• il y a 10 mois

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00:00 [Musique]
00:08 20h, 21h, France Info, les informés, Jean-François Aquilli, Bérangère-Bont.
00:14 Bonsoir à tous, bonsoir Jean-François.
00:16 Bonsoir Bérangère.
00:17 Nouvelle journée de mobilisation des agriculteurs, il en sera à nouveau question évidemment,
00:21 entre colère et deuil après la mort d'une jeune agricultrice fauchée sur un barrage routier,
00:29 quel est réellement le revenu de ces agriculteurs ?
00:32 On posera la question à l'agroéconomiste, l'expert des informés ce soir, Jean-Marie Séroni.
00:38 Inscrire l'IVG dans la Constitution, la protège-t-elle vraiment ?
00:42 Et quel risque politique peut-il y avoir à triturer, si on peut dire, cette Constitution ?
00:47 On écoutera l'expertise juridique de Jean-Philippe De Rosier pour nourrir ce débat relancé par le président du Sénat, Gérard Larcher, qui est contre.
00:55 Et puis les voeux au monde sportif d'Emmanuel Macron, qui voit la France dans le top 5 des médailles olympiques.
01:01 Voeux aux côtés d'une ministre de plus en plus fragilisée, comment ce monde sportif a-t-il vécu les derniers jours ?
01:09 Nathalie Yanetta, la directrice des sports de Radio France, nous racontera.
01:13 On en parlera aussi avec nos informés ce soir, Audrey Goutard, spécialiste d'effets de société à France Télévisions,
01:19 et Laurent Mouloud, rédacteur en chef adjoint à l'Humanité.
01:22 Bonsoir et bienvenue à tous les deux.
01:23 Bonsoir.
01:25 D'abord la mobilisation agricole qui s'est donc poursuivie ce mardi, Jean-François, entre colère et deuil.
01:32 Oui, deuil, parce qu'il y a eu effectivement le décès de cette agricultrice d'une trentaine d'années installée près de Pamier-en-Ariège,
01:41 un barrage, c'était tôt ce matin, percuté par un véhicule.
01:46 Alors il n'y avait pas d'intention de provoquer un accident.
01:49 Il s'agit bel et bien d'un accident, a expliqué le procureur.
01:52 Et il y a eu un blessé également, deux blessés, l'époux et l'une des filles de l'agricultrice en question, vive émotion au niveau national.
02:00 Et puis, et puis, il y a cette colère, ce mouvement qui s'étend dans tout le pays.
02:05 Il faut lui répondre.
02:06 Nous sommes tous paysans à clamer le député socialiste et éleveur agriculteur Dominique Potier à l'Assemblée Nationale, très applaudi.
02:14 Gabriel Attal va devoir aller sur le terrain.
02:17 Ce soir, c'est Marc Faineau qui est à Pamier-en-Ariège.
02:19 Il faut aller au contact.
02:20 Le problème, c'est qu'il faut faire des propositions, et vite.
02:24 Quelles peuvent-elles être ces propositions ?
02:26 Parce que les solutions passent aussi, hélas, pour la crise qui se déroule par le long terme, par Bruxelles.
02:34 Il va donc falloir donner des gages aux agriculteurs sur le terrain.
02:37 Il y a les oppositions qui s'expriment.
02:39 Gabriel Attal s'en est pris à elle lors des questions au gouvernement, disant qu'elle butine de colère en colère.
02:45 Sauf que les arguments du Rassemblement National font mouche.
02:49 Quand il dit qu'il faut laisser la résistance fiscale sur le GNR, le gazole non routier.
02:55 Quand il critique, comme à gauche, les traités de libre-échange.
02:58 Nous allons venir dans le détail là-dessus.
03:00 Ou quand il s'en prend également au Green Deal européen et ses normes contraignantes.
03:05 Donc il y a urgence à répondre à des agriculteurs, parce que le mouvement, lui, pendant ce temps, il s'étend.
03:10 Bonsoir Jean-Marie Sérroni.
03:12 Bonsoir.
03:14 Bonsoir à vous, agro-économistes indépendants.
03:17 Vous êtes membre de l'Académie de l'Agriculture.
03:19 Vous avez écrit en 2041 l'Odyssée paysanne pour la santé de l'homme et de la planète.
03:25 C'est aux éditions France Agricole.
03:27 Alors parmi les multiples motifs de colère, il est beaucoup de questions sur les barrages de rémunération.
03:33 Et on est ravis de vous avoir en ligne, parce que c'est difficile, pour être honnête, d'avoir une vision un peu précise de cette question.
03:40 On va vous faire écouter d'abord, et à vous tous les informer également, Maude Fragnoux.
03:44 Qui est agricultrice dans l'Isère, qui bloquait l'autoroute A7, occasionnant plusieurs kilomètres de bouchons au niveau de la commune d'Albon dans la Drôme.
03:52 Donc les normes, les dossiers qu'on doit faire pour avoir le droit de travailler, les choses qu'on nous promet et que jamais on ne nous donne.
04:05 Et puis voilà, on travaille toute l'année.
04:08 Très peu d'entre nous, on vit bien, ou même on vit tout court.
04:12 On a tous des familles à nourrir et personne ne veut nous rémunérer pour le travail qu'on fait, alors qu'on nourrit tout le monde.
04:20 Voilà, on nourrit tout le monde et personne ne veut nous rémunérer.
04:23 Jean-Marie Sérigny, il y a beaucoup de disparités, on le sait.
04:26 Est-ce qu'on peut dire tout simplement, peut-être déjà, le revenu moyen par mois en France d'un agriculteur ?
04:32 Alors, une première remarque. Vous remarquerez que dans la réponse, cette dame, pendant les trois quarts de sa réponse,
04:42 elle donnait des éléments importants qui n'étaient pas des éléments de rémunération.
04:47 Et je crois que, on va parler de rémunération, je vais répondre à votre question,
04:51 mais je crois que la crise que l'on vit, qui est une crise qui vient du terrain,
04:57 qui n'est pas des motifs lancés par les organisations nationales.
05:01 Elle relève d'une exaspération et donc c'est plus grave, je crois, qu'une crise de revenu
05:08 et ça renvoie à des choses assez profondes de long terme. On va en parler.
05:14 Les facteurs fonds multiples, vous avez raison, on les évoque à longueur de journée sur cette antenne.
05:19 On avait envie de faire un focus, peut-être ce soir, là-dessus,
05:23 pour effectivement comprendre l'importance de cette question des revenus. Vous avez raison.
05:28 Donc on va en parler de la question des revenus, mais la réponse à la crise n'est pas une question de revenu.
05:33 Pourquoi ? Alors, première chose qu'il faut comprendre, c'est que des agriculteurs,
05:38 ce ne sont pas des salariés. Donc, ce qu'on entend, c'est le revenu agricole,
05:45 le résultat agricole, ce n'est pas le revenu du ménage, ce n'est pas l'argent liquide disponible
05:54 pour l'agriculteur. Et cet argent liquide, ce que les agriculteurs prélèvent sur les exploitations,
06:02 ce sont des chiffres dont on parle assez rarement. Les chiffres du ministère de l'Agriculture,
06:08 et moi j'ai longtemps dirigé des organismes comptables, donc on voit bien dans la comptabilité
06:12 ce que prélèvent les agriculteurs, en moyenne, alors il faut se méfier des moyennes,
06:17 on va en reparler, mais en moyenne, par agriculteur, ça varie entre 25 et 30 000 euros,
06:24 ce qu'ils prélèvent en trésorerie sur l'entreprise. Les chiffres officiels donnent ça.
06:30 Pour se rémunérer, vous voulez dire, c'est ça ?
06:32 À peu près 2 000 euros, et s'ils sont deux, c'est le double. Là, je parle par agriculteur individuel,
06:38 s'ils sont, si madame est à mi-temps, il faut multiplier par 1,5, mais ça c'est en moyenne,
06:43 avec des écarts qui sont très importants.
06:45 Ce qu'il fait par mois, 2-3 000 euros ?
06:48 2 000 euros.
06:49 C'est ça ?
06:51 Voilà, avec le fait que 2 000 euros pour vous qui êtes à Paris, 2 000 euros pour moi qui suis à Bayeux,
06:58 ce n'est pas la même chose en pouvoir d'achat, et 2 000 euros pour quelqu'un qui est à Vire,
07:03 près de chez moi, ou qui est au fin fond du Mortenay, ce n'est pas la même chose non plus.
07:07 Alors, on va essayer d'améliorer la liaison technique, le temps de dérouler le Fil info,
07:13 avec Stéphane Milhomme, 20h10.
07:15 Alors que les blocages routiers se multiplient en France, la préfecture d'Auvergne-Rhône-Alpes
07:22 demande aux automobilistes de différer tout déplacement non indispensable dès demain,
07:27 et ceux qui le peuvent, de préférer le télétravail, après déjà le blocage de l'autoroute A7,
07:31 aujourd'hui en Vallée du Rhône.
