"Le 13/14" reçoit aujourd'hui, jeudi 25 janvier, le comédien Benjamin Tholozan et la metteuse en scène Hélène François, tous deux co-auteurs de la pièce "Parler pointu", inspirée de la propre histoire du comédien et qui dénonce le silence imposé aux parlers régionaux, notamment l'occitan. Le spectacle part en tournée dès le 2 février.
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00:00 Est-on obligé de perdre son accent quand on veut réussir dans une grande entreprise,
00:04 dans les médias, le spectacle, la politique ? Si oui, pourquoi ? Et sinon, pourquoi si
00:09 peu de personnalités le conservent-elles cet accent ? Toutes ces questions sont abordées
00:14 dans une pièce de théâtre très politique, au bon sens du terme, elle s'intitule « Parlez
00:19 Pointu », elle vient d'être présentée à Paris et elle sera jouée dans les prochaines
00:22 semaines dans les Alpes-Maritimes, dans le Vaucluse ou encore dans le Tarn et nous en
00:26 parlons avec nos deux invités, Benjamin Tolozan, bonjour, vous êtes comédien et
00:31 co-auteur de ce spectacle, avec nous également Hélène François, bonjour, metteuse en scène
00:36 et co-autrice de cette pièce avec Benjamin, j'attends les questions, les témoignages
00:41 des auditeurs de France Inter, si vous vous reconnaissez dans cette histoire, et je sais
00:44 que c'est le cas de beaucoup de nos auditeurs, 0145 24 7000, vous pouvez témoigner également
00:50 via l'application France Inter.
00:53 « Parlez Pointu » Benjamin Tolozan, qu'est-ce que ça veut dire déjà cette expression
00:56 et d'où vient-elle ?
00:57 Alors c'est une… Dans le Midi, « Parlez Pointu » ça veut dire « avoir l'accent
01:03 parisien », en tout cas ce que l'on suppose être l'accent parisien qui en réalité
01:07 n'est pas l'accent parisien, parce qu'il y avait plusieurs accents à Paris, mais c'est
01:12 ne pas avoir l'accent du Sud et c'est une expression que j'entends depuis que
01:15 je suis petit et je trouvais ça intéressant comme titre, on trouvait ça intéressant
01:20 parce que ça renverse une norme établie en fait.
01:22 Dire à quelqu'un qui parle Pointu, c'est lui dire que c'est lui qui a un accent.
01:26 Voilà, dans le Sud c'est ça.
01:28 Vous êtes originaire de Nîmes ? Oui.
01:29 Là vous n'avez pas, on l'entend, vous n'avez pas d'accent, vous l'avez perdu
01:32 cet accent.
01:33 Je l'ai perdu, oui.
01:34 Je l'ai perdu assez jeune en fait, les premiers cours de théâtre que j'ai pris
01:38 quand j'avais 8 ans dans ma région, déjà on nous disait qu'on ne pouvait pas jouer
01:43 tel ou tel texte ou tel ou tel registre avec cet accent-là et qu'il fallait apprendre
01:47 à le gommer donc on avait vraiment des cours de diction spécifiques pour fermer les O,
01:52 dire "é" au lieu de "é" etc.
01:54 Et donc c'est venu assez vite.
01:55 Mais ça, dès que vous avez commencé le théâtre, en amateurs, dans le Gard ?
01:59 Oui, avec des profs qui étaient originaires de la région et qui avaient l'accent eux-mêmes.
02:03 Donc c'était vraiment déjà présent à ce moment-là.
02:05 Hélène François, vous avez rencontré Benjamin plus tard, il avait déjà perdu son accent,
02:09 vous l'aviez un peu reconnu, distingué dans sa manière de parler ou pas du tout ? Ou
02:13 c'est lui qui est venu vous apporter cette histoire en quelque sorte ?
02:15 Non, pas du tout.
02:16 En fait, quand on s'est rencontrés, il avait déjà effectivement perdu son accent,
02:20 on s'est rencontrés en école de théâtre.
02:21 Et ensuite, au fur et à mesure de nos années d'école, on s'est bien entendus et on
02:30 s'est dit "un jour on ferait un spectacle ensemble".
02:32 Et puis on réfléchissait, on se retrouvait, on n'avait pas d'idée.
02:37 Et puis un jour, Benjamin est venu avec cette idée-là et je me suis dit "mais c'est
02:41 effectivement hyper intéressant".
