Verdict - 1964 - Episode 6 - La Rançon

  • il y a 8 mois
DB - 24-01-2024
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00:00:41 (Cloche)
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00:00:47 (Bruit de la maison)
00:00:49 (Bruit de la maison)
00:00:51 (Bruit de la maison)
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00:01:01 (Bruit de la maison)
00:01:03 (Bruit de la maison)
00:01:13 (Bruit de la maison)
00:01:21 (Bruit de la maison)
00:01:23 (Bruit de la maison)
00:01:33 (Bruit de la maison)
00:01:39 (Bruit de la maison)
00:01:41 Bonjour, François n'est pas là ?
00:01:43 Non.
00:01:45 Il n'est pas revenu de l'école avec Claude ?
00:01:47 Claude !
00:01:49 Bonjour, François.
00:01:51 Tu ne l'as pas vu ?
00:01:53 Non.
00:01:55 (Bruit de la maison)
00:01:57 (Bruit de la maison)
00:02:25 (Bruit de la maison)
00:02:27 Bonjour.
00:02:31 François n'est pas là ?
00:02:33 Non.
00:02:35 Je pensais qu'il était revenu avec Pierre.
00:02:37 Il ne l'a pas vu ?
00:02:39 Pierre, viens voir.
00:02:41 Tu n'as pas vu François ?
00:02:43 Non.
00:02:45 Excusez-moi.
00:02:47 Je vais le chercher.
00:02:49 (Bruit de la maison)
00:02:51 (Bruit de la maison)
00:02:53 François !
00:03:11 François !
00:03:13 (Bruit de la maison)
00:03:41 François !
00:03:43 François !
00:03:47 François !
00:03:53 François !
00:04:01 (Bruit de la maison)
00:04:03 François !
00:04:29 François !
00:04:31 François !
00:04:33 (Bruit de la maison)
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00:04:55 (Bruit de la maison)
00:05:23 (Bruit de la voiture)
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00:05:51 (Bruit de la voiture)
00:06:01 (Bruit de la voiture)
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00:06:21 (Bruit de la voiture)
00:06:23 (Bruit de la voiture)
00:06:49 (Bruit de la voiture)
00:06:51 François Guérin, 7 ans, 1,10 m environ.
00:07:03 Cheveux brun bouclé.
00:07:05 Boutillons, cuir marron.
00:07:07 Pantalon jersey bleu marine et un oracle bleu foncé.
00:07:12 Il a une petite chemise en flannel rouge et un pullover gris.
00:07:16 Communiquez ce signalement à tout le monde et faites commencer les recherches en ville tout de suite.
00:07:20 Nous verrons après.
00:07:21 Bien, Monsieur le Commissaire.
00:07:22 Voyons, Madame. Est-ce la première fois que votre petit garçon ne rentre pas directement chez vous en sortant de l'école ?
00:07:28 Oui, Monsieur. Il n'est jamais rentré plus tard que 5 heures.
00:07:32 Tous les jours, je prépare son côté vers 5h15, 5h10.
00:07:36 Et il arrive presque suite.
00:07:38 Ne s'est-il rien passé chez vous, aujourd'hui ou hier, qui ait pu troubler cet enfant ?
00:07:45 Qu'est-ce que vous voulez dire, Monsieur ?
00:07:47 Eh bien, est-ce que vous ne l'avez pas grondé, par exemple, ou est-ce qu'il n'y a pas eu une dispute entre votre mari et vous ?
00:07:52 Vous savez, il arrive quelques fois, dans ces cas-là, que les enfants aient une curieuse réaction.
00:07:56 Non, Monsieur, il n'y a rien eu.
00:07:58 Et à l'école ?
00:08:00 Il faudrait demander à sa maîtresse, mais à ma connaissance, non, il ne s'est rien passé.
00:08:04 Il n'a pas été puni ?
00:08:05 À un mauvais point, peut-être, ou quelques lignes à copier, mais ça ne peut être bien grave.
00:08:10 Madame, êtes-vous sûre qu'il ne s'est pas attardé chez un de ses petits amis, en l'oubliant de vous faire prévenir ?
00:08:15 Nous sommes allés chez tout seul, et qu'il va jouer quelques fois, on n'a rien pu lui dire.
00:08:19 Où travaille votre mari ?
00:08:22 Au forge.
00:08:24 Ce n'est pas très loin de chez vous.
00:08:26 François est peut-être allé attendre son père, à la sortie de son travail.
00:08:29 Pourquoi, il n'est jamais allé sans moi ?
00:08:32 C'est-on jamais une idée de gosse ?
00:08:35 On parlait de mauvais point, mais il a peut-être eu une bonne note, au contraire.
00:08:39 Il a voulu la montrer tout de suite à son papa, en ne pensant pas que sa maman allait s'inquiéter.
00:08:43 J'ai moi-même trois enfants, et je sais par expérience qu'avec eux, on peut s'attendre à tout.
00:08:48 Maintenant, madame, je vous conseille de rentrer chez vous.
00:08:52 Votre petit garçon y est peut-être.
00:08:55 Et s'il n'y est pas, eh bien, ne vous inquiétez pas trop, nous allons vous le retrouver.
00:09:00 Voulez-vous que je vous fasse accompagner ?
00:09:03 J'ai ma voiture, monsieur le commissaire.
00:09:05 Avez-vous encore besoin de moi ?
00:09:07 J'espère que non. Mais attendez-moi tout de même chez madame Guérin.
00:09:10 Si je n'ai rien de nouveau, je vous y retrouverai dans une demi-heure.
00:09:13 Monsieur le commissaire, vous avez remarqué que le chemin qui conduit de l'école au domicile de madame Guérin passe le long du canal ?
00:09:20 Oui, je sais.
00:09:21 Si à cette heure l'enfant n'est pas retrouvé, nous ferons venir les chiens de la brigade.
00:09:25 Salut tout le monde.
00:09:35 Salut.
00:09:36 Allons-y, vous deux.
00:09:58 Allons-y.
00:09:59 Allons-y.
00:10:00 Allons-y.
00:10:01 Allons-y.
00:10:03 Allons-y.
00:10:05 Allons-y.
00:10:06 Allons-y.
00:10:08 Allons-y.
00:10:09 Allons-y.
00:10:11 Allons-y.
00:10:12 Allons-y.
00:10:14 Allons-y.
00:10:16 Allons-y.
00:10:18 [Musique]
00:10:46 Il est en chambre, Louise.
00:10:48 Non, pourquoi ?
00:10:49 Je ne sais pas, il doit être là-haut, il doit être couru.
00:10:52 Mais attends, tout à l'heure elle est allée fonder voir ma femme.
00:10:54 Je ne sais pas pourquoi.
00:10:55 Je ne sais pas.
00:10:56 Eh bien, Louise, qu'est-ce qu'il y a ?
00:10:58 Qu'est-ce qu'il y a ?
00:11:14 Cherche, cherche, cherche, voilà c'est bien, cherche, cherche, cherche, cherche, voilà c'est bien.
00:11:20 Je viens de trouver votre message en rentrant chez moi, monsieur le directeur.
00:11:40 C'est-on quelque chose ?
00:11:41 Non, mademoiselle Gourmalin, rien encore.
00:11:43 [Bruit de la foule]
00:11:46 [Bruit de la foule]
00:11:49 [Bruit de la foule]
00:11:52 [Bruit de la foule]
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00:11:59 [Bruit de la foule]
00:12:28 - Tu devrais rentrer maintenant. - Non.
00:12:30 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:32 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:34 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:36 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:38 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:40 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:42 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:44 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:46 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:48 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:50 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:52 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:54 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:56 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:12:58 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:00 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:02 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:04 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:06 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:08 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:10 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:12 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:14 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:16 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:18 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:20 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:22 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:24 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:26 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:28 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:30 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:32 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:34 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:36 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:38 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:40 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:42 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:44 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:46 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:48 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:50 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:52 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:54 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:56 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:13:58 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:00 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:02 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:04 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:06 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:08 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:10 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:12 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:14 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:16 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
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00:14:22 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
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00:14:30 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:32 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:34 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:36 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:38 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:40 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:42 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:44 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:46 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:48 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:50 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:52 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:54 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:56 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:14:58 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:15:00 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:15:02 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:15:04 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:15:06 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:15:08 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:15:10 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:15:12 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:15:14 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:15:16 - Tu es sûr que tu es en sécurité ? - Oui.
00:15:18 - Tu ne trouves rien cette nuit ?
00:15:20 Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:23 - Entendu.
00:15:25 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:27 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:29 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:31 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:33 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:35 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:37 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:39 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:41 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:43 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:45 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:47 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:49 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:51 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:53 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:55 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:57 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:15:59 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:16:01 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:16:03 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:16:05 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:16:07 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:16:09 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:16:11 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:16:13 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:16:15 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:16:17 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:16:19 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:16:21 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:16:23 - Je vous enverrai les hommes-grenouilles demain matin à la première heure.
00:16:45 ...
00:17:09 ...
00:17:27 - Vous avez un instant, M. le commissaire.
00:17:29 - Oui, bien sûr.
00:17:31 - Mlle Gourmelin, le petit François dans sa classe,
00:17:33 elle vient de me raconter un incident qui s'est produit cet après-midi.
00:17:35 Ça n'a pas l'air bien grave, mais ça peut peut-être vous aider.
00:17:37 - Mais sûrement.
00:17:39 - À 4h30 à la sortie, j'ai vu François Guérin qui se battait avec un de ses camarades.
00:17:42 Je les ai séparés, je les ai grondés un peu,
00:17:44 et puis je les ai vus qui partaient ensemble dans la même direction,
00:17:47 tout en continuant à se disputer.