07:33 La coordination rurale demande une exonération totale sur les carburants des agriculteurs.
07:38 La présidente du syndicat, Véronique Lefloch, l'a dit à Matignon devant Gabriel Attal, le Premier ministre.
07:43 Elle dit aussi attendre ses réponses le plus rapidement possible.
07:47 Un émissaire de Joe Biden est au Moyen-Orient.
07:49 Il doit discuter d'une pause d'une certaine durée dans les hostilités à Gaza,
07:53 afin de libérer les otages enlevés par le Hamas.
07:56 Brett McGurk est au CAIR aujourd'hui en Égypte, avant d'autres États programmés dans la région.
08:02 Avec cinq nominations aux Oscars pour « Anatomie d'une chute »,
08:05 Justine Trier exprime sa joie sur France Info.
08:08 « Je pleure rarement, ça m'a bouleversé ».
08:11 Son film, déjà honoré à Cannes, concourra notamment pour meilleur film et meilleure réalisation.
08:16 Verdict le 10 mars à Hollywood.
08:28 Bonsoir, Daudrey Goutard de France Télévisions, Laurent Mouloud de l'Humanité.
08:32 On est en ligne avec Jean-Marie Sérony, agroéconomiste.
08:35 On essaie de faire une photographie, c'est forcément simplificateur, pardon,
08:40 mais pour savoir de quoi on parle.
08:42 Vous nous dites donc 35 000 euros à peu près de revenus, de ce qu'on appelle le revenu disponible,
08:46 ce qui reste en fait une fois qu'on a payé toutes les charges.
08:50 Il y a des disparités évidemment.
08:53 Un peu entre éleveurs bovins, viticulteurs, là aussi photographie un peu générale.
08:59 Alors, il y a deux types de disparités.
09:03 Il y a des disparités entre productions.
09:08 Si vous voulez, les producteurs de viande bovine ou des producteurs de moutons ou de chèvres,
09:16 qui sont ceux qui gagnent le moins en résultat d'exploitation,
09:24 en excédent brut d'exploitation, pardon,
09:27 c'est-à-dire ce qui leur sert à se payer eux et à payer leurs investissements.
09:31 Ils étaient en 2022, qui était une bonne année, ils étaient autour d'un peu moins de 40 000 euros.
09:37 À un moment où la moyenne nationale était à 60 000 euros,
09:42 où les producteurs de lait, l'année a été bonne pour les producteurs de lait,
09:46 ils étaient autour de 70 000 euros.
09:49 Les producteurs de volaille, je ne sais plus,
09:53 les producteurs de volaille, oui, ils étaient autour de 60 000 euros.
09:56 Les producteurs de porc, ils étaient à 150 000 euros.
10:03 Les viticulteurs, mais alors là, c'est les viticulteurs, c'est un ensemble très, très différent.
10:08 C'est raisonné par bassin, c'est pas du tout la même chose dans les différentes régions du Bordelais,
10:14 en Bourgogne ou dans le Midi de la France.
10:17 Les producteurs de vin, ils étaient autour de 60 000, 70 000 euros.
10:21 Donc ça, c'est les écarts entre les producteurs, enfin par production.
10:26 Mais dans une même production et dans un même département,
10:31 les écarts sont encore plus importants.
10:36 Ils varient facilement du simple au triple, voire au quadruple.
10:41 Beaucoup de disparités, donc on comprend bien Audrey Goutard.
10:44 Beaucoup de disparités, il faut se poser la question, pourquoi viennent ces disparités
10:47 dans une même production et dans un même département ?
10:50 Audrey Goutard ?
10:51 J'avais une question, en fait, à partir du moment où on a bien compris qu'ils ont des revenus
10:55 et aujourd'hui on leur demande d'investir énormément, de changer même leurs machines,
11:00 s'adapter aux nouvelles contraintes, aux nouvelles règles.
11:03 Et est-ce que ce n'est pas ça, en fait, que l'on retrouve dans leur colère ?
11:08 C'est au-delà du revenu, puisque vous dites que ce n'est pas vraiment l'enjeu.
11:11 Est-ce que ce n'est pas justement les investissements qu'on leur demande de faire
11:15 alors qu'ils ne savent pas très bien où ils vont et qu'ils se disent débordés par les normes ?
11:21 Alors, la question du revenu, je termine là-dessus.
11:27 Aujourd'hui, ce n'est pas l'enjeu parce qu'on vient de traverser trois années globalement correctes.
11:34 Une année 2022 exceptionnellement bonne, une année 2023 un peu en retrait,
11:39 ce qui inquiète les gens, mais qui est restée une bonne année, comme 2021.
11:44 Alors après, ce qui énerve les agriculteurs, c'est qu'effectivement, dans la transition écologique,
11:51 agroécologique, ils sont en première ligne. On leur demande d'investir,
11:57 on leur demande de changer leur process de production, de changer leur technique,
12:02 leur méthode, d'utiliser moins de produits phytosanitaires.
12:05 Ils ne sont pas sûrs de pouvoir irriguer demain.
12:10 Il y a des tas de questions sur la gestion de l'eau et ce n'est pas le hasard.
12:14 Si c'est dans la région toulousaine, dans le Tarn et puis maintenant en Ariège,
12:18 que les mouvements ont démarré. Et pour me faire comprendre,
12:23 nous, citoyens landat, on nous dit il va falloir isoler vos maisons.
12:29 On demande des aides, on n'est pas d'accord. On nous dit il va falloir utiliser moins de carburant.
12:37 On a essayé de mettre des taxes carbone sur les carburants, ça a donné les gilets jaunes.
12:41 On nous dit dans dix ans il n'y aura plus de voiture thermique, on n'est pas trop d'accord.
12:46 Pour les paysans, c'est exactement la même chose.
12:49 Avec le fait que le salarié, quand on modifie ses conditions de travail,
12:54 ça ne touche pas à son revenu. Un agriculteur qui change une technique de production
12:59 auquel on interdit un produit phytosanitaire, il joue son casse-croûte.
13:03 Il joue son revenu directement.
13:05 On entend bien le message. Vous dites ce soir que le Green Deal européen va trop loin,
13:10 il est trop exigeant, au regard des moyens dont disposent les agriculteurs,
13:15 les contraintes qu'ils subissent.
13:17 Non, je suis de ceux qui pensent que le Green Deal va dans le bon sens
13:21 et qu'il ne faut pas y renoncer.
13:24 Ce que je pense, c'est que nous, citoyens, nous consommateurs,
13:27 on doit être beaucoup plus responsables.
13:30 Le pays a dépensé près de 26 milliards d'euros en 2022 pour aider ses agriculteurs.
13:35 Ça veut dire à peu près un quart de sa production.
13:40 Comment expliquer alors que les agriculteurs disent ne pas avoir les moyens ?
13:44 Comment c'est réparti ? Parce que 26 milliards d'euros, c'est énorme.
13:48 Comment expliquer que ça ne soit pas assez ?
13:51 Je ne sais pas d'où vous sortez ce chiffre de 26 milliards.
13:56 C'est le chiffre de la Cour des comptes.
13:59 Non, non, non.
14:00 Si, si, pardon.
14:01 Ça dépend de ce que l'on prend en compte.
14:03 Je n'invente pas les chiffres, c'est la Cour des comptes qui le dit dans son rapport.
14:08 La politique agricole commune, c'est 9 milliards d'euros.
14:12 Oui, 10 milliards pour la France.
14:14 Mais le pays dans son ensemble, c'est-à-dire la France, a dépensé 26 milliards.
14:19 Incluant le subsidiaire, bien tout compris.
14:22 La moitié sont des aides et des subventions, notamment européennes.
14:25 Et le reste provient en grande partie des allègements de charges
14:28 ou du financement de la protection sociale.
14:30 En tout, ça fait 26 milliards.
14:32 Oui, mais attendez, je m'excuse, mais ce chiffre n'a pas vraiment de sens.
14:37 Parce qu'on intègre dedans la sécurité sociale, la protection sociale.
14:41 C'est complètement différent.
14:43 On a… Les agriculteurs ont fait énormément d'enfants qui sont dans d'autres métiers.
14:50 Donc il est normal que la société…
14:53 Non, mais je ne juge pas. Je ne jugeais pas.
14:56 Ce n'est pas un jugement de ma part.
14:58 Le chiffre, pour dire en gros, et on peut le penser,
15:02 on donne trop d'argent aux agriculteurs, c'est 12 milliards qu'il faut considérer.
15:06 Jean-Marie Sérroni, si ce n'est pas une question de subsides, c'est une question de quoi ?
15:14 La réponse que peut apporter le gouvernement, que doit apporter le politique, quelle est-elle ?
15:19 Parce qu'il y a tellement de revendications.
15:24 Je vais être très clair, au risque de ne pas me faire forcément des amis,
15:27 il doit être crédible.
