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Avec Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, auteur de "Le français, parlons-en !" (Cerf)

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##LA_VERITE_EN_FACE-2024-10-01##

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Transcription
00:009h10, Sud Radio, La Vérité en face, Patrick Roger.
00:05Il est 9h25, La Vérité en face, avec Boalem Sansal, écrivain franco-algérien.
00:12Je dis franco-algérien parce que vous venez d'obtenir, il y a quelques mois,
00:15Boalem Sansal, bonjour.
00:16Bonjour.
00:17La nationalité française.
00:18Oui, tout à fait.
00:19C'était vital, quasiment, pour vous, non ?
00:23Ah oui, c'est vital.
00:24Moi, depuis, chaque matin, je découvre que je suis libre et plus heureux que la veille.
00:30Oui, oui.
00:31C'est formidable.
00:32Oui, oui.
00:33Pourquoi ? Parce que ça devenait invivable pour vous, mon chéri ?
00:36Oui, oui, ça devenait invivable.
00:37C'était...
00:38Ben, on entretenait autour de moi une sorte de menace, comme ça, larvée,
00:42qui n'était pas vraiment visible, mais...
00:46Des menaces, des insinuations, des campagnes,
00:50alors on sait par qui, on ne sait pas,
00:52demandant à ce que je sois destitué de ma nationalité,
00:56que je sois chassé, etc.
00:58Bref, voilà.
01:00Bon, et donc, voilà, la nationalité française,
01:03vous êtes sur le territoire français,
01:05et vous devenez quasiment le plus grand ambassadeur
01:10ou représentant ou défenseur du français.
01:13Avec ce livre, « Le français, parlons-en »,
01:17où vous dites que c'est un cri d'amour, en quelque sorte, à la France,
01:23et puis à notre langue. Pourquoi ?
01:25Parce que la langue, quelque part, c'est aussi un rempart
01:29face à différentes attaques
01:31pour garder une forme de souveraineté, d'unité, c'est ça ?
01:35Oui.
01:36D'abord, moi, je suis francophone de naissance.
01:38Quand je suis né en Algérie française,
01:40j'ai fait l'école républicaine,
01:42et puis j'ai eu la chance, tout au long de ma scolarité,
01:46d'avoir des enseignants extraordinaires
01:48qui nous ont abreuvés de cette langue.
01:51C'est un élixir.
01:53C'est le français qui a nourri la révolution algérienne.
01:56Les Algériens se sont battus en se servant de cette arme extraordinaire.
02:00Quelques années plus tôt, le grand écrivain algérien disait
02:04« Le français est notre butin de guerre ».
02:06Donc, les activistes du FLN, dans les années 50-60,
02:15se sont servis de ce que véhicule cette langue.
02:21L'indépendance, la liberté, la démocratie, la laïcité.
02:27Malheureusement, les francophones ont été doublés,
02:31coiffés au poteau à l'indépendance.
02:34Ce sont plutôt les durs, les militaires, les islamistes et les arabes qui ont pris le pouvoir.
02:39Du coup, les francophones ont fait profil bas
02:43où ils sont partis.
02:45Dans votre livre, ça se présente sous la forme d'un dialogue
02:51semi-imaginaire, ou en partie imaginaire, entre un vieux maître,
02:55un sage, en quelque sorte,
02:57qui peut être venu.
02:59Voilà, c'est ça.
03:01Et un jeune journaliste français qui vous pose des questions.
03:06Vous dites que la France, il y a le langage,
03:10mais le pays, d'une façon générale, n'est plus ce qu'il était.
03:14N'est plus la France des Lumières.
03:16N'est plus la France qui a marché des Trente Glorieuses.
03:19N'est plus la France telle qu'elle apparaissait sur la scène internationale.
03:24Pourquoi ? Qu'est-ce qui ne va plus, selon vous, en France ?
03:27On ne sait pas trop, donc c'est évidemment très compliqué l'évolution d'un pays.
03:30Mais ce qu'on observe, c'est que depuis à peu près une cinquantaine d'années,
03:34la France est sur une ligne de déclin.
03:38Le lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, il y a eu des révisions géostratégiques.
03:42La France qui a toujours été un pays très souverain,
03:44vraiment, beaucoup même.
03:46Peut-être même trop.
03:48Alors oui, trop, c'est ce qu'on nous reproche.
03:50Et notamment avec l'État colonial, aussi.
03:52J'ai le désabus.
