Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.
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00:00 [Générique]
00:08 Et bienvenue dans Les Informés, on est ensemble en direct jusqu'à 9h30 sur France Info, radio et télé avec évidemment Renaud Dely.
00:14 Bonjour Renaud.
00:14 Bonjour Sadia.
00:15 Et autour de la table ce matin, Julie Marie-Lecomte, chef du service politique de France Info. Bienvenue Julie.
00:20 Bonjour à tous.
00:21 Et Sylvain Courage, directeur adjoint de l'OPS. Bienvenue.
00:24 Bonjour.
00:25 Renaud Dely, même si Gabriel Attal a reçu hier les syndicats des agriculteurs, la mobilisation sur le terrain continue et des drames aussi peuvent se produire.
00:33 Oui, un drame ce matin à l'aube, au petit matin, ça s'est produit à Pamillers dans l'Ariège.
00:39 Une femme est décédée, un homme et un enfant sont grievement blessés après qu'une voiture a foncé sur un barrage installé par des agriculteurs.
00:48 Les trois occupants de cette voiture sont actuellement en garde à vue.
00:52 Évidemment, un drame qui soulève une grande émotion, en particulier, mais au-delà, bien sûr, chez les agriculteurs qui se mobilisent depuis des jours et des jours.
01:02 On voit que cette colère enfle, que ce mouvement prend de l'ampleur.
01:06 Hier soir, le Premier ministre Gabriel Attal a justement reçu à Matignon deux des principaux responsables des syndicats agricoles.
01:14 Arnaud Gaillot, qui est le responsable des jeunes agriculteurs, et puis Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, le principal syndicat agricole.
01:22 Voici ce qu'Arnaud Rousseau a déclaré à la sortie de son entrevue hier soir avec Gabriel Attal à Matignon.
01:28 Le Premier ministre a partagé ce diagnostic que nous avons posé d'un secteur qu'il connaît assez peu, mais pour lequel il a clairement dit qu'il souhaitait s'engager.
01:38 On a dit au Premier ministre qu'on ne se contenterait pas de mots. Et donc on attend du Premier ministre que, dans la semaine, il puisse faire un certain nombre de déclarations
01:47 qui fassent bouger les lignes sensiblement. Je pense à toutes les questions qui sont levées sur les aspects sanitaires, sur les aspects de fiscalité,
01:54 que ce soit des carburants ou d'autre nature, tous les sujets de court terme qui ont besoin d'être bougés, en France, bien sûr, mais aussi au niveau européen.
02:02 Alors on le voit, il y a de multiples attentes de la part des agriculteurs sur différents sujets. Que peut faire le gouvernement ? Que peut faire Gabriel Attal ?
02:10 Et on voit l'urgence de cette attente, sans doute plus encore après le drame qui s'est produit au petit matin dans l'Ariège.
02:20 Julie Marie Lecomte.
02:22 Ce qu'a décidé de faire le gouvernement, dans un premier temps, c'est un, d'écouter et deux, de laisser se purger la colère.
02:30 Parce que ce qui s'est passé hier, c'est deux heures de rencontres, dont les uns et les autres sont sortis avec un ton relativement apaisé.
02:44 Alors on n'a pas senti, dans la forme en tout cas, le président de la FNSEA et celui des jeunes agriculteurs particulièrement vindicatifs dans le ton.
02:58 Néanmoins, sur le fond, ce qu'ils ont posé, très clairement, c'était une forme d'ultimatum, voire un chantage, en disant "pas d'action, pas de lever des barrages".
03:07 Et en face, un gouvernement qui a décidé que finalement cette revendication-là était relativement légitime, en tout cas en ne voulant pas poser, par exemple, le mot de chantage.
03:18 Donc pas de question de rentrer dans un bras de fer ou un rapport de force. Et puis cette décision du ministre de l'Intérieur de laisser les blocages se tenir.
03:31 D'où cette expression que j'employais de volonté de laisser se purger la colère. On va voir évidemment ce que l'accident dramatique de ce matin change à la donne.
03:42 Oui, est-ce que le gouvernement est en train de jouer avec le feu ? Prend-il des risques en laissant les points de blocage s'ancrer ?