02:42 Et on a commencé à creuser et à découvrir qu'il y avait plein de questions historiques
02:47 qui traversaient ces questions de gêne, de honte, de l'accent qu'il faut cacher,
02:52 qu'il faut mettre de côté pour avoir l'air sérieux.
02:55 Voilà, donc on va découvrir dans ce spectacle que l'histoire de France, de la monarchie
03:01 à la République, est faite de cette lutte du français contre d'autres langues et
03:05 du sans-accent, si je puis dire, même si on a peut-être tous un accent, contre les
03:10 accents.
03:11 - Et ça, pour vous, personnel, c'est l'enterrement de votre grand-père, c'est ça que vous
03:14 racontez, Benjamin Toulousan ?
03:15 - Oui, en fait, ce sujet a toujours été...
03:16 - C'est vrai, ça ?
03:17 - Oui, oui, c'est vrai.
03:18 - Vous pouvez nous raconter ce qui se passe ce jour-là ?
03:20 - En fait, moi, ce sujet, ça fait longtemps qu'il est présent dans ma vie.
03:24 Dans ma famille, c'était l'objet de petites plaisanteries, des fois, le fait que je parle
03:26 comme un Parisien.
03:27 Et puis à Paris, quand ma famille venait me rendre visite, les gens me disaient "ah
03:30 mais t'es du Sud, en fait".
03:31 Donc ce sujet était toujours un peu latent.
03:33 Et pour l'enterrement de mon grand-père, et c'est mon grand-père qui, le premier,
03:37 disait que je parlais pointu.
03:38 Il disait "mais il parle pointu, ce petit, c'est bizarre".
03:41 Et pour son enterrement, on m'a demandé d'écrire un texte d'hommage.
03:45 Donc j'ai parlé de ça et j'ai lu un poème en Occitan, en lui disant que même si je
03:50 parlais pointu, comme il me le répétait souvent, j'avais pas perdu ma culture et
03:55 qu'elle était toujours en moi.
03:56 Donc j'ai lu ce poème en Occitan, en pensant faire comme ça un très beau geste, un très
04:00 bel hommage, reconnecté avec mes racines.
04:03 Et la plupart des gens n'ont rien compris.
04:05 Ils m'ont dit "mais qu'est-ce que c'était que ce charabia ?" Et puis je leur ai expliqué.
04:08 Ils m'ont dit "ah mais c'était du patois".
04:09 Et en fait, je me suis rendu compte qu'effectivement, il y avait plus grand monde qui le parlait.
04:13 C'est-à-dire, cette langue occitane, l'accent du Sud et les accents régionaux viennent,
04:18 sont les vestiges des langues qui étaient parlées autrefois en France.
04:21 - C'est-à-dire que les gens qui étaient là n'ont pas compris, peut-être les plus
04:23 anciens l'ont compris, mais pas les plus jeunes ?
04:25 - La grand-mère un peu, mais les autres, la génération de mes parents, si vous voulez...
04:29 - Parce qu'ils ne le parlent plus ? - Exactement.
04:31 - Et aussi peut-être parce qu'avec votre accent pointu, vous le prononcez de mauvaise
04:35 manière ? - Peut-être que je ne prononçais pas très
04:36 bien, oui, peut-être.
04:37 - Que vous ne comprenez pas ? - Non, moi je ne le comprends pas.
04:40 Depuis qu'on a commencé à écrire le spectacle, je le comprends un peu mieux parce que je
04:43 me suis plongé dedans.
04:44 Mais en tout cas, ma génération, celle de mon frère, on ne le comprend pas du tout,
04:47 on ne le parle pas.
04:48 Mes parents connaissent des phrases par cœur et mes grands-parents le parlaient, mais
04:51 ils le parlaient uniquement entre eux.
04:53 Et d'ailleurs, ma mère m'expliquait que souvent, c'était pour ne pas que les enfants
04:56 comprennent ce qu'ils disaient.
04:57 - Et donc, vous racontez très bien vos débuts au théâtre, les réflexions des spectateurs
05:03 qu'on entend aussi, et cette dame qui dit "Oh là là, mais ils ont des accents dans
05:07 cette pièce, on se croirait au camping, on est en train de faire griller les saucisses".
05:09 C'est quelque chose que vous racontez et c'est des choses que vous avez entendues.
05:12 Jean-François, bonjour.
05:13 - Allô, bonjour.