03:54Mais c'est ça qui a fait la personnalité de la France.
03:56C'est ça.
03:58La France voulait être grande en tout.
04:00Sur le plan militaire, sur le plan économique,
04:02sur le plan culturel, sur le plan philosophique,
04:04sur le plan loisir.
04:07Elle avait réussi.
04:09C'était ça l'image.
04:11Et puis bon, après la Deuxième Guerre mondiale,
04:13il y a eu une reconfiguration du monde.
04:15Le bloc socialiste derrière Moscou
04:17et le bloc occidental derrière les Américains, plan Marshall.
04:21Et là, la France a été dépossédée, petit à petit,
04:23de tout ce qu'il faisait la France.
04:27Elle s'est américanisée, anglicisée, germanisée.
04:31Et voilà.
04:33Et ça a entraîné des déclins
04:35par compartiment entier.
04:37D'abord, elle a perdu ses colonies.
04:39Ensuite, elle a perdu son industrie,
04:42son influence politique, sa culture.
04:46Peut-être même son agriculture, on en parlait tout à l'heure,
04:48qui est en train de... ce que nous disaient
04:50des agriculteurs tout à l'heure,
04:52qui étaient très inquiets pour l'avenir.
04:54Voilà, dans des secteurs
04:56qui me sont vraiment très chers.
04:58Moi, je suis un scientifique, je suis un dingue de mathématiques.
05:00La France, c'était la première école de mathématiques dans le monde.
05:03Oui, c'est vrai.
05:04On n'est toujours quand même pas mauvais, en fait,
05:06en mathématiques, non ?
05:08On fournit pas mal de monde encore pour les Américains.
05:11Mais ils partent.
05:13Maintenant, on est dans le classement de l'OCDE.
05:16On a toujours été premier.
05:18On est passé, maintenant, au bas du tableau.
05:20Dépassé par l'Inde, par...
05:23Enfin, bref.
05:25Et donc là, ce qui est terrible,
05:28bon, ça, on peut dire que c'est des vicissitudes de l'histoire.
05:31Il y a des hauts et des bas.
05:33Non, mais c'est que les Français
05:36se complaisent dans cette situation.
05:38Pas tous, quand même, si ?
05:40Si, beaucoup.
05:41Beaucoup ?
05:42À part peut-être dans les campagnes,
05:44ou là, vraiment, l'esprit du clochard.
05:47Le vote du Rassemblement National,
05:49est-ce que ce n'est pas cette expression,
05:51ce ne sont pas forcément des gens fascistes,
05:54ou n'importe quoi que ce soit,
05:56de gens qui veulent une révolte,
05:58mais qui ne savent pas à qui s'adresser, non ?
06:00Elle reste simplement politique.
06:03Oui, il y a un discours comme ça,
06:06mais très vague, il n'est appuyé par rien.
06:09Quand on lit la littérature
06:12issue de ce milieu,
06:14c'est très léger.
06:15Ils ne vont pas au...
06:16Est-ce que vous connaissez un philosophe
06:18du Rassemblement National ? Non.
06:20Non, bien sûr.
06:21Côté gauche, on en a tenté plus.
06:23Michel Onfray, d'autres et d'autres,
06:25toujours à gauche, Michel Onfray,
06:27d'ailleurs, pour vous,
06:28parce qu'on dit beaucoup de ces intellectuels,
06:30et vous allez citer, sans doute,
06:31Michel Onfray, Finkielkraut,
06:33et quelques autres.
06:35C'était des intellectuels
06:37qui appartenaient à la gauche.
06:39Est-ce qu'ils appartiennent toujours,
06:41selon vous, à la gauche ?
06:43Ils appartiennent toujours à une gauche,
06:45mais mythifiée, elle n'existe plus.
06:49La gauche était toujours représentée,
06:51on va dire, par les radicaux et les socialistes,
06:54on ne sait plus...
06:56On ne connaît pas l'adresse
06:58du socialisme en France.
07:00On ne sait plus...
07:02Je traduis un peu, en version très populaire,
07:04puisqu'on parle du français,
07:06on ne sait plus où on habite.
07:08C'est ça, en quelque sorte.
07:10On ne sait pas.
07:12Ensuite, on a mis la France dans une case,
07:14dans l'Union Européenne.
07:16Elle a été sommée, en quelque sorte,
07:18d'abandonner ce qui faisait sa particularité
07:20pour endosser un habit commun.