00:17:49 - Sur cette route? - Oui.
00:17:51 - Et qui était l'autre enfant? - Pierre du Rouchou.
00:17:53 - Les parents habitent l'immeuble voisin de la famille Guérin.
00:17:57 - Devers moi, il est peut-être pas encore couché.
00:18:00 - Est-ce qu'on peut prendre votre voiture? - Oui, allons-y.
00:18:02 - Les autres jours, vous rentrez de l'école ensemble?
00:18:12 - Oui, monsieur.
00:18:14 - Et pas aujourd'hui? Pourquoi?
00:18:17 Parce que vous vous étiez battus?
00:18:21 Est-ce que vous étiez fâchés?
00:18:24 Dis-moi, Pierre, pourquoi vous étiez-vous battu?
00:18:30 - Il a dit que je suis un tricheur.
00:18:32 - Ah, ça, tu as raison, c'est grave.
00:18:35 Mais dis-moi un peu, la maîtresse vous a vus partir ensemble.
00:18:40 Où vous êtes-vous quitté?
00:18:42 - Ben, sur la route, monsieur.
00:18:44 - Et vous avez recommencé à vous battre?
00:18:46 - Non, mais je me croyais plein de choses.
00:18:49 Alors je l'ai laissé, je crois, après les autres.
00:18:51 - Quels autres?
00:18:53 - Ben, les autres qui habitent à côté de chez nous.
00:18:55 - Merci, mon petit bonhomme.
00:18:57 Je crois que le mieux maintenant, c'est que tu ailles te coucher.
00:19:00 Et demain matin, tu te réconcilieras avec ton petit ami.
00:19:04 Parce que j'espère bien qu'il ne lui ait rien arrivé.
00:19:08 Tu penses comme moi, hein, Pierre?
00:19:11 - Oui, monsieur.
00:19:13 - Bien.
00:19:16 (brouhaha)
00:19:19 (brouhaha)
00:19:23 (brouhaha)
00:19:50 (brouhaha)
00:19:53 - Bonjour, monsieur le directeur.
00:20:17 - Bonjour, mademoiselle.
00:20:18 - Il y a rien de nouveau?
00:20:19 - Non, rien de plus qu'hier soir.
00:20:21 - Vous avez vu, presque tous les enfants sont accompagnés ce matin.
00:20:24 Et on m'a déjà parlé d'un enlèvement ou d'un crime de sédition.
00:20:27 - Je crois plutôt à un accident.
00:20:29 Ah, mademoiselle, le commissaire voudrait que vous interrogiez
00:20:32 tous vos élèves pour savoir s'il y en a qui ont vu le petit Guérin
00:20:34 hier soir entre l'école et son domicile.
00:20:36 - Entendu, monsieur.
00:20:39 (brouhaha)
00:20:42 - Mes enfants, avant que nous ne nous mettions au travail,
00:20:51 j'ai une bien triste nouvelle à vous annoncer,
00:20:53 que vous connaissez sans doute déjà.
00:20:55 Comme vous pouvez le voir, François Guérin n'est pas là ce matin.
00:20:58 Il n'est pas rentré chez lui hier soir,
00:21:00 et nous sommes tous très inquiets à son sujet.
00:21:03 Peut-être vous pouvez nous aider à savoir ce qui lui est arrivé.
00:21:06 Y en a-t-il parmi vous qui doivent longer le canal,
00:21:10 comme François, pour rentrer chez eux le soir?
00:21:13 Alors, Hélène Méry,
00:21:17 Bernard Légeron,
00:21:20 Chantal Maté-Villaine,
00:21:22 Claude Dupré,
00:21:24 Pierre Durouchot,
00:21:27 Nicole Saint-Paul,
00:21:29 Dominique Stréchamberger
00:21:31 et Sylviane Frottelière.
00:21:35 Bien.
00:21:36 Et maintenant, à part toi, Pierre,
00:21:38 est-ce qu'il y en a qui ont vu François sur la route hier soir à la sortie de l'école?
00:21:43 Raconte-moi, Claude, où l'as-tu vu?
00:21:47 - On est partis ensemble, mademoiselle, avec Durouchot.
00:21:50 - Tu étais là lorsqu'ils se sont battus devant les grilles?
00:21:53 - Oui, mademoiselle.
00:21:54 - Et vous êtes partis tous les trois ensemble?
00:21:56 Et après, qu'est-ce qui s'est passé?
00:21:58 - Ils ont continué à se disputer tout le long de la route.
00:22:01 - Ils se sont encore battus?
00:22:03 - Oui, mademoiselle. Guérin a donné un coup de pied à Durouchot,
00:22:06 et Durouchot lui a couru après, par le petit chemin, vers le canal.
00:22:10 - Et toi, qu'est-ce que tu as fait?
00:22:12 - J'ai continué, mademoiselle.
00:22:15 - Tu ne les as pas suivis pour voir ce qu'ils faisaient?
00:22:18 - Maman ne veut pas que j'aille du côté du canal.
00:22:21 - D'accord.
00:22:23 [Les chiens s'éloignent.]
00:22:26 [Les chiens s'éloignent.]
00:22:28 [Les chiens s'éloignent.]
00:22:47 [Les chiens s'éloignent.]
00:22:49 [Les chiens s'éloignent.]
00:22:51 [Les chiens s'éloignent.]
00:22:54 [Les chiens s'éloignent.]
00:22:57 [Les chiens s'éloignent.]
00:23:00 [Les chiens s'éloignent.]
00:23:03 [Les chiens s'éloignent.]
00:23:06 [Les chiens s'éloignent.]
00:23:09 [Les chiens s'éloignent.]
00:23:12 [Les chiens s'éloignent.]
00:23:15 [Les chiens s'éloignent.]
00:23:19 [Les chiens s'éloignent.]
00:23:21 - Pierre...
00:23:23 Lève la tête. Regarde-moi.
00:23:26 Je suis sûr que ce n'est pas ta faute,
00:23:30 s'il est arrivé quelque chose à ton petit camarade.
00:23:32 Personne ne t'attrapera, je te le promets.
00:23:34 Et M. le directeur aussi.
00:23:36 Je comprends très bien qu'hier soir,
00:23:40 tu n'aies pas osé nous dire que vous étiez encore battu sur la route.
00:23:43 Mais maintenant, nous avons besoin de toi.
00:23:47 Et tu vas nous dire la vérité.
00:23:49 D'accord ?
00:23:51 - Oui, monsieur.
00:23:52 - Bon.
00:23:53 Quand il t'a donné un coup de pied sur la route,
00:23:57 tu lui as couru après, et vous êtes arrivé jusqu'ici.
00:24:00 - Oui, monsieur.
00:24:01 - Bon. Et alors, qu'est-ce que vous avez fait ?
00:24:04 - Je lui ai rendu son coup de pied.
00:24:06 - Et ensuite ?
00:24:08 - Il est tombé et il s'est mis à pleurer.
00:24:10 - Et où étiez-vous ?
00:24:12 - Ici.
00:24:14 - Et après, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:24:16 - Je lui avais rendu son coup de pied et je suis partie.
00:24:19 - Et tu l'as laissé ?
00:24:20 - Oui, monsieur.
00:24:21 - Tu lui as rendu son coup de pied et tu es parti ?
00:24:24 - Oui, monsieur.
00:24:25 - Et en repartant sur la route,
00:24:27 tu ne t'es pas retourné pour voir s'il te suivait ?
00:24:29 - Si, monsieur.
00:24:30 - Et alors, tu ne l'as pas vu ?
00:24:32 - Non.
00:24:33 - Et tu n'as vu personne ?
00:24:34 - Non, monsieur.
00:24:35 - Et ici, vous étiez seul ?
00:24:38 - Il y avait une voiture.
00:24:40 - Ah, il y avait une voiture. Et où ça ?
00:24:43 - Là-bas.
00:24:44 - Viens, tu vas nous montrer où elle était, cette voiture.
00:24:47 - Bonsoir. Le patron est là ?
00:25:00 - Oui.
00:25:01 - Je peux lui dire un mot ?
00:25:02 - Pensez toujours à la tête, vous verrez bien.
00:25:04 - Il ne vous dérange pas ?
00:25:13 - Si vous voulez avoir de nouveau de l'huile,
00:25:15 vous tombez mal.
00:25:16 Je ne sais rien d'autre que ce que je vous ai dit.
00:25:19 C'est insuffisant pour votre journal.
00:25:21 Mais ça l'est aussi pour mon enquête.
00:25:23 - C'est moi qui vous apporte du nouveau, pour une fois.
00:25:26 Écoutez ça.
00:25:27 "Monsieur le directeur,
00:25:33 "voici la liste des 10 commerçants de la ville
00:25:36 "à qui je demande 10 000 nouveaux francs chacun
00:25:39 "si vous voulez que le jeune François Guérin
00:25:41 "soit rendu vivant à ses parents.
00:25:43 "Vivant souligné."
00:25:45 Alors, suivez le nom avec les adresses.
00:25:47 Asselin, pharmacien.
00:25:49 Auger, boucher.
00:25:51 Chartier, transporteur.
00:25:53 Fabre, textile.
00:25:55 Amel, nouvelle galerie.
00:25:57 Martineau, marchand de bestiaux.
00:25:59 Père, bois écharpante.
00:26:01 Roque, brasserie.
00:26:03 Roux, agence immobilière.
00:26:05 Sivry, bijoutier.
00:26:09 Je continue.
00:26:11 "Quand la rançon sera réunie dans sa totalité,
00:26:14 "totalité soulignée,
00:26:16 "je vous ferai savoir comment me la faire parvenir.