15:29 Dans ce qu'on a entendu, la dame que vous avez interviewée,
15:33 tout le début, les trois quarts de son intervention,
15:36 c'est montré qu'en gros, on peut le résumer, elle n'avait pas confiance.
15:41 Aujourd'hui, on demande aux agriculteurs beaucoup de changements,
15:45 beaucoup plus qu'à nous, citoyens, pour un cap qui n'est pas véritablement clair
15:54 et une ligne des pouvoirs publics.
15:56 L'exemple type, c'est la loi d'orientation agricole, une ligne qui change sans arrêt.
16:01 La première chose à faire, c'est d'avoir un discours clair, un cap à 10 ans,
16:07 partagé entre les trois syndicats agricoles, les trois grandes familles,
16:11 l'FNSEA, l'EGIA, la Confédération Paysanne et la Coordination Rurale,
16:18 d'arriver à avoir 4-5 grands caps partagés avec le gouvernement
16:23 pour rassurer et donner confiance aux agriculteurs.
16:26 On a véritablement un problème de confiance.
16:28 Et que nous, derrière, citoyens, on ne soit pas sans arrêt en train de contester les lignes agricoles.
16:36 Merci beaucoup Jean-Marie Sérroni, agroéconomie.
16:39 Je rappelle le titre de votre livre, 2041, l'Odyssée paysanne, aux éditions France Agricole.
16:46 On y reviendra évidemment.
16:48 Laurent Mouloud, votre regard à vous.
16:50 Je rappelle que vous êtes rédacteur en chef adjoint à l'Humanité.
16:53 Qu'est-ce que le monde politique n'a pas entendu depuis toutes ces années ?
16:59 Sur quoi, selon vous, doit se concentrer la réponse ?
17:02 Il y a tout un système qui est en place aujourd'hui,
17:05 notamment sur la fixation des prix en fait.
17:07 Parce que beaucoup des problèmes des agriculteurs, bien sûr,
17:11 dépendent de à quel prix eux, ils doivent acheter et à quel prix on leur achète leur production.
17:17 Et leur revenu, j'entends ce que dit notre économiste,
17:21 effectivement, peut-être qu'en jouant sur leur production, leurs moyens de production,
17:25 ils arrivent à se garantir quand même un revenu à peu près supportable pour pouvoir vivre,
17:30 même si je pense qu'il y a des disparités énormes entre un grand céréalier, j'imagine,
17:34 et un petit éleveur bovin dans la montagne.
17:37 Et je pense qu'il doit y avoir des souffrances aussi agricoles,
17:40 d'en parler de l'Ariège ou des pays vers les Pyrénées, etc.
17:43 Où il peut y avoir des souffrances agricoles qui sont très fortes sur des revenus
17:47 qui restent très faibles et des vies très précaires.
17:49 Et donc il y a un gros travail à faire sur la question de la fixation de ces prix.
17:52 J'ai juste un chiffre, je ne sais pas si je vais être contredit,
17:55 mais en un an, un chiffre qui est les prix agricoles ont baissé de 10%,
18:00 c'est-à-dire les prix auxquels sont achetés les produits des agriculteurs ont baissé de 10%.
18:05 Et dans le même temps, les prix alimentaires, c'est-à-dire les prix que nous, les consommateurs, on achète,
18:10 ont augmenté de 8%. C'est-à-dire qu'il y a une espèce de déperdition de cet argent
18:16 qui va dans les poches de grandes entreprises de l'agroalimentaire
18:21 qui ont une carte à jouer dans cette affaire.
18:23 Je pense aux personnes comme Lactalis ou d'autres groupes comme Danone
18:28 qui sont eux les grands dirigeants, on va dire, du marché agroalimentaire.
18:33 Eux, ils ont eu un taux de marge qui a bondi en l'espace de deux ans d'environ 71%.
18:39 C'est-à-dire qu'ils ont fait des profits à la fois sur le fait de maintenir aussi les agriculteurs
18:45 dans une certaine précarité et dans des prix très bas et très compressés.
18:49 Et en même temps, ils ont certes essayé de minimiser un petit peu face à l'inflation
18:53 la hausse des prix alimentaires, mais elle a quand même été répercutée.
18:56 Sauf que les agriculteurs, ils n'ont pas vu du tout, ils n'en ont pas bénéficié de cette hausse des prix
19:00 des produits alimentaires. Donc il y a à agir là-dessus.
19:03 Si on ne met pas en cause et si on ne cherche pas à réglementer,
19:07 et là vous me posiez la question qu'est-ce qu'on peut faire,
19:09 certains disent qu'il faut fixer un prix plancher sur l'achat des produits agricoles.
19:13 Et c'est une solution, un prix plancher, c'est une garantie,
19:16 on parlait, les agriculteurs ont manque de confiance.
19:18 S'ils avaient une garantie de prix auquel ils vont vendre leurs produits,
19:22 que ça soit du lait, que ça soit de la viande,
19:24 ils auraient au moins cette sécurité pour se projeter, y compris dans des investissements futurs, etc.
19:29 Ce qui leur manque aujourd'hui, c'est qu'ils vivent dans une incertitude financière
19:32 qui est extrêmement forte et qui aussi décourage nombre de jeunes agriculteurs,
19:37 dont on sait qu'il y en a beaucoup au bout de quelques années,
19:41 et qui quittent le métier.
19:43 On poursuit cet échange juste après le Fil-info, 20h22, Stéphane Milhomme.
19:47 Marc Fesneau est depuis la fin de cet après-midi à Pamier, en Ariège.
19:52 Le ministre de l'Agriculture entend rendre hommage à l'agricultrice
19:55 tuée ce matin par une voiture sur un barrage routier de cette commune.
19:59 Son compagnon et sa fille restent hospitalisés dans un état grave.
20:03 Le ministre veut présenter au plus vite ses premières propositions pour les agriculteurs.
20:07 Il estime que les agriculteurs sur leur barrage ont besoin qu'on les écoute, qu'on les comprenne.
20:12 Christophe Béchut convoque le PDG de la SNCF.
20:15 Le rendez-vous, c'est vendredi.
20:17 Le ministre de la Transition écologique veut des explications après la nouvelle panne.
20:21 Le week-end dernier, sur un train Paris-Clairmont,
20:23 700 passagers bloqués toute une nuit dans les rames et en plein grand froid.
20:27 Le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne en 2018, au second jour des audiences,
20:32 la Cour d'assises spéciale de Paris est revenue sur l'intervention héroïque,
20:35 mais hors protocole, du gendarme Arnaud Beltrame dans le supermarché,
20:39 avant qu'il ne soit tué par le terroriste.
20:41 Le procès se prolonge jusqu'au 23 février.
20:45 C'est Emmanuel Macron qui le dit aux sportifs,
20:47 lors de ses voeux olympiques, augmenter l'offre des transports.
20:50 Cet été à Paris et pendant les Jeux est un défi massif,
20:54 mais c'est à notre portée d'ailleurs.
20:56 La RATP entend recruter toute cette année 5300 chauffeurs de bus,
21:00 de métro, des agents des stations, 900 à embaucher avant cet été.
21:04 En compagnie ce soir d'Audrey Goutard de France Télévisions,
21:17 Laurent Mouloud de l'Humanité.
21:19 Un dernier mot Jean-Marie Serroni, vous êtes restée avec nous, agroéconomiste,
21:22 vous voulez y réagir peut-être sur l'industrie agroalimentaire,
21:25 sur ces questions de marge ?
21:27 Oui, je voulais juste réagir sur l'industrie agroalimentaire,
21:31 votre journaliste de l'Humanité, et il m'arrive d'écrire dans la Terre.
21:35 Le journaliste de l'Humanité disait en gros c'est Danone, Lactalis, Valégro.
21:40 En fait ce n'est pas vrai.
21:42 Le chiffre que vous donnez, l'augmentation de la valeur ajoutée
21:45 de l'agroalimentaire est vrai,
21:48 mais ça concerne toutes les entreprises agroalimentaires.
21:51 Ce n'est pas une spécificité des grands groupes,
21:53 ça concerne toutes les industries agroalimentaires
21:56 qui ont profité du contexte pour faire un rattrapage,
22:00 puisque depuis 10 ans, leur valeur ajoutée est baissée.
22:03 Et il faut avoir en tête que 45% de la production agroalimentaire
22:07 est faite par des coopératives, donc qui appartiennent aux agriculteurs.
22:10 Une entreprise comme C'est Qui le Patron, par exemple,
22:13 garantit un revenu minimum aux paysans,
22:16 et permet justement de ne pas fonctionner
22:19 comme les entreprises agroalimentaires classiques.
22:22 Il y a de nouvelles entreprises qui créent des systèmes
22:25 qui permettent aux paysans d'être payés au juste prix.
