SMART BOURSE - Emission du vendredi 26 janvier

  • il y a 7 mois
Vendredi 26 janvier 2024, SMART BOURSE reçoit Michel Ruimy (Économiste, SPAK) , Bertrand Lamielle (Directeur général, Portzamparc Gestion) , Jean-François Bay (Directeur général, Quantalys) et Laurent Albie (Gérant, Next Momentum)
Transcript
00:00 [Générique]
00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne pour rester à l'écoute des marchés sur Bismarck.
00:13 Chaque soir à 17h pour la grande édition, si vous nous suivez en direct sur Bismarck TV,
00:17 à retrouver évidemment en replay sur Bismarck.fr
00:20 ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:23 Au sommaire de cette édition ce soir, comme chaque dernier vendredi du mois,
00:27 nous dresserons le grand tableau de bord des marchés avec nos trois invités
00:31 qui seront avec nous dans quelques instants pour revenir sur ce début d'année,
00:37 ce mois de janvier 2024 et évoquer les perspectives devant nous
00:41 avec au moment où on se parle, une séance explosive sur les indices actions en Europe
00:47 grâce à une valeur, LVMH, qui emporte l'ensemble du secteur du luxe et des spiritueux dans son sillage.
00:55 LVMH qui connaît sa plus forte progression journalière depuis peut-être 2009
01:01 avec une progression à deux chiffres, à la fois de sa croissance trimestrielle de ses ventes au quatrième trimestre
01:06 et de son cours de bourse aujourd'hui.
01:09 LVMH qui met fin peut-être à une période un peu médiocre pour la dynamique boursière du secteur dans son ensemble.
01:19 L'ensemble du secteur amène l'Euro Stock 50 sur des niveaux historiques
01:23 et ramène le CAC 40 à quelques points de ses records historiques également
01:27 puisqu'on est autour de 7 640 points au moment où on se parle pour cette fin de séance en Europe,
01:32 une progression de largement plus de 2% pour l'indice parisien.
01:37 Vous aurez le détail de cette séance et des résultats de LVMH dans un instant avec Pauline Grattel.
01:41 Et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, nous retrouverons, là aussi comme chaque dernier vendredi,
01:45 les équipes de SPAC et l'économiste associé de SPAC, Michel Rumi,
01:50 pour un exercice de décryptage économique.
01:52 Nous parlerons avec lui des enjeux de la démographie et du lien et des corrélations
01:58 qui existent entre démographie et économie à retrouver à partir de 17h45.
02:14 Et c'est donc une séance spectaculaire, explosive, tirée par LVMH.
02:19 Le détail de cette fin de semaine sur les marchés avec Pauline Grattel.
02:23 À la une aujourd'hui, le CAC gagne plus de 2% et dépasse largement les 7 600 points
02:29 portés par les résultats annuels records de LVMH qui annonce un bénéfice net de plus de 15 milliards d'euros en 2023
02:37 et une croissance organique de ses ventes de 13%, dont 10% au quatrième trimestre.
02:42 La publication de ces résultats record est saluée par le marché.
02:46 LVMH est en hausse de 13% et signe sa meilleure performance journalière depuis 2009.
02:52 L'ensemble du secteur du luxe en profite très largement et notamment des valeurs liées aux spiritueux comme Pernod Ricard,
02:59 d'autant plus que la publication de Rémi Cointreau est venue rassurer ce marché du cognac particulièrement compliqué et notamment en Chine.
03:06 Les prévisions de chiffre d'affaires pour l'exercice en cours sont conformes aux annonces précédentes.
03:10 Rémi Cointreau bondit de quasiment 17% au cours de la séance.
03:14 A noter enfin côté gouvernance que LVMH propose la nomination à son conseil d'administration de deux fils de Bernard Arnault,
03:22 Frédéric et Alexandre, à la prochaine Assemblée Générale d'avril.
03:26 À Wall Street, les indicateurs restent proches de leurs records malgré des résultats d'Intel jugés décevants par les investisseurs et la chute de l'action est de 10%.