00:26:20 "Si vous ne me croyez pas,
00:26:22 "soyez ce soir à 7 h au café Tardiveau.
00:26:25 "J'appellerai les parents pour leur prouver
00:26:28 "que leur fils est bien avec moi."
00:26:30 Bon, alors, c'est écrit en lettres capitales.
00:26:34 Évidemment, il n'y a pas de signature.
00:26:36 Voilà. On a reçu ça au journal tout à l'heure.
00:26:39 Au courrier de 3 h.
00:26:42 (Bourdonnement)
00:26:44 (Bourdonnement)
00:26:46 (Bourdonnement)
00:27:14 (Bourdonnement)
00:27:16 On sent qu'il fait froid.
00:27:31 On sent celui-là.
00:27:38 (Bourdonnement)
00:27:40 Qu'est-ce qui se passe?
00:27:48 On attend un coup de téléphone à propos du petit.
00:27:51 Ah bon?
00:27:53 (Bourdonnement)
00:27:55 Allô? Ici le café Tardiveau. J'écoute.
00:28:07 Oui, tout de suite. Je les appelle.
00:28:10 Allô?
00:28:13 Oui!
00:28:15 Oui, François, je t'entends.
00:28:25 François, mon chéri, où es-tu?
00:28:35 Allô, François?
00:28:37 Allô? Allô? Allô?
00:28:40 François!
00:28:42 François!
00:28:44 François!
00:28:46 François!
00:28:48 - Laissez-le passer. - François!
00:28:50 Laissez-le passer.
00:28:52 François!
00:28:54 François!
00:28:56 François!
00:28:58 François!
00:29:00 François!
00:29:02 (Bourdonnement)
00:29:05 (Bourdonnement)
00:29:07 Allô? Ici le café Tardiveau. J'écoute.
00:29:14 Je voudrais parler à M. Guérin ou à sa femme.
00:29:17 Oui, tout de suite. Je les appelle.
00:29:20 Allô?
00:29:22 - Vous êtes M. Guérin? - Oui.
00:29:25 Écoutez bien. Vous allez entendre votre fils.
00:29:28 Papa, tu m'entends?
00:29:33 Oui, François, je t'entends.
00:29:35 François, mon chéri, où es-tu?
00:29:38 - Dis à ton père que tu vas bien. - Papa, je vais très bien.
00:29:44 Allô, François?
00:29:47 Allô? Allô?
00:30:00 - Tu as vu le patron de la galerie? - Oui.
00:30:03 Il est d'accord pour payer?
00:30:05 Celui-là, pour se faire de la publicité, tout lui est bon.
00:30:09 Tiens, je te le fais au jambon.
00:30:13 Oui.
00:30:15 Et toi, si tu avais été sur la liste, qu'est-ce que tu aurais fait?
00:30:19 On ne m'a rien demandé. Je ne me pose pas la question.
00:30:22 Mais suppose que tu sois sur la liste. Tu aurais payé, toi.
00:30:25 J'aurais sûrement donné quelque chose.
00:30:28 Mais un million, vous voulez que je le prenne?
00:30:31 Avec des verres à 40 centimes et des sandwiches à 1 franc?
00:30:34 Si tu calcules tes recettes en double franc et tes dépenses en ancien franc,
00:30:37 tu ne peux pas faire de bénéfice.
00:30:39 - Vous me coupez un morceau? - Oui, s'il vous plaît.
00:30:42 Dites-moi, cette rançon, vous allez la payer?
00:30:49 La rançon? Sûrement pas.
00:30:51 Je paie mon percepteur parce que je dois le payer, mais les banquestaires, personne ne l'oblige.
00:30:55 Je vais le payer.
00:30:57 Voyons, ça vous fait 12,30.
00:31:07 Madame, je peux pas me le dire?
00:31:18 12,50 et 15.
00:31:22 Je sais qu'il veut l'ambulance, il aura sûrement quelque chose pour l'enfant.
00:31:26 Nous sommes dix sur la liste, Madame.
00:31:33 Je ferai comme les autres.
00:31:35 - Monsieur Hamel. - Bonjour.
00:31:39 C'est sérieux, vous acceptez de payer?
00:31:41 Vous vous rendez compte de la situation que vous nous mettez tous?
00:31:43 Qu'est-ce qu'on peut faire d'autre? Tout le monde est au courant.
00:31:45 De quoi aurions-nous l'air vis-à-vis de la clientèle en fusant?
00:31:47 La clientèle, la clientèle.
00:31:49 - Vous avez une minute? - Oui, j'ai envie.
00:31:52 - Qu'est-ce que vous prenez? - J'ai pas le choix, un petit café, tenez.
00:31:59 Deux cafés.
00:32:01 La clientèle, c'est pas une raison pour sentir un milieu comme ça.
00:32:04 Je sais pas votre avis.
00:32:06 On va payer en payant sans discuter que ça va faire mauvais effet sur les gens.
00:32:09 Merci.
00:32:13 S'ils ont payé, c'est qu'ils le pouvaient. Voilà ce qu'ils vont penser.
00:32:17 On a tendance, l'histoire est bien embêtante.
00:32:20 Il parait qu'il y a des journalistes qui sont arrivés de Paris.
00:32:23 La radio et même la télévision.
00:32:26 - Vous les avez vus? - Non, pas encore.
00:32:31 Avant de leur dire quoi que ce soit, je pense qu'on devrait se réunir pour en discuter tous ensemble.
00:32:35 Si vous voulez, je vais m'en occuper.
00:32:38 Un Ricard, trois whisky, un bébé, une Susk a six,
00:32:42 deux Kir, une pression et un ston pressé.
00:32:45 Tout ça, c'est pour le patron.
00:32:48 Tenez, posez ça là.
00:32:58 Je viens revirer.
00:33:00 - Pour qui le whisky? - Pour moi, s'il vous plaît.
00:33:03 Moi. Moi.
00:33:05 En ce qui me concerne, c'est décidé.
00:33:07 Pourquoi j'irais donner un million à un gangster?
00:33:10 Parce qu'il a trouvé mon nom par hasard dans un anneau vert.
00:33:12 - C'est exactement mon avis. - Moi aussi.
00:33:14 - Les Kir. - Merci.
00:33:16 Il n'y a que M. Hamel qui soit d'accord pour donner un million aux kidnappeurs.
00:33:20 Il l'imputera sur son budget de publicité.
00:33:22 Ce n'est pas si bête, ça permet d'être généreux à bon compte.
00:33:25 Personne ne vous empêche d'en faire autant.
00:33:27 En tout cas, c'est le conseil que je vous donne.
00:33:29 Si je paye la rançon, ce n'est pas comme vous le croyez pour me faire de la publicité.
00:33:33 Comme vous, je me serais très bien passé de cette histoire.
00:33:35 Mais pour ma part, ça sera la première fois que je donnerai de l'argent pour quelque chose qui en vague la peine.
00:33:40 C'est la vie d'un enfant.
00:33:42 Je ne sais pas si vous avez remarqué que nous, commerçants, nous sommes tapés, pressurés toute l'année.
00:33:47 Pour ma part, je passe mon temps à donner de l'argent aux Boy Scouts, aux Bonnes Sœurs,
00:33:51 pour les œuvres sociales, la Croix-Rouge, le comité des fêtes,
00:33:55 l'arbre de Noël de la police ou de la préfecture, le bal des pompiers.
00:33:59 Ah! Et aussi, j'oubliais, oui, pour l'équipe de football,
00:34:01 ce qui, entre parenthèses, permet d'entretenir deux douzaines de fainéants.
00:34:04 Tout le monde me tape et je donne à tout le monde parce que j'ai pignon sur rue et que je ne peux pas faire autrement.
00:34:08 Et cette fois, on me demande deux millions pour venir en aide à des gens modestes,
00:34:11 qui en ont réellement besoin, dont le drame émeut toute la ville et même toute la France.
00:34:15 J'irais refuser, alors que ce sont ces gens et leurs semblables qui font nos recettes.
00:34:19 Ben, essayez de refuser de payer la pension et vous verrez.
00:34:21 C'est pour le coup qu'on vous reprochera votre Mercedes, M. Roch,
00:34:24 ou le mariage de votre fille, M. Chartier, qui a coûté deux millions, si j'en crois ce qui se dit en ville.
00:34:29 J'ai tout de même le droit de marier ma fille comme il me plaît.
00:34:31 Mais bien sûr, ça, je vous rapporte ce qu'on raconte, c'est tout.
00:34:33 Non, non.
00:34:34 Oui, s'il vous plaît. Pardon.
00:34:35 Merci.
00:34:36 Vous avez malheureusement raison. L'embêtant dans cette histoire, c'est ce que vont penser les gens.
00:34:40 Rien de bien, soyez en sûr, quoi qu'on fasse.
00:34:42 Si nous payons, c'est que nous en avons les moyens. Si nous ne payons pas, nous serons des salauds.
00:34:46 Alors vous, M. Hamel, vous croyez que nous devons payer.
00:34:49 Je ne vois pas comment nous pourrions faire autrement.
00:34:51 Et ça ne vous ennuie pas de sortir un million?
00:34:53 Mais si, ça m'ennuie, bien sûr, comme tout le monde.
00:34:55 Mais je raisonne en homme d'affaires.
00:34:57 Je considère que cet argent est un investissement imprévu que je dois faire pour maintenir le précis jumeau commerce.
00:35:02 Je vais vous dire mieux. Si je ne l'avais pas, je l'emprunterais.
00:35:05 Je trouve que vous en parlez avec beaucoup de désinvolture de ce million.
