Montées de colère en Allemagne : les futurs gilets jaunes ?

  • il y a 9 mois
Avec François Bayle, journaliste spécialiste de l'Allemagne, auteur de "Histoires secrètes du couple franco-allemand" publié aux éditions Talents.

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2024-01-09##

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Transcription
00:00 [Musique]
00:14 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:17 Et là les allemands parlent aux allemands, les allemands parlent aux européens, les allemands parlent au monde
00:22 et ça fait du bruit malgré tout, même que, même si certains veulent enterrer ça dans un certain silence,
00:29 ça fait beaucoup de bruit, on en parle tout de suite.
00:33 [Musique]
00:34 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:37 Le fait du jour.
00:38 C'est ma terre, c'est ma terre, oui Christophe Maé, une très très belle chanson de Christophe Maé, c'est ma terre.
00:43 Et voilà, montée de colère en Allemagne, ça fait déjà une semaine.
00:46 Et c'est drôle parce qu'on en parlait très très très très peu, un peu partout.
00:50 Pourtant les tracteurs, les camions, c'est la montée de toute part.
00:54 Les agriculteurs protestent fermement depuis plusieurs semaines
00:57 contre la suppression progressive d'un avantage fiscal sur le gazole.
01:00 Ça rappelle de certains gilets d'une certaine couleur.
01:06 Et bien écoutez, manifestation du 8 au 15 janvier, ça a commencé hier, c'est énorme.
01:12 Il y a énormément de gens qui sont sur les routes, on va en parler.
01:17 Et voilà, on a supprimé les subventions, grosso modo,
01:21 c'est que la suppression des subventions sur le gazole agricole équivaut à un milliard d'euros de coût en plus pour les agriculteurs.
01:28 Un milliard d'euros, alors Olaf Scholz, vous savez le gouvernement du chancelier Olaf Scholz,
01:32 a décidé effectivement, vert oblige, écologie oblige, d'augmenter effectivement le gazole.
01:39 Mais en fait, en fait, il y a autre chose, on a entendu ceci.
01:45 Nous les dizaines de milliers d'entrepreneurs, d'employés, d'agriculteurs libres de toute la Saxe,
01:49 étions et sommes toujours dans leurs rues,
01:51 non pas seulement pour l'histoire du gazole, mais pour attaquer le système complet de mise sous tutelle d'encadrement et de pillage de l'État.
01:58 Il ne peut s'agir de moins si nous voulons un avenir.
02:01 Voilà ce que dit Saxe.
02:03 Alors, que se passe-t-il exactement ?
02:05 On va en parler avec François Bell. Bonjour François Bell.
02:09 - Bonjour M. Bercov.
02:11 - Bonjour. Heureux de vous avoir.
02:13 Effectivement, expliquez-nous ce qui est en train de se passer exactement.
02:18 Vous êtes journaliste, je le rappelle, vous êtes spécialiste de l'Allemagne,
02:21 vous avez écrit "Histoire secrète du couple franco-allemand aux éditions Talents"
02:25 et Dieu sait s'il a des choses à dire sur ce couple franco-allemand dont on ne sait s'il est paxé, divorcé, séparé ou non.
02:33 Enfin, le sujet n'est pas là, mais on va sûrement en reparler.
02:37 Qu'est-ce qui se passe en Allemagne ?
02:39 Parce qu'effectivement, moi ce qui m'a frappé, c'est que je voyais énormément de choses sur les réseaux sociaux
02:43 et très très très peu de choses dans les médias.
02:46 - Sur cette colère qui montait et que l'on voit un peu partout, sur les routes, les autoroutes.
02:50 François Bell.
02:52 - Alors, ce qui se passe en Allemagne aujourd'hui, ce sont les agriculteurs, bien entendu, qui manifestent lourdement.
02:57 Pour nous français, c'est pas une nouveauté.
03:00 On est nés avec des agriculteurs dans la rue, donc on est un peu immunisés.
03:05 En Allemagne, c'est quand même important, c'est différent,
03:08 parce que c'est un métier qui est évidemment beaucoup moins important que chez nous en France.
03:13 Il faut parler un peu de chiffres, vous savez que l'Allemagne, c'est à peu près en surface la moitié de la France.
03:21 Par contre, en densité de population, c'est plus du double de la France.