22:29 En fait, C'est Qui le Patron, ce n'est pas une entreprise de transformation,
22:32 c'est un intermédiaire, c'est une coopérative de consommateurs
22:35 qui fait payer les consommateurs plus cher,
22:37 qui prend une marge pour faire vivre la coopérative,
22:39 et qui effectivement reverse un peu plus aux agriculteurs,
22:43 qui reverse plus à la grande distribution.
22:45 La marge de la grande distribution est plus forte,
22:47 c'est pour ça qu'ils le mettent en avant,
22:49 et à la lettrerie de Saint-Denis-l'Hôtel,
22:52 qui transforme le lait, et qui prend une marge plus importante.
22:55 Donc, quand on explique aux consommateurs,
22:57 ils acceptent de payer plus,
22:59 et ça rémunère plus les agriculteurs, mais plus toute la filière.
23:02 En tout cas, c'est un modèle qui a le mérite d'exister.
23:05 On y reviendra, évidemment.
23:07 Jean-Marie Sérrigny, on aura l'occasion de poursuivre sur tous ces sujets.
23:12 Merci infiniment d'avoir été en ligne dans les infos.
23:16 Et grâce à notre deuxième sujet, tout aussi passionnant,
23:20 l'inscription de l'IVG dans la Constitution,
23:23 cette inscription la protégerait-elle vraiment ?
23:26 Beaucoup de questions sont relancées ce soir,
23:28 à une semaine du débat à l'Assemblée et au Sénat,
23:31 relancée par Gérard Larcher, le président du Sénat,
23:34 invité du 8.30 ce matin sur France Info. Écoutez.
23:37 Moi, je suis et ai toujours été très favorable à l'IVG.
23:41 Et la première des préoccupations qui est la mienne,
23:43 c'est les conditions dans lesquelles on pratique l'interruption volontaire de grossesse.
23:48 Je pense que l'IVG n'est pas menacée dans notre pays.
23:51 Il y a déjà un certain nombre de décisions du Conseil constitutionnel qui garantissent l'IVG.
23:56 Si l'IVG était menacée, croyez-moi, je me battrais pour qu'il soit maintenu.
24:01 Mais je pense que la Constitution n'est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux.
24:08 Bonsoir Jean-Philippe Dorosier.
24:09 Bonsoir.
24:10 Vous êtes un professionnaliste, prof à l'Île-de-France.
24:13 On fait régulièrement appel à votre expertise dans les informés.
24:16 Je vous en remercie.
24:17 C'est nous, surtout, sur ces questions constitutionnelles.
24:19 La Constitution n'est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux, dit Gérard Larcher.
24:23 Que dit le juriste ?
24:24 Inscrire l'IVG, oui ou non ?
24:26 Alors, c'est deux sujets différents, en réalité.
24:28 Parce que dans une Constitution, on inscrit un certain nombre de droits fondamentaux.
24:31 Et notre Constitution contient déjà des droits fondamentaux qui sont garantis.
24:35 La liberté, l'égalité, les droits syndicaux, le droit de grève,
24:38 c'est inscrit dans la Constitution.
24:40 Maintenant, est-ce qu'il faut qu'à chaque sujet de société,
24:43 faire une révision constitutionnelle ?
24:44 Je pense que c'est ça que voulait dire Gérard Larcher.
24:47 En tant que catalogue, c'est ça.
24:48 Voilà, tout à fait.
24:49 Et là, pour le coup, effectivement, j'ai plutôt tendance à le rejoindre,
24:53 il ne faut pas instrumentaliser politiquement la Constitution.
24:57 Quelque personne que ce soit qui s'y est risqué,
25:00 c'est toujours pris un mur dans la figure à l'arrivée.
25:03 Le premier, ça a été François Hollande, avec la déchéance de nationalité,
25:06 qui a voulu réagir à ces attentats dramatiques du 13 novembre
25:11 en annonçant l'inscription dans la Constitution de la déchéance de nationalité.
25:15 Ça a été une catastrophe pour la France et pour son camp politique.
25:21 Emmanuel Macron a réitéré en 2020 en annonçant avec fracas
25:26 l'inscription dans la Constitution de la préservation de l'environnement.
25:29 Quelques mois plus tard, à nouveau, échec calamiteux.
25:33 Et là, avec l'IVG, il l'a annoncé au moment du débat sur les retraites,
25:38 le Journée mondiale pour les femmes, en mars dernier.
25:41 Au moment du débat sur l'immigration, il confirme ça.
25:44 Et là, à nouveau, ça va probablement se solder par un échec
25:47 parce que c'est de l'instrumentalisation politique.
25:49 Mais il y a un contexte, Jean-Philippe de Rosier, qui est mondial,
25:52 avec ce débat qui fait un peu chavirer aux États-Unis.
25:56 Oui, parce que les États-Unis ont éternué,
25:58 et ce n'est pas une raison pour laquelle l'Europe et la France doivent s'enlever.
26:02 Est-ce que l'inscription protégerait, dans le marbre, si je puis dire,
26:05 de la Constitution, l'IVG en France ?
26:08 Alors, ma réponse va être formellement oui, matériellement non.
26:12 Formellement oui, parce qu'évidemment, si c'est inscrit dans la Constitution,
26:15 si on veut supprimer l'IVG, c'est beaucoup plus difficile de le faire.
26:18 Mais matériellement non, parce que la Constitution va reconnaître
26:21 la liberté de la femme de pouvoir faire un avortement,
26:24 ou une interruption volontaire de grossesse,
26:25 mais toutes les conditions pour pouvoir le faire,
26:27 ça ne va pas être prévu par la Constitution, mais par la loi,
26:29 par les règlements, et surtout par la pratique sur le terrain.
26:32 S'il n'y a pas de médecin pour le faire, la Constitution ne pourra rien faire.
26:35 Si on passe d'un délai...
26:36 C'est-à-dire qu'un médecin qui refusera de pratiquer une IVG
26:38 ne pourra pas plus facilement être condamné par exemple.
26:40 Les déserts médicaux dans les campagnes,
26:42 un médecin qui refuserait de pratiquer ne sera pas davantage condamné
26:46 si c'est inscrit dans la Constitution,
26:47 parce qu'il invoquera sa liberté de conscience,
26:49 qui est garantie par la Constitution également.
26:51 On continue d'en parler, c'est passionnant, avec les informés.
26:54 D'abord, le point sur l'info, puisqu'il est 20h30.
26:56 (Générique)
27:05 - Des armes pour des centaines d'agriculteurs
27:07 qui prévoient demain d'étendre à nouveau leur mouvement de contestation.
27:11 De nombreux blocages sont annoncés, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes,
27:14 avec des actions sur l'autoroute A7.
27:16 C'est dans ce contexte que de nouveaux syndicats ont été reçus par le Premier ministre.
27:21 La réunion entre Gabriel Attal et la Confédération paysanne
27:24 de s'achever à l'instant le syndicat agricole classé à gauche,
27:27 qui réitère notamment son appel à cesser la signature d'accords de libre-échange.
27:32 De nouvelles difficultés liées à la centrale nucléaire d'Inkli Point en Angleterre.
27:36 La mise en service du premier repère est repoussée d'au moins deux ans,
27:40 annonce ce soir EDF.
27:41 Le tout pour un nouveau surcoût de 7 à 9 milliards d'euros.
27:45 L'Organisation mondiale de la santé alerte aujourd'hui
27:48 contre l'explosion des cas de rougeole en Europe,
27:51 multipliée par 30 en un an entre janvier et octobre 2023.
27:56 Plus de 30 000 cas ont été signalés.
27:59 C'est la plus lourde perte de l'armée israélienne depuis le début du conflit avec le Hamas.
28:03 24 soldats sont morts en une journée, annoncent les autorités.
28:07 Un désastre, dit aujourd'hui Benjamin Netanyahou promettant l'ouverture d'une enquête.
28:11 Et puis le cinéma français bien représenté aux Oscars,
28:14 grâce à Justine Trier et à son film "Anatomie d'une chute"
28:17 qui est nommé dans cinq catégories, dont les plus prestigieuses.
28:21 Celle du meilleur film, de la meilleure réalisation ou de la meilleure actrice.
28:25 La cérémonie des Oscars qui aura lieu le 10 mars prochain.
28:28 Et merci à Damien Mestre pour ce point sur l'info, les informés se poursuivent.
28:42 On parle de l'inscription de l'IVG dans la Constitution
28:44 avec Audrey Goutard de France Télévisions, Laurent Moujoud de l'Humanité
28:49 et Jean-Philippe de Rosier, le constitutionnaliste.
28:52 Jean-François, les arguments de Gérard Larcher ne sont pas exactement ceux qui viennent d'être développés.
28:59 Alors il y a une bagarre, vous me corrigerez Jean-Philippe de Rosier si je dis une bêtise,
29:03 c'est quand même une science exacte la Constitution, autour d'un terme si j'ai bien compris.
29:08 Alors le texte du gouvernement prévoit d'inscrire dans la Constitution
29:12 le fait que la loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté garantie à la femme d'avoir recours à l'IVG.