00:35:08 Pour moi, un million, c'est trois mois de bénéfice.
00:35:10 Là, M. Sivry, je crois que vous exagérez un peu.
00:35:12 Si vous ne me croyez pas, vous n'avez qu'à venir voir mes livres de comptes.
00:35:15 Vous ne me diriez certainement pas ça si notre ami était inspecteur du fisc.
00:35:18 Vous vous croyez malin.
00:35:19 En tout cas, moi, je ne donnerai pas un million parce que je ne peux pas.
00:35:22 Et je ne veux pas qu'on s'imagine que je ne sais pas quoi faire de mon argent, alors que ce n'est pas vrai.
00:35:26 Mais personne n'oserait croire que vous ne sachiez pas quoi faire de votre argent, M. Sivry.
00:35:29 Ne jouez pas sur les mots, vous m'êtes très bien compris.
00:35:32 Pour moi, un million, c'est une somme importante.
00:35:35 Et pour la cogner, je travaille. Et durement.
00:35:37 Et ma femme aussi.
00:35:39 J'ouvre le matin à 8 heures, je ferme à 8 heures le soir.
00:35:42 Qu'est-ce qui fait des journées de 12 heures, 6 jours par semaine, hein ?
00:35:45 Bon, je veux bien donner quelque chose, mais un million, sûrement pas.
00:35:50 M. Sivry, bravo. Vous avez dit exactement ce que je pense.
00:35:53 Ma femme et moi, on veut bien donner quelque chose.
00:35:56 Je ne sais pas, moi, 100 000 francs.
00:35:59 Non, encore, parce qu'il s'agit d'un enfant. Mais un million, non.
00:36:02 Vous n'êtes pas d'accord avec moi ?
00:36:04 Bien sûr.
00:36:05 C'est évident.
00:36:06 C'est bien mon avis.
00:36:07 Mais enfin, voyons, M. Rox, voyons sérieux.
00:36:09 C'est l'un ou l'autre. Où on paie la rançon, on ne la paie pas.
00:36:12 Donc, tu ne m'as même pas dessiné une délégation pour aller discuter avec l'arrivée,
00:36:16 lui demander de nous faire un prix ou d'accepter des traites à 90 jours fin de mois.
00:36:19 M. Hamel, voulez-vous me dire pourquoi nous ne sommes que 10 autour de cette table ?
00:36:23 Pourquoi nous et pas les autres ?
00:36:25 Il y a 25 000 habitants dans cette ville.
00:36:27 Ce n'est pas les seuls commerçants ni les plus riches.
00:36:29 À vrai dire, le ravisseur n'a quand même pas trop mal fait son choix.
00:36:32 J'ai eu la curiosité de regarder dans la nuère.
00:36:34 Il a choisi ceux d'entre nous qui se sont offerts les placards publicitaires les plus importants.
00:36:38 Ce qui prouve que la publicité n'est pas toujours une bonne chose.
00:36:41 M. Hamel, vous n'avez pas répondu à ma question. Pourquoi nous et pas les autres ?
00:36:44 Que voulez-vous que je vous réponde ?
00:36:46 C'est comme si vous me demandiez pourquoi il fait beau quand je fais rentrer les imperméables
00:36:49 et pourquoi il pleut quand j'ai un stock de chemises d'été à écouler.
00:36:52 Vous voulez faire payer les autres.
00:36:53 Bon, alors, organiser une quête sur la voie publique au profit du ravisseur
00:36:56 ou demander au conseil municipal de voter une nouvelle taxe ?
00:36:59 On ne peut pas discuter avec M. Hamel. Vous en tirez toujours pour des plaisanteries.
00:37:02 Comment comptez-vous vous y prendre pour faire payer les autres ? Je ne sais pas. Il faut en parler.
00:37:06 On peut organiser une souscription.
00:37:08 Excellente idée, M. Roque. Constituons un comité, prenez la présidence.
00:37:12 Moi, non, je n'ai pas la moindre envie de me mettre en avant dans cette affaire.
00:37:14 C'est exactement ce que je voulais vous faire dire.
00:37:16 Faire une souscription, cela signifie qu'il faudra deux mois pour élire le comité qui s'en chargera.
00:37:20 Comme lorsqu'il s'agit d'ériger le monument aux déportés.
00:37:23 Vous me demandez pourquoi nous et pas les autres. Je vais vous répondre.
00:37:27 Imaginez que nous soyons encore pendant la guerre et qu'on nous ait pris comme otages pour nous fusiller.
00:37:31 Est-ce que vous diriez pourquoi nous et pas les autres ?
00:37:33 Est-ce qu'il n'est pas possible de nous fusiller un petit peu seulement et de fusiller également un petit peu les autres ?
00:37:37 M. Hamel, je voudrais vous poser encore une question puisque vous avez réponse à tout.
00:37:41 Je vous en prie, M. Sievry.
00:37:43 En supposant que le kidnappeur, au lieu de prendre dix personnes pour les payer sa rançon, n'en ait choisi qu'une.
00:37:48 Vous, par exemple. Vous auriez accepté de payer dix millions d'anciens francs ?
00:37:52 Voilà la bonne question.
00:37:54 Ma réponse est non. Parce que dix millions, c'est évidemment une somme trop importante pour moi.
00:37:59 Eh bien, mon cher ami, un million, c'est aussi une somme trop importante pour moi. Voilà.
00:38:03 Alors faites payer la rançon par qui vous voudrez. La ville, le gouvernement, la police ou l'ONU. Moi, je m'en fous.
00:38:09 Je paye déjà la vignette pour les vieillards. Je ne vais pas en plus payer aux gangsters une taxe sur les gosses.
00:38:14 Alors, qu'est-ce qu'on fait ? Il faut tout de même que nous prenions une décision.
00:38:40 Ben oui, c'est juste. On va passer toute la journée ici. Autant plus que... Comment savoir, fin.
00:38:46 Bon. Je crois que je ferais aussi bien de demander à tout le monde.
00:38:48 Messieurs, quels sont ceux d'entre vous qui sont d'accord pour une petite assiette anglaise ? Charcuterie, viande froide. Levez la main.
00:38:53 Six, sept, moins huit. Monsieur Roux, vous ne voulez rien ?
00:38:57 Si, après tout, comme tout le monde.
00:38:59 Neuf. Monsieur Farb ? Non, merci.
00:39:01 Je vais vous écouter, messieurs, avec beaucoup d'intérêt.
00:39:04 On s'instruit à tout âge. Et vos propos n'ont fait que renforcer ma conviction.
00:39:08 Je ne paye pas. Pas un centime.
00:39:11 Ça, au moins, c'est clair.
00:39:13 Et vous, monsieur Roux, on ne vous a pas entendu non plus. Vous êtes d'accord pour payer la rançon ?
00:39:17 S'il le faut, oui. Pour des raisons un peu différentes de celles de monsieur Hamel.
00:39:22 Lesquelles ?
00:39:24 J'ai moi aussi un petit garçon de sept ans. Le même âge que François Guérin.
00:39:29 Et nous avons pensé, ma femme et moi, que dans la même situation que les parents de cet enfant, nous serions bien heureux que d'autres nous viennent en aide.
00:39:37 Je suis d'accord pour participer à la rançon.
00:39:40 Non pas pour des raisons commerciales, qui sont d'ailleurs très valables, monsieur Hamel, je ne vous crédite pas.
00:39:45 Mais parce que je suis père de famille.
00:39:48 Si on avait enlevé mon fils, je donnerais dix millions, tout de suite, sans hésiter, même plus jusqu'à mon dernier sou.
00:39:57 Alors je peux bien donner un million, puisqu'elle sort ma désignée.
00:40:02 Or, mère scientielle doit m'avoir épargné ce malheur.
00:40:05 C'est très généreux de votre part de raisonner ainsi, monsieur Roux.
00:40:20 Mais avez-vous pensé que si vous ouvrez ainsi votre bourse chaque fois qu'il arrive malheur à quelqu'un,
00:40:24 il vous faudra bientôt à votre tour faire appel à la solidarité des autres.
00:40:29 Et là, j'ai peur que vous ne soyez déçu.
00:40:32 À en juger par tout ce qui s'est dit autour de cette table, je crains fort que vous n'ayez raison.
00:40:36 Voyons, monsieur Roux, Asselin a raison.
00:40:39 Si nous payons, nous encourageons les criminels et demain, il y aura eu une épidémie d'enlèvement.
00:40:44 Est-ce que vous paierez chaque fois?
00:40:46 Non, évidemment.
00:40:48 Mais je pourrais me permettre de refuser la conscience en paix, puisque du moins, je l'aurais fait une fois.
00:40:52 J'admire votre conscience, monsieur Roux.
00:40:54 C'est bien dommage que le ravisseur n'ait pas la même.
00:40:56 S'il n'y avait pas de criminels, il n'y aurait pas d'honnêtes gens.
00:40:59 Dans cette ville, nous sommes vous tous et moi aussi des bourgeois, des notables,
00:41:03 avec de la fortune ou une honnête aisance.
00:41:05 Des maisons qui sont à nouer du crédit sur la place. Nous devons donner l'exemple.
00:41:08 Je n'ai pas envie de jouer les bourgeois de Calais et de me retrouver en chemise et la corde au cou.
00:41:12 Vous ne me retrouverez pas en chemise pour un million.
00:41:14 Monsieur Roux, si nous versons cette rançon, qu'est-ce qui nous prouve que ça servira à quelque chose?
00:41:18 Vous vous rappelez l'affaire Lindbergh?
00:41:20 On a enlevé son fils. Il a payé et l'enfant a été tué quand même.
