La colère des agriculteurs gagne l'Île-de-France... La région peut-elle être bloquée ? Le gouvernement doit-il accélérer sa réponse ? Écoutez l'interview de la présidente "Les Républicains" de la région Île-de-France.
Regardez L'invité de RTL du 25 janvier 2024 avec Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43 l'île de France va-t-elle être entièrement bloquée par les agriculteurs ?
00:11 Amandine vous recevez ce matin sa présidente Valérie Pécresse.
00:14 Valérie Pécresse, on l'évoquait cette mobilisation des agriculteurs qui
00:17 continuent de prendre l'ampleur avec essais nouveaux ce matin des opérations en île de France, une opération escargot notamment
00:24 dans les Yvelines qu'on suit depuis tôt ce matin sur la nationale 12.
00:28 Que dites vous ce matin au gouvernement ? Il faut agir et vite, on ne peut pas attendre ?
00:32 Absolument.
00:34 Je suis en profonde sympathie avec le mouvement des agriculteurs et c'est vrai que
00:38 j'entends leur exaspération et la colère. Vous le savez, ils travaillent dur, ils se lèvent tôt, ils nous nourrissent
00:44 et ils ont le sentiment qu'ils n'arrivent plus à vivre dignement de leur travail.
00:47 Et ils ont le sentiment aussi, et c'est plus profond, d'être mal aimés. Ils ont le sentiment qu'on
00:53 leur ramasse des normes ubuesques sur la tête. Alors il y a les normes européennes bien sûr mais...
00:58 Mais ça fait des années qu'on entend ça. Oui mais vous savez il y a des gouttes d'eau qui font déborder le vase.
01:03 Souvenez-vous des gilets jaunes. Là en l'occurrence c'est l'augmentation du gazole non routier, le gazole des agriculteurs.
01:10 Qui aujourd'hui va augmenter parce que les taxes vont être
01:15 harmonisées avec le gazole normal. Il faut revenir sur cette baisse des subventions ?
01:21 Moi je crois qu'il y a des mesures de court terme qui peuvent être prises mais là encore je le redis c'est du
01:26 long terme, c'est du plus profond que ça. Et sur le court terme, le GNR, est-ce que ce serait symbolique, concret ?
01:32 Ça peut être une mesure symbolique et de court terme. Et coûteuse ? Un milliard d'euros pour l'État ?
01:37 Je ne suis pas sûre que cette mesure soit vraiment à la, j'allais dire,
01:42 à l'échelle de ce que demandent nos agriculteurs. Vous savez quand vous avez un code rural
01:46 qui passe à 3000 pages, quand on vous interdit de curer vos fossés pour
01:51 vous protéger contre les inondations, qu'on vous interdit de faire des bassines de rétention d'eau de pluie pour prévenir les sécheresses,
01:58 quand on vous dit de planter des haies mais qu'on vous met 17 directives pour vous expliquer comment il faut faire,
02:03 quand on vous dit faites du bio mais que vous êtes une éleveuse laitière et on vous dit "ah ben finalement
02:08 vous n'allez pas pouvoir livrer votre lait cru
02:10 aux fabricants de yaourt, aux glaciers".
02:12 Et concrètement on fait quoi ? On ne peut pas les desserrer ? C'est énorme les mettre à la poubelle ?
02:14 Oui bien sûr que si, vous savez quand j'étais
02:16 candidate à la présidentielle en 2022, j'avais proposé un comité de la hache.
02:20 Un comité de la hache pour hacher menu toutes ces réglementations qui pourrissent la vie de tous les français.
02:26 Agriculteurs d'abord, mais tous les français parce que c'est dans la vie quotidienne
02:29 que ça nous empêche d'avancer. On met des boulets au pied des français. Alors il n'y a pas de copyright sur les bonnes idées.
02:35 Celle-là elle peut être reprise.
02:37 C'est-à-dire que vous dites ce matin Gabriel Attal, prenez la hache.
