Jean-Claude Bourret : “Quand on présente un journal télévisé, il y avait une pression colossale”

  • il y a 9 mois
Avec Jean-Claude Bourret, journaliste

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##SUD_RADIO_MEDIA-2024-01-02##

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Transcription
00:00 Le 10h30 Sud Radio Média, Valérie Exper, Gilles Anzmann.
00:07 Bonjour à toutes et à tous, bonjour Gilles.
00:09 Bonjour Valérie.
00:10 Vous êtes en forme, vous vous êtes récupéré ?
00:11 Ben oui, je récupère du nouvel an.
00:13 Bonne année Jean-Claude Bourret, merci d'être avec nous.
00:16 Bonne année à tous vos auditeurs et bonne année évidemment à Gilles et à vous-même Valérie.
00:20 Merci infiniment.
00:21 Comment vous la sentez cette année 2024 ?
00:22 Eh bien écoutez, j'ai toujours eu l'espoir chevillé au corps.
00:25 C'est vrai.
00:26 Donc nous avons vécu en cette fin d'année des drames qui continuent d'ailleurs pour certains.
00:31 Mais j'ai toujours l'espoir que l'homme finisse par comprendre le sens de sa vie et s'améliore.
00:36 Donc vous croyez en l'homme ?
00:38 Je crois en moi-même.
00:40 Alors vous êtes là, on va parler avec vous de ce livre, La 5, l'histoire secrète,
00:45 les révélations choc de Jean-Claude Bourret chez Guitre et Daniel,
00:49 que vous avez co-écrit avec l'aide de Bérangère Danigaud qui a fait un boulot de recherche absolument incroyable.
00:55 Moi je ne l'aurais pas appelé comme ça parce que c'est réducteur par rapport à tout ce qu'il y a dans le livre.
01:00 C'est l'histoire de La 5 mais c'est l'histoire du bouleversement de la télévision.
01:05 C'est ça qui est extraordinaire.
01:06 Moi je me suis régalé en le lisant parce que c'est à la fois une histoire politique de l'information,
01:10 de la télévision, des programmes.
01:12 C'est l'arrivée de la télé en couleur, ça arrive un petit peu avant, mais vous, vous l'avez vu arriver.
01:16 On va reparler de tout ça dans un instant mais Gilles nous a concocté un petit zapping.
01:22 Sud Radio Média, l'instant zapping.
01:26 Valérie, on connaissait les jobs d'été, voici un job de l'hiver qui rapporte, vous allez voir, il rapporte même beaucoup.
01:32 Est-ce que vous saviez que le Père Noël en Chine était français ?
01:35 Ils ont fait appel à un français, un Père Noël qui vient de Gérard Mer.
01:39 Et vous allez voir, son histoire est incroyable.
01:42 En temps normal, ce Père Noël habite dans les Vosges, à Gérard Mer plus précisément.
01:46 Et ça fait un petit moment qu'il se rend en Chine, depuis quasiment une dizaine d'années maintenant.
01:51 Et il m'a expliqué qu'en Chine, le Père Noël était vu comme une figure religieuse, une figure sacrée.
01:56 Sur place, il bénéficie d'entraînements exceptionnels, écoutez.
01:59 Des regards du corps, un attaché de communication, deux interprètes.
02:03 Les gens n'avaient pas le droit de m'approcher, sauf dans ma maison de Père Noël dans l'hôtel,
02:07 où là il y a un service de sécurité.
02:09 Je me suis retrouvé des fois dans des situations où le monde voulait me toucher,
02:12 voulait me voir, voulait me prendre en photo.
02:14 Quand il est en Chine, ce Père Noël travaille dans un grand centre commercial.
02:17 Il peut gagner jusqu'à 10 000 euros par mois.
02:20 C'est pas mal 10 000 euros.
02:22 Et donc le Père Noël en Chine est français et ça les fascine.
02:26 Restons en Chine où la technologie va encore plus loin avec l'intelligence artificielle.
02:31 On pourra en parler avec vous, Jean-Claude Bourret.
02:34 Et désormais on peut ressusciter les morts.
02:36 Vous allez voir que ce Chinois qui a inventé ce système dialogue avec sa maman en arrivant au bureau.
02:42 Avec son image, comme si elle était encore en vie, mais est-ce vraiment un progrès ?
02:47 C'est un rituel que Kaï Sun ne raterait pour rien au monde.
02:51 Plusieurs fois par semaine, il appelle sa mère.
02:53 Et si Madame Sun met un peu de temps à répondre ?
02:55 Mon bon garçon, je sais que tu travailles dur.
02:58 C'est parce qu'elle est morte il y a plus de 5 ans.
03:00 Au début, je ne pouvais pas croire qu'elle était décédée.
03:03 Et puis j'ai senti que j'avais encore beaucoup de choses à lui dire.
03:06 Pour soulager sa peine, il crée cet avatar.
03:09 Un personnage interactif fabriqué à partir de photos et vidéos de sa mère.
03:14 Une renaissance numérique qui l'a transformée en business florissant.
03:18 Ici, nous pouvons créer une personne virtuelle et une base de données sur elle.
03:21 Et elle pourra répondre comme la personne disparue.
03:24 Cette pierre philosophale numérique a un prix de 6600 euros à 150 000 euros pour les avatars les plus sophistiqués.
03:31 Ça fait vraiment peur. Vous en pensez quoi de pouvoir parler aux morts et de l'intelligence artificielle ?
03:36 Alors, d'abord, il faut savoir que si l'un des êtres chers auxquels vous tenez énormément meurt
03:44 et que vous souhaitez continuer à parler avec lui,
03:47 cet ersatz d'être humain en saura plus sur lui-même que lui-même.
03:55 C'est-à-dire que l'intelligence artificielle va instantanément aller chercher dans toute la vie,
04:02 mettons de votre père s'il est mort ou de votre mère si elle est morte,
04:06 va aller chercher des quantités de choses que votre propre père ou votre propre mère ont oubliées.
04:13 Parce que l'intelligence artificielle, c'est tout.
04:16 Elle saura exactement à quelle heure il a pris un avion, un train,
04:19 à quelle heure il a dépensé 2,50 euros pour acheter une boîte de café dans tel magasin à telle adresse, etc.
04:26 C'est hallucinant.
04:28 Donc la logique de l'intelligence artificielle, c'est de dire "quel est le problème de la Terre ?
04:34 C'est la pollution, ce sont les guerres, ce sont les injustices sociales.
04:39 Qui est responsable de ça ? L'homme.
