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Lundi 15 janvier 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain)

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Transcription
00:00 [Générique]
00:04 Chaque lundi, place à l'actualité américaine, l'actualité des entreprises et l'actualité politique bien sûr
00:10 avec notre cardeur américain et Pierre-Yves Dugas, notre correspondant américain, avec nous en visioconférence.
00:15 Commençons par les affaires industrielles et cette nouvelle séquence compliquée pour Boeing
00:21 quelques jours après l'accident du 737 Max 9 opéré par Alaska Airlines.
00:28 [Générique]
00:31 Écoutez, depuis cette catastrophe et depuis le début de l'enquête qui est menée par le Bureau fédéral des accidents,
00:40 organisme indépendant de Federal Aviation Administration, organe donc indépendant de l'organe régulateur de Boeing,
00:49 trois éléments nouveaux sont intervenus.
00:52 D'abord, d'un point de vue purement commercial, la Chine, très très discrètement,
00:58 les clients chinois du Boeing 737 qui étaient tout contents de recevoir bientôt leurs nouveaux appareils,
01:04 font savoir, avec un profil relativement bas car ils sont très embarrassés,
01:10 qu'ils ne vont pas exploiter ces avions tout de suite, ils vont procéder à de longues inspections.
01:15 Longues inspections qui sont d'ailleurs exigées dans un second temps par les autorités réglementaires chinoises.
01:21 Il avait fallu quatre ans pour que la Chine accepte à nouveau les 737 Max,
01:27 à la suite du deuxième accident tragique de Ethiopian Airlines.
01:30 C'était il y a un an, en janvier 2023, la Chine acceptait à nouveau ses avions.
01:35 Donc de nouveau, suspension de l'exploitation des 737 Max, quels que soient leurs modèles, nouvelles inspections.
01:47 Commerciellement, Boeing n'avait pas besoin de ça et ça intervient bien évidemment dans ce contexte
01:53 des relations commerciales et politiques qui sont très très tendues entre Pékin et Washington.
01:58 Deuxième élément nouveau, la FAA, donc le régulateur de l'aviation civile américaine,
02:08 a lancé un audit général de toutes les pratiques de fabrication et d'inspection des avions neufs
02:16 de Boeing. Ce qui est stupéfiant, on pourrait presque dire maléfique, c'est que jour pour jour,
02:26 le 6 janvier 2021, donc trois ans avant l'accident tragique d'Alaska Airlines,
02:35 le département de la justice signait avec Boeing un « Deferred Prosecution Agreement »,
02:42 un argument de poursuite différé qui prévoyait que Boeing ne soit pas poursuivi au pénal,
02:48 que personne n'irait en gros en prison chez Boeing, à condition que Boeing, un, verse beaucoup d'argent
02:55 aux constructeurs et aux familles des victimes, deux, un petit peu aussi sous forme punitive
03:01 au département de la justice, pas beaucoup d'ailleurs, moins de 250 millions,
03:06 et que pendant ces trois ans, Boeing se plie à un respect extrêmement strict
03:15 de tous ces nouveaux engagements de vérification, de sécurité, etc.
03:20 À quelques heures près, Boeing allait être libérée de cet engagement et l'accident tragique d'Alaska Airlines,
03:27 qui n'a fait aucune victime, c'est vrai, est intervenu. Il y a quelque chose d'assez stupéfiant
03:34 dans le timing de cette affaire, parce que du coup, tout cet accord de poursuite différé
03:43 est à nouveau suspendu et on attend de voir ce que le régulateur américain peut éventuellement trouver
03:50 dans les promesses qui sont censées avoir été tenues par Boeing depuis 2021.
03:57 Et bien évidemment, ce fournisseur de ce panneau qui cache la porte, société de Wichita, Kansas,
04:06 Spirit Aerial Systems, qui appartenait jusqu'en 2005 à Boeing, dont Boeing s'est débarrassé,
04:12 parce qu'à cette époque-là, on vendait tout ce qu'on pouvait au private equity
04:16 en pensant pouvoir dégager Boeing de toutes ses contingences industrielles
04:20 pour se concentrer sur l'innovation et le marketing.
04:24 C'est la première erreur industrielle de la vie générale maintenant.
04:27 Cette porte, ce panneau a été assemblé, c'est vrai, dans le Kansas,
04:33 comme l'essentiel du fuselage du 737 MAX 9, ensuite mis sur un train et 1 500 miles plus loin.