03:48 Quelle réponse de Gabriel Attal après la rencontre d'hier soir ? On continue d'en parler juste après. Le Fil info de 9h10.
03:55 Les agriculteurs continuent leurs actions aujourd'hui partout en France pour dénoncer leurs conditions de travail, des blocages sur différentes portions d'autoroutes,
04:03 dans le sud-ouest près de Toulouse, entre Bordeaux et Bayonne, dans le sud-est également entre l'Isère et la Drôme.
04:08 Et on a appris ce matin la mort d'une femme fauchée par une voiture sur un point de blocage en Ariège.
04:13 Les trois occupants du véhicule sont en garde à vue. L'état de catastrophe naturelle reconnue dans une vingtaine de communes de la Réunion.
04:19 Après le passage du cyclone Belal la semaine dernière, il y a eu de gros dégâts dans les parcelles agricoles.
04:25 Une nouvelle attaque russe massive en Ukraine. Cette nuit, une quarantaine de missiles ont envoyé.
04:29 L'armée ukrainienne dit en avoir détruit la moitié. Des frappes sur Kiev, la capitale et Kharkiv, grande ville de l'Est.
04:35 Il y a au moins deux morts et une quarantaine de blessés.
04:38 Il était une légende du foot italien. Gigi Riva est mort hier à 79 ans après un malaise.
04:43 Dimanche, il était le meilleur buteur de la Nazionale, la sélection italienne.
04:47 Toujours avec Renaud Delis, avec Julie Marie Lecomte, aussi chef du service politique de France Info.
05:03 Sylvain Courage, directeur adjoint de l'Obs.
05:07 Les points de blocage vont rester, c'est ce qu'a dit hier Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur.
05:11 Sylvain, on a vu un drame ce matin. Est-ce qu'il va falloir revoir cette décision ?
05:17 Alors ça peut inciter les syndicats et les agriculteurs qui bloquent à la prudence.
05:22 On se souvient qu'au début du mouvement des Gilets jaunes, il y avait eu huit morts par accident de la route.
05:27 Ça n'avait pas empêché le mouvement. Mais ça n'a rien à voir, le mouvement des agriculteurs n'a rien à voir.
05:32 C'est un mouvement d'une corporation qui est puissamment représentée, qui a une habitude de dialogue avec le ministère,
05:38 plus que ça, même presque de cogestion d'agriculture.
05:41 Il reproche aujourd'hui en fait à l'État d'aller trop loin dans le domaine de l'écologie et d'aller trop loin dans la baisse des prix.
05:49 Ces deux objectifs qui sont importants pour le gouvernement, mais qui contreviennent aux intérêts de l'agriculture
05:55 telle qu'elle est organisée aujourd'hui en France. Donc on a un système de pression qui est organisé.
06:01 On a la rencontre mise en scène comme l'a bien décrit Julie, c'est-à-dire qu'on s'écoute, on réfléchit, on va faire des propositions.
06:09 La FNSE a besoin d'avoir des propositions concrètes pour se retourner vers la base et demander la levée des blocages.
06:15 Donc on est dans ce type de gestion.
06:17 Mais est-ce qu'il y a un risque que la base prenne le contrôle sur la réaction de la FNSE ?
06:22 C'est toujours un risque.
06:23 Bien sûr, peut-être encore plus après le drame qui s'est produit ce matin à Pamier dans l'Ariège.
06:28 Parce qu'on le voit, initialement, le gouvernement a laissé effectivement les blocages en place et un certain nombre d'actions menées par les agriculteurs.
06:35 Sans doute dans un souci d'apaisement, sauf que ça se retourne en même temps.
06:39 C'est-à-dire que dès lors que, c'est toujours une prise de risque, dès lors que vous n'évacuez pas assez rapidement un certain nombre de blocages,
06:44 la situation peut s'encrister, peut se durcir.
06:50 Et on a vu donc avec cet accident, ce drame, et en l'occurrence les trois occupants de ce véhicule en garde à vue à l'heure qu'il est.
06:57 Donc ça va être encore plus difficile à gérer, ces points de blocage, pour l'exécutif désormais.
