Le 13/14 reçoit aujourd'hui lundi 29 avril 2024, Virginie Cresci, journaliste et autrice du livre “Le Prix des larmes - le coût caché des violences sexuelles” paru aux éditions Grasset le 24 avril et Laurence Renaud, Directrice de la communication de la Caisse d'Épargne Bretagne Pays de Loire.
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00:00 C'est le coût, C-O-U-T, des coûts, C-O-U-P-S, l'argent, que les victimes de violences sexistes,
00:07 sexuelles ou conjugales, le plus souvent des femmes, doivent verser, parfois des années,
00:11 après avoir été agressées.
00:13 C'est le coût d'un déménagement, parce qu'on ne peut plus habiter le quartier ou
00:15 la ville où l'on a subi ces violences, le coût des frais d'avocat, le prix des traitements
00:20 médicaux, la perte d'un emploi aussi parfois.
00:22 Cela peut paraître secondaire par rapport aux violences subies, mais la question est
00:26 pourtant centrale.
00:27 Bonjour Virginie Cressy.
00:28 Bonjour.
00:29 Vous êtes avec nous dans ce 13/14, vous consacrez à ce sujet un livre aux éditions
00:33 grassées.
00:34 Il est intitulé « Le prix des larmes, le coût caché des violences sexuelles ». Avec
00:40 nous également Laurence Renaud.
00:41 Bonjour.
00:42 Bonjour.
00:43 Merci d'être avec nous également.
00:44 Vous êtes directrice de la communication de la Caisse d'épargne Bretagne-Pays de
00:47 la Loire qui vient de créer un dispositif inédit en France, un système d'ouverture
00:51 de compte bancaire pour les victimes de violences conjugales.
00:55 Vous allez nous en parler et répondre également aux questions des auditeurs de France Inter
00:59 qui peuvent vous interpeller directement.
01:01 0145 24 7000.
01:03 Ça se passe aussi via l'application France Inter.
01:06 Avant de débuter, je livre deux chiffres.
01:08 84 000 victimes de violences sexuelles recensées dans notre pays en 2023.
01:13 Hors du cadre familial, c'est 114 000 au total.
01:17 Ce sont des chiffres qui ne cessent d'augmenter et qui sont basés, je le précise, sur des
01:21 dépôts de plaintes.
01:22 Virginie Cressy, je commence avec vous.
01:24 Votre livre est basé sur des entretiens avec des victimes de violences sexuelles.
01:27 Combien en avez-vous rencontré ?
01:28 Une vingtaine.
01:29 Une vingtaine.
01:30 Et vous avez constaté chez chacune d'entre elles un besoin de parler de ce sujet quand
01:34 vous posiez la question ?
01:35 Oui, un réel besoin, un réel impensé chez les personnes qui ne savent pas ce que c'est
01:41 que de vivre des violences.
01:42 Cette question économique, vous l'avez dit, elle est finalement centrale.
01:46 Elle n'est pas secondaire.
01:47 Pour pouvoir sortir de violences, il faut de l'argent.
01:50 Pour pouvoir se réparer après avoir vécu des violences, il faut de l'argent.
01:53 Et avec les personnes que vous avez rencontrées, avec les victimes de violences, elle n'est
01:56 pas taboue cette question.
01:57 On vous l'a lancé rapidement, on vous donne les chiffres, on vous dit "ça m'a coûté
02:01 énormément d'argent".
02:02 Au-delà de ce que j'ai subi moi dans ma chair, économiquement, ça a aussi eu un
02:06 coût.
02:07 Elle n'est pas taboue, par contre, arriver à faire le calcul, c'est très douloureux,
02:11 c'est très difficile.
02:12 A chaque fois, pendant tous ces entretiens, on faisait le calcul de ses dépenses par
02:19 poste de coût, donc la justice, la santé, au niveau professionnel.
02:23 Et il y a toujours un moment où une victime me disait "stop, là j'arrive plus à
02:27 faire ce calcul" parce que les chiffres matérialisent ces violences et ces coûts
02:32 sont tellement faramineux qu'au bout d'un moment on n'arrive plus à faire ce calcul.
02:36 Il devient trop douloureux.
02:37 C'est-à-dire qu'elle prenne conscience de choses qu'elle n'avait peut-être
02:40 pas envisagées jusque-là en disant "mais ça m'a coûté autant d'argent".