03:37 Intel annonce également des perspectives en dessous des attentes des analystes pour la période de janvier à mars.
03:43 Côté macro, l'info du jour se trouve côté US. Le trait, regardez, Core PCE, ralentit un peu plus que prévu à 2,9% sur un an en janvier.
03:53 Ses résultats sont presque conformes aux attentes. Le consensus tablait sur 3%. Pour rappel, en décembre, le Core PCE était à 3,2%.
04:02 Janvier signe donc la plus faible hausse de l'indice en presque trois ans.
04:06 On attendait aussi les revenus et dépenses des ménages. Aujourd'hui, les revenus ont progressé de 0,3%, comme l'attendaient les analystes.
04:14 Les dépenses, elles, ont augmenté plus que prévu à 0,7%. La semaine prochaine sera rythmée par les premières estimations de PIB en quatrième trimestre
04:24 en zone euro, en France, en Allemagne et en Espagne. Les chiffres de l'inflation au mois de janvier également. Côté Banque centrale, on attend
04:31 la réunion de la Fed et de la Banque d'Angleterre, sans oublier les résultats d'autres poids lourds américains, à commencer par Microsoft et Google mardi soir.
04:40 Tendance, mon ami. Chaque soir, les infos clés de marché avec Pauline Grattel dans Smart Bourse sur Bsmart.
04:46 (Générique)
04:56 Le dernier vendredi du mois dans Smart Bourse, nous dressons le grand tableau de bord des marchés avec nos trois invités.
05:02 Jean-François Bay, directeur général de Cantalice. Bonsoir Jean-François.
05:06 - Bonsoir. - Bertrand Lamiel, directeur général de Ports en Pargestion. Bonsoir Bertrand.
05:10 - Bonsoir. - Et Laurent Albi, qui nous accompagne également pour ce rendez-vous, responsable de Next Momentum. Bonsoir Laurent.
05:15 - Bonsoir Gagouin. - Merci à vous trois. Merci d'être là. On va parler de ce qui se passe évidemment sur les marchés.
05:20 Mais commençons avec vous Jean-François, l'idée de faire un peu le post-mortem de 2023, notamment sur les performances des classes d'actifs
05:30 et les flux qui ont accompagné ou non d'ailleurs les performances des classes d'actifs et qui débordent peut-être effectivement au-delà de la seule année 2023,
05:39 quand on voit le mois de janvier, la séance du jour assez éclairante sur... Bon, l'idée qui a encore quand même un peu d'appétit pour le risque aujourd'hui chez les investisseurs.
05:48 Il faut retenir que 2023, vous nous dites que 2023 était une année indicielle avant tout Jean-François.
05:55 Oui, je pense que les investisseurs ont suivi en fait, ont fait confiance aux banques centrales. Donc il fallait faire confiance aux banques centrales.
06:01 Toutes les classes d'actifs sont dans le vert. Performes, monétaires autour de 3%, obligataires autour de 6%, actions autour de 15-20%.
06:10 Alors ça c'est les grands indices quand on parle des actions. Il faut rentrer un peu dans le détail parce qu'il y a ce qui a marché et ce qui a moins bien marché.
06:17 Mais globalement, les investisseurs qui ont fait confiance aux banques centrales et ils sont restés investis ont plutôt fait une très bonne année.
06:27 Et deux remarques par rapport aux graphiques que l'on voit à l'écran, c'est que d'une part on voit quand même un décrochage des gestions indicielles par rapport aux gestions dans l'ensemble des gestions actives.
06:39 Puisque si vous sortiez des indices et des sentiers battus, quelles que soient les classes d'actifs, vous étiez en fait, ça a eu un impact un peu négatif.
06:48 La diversification n'a pas payé en dehors des indices.
06:52 C'était le cas depuis très très longtemps, n'a pas payé. Et l'autre leçon c'est la gestion tactique, gestion flexible, a aussi connu une année très difficile.