07:22Une langue commune,
07:24technocratique.
07:26Le langage philosophique et culturel,
07:28finalement, c'est très ringard.
07:30Ce n'est pas efficace.
07:32Aujourd'hui, on est plus sur un langage
07:34économétrique, technocratique,
07:36administratif.
07:38Et puis, voilà.
07:40Il y a quelque chose dans le cerveau
07:42des Français qui est en train de s'effilocher.
07:44C'est ce qu'il faisait, la France.
07:46Bon, ce n'est pas disparu
07:48totalement pendant longtemps.
07:51On va voir avec vous.
07:53Dans un instant, on va continuer cette émission.
07:55Dans la vérité en face, Boilem Sansal.
07:57Justement, parce que, en quelque sorte,
07:59votre livre, Le français parlons-en,
08:01c'est une forme d'appel,
08:03en quelque sorte, pour essayer de réenchanter
08:05la France et la France
08:07dans le monde, bien sûr.
08:09Comment ce sursaut est-il possible ?
08:11Parce que vous dites que ce n'est
08:13pas perdu, tout de même.
08:15J'aimerais aussi vous entendre, 0826-300-300
08:17si vous voulez dialoguer avec Boilem Sansal.
08:19Il est avec nous sur Sud Radio jusqu'à 10h.
08:21Allez-y.
08:239h10, Sud Radio.
08:25La vérité en face. Patrick Roger.
08:27La vérité en face. Et ce matin,
08:29les vérités de Boilem Sansal,
08:31l'écrivain franco-algérien
08:33qui a acquis la nationalité française
08:35il y a quelque temps. Il se sentait menacé,
08:37ce que vous nous disiez, Boilem Sansal,
08:39en Algérie.
08:41Vous nous avez parlé de la France
08:43qui perd de sa superbe
08:45depuis des années.
08:47C'est véritablement ça, une forme de déclin.
08:49Il y a pourtant des possibilités
08:51et des espoirs que l'on
08:53entrevoit de temps en temps.
08:55Vous pensez que le pays est quand même armé
08:57pour essayer de renaître, de repartir
08:59de l'avant ou pas ? Au moment où
09:01il va y avoir le nouveau Premier ministre
09:03qui va faire son discours cet après-midi.
09:05La France est désarmée, mais il y a une volonté
09:07quand même de se réarmer.
09:09Il faut savoir comment.
09:11Tout ça, ce n'est pas défini.
09:13Précisément, tout à l'heure on en parlait,
09:15le président qui disait
09:17qu'il n'y a pas de culture
09:19en France.
09:21La culture française n'existe pas.
09:23Il y a une culture à laquelle la France...
09:25La France ferait partie de cette...
09:27Non, la France a une culture
09:29que pendant des siècles
09:31elle a exportée et qui a été
09:33bien accueillie partout dans le monde.
09:35On l'a fait dans le monde arabe, l'Amérique,
09:37l'Amérique du Sud.
09:39On avait de rêves que pour Paris
09:41pendant très longtemps.
09:43C'est le désamour,
09:45la France a déçu
09:47ou parce qu'elle s'est laissée peut-être dépossédée
09:49de ce qui faisait d'elle
09:51contraté forcé.
09:53Elle a été obligée de se mondialiser à l'américaine,
09:55se européaniser
09:57selon Bruxelles.
09:59Donc, voilà.
10:01Mais une culture, Boilem Sansalle,
10:03ça s'enrichit aussi des apports extérieurs.
10:05Et la culture française,
10:07elle doit s'enrichir d'apports extérieurs,
10:09non, aujourd'hui ?
10:11Non.
10:13Il y a deux trucs.
10:15Vous allez au restaurant, c'est vous qui faites votre menu
10:17et vous avez les moyens, ou vous allez dans la gargotte
10:19et là vous imposez ce que vous devez manger.
10:21Bon, la France était un super restaurant
10:23où on pouvait venir
10:25et manger ce qu'on voulait, etc.
10:27Maintenant, non. Le menu est imposé.
10:29C'est l'Europe,
10:31c'est la mondialisation.
10:33Alors, c'est l'Europe, la mondialisation.
10:35Ça revient beaucoup dans votre discours et dans vos écrits,
10:37Boilem Sansalle. C'est quoi ?
10:39Les crates de Bruxelles, ce sont les grandes firmes
10:41internationales.
10:43C'est quoi aujourd'hui ?
10:45La Russie ?