04:41 Quelle est la solution ? Détruire l'homme.
04:44 Et l'intelligence artificielle va détruire l'homme.
04:47 Et j'explique comment elle va détruire l'homme.
04:49 – Et vous disiez, hors antenne, que vous vous y étiez intéressé déjà depuis un moment.
04:53 – Depuis 50 ans.
04:54 – Mais comment ça ? Ça n'existait pas il y a 50 ans.
04:56 – Si, il y a 50 ans ça existait.
04:58 Je suis allé à l'Agnon, qui est le centre de recherche de France Télécom maintenant,
05:02 à l'époque c'était les BTT, et nous avons trouvé un ingénieur,
05:06 enfin une équipe d'ingénieurs, qui commençaient à parler directement à un ordinateur.
05:11 Ce qui était extraordinaire à l'époque.
05:13 Et l'ordinateur répondait, commençait à répondre à l'ingénieur.
05:17 Et on a été fascinés.
05:18 – Et vous avez dit que ça pourrait aller évidemment encore plus loin.
05:22 – J'ai suivi ça depuis 50 ans et je continue.
05:24 – Évidemment, durant toutes ces fêtes, et puis il y a deux jours, pour le 31 décembre,
05:29 les bêtisiers se sont enchaînés, c'est un peu la coutume qui veut ça.
05:34 Et évidemment, on a retrouvé le fameux coup de colère d'un de vos collègues,
05:38 Jean-Claude Narcy, qui présentait alors le journal de 20h.
05:42 [Bruit de moteur]
05:44 – Alors ?
05:45 – Écoute-moi bien Narcy, je suis responsable de l'émission de ce journal.
05:47 – Mais ma mère !
05:48 [Bruit de moteur]
05:54 – Eh ! Ne me laissez pas travailler ! Je vous en prie !
05:57 – On travaille à plusieurs. – Tu m'emmerdes !
05:59 – On travaille à plusieurs. – Je t'en prie, ne m'en montez pas !
06:02 – Écoute-moi bien Jean-Claude. – Tu me fais chier !
06:04 – Je viens te dire que c'est OK. – Va voir la conche à lèvres, ne m'emmerde pas.
06:07 – Je viens te dire que c'est OK. – On va se faire m'emmerder.
06:10 – Bon, vérifiez le micro.
06:13 [Bruit de moteur]
06:16 – C'est le long quotidien de violence et ça dure depuis plusieurs semaines.
06:20 [Bruit de moteur]
06:21 – On peut saluer Jean-Claude Narcy qui a 85 ans. Il était nerveux, Jean-Claude.
06:24 – Oui, mais vous savez, il faut bien comprendre,
06:26 parce que vos auditeurs de Sud Radio peuvent être un peu choqués
06:29 par le côté un peu vulgaire de cet échange,
06:32 mais il faut savoir que quand on présente le journal télévisé,
06:35 surtout à l'époque, il y a 50 ans, il y a 50 ans,
06:38 on ne se demandait pas si on allait faire 10% ou 8% de part de marché.
06:41 On faisait 85 ou 90% sur TF1.
06:44 On ne se demandait pas si on allait franchir ou pas la barre
06:47 des 5 millions de téléspectateurs.
06:49 On était entre 13 millions et 22 millions tous les soirs.
06:52 Donc c'était un monument.
06:54 Donc il faut bien comprendre qu'il y avait une pression
06:56 sur chaque présentateur qui était colossale.
06:59 – Alors vous, Jean-Claude Narcy, vous avez présenté évidemment…
07:02 – Jean-Claude Bourret. Vous avez dit Jean-Claude Narcy.
07:04 – Jean-Claude Bourret, pardon.
07:06 Vous avez présenté, vous, combien de journaux ?
07:08 Vous les avez comptés ou pas ?
07:10 – Oh non, je ne fais pas partie de…
07:12 – La 5, pardon. – France 3.
07:15 – Et vous, vous étiez un mec sympa avec les techniciens ?
07:17 – Non, non, moi je les ai tapés, je les ai méprisés, je les ai rackettés.
07:21 – Mais ce qui est extraordinaire dans le livre, encore une fois,
07:23 La 5, l'histoire secrète, et on va y revenir,
07:26 vous avez été quand même un pionnier dans un certain nombre de nouveautés à la télévision.
07:32 – Bah les duels déjà, le face à face.
07:34 – Le face à face, non mais le 6 minutes, c'était tout à fait novateur.
07:39 Ça a été repris après par M6, mais un petit journal avec un maximum d'images en 6 minutes,
07:43 c'est vous qui l'avez lancé ?
07:45 – Oui, parce que, si vous voulez, il y a deux façons de faire ce métier,
07:49 où on se met dans les chaussons de ceux qui nous ont précédés
07:52 et qui ont inventé un certain nombre de techniques,
07:55 où on essaye de faire évoluer ce que nous présentons.
07:59 Et c'est vrai que quand je réfléchis un peu, c'est pas mon obsession,
08:03 mais quand je réfléchis un peu à ce que j'ai fait en 50 ans de carrière presque,
08:07 et bien je me dis, effectivement, tu as inventé beaucoup de choses qui continuent de tourner.
08:13 Par exemple, la petite caméra, c'était "Urgence" que j'avais inventé sur la 5,
08:18 qui consiste à mettre un journaliste avec une caméra, 24h/24, 7j/7,
08:24 dans un endroit où il va se passer des choses,
08:27 les pompiers, les policiers, les gendarmes, les médecins urgentistes, etc.
08:31 Et toujours, mes gars, ils revenaient, ils avaient un document extraordinaire.
08:35 Tout le monde le fait maintenant.
08:37 Un autre qui aurait pu faire des bêtisiers, s'il avait existé à son époque, c'est Léon Zitrone.
08:41 Je vous ai ressorti cette petite archive, il était alors sur RTL.
08:45 Bon, il a pas hésité à insulter une auditrice.
08:48 - Ah, écoutez, taisez-vous un petit peu, vous avez déjà emmerdé pendant la première fois,
08:55 et maintenant vous continuez.
08:57 Foutre Dieu, madame, mais nous avons arrangé l'affaire de votre fille.
09:01 Essayez de nous renvoyer l'ascenseur, essayez de nous dire qu'elle avait des ennuis
09:05 et que nous avons tout arrangé. C'est tout ce qu'on vous demande.
09:08 - Mais monsieur, vous êtes gros fou.
09:10 - Mais madame, vous êtes conne.
09:12 - Mais monsieur, vous êtes à point.