02:39 Mais bien sûr et il faut débureaucratiser, il faut aussi décentraliser
02:43 parce que c'est au plus près des territoires qu'on arrive à faire de bonnes politiques.
02:47 C'est assez facile à dire, je pense que tout le monde est à peu près d'accord.
02:50 Sauf que par exemple si demain vous dites à l'Europe "on se passe des normes, celles-ci on les enlève",
02:55 l'argent de la PAC par exemple, les agriculteurs ne le reçoivent plus.
02:58 Mais c'est bien ce que je vous disais, il y a les normes européennes
03:00 où là-dessus il faut qu'on soit très vigilant et puis il faut qu'on soit très offensif à question de se faire imposer
03:05 des normes européennes parce qu'on n'a juste pas assez travaillé à Bruxelles.
03:09 Donc le sujet de Bruxelles il est important.
03:11 Mais c'est toute la surtransposition des normes.
03:14 Si vous saviez, moi j'étais il y a deux jours dans le Vexin à la frontière de la Normandie
03:18 pour bavarder et prendre le pouls de mes agriculteurs.
03:21 Et tout ce qu'ils m'ont raconté sur ce qu'on les empêchait de faire,
03:25 ça venait des normes franco-françaises.
03:27 Ça venait des interdictions des architectes des bâtiments de France
03:31 qui leur interdisent de poser leur panneau solaire.
03:33 Vous savez, nos parlementaires, ils devraient aussi s'auto-censurer sur la production de normes.
03:38 Nos ministères, ils devraient arrêter de complexifier encore les lois.
03:42 Il faudrait arrêter de faire des lois.
03:44 Il faudrait arrêter cette overdose législative et réglementaire
03:49 qui est terriblement française et qui nous empêche d'avancer.
03:52 Et qui coûte très cher aussi aux contribuables.
03:54 Parce que vous parliez des 1 milliard d'euros de taxes sur le gasoil.
03:57 Mais ces taxes, elles servent à quoi ? Elles servent à alimenter la bureaucratie.
04:00 À propos de prix, il y a la question aussi du prix d'achat des produits agricoles.
04:05 En théorie, la loi EGalim protège les agriculteurs
04:08 qui ne peuvent pas se voir acheter leurs produits en dessous du prix de revient.
04:12 Dans les faits, les agriculteurs qu'on a eus sur l'antenne depuis plusieurs jours,
04:15 nous le disent tous, le litre de lait par exemple, il leur coûte 49 centimes d'euros à produire.
04:20 Et on leur achète 40 centimes. Il y a un problème là.
04:23 Mais absolument, il faut que la loi EGalim soit appliquée.
04:26 Et comment ?
04:27 Aussi à la grande distribution, faites le job. Aux industriels, faites le job.
04:31 Ce sont eux qui font...
04:32 Alors, pour le coup, on a mis en place une réglementation et elle n'est pas appliquée.
04:36 Et c'est celle qui protégerait nos agriculteurs.
04:38 Le sujet, il est simple. On ne peut pas continuer à produire et à ne pas vendre au prix de production.
04:44 C'est impossible. Ça ne marche pas. On marche sur la tête.
04:46 Et qu'est-ce qu'on fait en France ?
04:48 On empêche les agriculteurs de produire au juste prix, de vendre au juste prix.
04:55 Et ensuite, on leur fait des chèques pour leur rembourser avec l'argent du contrib.
04:58 Vous voyez bien qu'on marche sur la tête.
04:59 Le mouvement des agriculteurs a pris ce mot d'ordre. On marche sur la tête.
05:02 Mais c'est vrai qu'on marche sur la tête.
05:04 On n'a pas fait la PAC, on n'a pas fait l'Europe, la Politique Agricole Commune
05:08 pour vendre les produits en dessous de leur prix de production.
05:11 Donc il faut faire appliquer la loi.
05:13 Il faut faire appliquer EGalim et par ailleurs, il faut arrêter d'importer des produits à bas coût
05:19 de pays qui ne respectent pas nos normes.