07:03 Alors l'allocation d'actifs, c'est très très compliqué. On essayait de timer finalement, il ne fallait pas essayer de timer, il fallait rester investi.
07:10 Et on se souvient des quelques crises bancaires etc. qui ont animé le marché en 2023.
07:14 Donc rester investi, rallye de fin d'année, début d'année 2024 un peu dans la même veine, des investisseurs qui un, ont compris qu'on retrouvait du rendement sur le monétaire obligataire.
07:25 Donc ça c'est une nouvelle donne qui anime les marchés, qui oriente les investisseurs, le monétaire, les comptes à terme, les fonds en euros.
07:33 J'ai encore vu Générali qui sortait un fonds euro boosté à 5,27%.
07:38 Donc on voit qu'il y a du rendement sur les marchés obligataires et on n'hésite pas à lever des capitaux.
07:44 Et puis à l'autre bout de la chaîne, on a des approches très indicielles, très mondes, très US, très grandes valeurs, croissance.
07:52 Et en dehors de ce positionnement, c'était plus compliqué.
07:57 Très intéressant d'ailleurs, c'est ce que vous dites, le rendement avec un fonds obligataire euro standard, on faisait quasiment 6% de performance avec une vol de 3.
08:06 Les fonds flexibles faisaient autant de 6% de performance mais avec deux fois plus de vol.
08:11 Exactement. Donc c'était décevant et c'était dans la moyenne et c'était très compliqué.
08:17 On a des dispersions énormes sur un fonds flexible, vous pouviez faire +20 ou -20 sur l'année 2023.
08:23 Donc voilà, vous étiez sur la Chine, vous étiez sur des small cap, vous étiez sur des...
08:27 Enfin voilà, il y a eu des pays, des secteurs, des tailles, des styles, des value growth, etc.
08:32 qui ont donné des résultats très différents.
08:35 En tout cas, on se retrouve avec un peu des portefeuilles, j'allais dire un peu de barbels, de bipolar,
08:43 avec des investisseurs qui ont compris cash oblige et qui de l'autre côté vont chercher des performances sur des grands noms indices américains, valeurs de croissance.
08:54 J'ai appelé ça, on est passé du TINA au TANA.
08:56 Alors c'est ça, le scénario TANA, vous dites.
08:58 Le scénario TINA, c'était Arizona Alternative.
09:00 Donc on souvient que dans les périodes de taux négatifs, on a quand même des barres rouges dans le graphique
09:07 qui sont systématiquement positives autour de 70-100 milliards de collecte sur les actions
09:12 parce que les investisseurs étaient contraints et forcés d'aller déployer des capitaux sur les marchés actions
09:18 puisqu'investir sur du bound en négatif, ce n'était pas forcément très recherché.
09:23 On voit d'ailleurs que 2020 a été l'année paroxystique de ce point de vue-là.
09:27 On voit la barre rouge sur 2021 qui correspond aux actions, c'est ça ?
09:31 Qui a pris la majorité de la place des flux.
09:34 Exactement, il y avait un effet en plus sur 2021.
09:37 On était tous sous cocaïne, donc plus taux négatifs a donné un cocktail explosif.
09:44 On se retrouve dans un nouvel environnement avec des taux, je le disais, positifs sur le monétaire,
09:49 enfin sur toute la courbe des taux.
09:50 Donc les investisseurs ont bien compris que 1) ça ralentissait et que les banques centrales étaient à la manœuvre
09:56 et 2) que j'avais du rendement, donc il y a une compétition des rendements
10:00 qui sera intéressant d'ailleurs d'analyser sur 2024.
10:03 Si il y a un pivot et que les taux baissent, on retrouvera sans doute les deux mouvements.
10:07 1) j'ai une compétition des rendements moins fortes sur les taux.
10:11 2) je retrouve une revalorisation sur des classes d'actifs risquées.
10:15 Donc ça sera à surveiller très clairement.