05:14 - Merci de nous appeler.
05:15 Vous nous appelez du département de l'Aude.
05:17 - Oui, je me présente, Jean-François Saït.
05:20 Je suis le maire de Tronce-Minervois, le département de l'Aude.
05:24 C'est à mi-chemin entre Narbonne et Carcassonne.
05:27 J'ai travaillé, j'ai été enseignant, et je disais à votre standard que lorsque j'ai
05:34 passé le concours à Paris, au lycée Henri IV, d'ailleurs Henri IV qui était complètement
05:38 occitanophone, comme je le suis d'ailleurs, j'ai passé le concours et à l'oral, lorsque
05:44 j'ai pris la parole, tout le monde a quasiment sursauté, a ouvert de grands yeux, sauf un
05:48 des membres du jury qui m'a dit "Monsieur, veuillez parler, je suis breton moi-même".
05:52 Voilà.
05:53 Donc je pose le problème de cette glottophobie qui traîne.
05:58 Alors ça peut être soit aimable, soit très pernicieux.
06:02 Je pense notamment à M.Mélenchon qui a rembarré une journaliste toulousaine en lui disant
06:08 "Est-ce que vous parlez français ?" Voilà, je crois qu'on a repassé le problème.
06:11 Mais aussi à Auteuil, Daniel Auteuil qui a confessé avoir perdu son accent, ou à Mireille
06:17 Larque, ou à Bernadette Lafonde qui est d'onyme, comme ce monsieur qui avait perdu son enfant.
06:22 Et je vous rappelle que quand on a eu un Premier ministre avec l'accent d'Elan, on l'a renvoyé
06:26 à la 3ème émission de rugby.
06:27 Alors ça renvoie toujours à une insuffisance culturelle, dominante, une minoration culturelle,
06:35 intellectuelle.
06:36 Et je me rappelle aussi d'Erida qui avait moqué l'accent de René Char qui disait lui-même
06:41 ses poèmes en disant qu'on ne pouvait pas dire ses propres poèmes, René Char qui était
06:45 provincial, qui avait l'accent, il ne pouvait pas dire ses poèmes avec un accent.
06:50 Alors ça pose, je vais emprunter le mot problème, mais aussi une question.
06:54 Et ça a été le même cas pendant la guerre de 14, vous savez que les régiments du Midi
06:59 ont été accusés d'avoir enculé.
07:00 On ne peut pas refaire toute l'histoire, Jean-François, mais on a bien compris votre
07:04 message et votre témoignage.
07:06 Vous avez prononcé un mot qui est très important, c'est la glottophobie, Hélène François.
07:10 Et il en est question, évidemment, dans le spectacle.
07:13 Oui, bien sûr, la question de l'accent.
07:16 Moi aussi, je me suis demandé comment…
07:18 C'est quoi la glottophobie ? Vous pouvez nous rappeler la définition ?
07:21 La glottophobie, c'est la discrimination qu'on a à l'égard des accents.
07:28 Liée à l'accent, oui.
07:29 Exactement.
07:30 Et je me suis aussi posé la question de savoir à quel endroit chez moi aussi ça résonne
07:34 aussi cette question, parce qu'on a co-écrit le spectacle ensemble.
07:39 Et en fait, ce que disait Benjamin, c'est-à-dire que les accents sont les vestiges des langues
07:45 régionales que parlaient nos ancêtres, nos aïeux, que ce soit du breton, du parlange
07:51 de l'occitan, du picard, du créole et du malgache, pour moi en fait.
07:55 Parce que ma mère, elle, vient de Madagascar.
07:57 Et ça a toujours été…
08:00 Enfin, Madagascar, c'est une ancienne colonie.
08:02 Et quand elle est arrivée en France, elle parlait un français qu'on dit impeccable,
08:08 c'est-à-dire un français sans accent normatif, celui qu'on entend ici.
08:12 Et elle en tirait une certaine fierté.
08:16 Et moi, en fait, ça me mettait un peu mal à l'aise, mais je n'arrivais pas à mettre
08:21 de mots dessus.
08:22 Et en écrivant ce spectacle, je me suis rendue compte que toutes ces questions étaient traversées
08:29 par des siècles d'histoire.
08:30 Et qu'on est plein de Français à ressentir cette même gêne par rapport à cette question-là.
08:37 Et d'origine géographique extrêmement différente et lointaine.