07:02 Ensuite, le risque que les organisations syndicales soient dépassées par leur base parce qu'il y a une vraie émotion et puis une vraie colère est vraiment réel.
07:12 D'un autre côté, la chance du gouvernement, si j'ose dire, c'est qu'il a effectivement des interlocuteurs.
07:18 On l'a vu hier, même si cette entrevue n'a pas abouti à quelque chose de concret pour l'heure,
07:22 il y a des interlocuteurs, à commencer par Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, qui demandent à dialoguer, qui ont des revendications, etc.
07:30 Ensuite, il y a deux autres difficultés, me semble-t-il, qui s'additionnent pour le gouvernement.
07:34 L'une dont il est responsable, c'est qu'il y a eu un défaut d'anticipation assez clair,
07:38 puisque ce mouvement avait commencé de façon extrêmement pacifique et symbolique,
07:42 il y a déjà de nombreuses semaines avec ces fameux panneaux mis à l'envers,
07:46 et qu'il y a sans aucun doute un défaut d'anticipation de la part du gouvernement sur la montée de cette colère paysanne
07:52 qui d'ailleurs déborde, y compris nos frontières.
07:54 Donc il y avait quand même un certain nombre de signaux, d'alertes.
07:57 Et puis l'autre difficulté, c'est que les demandes, les revendications, sont extrêmement multiples et diverses,
08:03 et éparsent, et portent sur des sujets extrêmement différents.
08:06 Donc c'est plus difficile d'y répondre que de retirer éventuellement un texte, par exemple, ou un projet de loi.
08:12 Ce qui était frappant quand même hier, après la rencontre à Matignon,
08:19 c'est qu'à Matignon on avait ce ton relativement apaisé du côté des syndicats,
08:26 et ce qu'on entendait dans les reportages après, c'est des agriculteurs qui,
08:32 premièrement, n'avaient pas nécessairement suivi ce qui se passait à Matignon,
08:37 c'est-à-dire qu'ils n'étaient pas dans l'attente de ce qu'allait pouvoir dire la FNSEA ou les jeunes agriculteurs en sortant du rendez-vous,
08:46 qui donc n'intégraient pas véritablement ce processus de dialogue,
08:52 et qui, eux, étaient déterminés à continuer le mouvement.
08:56 Est-ce qu'il n'y a pas un risque de toute manière de décevoir ?
08:58 Comme disait Renaud, les revendications sont multiples, elles sont même parfois un peu confuses.
09:03 Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, a dit "on va faire des annonces cette semaine, dans les prochains jours".
09:08 À la fin, comme il y a beaucoup de revendications, on ne risque pas de les frustrer, ces agriculteurs ?
09:15 Bien sûr, et en plus il y a plusieurs agricultures.
09:17 Les grands céréaliers peuvent attendre des assouplissements sur l'utilisation des herbicides et des pesticides,
09:24 mais les agriculteurs pauvres, il y a 27% des agriculteurs qui vivent sous le seuil de pauvreté,
09:29 notamment dans la région d'Occitanie et dans le sud-ouest, eux, ils crèvent, c'est le cas de le dire.
09:34 Et donc, ils ne sont pas du tout sur la même longueur d'onde.
09:38 Donc c'est toute la difficulté de représenter l'agriculture, qui est une gageure pour la FNSEA,
09:43 et de ne pas se faire déborder politiquement, parce qu'il y a aussi une surenchère à droite de la FNSEA,
09:48 avec la coordination rurale, le Rassemblement national qui attise le mouvement, même certains médias.
09:55 Hier, CNews a mis son logo à l'envers, par exemple, pour participer à ce mouvement.
10:02 Donc on voit qu'il y a quand même aussi un enjeu politique qui est bien loin des préoccupations des agriculteurs.
10:07 Les revendications sont effectivement multiples, et comme vous disiez très bien, Sylvain Courage,
10:11 elles ne répondent pas forcément à telle ou telle catégorie, justement, de cette corporation.
10:15 Donc il y a la question des prix, et notamment d'une réforme ou d'une correction de la loi EGalim,
10:21 qui régit les négociations entre producteurs et distributeurs, et les agriculteurs s'estiment lésés, justement.