02:42 Oui, elle en prenne conscience au moment où moi je leur demandais de faire ce calcul.
02:46 Il a fallu par moments qu'on arrête de faire ces calculs et je leur dis "écoutez,
02:50 envoyez-moi un message quand vous serez prêt" parce que c'est extrêmement brutal
02:55 de regarder ces chiffres en face.
02:56 Qu'est-ce qui coûte le plus cher ? Les frais de santé ?
02:59 Les frais de santé quand il y a une prise en charge.
03:01 Mais les frais de santé quand on décide vraiment de se faire soigner, c'est exorbitant.
03:07 Après, ça dépend, par exemple, on parlait des violences conjugales.
03:11 Une victime de violences conjugales, sa priorité, c'est pas de se faire soigner.
03:14 Sa priorité, c'est de sortir des violences.
03:16 On ne peut pas se faire soigner quand on vit encore des violences.
03:19 Il faut d'abord se protéger.
03:20 Donc, ça dépend de la situation, ça dépend du contexte, mais à chaque fois, ça coûte.
03:26 Jamais ça ne coûte rien.
03:28 Les frais de justice, les frais d'avocat, pour qu'on ait une idée, combien ça peut
03:32 représenter ?
03:33 Selon un rapport de la Fondation des femmes, les frais de justice, on est à peu près
03:37 sur 10 000 euros pour une plainte, pour violences sexuelles.
03:40 Les violences conjugales, ce calcul n'a pas été fait.
03:43 Mais tout de suite, on monte sur des montants plus exorbitants.
03:46 Ce que j'ai constaté lors de mon enquête, ce sont aussi des avocats qui ne facturent
03:51 pas au forfait.
03:52 Et donc, des victimes qui se retrouvent avec parfois plus de 20 000 euros de frais de justice.
03:58 20 000 euros ?
03:59 20 000 euros, notamment une aide-soignante qui a témoigné dans le livre.
04:02 Plus de 20 000 euros de frais de justice.
04:04 Elle se retrouve complètement asphyxiée.
04:06 Elle est endettée auprès de ses proches.
04:08 Et c'est une violence économique qui s'ajoute à la violence conjugale ou à la violence
04:12 sexuelle.
04:13 C'est pas au cœur du dispositif que vous avez mis en place.
04:15 Mais enfin, certaines des clientes de votre banque, elles sont victimes de ces violences
04:20 sexuelles ou conjugales.
04:21 Est-ce qu'elles arrivent à vous en parler ? Est-ce que vous arrivez à détecter ? Telle
04:25 cliente est à découvert, elle a des problèmes financiers.
04:28 C'est peut-être lié à des problèmes personnels.
04:30 Est-ce que certaines clientes s'en ouvrent à leur banque ou à leur conseiller ? Est-ce
04:35 que ça arrive ?
04:36 On est comme partout concernés par les violences.
04:41 C'est un sujet de société qui nous préoccupe.
04:44 Je dirais que dans la relation bancaire, non.
04:46 Ce n'est pas quand même quelque chose qu'on va évoquer avec son banquier très naturellement.
04:50 Et c'est pourquoi nous, on s'est dit qu'il fallait un dispositif avec des personnes
04:55 qui soient là pour les écouter.
04:56 Moi, je pense qu'effectivement, une agence, pour recevoir ce type de message, on peut
05:02 le percevoir effectivement.
05:04 Quand il y a une relation de confiance qui est très forte, ça peut arriver.
05:07 Mais ce n'est pas très courant.
05:09 Oui, parce que c'est difficile, évidemment, c'est de l'ordre de l'intime.
05:12 Mais en même temps, ça a des conséquences financières énormes.
05:15 Absolument.
05:16 Les violences économiques, c'est un sujet qui nous intéresse parce qu'on perçoit
05:21 effectivement que la personne est privée, soit partiellement, soit totalement de son
05:25 autonomie financière.
05:26 Donc forcément, nous, en tant que banque, acteurs économiques, on s'est sentis concernés.
05:32 D'où la création de notre dispositif pour venir en aide à ces victimes.
05:37 Quel a été le déclic de votre point de vue ? Vous êtes une banque.
05:40 À quel moment vous vous êtes dit « nous aussi, on a un rôle à jouer dans la lutte
05:43 contre les violences conjugales et contre ses effets ? »
05:45 Il y a, comme je l'ai dit, le constat de tout le monde que les violences augmentent
05:50 dans notre société.
