La colère continue de monter chez les agriculteurs en France comme en Europe d'ailleurs. La région Occitanie donne le la. Cela fait plusieurs jours maintenant que la profession bloque l'A64 avec un risque de contagion très rapide. Pour en parler, RTL reçoit Nicole Ouvrard, ingénieure agronome, directrice déléguée de l'agence Agra (agence de presse spécialisée en agriculture).
Regardez L'invité de RTL Midi du 22 janvier 2024 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.
Regardez L'invité de RTL Midi du 22 janvier 2024 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL midi.
00:04 Agnès Bonfillon, Éric Brunet.
00:06 On va continuer le combat, et ce combat on va le continuer en toute la France, mais avec dignité.
00:11 Je vous annonce que d'ici mercredi, la France sera paralysée.
00:14 La colère continue de monter chez les agriculteurs, en France comme en Europe d'ailleurs.
00:19 Et la région, l'Occitanie, donne le lad en ce pays.
00:23 Cela fait plusieurs jours maintenant que la profession bloque l'autoroute A64 dans le Sud-Ouest,
00:29 avec un risque de contagion très très rapide.
00:32 Et pour en parler avec nous, nous sommes avec Nicole Ouvrard. Bonjour Madame.
00:35 Bonjour.
00:36 Vous êtes ingénieure agronome, directrice déléguée de l'agence AGRA, l'agence de presse spécialisée en agriculture.
00:43 Alors on l'entend, les agriculteurs français dénoncent les normes européennes.
00:47 Ces normes, est-ce qu'on est d'accord ? Elles sont les mêmes pour tout le monde en Europe ?
00:51 Alors elles sont les mêmes pas tout à fait, parce que depuis la dernière réforme de la PAC,
00:58 on a eu une déclinaison dans chacun des pays des États membres.
01:05 Donc la PAC ne s'applique pas tout à fait de la même façon dans chacun des pays.
01:09 Pourquoi est-ce que chez nous c'est plus dur ?
01:12 Pourquoi est-ce que le monde agricole en France subit plus durement ces normes ?
01:19 Prenons l'exemple du glyphosate.
01:21 L'objectif en Europe est de l'éradiquer complètement, mais on veut le faire plus vite chez nous en France.
01:27 Alors effectivement ça a été un énorme débat dans les années précédentes,
01:33 avec une crainte très forte de la suppression de ce glyphosate,
01:38 qui est une solution technique pas chère on va dire,
01:44 et efficace pour mettre en oeuvre certaines pratiques agricoles,
01:48 notamment pour pouvoir se passer du labour,
01:52 qui a des conséquences sur la consommation de carbone.
01:56 Tout est lié.
01:58 Donc effectivement en France on a aujourd'hui...
02:02 Alors le glyphosate reste autorisé, mais avec des restrictions d'usage en quantité.
02:08 Voilà, aujourd'hui ce débat est un petit peu plus apaisé que les années précédentes,
02:14 on va dire, depuis la réautorisation dans le cadre de l'Union Européenne.
02:18 En revanche il y a un débat sur l'eau.
02:20 Il y a un débat sur l'eau, il y a un gros débat sur l'eau,
02:23 et notamment en Occitanie, qui est une région qui est très concernée par cette question de l'eau,
02:32 à la fois sur les restrictions d'usage,
02:36 c'est-à-dire que chaque été il y a des interdictions en volume à un moment d'utiliser l'eau,
02:44 ce qui peut se comprendre, les agriculteurs peuvent le comprendre,
02:48 mais il faut que ce soit organisé et que l'activité agricole reste encore possible.
02:54 On est dans une région, là en Occitanie, où on a pu garder des exploitations relativement petites en taille,
03:01 parce qu'elles ont justement l'irrigation,
03:04 notamment pour produire des cultures spécialisées et notamment aussi des semences,
03:11 qui demandent une technicité très élevée, mais qui demandent dans les cahiers des charges l'irrigation.
03:18 - Alors il y a une loi, la loi EGalim, qui était censée normalement garantir une meilleure rémunération des producteurs,
03:25 mais cette loi a eu paradoxalement des effets pervers, il y a des injonctions contradictoires, ça devient compliqué là.
03:32 - Alors effectivement, la loi EGalim, elle a eu quand même quelques effets positifs,
03:39 l'idée de cette loi EGalim, elle est pour mieux répartir la valeur entre les différents acteurs,
03:46 donc agriculteurs, transformateurs et distributeurs.
03:50 Sur certains secteurs, ça a eu un effet positif, par exemple pour le lait,
03:55 mais l'objectif, il était aussi de monter en gamme sur les produits globalement.
04:01 Le problème, c'est qu'il y a eu un retournement là, on a assisté à un retournement avec l'inflation,
04:07 et aujourd'hui les consommateurs, ils veulent aussi du bas de gamme, ils veulent aussi des produits moins chers.
04:13 Et là aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ? La grande distribution va les chercher ailleurs, dans les pays tiers.
04:20 - Des produits qui n'appliquent absolument pas les normes imposées par Bruxelles.
04:24 - Exactement, voilà, exactement. C'est là où effectivement il y a une difficulté de compréhension du monde agricole, c'est clair.
04:32 - On le voit, la colère s'étend en Europe, est-ce que l'on peut dire que les revendications finalement sont les mêmes,
04:38 que ce soit en Pologne, en Allemagne, en Espagne, ou pas ?
04:42 - Alors non, déjà il faut bien voir qu'on est à l'approche des élections européennes.
04:49 Donc on peut aussi se dire que toutes ces manifestations, elles ont un objectif d'être entendues au niveau de l'Europe.
04:57 Il faut bien toujours penser que la PAC, c'est 33% du budget global de l'Union Européenne,
05:02 et que l'agriculture européenne est régie par l'Union Européenne.
05:07 Donc la pression elle est là aussi, il ne faut pas l'oublier.
05:10 Après les raisons de la colère au départ ne sont pas les mêmes.
05:15 En Pologne, c'est parce qu'on a ouvert les frontières pour pouvoir faire rentrer les céréales dans l'Union Européenne,
05:23 parce que les Ukrainiens ne peuvent plus passer par la mer Noire.
05:27 Du coup, ces céréales ont complètement déstabilisé le marché européen,
05:33 alors qu'il faudrait qu'elles ne fassent que transiter pour aller vers les consommateurs,
05:39 les acheteurs de grains ukrainiens, qui sont situés plutôt, on va dire, en Afrique subsaharienne,
05:49 et puis l'Egypte, le Maghreb.
05:53 Donc là il y a un problème. L'Allemagne, c'est les carburants.
05:56 Clairement c'est le problème des carburants, de l'énergie.
05:59 Les Pays-Bas, c'est l'azote, avec une diminution du cheptel qui a été imposée
06:03 parce qu'ils ont des très grandes exploitations et qu'il y a un gros problème nitrate.
06:07 Vous voyez, donc les causes sont différentes.
06:09 - Bien compris. Merci beaucoup Nicole Ouvrard, ingénieure agronome et directrice déléguée de l'agence Agra.
06:16 - Alors, dans un instant, RTL midi, votre vie, j'arrête de râler.
06:19 Ça fait peut-être partie de vos bonnes résolutions de 2024.
06:23 Plus simple à dire qu'à faire, on en parle dans un instant.
06:26 - Vous ne râlez jamais. Vous n'avez un caractère en or.
06:30 - Oui, oui, qu'avec vous. - A tout de suite.
06:32 Votre avis compte. Venez l'exprimer sur RTL au 30210.
06:36 [SILENCE]