05:21 Parce que ça, ce n'est pas acceptable pour personne.
05:23 Ça veut dire qu'on mange, nous, des produits bourrés de pesticides.
05:26 On mange des produits OGM et on n'a pas le droit...
05:30 Sauf que vous comprenez le consommateur, ils sont moins chers ces produits.
05:33 Parce qu'on dit que c'est un peu la faute du consommateur.
05:36 Moi, je comprends tout. Je comprends le consommateur.
05:39 Mais à un moment donné, il faut quand même qu'on remette l'église au milieu du village
05:44 et le paysan au milieu du pays.
05:46 C'est une question de souveraineté alimentaire.
05:48 Si on veut produire français, manger français et manger du bon...
05:51 Donc il faut surtaxer les produits qui viendraient de l'étranger ?
05:53 Mais il faut surtout, oui, les empêcher de venir.
05:56 Et si on les laisse venir, obliger ces pays à respecter les mêmes normes que nous.
06:01 Valérie Pécresse, avant que vous n'y arriviez...
06:02 Mais le gouvernement l'avait promis depuis des années.
06:04 Le problème, c'est que les agriculteurs, pourquoi ils sont exaspérés ?
06:06 C'est parce qu'on les balade. On les balade depuis des années.
06:09 On leur dit les bons mots, les bonnes phrases qu'ils ont envie d'entendre.
06:13 Et dans la réalité des faits, on fait le contraire.
06:15 Avant ces annonces sur l'agriculture, il y a cette décision très attendue aujourd'hui,
06:18 celle du Conseil constitutionnel sur le projet de loi immigration.
06:21 On va savoir si ce qui a été voté avant Noël est bien conforme et peut donc s'appliquer.
06:25 A priori, une partie du texte sera retoquée parce que jugé non constitutionnel.
06:30 Si c'est le cas, c'est quoi ? C'est un échec ? Un revers pour les républicains ?
06:34 Mais d'abord, prenons un peu de hauteur.
06:37 La situation de l'immigration en France, elle est hors contrôle.
06:40 Et je le dis en tant que présidente de l'île de France.
06:44 Je la vois, je le vois partout, sur tout mon territoire.
06:48 Comme la région qui accueille la moitié des migrants qui arrivent en France chaque année.
06:52 La moitié. Je n'ai jamais vu autant de clandestins à la rue que cet hiver.
06:56 Mais cette loi, elle règle le problème ?
06:58 La situation est hors contrôle. Donc cette loi, elle est utile.
07:01 Tous les outils qui sont dans cette loi sont utiles pour reprendre le contrôle de l'immigration.
07:06 Elle est nécessaire mais elle n'est pas suffisante.
07:08 Alors, c'est vrai qu'il va y avoir le Conseil constitutionnel qui va se prononcer aujourd'hui.
07:11 Deux choses. Soit il censure. Il va certainement censurer.
07:16 Mais il faudra à ce moment-là que les dispositions qui sont censurées soient reprises.
07:21 Il ne faut pas que le gouvernement...
07:22 Vous avez vu ce que ça a donné avant les faits ?
07:26 Il ne faut pas que le gouvernement tourne la page, regarde ailleurs et se prive de ses outils.
07:31 Ils sont tous nécessaires. Ça c'est la première chose.
07:33 Donc il faudra remettre la loi sur le métier.
07:35 Et la deuxième chose, c'est que de toutes les façons, on ne s'en sortira pas sans une réforme de la Constitution.
07:40 Pourquoi ? Parce que c'est seulement une réforme de la Constitution.
07:43 Sauf qu'elle n'a aucune chance d'aboutir cette réforme de la Constitution.
07:45 Vous croyez que si vous faites un référendum pour dire "on stoppe l'immigration incontrôlée", vous n'aurez pas une majorité du pays ?
07:50 Vous croyez que les Français ne la voteront pas cette réforme ?
07:52 Vous demandez un référendum ?
07:53 Je demande une réforme de la Constitution.
07:55 Et s'il n'y a pas de majorité pour la voter, je demande qu'on s'adresse au peuple.