08:40 Quand Benjamin vous apporte cette histoire, ça résonne chez vous et ça peut-être fait
08:45 remonter des choses que vous aviez oubliées.
08:47 Exactement, des choses que je n'avais pas adressées.
08:49 On n'avait pas mis de mots dessus.
08:52 Alors, vous choisissez, Benjamin Tolozan, de parler de cette histoire, de cette perte
08:58 de votre accent et puis ensuite de cette honte que vous avez ressentie finalement.
09:01 Vous en parlez à votre famille, en tout cas c'est comme ça que vous le mettez en scène
09:04 dans votre spectacle et à votre père, vous dites "voilà, je vais faire un spectacle
09:08 avec cette histoire et voilà ce que ça donne".
09:10 C'est pas pour te critiquer ou quoi, mais je ne comprends pas bien ce que tu vas faire
09:13 avec ça.
09:14 A mon avis, tu devrais faire quelque chose de plus moderne, voilà, plus contemporain.
09:19 Mais c'est contemporain, papa.
09:20 Les gens n'en peuvent plus que dans la sphère politique ou dans les médias, on ne leur
09:24 parle jamais comme eux parlent.
09:25 Il y a un problème d'identification au pouvoir et ce à quoi on ne peut pas s'identifier,
09:29 on le rejette.
09:30 Ah ouais, ah ouais, moi je trouve qu'il y a de la dialectique dans son truc.
09:33 Moi, je n'entends pas ce qu'il dit.
09:34 Et ben voilà, cherche pas ces trucs contemporains, c'est ça le sujet.
09:37 Tu ne m'entends pas, tu ne m'entends jamais.
09:40 Excusez-nous, monsieur le grand poète, de ne pas saisir la subtilité de ton propos.
09:44 Laisse-le, laisse-le.
09:45 Mais non, il nous a tanné pendant des années pour qu'on lui paye des cours qui coûtaient
09:48 une smic pour apprendre à dire "ah" au lieu de "hey".
09:50 Et maintenant il fait un spectacle pour dire que c'est pas fait.
09:53 Et oui, on peut comprendre l'étonnement de votre famille, Benjamin Tolosan.
09:57 Cette scène de repas, c'est un morceau de bravoure, vraiment vous êtes exceptionnel.
10:01 Merci.
10:02 C'est fantastique de vous voir incarner tous les membres de votre famille.
10:04 Je ne sais pas si vous êtes toujours en bon terme avec eux d'ailleurs.
10:07 Ça va, ça va.
10:08 Mais la réaction, évidemment, de la famille, elle est importante.
10:11 Ils ont vraiment réagi comme ça ?
10:12 Cette phrase-là en particulier, c'est une phrase que mon père m'a souvent dit, oui.
10:16 Alors il ne me le dit pas toujours de façon véhémente, mais c'est une phrase qu'il a beaucoup répétée.
10:22 Si vous n'aviez pas perdu votre accent, est-ce qu'aujourd'hui vous seriez à ce micro, selon vous ?
10:26 Est-ce que vous auriez accès ? Est-ce que vous auriez des rôles au théâtre ?
10:33 Moins, ça c'est évident, beaucoup moins, j'en suis persuadé.
10:36 Je pense qu'effectivement, il est nécessaire quand on fait mon métier,
10:46 et dans beaucoup de métiers liés à la parole d'ailleurs, d'adopter la norme.
10:53 C'est certain que je n'aurais pas travaillé autant comme acteur.
10:56 Hélène François, est-ce que vous recevez des CV, je suppose ?
10:59 Vous choisissez des comédiens pour monter des pièces ?
11:03 Est-ce que ça peut être un critère ?
11:04 Est-ce qu'on peut refuser des comédiens parce qu'on a 2, 3, 4 comédiens, même un seul,
11:10 qui ont un accent trop prononcé ? Est-ce que ça peut être gênant ?
11:13 Je pense qu'il y a beaucoup de travail à faire encore dessus.
11:17 Dès lors qu'on travaille avec un acteur qui a un accent, ça a forcément du sens,
11:26 ça veut forcément dire quelque chose.
11:28 Par exemple, souvent les acteurs qui ont l'accent du sud,
11:32 ils jouent des personnages pas toujours un peu rigolos, un peu superficiels.
11:37 En plus, on fait toujours attention quand on fait de la mise en scène,
11:42 à ce que ce qu'on veuille dire soit bien perçu et bien entendu par le public,
11:46 par les spectateurs.