10:18 Donc ce scénario TANA, donc « There are numerous alternatives ».
10:23 Et donc là, j'ai toute une kyrielle de… les fonds obligataires à échéance typiquement,
10:28 c'est l'une des classes d'actifs qui a le plus collecté l'année dernière en Europe,
10:32 de l'ordre de 30 milliards, le monétaire bien évidemment et les actions mondes.
10:35 Et ce qui était un peu dans le flop, c'était les fonds flexibles bien évidemment.
10:39 50 milliards de décollets quand même sur les fonds flexibles en Europe.
10:42 On a tous en tête des fonds patrimoniaux qui ont un peu souffert dans cette période.
10:46 Actions Europe, actions émergentes aussi, actions Chine qui a un petit peu tiré vers le bas.
10:51 Donc les investisseurs sont un peu dans ce mode, je reprends du risque pur,
10:56 je suis sur de l'indice et donc je peux m'exposer mais de manière un petit peu violente.
11:05 En plus, la recorrelation des classes d'actifs sur 2023 a sans doute aussi pesé
11:12 avec le retour d'un peu d'inflation.
11:14 C'est-à-dire que pour un allocataire d'actifs, on a une recorrelation des classes d'actifs,
11:18 actions obligues qui a joué et qui continuera à jouer en 2024.
11:22 C'est-à-dire qu'en fait on passe un peu dans ce scénario binaire de j'ai une hausse des taux,
11:29 je m'attends à une inflation et les actions en même temps en baisse.
11:33 Donc baisse des marchés obligataires, baisse des marchés actions.
11:35 Ou je sais que le ralentissement a lieu, j'ai donc une baisse des taux et une bonne performance des actions,
11:43 notamment sur les valeurs de croissance et je joue ce scénario.
11:46 Donc les mauvaises nouvelles macro deviennent des bonnes nouvelles de marché.
11:49 Donc à surveiller sur 2024 pour voir si ce scénario, mais en tout cas c'est un scénario binaire,
11:55 "risk on, risk off", des déplacements de liquidités très violentes liées aux banques centrales,
12:01 liées à l'utilisation des ETF, liées aux réseaux sociaux, souviens de SVB, etc.
12:06 Donc à intégrer dans le dispositif.
12:09 Et vous dites la compétition des rendements vis-à-vis des actifs risqués,
12:12 on a entamé 2024 toujours dans cette idée là, on verra ce qui se passe au fur et à mesure de l'année,
12:18 on verra ce qui se passe après les premières baisses de taux des banques centrales,
12:22 effectivement j'en fais ça, mais pour l'instant en termes de flux, de dynamique de flux,
12:26 on est toujours dans cette idée là.
12:28 Oui, alors le petit bémol, puisqu'on cherche les signaux faibles,
12:32 c'est que la fin d'année a quand même été plus positive ou moins négative sur les actions.
12:36 Je pense notamment au small mid cap qu'on avait évoqué le mois dernier, où les investisseurs reviennent.
12:41 C'est toujours compliqué pour les pays émergents, par exemple la Chine,
12:45 les investisseurs ne veulent pas faire de Chine et revenir sur la Chine,
12:48 mais en tout cas ça s'est un petit peu amélioré sur la partie actions,
12:54 avec des flux qui sont un peu revenus, mais ça reste quand même timide,
12:57 étant donné les rendements sur la partie taux.
13:00 Grande question également autour de l'ESG, avec une année 2022 notamment,
13:06 qui a marqué les esprits, puisque les indices ESG ou les produits ESG en 2022 ont énormément souffert.
13:13 Est-ce que la pression a un peu diminué en 2023 ?
13:17 Est-ce qu'on peut imaginer que les sorties, la décollecte de l'ESG s'est un peu atténuée en fin d'année dernière ?
13:24 Oui, ça s'est atténué en fin d'année dernière, c'était compliqué.
13:28 Ça reste une année négative pour l'ESG en termes de collecte.