10:47L'islamisation, dont on va parler aussi ?
10:49C'est plutôt le marché.
10:51C'est le fait qu'à un moment donné,
10:53pour des raisons de rentabilité,
10:55il a fallu que le capital s'organise.
10:57C'était
10:59un capitalisme de famille, régional,
11:01local.
11:03Et là,
11:05les entreprises internationales
11:07organisent un marché global.
11:09Donc, il faut le globaliser. Il faut lui donner les mêmes règles,
11:11les mêmes standards,
11:13les mêmes couleurs.
11:15Et du coup,
11:17l'uniformisation par le marché,
11:19c'est l'uniformisation des esprits,
11:21des comportements.
11:23Et puis, à un moment donné,
11:25c'est que l'État et l'administration se mettent
11:27au service du marché.
11:29Le marché a besoin, pour les 20 années qui viennent,
11:31de 15 000 ingénieurs en informatique,
11:3326 000 ceci.
11:35Et ça, on ne le fait plus suffisamment.
11:37C'est ça ?
11:39C'est très clair.
11:41Le grand danger de la France,
11:43c'est quoi ?
11:45Les paramètres viennent du patronat,
11:47qui affiche la feuille de route,
11:49ses démarches, ses stratégies.
11:51Et c'est donc lui qui dicte
11:53absolument tous les...
11:55Qui doit donner le tempo, alors ?
11:57C'est le marché.
11:59C'est ce qu'on a appelé la main invisible du marché.
12:01C'est le patronat quand ils se réunissent,
12:03mais ils sont rejoints aussi par des intellectuels
12:05qui croient à la nécessité
12:07de tout globaliser.
12:09Ils ont raison par certains côtés.
12:11On se rend compte que si on continue,
12:13chacun dans le domaine écologique,
12:15chacun faisant ce qu'il...
12:17On a déjà détruit la planète.
12:19Peut-être que là, il faut...
12:21Attention, la planète,
12:23elle est finie.
12:25Les ressources sont limitées.
12:27Il va falloir globaliser.
12:29D'où l'invention de la...
12:31C'est ça le...
12:33Le développement durable ?
12:35Non, non.
12:37Les grands rassemblements annuels sur l'écologie.
12:39Ah oui, oui, bien sûr.
12:41Pour le climat,
12:43les grandes réunions du GIEC.
12:45Voilà, c'est ça.
12:47Et ça, ça participe
12:49d'une nécessité de globalisation.
12:51La sécurité.
12:53La sécurité,
12:55c'est une question très compliquée.
12:57Finalement,
12:59notre meilleur assureur, c'est nous-mêmes.
13:01Oui, mais voilà.
13:03Peut-être sur le plan des idées,
13:05oui. Mais sur le plan du matériel.
13:07On est obligés de
13:09mutualiser les ressources.
13:11Donc, il y a des
13:13processus qui, à la fois,
13:15sont centrifuges,
13:17nous obligent à sortir du pays,
13:19à chercher des alliances,
13:21et à nous inscrire dans des schémas d'ensemble.
13:23Et puis, il y a des forces de rétractation.
13:25On dit, attention,
13:27l'être humain, comme le sucre,
13:29quand on le met dans la tisane, il fond.
13:31Et là, ok,
13:33je gagne en sécurité,
13:35mais je perds mon identité.
13:37Il faut faire un choix.
13:39Est-ce qu'on préfère mourir français
13:41ou vivre comme
13:43un sous-allemand ?
13:45Et aujourd'hui, on n'a pas choisi.
13:47Non, c'est fini.
13:49Est-ce qu'on est
13:51capables, nous,
13:53le pays, la France, c'est ce qu'on dit
13:55souvent, et ce que disent
13:57les européistes, bien sûr.
13:59La France seule, aujourd'hui, nous sommes
14:01un nain, à l'échelle
14:03mondiale.
14:05Ce n'est plus la France d'il y a 50,
14:0760 ans. Donc, il faut s'allier
14:09avec les Européens pour être plus
14:11forts. Qu'est-ce que vous en pensez ?
14:13Totalement faux, ça c'est un langage d'avocat.
14:15Ah oui, ça c'est faux. Vous dites que c'est faux.
14:17Oui, moi je vous cite, regardez
14:19la Suisse à côté, qui n'a strictement rien,
14:21et pourtant, qui domine
14:23le monde. Un Suisse, reste un Suisse.