10:26 Et ça, ça repose la question d'ailleurs des marges de la distribution, puisqu'on voit en même temps
10:31 que les consommateurs aussi sont lésés et sont pénalisés par l'inflation.
10:34 Donc c'est bien qu'il y a peut-être une question qui se pose à nouveau sur les marges de la distribution.
10:38 Il y a la question des normes environnementales et de la simplification, en particulier des normes environnementales.
10:42 Il y a la question aussi de la taxation du gazole non routier.
10:46 Bref, on voit qu'elles sont multiples, et non seulement c'est compliqué, mais il y a des attentes réelles.
10:51 Non seulement c'est compliqué pour l'exécutif, mais ça l'est d'autant plus qu'il y a un certain nombre
10:55 de ces enjeux-là, de ces questions-là, qui se posent au niveau européen.
10:57 D'ailleurs, Arnaud Rousseau le disait aussi hier en sortant de Matignon, avec un discours assez intéressant,
11:01 parce qu'il met en cause le fonctionnement, on va dire, trop bureaucratique de l'Europe,
11:06 et trop déconnecté à ses yeux de la réalité de l'exercice du métier d'agriculteur.
11:11 C'est ce qu'expliquait très bien Arnaud Rousseau hier.
11:13 Mais il ne remet pas en cause le principe de l'Europe, et il explique bien aussi que les agriculteurs
11:17 ont besoin de l'Europe, mais d'une Europe qui fonctionne, c'est-à-dire qui ne préconise pas
11:20 les solutions qui sont peu ou prou celles de l'extrême droite, du Rassemblement national,
11:24 qui dit en gros qu'il suffirait de sortir de tous les accords de libre-échange,
11:27 pas seulement du Mercosur, pas seulement le refus de signer le Mercosur,
11:30 mais de sortir de tous les accords de libre-échange.
11:32 On sait que la sortie de l'agriculture française de tous les accords de libre-échange, régulés,
11:36 évidemment, ça causerait la perte de l'agriculture française, puisqu'elle est excédentaire,
11:40 non pas au sein de l'Union européenne, mais elle est excédentaire dans ses relations commerciales
11:45 avec le reste du monde. L'agriculture française exporte beaucoup plus qu'elle n'importe.
11:52 Donc on voit bien, et il a parfaitement conscience évidemment de cette dimension-là,
11:56 Arnaud Rousseau au Premier chef, ce qui n'est pas forcément le cas,
11:59 comme le disait Sylvain Gourache du Rassemblement national, qui lui souffle sur les braises
12:02 avec des intentions électoralistes évidentes, avec la perspective des élections européennes du mois de juin.
12:06 Oui, à cinq mois des élections européennes, ça met une plus grosse pression sur l'exécutif du Limari et le Comte,
12:12 qui a ça aussi en tête.
12:14 Oui, d'où cette volonté de Gabriel Attal d'aller vite, mais effectivement, à court terme,
12:21 voire à très court terme, il peut n'accorder que peu, finalement.
12:26 C'est-à-dire que les agriculteurs, bon déjà, lui demandent de venir les voir sur le terrain.
12:30 Bon, ça, il va le faire, et s'il est engagé, il faut s'attendre à ce qu'il déclenche
12:34 un, voire plusieurs déplacements cette semaine.
12:37 Matignon laisse entrevoir deux premières annonces pour la fin de semaine,
12:43 mais effectivement, ces annonces-là, elles ne pourront être que limitées.
12:48 Elles vont probablement porter, c'est ce qu'on comprend entre les lignes,
12:51 sur des questions peut-être de simplification.
12:55 Sauf que là, on touche quand même à une limite de la politique qui est menée,
13:01 parce que le choc de la simplification, la promesse de simplification,
13:05 ça c'est une promesse qui est tenue par le gouvernement et par Emmanuel Macron,
13:09 à peu près depuis 2017.
13:11 C'est-à-dire que si tant est que les choses aient avancé de ce point de vue-là,
13:15 les agriculteurs, eux, ne l'ont à aucun moment vécu comme tel.