13:30 Une année négative en termes de collecte, mais ça s'est fortement amélioré sur les grandes thématiques ESG.
13:36 Je pense que les investisseurs sont revenus sur la classe d'actifs.
13:39 Alors, ils étaient revenus sur des thématiques non ESG, l'industrie, la tech, le pétrole, l'énergie, etc.
13:46 Défense, énergie, oui.
13:47 Défense, c'était plutôt pas ESG.
13:51 Et ils reviennent sur l'ESG avec un scénario, je pense, baisse des taux, pivot, prix du pétrole,
13:58 qui du coup soutient les business models de tout ce qui est énergie renouvelable,
14:03 stockage des batteries, stockage, etc.
14:06 Donc, c'est des thématiques qui sont un peu revenues fin 2023, début 2024.
14:11 On va voir ce qui se passe aussi du côté de la gestion active.
14:14 Ça aussi, gros enjeu 2024, puisque beaucoup estiment quand même que,
14:18 alors certes, c'est toujours un moment de stock picking dans les marchés.
14:22 On peut faire du stock picking en permanence dans les marchés,
14:24 mais il y a peut-être là un alignement de planètes qui sera plus favorable devant nous au stock picking
14:30 que ça ne l'a été au cours de l'année passée.
14:33 Vous disiez que c'était une année indicielle. Ça s'est vu dans les flux,
14:36 entre les flux vers la gestion passive et la décollecte de la gestion active.
14:40 La collecte est autour d'un peu plus de 130 milliards sur les ETF sur l'année 2023.
14:47 On retrouve les records de 2021, qui était, on le disait tout à l'heure, une année incroyable pour l'industrie.
14:53 Donc, les ETF continuent à prendre des parts de marché puisqu'on ricochait les fonds actifs décollectes.
14:58 Donc, ce n'est pas tellement sur les actions. Le miroir, le négatif est incroyable.
15:03 C'est quasiment plus 90 milliards sur les ETF actions et moins 90 milliards sur les fonds actifs.
15:09 Donc, on a vraiment cet effet de siphonnage.
15:13 Oui, c'est ça, oui. Mécanique des fluides.
15:15 Mécanique des fluides, et qui, du coup, influence fortement les marchés.
15:21 Alors, les ETF, c'est aussi obligataire. Vous avez vu l'industrie s'adapter, sortir des ETF à échéance,
15:27 obligataire à échéance, donc ils ne loupent aucune opportunité pour capter du plus.
15:31 Même des ETF actifs, je suis désolé de le dire, mais on verra ce que ça donne.
15:37 Et je ne voudrais pas noircir le tableau, mais vous avez vu les sorties chez Vanguard des ETF diversifiés.
15:43 Donc, nos fonds patrimoniaux ont un petit peu de soucis à se faire, puisque quand vous sortez des fonds diversifiés à 0,10, 0,15,
15:49 face à des fonds patrimoniaux à 2, 2,5.
15:53 Voilà, donc il y a quelques investissements. Dans une ambiance value for money,
15:57 je pense que les 2 800 fonds patrimoniaux et les 700 milliards qui sont gérés actuellement en Europe
16:02 ont un peu de soucis à se faire, voyant les forces et le marketing des fournisseurs d'ETF.
16:08 L'histoire de la gestion et de l'industrie de la gestion des actifs depuis déjà plusieurs années maintenant.
16:14 Vous le disiez, en termes de grandes thématiques, il fallait l'être global.
16:19 Et évidemment, les thématiques porteuses, à commencer par l'intelligence artificielle, ça ne surprendra personne.
16:24 C'est plutôt sur ces fonds monde qu'on arrive à capter.
16:28 Monde, croissance. ETF, monde, croissance, US, valeur de croissance défensive et méga cap, qui continuent même en 2024.
16:39 Et où est-ce que vous voyez des signaux faibles sur un retour d'intérêt dans les flux vis-à-vis des petites et moyennes capitalisations boursières ?
