DB - 08-01-2024
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00:00 [Musique]
00:29 [Musique]
00:32 Elle est bonne ?
00:34 Y a qu'une Marseillaise pour la faire comme ça.
00:37 Ma pauvre mère, elle a réussi ça encore meilleur.
00:39 Ce qu'il faut, c'est mettre uniquement du poisson d'orange et de l'ail.
00:44 Elle est fameuse, hein ?
00:49 Si vous en voulez encore, y en a qui vous attendent.
00:52 Ensuite, je vous ai fait dérouger.
00:55 [Rires]
00:57 Qu'est-ce que tu dis ?
01:08 Rien.
01:10 Je croyais que tu m'avais parlé.
01:12 Non.
01:13 Tu sais pas pourquoi j'ai fait ce voyage ?
01:24 Alors que je n'avais pas roulé pendant toute la grève.
01:26 Pour manger ma soupe de poisson ?
01:30 Non.
01:32 J'ai fait ce voyage...
01:34 pour te voir.
01:37 Uniquement ?
01:39 Uniquement.
01:41 Tu comprends, je savais que tu allais routier et que tu serais aux primaires, ton mari le premier.
01:47 Et je voulais...
01:49 Je voulais te parler en tête-à-tête.
01:53 En tête-à-tête.
01:54 Seul à seul.
01:57 De quoi ?
02:00 De quoi ?
02:02 Tu le sais bien, hein ?
02:03 De lui, Barbie.
02:05 De lui qui m'a plaqué, tiens, il va y avoir maintenant six mois.
02:09 Vous voulez encore un peu de soupe de poisson ?
02:12 Pendant qu'elle est chaude.
02:14 Si tu veux.
02:16 Merci.
02:17 Merci.
02:24 Tu comprends, il y a...
02:38 Il y a des choses que je ne peux pas lui dire, à lui.
02:41 Alors je suis venu te le dire à toi.
02:43 C'était facile.
02:45 Pas dit, hein ?
02:46 Comment expliquer ça ?
02:55 Tu sais que ton mari, je l'aime.
03:00 Comme mon mot, ou quoi.
03:05 Oui, je sais.
03:09 Eh ben...
03:10 Je me suis pas remis de notre séparation.
03:14 J'arrive pas à me consoler de son départ.
03:16 J'ai essayé de m'en foutre.
03:18 Et j'ai pas pu.
03:20 Il est jamais repris de chauffeur.
03:23 Il m'aime pas cherché.
03:25 Puis qu'il m'a quitté, je roule tout seul.
03:28 Nous aussi.
03:30 Oh, dis-lui, c'est parce qu'il peut pas faire autrement, hein ?
03:33 Moi, d'argent.
03:35 Il pourrait moyen de se payer un chauffeur.
03:37 On le save, hein ?
03:38 Je l'aimerais pas.
03:41 Il gênerait pas.
03:42 Il gênerait pas pour rouler avec un autre, hein ?
03:46 Puis les jeunes...
03:49 Paris-Marseille, ils sont s'arrêter, ça fait pas de porte.
03:52 Tant nique-moi.
03:53 Vachement plus des transports pépères...
03:57 Mal payés, mais qui ont le temps.
03:59 Les messageries...
04:01 Les transports de vieux, quoi.
04:04 Tu sais pas qu'il m'arrive de coucher en route, maintenant ?
04:09 Non, mais à l'hôtel.
04:10 Tu te rends compte ?
04:12 T'es pas vieux.
04:13 Non, je suis pas vieux pour la vie, bien sûr.
04:16 Mais je suis vieux pour la route.
04:19 Et puis...
04:21 Quoi ?
04:23 Puis y a ma femme.
04:26 Elle m'a donné à choisir.
04:29 Elle ou la route.
04:31 Vous n'arrivez pas à la quitter.
04:35 Qui ? Ma femme ?
04:38 Non.
04:39 La route.
04:41 Oh, j'ai commencé à l'abandonner.
04:44 Mais c'est pas facile, tu sais.
04:46 Alors j'y vais mollo.
04:49 Pour m'habituer, j'espace les voyages.
04:51 D'abord j'ai plus fait qu'un voyage par semaine, puis...
04:55 Deux toutes les trois semaines.
04:57 Et j'en suis maintenant un voyage par mois.
04:59 Et un jour je repartirai plus du tout.