03:27 C'est-à-dire que les terres agricoles en Allemagne ne sont pas nombreuses,
03:31 que ce que nous avons bâti ensemble en Europe, la politique agricole commune,
03:36 ne peut pas s'appliquer de la même manière,
03:39 parce que les gouvernements allemands avaient trouvé moyen, intelligemment du reste,
03:43 d'aider leurs agriculteurs, par exemple, en faisant des exonérations fiscales sur le fioul,
03:48 ou sur des trucs comme ça.
03:50 Mais il n'y a pas de mise en affaire dans un pays aussi petit, si vous voulez.
03:53 C'est un grand, grand pays, bien sûr, mais structurellement, en termes de kilomètres carrés,
03:58 c'est moitié moins que la France.
04:00 Donc c'est une chose à rappeler.
04:03 La deuxième chose à rappeler, c'est que l'agriculture dans toute l'Europe est européenne.
04:10 L'idée depuis 20 ans, 30 ans, 40 ans, d'arriver à garantir la sécurité alimentaire
04:18 des 450 millions d'Européens, même si elle a été mise en déséquilibre avec la guerre en Ukraine,
04:27 c'est une volonté qui est essentielle.
04:30 Dans ce domaine-là, je ne vais pas faire plaisir à tout le monde,
04:34 mais il faut comprendre que nos amis agriculteurs allemands
04:37 ne sont pas des producteurs de très, très grands débits, de très, très grandes quantités.
04:44 Leur pays fait partie d'un système économique
04:49 où le fromage va finir de s'affiner en Italie,
04:55 où le cochon vient en avion de Chine, etc.
04:59 - Ils ne sont pas producteurs comme nous, nous sommes producteurs.
05:03 Ça n'a rien à voir.
05:05 - Rien à voir.
05:07 Et franchement, en plus de ça, il faut reconnaître un truc,
05:12 c'est que nous, Français, on a quand même bien balisé les chemins de l'agriculture allemande,
05:19 parce que ni vous ni moi n'étions nés à ce moment-là,
05:23 mais enfin, M. Biascoff, juste après la guerre, cette fameuse conférence,
05:29 cette commission interalliée tripartite,
05:31 qui élevait les Américains, les Anglais et les Français,
05:34 les Russes s'en étant exclus de fait,
05:37 après, en 1948, puisqu'ils ont fait le blocus de Berlin,
05:41 donc on n'a plus négocié avec eux, terminé, va te faire voir Staline,
05:44 cette commission a quand même superbement balisé
05:48 ce qui était permis et pas permis aux agriculteurs allemands.
05:51 - Dès 45, donc, c'est ça ?
05:54 - Dès 48.
05:56 - Dès 48, d'accord.
05:58 - Je me suis dit, M. Biascoff, je cite dans mon bouquin un truc que je trouve effarant,
06:03 c'est ce qu'on a appelé la guerre du lait.
06:06 C'est une guerre qu'on a gagnée, nous, Français, parce qu'elle n'a pas eu lieu.
06:09 C'est donc la commission tripartite, en 49,
06:13 la délégation française est à ce moment-là dirigée par le grand diplomate André-François Poncet,
06:19 et au programme de cette commission, il est prévu dans deux mois,
06:25 un round sur le lait, les produits laitiers.
06:28 Alors, panique en France, parce qu'on se dit, bien sûr, ils vont nous torpiller,
06:32 bien sûr, les Américains vont arriver avec des containers, des tankers pleins de lait, etc.
06:38 Et puis, le jour arrive, alors la délégation française a prévu,
06:42 dans les moindres détails, son argumentaire et tout,
06:45 et dans le lieu, les Américains disent non, sur le lait, nous, on n'a rien à dire.
06:50 Les Anglais disent non, tant pis, les Anglais n'étaient pas exportateurs.
06:53 Donc, tout ce que demande la France est accepté.
06:56 Boum, comme ça.
06:58 Les Américains, on leur dit, écoutez, nous, ce qui nous intéresse,
07:01 c'est d'avoir l'exclusivité, l'intégralité de toutes les sources thermales gadeuses.
07:06 Parce qu'ils achètent le compte de Coca-Cola.
07:10 - Bon souvenir, François Bell, dites-moi, mais là, qu'est-ce qui...