29:20 Bon c'est assez facile à comprendre.
29:22 Il faut trouver donc une sorte de point d'équilibre entre ce qui a été voté en fin 2022 à l'Assemblée nationale
29:29 parce que le texte était porté par Mathilde Panot et la France Insoumise
29:32 et qui garantissait le texte, enfin c'était l'accès au droit à l'IVG
29:37 et le Sénat lui a préféré un autre terme, une version qui évoque la liberté de la femme de mettre fin à la grossesse.
29:45 Moi Jean-Philippe de Rosier j'ai envie de vous poser cette question,
29:48 ce sont des subtilités qui peuvent échapper à ceux qui nous regardent, qui nous écoutent
29:51 et d'ailleurs à moi-même aussi au passage, le terme de liberté retenue plutôt que celui de droit.
29:56 Quelle subtilité, quelle différence ?
29:58 Il n'y en a pas.
29:59 Il n'y en a pas parce que droit et liberté dans la portée juridique, c'est la même forme de garantie.
30:08 C'est-à-dire qu'il n'y aura pas une hiérarchie qui sera opérée par les juges et en particulier par le Conseil constitutionnel
30:15 si c'est un droit plutôt qu'une liberté.
30:17 C'est un faux débat.
30:18 C'est un faux débat.
30:19 Ça ne crée pas une obligation, pardon.
30:21 C'est un droit de créance, une obligation donc pour l'État de parvenir et de donner toutes les...
30:30 Tout à fait.
30:31 Mais si le législateur décide de ne pas faire droit à ce droit,
30:38 les particuliers, les justiciables ne peuvent pas invoquer leur droit à une législation.
30:44 L'IVG, l'interruption volontaire de grossesse serait reconnue par la Constitution.
30:49 Les femmes pourraient avoir un droit à pratiquer l'IVG.
30:53 C'est dans la loi.
30:54 Aujourd'hui, on ne pourrait pas supprimer cette loi parce qu'effectivement, elle existe.
30:59 Si c'est la liberté de faire une IVG, je pense qu'on ne pourra pas non plus abolir l'avortement,
31:04 les possibilités de faire un avortement.
31:05 Mais dans toutes les modalités de mise en œuvre de cet avortement,
31:10 les questions de délai, les questions des médecins présents sur le territoire,
31:15 parce qu'on n'habite pas tous dans une grande ville où on a un médecin tous les 200 mètres
31:20 qui peut prescrire une pilule abortive ou ce genre de choses,
31:24 tout cela ne changera rien, que ce soit un droit, une liberté inscrit ou non dans la Constitution.
31:29 Laurent Molloud.
31:30 Vous n'avez pas tort.
31:32 Il me semblait quand même que le droit, d'ailleurs c'est ce que défend pas mal d'associations féministes,
31:37 qui voulaient le mot droit, était plus impliquant au niveau juridique que le terme de liberté,
31:42 puisqu'une liberté, comme on le sait tous les jours, peut se restreindre.
31:46 Un droit aussi ?
31:47 Alors une liberté, on a la liberté d'aller et venir, par exemple,
31:51 si on dit qu'on va boucler une zone parce qu'elle est dangereuse,
31:54 on peut restreindre la liberté de se déplacer.
31:57 Oui, mais votre droit de propriété peut être restreint aussi,
32:02 vous ne pouvez pas acquérir n'importe quoi, vous ne pouvez pas le vendre n'importe comment.
32:04 Vous voyez bien que restreindre une liberté paraît plus simple dans la gamme de ce qu'on peut faire,
32:10 plutôt que d'attaquer un droit fondamental qui demande de passer par tous les bords.
32:15 Pour faire le lien avec un débat d'actualité, le droit au regroupement familial,
32:20 vous ne trouvez pas qu'il peut être particulièrement restreint ?
32:22 C'est pas parce que c'est un droit qu'on ne peut pas le remettre en cause.
32:24 Le droit au regroupement familial peut être restreint.
32:26 Il n'est pas inscrit dans la Constitution.
32:28 Ah si, il découle de la Constitution.
32:30 Jean-Philippe de Rosier, Gérard Larcher, c'était sur France Info ce matin,
32:33 dit autre chose, il dit "la Constitution n'est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux".
32:41 Vous pensez aujourd'hui, vous êtes constitutionnaliste, vous êtes un expert en la matière,
32:45 que tous ces débats affaiblissent désormais la Constitution ?
32:48 Je pense, comme je l'ai dit avant la séquence d'info,
32:53 qu'il ne faut pas réagir à la moindre actualité par un recours à la Constitution.
33:00 Je pense que, comme l'a dit un grand penseur juriste, Québé Montesquieu,
33:04 il faut modifier les lois et la Constitution d'une main tremblante.
33:08 Il faut réfléchir aux débats constitutionnels.
33:10 Je ne dis pas qu'il ne faut absolument pas toucher à la Constitution,
33:13 mais pourquoi l'IVG plus qu'autre chose ?
33:18 Cela mériterait un débat plus serein,
33:21 plutôt qu'un débat qui est pressé par une actualité,
33:25 aujourd'hui, celle des Etats-Unis, qui n'est plus si actuelle que ça.
33:29 J'ai l'impression que le débat était plutôt serein.
33:31 Il y a eu un échange entre les deux chambres.
33:40 Il y a eu discussion, chacun s'est mis d'accord sur un texte final,
33:46 chacun a fait un pas vers l'autre.
33:49 Est-ce que la Constitution n'est pas une liste de souhaits déjà ?
33:52 Parce que vous avez tout à fait raison.
33:54 Dans la Constitution, il y a des évidences établies,
33:57 mais qui ne sont pas toutes respectées.
33:59 Après tout, on mettrait le droit à l'IVG dans la Constitution.
34:04 Oui, peut-être qu'elle ne sera pas exactement appliquée,
34:08 et qu'il y aura des régions où il sera plus difficile de se faire avorter,
34:12 pour toutes les raisons que vous avez très bien expliquées.
34:14 Mais pour autant, c'est symbolique.
34:16 C'est un souhait donné et écrit dans la Constitution.
34:21 Il n'est pas serein pour une raison très simple,
34:24 c'est qu'il est politisé.
34:26 Pourquoi ? Parce que le président de la République en a fait un argument
34:30 et un levier politique.
34:32 Il a réagi à une actualité en disant "nous allons faire ça".
34:36 Et ça ne réunit pas les conditions pour animer un débat serein.
34:40 Parce que le président de la République est celui qui va vouloir conduire
34:44 la révision constitutionnelle, tel est son rôle,
34:46 si elle aboutit, c'est lui qui sortira victorieux.
34:49 Et étant donné qu'il n'est pas entouré d'alliés,
34:52 notamment au Sénat, ce dernier n'a aucun intérêt
34:55 à lui permettre d'en sortir victorieux.
34:57 Pour avoir un débat serein, c'est là où je dis qu'il faut un débat
35:01 plus profond et probablement en amont,
35:04 en réunissant les différentes forces politiques,
35:06 en réunissant les différents acteurs qui interviennent
35:09 dans la révision constitutionnelle, dont le Sénat,
35:12 pour envisager les possibilités d'avancer en matière constitutionnelle.
35:15 Est-ce que c'est aussi ce que fait là Gérard Larcher,
35:18 de la politique, Laurent Mouloud ?
35:20 Julien Bayou notamment dit que c'est, en gros, pour nuire au Président de la République,
35:24 qu'il prend cette position-là, mais qu'on n'est pas sur le fond.
35:27 Ce que j'allais dire, le plus politicien des deux, là, dans l'affaire,
35:30 c'est plutôt Gérard Larcher, me semble-t-il, qui prend cette position.
35:33 Je pense qu'il faut répondre à la réponse du berger à la bergère.
35:35 Oui, mais en l'occurrence, il refuse une modification de la Constitution
35:40 qu'il trouve inutile, s'il ne fait pas de la politique, il répond.
35:43 Inutile, garantir la liberté des femmes de disposer librement de leur corps,
35:47 ça ne me semble pas être un sujet...
35:50 Mais ce n'est pas ça !
35:51 Non, mais garantir dans la Constitution...
35:52 Ce n'est pas garantir la liberté des femmes de disposer librement de leur corps.
35:55 Ce n'est pas la même chose. Là, on parle seulement de l'avortement.
35:57 Pardonnez-moi, mais les femmes ont un sens.
35:59 Ça aurait sa place dans la Constitution, davantage ?
36:01 Ça, c'est un débat qui, effectivement, est plus englobant et plus large.
36:03 Et pourquoi seulement les femmes ?
36:04 Garantir à chacun le droit de disposer librement de son corps.
36:07 Et là, effectivement, on a quelque chose de plus large.
36:10 Si je peux me permettre de vous remercier, c'est exactement le thème de l'IVG
36:13 et de l'interruption votaire en grossesse, est un élément fondamental...