05:51 Il y a eu une étude également de l'IFOP pour les Glorieuses en 2023 qui révèle que
05:55 4 femmes sur 10 sont victimes de violences économiques.
05:59 C'est un chiffre qui est impressionnant.
06:00 Et c'est souvent la porte d'entrée à d'autres formes de violences.
06:04 Donc ça, ça nous a interpellés et on s'est dit qu'on avait un rôle à jouer puisqu'il
06:09 y avait un sujet économique.
06:10 Et puis parallèlement, nous avons rencontré une sénatrice Valérie Léthard qui, à ce
06:15 moment-là, préparait sa loi pour créer l'aide universelle d'urgence pour les violences
06:21 de victimes.
06:22 Et lors de notre échange avec cette sénatrice, nous nous sommes aperçus qu'il y avait
06:27 un manque.
06:28 C'est-à-dire que oui, l'aide pouvait être versée par les caisses d'allocations
06:32 familiales depuis le vote de cette loi.
06:34 Mais sauf que si l'aide tombe sur le conjoint ou sur un compte qui n'est pas protégé
06:40 pour la victime, on n'avance pas.
06:43 La victime ne peut pas partir, elle ne peut pas quitter le foyer.
06:46 Donc qu'est-ce que vous proposez concrètement à vos clientes ?
06:48 Très concrètement, nous proposons un compte bancaire gratuit pendant deux ans avec une
06:53 carte bancaire pendant deux ans gratuite.
06:55 Également une autorisation de découvert de 300 euros.
06:59 Mais je pense que le plus important dans notre dispositif, c'est le fait que nous
07:03 ayons 11 collaborateurs dédiés, formés, pour écouter les victimes.
07:08 Ils ne font que ça ?
07:09 Ils ne font que ça.
07:10 Pour les protéger, pour les rassurer.
07:11 Parce que bon nombre des victimes n'ont plus le contrôle, ne sont pas rassurées
07:16 sur le fait qu'elles sont capables de gérer un compte.
07:18 Et donc il y a aussi ce dialogue pour les rassurer.
07:21 Beaucoup d'appels.
07:22 C'est un dispositif qui est très récent.
07:23 Oui, qui est extrêmement récent puisque la loi février, la loi l'Etat, décret
07:28 d'application novembre 2023, il a mis en place fin 2023, début 2024.
07:33 Donc on a eu une centaine d'appels pour le moment, pour avoir des renseignements.
07:37 Et on a ouvert à ce jour une quinzaine de comptes.
07:40 Donc c'est un démarrage qui pour nous montre l'utilité de la mesure, qui nous dit qu'il
07:45 y a vraiment un besoin.
07:46 Et donc nous, on encourage effectivement à développer.
07:50 Plusieurs appels, questions, témoignages au Standard de France Inter.
07:54 Nous allons accueillir Geneviève qui nous appelle du département de l'Aude.
07:57 Bonjour Geneviève.
07:58 Oui bonjour, je ne sais pas si vous m'entendez bien.
08:01 On vous entend très bien Geneviève.
08:02 Je vous ai fait loin.
08:03 Et bien voilà, moi je voulais témoigner par rapport à des violences sexuelles commises
08:08 quand j'étais jeune.
08:09 Donc j'avais 9 ans.
08:11 Et bien sûr après un coup moral qui est quand même assez costaud, j'ai eu un coup
08:17 économique tout au long de ma vie.
08:19 Puisque vous comprenez bien qu'une fois qu'on est victime si jeune, tout va être
08:25 compliqué puisque je n'ai pas pu accéder aux études que j'aspirais, puisqu'il
08:30 y a eu des problèmes psychologiques.
08:35 Donc tout ce que je voulais faire a été mis par terre.
08:39 Et voilà quoi.
08:41 Et la justice, vu qu'après on a le problème de la prescription, je n'ai pas été reconnue
08:47 comme victime puisqu'on sait qu'il y a une amnésie traumatique.
08:51 Ça on le sait.
08:52 Les faits étaient prescrits vous concernant quand vous avez voulu porter l'affaire en
08:56 justice ?
08:57 Exactement.
08:58 Comme j'étais jeune, il faut savoir que souvent les victimes quand elles sont violées
09:01 jeunes, les amnésies traumatiques sont longues.
09:05 Donc c'est ce qui est normal.