14:25Allez-vous balader
14:27en Suisse, dans l'arrière-pays,
14:29et vous allez voir ce que c'est qu'un vrai Suisse.
14:31Qui n'a pas changé, qui change
14:33quand il veut.
14:35Donc, ça dépend
14:37de nous. C'est un caractère français.
14:39Nous devons avoir du caractère.
14:41Oui, absolument. Sinon,
14:43franchement, il faut regarder
14:45autour de soi. Un chat, c'est un chat. Un chien, c'est un chien.
14:47Un lion, c'est un lion.
14:49Si, maintenant, vous les mariez tous ensemble,
14:51on va produire certainement quelque chose.
14:53Qu'est-ce que c'est qu'un chien-chat ?
14:55Ça peut exister,
14:57ça peut être aussi très intéressant
14:59d'avoir des chiens-chats.
15:01Mais bon, l'être humain
15:03est dans une...
15:05L'être humain vit dans des territoires.
15:07Je vis à l'intérieur de ma peau, je ne vis pas à l'extérieur
15:09de ma peau. C'est mon territoire.
15:11Si on me coupe les bras,
15:13c'est une ablation
15:15qui peut être terrible.
15:17Oui, mais qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
15:19Ça passe aussi...
15:21Le monde évolue à travers de la mixité,
15:23des rencontres sociales.
15:25C'est comme ça qu'on évolue.
15:27Oui, mais ce que je vous disais tout à l'heure,
15:29c'est l'histoire du restaurant.
15:31C'est vous qui faites votre menu.
15:33Par exemple, regardez
15:35l'islam. L'islam arrive,
15:37il est là, très bien.
15:39Ça interagit
15:41avec la société française.
15:43Le christianisme, ça peut faire des moyens
15:45intéressants. Dans la mesure où
15:47pour vous imposer quelque chose.
15:49Alors là, il faut voir.
15:51Est-ce que vous êtes prêts à accepter ou pas ?
15:53C'est une islamisation à marche forcée
15:55progressivement en France ?
15:57C'est ce que vous dites ?
15:59Oui, ce serait trop long
16:01de rentrer dans l'histoire de l'islam.
16:03L'islam, par définition,
16:05est une religion
16:07comment dirais-je...
16:09Qui s'impose.
16:11Oui, qui se propage.
16:13Proselyte, c'est le mot que j'ai cherché.
16:15C'est un ordre d'Allah
16:17qui dit qu'un musulman,
16:19sa première mission,
16:21avant même sa vie,
16:23c'est de convertir l'autre.
16:25C'est de lui indiquer le chemin d'Allah.
16:27Alors les méthodes,
16:29au cours du temps, on s'était posé la question
16:31quelle méthode ? Comment on va porter
16:33le message de Dieu
16:35aux gens, aux ignorants ?
16:37Comment on fait ?
16:39Il y a la prédication.
16:41Tout gentiment, on l'explique.
16:43Et puis, on peut être plus efficace
16:45peut-être qu'on y alla
16:47avec l'épée, c'est-à-dire qu'on va
16:49en conversion obligatoire.
16:51Ça prend cinq minutes.
16:53On dit, à compter d'aujourd'hui, vous êtes musulmans.
16:55Attention.
16:57Ça peut être aussi...
16:59Par exemple, il y a ce qu'on appelle
17:01l'islam des lumières.
17:03L'islam des lumières dit, moi j'apporte
17:05quelque chose qui est formidable, et ceci, cela.
17:07Mais chez les autres, il y a aussi quelque chose de formidable.
17:09Ils ont inventé les lumières,
17:11la démocratie.
17:13Faisons ménage commun.
17:15Ça existe aussi.
17:17Vous, vous croyez ?
17:19Je suis né athée, je le suis,
17:21et j'espère le rester encore.
17:23Parfois, au fil du temps,
17:25on change, on évolue,
17:27on recherche une croyance,
17:29on recherche...
17:31Non, mais c'est vrai.
17:33Vous êtes un scientifique...
17:35Oui, mais j'ai beaucoup étudié
17:37les religions. Je suis un passionné.
17:39Je les ai toutes étudiées.
17:41Chacune a aussi
17:43ses pages noires, ses pages
17:45blanches, ses pages merveilleuses.
17:47Voilà.
17:49Mais au niveau de la croyance,
17:51autant je connais ces choses-là,
17:53puis je peux apprécier certains de leurs aspects,
17:55mais
17:57la croyance de l'homme,
17:59il n'y avait pas que Dieu pour croire.