13:20 Je vous propose de continuer dans un instant, parce qu'il est 9h20,
13:23 et à 9h20, c'est l'heure du Fil info de Sophie Echene.
13:27 Gérard Larcher ne souhaite pas inscrire l'IVG, l'interruption volontaire de grossesse,
13:31 dans la Constitution.
13:32 Invité du 830 France Info, le président du Sénat ne pense pas que l'IVG soit menacée en France.
13:37 La Constitution n'est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux, dit-il.
13:41 La colère ne retombe pas chez les agriculteurs.
13:44 Hier, à l'issue d'une réunion avec Gabriel Attal et Marc Faino,
13:47 le président de la FNSE a assuré que sans décision concrète,
13:50 il n'y aurait pas de levée des actions menées sur le terrain.
13:53 Plusieurs sont en cours en ce moment.
13:55 Ce matin, une femme est morte sur un point de blocage à Pamier, en Ariège.
13:59 Le prix des complémentaires santé risque d'augmenter davantage cette année.
14:02 C'est ce que craint l'UFC que choisir.
14:04 Une hausse de 10%, et non de 8%, comme annoncé par la mutualité française,
14:08 et même de 25 à 30% pour les retraités.
14:11 Deux jours après les insultes racistes proférées contre le gardien des Bleus,
14:15 Mike Ménia, en Italie, le supporter à l'origine de ces injures a été identifié hier.
14:19 La sanction est immédiatement tombée.
14:21 Il est interdit à vie du stade d'Oudiné.
14:25 [Musique]
14:27 France Info
14:29 Les informés, Renaud Dely, Salia Brakia
14:34 De retour sur le plateau des informés avec Julie-Marie Lecomte,
14:39 chef du service politique de France Info, avec Sylvain Courage,
14:42 aussi directeur adjoint de l'OPS.
14:44 Renaud Dely, on passe au deuxième thème de ces informés
14:46 après l'augmentation du prix de l'électricité.
14:48 Ce sont les franchises médicales qui sont doublées.
14:50 - Et oui, l'électricité c'est donc dimanche, rappelons-le.
14:52 Bruno Le Maire de Mise économique des finances a confirmé
14:54 l'augmentation des tarifs d'électricité au 1er février
14:57 de 8,6 à 9,8% selon les contrats.
15:01 Et hier, le gouvernement a confirmé des franchises médicales,
15:06 un doublement des franchises notamment sur les boîtes de médicaments,
15:09 les actes paramédicaux, évidemment pour essayer de combler
15:15 le trou de la sécurité sociale, le déficit de la sécurité sociale.
15:19 Voici comment d'ailleurs la semaine dernière, le chef de l'État,
15:22 Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse,
15:24 justifiait cette décision.
15:26 - Se dire qu'on va passer de 50 centimes à 1 euro pour un paquet de médic...
15:31 pour un paquet, pardon, pour un médicament, une boîte de médicaments,
15:35 je n'ai pas le sentiment qu'on fait un crime terrible.
15:39 Je pense que ça responsabilise et que c'est une bonne mesure.
15:42 Et il faut responsabiliser sur la consommation.
15:45 - Alors, passer de 50 centimes à 1 euro, c'est vrai,
15:47 ce n'est pas un crime terrible.
15:49 Est-ce que c'est vraiment une bonne façon de faire la pédagogie
15:51 de cette mesure, justement, et au-delà d'essayer de responsabiliser,
15:54 pour reprendre les termes utilisés par le chef de l'État,
15:56 les Français quant à leur consommation de médicaments ou d'électricité.
16:00 D'ailleurs, on peut en douter.
16:01 C'est vrai que Bruno Le Maire, depuis de nombreux mois, répète qu'il faut sortir,
16:05 qu'il est temps de sortir, dit-il, du quoi qu'il en coûte
16:07 au regard de l'État calamiteux des finances publiques.
16:10 Le chef de l'État a d'ailleurs beaucoup moins tenu ce discours
16:12 ces derniers mois.
16:14 Ce gouvernement-là, avec ses hausses successives de nature et d'ampleur différentes,
16:19 mais qui concerne toute la vie quotidienne des Français,
16:21 ne prend pas un risque politique réel.