09:14 - Allez vous faire foutre, je vous dis merde.
09:16 - Ah, mais ça c'est incroyable, je ne la connaissais pas, celle-là.
09:19 - C'est incroyable, hein.
09:20 - Vous l'avez connue, côtoyée, Léon Zitrone ?
09:22 - Ah oui, je l'ai connue, je l'ai connue.
09:24 - Il n'était pas très sympa comme personnage.
09:26 - Non, c'était un personnage qui était en apparence comme ça sympathique,
09:30 mais odieux.
09:31 Et je pourrais vous raconter une ou deux anecdotes
09:34 qui iraient dans le sens de ce que nous venons d'entendre.
09:37 - Vous imaginez aujourd'hui, traiter une auditrice de conne.
09:41 - Surtout sur une grande radio.
09:43 - C'est incroyable, ce son.
09:45 Et pour finir ce zapping, je ne pouvais pas, Jean-Claude,
09:49 sans ce son iconique de la 5.
09:51 Voici le fameux "Ainsi parlent les aracoustras",
09:54 le générique du 20e.
09:55 - Ah, vous allez me faire pleurer encore.
09:57 - Et du 13e.
09:59 Avec Seiko, votre rendez-vous avec l'info.
10:03 - Puis là, il y avait une assistant qui disait
10:23 "5, 4, 3, à toi Jean-Claude".
10:25 - Ça vous aimait ou pas, toi ?
10:27 - Ça m'émeut, vraiment, je suis ému.
10:30 Parce que dans ma vie, j'ai eu le grand privilège
10:34 d'être le premier personnage à apparaître
10:37 sur une chaîne de télévision.
10:39 1er janvier 1973, France 3,
10:41 depuis le studio 135 de la maison de la radio,
10:44 qu'on avait transformé en petit studio télé.
10:47 Donc, Christian Bernadac, qui était notre rédacteur en chef,
10:51 avait fait passer un certain nombre de tests.
10:53 Il a dit "C'est bourré" qu'il va faire le premier journal.
10:56 C'était mon premier journal télé,
10:58 et c'était ma première télé.
11:00 Donc inutile de vous dire, si vous me permettez l'expression,
11:03 que je serrais les fesses.
11:05 Et j'ai fait la mort d'une chaîne, La 5, en 1992.
11:10 - Et on va raconter cette histoire avec vous,
11:13 à travers votre carrière et vos secrets.
11:17 La 5, l'histoire secrète, c'est paru chez Guitre et Daniel.
11:20 Et on est dans un instant avec vous, Jean-Claude Bourret,
11:23 pour évoquer ce livre documenté par Bérangère Danigaud.
11:27 - L'invité du jour, c'est Jean-Claude Bourret.
11:35 Vous êtes là, je me suis dit, je ne vais pas présenter,
11:38 mais est-ce qu'on vous présente ?
11:40 Ceux pour qui ce nom évoque quelque chose savent qui vous êtes.
11:43 Un grand journaliste qui avait eu une carrière de près de 50 ans.
11:47 Très associé à l'image de La 5,
11:50 à la chaîne de Silvio Berlusconi.
11:53 Et ceux qui ne vous connaissent pas sont peut-être pas jeunes.
11:56 - Pour rebondir sur Valéry, avec Cyril Hanouna,
11:59 vous avez des personnes qui vous ont découvert ou pas ?
12:02 Est-ce que ça vous a apporté un public ?
12:04 Vous êtes assez souvent chez lui ?
12:07 - Vous savez, je ne fais pas partie des gens qui,
12:10 comme Léon Zitrone, se mettaient à une station d'autobus
12:13 pour voir si tous les gens le reconnaissaient.
12:17 J'ai demandé un jour à Léon Zitrone, on était au maquillage de TF1,
12:20 j'ai dit "Mais Léon, est-ce qu'il est arrivé qu'on ne te reconnaisse pas ?"
12:26 Alors là, il a marqué un silence, faisant semblant de réfléchir.
12:29 Il a dit "À l'étranger, une ou deux fois."
12:33 (Rires)
12:35 - Formidable. Ce livre, moi je me suis régalée en le lisant,
12:38 parce que c'est une somme, ça fait près de...
12:41 Combien ? 600 pages ? - Non, 440 pages.
12:44 C'est à la fois l'histoire de cette chaîne, La 5,
12:48 mais qui raconte une histoire politique aussi,
12:50 qui raconte comment cette chaîne est arrivée,
12:53 comment François Mitterrand, moi j'avais complètement oublié ça,
12:56 comment François Mitterrand l'a imposée contre la vie de Jack Lang,
13:00 contre la vie de tout le monde.
13:02 C'est ce que vous avez voulu raconter déjà aussi dans ce livre.
13:04 - Et ça continue à fonctionner comme ça.
13:06 C'est-à-dire que ceux qui sont milliardaires
13:09 ont besoin de faire savoir qu'ils ont de la puissance.
13:12 Donc pour faire savoir qu'ils ont de la puissance,
13:14 ils ont besoin d'avoir des médias qui vont être sensibles
13:17 à leur façon de concevoir la vie sociale, politique, industrielle, etc.
13:22 Donc ils achètent des médias,
13:24 ils achètent des journaux de presse écrite,
13:27 des stations de radio et des stations de télé.
13:29 A l'époque, il n'y avait que le gouvernement en place,
13:33 c'est pour ça que la bagarre était terrible,
13:36 qui était propriétaire des médias, enfin propriétaire,
13:39 qui avait un pouvoir d'influence sur les médias,
13:41 qui était la première chaîne de télé,
13:43 la seconde chaîne de télé qui était la première chaîne de télé en couleur,
13:47 ce qui fait rire vos jeunes auditeurs,
13:49 parce qu'ils disent "mais il nous parle de quoi bourrer les télé couleurs,
13:52 tout est en couleur".
13:53 Non, non, à l'époque il y avait encore du noir et blanc,
13:55 c'était la première chaîne, la deuxième chaîne en couleur,
13:57 et la troisième chaîne née en 73, en couleur également.
14:00 Donc les grands propriétaires, les grands milliardaires,
14:04 espéraient pouvoir mettre la main sur des nouvelles chaînes.
14:07 Et quand le marché s'est ouvert,
14:11 qu'on a pu créer une cinquième chaîne,
14:14 enfin indépendante du pouvoir politique théoriquement,
14:17 et puis une sixième chaîne, même chose,
14:19 eh bien il y a eu une grande bagarre entre les grands capitalistes.