16:45 Je crois qu'on va en parler, c'est un sujet clé pour tout le monde en ce début d'année 2024.
16:49 Ça revient. Les flux étaient positifs, ce qui est assez incroyable pour le souligner, au mois de décembre et depuis le début de l'année.
16:57 Sur les small ?
16:58 Sur les small, sur le mid cap et en particulier sur l'Europe.
17:01 Donc voilà, des investisseurs qui reviennent, qui sont un peu contrariants, qui reviennent vu les niveaux de valorisation.
17:07 En tout cas, on le voit dans les flux.
17:09 Bon, on l'a dit, le retour du rendement sur l'obligataire. Est-ce qu'il y a des choix spécifiques qui sont faits, effectivement, de la part des grands investisseurs ?
17:18 Il y a du souverain, il y a du crédit, il y a différentes qualités de crédit, évidemment.
17:23 Alors, ça a été une année incroyable pour le crédit, mais j'allais dire qu'en fin d'année, les investisseurs ont repris énormément de risques et beaucoup de durations.
17:31 Un peu pour retrouver du rendement, vu la baisse des taux.
17:34 Mécaniquement, les réseaux devaient sortir du 5, 6, 7 % et vu la baisse, on a tendance à prendre plus de risques.
17:41 On a vu des produits de la Ford Collect sur des financières, des dettes financières, Aïl, ++ etc. pour aller chercher du rendement, des durations aussi.
17:52 On se structure aujourd'hui sur du 2029, du 2030, alors qu'en début d'année, on était sur des durations plus courtes.
17:59 On a vu d'ailleurs les premières émissions de l'année, que ce soit des émissions souveraines ou des émissions d'entreprise, d'émetteurs privés, avec parfois des échéances assez longues.
18:09 Et un appétit monstrueux sur du 30 ans italien, sur du 10 ans espagnol, on a eu des sursouscriptions monstrueuses sur de la duration, comme vous dites.
18:20 Et puis c'est un sujet qui est réveillé et qui va intéresser le gouvernement et tous les états, italiens, belges et français, pour réintéresser les particuliers au placement obligataire.
18:32 Et puis la photo finish sur les gagnants.
18:35 Les sociétés, les grands groupes de gestion.
18:39 Le top 10 en Europe collecte 205 milliards et l'ensemble de l'industrie de la gestion française collecte 5 milliards.
18:47 Donc ça vous donne un peu une idée des flux captés par les 10 plus gros acteurs qui sont plutôt mondiaux.
18:54 Donc Blackrock, Anted, JP Morgan, Vanguard.
18:57 Donc si vous pensez ETF, monde, comme on lisait tout à l'heure, Megacap, sur des thématiques, vous avez forcément le classement.
19:07 State Street Spider, DWS X-Tracker, HSBC ETF, BNP Paribas ETF, Amundi, Vanguard, JP Morgan, Blackrock.
19:17 Il fallait être gros et fournisseur d'ETF pour sortir une année correcte.
19:23 Après on trouve un peu de monétaire, un peu d'obligues, mais ça reste des miettes.
19:28 Là aussi il y a une barbellisation de l'industrie de ce point de vue là.
19:32 Oui, il y a une industrie un peu comme dans l'industrie du cinema.
19:35 Il y a des sociétés d'expertise, de niches.
19:39 Il y a le cinéma indépendant.
19:42 L'image est belle.
19:43 Bon, merci pour ce tableau des flux.
19:46 Jean-François, venons-en au marché et à la météo des marchés avec vous, Bertrand.
19:51 Qu'est-ce qu'on retient de ce début d'année, de ce moment de marché dans lequel on vit aujourd'hui ?
19:57 En fait, il y a deux dates qui sont intéressantes à retenir.
20:01 Il y en a une, on en avait parlé en novembre, c'était le 30 septembre 2022.
20:07 Oui.
20:08 Donc qui était la fin de la tendance baissière.
20:10 Donc ça c'était le point bas, effectivement.
