• il y a 11 mois
Nicolas Chabanne, le fondateur de la marque "C'est qui le patron", qui s'attèle à rémunérer les producteurs aux justes prix, nous donne son regard sur la colère des agriculteurs.
Regardez L'invité de RTL Soir du 25 janvier 2024 avec Marion Calais et Julien Sellier.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julia Selier, Marion Calais et Cyprien Signy.
00:08 RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:10 RTL bonsoir, on continue de prendre le pouls à 18h et 21 minutes de nos campagnes ce soir en ce jeudi noir avec des blocages d'agriculteurs dans 85 départements et maintenant cette menace d'un blocus sur Paris.
00:22 Demain, notre invité face à l'événement aujourd'hui, c'est quelqu'un qui connaît parfaitement ce monde. Bonsoir Nicolas Chaban.
00:28 Merci d'être avec nous, vous êtes le fondateur de la marque de la coopérative.
00:31 C'est qui le patron marque que nos auditeurs retrouvent dans leur magasin.
00:35 Vous vendez du lait, des oeufs, des yaourts et j'en passe au juste prix.
00:38 C'est à dire que les producteurs sont rémunérés aux tarifs qu'ils réclament.
00:41 Votre regard sur le moment que le pays est en train de vivre.
00:44 Vous dites que la détresse n'a jamais été aussi forte depuis 20 ans. C'est à ce point là ?
00:48 On n'a jamais ressenti à ce point, surtout l'expression de cette détresse encore plus que colère.
00:55 On connaît bien la vie des producteurs. Rien ne nous étonne dans le fait qu'aujourd'hui, ils expliquent à tout le monde que c'est intenable.
01:03 Après, on peut transformer cet immense traumatisme national aujourd'hui en une chance incroyable.
01:10 C'est que si demain, on se réveillait dans un pays où les producteurs qui nous nourrissent passaient d'un rôle d'accompagnateur de nos vies,
01:18 en étant mal payés à "on vous protège, vous nous nourrissez, vous êtes important pour notre société", on aurait, je pense, tout gagné.
01:25 Votre initiative "Payez justement nos paysans", c'est un peu le sens de l'appel d'une certaine Karine Lemarchand.
01:31 La présentatrice historique de "L'amour est dans le pré" était avec nous lundi dans l'émission. Écoutez ce qu'elle réclamait.
01:37 Il faut la transparence du prix d'achat de la matière première à l'agriculteur.
01:44 Un kilo d'endive, il est acheté 2,20 euros par exemple à l'agriculteur et revendu 4,50 euros.
01:51 La marge qui est faite par les intermédiaires, on pourra tout de suite la calculer.
01:55 On est dans un système catastrophique où on ne parle que des promotions.
01:59 Elle a raison. Il faut de la transparence, qu'on sache sur chaque produit combien revient au producteur et si c'est assez.
02:07 Oui, on se parle très souvent avec Karine Lemarchand et on se parle de ce sujet-là.
02:12 On en a parlé, les endives, c'est un cas précis, c'est dans le Nord.
02:15 L'exemple concret, peut-être qu'elle vous l'a expliqué, mais j'avais entendu une interview.
02:20 Ce sont des producteurs d'endives qui retrouvent leurs produits vendus très cher en supermarché alors qu'eux ne gagnent pas leur vie.
02:27 Là, il y a quelque chose à faire d'évident avec la transparence.
02:31 Regardez-nous consommateurs, c'est le principe de "C'est qui le patron ?"
02:34 D'abord, une première chose, la première question à poser pour que tout change, c'est combien vous, producteurs, vous devez gagner ?
02:40 On ne démarre jamais par cette question.
02:42 C'est finalement à la fin qu'on dit aux producteurs "Voilà ce que tu peux avoir".
02:45 Une fois qu'on a ce chiffre-là, on remonte en créant un bloc de marge.
02:50 C'est ce qu'on fait depuis 7 ans, je ne vous parle pas de quelque chose de rêvé, d'utopique.
02:53 Le bloc de marge permet à tout le monde de gagner sa vie.
02:56 Et là, on a deux assurances, que les endives, le lait, le beurre, sont vendus à un prix qui rémunère bien le producteur.
03:03 Mais que nous, consommateurs, on n'est pas non plus face à un produit avec des marges fantaisistes.
03:07 Voilà ce qu'est l'avenir sans doute de notre consommation, c'est de la transparence.
03:12 Vous savez aussi pourquoi c'est rendu très difficile par la fameuse loi qui interdit que les marges soient connues, pour des raisons européennes.