14:22 - Mais ça veut dire que Berlusconi intervenait dans vos journaux ?
14:25 - Pas du tout, c'est ce que je raconte d'ailleurs.
14:28 - Donc vous étiez libre, donc les grands milliardaires finalement,
14:31 ils s'achètent une chaîne pour avoir du pouvoir,
14:33 mais ils laissent une certaine liberté dans votre exemple ?
14:35 - Oui, réflexion tout à fait pertinente,
14:39 sauf que je raconte dans le livre, connaissant à l'époque déjà bien
14:43 la façon dont fonctionnait le monde médiatique,
14:46 quand j'ai été reçu par Berlusconi et par Air 100
14:49 dans le bureau de Berlusconi aux Champs-Elysées,
14:52 j'ai dit à Air 100 qu'il y avait la main,
14:55 puisque la cinquième chaîne avait été créée
14:59 avec l'appui de Mitterrand,
15:01 parce qu'on disait que Berlusconi était à gauche,
15:03 ce qui fait rire tout le monde,
15:05 et que si la droite prenait le pouvoir, ce qui a été le cas,
15:08 la gauche aurait au moins une chaîne qui serait la 5 avec Berlusconi.
15:13 Donc moi j'étais en tête à tête avec les deux,
15:15 et j'ai dit "écoutez, je veux bien qu'ils t'aient fait revenir sur la 5 avec vous,
15:19 mais je veux que vous me disiez là, pendant qu'on est tous les trois ensemble,
15:22 que vous n'interviendrez jamais dans mes journaux télévisés
15:26 pour me dire "il faut prendre celui-ci, il ne faut pas prendre celui-là, etc."
15:30 Et là, il y a eu un silence d'au moins 30 secondes.
15:35 Air 100 m'a regardé dans les yeux.
15:38 30 secondes ! Faites l'essai chez vous, vous allez voir que c'est très long.
15:41 Au moins 30 secondes.
15:43 Il ne disait rien, j'ai soutenu son regard,
15:46 et au bout de 30 secondes il m'a dit "c'est d'accord".
15:49 Et il n'est jamais intervenu en 5 ans dans les journaux.
15:52 - Est-ce que comme Michel Drucker, il vous a proposé une Ferrari ?
15:55 - Beaucoup plus.
15:57 - Vous avez proposé quoi ?
16:00 - Vous avez doublé votre salaire, c'est ça ?
16:03 - Je gagnais à l'époque, j'ai fait la péréquation avec le système du ministère d'Economie et des Finances,
16:08 je gagnais à l'époque l'équivalent de 6 000 euros d'aujourd'hui,
16:11 comme rédacteur en chef de TF1 et présentateur du journal de 13h et de 20h du week-end.
16:17 Berlusconi et Air 100 m'ont proposé 12 000 euros, c'est-à-dire le double.
16:22 Tout le monde préfère gagner 12 000 que 6 000.
16:25 - Bien sûr.
16:27 - Et même 6 000 que 1300 et quelques, qui est le prix du SMIC.
16:30 Donc je suis parfaitement conscient du fait que j'étais déjà un privilégié.
16:35 Mais quand Bouygues, qui était mon patron, puisqu'il venait de racheter TF1,
16:40 a appris que j'allais partir sur la 5, que j'avais des contacts avec Berlusconi,
16:46 il m'a fait venir et il m'a proposé 110 000 euros par mois.
16:50 Vous entendez bien.
16:52 Une voiture avec un chauffeur 7 jours sur 7, ce qui correspond à plus de 10 000 euros par mois,
16:59 plus une carte de crédit avec des frais limités.
17:02 Alors ça, ça m'est resté.
17:04 Parce que quand un patron vous dit "Tiens, je vous donne une carte de crédit avec des frais limités",
17:08 je vais dire "Mais ça veut dire quoi des frais limités ?"
17:10 "Mais vous pouvez vous dépenser 1 000 euros par jour si vous voulez."
17:13 Donc c'était l'équivalent de 150 000 euros par mois.
17:15 Et j'ai dit non et je suis parti pour 12 fois moins sur la 5.
17:18 - Et pourquoi ? Parce qu'il y avait cette aventure...
17:21 - L'argent ne m'intéresse pas. Enfin, je reformule.
17:26 L'argent n'est pas ma motivation première, loin de là.
17:29 Et j'en ai fait la démonstration.
17:31 - Oui, alors on parlait de la liberté.
17:33 Vous avez été viré à l'époque à cause du pouvoir, enfin c'est le pouvoir qui était intervenu,
17:39 parce que c'était la manif pour tous.
17:41 Cette histoire est assez extraordinaire.
17:43 Ils avaient essayé de verrouiller un petit peu le nombre de manifestants.
17:47 Vous, vous avez fait votre boulot de journaliste.
17:50 Racontez-nous un petit peu ce qui vous a valu cette éviction.
17:53 - Alors j'étais donc présentateur du journal de 20 heures de TF1,
17:57 à une époque où je le rappelle, il n'y en avait qu'une, c'était la une, comme disait le slogan.
18:01 On faisait plus de 80 ou 85% de part de marché.
18:04 Il n'y avait que 3 chaînes de télé.
18:06 Et donc il y a eu la manifestation de soutien à l'école libre,
18:11 puisque le pouvoir socialiste voulait casser l'école libre,
18:13 qui était une école confessionnelle.
18:15 Et le pouvoir socialiste, dans sa façon de voir le fonctionnement de la société,
18:20 estimait que c'était tout à fait anormal de faire élever des enfants
18:24 par une confession quelle qu'elle soit, et notamment une confession catholique.
18:28 Donc il y a eu un certain nombre de manifestations
18:31 qui ont précédé la grande manifestation finale de Paris.
18:35 Il y avait eu Versailles où il y avait eu 500 000 manifestants.
18:38 Et donc tout le monde se demandait, Paris ça va donner quoi ?
18:42 - Est-ce que vous vous incartonnez ?
18:43 - Alors moi je présentais le journal de 20h ce fameux dimanche,
18:47 je crois que c'était en 1983, et je me rends compte à 19h30
18:53 que le ministère de l'Intérieur n'a toujours donné aucune estimation.
18:56 Donc je téléphone à Gaston Deferre, qui était le ministre de l'Intérieur,
19:00 qui me dit "écoutez, je vous passe ma directrice de la communication,
19:03 parce que je suis en pleine réunion, excusez-moi".
19:05 Donc il me passe sa directrice de la communication,
19:07 et qui me dit "on ne donnera pas d'estimation".
