctionner.
04:58 Un an après, tous les faits pédagogiques, je ne sais pas comment dire,
05:01 la menace pour dire, attendez, si vous faites des conneries, vous allez le payer.
05:04 On le perd.
05:05 Je ne sais pas.
05:06 Honnêtement, je n'ai pas de réponse.
05:07 Comment on fait pour ne plus renvoyer cette image d'impuissance ?
05:09 Là, j'en viens à l'actualité politique agitée, Robert Ménard.
05:12 Emmanuel Macron ne veut pas d'une dissolution.
05:15 Il ne veut pas d'un 49-3 sur le texte, ô combien important.
05:18 Immigration, qui touche aussi à la sécurité des Français.
05:21 Elisabeth Borne poursuit en ce moment même les négociations avec la LR.
05:24 Bruno Le Maire dit ce matin qu'il faut en revenir au texte durci tel que sorti du Sénat.
05:28 Très sincèrement, pour ceux qui nous regardent ce matin sur CNews,
05:31 ceux qui nous écoutent sur Europe 1, quelle image est donnée en ce moment ?
05:34 La pagaille.
05:35 La pagaille.
05:36 La pagaille.
05:37 Moi, ce que je crains, c'est que je ne veux pas mettre tous les parlementaires
05:41 et tous les ministres dans le même sac.
05:42 Ça me fait du démagogie.
05:43 Mais vu de l'extérieur, attendez, personne ne comprend plus rien.
05:46 Essayez de m'expliquer, d'expliquer aux téléspectateurs là,
05:50 qu'est-ce qui va se passer et tout.
05:53 Personne ne comprend.
05:54 Mais en même temps, attendez, la seule chose moi qui m'inquiète,
05:57 c'est qu'aujourd'hui, aujourd'hui, on a de vrais problèmes.
06:00 Et si, paradoxalement, c'est un truc absolument incroyable,
06:04 l'immigration, c'est ce qui divise le plus la classe politique,
06:08 vous avez vu tout ce qu'on peut dire,
06:10 et c'est le truc le plus consensuel chez les Français.
06:12 C'est-à-dire que c'est l'un des sujets où, vous avez vu,
06:15 alors je ne vais pas reprendre les chiffres,
06:16 plus de 70% sur toutes les mesures qui paraissent évidentes.
06:21 Enfin, attendez, ils ont par exemple refusé un truc.
06:24 Je vais vous prendre un exemple, pour ne pas en prendre 50.
06:26 Au jour, il y avait une proposition de la droite que je trouve intelligente,
06:29 dans les propositions du centre qui est le SOSIC,
06:32 qui disait "si tu t'attaques, si tu menaces ou tu tues un policier ou un gendarme,
06:39 on t'enlève la nationalité française quand tu as la double nationalité,
06:42 sinon on fait des apatrides".
06:44 Enfin, attendez, qui peut contester ça ?
06:46 Qui peut te dire qu'un type, s'il fait ça à un policier,
06:49 il le menace ou il le tue ?
06:51 Non, on ne va pas t'enlever la nationalité française.
06:53 – Et alors, c'est quoi, chacun a des intérêts politiciens,
06:55 il a une chose de la marque promis ?
06:56 – Non, absolument, il n'y a que ça.
06:58 C'est des logiques, j'allais dire une grossièreté,
07:01 c'est des logiques minables de politique,
07:04 des logiques minables de politique, alors qu'on pourrait s'entendre.
07:07 Moi, j'ai regretté par exemple qu'il n'y ait pas la discussion.
07:10 Je pense que c'est un tort qu'il n'y ait pas la discussion pendant 15 jours.
07:13 Parce que ce texte, il est ce qu'il est, il y a plein de choses qui manquent dans ce texte.
07:16 – Mais de quel texte on parle, Robert ?
07:18 – Non, le texte sorti du Sénat…
07:20 – Est-ce que c'est le texte sorti du Sénat,
07:22 ou le texte détricoté par la commission des lois ?
07:24 – Le texte sorti du Sénat, moi il m'allait très bien.
07:26 Le texte détricoté, je vais y arriver,
07:30 par la commission, beaucoup moins bien.
07:33 Mais je pense qu'il fallait quand même partir de ça.
07:36 Moi, je suis d'un pragmatiste total.
07:38 Tout ce qui avance un petit peu,
07:40 tout ce qui nous permet de régler quelques problèmes, c'est mieux que rien.
07:43 – Alors pourquoi la motion de rejet ?
07:45 Vous pensez que certains ont voulu "le scalp" de Gérard Ledermann ?
07:48 – Ils ont voulu lui faire la peau.
07:50 Mais enfin, attendez, c'est d'un minable.