03:20 Alors, vous dites "c'est l'avenir", mais pour que ce soit l'avenir, il faut que la grande distribution et les industriels jouent le jeu.
03:27 Parce que les marges, c'est ce qui revient de leur poche.
03:29 On est en pleine négociation commerciale en ce moment pour fixer les tarifs dans les mois à venir.
03:33 Dites-nous franchement, les Leclerc, les Carrefour, les Intermarché, et puis toutes les grandes marques industrielles, et elles sont très nombreuses,
03:39 elles ne jouent pas le jeu.
03:40 Aujourd'hui, elles se fichent un petit peu de savoir si le producteur, il va avoir ce dont il a besoin dans son champ et dans sa ferme ?
03:48 Alors, ils font certaines choses, notamment avec des produits locaux, où clairement, on peut voir qu'il y a des efforts de fait.
03:52 Il y a 20 ans, il n'y avait quasiment aucun effort, il y en a quelques-uns.
03:55 Mais pour qu'ils puissent jouer le jeu, il faut quand même qu'ils s'enlèvent ce parapluie de la loi
04:00 qui leur interdit même de signaler leur marge.
04:03 Parce que vous voyez un peu à quel point c'est beaucoup plus facile.
04:06 Je vais vous raconter l'histoire concrète de ce qui a tout changé lorsqu'on était en relation avec eux.
04:12 Nous consommateurs, puisqu'on a discuté d'abord avec le producteur,
04:17 on est arrivé dans un rendez-vous de grande surface, vos confrères de France 2 l'avaient filmé,
04:21 en disant, voilà, c'était le lait à l'époque, nous avons calculé le prix du lait, celui-là paye bien le producteur,
04:27 la marge est convenable pour tout le monde, nous consommateurs ça devient le juste prix,
04:32 s'il vous plaît, mettez au prix conseillé voté qui est sur la brique de lait ce produit en rayon.
04:38 Et pour la première fois, alors les juristes se sont un peu arrachés les cheveux au début en disant...
04:42 - Donc en gros vous imposez le prix au distributeur ?
04:44 - On le conseille fortement, on ne peut pas l'imposer évidemment.
04:48 Et là il y a des choses incroyables qui se passent, c'est que lorsque certains magasins,
04:53 pour essayer d'accrocher, parce que cette brique est devenue la plus vendue de France,
04:56 vous avez quand même la brique solidaire des consommateurs, est passée devant toutes les grandes marques.
05:00 Eh bien, les consommateurs que nous sommes sont allés dans les magasins en disant,
05:04 vous avez baissé le prix conseillé, remontez-le.
05:07 Ça, ça a été marquant pour la distribution, c'est-à-dire on ne veut pas que les centimes que vous enlevez,
05:11 pour être mieux disant que votre confrère, soient finalement une pénalité pour le producteur.
05:17 Il y a des solutions, il faut les mettre en œuvre, et la loi Egalim n'a pas réussi à le faire.
05:21 - Il y a beaucoup d'empathie dans la population envers les agriculteurs,
05:24 et en même temps, quand on regarde notre sondage BVA pour RTL cette semaine,
05:27 on se rend compte que seule une petite partie des Français sont prêts à payer plus cher.
05:32 On veut les aider, mais est-ce qu'on peut les aider, alors que le 10 du mois,
05:35 il y a des millions de Français qui sont déjà dans le rouge,
05:37 quand les prix de l'alimentaire ont bondi de 20% en deux ans ?
05:41 Votre modèle, il est formidable, mais ça ne peut peut-être pas être le seul modèle.
05:45 - Absolument, ça ne sera pas le seul, mais je n'ai pas connaissance de ce sondage,
05:49 parce que nous, on en a commandé un autre avec YouGov, c'est la première fois qu'on faisait un sondage.
05:53 Peut-être qu'on a précisé une chose qui n'était pas dans celui-là, ça se joue à très peu de choses.
05:57 Nous, on a posé une première question, est-ce que vous avez conscience qu'on va manquer de produits français ?
06:01 Les producteurs ne vivent pas, ils s'arrêtent, ils ne disent pas à leurs enfants de reprendre.
06:07 Il y a aujourd'hui 395 000 exploitations en France, contre 1 500 000 il y a 40 ans.
06:14 On en perd 27 par jour, 200 par semaine, 100 000 en 10 ans.
06:18 Voilà ce qui se passe autour de nous.
06:20 Ceux qui nous nourrissent à nos portes sont en train d'arrêter.
06:23 Voilà comment on a posé une question, est-ce que vous avez conscience de ça ?