19:10 Je lui dis "quoi ? Vous ne donnerez pas d'estimation ?
19:13 Vous vous rendez compte que les organisateurs vont dire dans un quart d'heure,
19:17 avant le journal de 20h, qu'il y a peut-être 2 millions ou 3 millions de manifestants ?
19:21 Et moi je vais dire "et pour la première fois, le ministère de l'Intérieur
19:24 a refusé de donner toute estimation, ce qui va crédibiliser
19:28 l'estimation des organisateurs".
19:30 On me dit "oh bon sang, on n'avait pas pensé à ça".
19:33 Et donc elle me dit "je vous retéléphone tout de suite".
19:35 5 minutes après, donc il était 8h20, elle me dit "800 000 au moins".
19:40 Je lui dis "ça veut dire quoi au moins ?
19:42 Il y aura peut-être encore 40 ou 50 000 de plus, mais 800 000 au moins".
19:45 Alors je dis "deuxième question tout de suite, vous avez 10 minutes pour me répondre,
19:49 depuis combien de temps il n'y a pas eu une manifestation avec 800 000 personnes
19:54 selon la préfecture de police à Paris ?"
19:57 Elle me dit "oh vous et vos questions".
19:59 Elle me retéléphone 5 minutes après, donc il était 8h10 à peu près.
20:03 C'était à 10 minutes dans l'antenne, donc on est très stressé.
20:05 Elle me dit "depuis la Libération".
20:07 Et je commence le journal télévisé en disant "Madame, Mademoiselle, Monsieur, bonsoir.
20:12 Paris a vécu aujourd'hui sa plus grande manifestation depuis la Libération
20:17 avec 800 000 personnes selon le ministère de l'Intérieur
20:21 qui ont défilé dans les rues de Paris et 2 millions selon les organisateurs, etc."
20:25 François Mitterrand, le président, regardait mon journal,
20:29 il n'y en avait pratiquement aucun à l'époque,
20:31 il me dit "tu sais comment on allait rendre compte de cette journée
20:33 qui était importante pour la gauche ?"
20:35 Et il m'entend dire ça.
20:37 Et il se retourne vers ses collaborateurs, on me l'a raconté par la suite,
20:40 en me disant "mais qu'est-ce qu'ils racontent, bourré ?
20:43 Il n'y a rien dans les dépêches, ils avaient verrouillé l'agence France 1,
20:46 ils avaient tout verrouillé.
20:48 Et sur France 2, d'ailleurs, ils avaient annoncé 500 000
20:51 au lieu de 800 000, 300 000 de moins qui avaient disparu comme ça.
20:55 Mais parce que c'était une télévision d'État aussi.
20:59 Et donc, je me suis convoqué à la fin du journal,
21:04 j'ai même pas à lever mes fesses de mon siège,
21:07 que le haut-parleur Grézy en est bourré dans le bureau de Danvers,
21:11 qui était mon nouveau directeur,
21:13 et je vais le voir, et il me dit "mais qu'est-ce que tu as raconté ?"
21:17 J'ai dit "comment ça, qu'est-ce que j'ai raconté ?"
21:19 "800 000, la plus grande manifestation depuis la Libération,
21:22 ce n'est pas dans les dépêches !"
21:24 Je dis "oui, mais ce qui différencie un fils de député socialiste,
21:28 c'est un militant de gauche, comme toi."
21:30 Parce que moi j'aime bien Danvers, c'était un bon copain,
21:33 mais sans que ce soit méprisable de ma part, un petit journaliste,
21:36 un petit reporter, il est passé du grade de petit reporter
21:40 au grade de directeur de l'information, parce qu'il était à gauche.
21:44 Et qu'on avait des certitudes qu'il était à gauche,
21:46 son père était député socialiste.
21:48 J'ai dit "oui, mais moi j'ai pris mes renseignements,
21:51 j'ai fait mon métier de journaliste aux meilleures sources."
21:53 "Oui, évidemment, avec tes amis de droite !"
21:56 Parce que d'un instant on n'était pas encarté à gauche,
21:58 on était forcément à droite.
22:00 J'ai dit "non, non, pas du tout, auprès de tes amis, Gaston Deferre."
22:04 "Quoi ? Tu as eu Gaston Deferre ?"
22:06 "Oui, j'ai eu Gaston Deferre au téléphone."
22:08 "Ah bon, ah bon ?"
22:09 Et là j'ai vu qu'il s'effondrait un peu,
22:11 parce qu'il venait de se faire salement engueuler
22:13 par un conseiller du président Mitterrand.
22:15 Et là on m'a viré.
22:16 – Et ça a fait scandale ou pas à l'époque ?
22:18 – Oui, oui, il y a eu la presse, la presse évidemment s'en étant parée,
22:23 et puis a raconté un petit peu l'histoire.
22:26 Et comme ils m'ont viré du 20h, mais qu'ils ne pouvaient pas dire
22:29 "on vire bourré du 20h" parce qu'il a fait son métier de journaliste,
22:33 ils m'ont convoqué pour me dire "on va te donner un truc formidable,
22:37 tu vas créer la première télévision du matin, mais on t'enlève du 20h."
22:41 Et ils pensaient que la télévision du matin, que j'ai créée d'ailleurs en 84,
22:44 ne marcherait pas.
22:46 Et puis c'est un très bien marché.
22:48 – C'était "Bonjour la France".
22:50 – Et c'est comme ça que Berlusconi vous a repéré.
22:53 Et on va en reparler dans un instant.
22:55 – Et oui, parce qu'avant, Valérie, qu'est-ce que c'était la révolution de la 5 ?
22:59 C'était les programmes coupés par la pub.
23:02 – Absolument, c'est l'apparition de la pub.
23:04 [Musique]
23:06 – C'est quoi ? – Le jingle de la 5 pub.
23:08 – Ah, c'était pas plus long que ça ? – Non, c'était pas plus long que ça.
23:10 – Mais c'est vrai que c'est aussi dans les premières fois
23:13 l'apparition de la pub, des programmes coupés.
23:16 Mais vraiment, redire que ce livre, la 5, l'histoire secrète,
23:20 on l'a vu avec l'anecdote que vous venez de raconter,
23:22 c'est que c'est bourré d'anecdotes. – Bourré d'anecdotes.
23:24 – Et de documents avec des témoignages, avec des articles de journaux
23:27 qui ont été trouvés à l'époque. – Qui n'ont jamais été publiés.
23:29 – Absolument, il y a même, je vous dis, notre ami André Bercoff
23:32 qui avait commenté la 5. – Oui, tout à fait.