04:41 Ce panneau est à nouveau enlevé dans l'usine de Renton par Boeing
04:46 pour installer à l'intérieur de l'avion tous les équipements.
04:50 Donc il n'est pas évident que la société Spirit Aerial Systems soit responsable de ces boulons
04:56 que l'on a retrouvés dans une dizaine d'avions neufs et qui ont été mal serrés.
05:00 Peut-être que c'est directement la responsabilité des ouvriers de Boeing, ça, l'enquête va le dire.
05:06 - Crise grave quand même, Indec. On touche à des questions de safety, de sécurité,
05:10 dans une industrie comme l'aéronautique, évidemment, ça peut aller loin, très loin.
05:15 Et le marché en a bien conscience, puisqu'on a déjà un cours de bourse de Boeing
05:18 qui est en chute de plus de 15% depuis le 1er janvier, sur les premières semaines de janvier,
05:22 depuis l'accident du 6 janvier dernier.
05:26 Voilà pour la page industrielle. Venons dans la page politique, Pierre-Yves,
05:30 avec déjà une nouvelle importante, puisqu'on a beaucoup parlé du risque de shutdown,
05:35 de fermeture des administrations américaines qui pesaient encore en ce début d'année aux États-Unis.
05:40 Une nouvelle loi de dépense a pu être votée au Congrès pour repousser cette échéance jusqu'au mois de mars.
05:50 Peut-être, je vous vois lever le doigt, Pierre-Yves.
05:53 - C'est pas encore fait. - C'est pas encore fait.
05:55 - C'est pas encore fait. Il faut que ça intervienne avant vendredi minuit.
06:01 Au Sénat, c'est faisable. À la Chambre, ça risque d'être un petit peu plus compliqué.
06:07 Le nouveau speaker de la Chambre, M. Mike Johnson, a accepté quelque chose qui a mis en colère,
06:15 alors il devrait qu'il se mette en colère très facilement la douzaine de Trumpistes à la Chambre,
06:20 qui les a mis en colère. Il a repris à son compte le compromis qui avait été négocié l'an dernier
06:24 entre son prédécesseur, Kevin McCarthy, et le président Biden,
06:28 pour fixer les dépenses discrétionnaires à 1 660 milliards de dollars.
06:33 Juste un petit pas en arrière, ces dépenses discrétionnaires ne concernent que ce que le Congrès doit explicitement voter ou tolérer.
06:41 L'essentiel des dépenses fédérales américaines échappe à ce contrôle, c'est plus de 4 000 milliards de plus.
06:47 En acceptant cela, le principe de ce plafond de 1 660 milliards,
06:54 ce que Michael Johnson essaie de faire, c'est de respecter la Constitution américaine
06:59 et les procédures classiques qui veulent que les douze lois de finances qui constituent le budget soient votées par les deux chambres,
07:06 dans les deux cas. Plutôt que le système qui est effectivement en vigueur depuis des années,
07:10 où on ne les vote jamais, mais on vote une énorme loi qui met tout dedans,
07:16 cette fameuse "omnibus bill", avec des tas de compromis, plus ou moins d'ailleurs cachés et illisibles,
07:23 des lois de 2 000 pages que personne ne peut lire.
07:26 Alors c'est très bien en principe, et c'était nécessaire parce qu'en reprenant ce compromis négocié l'an dernier avec Joe Biden,
07:34 on évite les coupures automatiques.
07:37 Et il y a des conservateurs au sein des partis républicains qui ne voulaient pas qu'on ait des coupures automatiques dans le budget militaire.
07:42 Le problème, c'est que pour mettre en place ce système de vote des douze lois,
07:49 il faut beaucoup de temps, et on n'a pas le temps d'ici vendredi de négocier tout ça,
07:54 donc il va falloir rallonger la sauce encore du temporaire jusqu'à début mars,
07:58 par une nouvelle "continuing resolution" qui probablement sera passée au Sénat,
08:02 mais qui à la Chambre va être difficile à passer, parce que, alors là c'est de l'arithmétique, c'est invraisemblable, mais c'est comme ça,
08:09 la très courte majorité républicaine à la Chambre est en train de fondre comme neige au soleil,
08:15 et Dieu sait s'il fait froid en ce moment à Washington.
08:18 Pourquoi ? Kevin McCarthy est parti.
08:22 Donc une voix républicaine de moins dans cette courte majorité républicaine.