07:52 En plus, de voix à moi, dans le gouvernement,
07:54 s'il fallait faire la peau de quelqu'un,
07:56 c'est quand même pas de lui que je le ferais.
07:58 Il y a tout un tas de choses.
08:00 C'est sa majorité qui s'est le plus mal comporté, plus que lui.
08:03 Mais lui aussi, la veille, il traite les Républicains, il règle des comptes.
08:08 – Moi je l'avais le matin même.
08:10 Et je lui demande, "Judith, est-ce que vous vous préparez,
08:12 dès cet après-midi, à ce que tout soit terminé avant même le début ?"
08:15 Il était fébrile, mais il ne semblait pas y croire.
08:17 Et il pointait la responsabilité sur les LR, Robert Maynard,
08:20 en disant quand même que si le texte ne passait pas,
08:23 certains députés seraient responsables de potentiels actes criminels,
08:27 de délinquants qui ne pourraient pas expulser avec la loi.
08:29 Est-ce qu'on peut dire ça à un parlementaire ?
08:31 – Mais non, on ne peut pas dire ça.
08:33 Ils sont d'un côté, il y a un certain nombre à droite qui voulaient lui faire la peau,
08:37 ils n'y sont pas arrivés, mais enfin ils ont pensé.
08:39 Et de l'autre côté, alors lui il l'est un peu,
08:42 mais alors vous avez une majorité d'une arrogance.
08:44 Vous, attendez, je ne peux pas négocier avec vous
08:47 si je commence par dire tous les torts que je vous fais,
08:51 et avec des noms d'oiseaux de temps en temps.
08:53 Évidemment, tu ne te donnes pas les moyens de le faire.
08:55 – Il faut un peu de caresse et pas que des insultes si on veut négocier.
08:58 – C'est la vie madame, demander aux gens.
09:00 Si tu vas discuter avec quelqu'un que tu veux trouver un accord,
09:03 tu te dis quand même j'y mets un petit peu les formes.
09:05 Honnêtement, il ne les a pas mis beaucoup.
09:06 – Donc quoi, ils ont péché par arrogance ?
09:08 – Je pense qu'ils passent…
09:10 D'abord, ils n'ont pas compris, ils ont mis un an et demi
09:13 à comprendre qu'ils étaient quand même minoritaires.
09:15 Et que ça, mais de l'autre côté, attendez…
09:17 – Est-ce qu'Emmanuel Macron le comprend ?
09:19 Parce que finalement, il faut parler, je vais dire, du présent de la République.
09:22 On a l'impression, est-ce que c'est votre sentiment,
09:24 que tout change pour que rien ne change ?
09:26 Qu'il estime que c'est une péripétie institutionnelle
09:28 et pas une crise politique comme le disent certains ?
09:30 – Je pense qu'un, il ne prend pas la mesure des choses.
09:33 Deux, il pense que son charme suffit.
09:36 Vous vous rappelez, Saint-Denis, c'était quand même…
09:38 les rencontres de Saint-Denis, c'est un garçon qui a du charme.
09:41 Vous avez vu, il peut être séduisant…
09:43 – Oui, et la séduction suffit à la convaincre.
09:45 – Mais ça ne suffit pas.
09:46 La séduction, sur des choses anodines, ça peut fonctionner.
09:50 Mais pas sur des choses comme ça.
09:52 Et ensuite, il a quand même une capacité à dire
09:56 ce que son interlocuteur a envie d'entendre, qui est scintillante.
10:00 Or là, vous ne pouvez plus.
10:01 C'est des choses trop graves, c'est trop compliqué.
10:03 C'est d'une certaine façon… il faut avoir du courage.
10:06 Moi, ça m'a déçu parce que je lui trouve des qualités,
10:10 mais je pensais que justement, comme il n'avait plus à se représenter,
10:14 il aurait le courage de prendre un certain nombre de mesures.
10:18 En plus, là, elles sont populaires, donc il pouvait le faire, mais non, il n'y est pas.
10:22 – Et maintenant, le courage, ce serait quoi ? La dissolution ?
10:24 Est-ce que vous imaginez Jordan Bardella, Premier ministre d'Emmanuel Macron ?
10:27 – Non. – Pourquoi ?
10:29 – Parce que je ne crois pas que ce soit une bonne chose pour la France.
10:31 Je n'ai rien contre lui, je le connais, on se connaît et tout ça.
10:36 Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne réponse pour la France.
10:38 – C'est quoi la bonne réponse pour la France ?
10:39 Comment on tient là ? Parce que c'est une sélection de blocage.
10:41 – Je ne sais pas.
10:42 – Il y a des textes importants à venir.
10:43 – Oui, mais alors, si on ne passe pas là, il n'y aura plus aucun texte.
10:46 On reste comme ça, hibernatus, on hiberne ?