36:16 C'est une formulation qui est choisie.
36:17 Bien sûr, mais c'est un élément fondamental qui garantit aux femmes
36:20 la liberté de leur corps, de disposer de leur corps.
36:24 Sur un sujet particulier.
36:25 Sur un sujet, certes particulier, mais fondamental, comme la procréation,
36:29 et qui n'est pas un sujet...
36:31 Je vous entendais tout à l'heure parler en disant
36:33 qu'on ne peut pas mettre n'importe quel débat sociétal.
36:35 On n'est pas en train de parler d'un petit fait divers
36:38 ou je ne sais pas quoi, qui se transforme parfois en loi.
36:40 Juste pour rebondir sur ce que vous disiez, d'ailleurs,
36:42 ça ne sera pas un article.
36:44 Ça sera intégré dans un article.
36:47 Un alinéa dans un article, l'article 34,
36:49 fixe les compétences du législateur,
36:51 et dont on se sert pour effectivement reconnaître
36:54 un certain nombre d'éléments.
36:55 C'est important, puisque c'est votre argument.
36:57 C'est de dire que ça ne mérite pas un article, finalement.
37:00 Ah, je n'ai jamais dit ça.
37:01 Vous dites que l'IVG ne mérite pas de...
37:03 Je n'ai jamais dit ça.
37:04 Vous n'avez pas dit que l'IVG ne mérite...
37:05 Je n'ai jamais dit ça.
37:06 D'accord.
37:07 Il n'y a aucune différence entre un article, entre l'article 1er et l'article 66.
37:10 Non, non, je n'ai jamais dit ça.
37:12 J'ai simplement dit que je ne pense pas que l'IVG en tant que tel,
37:16 qui est un sujet spécifique,
37:18 effectivement, trouve sa place dans la Constitution.
37:20 Ça ne sera pas un alinéa.
37:21 Oui, oui, mais je n'ai jamais parlé d'article.
37:24 Et lorsque l'on dit, vous l'avez dit tout à l'heure,
37:26 que le Sénat a déjà voté, il a fait un pas vers l'Assemblée nationale,
37:29 il faut quand même se souvenir des conditions dans lesquelles ça a été voté.
37:32 Ça n'a pas été voté par la majorité sénatoriale.
37:34 C'est un amendement d'un sénateur, Philippe Bas,
37:37 qui était, et qui est toujours un sénateur de la majorité,
37:41 qui occupait des fonctions très importantes au Sénat.
37:43 Après le renouvellement, il n'occupe plus aucune fonction au Sénat.
37:46 Parce que précisément, sa majorité lui en a terriblement voulu
37:50 d'avoir facilité l'adoption de cet amendement
37:52 qui a été voté contre l'avis de sa propre majorité,
37:54 contre l'avis du président du groupe majoritaire au Sénat.
37:57 On poursuit cet échange après le Fil-Info,
37:59 puisqu'il est 20h41, Stéphane Milleau.
38:01 Face à la colère des agriculteurs,
38:04 dès demain, les actions vont s'amplifier.
38:06 Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau,
38:08 l'affirme dans le 20h de TF1.
38:10 La totalité des départements seront en action d'ici à la fin de la semaine.
38:14 Le patron du premier syndicat agricole dit ne pas comprendre
38:17 pourquoi on impose tant de normes et tant de règles.
38:20 Pour accélérer la libération des otages retenus par le Hamas,
38:23 en panne depuis fin novembre,
38:25 Joe Biden envoie un de ses conseillers au Proche-Orient,
38:28 première étape l'Egypte.
38:29 Il entend discuter d'une pause humanitaire
38:31 dans le conflit entre le Hamas et Israël.
38:33 Selon Israël, 132 otages sont toujours détenus
38:36 dans le territoire palestinien, dont 28 seraient décédés.
38:39 Le trafic maritime en mer Rouge a chuté de 22%.
38:43 C'est l'Union Européenne qui le constate.
38:45 Les attaques des rebelles yéménites,
38:47 les outils contre les navires commerciaux,
38:49 ont une lourde conséquence sur le transport.
38:51 A plus long terme, ces attaques pourraient avoir un impact
38:54 sur les prix des marchandises.
38:56 La suite de l'Euro de handball avec, depuis 20h30, la Norvège.
38:59 Face à la Suède, victoire de la Slovénie sur le Danemark,
39:02 28 à 25.
39:03 Match nul entre le Portugal et les Pays-Bas,
39:05 33 partout.
39:06 - Pendant le fil info, vous avez loupé quelque chose,
39:19 mais on va le rattraper.
39:20 Les informés autour de la table.
39:22 Audrey Goutard, France Télévisions,
39:23 Laurent Moujou de l'Humanité,
39:24 Jean-Philippe Dorosier, constitutionnaliste.
39:27 Je vous laisse répéter pour nos auditeurs
39:29 et nos téléspectateurs ce que vous disiez
39:31 à Audrey Goutard.
39:32 - Je ne sais plus parce qu'on était pris dans un débat,
39:36 dans un échange.
39:37 Mais non, je disais que...
39:40 - Autour de cette question de récupération politique
39:43 ou pas d'un camp politique qui récupérerait
39:45 cette réforme constitutionnelle,
39:47 et c'est ce que vous dites de manière générale,
39:49 c'est toujours comme ça.
39:50 - Oui, c'est toujours...
39:51 - C'est toujours les deux mots.
39:52 - Ce, c'est...
39:53 Les révisions constitutionnelles qui ont abouti
39:56 servaient la nation.
39:58 Elles ont été toujours initiées par un personnage politique,
40:01 généralement le président de la République,
40:03 mais qui a cherché à réunir les conditions
40:07 pour servir l'intérêt national.
40:10 Emmanuel Macron, dans les deux hypothèses
40:12 où il a voulu faire un coup d'éclat médiatique
40:15 avec une révision constitutionnelle,
40:17 l'environnement et là, l'IVG,
40:19 il fait de la politique, ce qui est très bien.
40:22 Il est dans son rôle.
40:23 Mais il s'en sert pour avoir une récupération politique.
40:27 - Tu peux me permettre, ça ?
40:29 - Laurent Mollet.
40:31 - Ça servira à toutes les femmes,
40:33 quel que soit son camp politique ?
40:35 - Mais je ne dis pas le contraire.
40:37 C'est dans son intention.
40:38 - Alors reprenons l'intention.
40:39 - J'ai l'impression que je vais passer
40:41 pour celui qui est opposé à l'IVG.
40:42 - Non, non, non.
40:43 - Je tiens à le dire.
40:44 - On est sur le débat juridique.
40:46 - Clairement, je ne suis absolument pas hostile à l'IVG.
40:50 Au contraire, les femmes ont tout à fait le droit
40:53 de procéder à l'avortement si elles le souhaitent.
40:56 Mais je pense que porter ce débat-là
40:58 au niveau constitutionnel,
41:00 premièrement, ne va pas changer quoi que ce soit
41:03 pour la garantie de ce droit.
41:05 Et deuxièmement, c'est un instant et un procédé
41:09 qui est mal choisi s'il avait pour volonté
41:13 d'aboutir jusqu'à son terme.
41:15 - D'un mot, Audrey Boutard ?
41:16 - Je disais juste que l'élaboration
41:17 d'articles constitutionnels,
41:18 et on parlait de la Constitution de 1958,
41:20 c'est toujours lié à une actualité.
41:22 Et c'est toujours au crédit de celui
41:25 qui porte l'article ou le projet.
41:28 - Ça oui.
41:29 - Mais effectivement,
41:30 ce n'est pas obligatoirement une manipulation politique.
41:32 C'est au crédit d'Emmanuel Macron
41:34 qui a porté ce projet,
41:36 ou en tout cas de la députée qui l'avait proposé.
41:38 - Lorsque Nicolas Sarkozy fait la révision de 2008,
41:40 ce n'est pas une actualité ?
41:41 - Et oui, c'est lié souvent à une actualité
41:44 qui est quand même lointaine.
41:45 Là, c'était les États-Unis.
41:46 C'est aussi la Pologne.
41:47 C'est aussi d'autres pays
41:48 qui ont cette tentation de restreindre l'IVG.
41:51 Et pourquoi pas en faire un symbole
41:53 en mettant l'IVG dans la Constitution ?
41:56 - Mais 2008 est passé comme une lettre à la poste
41:57 parce que c'était décorrélé de l'actualité en réalité.
42:00 - Oui, tout à fait.
42:01 Il y a eu une volonté
42:03 de faire évoluer le pacte constitutionnel.
42:06 Après, il n'y a pas forcément que l'actualité.
42:09 Moi, là, je vous parle d'un procédé.
42:11 C'est-à-dire qu'il a pour intention...
42:13 - Vous dites que c'est une récupération politique.
42:15 - Je reviens sur ce sujet-là.
42:17 Emmanuel Macron a pour intention
42:19 d'en faire un levier politique
42:21 pour en retirer un bénéfice politique.