09:07 Ça nous permet quand même de rester en vie.
09:09 Et après quand j'ai voulu porter plainte, c'était déjà tard.
09:13 Donc on n'a pas de compensation financière.
09:16 Déjà on aimerait être reconnue victime, on ne l'est pas du tout.
09:19 Donc pas de compensation financière et pas de médecin forcément non plus à l'écoute
09:27 à l'époque puisqu'on nous disait que ça n'existait pas, que c'était du déni,
09:30 que l'amnésie traumatique n'existait pas.
09:32 Donc en fait moi, en constat, j'ai 50 ans maintenant, je trouve que j'ai traversé
09:38 tout ça par moi-même.
09:41 Donc un peu complètement lâchée.
09:44 Donc un coup économique, comme vous dites, avec des soins énormes qui sont à la charge
09:50 de la victime.
09:51 Merci Geneviève pour votre témoignage que je soumets à Virginie Crécy.
09:57 Sans doute beaucoup de femmes sont dans la situation relatée par Geneviève à l'instant.
10:04 Oui, alors ce qui est intéressant de souligner dans ce qu'a dit Geneviève, c'est comment
10:07 la question de la réparation est corrélée à la question de la reconnaissance judiciaire
10:12 des faits.
10:13 A mon sens, on se trompe en allant dans cette direction.
10:16 On doit d'abord soigner les victimes.
10:19 C'est la priorité, c'est l'urgence.
10:22 Avant même de s'occuper de la question judiciaire.
10:25 La question judiciaire, elle s'oriente toujours vers l'agresseur.
10:28 Sans savoir si on connaît l'agresseur, si on l'a identifié.
10:32 Alors évidemment c'est une question qui est importante.
10:33 Elle est importante.
10:34 Mais il faut aussi et avant tout soigner les victimes.
10:39 Et attendre qu'il y ait un procès, attendre qu'il y ait une réparation financière.
10:43 Quand bien même il y aurait cette réparation, elle arrive souvent après des années, une
10:47 dizaine d'années de procédure judiciaire.
10:49 On ne va pas mettre 10 ans d'errance en attendant d'être soigné.
10:52 Donc la priorité c'est d'ouvrir des centres pluridisciplinaires pour orienter les victimes
10:59 sur tous les plans.
11:00 Notamment des assistantes sociales, par exemple sur cette question des comptes bancaires.
11:03 Mais aussi les orienter d'un point de vue médical.
11:05 Est-ce qu'on peut avoir l'impression, en ouvrant ce débat sur les coûts économiques,
11:12 les conséquences économiques, parce que ça coûte aussi très cher à la société,
11:15 plusieurs milliards d'euros.
11:16 Il y a des rapports qui ont été rédigés là-dessus.
11:18 Est-ce que ce n'est pas un constat d'échec de se dire qu'on n'arrive pas à faire reculer
11:22 ces violences alors qu'on utilise finalement cet argument économique ?
11:25 Ça coûte cher au fond l'argument de dire respectez les hommes et les femmes.
11:32 Respectez ce qu'ils vous disent.
11:34 Respectez-les dans leur chair.
11:36 Ça devrait suffire.
11:37 Avant même d'avoir à brandir un argument économique, Virginie Cressy.
11:39 Oui, je l'ai dit à un moment dans le livre.
11:42 C'est un petit peu l'expression d'un désespoir de ma part d'avoir abordé cette
11:48 question sous cet angle.
11:49 Je le voyais même à titre personnel dans mon entourage, de parler de ces sujets et
11:55 de ne pas être entendu.
11:56 Mais cette question est tellement sensible, réveille tellement de choses au niveau émotionnel.
12:01 L'aborder sous la question économique, c'est l'aborder de biais et avec un petit
12:05 peu plus de douceur peut-être.
12:06 Et de pouvoir la penser rationnellement, concrètement.
12:10 Et ces chiffres sont concrets et nous donnent aussi envie de trouver des solutions concrètes
12:17 pour ne pas laisser des victimes comme Geneviève abandonnées, livrées à elles-mêmes.
12:21 C'est le constat.
12:22 Comme il n'y a pas de parcours de soins, des victimes sont livrées à elles-mêmes.
12:24 Elles sont complètement abandonnées.
12:25 Et ce sentiment d'abandon vient s'ajouter à la violence qui a déjà été vécue.
12:30 Il vient créer une nouvelle violence.