18:01Pendant très longtemps,
18:03on l'a cru aux forces de la nature.
18:05Je crois que c'est encore plus beau
18:07de croire en un personnage
18:09là-bas sur son trône.
18:11Il y a une énergie interne, dans la plante,
18:13dans les arbres, l'animisme...
18:15C'est ce que vous avez recherché
18:17en étant scientifique.
18:19Et puis, je veux dire, aussi,
18:21l'être humain, tout simplement,
18:23ce qu'il est...
18:25Nous poursuivons ensemble.
18:27Le Français Parlons En, édition du CERF.
18:29Votre livre et puis votre défrance
18:31du français et de la France,
18:33comme vous venez de le définir.
18:35On va continuer d'en parler
18:37dans un instant et vous pouvez
18:39interpeller, si vous le souhaitez,
18:410826 300 300, Boilem Sansal,
18:43qui est avec nous jusqu'à 10h, sur Sud Radio.
18:459h10,
18:47Sud Radio, la vérité en face,
18:49Patrick Roger.
18:51Et les vérités de Boilem Sansal, l'écrivain
18:53franco-algérien qui est mon invité.
18:55Le Français Parlons En, c'est le titre de ce livre.
18:57Vous êtes très attaché à la langue,
18:59Boilem Sansal.
19:01Mais au-delà de ça, d'ailleurs,
19:03est-ce que vous faites un parallèle,
19:05à quelques reprises, dans quelques pages
19:07de votre livre, entre la situation
19:09de la France aujourd'hui et celle
19:11de l'Algérie avant la guerre civile
19:13des années 90 ? Pourquoi ?
19:15C'est avec le risque et la montée
19:17d'une forme d'islamisation, c'est ça ?
19:19Quelle est la menace ?
19:21Oui.
19:23Dans la stratégie islamiste,
19:25un peu au moment
19:27où l'empire soviétique
19:29s'effondrait,
19:31qui levait la main sur
19:33beaucoup de pays, dont l'Algérie, les pays dits révolutionnaires.
19:35Et tout ça. Et donc là,
19:37il y a eu une opportunité pour
19:39les musulmans. Les pays
19:41musulmans, arabes ou musulmans,
19:43sont indépendants maintenant.
19:45Il faut absolument les ramener.
19:47Ils ont échappé au colonialisme
19:49français, anglais, etc.
19:51Ils se sont libérés,
19:53grâce aux Américains,
19:55de la chape de plomb soviétique.
19:57Alors,
19:59reformons le troupeau.
20:01Discours religieux, quoi.
20:03Alors l'idée, c'est de dire, est-ce qu'on va
20:05sur la ligne, le pan-arabisme,
20:07en se revendiquant en tant qu'arabe,
20:09auquel cas il y a des chrétiens là-dedans, il y a des juifs,
20:11il y a des musulmans chiites, sunnites,
20:13ou est-ce qu'on va vers le pan-islamisme ?
20:15Voilà.
20:17Donc là, il y a eu une division du travail.
20:19Bon, finalement, le pan-arabisme n'a pas duré
20:21longtemps. Il a suivi la chute de Moscou,
20:23parce qu'il était du type nationaliste.
20:25C'est un pan-arabisme...
20:27voilà, un peu...
20:29ultra-nationaliste. Il s'est effondré
20:31tout de suite, il ne restait plus que l'islam.
20:33Alors,
20:35les cibles, maintenant, comment on va propager l'islam dans le monde ?
20:37On va pas aller aux Etats-Unis, il y a trois musulmans,
20:39donc il faut se donner du temps.
20:41Les pays, maintenant, où
20:43il y a beaucoup de...
20:45enfin, il y a beaucoup de musulmans, évidemment,
20:47c'est l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, et en Europe,
20:49c'est la France et la Belgique,
20:51et l'Espagne, où existent des
20:53communautés musulmanes importantes. Donc, on a été
20:55les premières cibles.
20:57Pour les plus radicaux,
20:59quoi, parce qu'il y a des musulmans qui
21:01vivent très bien leur religion, et donc
21:03ça ne pose pas de problème, heureusement, bien sûr.
21:05Mais il n'y a pas la peine d'en parler, c'est des gens très bien,
21:07c'est peut-être même la grande
21:09majorité, ils sont gays,
21:11ils sont...