00:41:23 Et le ravisseur n'a été arrêté que quelques années plus tard, après avoir bien profité de cet argent.
00:41:27 Voilà ce qu'il fallait dire, dès le début de cette réunion.
00:41:31 Pour ma part, je ne me pose pas de questions.
00:41:34 Je ne paye pas, pas un sou, parce que je n'en ai pas le droit.
00:41:39 C'est une affaire de principe.
00:41:41 Où allons-nous si monsieur Auger accepte de me donner 10 francs
00:41:45 pour que je ne lui vole pas un gigot de 50 francs
00:41:47 que je lui volerai peut-être quand même?
00:41:50 Nous appartenons à une société civilisée où la vie n'est possible
00:41:53 que parce que nous respectons les lois que nous nous sommes données.
00:41:57 Nous avons créé la police pour empêcher de nuire
00:42:00 ceux qui peuvent constituer une menace pour la communauté.
00:42:03 Et la justice est là pour l'échappier.
00:42:07 Il faut respecter l'ordre des choses.
00:42:11 On ne négocie pas avec le crime. On le combat.
00:42:14 Les criminels prennent des risques et nous, les bourgeois,
00:42:17 nous devons en prendre également.
00:42:19 Et s'il s'agit de votre enfant, monsieur Fabre, ou d'un de vos petits-enfants?
00:42:23 Si on enlève l'un de mes petits-enfants, monsieur Rouault,
00:42:26 je convoque la presse, la radio et la télévision.
00:42:30 Et je fais savoir au ravisseur qu'il ne recevra pas un centime de moi,
00:42:33 ni de personne, mais que par contre, je donne ma fortune
00:42:37 pour qu'on le retrouve et qu'on lui inflige le châtiment qu'il mérite.
00:42:41 Je ne cède pas au chantage.
00:42:45 Monsieur Martineau a eu raison d'évoquer l'affaire Lindbergh.
00:42:49 C'est un précédent qui doit servir d'exemple dans toutes les affaires de ce genre.
00:42:54 Le héros de l'Atlantique n'a pas osé opposer sa volonté à celle du ravisseur.
00:42:58 Il a négocié.
00:43:00 Et le tueur n'a pas respecté les termes du marché qu'il avait lui-même fixé.
00:43:04 Comment peut-on croire à la parole, à l'honneur, à la bonne foi
00:43:08 d'un individu capable d'un chantage aussi odieux?
00:43:12 Il ne faut pas accepter de payer pour rendre le crime inutile.
00:43:17 Et s'il tue quand même votre enfant, vous n'avez pas de remords?
00:43:20 Non, aucun.
00:43:22 Car j'aurais utilisé la seule arme efficace pour essayer de l'en empêcher.
00:43:26 On répond à la menace par la menace, monsieur Rouault.
00:43:29 C'est le seul moyen de faire reculer l'écrapule.
00:43:32 Les honnêtes gens que nous sommes doivent avoir ce courage.
00:43:35 Pour ma part, je suis heureux de ne pas avoir ce courage.
00:43:39 Disons que je paierai pour continuer à dormir la conscience en paix.
00:43:44 Le dernier mot de cette histoire, c'est à vous, comme toujours dans cette série de verdicts, qu'il appartiendra.
00:43:55 C'est l'heure maintenant pour vous de prononcer votre verdict
00:43:58 en répondant à la question que se posent les principaux personnages,
00:44:02 les derniers que nous pouvons voir en tout cas de cette histoire.
00:44:05 La question, je la formule ainsi,
00:44:07 dans le cas précis qu'on vous a conté, faut-il que ces commerçants paient la rançon?
00:44:13 Vous comprendrez aisément que les hommes qui sont confrontés à cette question
00:44:18 soient confrontés en réalité à un cas de conscience, un drame de conscience
00:44:23 dont il est difficile, qu'il est difficile de trancher.
00:44:27 Ce cas de conscience, on pourrait le résumer ainsi,
00:44:30 ne pas payer la rançon, c'est faire preuve apparemment en tout cas
00:44:34 d'une sorte d'égoïsme et de désintéressement du drame qui se passe dans la petite ville.
00:44:39 Payer la rançon, c'est d'une manière ou d'une autre
00:44:43 justifier en quelque sorte malheureusement les criminels qui se sont livrés à ce rapte d'enfants.
00:44:49 Eh bien, il se trouve que ce drame de conscience,
00:44:51 les personnages ne sont pas les seuls à se le poser et à être confrontés avec lui.
00:44:58 Il se trouve que dans le cas précis de ce verdict que nous vous présentons ce soir,
00:45:02 ce drame de conscience, d'autres personnes l'ont connu,
00:45:05 à commencer par les auteurs de cette émission, le producteur, Armand Germault, moi-même,
00:45:09 et les membres du comité des programmes de la télévision française
00:45:15 qui ont ouvert avant vous en quelque sorte un débat autour de ce sujet.
00:45:20 Ce qui fait que pour une fois ce soir, je n'ai pas vous demandé
00:45:23 de nous donner votre opinion par téléphone.
00:45:25 Nous pensons que le téléphone d'abord est un instrument trop restreint en 20 minutes.
00:45:29 Il ne nous permet pas peut-être d'accueillir autant de réponses que nous en aurions par du courrier.
00:45:33 Et d'autre part, nous pensons que le courrier vous permettra,
00:45:36 ce que ne permettent pas les rapides communications téléphoniques,
00:45:39 de nous donner non seulement une réponse par oui ou par non,
00:45:42 mais de nous donner les motivations qui vous poussent à formuler cette réponse
00:45:46 et même de nous faire part des réflexions qu'au-delà de ce cas précis
00:45:51 peut vous suggérer la situation dans laquelle cette émission met le spectateur,
00:45:56 puisqu'il engage le spectateur.
00:45:58 Je crois que c'est peut-être la seule émission, même de la télévision française,
00:46:01 qui engage directement l'opinion des téléspectateurs.
00:46:04 Alors, je voudrais d'abord demander aux deux représentants du comité des programmes
00:46:09 qui sont ici ce soir, monsieur Léo Armand,
00:46:11 qui est professeur de sciences politiques à l'université d'Orléans,
00:46:14 et monsieur l'abbé Pillon, qui est plus particulièrement intéressé, je crois,
00:46:19 par les problèmes éducatifs en général.
00:46:21 Je voudrais bien évidemment leur demander, comme je le fais d'habitude,
00:46:24 faut-il payer la rançon, oui ou non.
00:46:26 Mais je crains que, en ce qui concerne monsieur Armand, en tout cas,
00:46:30 il ne me réponde pas aussi directement que je le souhaiterais.
00:46:32 - Bien, en effet, je ne vous répondrai pas aussi directement.
00:46:35 Je voudrais d'abord, si vous le permettez, faire une réflexion générale.
00:46:38 J'apprécie beaucoup l'émission Verdict, non seulement parce que ses auteurs sont là,
00:46:43 mais parce qu'elle donne au public des téléspectateurs une attitude active
00:46:49 et que c'est extrêmement important.
00:46:51 La télévision n'est pas faite pour que des hommes et des femmes
00:46:56 deviennent simplement les spectateurs des problèmes
00:46:59 et tout ce qui les encourage à prendre parti, à engager leurs pensées,
00:47:03 est bon, sain, bravo pour Verdict.
00:47:06 Mais ici, il y a un problème.
00:47:08 Je ne voudrais pas qu'on assiste à un déchaînement de bonnes actions à tarifs réduits.
00:47:13 Et je ne voudrais pas que tout le monde téléphone en disant
00:47:17 « Mais bien sûr, il faut payer la rançon. »
00:47:19 C'est affreux d'avoir hésité.
00:47:20 On se libère la conscience et on a, pour le prix d'une communication téléphonique,
00:47:26 l'impression d'avoir été un honnête homme.
00:47:28 Et alors, je voudrais, on répondra comme on voudra, répondre sur le fond,
00:47:33 mais je voudrais que ceux qui vont répondre qu'il ne faut pas hésiter,
00:47:38 qu'il faut mettre la main à la poche, et mon Dieu, je sens naturellement comme eux,
00:47:42 se posent à eux-mêmes une question supplémentaire.
00:47:45 La vie, elle frappe souvent à nos portes pour nous demander de bonnes actions.
00:47:50 Heureusement, les rapes d'enfants sont relativement rares,
00:47:54 mais des centaines et des centaines de milliers de Français et de Françaises
00:48:01 ont pu voir, il y a maintenant moins de 25 ans, des parents juifs
00:48:09 venir essayer de leur confier leur enfant.
00:48:12 Il y a eu des enfants à sauver, et ceux qui vont répondre « Il faut mettre de l'argent »,
00:48:16 qu'ils se demandent « L'aurait-il fait alors ? »
00:48:19 Et puis, est-il besoin de remonter si loin ?
00:48:22 Il y a aujourd'hui un pays où sévit la guerre.
00:48:24 Il y a aujourd'hui un pays dans lequel des mères, des enfants,
00:48:28 au Vietnam, portent des enfants angoissés,
00:48:32 et cherchent à les harasser à la détresse.
00:48:34 Qu'avons-nous fait les uns et les autres pour les aider ?
00:48:39 Je voudrais qu'avant de nous donner l'élégance d'une réponse noble au téléphone,
00:48:45 chacun de nous s'interroge sur ce qu'il a fait,
00:48:48 qu'il aurait fait s'il avait été en âge de le faire il y a 25 ans,
00:48:52 et ce qu'il fait aujourd'hui.
00:48:53 Après quoi, si vous voulez, abordons le problème que vous avez posé.