16:24 - S'il m'encourage.
16:25 - Si, c'est bien sûr un risque de mécontentement.
16:27 Quand l'État prend en charge 37% de la facture d'électricité
16:30 des ménages français depuis 2021, évidemment, tout le monde trouve ça normal.
16:34 Dès qu'il retranche un peu son bouclier, évidemment,
16:38 ça provoque une levée de bouclier.
16:41 Et c'est aussi du pain béni pour les oppositions.
16:45 Tout le monde tape sur le gouvernement.
16:48 Dans le cas des franchises médicales,
16:51 Emmanuel Macron aurait mieux fait d'expliquer qu'il fallait équilibrer
16:53 les comptes de l'assurance maladie, plutôt que de dire que c'était pas...
16:56 - Un crime terrible.
16:57 - Un crime terrible, essayer de minorer, alors que pour beaucoup,
17:00 ça représente un coût supplémentaire.
17:02 - Ça va représenter 17 euros par semaine.
17:03 - Il aurait mieux valu parler de responsabilité collective
17:06 et de maintien des équilibres financiers de l'assurance maladie.
17:09 - Julie Marie Lecomte.
17:10 - C'est étonnant, cette séquence-là, c'est à la fois la colère des agriculteurs
17:14 plus ces deux annonces, elle me rappelle une discussion que j'avais
17:18 avec un ministre qui me disait "on a quand même un problème dans ce gouvernement,
17:22 c'est qu'on ne réussit pas à sentir, on ne réussit pas à sentir le pays,
17:27 on ne réussit pas à se mettre au diapason, on ne réussit pas à faire preuve d'empathie".
17:31 Dans la forme de légèreté qu'il y a dans le discours d'Emmanuel Macron,
17:35 quand il dit "ça va, vous êtes capables de payer très cher votre téléphone,
17:39 votre portable, vous pouvez bien payer 1 euro pour une boîte de médicaments",
17:43 en chaque point, il y a une forme de légèreté,
17:48 parce que non, il y a des Français qui n'ont pas des téléphones à 500 euros
17:51 parce qu'ils ne peuvent pas se les payer.
17:53 Et puis le contexte dans lequel arrivent ces deux annonces aussi,
17:56 c'est un contexte où un des chiffres du jour, aujourd'hui,
18:00 c'est 17% des salariés français qui sont au SMIC.
18:05 Donc oui, c'est compliqué de venir dire que non, non, non, c'est pas un crime.
18:12 Par ailleurs, cette décision-là d'augmenter la franchise des boîtes de médicaments,
18:16 vous vous souvenez sans doute qu'elle avait été mise dans l'atmosphère
18:20 au moment de la discussion du budget.
18:23 Et puis finalement, la discussion n'a pas eu lieu dans ce cadre-là.
18:27 Et aujourd'hui, ce qu'annonce le gouvernement, c'est qu'ils vont passer par des textes réglementaires.
18:33 Alors certes, il n'y a pas eu beaucoup de débats à l'Assemblée sur le budget,
18:36 puisqu'il est passé par 49-3.
18:38 Néanmoins, c'était un espace de débat autour de ces questions-là.
18:42 Mais c'est la volonté du président de passer de plus en plus par des décrets.
18:45 On va passer par le réglementaire.
18:47 Ce qui est vrai, c'est que sur les deux textes budgétaires, en l'occurrence le PLFSS,
18:50 le projet de loi de financement de la Sécurité sociale d'une part,
18:52 et le projet de loi de finance, le gouvernement est obligé de recourir à chaque fois au 49-3
18:55 depuis le début de cette législature, faute de majorité absolue à l'Assemblée.
18:59 Mais ce qui est vrai aussi, c'est qu'il y a une volonté assez mesurée,
19:05 ténue de prendre ces mesures qui font "mal".
19:09 Mais je pense que c'est lié plus spécifiquement à l'attitude du chef de l'État.
19:13 C'est vrai que du côté de Bercy, ce discours-là, il est tenu depuis des mois et des mois,
19:17 de dire qu'il s'agisse des déficits publics, qu'il s'agisse de la Sécurité sociale,
19:22 les déficits se creusent.