10:48 – Non, ils vont nous trouver trois textes de société, vous savez.
10:52 Enfin, attendez, regardez sur la voie.
10:55 – Est-ce que les vraies questions sont posées ?
10:57 Par exemple, hier, sur ce plateau CNews, Gérald Darmanin,
11:00 il engage un bras de fer avec le Conseil d'État.
11:02 Je rappelle juste la situation, cet individu ouzbek a été renvoyé du territoire
11:06 parce que proche de la mouvance d'Iadis par Gérald Darmanin,
11:09 le Conseil d'État épingle le ministre de l'Intérieur.
11:12 Pourquoi ? Parce que l'individu a fait un recours auprès de la CEDH.
11:15 Eh bien, j'imagine que ceux qui nous regardent ou nous écoutent ce matin
11:18 disent pourquoi on ne sort pas, on ne s'éloigne pas de la CEDH ?
11:21 Et vous, que dites-vous ?
11:22 – Attendez, moi je dis, il faut prendre, alors c'est un terme juridique,
11:25 des réserves, c'est-à-dire, ça existait avant.
11:27 Je vous rappelle qu'il y avait des réserves, la France avait dit…
11:30 En quoi ça veut dire ? Il y a tant d'articles.
11:32 Alors, l'article 18, celui-là, je ne l'applique pas.
11:35 L'article 25, je ne l'applique pas.
11:37 Les États ont le droit, ils ont le droit de le faire.
11:39 Le Danemark, par exemple, ils l'ont fait.
11:41 Un, est-ce qu'aujourd'hui, je ne sais pas, je pose la question,
11:44 est-ce qu'aujourd'hui, c'est la CEDH ou pas la CEDH,
11:49 sur les droits de l'homme, la Convention européenne des droits de l'homme, ou pas ?
11:54 Moi, je pense que c'est jamais comme ça que ça se pose.
11:56 Moi, je l'ai beaucoup utilisé comme patron de "Reportage sans frontières"
11:59 pour défendre des gens.
12:00 Donc, je ne suis pas contre le texte comme ça, globalement.
12:03 Mais je pense qu'il y a des réserves à prendre.
12:05 Je vous rappelle pour la petite histoire,
12:07 qu'un certain nombre de réserves ont été levées,
12:10 c'est-à-dire qu'on a dit "Allez, on applique tout le reste par la droite".
12:13 Mais oui, par la droite.
12:15 C'est pour ça que de temps en temps, si vous avez un peu de mémoire,
12:19 vous vous dites "C'est un jeu de dupe",
12:21 parce qu'aujourd'hui, c'est vachement facile, dans l'opposition,
12:24 vous savez, tu roules des mécaniques, tu dis "Je vais faire ceci, ceci, ceci, ceci".
12:29 Mais moi, j'ai toujours envie de dire "Mais attendez, merde, vous étiez au pouvoir,
12:33 pourquoi la situation...
12:34 Peu ne l'avez-vous fait ?
12:35 Mais pourquoi vous ne l'avez pas fait ?
12:36 On peut poser la même question au ministre de l'Intérieur,
12:38 qui dit "Ce texte est d'une urgence folle, mais pourquoi ne l'a-t-on pas fait avant ?"
12:42 C'est exactement ce que j'ai envie de lui dire.
12:44 Moi, si je me retrouvais avec Gérald Darmanin, j'ai dit
12:48 "Mais attendez, d'abord, il y a combien de temps vous êtes ministre ?
12:52 Pourquoi, quand vous êtes arrivé là, vous ne pouviez pas prendre des mesures ?
12:56 Il n'y a jamais eu aussi peu d'expulsions de gens qui doivent être expulsés que la loi."
13:00 C'est ça, la réalité.
13:02 Je veux dire, qui c'est qui a voté la loi ?
13:05 C'est le regroupement familial, qui l'a élargi aux frères et aux sœurs.
13:09 "Attendez, pardon, ce n'était pas avant vous, c'était vous, c'était vous."
13:13 C'est ça, la réalité.
13:15 Mais on est dans un jeu de rôle.
13:16 Le problème, c'est que ce jeu de rôle, il faut le faire éclater
13:19 et il faut apporter un certain nombre de réponses,
13:21 parce que ce sont des questions urgentes.
13:23 L'actualité, tous les jours, malheureusement, on revient là-dessus.
13:27 Je voudrais conclure par une question difficile.
13:29 Robert Ménard, c'est la une du Figaro ce matin,
13:31 autour de ce qui est appelé la fin de vie.
13:34 Le Figaro s'est procuré le texte avant les arbitrages de l'Élysée.
13:37 C'est important, c'est avant les arbitrages.
13:39 Cet avant-projet prévoit ce qui est appelé une exception d'euthanasie,
13:43 autrement dit l'euthanasie dans certains cas.