20:12 30 septembre 2022.
20:13 Et puis il y a une autre date qui est apparue entre temps.
20:17 On est exactement trois mois.
20:19 Là il y a trois mois, c'est le moment où les indices sont réaccélérés.
20:22 Après avoir fait une petite pause.
20:24 Et donc c'est intéressant d'aller voir, en partant de ces points-là, ce qui s'est passé.
20:29 Vous l'avez rebasé d'ailleurs graphique, c'est ça ?
20:31 Sur le point bas du 30 septembre 2022.
20:33 Donc là j'ai repris un Nasdaq en euros, un SPI en euros et un Eurostox par définition en euros.
20:38 Donc on voit bien que le démarrage, on s'en rappelle, c'est l'Eurostox qui prend tout le monde de cours et qui laisse les Américains derrière.
20:44 Donc première interrogation pour les investisseurs.
20:46 Ouh là là, qu'est-ce qui se passe ? Ce n'est pas normal.
20:48 Est-ce que je vais vraiment y aller ? Est-ce qu'on n'est pas en train de prendre des vessies pour des lanternes ?
20:53 Enfin bref.
20:54 Comment l'Europe peut-elle surperformer ?
20:56 Premier moment où on se dit "Aïe, du coup manque de participation".
21:01 Et là on voit des clients qui nous disent "Le Nasdaq c'est bien l'an dernier, 50, mais est-ce que vous croyez qu'il faut encore y aller ?"
21:08 En fait si on regarde ça, on se dit "Bah oui, mais le 50%, enfin les 49% du Nasdaq l'an dernier, ils viennent juste de rattraper l'Eurostox".
21:15 Donc il faut faire attention toujours, on se le dit, on est sur du temps long, et pourtant on regarde des performances sur Today, des trucs comme ça.
21:27 Donc en fait non, il faut vraiment dézoomer.
21:29 Ce qui commence à être intéressant c'est les performances 3 mois, puisqu'on sait que si vous êtes dans le premier quartile des performances 3 mois,
21:34 il y a une grosse probabilité que vous soyez aussi dans le premier quartile à 6 mois et 1 an.
21:39 Mais quand je dis une grosse probabilité, on est au-delà des 75%.
21:42 Donc c'est toujours intéressant de regarder ça, et là typiquement il y a un point intéressant justement, c'est ces fameux 3 mois de fin octobre.
21:48 Donc ce qu'on voit dans tout ça, c'est que c'est pas sûr, c'est pas gagné, mais il semblerait quand même qu'on commence à avoir un peu de dispersion en termes de performances.
21:58 C'est-à-dire que sur le SPIE, sur un an, on a tout dit, et moi le premier, les 7 magnifiques, oui effectivement, elles ont fait le Nasdaq.
22:06 En termes de contributions, de points à l'indice.
22:09 Mais c'était pas les seuls à monter. Alors évidemment, Nvidia à 218%, enfin là, c'est énorme.
22:14 Mais c'est pas les seuls à monter. Et dans le SPIE, on est à peu près à moitié-moitié.
22:18 Moitié des valeurs qui ont terminé sur un an glissant en négatif, performances négatives, l'autre moitié a terminé en performances positives.
22:26 Et donc, il y a moyen...
22:29 - Il y a des forces qui se sont équilibrées, il y a eu plus d'équilibre, vous dites, depuis quelques temps.
22:34 Encore une fois, n'allons pas trop vite, parce que, voilà, est-ce qu'on va renverser un mouvement méga cap indiciel en deux coups de cuillère à peau ?
22:41 C'est pas évident, mais en tous les cas, on voit qu'il y a des choses.
22:44 Et les thématiques sont assez simples, hein. Donc quand on voit ce qui a gagné, ce qui continue à plutôt bien performer,
22:50 c'est la tech, au sens large du terme, merci l'intelligence artificielle, donc avec les grosses techs américaines.
22:57 Et puis, des sociétés, là, dans les secteurs qui se comportent bien, il y a les médias.