12:33 Parmi les dispositifs possibles, Thibault veut nous parler de dispositifs qui existent
12:37 en Suède.
12:38 Bonjour Thibault !
12:39 Bonjour !
12:40 Vous nous appelez du Puy de Dôme, je crois.
12:41 C'est bien ça.
12:42 Nous vous écoutons.
12:43 Oui, j'ai des amis qui ont déménagé en Suède récemment.
12:46 Et lorsqu'ils ont pris un logement, ils ont eu la bonne surprise de se rendre compte
12:49 que dans l'assurance habitation, c'est mandataire et obligatoire.
12:52 Il y a une clause, une couverture en cas de violence conjugale au sein du foyer, qui
13:00 prend en charge un hébergement d'urgence en cas de problème, les frais de justice,
13:06 et qui surtout permet de déclencher quelque chose, de déclencher une action tout en restant
13:13 protégé.
13:14 C'est-à-dire que l'assurance ne pourra jamais, en aucun cas, donner la moindre information
13:19 au conjoint de la personne qui a déclenché l'opération, même si c'est à l'entrée
13:23 du contrat.
13:24 Sachant que la Caisse d'épargne est aussi prestataire d'assurance, je me demandais
13:28 si ce ne serait pas non plus une piste à explorer pour eux.
13:31 Vous faites le boulot à ma place Thibault.
13:33 Et je vous en remercie.
13:34 Je soumets votre question à Laurence Renaud.
13:36 Pour le moment, ce n'est pas une piste qui a été explorée, mais pourquoi pas.
13:40 Tout ce qui va dans le sens.
13:42 Nous, le sujet des violences en général nous intéresse.
13:45 C'est un sujet de société, donc on s'y intéresse.
13:47 Et en tant que banquier-assureur, on peut réfléchir à d'autres… moi je ne la connaissais
13:51 pas, mais on peut réfléchir à d'autres pistes.
13:54 De manière plus large, est-ce que vous pourriez, lorsque vous accueillez un couple, une famille
14:00 dans votre agence, les sensibiliser à la thématique de l'emprise, au fait que chacun
14:05 doit prendre ses décisions de son côté, que chacun doit donner son consentement ? Parce
14:11 que je suppose que parfois, vous constatez qu'il y a un membre du couple qui peut être
14:16 influencé, voire même sous l'emprise de l'autre.
14:18 On constate ça de temps en temps ? Oui, de temps en temps.
14:20 Après, oui, les conseillers peuvent constater ce type de choses.
14:25 Après, on ne va pas rentrer non plus dans l'intimité.
14:27 On peut individuellement, quand on voit de même que quand on voit un jeune, voir par
14:32 rapport à la gestion des comptes, le conseiller, c'est quelque chose qu'on fait au quotidien.
14:37 Même si c'est délicat.
14:38 Mais il y a peut-être toute une mentalité à changer.
14:40 On voit qu'en Suède, on met le sujet dans le contrat, carrément.
14:43 Nous, on se disait encore peut-être il y a quelques années, tout ça, c'est de l'ordre
14:48 de l'intime.
14:49 On ne va pas l'écrire et on ne va pas le lier à un organisme comme une assurance ou
14:53 comme une banque.
14:54 Oui, c'est vrai que les mentalités sont un petit peu différentes en France.
14:59 Je pense que c'est pour ça aussi que nous, on a souhaité avoir une équipe de collaborateurs
15:04 qui soit tout à fait formée à ce sujet-là.
15:07 Ce n'est pas un sujet facile.
15:09 Aller en agence, quelqu'un qui n'est pas totalement formé à ce type d'écoute ne
15:15 va pas forcément appréhender le sujet.
15:17 Et nos collaborateurs, les onze collaborateurs que nous avons, eux sont vraiment formés.
15:23 Je pense que c'est beaucoup plus facile pour eux d'entendre la situation d'urgence et
15:28 de pouvoir y répondre dans un simple appel.
15:31 Merci à toutes les deux.
15:32 Laurence Renaud de la Caisse d'Epargne Bretagne, Pays de la Loire.
15:35 Merci également à Virginie Chrécy.
15:36 Je renvoie à votre ouvrage "Le prix des larmes".
15:38 Le coup caché des violences sexuelles, c'est aux éditions grassées.
15:41 Je remercie également les auditeurs et les auditrices qui nous ont appelés nombreux aujourd'hui.