19:24 Pour ce qui est de la Sécurité sociale, le trou envisagé est de l'ordre de 11 milliards d'euros
19:28 à la fin de 2024.
19:30 Mais ces discours-là, Emmanuel Macron ne les tient pas, ne les assume pas.
19:34 Et c'était flagrant lors de cette conférence de presse la semaine dernière,
19:36 où il a expliqué, il évacue très vite le fait que, oui, bien sûr, il faut faire attention,
19:40 mais en même temps, tout dépendra, explique-t-il, c'était le fil rouge de son intervention,
19:44 de l'activité, ce qui en gros, ça aligne depuis le début.
19:47 C'est-à-dire qu'on comblera les déficits non pas en faisant des économies,
19:49 en coupant dans les dépenses, mais en ayant davantage d'activité.
19:54 Or, même cette lecture-là, elle a été encore critiquée la semaine dernière
19:57 par la Cour des comptes et par Pierre Moscovici en présentant ses voeux.
20:00 Pierre Moscovici a expliqué que c'était insuffisant de miser uniquement sur l'activité
20:04 et qu'il fallait aussi, comme le dit, c'est vrai Bruno Le Maire d'ailleurs,
20:07 pour ce qui est du budget, il annonce la nécessité de couper 12 milliards de dépenses
20:11 dans le prochain budget.
20:13 On a l'impression qu'Emmanuel Macron a du mal, lui-même, à sortir du quoi qu'il en coûte.
20:17 – S'il l'encourage.
20:18 – Oui, il y a un côté étrange chez Emmanuel Macron, qui passe pour un économiste,
20:22 mais pour lui, l'intendance suivra.
20:25 Il ne veut pas rentrer dans le détail un peu blessant de toutes ces mesures
20:30 et il pense qu'on va s'en sortir toujours, effectivement, par la croissance.
20:33 Bref, il laisse à d'autres ces annonces difficiles.
20:37 – D'ailleurs, l'augmentation, effectivement, d'électricité, c'est Bruno Le Maire qui fait l'annonce.
20:40 – Voilà, on ne le prend jamais en flagrant délit de répondre.
20:44 Sur l'électricité, lors de la conférence de presse, il avait évacué aussi la question,
20:47 alors qu'il savait pertinemment où on allait.
20:49 Donc, ce n'est pas vraiment un adepte du parler vrai.
20:51 – Sans compter que cette augmentation du prix de l'électricité, c'est une taxe.
20:55 – Oui, c'est du seul fait de la hausse des taxes.
20:58 – Donc, voilà, Emmanuel Macron, lui, c'est le président qui promet,
21:02 baisse des taxes, baisse des impôts, qui croit en l'activité comme ressort de l'économie,
21:09 et effectivement, qui laisse son ministre de l'économie, indirectement,
21:13 annoncer l'augmentation d'une taxe.
21:15 – La réaugmentation d'une taxe.
21:16 – Voilà, c'est ça, cette taxe, elle était à 32 euros le mégawatt-heure
21:20 avant la crise énergétique, cette taxe, le gouvernement et Emmanuel Macron
21:23 l'ont baissée à 1 euro, et là, il la remonte à 20 euros.
21:26 – Oui, et puis, taxe sur une énergie que le gouvernement, en tout cas,
21:30 présente comme la plus verte.
21:32 – Merci, merci beaucoup à tous les trois.
21:34 Julien Marie Lecomte, chef du service politique de France Info,
21:36 Sylvain Courage, directeur adjoint de l'Obs,
21:38 on va tout de suite jeter un coup d'œil sur la une de l'Obs, justement.
21:43 Le climat, la vraie urgence politique ?
21:46 – La vraie urgence politique, mais on voit que c'est difficile d'avancer.
21:49 – C'est vrai, c'est vrai.
21:51 C'est-à-dire, cette semaine dans l'Obs, merci beaucoup Renaud.
21:53 – Merci Stéphanie.
21:54 – Demain, les informés sont de retour ce soir avec Bérenger Bonte et Jean-François Aquilli.
21:58 [Musique]