08:27 George Santos a été exclu, donc il n'est plus là pour voter avec les républicains,
08:33 tant qu'il n'a pas été remplacé dans sa circonscription de l'État de New York.
08:36 Et on a un troisième, Johnson, Bill, cette fois-ci, de l'Ohio, qui le 21 janvier va partir en retraite.
08:42 Les républicains ne peuvent plus supporter que deux abstentions dans leur propre camp,
08:48 pour se faire passer une résolution continuelle.
08:50 Donc ils vont avoir besoin plus que jamais de quelques voix démocrates,
08:54 et cette fois-ci les démocrates sont prêts à sauver la peau, au moins jusqu'au début mars, de Kevin McCarthy.
08:59 Mais c'est l'humiliation suprême pour Mike Johnson, pardon,
09:03 de devoir compter sur le bon vouloir de quelques démocrates pour sauver sa peau jusqu'au début mars.
09:09 Un point important.
09:12 Mike Johnson parle régulièrement au téléphone avec Donald Trump.
09:17 Donald Trump, a priori, ne souhaite pas qu'il y ait de shutdown pendant les primaires du New Hampshire la semaine prochaine,
09:23 et reporte au mois de mars un éventuel shutdown.
09:28 Je pense que l'une des clés pour comprendre ce changement de calendrier,
09:32 cette réduction de la majorité républicaine,
09:35 c'est l'acquiescement très discret de Trump pour éviter le shutdown pour le moment.
09:43 Mais on en reparlera au mois de mars.
09:45 Oui, parce qu'il serait très content de voir l'économie américaine se crasher dans les 12 mois.
09:51 Après, il y a quand même un peu de tactique et de calendrier électoral
09:55 qu'il faut considérer dans ses affaires à Washington et au Congrès.
10:00 Pierre-Yves, un mot du coup d'envoi avec le caucus de l'Iowa,
10:05 qui donne le coup d'envoi du processus de sélection du candidat ou de la candidate républicaine pour cette élection présidentielle.
10:14 Qu'est-ce qu'on peut dire à ce stade ?
10:16 J'ai vu que Chris Christie avait quitté la course, jeté l'éponge.
10:19 Est-ce qu'il a soutenu un ou une candidate potentielle à cette élection ?
10:24 Et que peut-on dire du trio tête, avec Trump très devant et Nikki Haley en seconde position pour ce caucus de l'Iowa ?
10:34 La semaine dernière, je vous disais que la course dans l'Iowa, c'est la course pour le numéro 2.
10:39 Est-ce que ça sera des synthèses Nikki Haley ?
10:41 A priori, Nikki Haley va devancer des synthèses. Je ne serai pas surpris que des synthèses laissent tomber.
10:48 C'est ce que vous disiez, s'il n'est pas numéro 2 sur l'Iowa et New Hampshire, il jettera l'éponge directement.
10:55 Ce serait en tout cas le choix rationnel pour Ron DeSantis.
10:58 Absolument. S'il est troisième dans l'Iowa, c'est une très mauvaise nouvelle,
11:03 parce qu'en plus il a le soutien d'un gouverneur assez populaire local.
11:07 Peut-être attendra-t-il le New Hampshire pour voir s'il arrive à sauver les choses.
11:13 Le départ de l'ancien gouverneur du New Jersey est une bonne nouvelle pour Nikki Haley,
11:21 parce que c'est un républicain relativement modéré par rapport à Trump, en tout cas.
11:27 L'essentiel des gens qui s'intéressaient à Chris Christie se reporteront sur Nikki Haley,
11:34 en particulier dans le New Hampshire.
11:37 L'espoir de Nikki Haley serait de battre Donald Trump dans le New Hampshire,
11:42 ou de s'approcher considérablement de lui, ce qui d'après les sondages n'est pas encore le cas.
11:47 Mais de plus en plus, on pense que si quelqu'un peut battre Donald Trump,
11:53 ce qui apparaît peu vraisemblable, mais si quelqu'un peut le battre, ce serait Nikki Haley.
11:59 - Nous suivrons ça au fil de l'eau avec ce jour symbolique et ce caucus de l'AOA
12:06 qui lance de facto la course à la candidature républicaine pour cette élection présidentielle.
12:13 Merci beaucoup Pierre-Yves Dugas avec nous chaque lundi pour ce quart d'heure américain
12:18 dans Smart Bourse sur Bsmart et à retrouver bien sûr en replay sur bsmart.fr
12:24 ou en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
12:27 [Musique]

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