05:01 Alors comme tu me verras plus souvent chez Favre...
05:07 J'ai voulu que tu saches, toi...
05:09 Que si un jour le monde m'avait des ennuis...
05:12 Bah, je serai là, moi.
05:15 Pour l'aider, quoi.
05:18 Il s'en tire très bien jusqu'à maintenant.
05:20 Non, je sais, j'espère que ça durera.
05:22 Je le souhaite de tout mon cœur, ça tu peux me croire.
05:24 Seulement...
05:26 La chance peut tourner, avec la route.
05:29 Et il pourrait se faire qu'un jour...
05:35 Bah, il puisse plus payer ses traites, quoi.
05:37 Alors j'ai voulu que tu saches, toi...
05:40 Que malgré qu'il m'a plaqué, moi je le laisserai pas tomber.
05:44 Voilà.
05:46 J'ai mis l'exprès à Marseille pour te dire ça.
05:51 Vous partez ?
05:54 Mais, mais Roger...
05:56 J'ai plus faim.
05:58 Parce que jamais, jamais lui il m'appellera au secours.
06:01 Alors toi...
06:05 Toi tu vas me jurer, t'entends ?
06:06 Que si un jour le monde m'a désormais...
06:09 A toi tu me reviendras.
06:11 Je vous le jure.
06:13 Merci.
06:17 Je peux te demander encore quelque chose ?
06:24 Quoi ?
06:26 Si par bonheur...
06:28 Il avait jamais besoin de moi, hein, on sait pas...
06:33 J'aurais pas le plein de lui raconter ce soir.
06:35 Notre petit dîner est un restaurant clandestin.
06:39 Elle était bonne, ta soupe.
06:48 Je m'en souviendrai de celle.
06:50 Ben je vous en offrerai.
06:52 Et vous la mangerez avec du puits.
06:55 Pourquoi tu dis ça ?
06:57 Tu sais très bien que c'est pas possible.
07:00 Je te le dis parce que je pense que, brusquement...
07:02 Entre du puits et vous, c'est pas fini.
07:04 Ça finira jamais.
07:06 Qu'est-ce qui te fait penser ça ?
07:10 Je pense pas.
07:12 Je suis sûre.
07:14 Tu crois qu'une amitié comme la nôtre...
07:17 Ça peut recommencer après ce qu'il s'est passé ?
07:19 Mais je crois pas.
07:21 J'en suis sûre.
07:24 Parce que t'es une femme...
07:25 Et qu'il y a des choses entre les hommes...
07:28 Que tu peux pas sentir.
07:30 Peut-être que je me trompe.
07:33 On verra qui a raison.
07:36 Les nouvelles sont bonnes ?
07:38 Tout va bien.
07:39 Qu'est-ce qu'ils disent ?
07:40 Grève du rail, troisième semaine, aucune solution en vue.
07:43 Parfait !
07:45 Mais de mon temps, les grèves c'est d'autre chose.
07:47 Je suis sûr que ça va bien.
07:49 Je suis sûr que ça va bien.
07:52 Parfait.
07:53 De mon temps, les grèves c'est d'autre chose.
07:56 Y'avait la famine, la troupe, des morts...
07:59 Ça dureait des mois.
08:01 Aujourd'hui, on se reçoit, on discute...
08:05 Tu vas voir qu'ils vont finir par se mettre à croire.
08:07 C'est pour ça que j'en profite.
08:08 Le fait est qu'on t'a pas vu beaucoup depuis l'arrêt des trains.
08:10 Tu sais, j'ai roulé qu'en rapide.
08:12 Même pas le temps de boire un café.
08:14 Tiens, ça fait...
08:16 Ça fait trois semaines aujourd'hui que j'ai pas dormi dans la lit.
08:18 Je bouffe au volant.
08:21 Ça change pas de chemise.
08:22 Une vraie vie de bohémien.
08:24 Tu veux pas de portes.
08:26 Tu mènes l'existence de la route, quoi.
08:28 La vraie, l'ancienne, pas la moderne.
08:31 Tiens, quand je roulais, en 1930...
08:36 Allez, bois un coup, ça te remontera.
08:39 Ça devait arriver, ça.
08:42 Il faut en faire ton deuil, quoi.
08:44 C'est pas de pleurer qui la ressuscitera.
08:47 Oui, bien sûr.
08:50 J'aurais pas cru que ça serait si rapide.