07:59 Il y a deux choses qu'il faut mettre dans la Constitution.
08:01 Les quotas migratoires pour reprendre le contrôle,
08:03 mais aussi que nul ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour échapper à la loi de la République,
08:10 ou se soustraire à la loi de la République.
08:12 C'est une très belle phrase du Sénat qui dit aussi que nous devons réussir l'intégration.
08:17 Parce qu'il n'y a pas que l'immigration subie, il y a aussi l'intégration ratée dans notre pays.
08:21 Valérie Pécresse, je voulais entendre aussi votre réaction après la nomination de Rachida Dati au ministère de la Culture.
08:27 On en a beaucoup parlé ces derniers jours, ça a beaucoup surpris.
08:29 Est-ce que vous considérez comme beaucoup à droite qu'elle a trahi son camp ?
08:32 Elle nous a quittés on va dire.
08:36 Mais moi ce que je crois, c'est que débaucher une ministre de droite, ça ne fait pas une politique de droite.
08:41 Donc le sujet aujourd'hui c'est quelle politique le gouvernement Macron, le gouvernement Attal veut mener pour le pays.
08:47 Et il faut qu'on arrête les zigzags, il faut qu'on ait une politique assumée de droite,
08:52 qu'on remette de l'ordre aux frontières, qu'on remette de l'ordre dans la rue, qu'on remette de l'ordre dans les camps.
08:56 On ne vous l'a jamais proposé vous le gouvernement depuis 2017 ? Jamais ?
08:59 Écoutez, premièrement non, et deuxièmement j'aurais dit non.
09:03 Mais le sujet aujourd'hui, parce que le sujet aujourd'hui pour moi c'est la ligne politique de ce gouvernement.
09:08 Et aujourd'hui cette ligne politique c'est un zigzag permanent, c'est une godille permanente.
09:13 Et cette godille elle est inefficace.
09:15 Donc on a besoin aujourd'hui d'une déclaration de politique générale.
09:18 Ce sera mardi ?
09:19 Mardi, qui tranche la ligne.
09:21 Et M. Attal doit s'engager sur la débureaucratisation, sur la décentralisation,
09:25 sur la priorité absolue à donner à l'école, sur le rétablissement des services publics.
09:29 Ça ressemble à un programme présidentiel Valérie Pécresse.
09:32 C'est fini ? C'est fini ou pas ?
09:34 Je l'ai déjà détaillé.
09:35 Vous n'y pensez plus du tout ?
09:36 Je vous dis, pas de droit d'auteur pour les bonnes idées.
09:38 Maintenant on a besoin d'une ligne droite et de creuser un sillon droit, comme dirait nos agriculteurs.
09:43 En 2027 vous me dites non ?
09:44 Je vous dis aujourd'hui que franchement j'ai l'humilité de savoir que j'ai subi une lourde défaite.
09:51 Et aujourd'hui ce que je veux c'est surtout redresser mon pays.
09:54 Et à la place qu'est la mienne, faire le maximum pour nos agriculteurs par exemple.
09:57 Parce que ce que je ne vous ai pas dit, c'est que ma grande angoisse aujourd'hui quand je vois ce mouvement,
10:02 c'est est-ce que nous aurons encore des agriculteurs demain ?
10:04 Et le sujet de la transmission des exploitations est un sujet clé.
10:08 C'est pour ça que la région Île-de-France par exemple se décarcasse en mettant en place les aides à l'installation des agriculteurs les plus fortes de France.
10:14 Et un dispositif très innovant pour aider les cédants, les agriculteurs en place, à céder leur exploitation à des plus jeunes,
10:22 en restant deux ans sur l'exploitation, avec 30 000 euros de complément retraite quand même.
10:26 Merci beaucoup Valérie Brébeuf.
10:27 Il faut des bonnes idées pour aider nos agriculteurs.
10:29 Vous restez avec nous ou vous êtes dans l'oeil de FI ?
10:31 [SILENCE]