23:34 – Qui disait que c'était de la télé congelée, décongelée.
23:37 On y revient dans un instant avec…
23:39 [Musique]
23:42 Le Supplément Média, toujours avec Jean-Claude Bourret pour ce livre,
23:45 la 5, l'histoire secrète, les révélations choc de Jean-Claude Bourret.
23:49 Oui, ce sont des révélations parce qu'il y a beaucoup de confessions,
23:51 beaucoup de confidences sur les coulisses de ce qu'a été le monde de l'audiovisuel
23:55 pendant un certain nombre d'années.
23:57 Et puis la 5, cette chaîne qui a révolutionné quand même le paysage audiovisuel,
24:01 il y a eu une véritable guerre des animateurs.
24:03 Alors c'est formidable dans le livre, encore une fois,
24:06 parce qu'il y a énormément de références,
24:08 vous mettez tous les noms de ceux qui ont été sollicités.
24:12 Donc ça nous rappelle des souvenirs à nous qui avons vécu la 5,
24:17 Marie-France Kubada, tous ces gens qui ont travaillé pour cette chaîne
24:22 et ces programmes qui étaient à l'italienne aussi, pour beaucoup d'entre eux.
24:26 Oui, bien sûr, Berlusconi m'avait raconté d'ailleurs comment il avait fait augmenter
24:32 la Cinque en Italie, la 5 italienne.
24:35 C'était d'une intelligence mais incroyable.
24:39 Par exemple, vous qui vivez aussi à Sud Radio, de la pub.
24:43 Berlusconi m'avait raconté la chose suivante,
24:46 il m'a dit "Jean-Claude, comment j'ai fait rentrer la publicité sur la Cinque en Italie ?"
24:51 Eh bien, vous savez, chez nous, il y a les jambons de Parme, c'est très italien.
24:56 Alors le plus grand, il fait de la publicité sur la Cinque,
25:01 le deuxième, il fait de la publicité sur la Cinque,
25:04 et le troisième, il n'en fait pas.
25:06 Alors mes gars sont allés voir le président du jambon de Parme,
25:10 classé numéro 3 des ventes, et il lui a dit "Il faut faire de la publicité sur la Cinque."
25:15 "Non, non, ça marche très bien, fais pas de la publicité sur la Cinque."
25:18 Bon, alors, qu'est-ce qu'on a fait, nous ?
25:20 On est allés voir le numéro 4 des jambons de Parme.
25:24 On lui a dit "Monsieur, bonjour, on représente monsieur Berlusconi,
25:28 on vous propose un an de publicité gratuite sur la Cinque."
25:32 Il dit "Non, non, ça c'est des arnaques, je veux pas."
25:35 "Non, non, envoyez-nous vos avocats, vous allez voir, il n'y a pas de loup."
25:39 Alors le gars, au bout d'un moment, on lui dit "Ben non, monsieur le président,
25:43 on a tout étudié, c'est clair, c'est net, c'est un an de publicité gratuite."
25:47 Donc, le numéro 4 a un an de publicité gratuite sur la Cinque,
25:51 il passe numéro 3, et le numéro 3 passe numéro 4.
25:55 Et ensuite les gars vont... Berlusconi me dit "Après les présidents du numéro 3 devenus numéro 4,
26:00 ils venaient taper à ma porte avec le chéquier en disant "Donnez-moi de la publicité, donnez-moi de la publicité."
26:06 - C'est génial ! - Ah ben oui, mais il y en a plein.
26:08 - Il y en a des dizaines dans le livre, encore une fois, il y a cette grille de programmes,
26:12 alors "Pin-Tête-Long", je me souviens de cette émission,
26:16 qui était un jeu consacré à l'information. - Qui était tourné en Italie.
26:19 - "Vive les femmes", et après il y avait effectivement tous les animateurs que vous citez,
26:23 Elisabeth Tordjman, Olivier de Kersauson, Alain Gilopetré,
26:27 - Qui a ouvert l'antenne. - Qui a ouvert l'antenne, oui, et qui était Christian Morin, Guillaume Durand.
26:31 Ils avaient quand même réussi à séduire pas mal de... Ils avaient réussi à faire venir pas mal de gens, Berlusconi.
26:36 - Oui, parce qu'il avait le chéquier. - Ben oui.
26:39 - Et... - Oui, mais ça suffit pas le chéquier, il fallait savoir faire les programmes aussi et innover.
26:43 Ce que vous aviez fait avec "Duel", "Duel sur la 5", c'était d'une modernité incroyable.
26:48 - Il fallait les deux, il fallait les deux, et "Duel sur la 5", je l'ai créé effectivement,
26:52 parce qu'en tant que téléspectateur, rien ne m'énerve plus qu'un animateur
26:58 qui coupe sans arrêt la parole à ses invités en disant cette phrase,
27:02 qui pour moi est le symbole de la médiocrité,
27:04 "On va y revenir, on va y revenir", on n'y revient jamais.
27:07 "Mais laisse-le parler, tu l'as invité, ou alors l'invite pas, mais si tu l'invites, laisse-le parler."
27:11 Et donc moi j'avais décidé de créer "Duel sur la 5", qui était un principe très simple.
27:17 D'ailleurs sur ma page Facebook, il y a quelqu'un qui a remis les archives de l'INA,
27:22 un duel entre Jean-Marie Le Pen et puis un sympathique ministre socialiste
27:27 sur le thème de l'immigration, c'était il y a 30 ans,
27:30 et bien on peut le rediffuser, ça n'a pas pris une ride.
27:33 Mais on voit qu'il y a raison là.
27:35 - Moi j'ai téléfouillé les archives, parce que à la fin de la 5,
27:39 vous avez créé le journal et une association,
27:42 et puis à un moment, vous avez essayé de collecter des fonds,
27:46 et vous avez été critiqué.
27:47 Vous vous souvenez de l'entretien que vous avez eu avec Marc-Olivier Faugiel à ce sujet ?
27:51 - Oui, il était en service commandé, Marc-Olivier.
27:55 - C'est la question que j'allais vous poser après, écoutez cet extrait.
27:58 - Un mot sur cet argent de la 5, comment on vit avec cette réputation d'avoir piqué dans la caisse ?
28:04 - Attention, je suis désolé, je vous attaque en diffamation.
28:08 - Mais non, je dis comment, je m'en suis dit que vous avez piqué.
28:10 - Je le dis au téléspectateur, c'est un principe extrêmement simple.
28:13 - On peut pas vous poser de questions.