08:52 Qui aurait dit ça hier.
08:54 Et qui a résigné.
08:57 Ça s'est produit vers minuit.
08:59 Oui, subitement.
09:01 Où est-ce que t'as appris la nouvelle ?
09:03 Bah, au HAL, y a un gars qui l'a su, il est venu me prévenir.
09:06 Bah, dis donc, ça a dû te faire un coup.
09:08 Non, sur le moment, je voulais pas y croire.
09:10 C'est pas demain que je retomberai sur une belle greffe comme ça.
09:14 Et qu'est-ce que tu vas faire, maintenant ?
09:17 Je vais revoir ma femme.
09:20 Je vais revoir ma femme.
09:21 Elle était longue, cette greffe.
09:28 Pour moi aussi.
09:31 J'ose dire que tu aurais pas aimé qu'elle continue.
09:36 La question travaille sur moi.
09:40 J'ai mis de côté de quoi payer ma traite du mois prochain.
09:45 La question toi et moi.
09:49 J'en avais plein le dos.
09:50 Quand même, tu aurais pu venir à Marseille.
09:58 Tu aurais pu faire un petit voyage pour Fabre.
10:01 Je te l'ai écrit, je te l'ai téléphoné à Cavaillon.
10:04 T'as rien voulu savoir, hein ?
10:06 Tu sais, je gagnais trop d'argent avec les primeurs, là-bas.
10:16 Tu pensais que c'était pour moi que je disais ça ?
10:18 Ah, je te connais, va.
10:24 Alors vraiment, Fabre, il veut plus me donner de frais ?
10:29 Ben, on saura ça demain.
10:32 Il est à peine arrivé.
10:35 Il est là, à ta route.
10:38 Il est furieux ?
10:42 Il a une brave colère.
10:44 Contre moi ?
10:45 Contre toi, contre tous les autres, contre toute la route.
10:48 Non !
10:50 Depuis la fin de la grève, tu m'as pas rechargée une seule fois.
10:53 Ben, va, Cavaillon, peut-être que tu trouveras du frais.
10:56 Il n'y a plus rien dans la Vaucleuse.
10:58 Les primeurs, qu'est-ce que tu as fait ?
11:00 Les primeurs ? En septembre ?
11:02 C'est vrai que c'est plus la saison.
11:04 Mais t'as qu'à attendre le printemps prochain.
11:06 J'ai compris, il n'y a plus de frais pour moi à Marseille.
11:08 Tu es intelligent, tu as tout de suite te saisi.
11:10 Ça va durer longtemps, cette quarantaine ?
11:13 Tant que je ne vais pas digérer le coucou que vous m'avez fait
11:15 pendant les trois semaines que les trains n'ont pas roulé.
11:17 On a choisi le travail qui rapporte le plus, c'est normal.
11:20 C'est normal, c'est normal.
11:22 Quand on ne voit pas plus loin que son nez,
11:24 il y en a le moins bête qui se sont rappelés que moi je les fais travailler toute l'année.
11:27 Et ils m'ont fait quelques voyages.
11:29 Et maintenant, pendant que personne ne roule, eux, ils ont toujours du frais.
11:32 Et pour mille francs qu'ils ont perdu pendant la grève,
11:34 ils en attendent un petit vireil de ce moment.
11:36 Si on avait su.
11:38 Il fallait réfléchir, mais réfléchir c'est fatigant.
11:42 C'est plus à peine que je revienne alors.
11:43 Si, passe de temps en temps, des fois que je pardonnerai.
11:46 Vous êtes drôlement incuné.
11:52 Il mérite de le sort.
11:54 Et puis les routiers, il faut les tenir comme des enfants, sinon ils t'échappent.
11:58 Et Dupuis, là-bas, est-ce que vous le dédouanez ?
12:01 Moi, sans lui donner les transports, ça commence à faire encore des sanctions.
12:05 Je t'ai déjà dit de ne pas me parler de ce Dupuis.
12:07 Mais ça, Dupuis, c'est mon mari.
12:10 Moi, je suis ton patron et je l'aime plus qu'aux autres de m'avoir laissé tomber.
12:13 Justement parce que c'est ton mari.
12:15 Non mais, vous vous rendez compte de ma situation entre vous deux ?
12:18 T'as qu'à lui dire que je refuse de le faire travailler et que toi, tu y es pour rien.
12:23 Comme c'est facile.
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