11:47 Il y a un enjeu de représentation et un enjeu de compréhension aussi ?
11:51 Exactement.
11:52 On est encore très loin, on a encore beaucoup de désa priori sur les accents
11:58 et ce que ça veut dire en fait.
12:00 Comment faire changer les choses ?
12:01 Est-ce que vous y avez réfléchi tous les deux, à la faveur de l'écriture ?
12:04 Je suppose qu'évidemment faire ce spectacle, c'est aussi vouloir faire changer les choses.
12:08 Oui, un peu.
12:09 Bien sûr, prise de conscience, mais au-delà de ça,
12:11 est-ce qu'il y a des choses à faire dans le théâtre, par exemple ?
12:14 Déjà, je pense...
12:16 Je dis aussi à tous ceux qui nous écoutent qu'il faut balayer devant notre porte-nous,
12:19 à la radio et dans les médias, parce que si on regarde la proportion de Français
12:22 qui ont un accent et ce que ça donne ensuite dans les médias,
12:25 évidemment, les accents sont très peu représentés.
12:28 Déjà, je pense que le fait de parler de ça,
12:31 le fait de dire que les accents régionaux sont les vestiges de langues pas mortes,
12:36 mais en tout cas de langues oubliées, c'est déjà quelque chose,
12:41 parce que ça replace les choses à un autre endroit.
12:43 Et de se dire aussi que le français est l'un de ces patois
12:46 qui a gagné la guerre contre les autres.
12:49 Donc en réalité, le français qu'on érige comme ça,
12:51 comme le standard absolu, c'était un patois parmi d'autres.
12:55 Déjà, ça relativise quand même pas mal les choses.
12:57 Ensuite, comme le disait le monsieur qui a téléphoné,
13:00 il le disait très bien, on attache plus d'importance à la façon
13:03 dont les gens expriment les choses qu'à ce qu'ils disent véritablement.
13:07 Et ça, en réalité, c'est complètement absurde.
13:10 Au XVIIe siècle, par exemple, on jouait des vers de racines en baroque,
13:15 en roulant les airs et avec un accent très proche de l'accent méridional.
13:19 Et c'était le chic absolu à la cour du roi.
13:22 Donc tout ça, c'est quand même quelque chose qu'on érige en règle absolue,
13:27 qui en réalité tient à une mode, tient à des concepts un peu fumeux
13:31 qu'on a dans la tête et ça ne veut pas dire grand-chose.
13:34 Je vous transmets les nombreux messages,
13:36 quelques-uns des nombreux messages que nous avons reçus.
13:38 Ralph Eric qui nous a écrit des Pyrénées dans mon coin,
13:42 où il y avait plein d'accents.
13:44 Aujourd'hui, les gens parlent tous sans accent, même les gens du coin.
13:47 C'est très curieux.
13:48 François, j'étais à la fac, des profs m'ont dit qu'avec mon accent,
13:50 il m'aurait été impossible d'être prof.
13:53 J'y vois un racisme social évident.
13:56 Et puis ce message de Roger que je vous soumets, Benjamin Tolozan.
13:59 J'habite Metz, mais j'ai un accent du sud
14:01 et les gens trouvent que ça apporte un peu de soleil.
14:03 Alors, comment on le prend ça ?
14:05 C'est ce que disait le monsieur qui a téléphoné.
14:08 Les clichés sont parfois positifs,
14:10 parfois ce n'est pas forcément négatif,
14:12 surtout en ce qui concerne l'accent du sud.
14:14 Mais enfin, toujours est-il qu'un cliché est un cliché
14:16 et qu'il enferme, même s'il est positif.
14:18 Ce spectacle, par les pointus,
14:20 donné vendredi prochain à Carosse et dans les Alpes-Maritimes.
14:23 Ensuite, début février, ce sera à Cavayon dans le Vaucluse.
14:26 En mars-avril, à Albi, puis à Montpellier au printemps des comédiens.
14:30 Merci à tous les deux.
14:31 Je pourrais juste rajouter qu'on sera à Avignon,
14:33 à la Manufacture, pendant le Festival d'Avignon.
14:35 Bien sûr, c'est au mois de juillet,
14:37 Benjamin Tolozan, il vous y serait avec Hélène François.
14:39 Merci à tous les deux.
14:40 13h45 sur Inter.