28:14 - Je vous attaque en diffamation.
28:15 - Mais attendez.
28:16 - Je vais demander à mon avocat demain de vous attaquer en diffamation.
28:18 - Je vous demande comment on vit...
28:19 - Ce que vous dites est extrêmement grave.
28:20 - Mais attendez, je vous demande comment on vit avec cette réputation.
28:22 - Non, non.
28:23 - Je vous dis pas que vous avez piqué dans la...
28:24 - Un, je n'ai pas la réputation d'avoir piqué dans la caisse.
28:25 - Mais vous savez bien, Jean-Claude Bourret...
28:27 - Et deux, la réputation en question, c'est vous qui l'avez fait.
28:29 - Mais pas du tout.
28:30 - Non, c'est vous qui venez de l'affaire.
28:31 - Jean-Claude Bourret, il y a des articles dans tous les journaux,
28:34 Libération, Le Monde, qui se sont demandé où est passé l'argent de la 5.
28:45 - Non, non, non, non, non.
28:46 - Les articles n'ont jamais mis en cause ma gestion de l'argent de la 5.
28:47 - Mais on se demande...
28:48 - Alors attendez, je peux répondre.
28:49 - Vous savez comment il a été titré, mais bien sûr.
28:50 - Je peux répondre, parce que là, vous venez de porter une atteinte grave
28:51 contre mon donneur, une fois de plus.
28:52 - Bon, allez-y.
28:53 - Et j'ai fait condamner plusieurs confrères.
28:54 - Allez-y.
28:55 - Vous avez fait condamner Marc-Olivier Fausciel, après.
28:56 Il était en...
28:57 D'où vient cette attaque, d'après vous ?
28:58 - Oh, c'est extrêmement simple.
28:59 Les grands capitalistes qui se battaient pour tuer la 5 et pour récupérer, en gros,
29:06 les 300 millions de publicités qu'on aura fait sur le marché de la pub, étaient fous
29:12 de rage contre moi.
29:13 Parce que la 5 était morte, c'était fini.
29:14 On récupérait l'argent de la publicité.
29:15 Et puis, un crétin, un idiot, une andouille, Jean-Claude Bourré, qui crée l'association
29:16 de défense de la 5 et qui essaye de continuer à remuer cette mort de la 5, c'était insupportable.
29:17 C'est un délire.
29:18 - Vous avez fait un délire.
29:19 - Je n'ai pas fait un délire.
29:20 - Vous avez fait un délire.
29:21 - Vous avez fait un délire.
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31:06 - Vous avez fait un délire.
31:07 - Vous avez fait un délire.
31:08 - Incroyable.
31:09 Moi je voulais que vous nous racontiez, alors on sort un petit peu de la 5, mais nous racontiez
31:11 cette anecdote incroyable avec Francis Bouygues.
31:15 Francis Bouygues, grand patron qui a obtenu, là aussi vous racontez les coulisses de la
31:20 bagarre pour obtenir TF1, qui était chaîne publique, gagné par le groupe Bouygues.
31:26 Et Francis Bouygues que vous connaissiez évidemment et que vous rentrez dans son bureau.
31:31 - Non, je ne le connaissais pas.
31:32 C'était mon patron parce qu'il avait racheté TF1, donc moi je faisais partie des meubles
31:36 comme tous les présentateurs, les techniciens, etc.
31:38 Mais lui il me connaissait parce qu'il regardait un peu ce qu'il y avait dans ce qu'il avait
31:43 acheté.
31:44 Et ce qu'il y avait dans ce qu'il avait acheté c'est ce qu'il voyait à la télé, donc les
31:47 présentateurs.
31:48 Et donc il me convoque dans son grand bureau, dans les anciens locaux.
31:53 - C'était un Challenger.
31:54 - C'était avant Challenger, il était en train de construire Challenger.
31:58 Il avait un très grand bureau et il avait d'ailleurs un chef d'œuvre de compagnon
32:05 du devoir qui était une architecture de cathédrale qui était merveilleusement faite au milieu
32:11 de son bureau.
32:12 Et il m'a parlé, je l'ai vu d'ailleurs, et il me l'a dit deux ou trois fois avec beaucoup
32:16 d'affection parce qu'il me disait "vous êtes un homme du peuple comme moi, vous avez les
32:21 pieds sur terre".
32:23 J'ai même les pieds dans la bouse de vache parce que...
32:26 - Oui, parce que vous racontez que vous êtes fils de paysan.
32:28 - Oui, petit-fils de paysan et j'ai toujours plein de gens de ma famille qui sont fermiers
32:33 et quand j'avais entre 18 et 25 ans, comme je suis costaud, ils me disaient "tiens, elle
32:38 ne s'attendait pas d'aller nettoyer les tables".
32:40 Et donc je prenais la brouette, je prenais la fourche et je ramassais les bouses de vache,
32:44 je les mettais dans la brouette et je les portais sur le tas de fumier à l'extérieur.
32:48 Donc quand on a marché dans la bouse quand on a 20-25 ans, c'est très bien parce que
32:53 ça vous permet dans ce métier où il y a du champagne, des jolies filles, de la coke,
33:00 des pétards...
33:01 - Il y a de la coke et du pétard dans la télé ?
33:03 - Bien sûr, je le raconte dans le livre d'ailleurs.
33:05 - Beaucoup ?
33:06 - Écoutez, moi j'ai vu pas mal de confrères qui faisaient une ligne de coke depuis très
33:12 longtemps.
33:13 Je peux vous dire une chose les yeux dans les yeux.
33:16 Je n'ai jamais, vous entendez bien, jamais tiré un taf, comme disent les jeunes, sur
33:23 un pétard et je ne me suis jamais fait une ligne de coke.
33:26 - Ce qui était sûrement le cas aussi de Jean-Pierre Pernaut, que vous avez bien connu
33:31 dans l'histoire de Bouygues, vous arrivez dans le bureau de Francis Bouygues, il vous
33:33 dit voilà, on est tous les deux issus d'un milieu rural et vous expliquez aussi que
33:39 le système Bouygues, c'est un système très familial, très fort avec Alex.
33:44 - Avec le mine orange.
33:45 - Voilà, avec le mine orange.
33:46 - Et il me raconte une anecdote.
33:47 Alors le mine orange, c'est une organisation à l'intérieur du système Bouygues qui
33:54 co-opte les meilleurs, les gens qui, autour de piliers centrales que représentait Francis
34:02 Bouygues, sont les meilleurs techniciens, les meilleurs ingénieurs, les meilleurs,
34:05 les meilleurs, les meilleurs.