42:23 - Juste pour conclure, politiquement,
42:25 est-ce que ça a encore quelconque chance de passer ?
42:30 Et notamment après, Jean-François,
42:32 cette prise de position de Charles Archer ?
42:33 - Déjà, le vote qui était prévu demain à l'Assemblée nationale
42:36 est reporté, eu égard à l'actualité, j'imagine.
42:39 Mais après le discours de politique générale,
42:42 parce qu'il y aura un discours de politique générale
42:44 de Gabriel Attal dans une semaine,
42:46 nous verrons bien.
42:47 Je ne suis pas sûr que ce soit la préoccupation,
42:50 la priorité des Français d'aller au bout de cette affaire.
42:54 Je pense qu'il y a d'autres priorités qui passent bien avant.
42:57 Nous avons une crise majeure, et nous avons ce soir
42:59 le patron de la FNSEA qui parle d'étendre
43:02 et de durcir le mouvement des agriculteurs en France.
43:04 - Mais juste pour conclure ce sujet...
43:07 - Moi, je pense que, de toute façon,
43:09 depuis le départ, cette révision constitutionnelle
43:11 est bien mal embarquée.
43:13 Il faut l'accord du Sénat pour qu'elle aboutisse.
43:15 Son président a émis un avis,
43:17 qui n'engage a priori que lui,
43:18 mais bon, il n'est quand même pas n'importe qui au Sénat.
43:20 Et depuis le départ, on voit très bien,
43:22 comme je l'ai rappelé tout à l'heure,
43:23 que la majorité sénatoriale est quand même très tatillonne
43:26 à l'égard de cette révision constitutionnelle.
43:29 Donc, je suis très sceptique sur ses chances de succès.
43:32 - Laurent Moulaude ?
43:33 - Oui, je pense que c'est une grande avancée, moi.
43:36 C'était une avancée qui, j'espère, ira jusqu'au bout,
43:39 parce que le Sénat, effectivement, peut freiner des cas de fer,
43:43 mais on voit bien que c'est eux qui ont une attitude politicienne
43:45 dans cette affaire.
43:46 - Voilà. Mais sur l'issue politique ?
43:48 - Sur l'issue politique, il faudra les 3/5e du Parlement.
43:51 - Il faut d'abord le vote du Sénat.
43:53 - Il faut d'abord le vote du Sénat.
43:54 - Il faudra ensuite...
43:55 - Il faut rassembler Sénat, a priori, la semaine prochaine,
43:56 et congrès le 2 mars.
43:57 - Et ensuite, les 3/5e du Parlement,
43:58 pour que cette révision puisse passer.
44:00 Ça serait une bonne nouvelle.
44:02 - Merci beaucoup pour tous ces éclairages.
44:04 Jean-Philippe de Rosy, on referme cette page.
44:07 Constitution, quelque chose me dit qu'on aura à nouveau l'occasion
44:10 de parler de constitution dans les prochaines heures,
44:12 avec l'avis attendu du conseil.
44:15 - La décision.
44:16 - La décision, pardon le terme exact.
44:18 Vous avez raison, du conseil constitutionnel.
44:20 On fera peut-être bien appel à vous, tiens.
44:22 Très vite sur la loi immigration.
44:25 Allez, en cette année de Paris 2024,
44:28 avant les Jeux, il y a les voeux.
44:31 C'était aujourd'hui Emmanuel Macron à l'INSEP,
44:34 cet après-midi, pour des voeux au monde sportif,
44:36 à l'aube de cette année olympique.
44:38 Et qu'on se le dise, le président y croit.
44:40 - Vous l'avez compris, l'année 2024 sera un millésime.
44:44 Sportif, organisationnel, un moment de fête sportif et culturel,
44:52 et également parce que nous allons continuer de préparer
44:55 l'avenir grâce à ces Jeux.
44:57 Alors je serai à vos côtés à chaque minute,
45:00 jusqu'à cet été 2024.
45:02 Ce sera un formidable moment de fierté française et de célébration,
45:05 mais c'est surtout un mouvement inarrêtable que nous avons créé,
45:09 grâce à ces Jeux olympiques et paralympiques.
45:12 - Bonsoir Nathalie Haneta.
45:14 - Bonsoir Bérangère, bonsoir Raphaël.
45:16 - Vous y étiez pour France Info, directrice des sports de Radio France.
45:20 Racontez-nous la tonalité du discours d'abord,
45:24 et puis on parlera de la ministre,
45:26 évidemment un peu passablement fragilisée,
45:29 mais le discours l'humain d'Emmanuel Macron ?
45:31 - Je crois que vous avez gardé peut-être le passage
45:34 où il y avait le plus d'élan, parce que sinon,
45:36 je dirais que c'était un discours plutôt bilan.
45:38 Le président a vraiment insisté sur tout ce qui avait été fait
45:41 depuis 2017.
45:43 Il a parlé beaucoup, notamment, de ces 30 minutes de sport à l'école primaire,
45:47 des 2 heures de PS au collège depuis la rentrée.
45:50 Il l'a dit, il a martelé, dans votre passage,
45:53 il dit "c'est inarrêtable", ce terme d'inarrêtable,
45:56 il l'a répété à plusieurs reprises.
45:58 Il a aussi salué le travail des équipes du COJO, de la Solidéo,
46:01 vous savez c'est cet organisme qui est chargé de construire les bâtiments,
46:04 certains sites, et de rénover.
46:06 Il a dit franchement, dans les délais,
46:08 avec une augmentation de 13% par rapport au budget initial,
46:11 c'est plutôt extrêmement vertueux,
46:14 si on ramène ça à l'inflation,
46:16 puis soyons honnêtes, au dérapage qu'en général,
46:18 des budgets olympiques subissent, Olympiade après Olympiade,
46:21 il a mis une petite pression quand même,
46:23 sur les transports et sur la Sécu.
46:25 Sinon, franchement, pour le fun et le souffle,
46:27 on va garder sa référence à 98,
46:29 ce moment qui a marqué une nation et une génération,
46:32 il a souhaité aux plus jeunes,
46:34 que cet été 2024 leur laisse des souvenirs inoubliables,
46:37 aussi.
46:39 On a envie, Nathalie Nayenta,
46:41 de savoir un peu dans quel état d'esprit se trouve le monde sportif,
46:44 ils étaient tous là, les fédérations, les sportifs eux-mêmes,
46:47 en cette année olympique,
46:49 mais surtout après 10 jours de polémiques qui n'en finissent plus,
46:52 sur la ministre des Sports, avec son périmètre élargi à l'éducation,
46:55 on a beaucoup entendu le monde de l'éducation,
46:57 qu'en dit le monde sportif ?
46:59 Pour être tout à fait sincère,
47:01 en ayant discuté avec beaucoup d'entre eux,
47:03 et franchement il y avait un beau parterre,
47:05 c'était un très grand niveau de représentation,
47:07 y compris chez les champions,
47:09 on comprend que ce n'est pas leur affaire,
47:11 ces polémiques depuis 10 jours,
47:13 eux ce qui les secoue davantage, c'est ce fameux rapport parlementaire,
47:16 où le monde du sport est montré comme dans une omerta,
47:20 un autre soi, un problème de démocratie,
47:23 et une forme de déni aussi, notamment sur les violences sexistes et sexuelles,
47:26 cette fameuse proposition aussi de créer une instance indépendante,
47:29 ils sont assez vent debout là-dessus,
47:31 vous savez le monde du sport c'est un monde qui se méfie beaucoup
47:34 des politiques, qui s'en sert énormément bien sûr,
47:37 et qui là du coup, ce qu'on risque c'est une espèce de back-clash,
47:40 comme on dit, c'est-à-dire un peu un retour de bâton,
47:42 où ils risquent de se réplier sur eux-mêmes,
47:44 mais concernant la ministre, qui était là,
47:46 aux côtés de Rachida Dati, la ministre de la Culture,
47:48 ce qui était d'ailleurs une nouveauté,
47:50 c'est la première fois, je crois, de mémoire,
47:52 qu'une ministre de la Culture accompagne un président de la République,
47:55 Alin Tsep, pour des vœux sûrs du sport,
48:00 c'était pas tellement leur sujet en fait,
48:02 la position d'Amélie Oudéa Castera,
48:04 parce que côté sport, ils se disent que ça va.
48:06 Ils ne craignent pas qu'elle s'occupe d'autre chose que de sport,
48:09 clairement elle est ministre de l'Education aussi.
48:11 Non, ce qu'ils craignent aujourd'hui,
48:13 c'est que son image, qui avait plutôt extrêmement mal démarré,
48:16 soyons sincères, dans le monde du sport,
48:18 on s'en souvient, elle avait été nommée tout de suite après,
48:20 il y avait eu la polémique du Stade de France,
48:22 elle avait quand même réussi à séduire et à convaincre,
48:24 surtout le monde du sport,
48:26 ce qu'ils craignent, c'est que l'image soit abîmée durablement,
48:28 pas seulement sur le portefeuille éduque,
48:30 mais aussi sur leur portefeuille et leur périmètre à eux.