00:48:56 Eh bien, si vous voulez, j'ai quand même demandé d'abord à M. l'abbé Pillon
00:48:59 de nous dire ce qu'il pense de ce problème en général,
00:49:02 et s'il partage l'opinion de M. Hamon.
00:49:04 En ce qui concerne l'émission Verdict, d'abord, certainement.
00:49:07 Je crois que c'est extrêmement important qu'il y ait, pour le public,
00:49:12 une émission qui fasse se poser des cas de conscience.
00:49:16 Excusez l'allusion personnelle,
00:49:19 les cas de conscience, c'était en général autrefois un exercice de théologie morale.
00:49:24 On faisait ça en classe, avec des personnages imaginaires,
00:49:29 et cela nous montrait tout de même qu'on ne répond pas à un cas par oui ou par non.
00:49:34 Il y a une quantité d'éléments qui interfèrent, qui interviennent.
00:49:38 Enfin, c'était un exercice un petit peu particulier.
00:49:40 Je ne sais pas si les apprentis juristes en faisaient autant que les apprentis curés,
00:49:44 mais c'est tout de même un exercice restreint.
00:49:47 Maintenant, grâce à la télévision,
00:49:50 on amène l'ensemble des citoyens à se poser les problèmes
00:49:55 et à se rendre compte que ceux qui sont chargés de résoudre des problèmes moraux
00:49:59 n'ont pas la tâche facile.
00:50:01 On les amène par conséquent à se former eux-mêmes
00:50:04 à un jugement plus complet, un jugement plus adulte.
00:50:07 Et alors, je voudrais dire, puisqu'on a bien voulu m'interroger,
00:50:11 que je ne voudrais pas non plus que mon point de vue personnel,
00:50:14 si je suis amené tout à l'heure dans le débat à le donner,
00:50:17 soit considéré comme un point de vue général, un point de vue objectif,
00:50:21 un point de vue définitif comme celui qu'on trouverait dans un dictionnaire de cas de conscience.
00:50:26 On a souvent envie de s'adresser à un prêtre ou à un spécialiste des questions morales
00:50:32 pour lui demander une solution.
00:50:35 Ma tâche ne peut pas, en aucun cas, dans celui-ci comme dans tout autre cas,
00:50:40 être de vous dire "la solution c'est celle-ci".
00:50:43 Il n'y a pas de dictionnaire de cas de conscience.
00:50:46 Le rôle du moraliste, le rôle du prêtre, le rôle du conseiller spirituel,
00:50:50 c'est d'aider une conscience à se formuler clairement des motivations adultes
00:50:57 et des motivations nobles.
00:51:00 Dans le cas que nous verrons tout à l'heure, je pense que,
00:51:03 dans l'hypothèse de la pensée de ceux qui disent "on ne doit pas payer"
00:51:07 ou dans l'hypothèse de la pensée de ceux qui disent "il faut payer",
00:51:11 il peut y avoir des gens qui disent l'une ou l'autre chose
00:51:15 pour des raisons nobles ou pour des raisons médiocres ou peut-être même sordides.
00:51:21 Une fois qu'ils ont clarifié leur pensée, alors que leur conscience adulte répondent.
00:51:26 Et je ne dis pas ça pour me défiler,
00:51:28 mais simplement parce que je n'ai pas à me substituer à la conscience des autres.
00:51:31 Une conscience c'est sacré.
00:51:33 - Est-ce que je puis vous demander à titre personnel, mon père,
00:51:35 quelle réponse vous feriez à la question que j'ai posée ?
00:51:38 - Si vous entrez tout de suite dans le débat, en effet.
00:51:40 Personnellement, mon avis serait qu'il faut payer.
00:51:46 Parce que je sais bien, on peut dire "mais attention, c'est pactisé avec le mal,
00:51:51 peut-être que justement cela va introduire le débat".
00:51:53 Moi je pense qu'il existe ce que l'on appelle des actes à plusieurs fins,
00:51:57 et qu'il s'agit de savoir quelle est la fin qui est dominante dans ce pluriel.
00:52:03 Et je crois que là, c'est l'immédiate.
00:52:05 L'immédiate, c'est sauver un gosse.
00:52:09 Il restera le problème de savoir si c'est la meilleure manière,
00:52:12 la plus sûre manière de sauver le gosse.
00:52:14 Moi je le pense.
00:52:15 Mais là peut s'instaurer aussi un débat qui est peut-être un pari.
00:52:19 Est-ce que c'est la meilleure manière de sauver le gosse ?
00:52:22 Mais si on regarde la finalité de l'acte que font ceux qui croient devoir payer la rançon,
00:52:28 je pense que celle-là est valable et passe avant toutes les autres,
00:52:31 qu'on prenne le meilleur moyen pour sauver le gosse, et c'est urgent.
00:52:35 - OK, Avin, M. Léouanmont.
00:52:37 - Je voudrais d'abord approuver tout à fait ce qu'a dit Jérémie Pillon sur la question des motivations.
00:52:42 Le plus grave, ce serait que pour faire une économie,
00:52:47 on dise qu'il ne faut pas payer de rançon.
00:52:50 Ou que pour se faire de la publicité, on dise qu'on va être en tête de la souscription.
00:52:55 La première chose est de se poser les problèmes par eux-mêmes
00:53:00 et de ne pas dissimuler le désir d'une économie ou l'ambition d'une publicité
00:53:05 sous le masque d'une rigueur morale prétendue ou d'une générosité également prétendue.
00:53:10 Donc d'abord, soyons sincères avec nous-mêmes.
00:53:13 Je voudrais répéter ici ce que j'ai dit tout à l'heure.
00:53:15 Soyons sincères avec nous-mêmes en ne nous donnant pas le luxe de bonnes actions accomplies à tarifs réduits
00:53:20 et soyons sincères avec nous-mêmes en nous demandant pourquoi nous répondons de telle ou telle manière.
00:53:26 - Oui, mais ces raisons, c'est-à-dire d'être écartées, sur le fond, pensez-vous qu'on puisse répondre ?
00:53:31 - Alors, je ne voudrais pas arriver si vite au but.
00:53:33 Je veux dire que, si vous me permettez, il y a peut-être un personnage qui est absent
00:53:38 de la séquence à laquelle nous avons assisté.
00:53:43 Et le personnage, c'est l'autorité publique dont j'aurais bien voulu qu'elle prenne sa position.
00:53:50 - Vous parlez du commissaire de police, par exemple ?
00:53:52 - Je parle du commissaire de police, je parle du maire, je parle du procureur,
00:53:55 je parle, pourquoi pas, de l'évêque de la ville.
00:53:58 Je parle d'un certain nombre de personnages que la confiance de leurs citoyens appelle
00:54:02 non pas à dire s'il faut payer les rançons ou non, mais à exercer, à un moment donné,
00:54:06 une responsabilité, il me semble, que, par exemple, le maire de la cité pourrait être consulté
00:54:11 et dire aux commerçants, écoutez, faites un effort, ou bien, au contraire, ne le faites pas,
00:54:15 et qu'il pourrait prendre sa décision rapidement, après avoir parlé avec les uns et les autres,
00:54:21 dans une société organisée.
00:54:24 Les procédures permettaient aux juristes de parler.
00:54:27 Les procédures tentent d'abord à éviter naturellement la perpétration de crimes comme ceux auxquels
00:54:32 nous assistons, dans toute la mesure du possible, et lorsque ces mécanismes ont craqué, ont été tenus
00:54:37 en échec, eh bien, il y a un certain nombre d'autorités de la cité, nous en avons cité quelques personnes,
00:54:43 autorités de fonction, autorités morales, qui sont qualifiées pour dire aux citoyens,
00:54:47 faites un effort, c'est moi qui vous le dis, ou bien...
00:54:51 Voilà, quelques observations préliminaires, si je puis dire.
00:54:55 - M. Armand Germault, qui représente ici les auteurs, voudrait dire un mot, je crois.
00:54:58 - Oui, je voudrais dire un mot. Je voudrais dire que si je suis descendu exceptionnellement aujourd'hui
00:55:02 dans cette arène, où je m'abstiens d'habitude de paraître, c'est parce que je voulais dire
00:55:08 ce que ces deux messieurs ont dit parfaitement, à savoir dans quel esprit, vous, Pierre Cardinal,
00:55:12 et moi, nous faisons cette émission, c'est-à-dire faire jouer aux téléspectateurs, pour une fois,
00:55:17 un rôle actif, à savoir, l'obliger à méditer, à réfléchir sur un certain nombre de problèmes.
00:55:23 Ces messieurs l'ont dit, donc c'est pas la peine que je le répète.
00:55:26 Cela dit, tout à l'heure, M. Léon Hamon disait qu'il avait la crainte que le téléspectateur
00:55:31 fasse une bonne action, gratuitement, pour un coup de téléphone, de moins de 15 francs, bon marché.
00:55:37 Encore faut-il savoir, et c'est l'objet du débat, si cette bonne action, comme vous le dites,
00:55:42 est véritablement une bonne action, c'est-à-dire que l'objet de notre discussion,
00:55:46 c'est précisément de savoir s'il convient de payer ou pas, et si c'est une bonne action de payer,
00:55:51 car on peut admettre qu'un certain nombre de gens paieront, simplement parce qu'ils ne veulent pas
00:55:56 que leurs voisins pensent qu'ils ne paient pas, parce qu'ils sont près de leurs sous,
00:56:00 et parce qu'ils sont égoïstes, et parce qu'ils ne s'intéressent pas aux sorts de ce petit garçon.