06:26 Bon, on ne savait pas, le sondage YouGov montre que 78% des gens disent oui,
06:31 c'est un vrai problème si on n'a plus les producteurs français.
06:34 Deuxième question, est-ce que vous êtes prêt à acheter des produits un peu plus chers,
06:37 si vous êtes certain que les centimes que vous rajoutez vont aux producteurs ?
06:42 Et là, l'équation est passée à 75% de oui, c'est-à-dire que cette garantie,
06:47 elle ne peut pas être amenée par un label, on n'y croit plus.
06:50 Il faut que nous consommateurs prennons un peu notre part, on le fait,
06:54 pour aller voir les producteurs les yeux dans les yeux.
06:56 Monsieur, est-ce que ce qui est écrit sur cette brique de lait,
06:59 ce lait rémunère juste au prix de son producteur ? C'est vrai.
07:01 Est-ce que votre vie a changé ou pas ?
07:03 Donc, au-delà de toute forme de disposition,
07:06 nos heures disponibles en tant que consommateurs,
07:09 c'est un trésor qu'on peut mettre au service des producteurs et de notre alimentation.
07:13 Nicolas Chaban, dans les produits, c'est qui le patron ?
07:16 Il y a des produits bio et des produits classiques.
07:19 On entend beaucoup de producteurs sur les barrages dire ceci ces derniers temps.
07:22 « Je suis passé au bio, je n'arrive plus à vendre, je vais repasser en conventionnel ».
07:27 Il y a une crise en plus aujourd'hui qui se surajoute, celle du bio.
07:31 Oui, c'est triste à mourir quand on est producteur.
07:34 Pendant des années, on leur a dit tous, toute la société,
07:37 des consommateurs en passant par les distributeurs, les fabricants,
07:40 « faites du bio ». On voulait tous du bio.
07:42 Tout le monde s'est mis à faire du bio et à un moment donné, on n'a plus acheté de bio.
07:45 Évidemment, il y a aussi une question de prix, mais pas que.
07:49 Tout le monde sait que le bio français, il est merveilleux.
07:52 Seulement, on a tout mélangé.
07:54 À un moment donné, on était face à du bio qui venait du Brésil.
07:57 Il y a toujours du bio qui vient du Brésil et qui est sous plastique dans les grands magasins.
08:00 Voilà. Donc, à un moment donné, quand vous êtes en face d'un produit plus cher
08:04 qui s'appelle bio, sans vraiment savoir si vous aidez un petit producteur
08:07 ou quelqu'un à l'autre bout du monde qui ne respecte pas les mêmes normes,
08:11 ça décroche. Je vous donne un autre exemple pour vous donner un peu d'espoir.
08:14 En pleine période d'inflation, tout le rayon du lait a baissé,
08:17 puisque c'est quand même plus compliqué.
08:19 Cette petite brique de lait, et ce n'est pas pour les chiffres,
08:21 c'est pour l'espoir que ça représente, la brique de lait créée par les conso,
08:25 le rayon a perdu 3%. Elle a pris 5,9% en étant déjà la plus vendue.
08:31 Donc, quand on sait où va notre argent, à quoi il sert,
08:34 qu'on sait qu'un producteur retrouve le sourire et qu'il va pouvoir nourrir
08:37 nos enfants dans 5 ou 10 ans, on a d'autres raisons d'acheter le produit.
08:41 Merci beaucoup Nicolas Chaban, fondateur de La Marque.
08:44 C'est qui le patron d'avoir été ce soir notre invité face à l'événement dans RTL Monsoir,
08:47 après ce jeudi noir et avant ce vendredi tant attendu.
08:51 Cette journée décisive avec les annonces du Premier ministre Gabriel Attal
08:54 et cette menace d'un blocus de Paris.
08:57 Le pouvoir d'ailleurs entre crainte et déconnexion,
09:00 quelle piste pour calmer la fronde ?
09:02 On va y revenir avec les spécialistes de la rédaction tout à l'heure
09:05 dans moins d'un quart d'heure à 18h40.
09:07 Pour l'heure, l'émission continue avec RTL Inside.
09:09 RTL aborde une plateforme pétrolière au large du Congo,
09:12 chaleur et pétrole, et puis la visoconférence de notre ami Alex Vizorek.
09:16 Vous vous moquez de qui Alex ?
09:18 J'ai promis une pépite musicale, vous aurez une pépite musicale.
09:21 Et on est toujours aussi inquiets.
09:23 Exactement, à tout de suite.
09:25 RTL Bonsoir, jusqu'à 20h.
09:28 [Musique]

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