48:32 Merci beaucoup Nathalie Iannetta.
48:34 Audrey Goutin nous racontera dans un instant ce rapport parlementaire,
48:37 effectivement, sur les violences sexistes et sexuelles dans le sport.
48:42 D'abord le fil info, Stéphane Milhomme, 20h51.
48:44 Marc Fénaud est depuis la fin de l'après-midi à Pamier,
48:49 dans l'Ariège, le ministre de l'Agriculture,
48:51 en hommage à cette agricultrice tuée ce matin par une voiture
48:54 sur un barrage routier, son compagnon et sa fille
48:56 restent hospitalisés dans un état grave,
48:58 face à la grogne des agriculteurs.
49:00 Le ministre promet aussi des mesures rapides d'ici quelques jours.
49:03 Il le rappelle, les agriculteurs ont d'abord besoin qu'on les écoute,
49:06 qu'on les comprenne, qu'on leur réponde,
49:08 et c'est ce que l'on va faire.
49:10 Gabriel Attal, lui, reçoit de nouveau au syndicat Matignon.
49:13 La coordination rurale lui réclame un retour en arrière
49:16 sur le gasoil non routier, pour lequel les agriculteurs
49:19 bénéficiaient d'une fiscalité allégée,
49:22 mais que le gouvernement a remise en cause.
49:24 La Confédération Paysanne est également reçue.
49:26 En Grande-Bretagne, la mise en service de la centrale EPR
49:29 Enclay Point C est repoussée de 2 voire 4 ans
49:32 et c'est son concepteur EDF qui l'annonce.
49:35 Ce sera au mieux pour 2029, elle coûtera aussi plus cher,
49:38 9,3 milliards d'euros contre les 7 milliards prévus initialement.
49:42 La Coupe d'Afrique des Nations, le Cameroun bat les footballeurs
49:45 de Gambie 3 à 2 et se qualifie pour les 8e de finale.
49:48 Le Sénégal s'impose face à la Guinée 2-0
49:51 et les deux équipes, là aussi, partent en 8e.
49:54 [Musique]
50:03 On parle de ses voeux au monde sportif et du monde sportif
50:06 en ce début d'année olympique avec Audrey Goutard,
50:09 France Télévisions, Laurent Moulu de l'Humanité.
50:11 Audrey, vous étiez au rendu de ce rapport parlementaire
50:14 sur les violences sexistes et sexuelles dans le sport
50:17 et vous avez suivi ça toute la journée avec notamment
50:19 des acteurs du monde sportif dont on parlait avec Nathalie Hanetak.
50:23 Dans quel état d'esprit ils sont autour de ce rapport et plus globalement ?
50:27 C'est très compliqué. Vous avez à la fois d'un côté les associations
50:30 qui travaillent sur les violences sexuelles et sur le sexisme
50:34 qui se réjouissent de ce rapport parce qu'effectivement
50:37 les chiffres sont là. Un enfant sur sept qui a une pratique sportive régulière
50:43 dit avoir été victime de violences sexuelles.
50:46 Le rapport est terrible sur l'absence de dynamisme dans cette lutte
50:54 contre les violences sexuelles au sein des fédérations sportives.
50:59 On fait état d'encadrant pour les enfants notamment
51:07 qui ne sont pas assez surveillés. Ils ont notamment noté
51:12 que des éducateurs sportifs avaient des passifs judiciaires
51:23 qui n'étaient pas contrôlés. Bref, un manque de contrôle,
51:26 un manque d'énergie autour de ces problématiques-là.
51:30 Et en même temps d'un autre côté, vous avez des fédérations sportives
51:35 qui attendent beaucoup de leur ministre des sports
51:38 et qui ont l'impression qu'elle est empêtrée dans tout cela.
51:44 Tout cela mélangé, aujourd'hui, avait créé une ambiance
51:49 qui n'était pas bonne. Même les associations liées aux violences sexistes et sexuelles
51:56 semblaient dubitatives sur l'issue de ce rapport.
52:00 Est-ce qu'il va y avoir des mesures prises ?
52:03 Est-ce qu'on va faire avancer les choses dans ces matières-là ?
52:07 À cause du périmètre de la ministre et de toutes ces polémiques
52:10 ou globalement sur la volonté politique de ce gouvernement ?
52:14 Du fait que la ministre a été elle-même présidente de la fédération sportive du tennis.
52:19 Elle a vu, elle sait ce qui s'y passe.
52:22 Elle a fait beaucoup de déclarations contre les violences faites aux sportives
52:30 et les violences sexuelles, mais en même temps,
52:32 ce sentiment que ça n'est pas suivi des faits.
52:35 Est-ce que cette ministre, qui alors qu'elle était présidente d'une fédération,
52:40 n'a pas beaucoup bougé, malgré des déclarations,
52:43 est-ce qu'elle sera en mesure de continuer à agir ?
52:47 Est-ce qu'elle va agir alors qu'elle a en plus un ministère ?
52:51 - Mais est-ce que Audrey Goutard se repose sur les épaules d'une seule ministre, cette histoire ?
52:55 Est-ce qu'il ne faut pas non plus ?
52:57 Ça demande peut-être des interventions plus larges.
52:59 Est-ce que nous sommes au courant de quels seraient les moyens pour agir efficacement ?
53:03 - Justement, c'est ce que propose le rapport parlementaire.
53:06 C'est ce que disait votre journaliste.
53:08 Il propose que l'on crée une entité spécifique, autonome et indépendante,
53:18 qui va pouvoir enfin travailler sur les violences et le sexisme dans le sport
53:22 pour soutenir, épauler les fédérations et le ministère.
53:27 - Laurent Molloud, il y a une volonté politique sur ce sujet, vous semble-t-il,
53:31 au-delà de la ministre de l'Intérieur ?
53:33 - J'ai l'impression que dès que quelqu'un ouvre la bouche, il y a une volonté politique derrière, sans doute.
53:36 Mais créer une autorité administrative indépendante sur une question aussi centrale
53:41 que les violences faites sur les enfants, les violences sexuelles,
53:44 c'est une autorité de ce type-là.
53:47 On en a créé pour d'autres questions, sur le dopage, je me souviens,
53:50 une autorité indépendante, administrative, qui a travaillé sur la question du dopage.
53:54 La question des violences physiques et sexuelles faites aux enfants dans le monde sportif
53:58 n'est pas moins importante que celle du dopage.
54:00 Je ne comprends pas vraiment cette réaction outrée.
54:03 Alors je pense que là, il y a du calcul politique dans l'outrance,
54:06 parce que c'est une élue écolo qui est présidée ce rapport parlementaire,
54:09 donc j'imagine qu'il y a une volonté aussi de répondre politiquement
54:13 à ce qu'elle estime être une attaque politique.
54:15 Mais enfin, sur le fond, je ne vois pas tellement ce qu'il y a à contester
54:19 sur la mise en place d'une telle instance.
54:20 Ça pourrait effectivement être une solution pour avancer.
54:22 - Elle est fragilisée, trop fragilisée, Jean-François,
54:26 cette ministre pour aujourd'hui peser sur ce genre de sujet ?
54:30 - Pour tous les cas, son entourage explique qu'elle est au travail.
54:32 C'est ce qu'on dit en général quand on pose la question.
54:35 Non, là pour l'instant, c'est très difficile pour elle.
54:37 Mediapart continue de feuilletonner à son sujet sur toutes sortes d'angles.
54:42 Emmanuel Macron, au fond, l'a emmené avec lui pour ses voeux au monde sportif.
54:48 C'est aussi un message pour dire "Regardez, je garde ma ministre auprès de moi,
54:51 elle ne partira pas".
54:53 Quelque part, je pense que le président de la République attend que la vague passe
54:57 et que la ministre en question puisse, Amélie Oudiak-Casterat, passer à autre chose.
55:02 Pour l'instant, nous sommes dans ce moment suspendu où il ne se passera pas grand-chose.
55:06 Je vous rappelle qu'il y a un discours de politique générale.
55:08 C'est ensuite que peut-être les travaux de la ministre pourront enfin démarrer.
55:12 Et tiens, au fait, Laurent Mouloud, puisque vous êtes là,
55:14 qu'est-ce qu'il y a demain à la Une de l'Humanité ?
55:16 - Nous allons parler du droit à l'IVG inscrit dans la Constitution.
55:21 - Peut-être. - Le titre, on l'a ?
55:23 - Je n'ai pas encore le titre, c'est gentil.
55:25 - On regardera ça demain.
55:26 Merci beaucoup aussi à Audrey Goutard.
55:28 Demain, les informer 9h, Salia Braklia et Renaud Delier.
55:30 Nous, on sera là dès 20h. Bonne soirée.
55:32 (Générique)

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