00:56:04 D'autre part, vous venez de dire, il manque un personnage dans cette discussion,
00:56:08 et ce personnage, c'est le maire ou le commissaire de police.
00:56:12 Je voudrais vous faire observer que ce personnage ne serait jamais qu'un participant de plus à la discussion,
00:56:18 car je ne crois pas qu'il y a prévu au budget d'un conseil municipal ou au budget d'un commissaire de police
00:56:25 le chapitre Rensaud à Ravisseur, et que par son conséquent, il se trouverait exactement placé
00:56:31 dans la même position que les dix commerçants qu'ils sont là, et qui ne peut leur donner qu'un avis personnel,
00:56:36 à savoir, à votre place, je paierai, ou à votre place, je ne paierai pas,
00:56:41 ce qui est exactement l'objet de notre discussion.
00:56:44 Et, en ce qui me concerne, d'ailleurs, je tiens à dire que, en ce qui me concerne,
00:56:48 et dans le cas particulier que nous avons raconté, peut-être pas dans un autre cas,
00:56:53 mais dans celui-là, moi, personnellement, ma position, c'est que je ne paye pas la rançon.
00:56:58 Non pas parce que je suis près de mes sous, je ne la paye pas parce que je crois que, dans ce cas-là,
00:57:03 je ne négocie pas avec le crime, et que je ne donne pas au Ravisseur la seule arme qui reste en ma possession,
00:57:10 à savoir l'argent qu'il me réclame.
00:57:13 - Bien, nous savons que M. Labépillan répond plutôt oui à la question à laquelle Armand Germont répond non,
00:57:19 mais je n'ai pas encore la réponse de M. Léaumont.
00:57:21 - Ecoutez, moi, je vous réponds très simplement.
00:57:24 Si j'ai le sentiment de pouvoir sauver un enfant en donnant de l'argent pour lui,
00:57:31 et que j'ai cet argent, je le donne.
00:57:33 Je reprends l'exemple que j'évoquais tout à l'heure.
00:57:36 Je me trouve, 20 ans plus tôt, devant un nazi qui tient une malheureuse femme et des enfants,
00:57:43 et qui dit "je les donne pourtant d'argent".
00:57:45 Si, ayant cet argent, je ne le donne pas à ce bandit de nazis, c'est moi qui suis un gredin.
00:57:50 Par conséquent, il n'y a pas de problème.
00:57:51 - Il y a eu un exemple des groupes, il y a eu un exemple à propos de celui que cite M. Léaumont,
00:57:56 c'est qu'à la fin de la guerre, il y a eu une négociation en Roumanie
00:57:59 entre des représentants des mouvements sionistes juifs et entre des représentants des nazis,
00:58:05 où on échangeait un certain nombre de cadavres en puissance,
00:58:09 25 000 ou 50 000 déportés, je ne me rappelle plus très bien,
00:58:12 contre un certain nombre de camions.
00:58:14 Je crois d'ailleurs que le marché ne s'est pas fait, mais je pose la question à M. Léaumont,
00:58:19 est-ce que pour sauver un certain nombre de vies humaines,
00:58:21 qui probablement de toutes les façons auraient été condamnées,
00:58:24 est-ce qu'il faut donner au crime, puisqu'en le tuant, ce que les nazis représentaient le crime,
00:58:29 une arme de guerre qui va peut-être leur permettre de faire un plus grand nombre de victimes ?
00:58:33 Alors justement, là vous voyez combien la question est complexe,
00:58:36 et comme elle se présente différemment dans chaque cas.
00:58:38 J'ai pris l'exemple du soudard nazi qui tient deux victimes,
00:58:42 et qui cherche simplement à faire une bonne affaire,
00:58:44 eh bien oui, moi je méprise l'homme, je regrette de ne pouvoir le tuer,
00:58:48 je lui donne cet argent pour sauver ces deux êtres humains.
00:58:51 Que si on me dit, s'agissant d'une bande de bandits,
00:58:54 considérons en gros ainsi l'état nazi,
00:58:57 eh bien je vais sauver, je vais vous donner un certain nombre d'êtres humains,
00:59:03 mais vous me donnerez en échange un certain nombre d'armes
00:59:06 qui me permettront de continuer plus longtemps mes crimes,
00:59:09 alors j'essaye de faire une balance, et je reconnais que c'est un problème affreux.
00:59:13 Alors c'est toute la question de savoir, s'agissant d'un repère de bandits,
00:59:17 les bombardez-vous au risque de tuer quelques-unes de leurs victimes innocentes,
00:59:22 ou respectez-vous leur entre au risque de leur voir faire d'autres victimes ensuite ?
00:59:26 C'est un problème de balance du bien et du mal, et vous voyez par là...
00:59:30 - C'est la fin et les moyens, je crois.
00:59:31 - Et vous voyez par là, c'est même pas seulement la fin et les moyens,
00:59:33 c'est l'acte et le contexte, et vous voyez par là qu'il ne peut pas y avoir de réponse générale.
00:59:38 Je voudrais ajouter une chose...
00:59:39 - Vous savez, monsieur Hamon, je crois que c'est d'ailleurs,
00:59:41 ce que vous venez de dire, c'est tout le problème de Verdict,
00:59:43 c'est le principe même qui nous a inspiré Verdict, à Desgroupes, à Cardinal et à moi,
00:59:47 à savoir, justement, obliger le téléspectateur,
00:59:50 puisque cette émission a passionné d'ailleurs le comité des programmes,
00:59:53 puisque vous êtes là ce soir, c'est justement l'obliger à rentrer dans un certain nombre de problèmes
00:59:58 qu'on n'a pas tellement souvent l'habitude de discuter à la fin du repas familial.
01:00:02 - Il ne faut pas les mélanger tous aussi, parce que dès que vous passez d'un cas à un autre,
01:00:06 les données varient énormément.
01:00:07 - C'est pour ça que je voudrais que nous revenions au problème de ce soir,
01:00:10 à savoir, faut-il payer la rançon ?
01:00:11 Alors, monsieur l'abbé Pillon et monsieur Léo Hamon ont plutôt, je pense, tendance,
01:00:16 monsieur Pillon, en tout cas très nettement, monsieur Hamon aussi,
01:00:18 peut-être avec un petit peu moins de certitude, à dire,
01:00:21 oui, moi, à la place de ces gens, si je pensais que ça peut être efficace,
01:00:26 et peut-être que d'ailleurs toute la discussion est là, je paierais.
01:00:29 Mais il me vient quand même une autre idée en tête et une autre question à vous poser.
01:00:33 Vous dites, il s'agit de sauver un enfant.
01:00:36 Donc, pour sauver un enfant, on va faire tout ce qu'on pourra.
01:00:38 Mais est-ce que la question ne peut pas être aussi de sauver d'autres enfants
01:00:42 qui, pour l'instant, ne sont pas en danger ?
01:00:44 Est-ce qu'en donnant à chaque fois la rançon que réclament des kidnappers,
01:00:49 puisque je crois qu'il n'y a pas de mot français pour désigner cette race de criminels,
01:00:53 heureusement, monsieur l'abbé, est-ce que nous n'allons pas encourager le kidnapper ?
01:00:58 Voilà, j'étais en train d'y penser.
01:01:01 Si vous dites, il y a un enfant qui risque mort,
01:01:06 et il y a une mère que vous avez entendu sangloter,
01:01:09 donnez de l'argent pour avoir une chance de revoir cet enfant vivant,
01:01:13 pardonnez-moi de me dire que je sais que je le donnerai.
01:01:16 Oui.
01:01:17 Bon. Mais si vous me demandez, dans une responsabilité plus grave,
01:01:22 de me demander ce que je ferais si, à la suite de la souscription et du paiement d'un certain nombre de rançons,
01:01:29 je voyais se multiplier les ravissements d'enfants,
01:01:33 les enlèvements avec demande de rançons,
01:01:35 alors, à supposer que je sois investi d'une responsabilité publique,
01:01:40 il est d'abord certain que je commencerais par organiser des services renforcés de police,
01:01:45 et que je penserais que la plus grave responsabilité, après celle des bandits,
01:01:49 serait celle d'un État qui ne chercherait pas à accroître le contrôle pour tenir tête normalement au crime.
01:01:55 Et puis alors, évidemment, il est possible que nous rentrons dans une hypothèse de désordre et d'absence d'aide d'État, complète.
01:02:02 Eh bien, il est possible que dans un cas pareil, je me dise que la rançon encourage le mal,
01:02:07 et qu'à la limite, il faudrait non pas refuser de donner soi-même la rançon,
01:02:11 mais interdire le versement de rançons.
01:02:13 Alors, de nouveau, c'est à l'État, c'est à la République à prendre ses responsabilités.
01:02:17 Non pas à dire, ne payez pas parce que vous n'aurez pas assez bon cœur,
01:02:21 mais je vous interdis de payer parce qu'il s'avère que la rançon que vous donnez pour sauver un enfant risque d'en perdre vingt.
01:02:27 Alors, vous voyez, en premier rang, je veux mettre à la fois l'insertion d'un fait précis dans un contexte social donné,
01:02:35 et la responsabilité des pouvoirs publics en cette matière.
01:02:39 Et il n'y a pas beaucoup de kidnapping en France, il y en a eu beaucoup aux États-Unis.
01:02:43 Et je crois, mais je suis assez peu informé de la question, vous l'êtes sans doute mieux que moi,
01:02:48 mais je crois avoir lu quelque part qu'aux États-Unis, à l'époque où des enlèvements se multipliaient,
01:02:54 les autorités, la police en particulier, demandaient aux parents même,
01:02:59 et là, il ne s'agit même pas de parents, mais de voisins, d'amis, de ne pas payer la rançon.