21:12Probablement opposés, d'ailleurs, à la radicalisation
21:14des autres, quoi.
21:15Très souvent.
21:16Très souvent, mais seulement en tant que
21:18majorité silencieuse.
21:19Oui, c'est ça.
21:20Voilà, c'est le problème, d'ailleurs, de la France,
21:22comme chez nous. C'est-à-dire,
21:24oui, ces musulmans des Lumières, où sont-ils ?
21:26Ils ne s'expriment pas.
21:28Alors, on ne sait pas, donc c'est une...
21:30Et donc, nous étions des cibles.
21:32Oui.
21:33Et un travail a commencé,
21:35alors c'est...
21:36D'abord, un, c'est
21:38inscrire l'islam dans le paysage.
21:40Parce que l'islamisation par l'environnement,
21:42c'est extraordinaire.
21:43C'est-à-dire ?
21:44C'est-à-dire que si je vous prends,
21:46vous, je vous mets
21:48dans un quartier d'Alger
21:50hyper islamisé, je suis sûr que
21:52dans six mois, vous serez musulmans.
21:54À vivre dans un environnement musulman,
21:56manger, vivre
21:58avec eux au jour le jour,
22:00vous allez trouver plein de choses à dire.
22:01On prend la culture.
22:02Vous prenez la culture.
22:03C'est comme quand nous, on vient
22:05en France, on arrive de notre...
22:07de nos campagnes, là-bas, en Afrique,
22:09on arrive ici, cinq, six heures après,
22:11bon, on est comme tout le monde.
22:13Donc, l'islamisation
22:15par l'environnement, c'est très puissant.
22:17Et puis, il y a ensuite, maintenant, la mosquée.
22:19Il faut...
22:21un repère quelconque.
22:23Ça a été les mosquées.
22:25La France, pendant longtemps,
22:27a empêché cela.
22:29Et puis, bon, il y avait...
22:30Il faut des lieux de prière.
22:31Il y avait 30 mosquées il y a 40 ans.
22:33Aujourd'hui, on tourne autour de 30 000.
22:35Il y en a une à chaque tournant.
22:37Et si...
22:39Et la mosquée n'est pas qu'un lieu de culte.
22:41C'est un lieu de gouvernement.
22:43Parce que,
22:45autour, il y a plein de...
22:47de conversations culturelles, cultuelles,
22:49pour l'Amec, commercial,
22:51toutes sortes.
22:53Voilà, c'est la mairie.
22:55C'est la mairie des musulmans.
22:57Donc, on se marie, on organise les fêtes,
22:59on fait les collectes.
23:01Est-ce que vous croyez, Boalem Sansal,
23:03que la majorité silencieuse
23:05dont vous avez parlé, peut un jour se faire entendre ?
23:07Justement.
23:09Ce serait nouveau dans le monde.
23:11Les majorités silencieuses...
23:13Elles ont du mal à s'exprimer.
23:15À temps en temps, il y a un élément parmi eux
23:17qui est la ras-le-bol.
23:19Le ras-le-bol qui se taire et qui décide d'agir.
23:21En ce moment, il passe
23:23dans les minorités agissantes.
23:25Il devient visible.
23:27Et donc, on ne le sait pas.
23:29Il faudrait faire des études
23:31plus sur les majorités silencieuses.
23:33Regardez,
23:35c'est le cas, tout à l'heure, vous avez parlé du RN.
23:37C'était, pendant très longtemps,
23:39une majorité silencieuse.
23:41Et qui s'était exprimée à travers les urnes.
23:43Et puis, d'un coup,
23:45une sorte de ras-le-bol.
23:47Et du coup, ils sont devenus
23:49une minorité agissante
23:51qui risque de devenir,
23:53qui normalement va devenir...
23:55Avec une influence, quoi.
23:57Merci beaucoup, Boilem Sansalle.
23:59Le français, parlons-en aux éditions du CERF.
24:01Merci d'être venu pour vos vérités
24:03sur Sud Radio, dans La Vérité en face.
24:05On se retrouve demain. Dans un instant,
24:07c'est Christine Bouillaud et Gilles Ganzemann.
24:09Jusqu'à midi, et ensuite, évidemment,
24:11il y a quelques jours, André Bercoff.
24:13Et puis, ce soir, dans les vraies voix,
24:15entre 17h et 20h, on reviendra, bien sûr,
24:17sur le discours de Politique Générale, cet après-midi,
24:19de Michel Barnier.

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