07:15 Alors, à votre avis, parce qu'on entend, est-ce que la colère de ce qu'il y a en Allemagne,
07:19 effectivement, parce qu'on pourrait en parler pendant des heures,
07:21 mais est-ce que la colère qui monte, en tout cas, qu'on voit, en tout cas, manifester,
07:25 est-ce que c'est vraiment, d'abord, et uniquement, ce prix du gaz,
07:30 qui va coûter un milliard d'euros en plus aux producteurs, aux agriculteurs,
07:34 ou ça va plus loin ? Parce que c'est ça, la question qu'on se pose.
07:38 Parce qu'on regarde ça, c'est quand même massif.
07:41 On n'a pas l'habitude, en tout cas, nous, de voir une telle...
07:45 En Allemagne, en tout cas, on n'avait pas vu de telle ampleur.
07:48 Alors, les causes de cela, c'est quoi ?
07:51 - André, pardonnez-moi, je viens de vous couper, François Bell, pardon.
07:53 Gabriel Attal va être nommé à Matignon par Emmanuel Macron.
07:57 Il va devenir le plus jeune ministre de l'histoire de la Ve République.
08:00 On vient de l'apprendre.
08:01 Donc, plus d'informations à suivre toute la journée sur Sud Radio et sur sudradio.fr.
08:05 - C'est magnifique.
08:06 - Et évidemment, Gabriel Attal, 34 ans, plus jeune premier ministre de la Ve République.
08:09 - Eh bien, voilà.
08:10 Eh bien, écoutez, on en parlera, je crois, plus longuement plus tard.
08:13 Gabriel Attal, premier ministre.
08:15 Revenons aux agriculteurs.
08:18 Il aura peut-être maille à partir, lui aussi, comme tous ses prédécesseurs,
08:22 avec l'agent agricole.
08:24 Mais revenons, alors, François Bell, à ceci.
08:27 On faut...
08:28 Quelles sont vraiment les motivations et jusqu'où ça peut aller ?
08:32 - Alors, écoutez, les motivations des agriculteurs sont simples.
08:35 Elles sont techniques.
08:36 Elles sont fondées.
08:37 C'est "tu touches pas au pognon".
08:39 On a besoin de ce milliard pour tourner.
08:41 Et d'autant plus, comme je vous le disais, que ce ne sont pas des producteurs gigantesques.
08:45 Donc, leurs marges ne sont pas énormes.
08:48 Par contre, vous avez bien cité le fait que la SAX, le land de SAX, est en pointe là-dedans.
08:54 Je vous rappelle qu'aux dernières élections régionales, c'était en octobre,
09:00 je ne me rappelle plus exactement la date.
09:01 Mais l'extrême droite a fait dans ce lander 28% des voix.
09:07 C'est-à-dire qu'il est pratiquement arrivé en tête,
09:10 mais qu'il pose le problème des futures coalitions avec la CDU ou autre.
09:15 Et que là, quand on parle d'extrême droite, on parle de AFD.
09:18 C'est un parti qui ne nie absolument pas l'héritage d'Adolf Hitler.
09:25 On est quand même maintenant dans quelque chose.
09:27 Ah oui, carrément, oui.
09:28 On est obligé de leur rappeler que le salut hitlérien est interdit,
09:32 ce qui ne semble pas être le cas, comme vous l'avez vu, en Italie il y a deux jours.
09:35 Mais il y a un... Comment est-ce qu'on peut appeler ça ?
09:39 Il y a un malaise actuellement. Un gros malaise en Allemagne.
09:42 Oui, mais les agriculteurs qui sont à la rue, ce n'est pas parce qu'ils sont pro-nazis, quand même.
09:47 Ça n'a pas grand chose à voir.
09:49 D'après ce que disent certains journalistes et observateurs sur place,
09:53 les manifestations sont profondément "noyautées" ou encadrées par ces éléments de protestation.
10:02 Il se trouve que la protestation a été longtemps un peu d'extrême gauche, avec D-Link et compagnie.
10:07 Maintenant, elle est plutôt d'extrême droite.
10:09 Il y avait même la "Roté armée fractionne".
10:12 Ah, mais ça, c'était il y a longtemps.
10:16 Oui, non mais...
10:17 Quand on était jeunes, ça.
10:18 Non, ce que je veux dire, François Bell, au-delà des étiquettes,
10:21 et bien sûr, à compte des étiquettes qui regardent de l'extrême droite et des extrêmes partout,
10:26 est-ce qu'au fond, c'est fondé ?
10:29 Je dirais, à votre avis, et vous avez bien souligné le fait que ce sont des petits producteurs par rapport à nous,
10:35 enfin, "petits", entre guillemets, bien sûr.