34:06 Et donc il me dit, je lui dis mais qu'est-ce que c'est exactement les mines orange, je
34:12 savais ce que c'était mais je voulais voir ce qu'il allait me répondre.
34:14 Il a été très sincère.
34:15 Il m'a dit écoutez, c'est une organisation qui co-opte les meilleurs.
34:18 Par exemple, j'ai un de mes gars du mine orange qui m'a téléphoné parce que j'ai
34:23 un chantier en Extrême-Orient, on construit un barrage et le gars me téléphone, il me
34:28 dit écoute Francis, ton gars c'est pas un bon, il a pas provisionné assez le matériel
34:34 et le chantier est arrêté, le chantier du barrage.
34:36 Alors j'ai rapatrié l'ingénieur et j'en ai renvoyé un autre.
34:40 Alors j'ai dit à Francis Bouygues mais il vous tutoie ? Il dit oui, dans le mine orange
34:45 tout le monde se tutoie, c'est une sorte de franc-maçonnerie à l'intérieur du système
34:50 Bouygues.
34:51 Et là on lui apprend, il est avec un seul syndicat, FO, et on lui apprend qu'il y a
34:55 un type, un employé, qui veut monter la CGT, qui est cégétiste, et il le fait venir dans
35:01 son bureau et il lui fout son poindre dans la figure.
35:03 Parce que c'était comme ça qu'on réglait les problèmes à l'époque.
35:07 Moi j'étais stupéfait par ce que me racontait Francis Bouygues, parce que moi j'étais
35:11 rien du tout.
35:12 J'étais un petit rédacteur en chef à 6 000 euros par mois, j'avais 13 ans de présentation
35:17 du journal, j'étais rien du tout.
35:19 J'étais connu parce que je présentais le journal sur un grand média, mais c'est tout.
35:24 Et il me raconte ça comme si j'étais un vieux copain, j'étais très touché par ce
35:28 qu'il a fait.
35:29 Très touché.
35:30 Et il m'a dit effectivement, un de mes gars du mine orange qui était dans la sécurité
35:35 m'a alerté en me disant "Patron, on a fait une connerie, on engage un mec de la CGT",
35:40 alors qu'il prenait plutôt des gens qui étaient force ouvriers, d'après ce qu'il me disait.
35:43 Et puis il l'a viré.
35:45 Moi je voulais savoir comment vous avez vécu l'affaire PPDA à distance, c'est quelqu'un
35:48 que vous avez bien connu.
35:49 Comment vous, vous l'avez vécu en tant qu'ancien TF1 et journaliste ?
35:54 Ecoutez, Patrick, je le connais depuis qu'il est arrivé à France Inter.
35:59 Moi je suis arrivé à France Inter en 1967, Patrick a dû arriver en 1969, un truc comme
36:06 ça.
36:07 Je me souviens très bien de temps en temps d'aller dans sa maison de campagne dans les
36:09 Côtes d'Armor avec sa belle BMW rouge d'occasion.
36:12 Donc inutile de vous dire que je connais l'oiseau.
36:14 Bon, c'est un garçon, comme tous les garçons qui ont entre 20 et 35 ans à la télé, où
36:23 les filles tournent autour, quand la fille est consentante et que le présentateur a
36:29 envie d'avoir un petit moment agréable, tout va bien, tout le monde est consentant, ce
36:33 n'est pas interdit par la loi.
36:34 Là où je suis tombé de haut, évidemment, et la justice dira si ce sont des mensonges
36:41 ou si c'est la vérité, c'est quand j'ai découvert qu'il abusait de son statut de
36:48 présentateur vedette pour coucher en deux minutes sur la moquette de son bureau des
36:55 filles un peu naïves qui venaient voir le présentateur.
36:58 Je trouve ça incroyable, moi personnellement j'ai beaucoup de mal à y croire.
37:02 Mais enfin on verra ce que la justice...
37:04 Il y a eu une trentaine de plaignantes.
37:06 Il y a eu une trentaine de plaignantes, c'est ça qui est surprenant.
37:08 Et de plaintes.
37:09 Il y a des photos dans votre livre à la fin où on reconnaît des visages de Guillaume
37:14 Durand jeune, on voit également...
37:17 Béatrice Schoenberg.
37:18 Béatrice Schoenberg, Muriel S.
37:20 Il y a des noms dont on avait oublié qu'ils avaient fait partie effectivement de la Sainte.
37:29 Christian Malard je raconte d'ailleurs.
37:30 Christian Malard vous racontez effectivement.
37:32 Une anecdote sur Christian Malard.
37:33 Un jour je demande à Christian parce que c'était notre commentateur de politique étrangère
37:38 et il avait toujours des informations incroyables.
37:42 Durant la guerre du Golfe d'ailleurs.
37:43 Ah mais toujours, il n'avait qu'un jour d'avance sur la presse.
37:45 Mais j'ai dit "mais comment tu fais pour être informé comme ça ?"
37:49 Alors il met la main dans sa poche intérieure, il sort une lettre, il me l'attend.
37:54 Je vois "Maison Blanche USA, le Président".
37:58 Qu'est-ce que c'est ? J'ouvre la lettre, c'est une lettre manuscrite qui faisait une page,
38:02 il y avait au moins 25 lignes.
38:03 C'était le Président des États-Unis qui lui écrivait.
38:07 Incroyable.
38:08 Et il me dit "ben tu vois, c'est pour ça que je suis bien renseigné".
38:11 Incroyable.
38:12 C'est un livre formidable.
38:14 Encore une fois, je vois la photo, je découvre Anne Lorrain.
38:16 Anne Lorrain qui était l'assistante de Pierre-Luc Séguillon à LCI,
38:20 qui après a fait son chemin, Anita Hosser aussi.
38:23 Tous ces gens qui ont démarré.
38:27 Tout ça ce sont des photos que j'ai prises moi à titre personnel.
38:30 C'est vraiment une mine d'informations.
38:35 Et puis même si vous n'avez pas connu La 5, vous découvrirez les coulisses de la télé.
38:39 En tout cas, il y a du pouvoir.
38:40 Oui, absolument.
38:41 Jean-Claude Bourret, Bérangère Danigaud qu'on peut féliciter pour le travail d'enquête remarquable.
38:47 La 5, histoire secrète, c'est paru chez Guitre et Daniel.
38:51 Merci Jean-Claude Bourret.
38:52 Dans un instant, ce sont les débats d'actualité.

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