13:45 D'ailleurs, sans jamais utiliser le terme,
13:47 préférant parler de l'aide à mourir.
13:49 Entre le respect du droit à la vie, mais aussi malheureusement,
13:53 parfois de terribles souffrances, ou alors la fin qui approche
13:56 et l'envie de partir, comment on tranche et qui doit trancher ?
14:00 Ça, c'est aussi la quintessence du vrai sujet.
14:04 Je vais vous faire une réponse.
14:06 D'abord, il y a les soins palliatifs.
14:10 D'abord, on soigne les gens.
14:12 D'abord, on en met partout.
14:14 D'abord, on fait que tout le monde ait droit aux soins palliatifs.
14:18 Ça, c'est la première chose.
14:20 La deuxième, je vais vous dire un truc,
14:22 c'est pas que je ne veux pas répondre à votre question.
14:25 Il y a, sur un certain nombre de sujets,
14:27 je ne pense pas que la loi puisse trancher.
14:29 Je ne pense pas.
14:31 Parce que j'ai une expérience personnelle terrible de ça,
14:34 que je suis catholique, catholique pratiquant,
14:37 et que des fois, madame, vous vous trouvez dans des situations
14:40 de telles difficultés, de telles horreurs, de telles souffrances,
14:46 que même ce que vous pensiez sûr dans votre tête,
14:49 c'est-à-dire, non, je ne ferai pas ça, non, ce n'est pas possible,
14:52 pardon, madame, il vous arrive de le faire ou d'aider à le faire.
14:55 Donc, moi, j'ai tiré de cette expérience...
14:57 - Pour déconfronter soi-même.
14:59 - Très, très personnelle, au fait que je pense
15:02 que l'État ne devrait pas se mêler de tout.
15:04 Vous savez, aujourd'hui, la loi Leonetti, elle est ce qu'elle est,
15:08 mais chacun se débrouille, se débrouille, on trouve quelque chose.
15:13 Alors, on met des soins palliatifs,
15:16 parce que c'est quand même la plus belle des réponses,
15:19 et ensuite, l'État, il se tient à distance.
15:22 Mais vous savez ce que je pense ?
15:23 Je pense que quand tu ne sais pas régler les problèmes de fond de ce pays,
15:27 les problèmes dont on vient de parler, d'immigration et tout,
15:30 les questions de société, comme on dit, tu sautes dessus,
15:33 parce que comme ça, d'un coup, tu te donnes une espèce de courage,
15:37 et là, il y aura toujours des gens pour dire,
15:39 "Ah, ils sont courageux, ils ont affronté..."
15:41 D'abord, c'est plus compliqué, je ne suis pas sûr qu'ils doivent s'en mêler,
15:44 et puis qu'ils commencent à s'occuper des problèmes
15:46 dont ils sont les seuls à pouvoir s'occuper,
15:48 parce que le reste, chacun des citoyens peut s'en occuper un petit peu,
15:51 c'est-à-dire par exemple les questions d'immigration,
15:53 par exemple les problèmes de sécurité,
15:55 par exemple les problèmes de politique étrangère.
15:57 - Avant ces questions-là. - Avant ces questions-là.
15:58 Enfin, attendez, moi, je pouffe de rire.
16:00 Moi, je suis pour l'avortement, pour le droit à l'avortement, évidemment.
16:03 Mais attendez, c'est de la démagogie de l'inscrire dans la Constitution.
16:07 Personne, aujourd'hui, ne le remet en cause.
16:09 On n'est pas aux États-Unis, ici.
16:11 Aux États-Unis, tu as 50 États qui peuvent chacun faire ce qu'ils veulent.
16:14 Ce n'est pas la même chose.
16:15 Mais c'est tellement bien, c'est à quoi ?
16:18 À aucun frais, tu peux faire ça.
16:20 Tu peux, vous savez, se draper dans la...
16:24 Tu es le type bien, qui est courageux, qui défend les femmes.
16:27 Bien sûr qu'il faut défendre le droit à l'avortement.
16:29 Aujourd'hui, la question qu'il faudrait peut-être se poser là-dessus,
16:32 c'est pourquoi il y a toujours autant d'avortements.
16:34 C'est ça, la bonne question.
16:35 Mais c'est tellement plus compliqué à résoudre que de le mettre dans la Constitution.
16:38 Allez, on va le mettre dans la Constitution.
16:40 Écoute, vous direz, ça fait du mal à personne.
16:41 Mais enfin, attendez, on n'a pas d'autres sujets plus importants que ça.
16:45 À bon entendeur.
16:46 Merci, Robert Ménard.
16:47 C'était votre grande interview ce matin sur Europe 1 et CNews.
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16:51 ♪ ♪ ♪
16:54 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]