01:03:04 Je voudrais citer un fait divers.
01:03:06 Je crois qu'un tel appel a été lancé, et je comprends que la police lance un tel appel entre nous.
01:03:14 Imaginez-vous qu'il suffise à dissuader une mère de faire tout ce qu'elle pourra faire pour sauver son enfant.
01:03:21 Non, certainement il n'y aura pas.
01:03:23 Je voudrais citer un fait divers américain justement qui nous a servi de base pour cette histoire.
01:03:29 Il y a eu l'affaire Lindbergh que tout le monde connaît, où Lindbergh a payé la rançon,
01:03:33 et où finalement il n'a retrouvé qu'un enfant, que mort.
01:03:37 Mais il y a eu un autre fait divers américain, où un millionnaire américain, un millionnaire en dollars américain,
01:03:44 son enfant a été enlevé.
01:03:46 Et on lui a posé le même problème, à savoir on vous rendra votre fils contre un certain nombre de centaines de milliers de dollars.
01:03:53 Et cet Américain est descendu à la radio et à la télévision,
01:03:58 et il s'est adressé directement au ravisseur de son fils et il lui a tenu le langage suivant.
01:04:03 En lui disant vous me demandez, disons, 500 000 dollars pour me rendre mon enfant,
01:04:08 et je suis décidé à ne pas vous les donner.
01:04:10 Par contre, je vous informe que ma fortune s'élève à 2 millions de dollars,
01:04:15 et que je suis prêt à la donner immédiatement, à la mettre à la disposition de la police,
01:04:20 pour que vous alliez sur la chaise électrique si mon fils ne m'est pas rendu vivant.
01:04:25 Et ça me paraît être, dans la circonstance qui nous intéresse, dans l'histoire que nous avons racontée,
01:04:30 ça me paraît être, dans le seul souci que nous avons, c'est-à-dire la vie de cet enfant,
01:04:35 ça me paraît être, moi, la seule position valable.
01:04:38 Mais le raisonnement de ce père n'est possible que dans le cas d'un père, et non pas dans le cas des commerçants.
01:04:45 Mais là on peut considérer que c'est à peu près la même chose.
01:04:47 Ah c'est pas du tout la même chose. Dans le cas d'un père, ou dans le cas des pouvoirs publics,
01:04:51 parce que je suis tout à fait d'avis de M. Hamon dans les deux interventions qu'il a faites relativement au rôle des pouvoirs publics.
01:04:56 La position des pouvoirs publics et de la police, elle est connue.
01:04:58 C'est vous ne payez pas et vous nous laissez faire notre métier, qui est de trouver avec les indices que nous avons.
01:05:03 Non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, je pense beaucoup plus au maire ou au procureur.
01:05:08 C'est leur rôle de s'adresser, alors de cette manière-là, aux criminels invisibles,
01:05:13 par l'intermédiaire de la radio et surtout de la télévision.
01:05:16 Parce que quand on paye, on se prive de la seule arme dont on dispose pour négocier avec le criminel.
01:05:25 Quelle est la position du ravisseur ?
01:05:27 Le ravisseur enlève l'enfant pour vous dire "vous allez me payer une certaine somme pour que je vous le rende".
01:05:34 Bien, ça veut dire que le ravisseur espère obtenir cet argent.
01:05:38 Si vous le lui donnez, étant donné qu'il va être en possession de cet argent et qu'il va avoir l'intention d'en profiter,
01:05:45 il va essayer d'effacer derrière lui toute trace de son crime, tout témoignage,
01:05:50 et il va avoir une certaine tendance à supprimer cet enfant.
01:05:53 Bien, si vous lui faites savoir, laissez-moi aller jusqu'au bout du raisonnement,
01:05:57 si vous lui faites savoir que vous ne payez pas un centime,
01:06:01 que de toute manière, quoi qu'il arrive, vous ne donnerez pas un sou,
01:06:04 à ce moment-là, vous lui faites comprendre que le crime qu'il va commettre, s'il le commet,
01:06:09 sera un crime totalement gratuit et que plus rien ne justifiera puisqu'il n'aura plus rien à défendre.
01:06:15 Je crois que M. Habébian me disait tout à l'heure, avant de commencer ce débat,
01:06:18 qu'au sujet de l'affaire Lindbergh, et contrairement à ce qu'on croit généralement,
01:06:21 le bébé Lindbergh a été tué accidentellement.
01:06:25 Je pense, je n'ai pas regardé à nouveau les documents, mais j'ai lu un livre assez documenté là-dessus il y a quelques mois,
01:06:32 et je pense qu'on ne peut pas tirer argument du seul cas Lindbergh, il faudrait voir d'autres exemples,
01:06:37 parce qu'il y a un grand nombre de probabilités selon lesquelles le ravisseur aurait laissé tomber l'enfant,
01:06:43 qui se serait tué, et par conséquent ensuite, le problème de la demande de rançon,
01:06:47 relativement à la mort ou à la survie de l'enfant, n'a plus rien à voir.
01:06:51 Oui, d'ailleurs nous avons l'exemple du cas de l'affaire Peugeot, où la rançon a été payée,
01:06:54 ou l'enfant a été rendu.
01:06:56 L'enfant a été rendu, oui.
01:06:57 Je pense que toute discussion sur le point de savoir si lorsqu'un enfant est enlevé,
01:07:02 la méthode la plus efficace pour le récupérer est de payer une rançon ou de la refuser,
01:07:08 toute discussion semblable, trouvant en nous des personnages manquant un peu d'expérience,
01:07:13 fort heureusement, je crois qu'aucun d'entre nous n'a été ravisseur d'enfant,
01:07:16 et nous ne savons pas comment ce genre de bandit réagit à ce genre de réponse.
01:07:21 Ce que l'on peut dire, ce que l'on peut dire, ce que l'on peut dire, et qui mérite d'être considéré,
01:07:26 c'est évidemment la réussite d'un enlèvement d'enfant par obtention, extorsion de la rançon demandée,
01:07:37 qu'une telle réussite a peut-être des effets heureux en rendant l'enfant,
01:07:41 et des effets malheureux en amenant de nouveaux enlèvements.
01:07:45 En sorte qu'il y a ici une sorte de conflit entre le soulagement d'un enfant rendu à la tendresse de ses parents,
01:07:52 et comment ne pas y participer, et la crainte d'encourager d'autres enlèvements.
01:08:01 Et de là, si vous me permettez, sans critique, le caractère nécessairement un peu artificiel d'une question posée en termes généraux.
01:08:09 Si je suis le père d'un enfant enlevé, bien entendu c'est à retrouver mon enfant que je pense en priorité absolue.
01:08:17 Et on comprend très bien que les autorités chargées de l'ordre public ne pensent pas seulement à un enfant présentement enlevé,
01:08:23 mais à dix suggestions d'enlèvement d'autres enfants.
01:08:27 Vous voyez par conséquent qu'il y a des points de vue qui ont nécessairement des forces différentes selon les personnages.
01:08:33 Et quant à moi, puisque j'apprécie beaucoup, je le répète, l'état d'esprit actif que l'émission Verdict tente à suggérer aux téléspectateurs,
01:08:44 je voudrais que l'enseignement d'une telle émission soit pour lui de considérer d'abord toute la complexité du réel,
01:08:51 ses facettes multiples, et l'exigence qu'il faut avoir d'abord envers l'autorité publique qui ne peut pas, ne pas prendre des responsabilités.
01:09:03 Quand on a une autorité juridique ou morale, il y a des responsabilités à prendre et des mesures à organiser.
01:09:10 Et ensuite l'exigence qu'il faut avoir pour soi-même, je le répète, ne pas se donner de bons motifs à l'appui d'un intérêt sordide,
01:09:20 et ne pas se délivrer à soi-même des brevets de bonne conscience sans s'être interrogé sur ce que l'on a fait dans les cas,
01:09:27 heureux, moins dramatiques en un sens, mais pas tout à fait inexistants, où un homme peut avoir à manifester sa capacité d'aider un être humain dans la détresse.
01:09:39 Eh bien je crois que tous les arguments qui viennent d'être donnés au cours de cette discussion montrent à quel point il est difficile de résoudre,
01:09:45 résoudre en tout cas pour d'autres un cas de conscience. Finalement la conclusion qu'on pourrait tirer, et de ce débat et peut-être de l'émission,
01:09:52 c'est que c'est, comme on dit dans les tribunaux, dans le secret de votre conscience que vous pouvez vous choisir la réponse à la question qu'on vous a posée.
01:10:00 Les avis qui viennent de vous être donnés sont des avis qui tentent à éclairer vos consciences, mais en n'ont pas à leur dicter une réponse.
01:10:07 Et c'est la raison pour laquelle, dans ce cas qui est peut-être un peu particulier dans la série Verdict, nous avons lancé ce soir au téléphone,
01:10:13 et nous vous demandons, comme je vous l'ai dit au début de ce débat, de nous écrire vos réponses au lieu de nous les téléphoner,
01:10:20 et de nous écrire des réponses qui soient motivées de nous faire part des réflexions que ce soir, devant vos téléviseurs, vous aurez faites.
01:10:27 Alors vous écrivez à l'émission Verdict, à la télévision française, 15 Cognacjet, rue Cognacjet, vous connaissez l'adresse,
01:10:35 et j'espère que de la masse de vos réponses, car je les souhaite très nombreuses, nous tirerons peut-être nous des enseignements pour l'avenir même de cette émission qui est la vôtre.
01:10:45 (Musique)
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01:11:26 (Musique)
01:11:29 Merci.
01:11:30 Merci.