10:37 Pourquoi Olaf Scholz fait ça ?
10:42 Parce qu'on ne peut pas dire non plus que sa politique a été extraordinaire,
10:45 vu ce qui se passe en Allemagne aujourd'hui.
10:48 Non, alors il fait ça parce qu'il a besoin de colmater son budget.
10:54 Il fait ça parce que la réduction des avantages fiscaux sur le fioul, etc.,
11:00 c'est très bien vu par les alliés écolo.
11:02 Et il fait ça parce que, finalement, il est arrivé, comme Angela Merkel,
11:08 à considérer que l'agriculture n'est pas un pan prioritaire de l'économie allemande,
11:13 et qu'il vaut mieux soutenir les automobiles, la recherche sur les piles, les voitures électriques, etc.,
11:19 que s'embêter avec des agriculteurs.
11:22 Je suis d'accord de le dire, mais à partir du moment où l'agriculture allemande n'est pas un moteur économique important,
11:29 bien sûr, ça fait travailler du monde, bien sûr, mais la France et l'Italie font travailler encore plus de monde.
11:35 C'est vrai, François Abel, mais alors justement, je voulais vous demander, et revenir,
11:38 ce sera un peu ma dernière question, sur nous, sur la France et les Français.
11:43 On a quand même l'impression, mais corrigez-moi si je me trompe,
11:46 c'est que, sans appliquer les mêmes choses, on a l'impression que les agriculteurs français,
11:50 aussi, en tout cas, à un certain nombre, les 80% qui touchent 800 à 1000 euros ou un peu plus par mois,
11:56 on a l'impression aussi que certains s'en passeraient volontiers.
12:01 Est-ce que je me trompe ?
12:03 Écoutez, les manifestations qui agitent actuellement l'agriculture allemande ont peu de relation avec ce qui se passe en France.
12:14 Que vous pensiez, à juste titre, que la situation de très nombreux travailleurs du secteur agricole est assez scandaleuse
12:22 et mérite d'être prise en main, oui, vous avez totalement raison.
12:25 Vous avez un nouveau Premier ministre qui va certainement s'y mettre,
12:29 parce qu'à son âge, on a beaucoup aimé les yaourts et plein de trucs comme ça,
12:35 mais ça n'est pas pareil.
12:37 Si un jour, vous avez un peu de temps, nous parlerons des malaises de la société allemande,
12:42 qui ne font que ressortir, parce qu'au fond, ce qu'Angela Merkel faisait,
12:47 c'était de mettre un beau couvercle sur un certain nombre de choses qui ne vont pas en Allemagne,
12:52 et Olaf Scholz, il n'a pas la même technique ou il n'a pas la même autorité morale
12:56 pour éviter ce qu'il traquait actuellement en Allemagne.
12:59 Et croyez-moi, il y a des tas de trucs qui ne vont pas bien.
13:02 Alors on va en parler, écoutez, engagement tenu, on va parler de la situation allemande de façon plus profonde,
13:08 mais là, c'était important de souligner ce qui se passe,
13:11 et effectivement de savoir si on n'a pas envie qu'une partie de la population,
13:14 on le voit un peu partout dans le monde,
13:16 on ne va pas évidemment, allez, on ne va pas faire une suppression,
13:22 on ne va pas faire des camps, on ne va pas faire tout ça,
13:24 mais on a l'impression qu'on se dit "Oh, il y en a qui ne servent pas à grand-chose,
13:27 et on verra à quelle sauce on pourra les manger", mais en douceur, bien sûr, en douceur.
13:33 - C'est clinique, mais c'est ça, monsieur Merkel, c'est ça.
13:36 - Merci François Bell, et à très très bientôt.
13:38 - Merci à vous, au revoir.
13:40 - Merci François Bell, et on rappelle votre livre "Histoire secrète du couple franco-allemand", c'est aux éditions TAL.
13:44 On va se retrouver dans quelques instants sur Sud Radio,
13:47 on va aller direction Grenoble pour parler d'une pièce de théâtre qui a été annulée,
13:51 et puis on vous rappelle cette information, Gabriel Attal va être le nouveau Premier ministre d'Emmanuel Macron,
13:57 il a été nommé ce matin par le Président de la République.
13:59 A tout de suite sur Sud Radio.
14:02 Sud Radio Bercoff, dans tous ses états, midi 14h.
14:06 André Bercoff, chez TAL.

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