23:01 Qu'est-ce qu'ils viennent faire là ?
23:02 - Ben, dedans, il y a la pub. Ils publissent... - Oui !
23:04 - On va retrouver des sociétés comme Volter Skullver ou Relix, qui publient des manuels techniques, juridiques ou autres,
23:15 et donc qui servent de l'intelligence artificielle pour amener plus de valeurs, plus rapidement, à leurs utilisateurs.
23:20 Donc on voit qu'on... Certaines sociétés, c'est vraiment le côté "merci, l'IA", et donc ça, ça fonctionne bien.
23:25 - Et ça, ça se diffuse tout de suite. C'est-à-dire que c'est des groupes qui sont capables, tout de suite,
23:28 d'augmenter leur niveau de productivité, d'augmenter leur niveau de marge, avec les outils actuels qui existent déjà et qui sont déjà déployés.
23:35 - Oui, ben, la démonstration... Enfin, c'est un... En même temps, c'est de la pub. C'est les gens de la pub. Ils sont géniaux.
23:40 Mais regardez Publicis, qui fait des vœux personnalisés à tous ses salariés.
23:44 En fait, sous réserve, vous avez mis quelques informations sur vous-même, sur une plateforme qu'ils avaient mis à destination des collaborateurs.
23:50 Ils ont une vidéo avec Arthur Sadoun et... Comment... Et des cadres du COMEX, qui vous disaient "Ben, Grégoire, Magui,
23:59 - Bonjour, merci ! - qui a dit qu'ils voulaient vous parler de vos passions, en disant "Tiens, et on ira faire ça ensemble", tout en intelligence artificielle.
24:05 Donc voilà, s'il y avait encore des gens qui se disaient "Mais est-ce que Publicis va pas sourire de l'intelligence artificielle ?"
24:11 Je pense que les doutes sont un peu enlevés en voyant ça.
24:14 Ça, c'est un exemple parmi tant d'autres, mais on est vraiment dans cette logique-là, et c'est probablement pas terminé.
24:20 On estime que sur des sociétés, puisque c'est les qui vont venir après, probablement, et IBM l'a confirmé,
24:26 c'est que les Capgemini, les Accenture, les IBM, dans une logique de service, vont accompagner les sociétés qui ont bien vu le pouvoir de l'intelligence artificielle
24:36 en gain de productivité, mais qui n'ont pas forcément toutes les compétences au bon moment.
24:41 Et donc, c'est ces sociétés de service qui vont arriver.
24:44 Une société de service comme ça, sur l'intelligence artificielle, c'est chiffré à peu près à 3% de croissance en plus.
24:49 Donc là où, en général, elles sont entre 7 et 10, elles vont plutôt être du côté entre 10 et 15.
24:55 - Et donc, vous dites, 2024 va être l'année de la diffusion de l'intelligence artificielle, avec, bon, on a parlé des médias, les softwares,
25:03 effectivement, c'est la deuxième couche, entre guillemets, qui va se diffuser dans le marché.
25:07 - C'est probable que dans l'année 2024, on commence à avoir des sociétés qui nous disent "Ok, pour moi, ça commence à devenir concret", avec des exemples.
25:14 Alors, attention, parce que "devenir concret", ça veut aussi dire investir.
25:18 - Oui, et puis faire de la place. On a eu l'exemple de SAP cette semaine, alors ça a été très bien pris.
25:24 Je ne sais pas, on m'a expliqué que SAP, ça pouvait être un peu poussiéreux parfois, mais ils ont leur chance dans l'intelligence artificielle.
25:32 Ils l'ont dit cette semaine, effectivement, il faut renouveler les équipes, il y a 8000 départs, et puis il y aura des embauches, évidemment,
25:39 pour correspondre au mieux aux nouveaux métiers, en tout cas à la nouvelle activité, la nouvelle dimension que prendra l'intelligence artificielle dans les outils de SAP.
25:47 Ça a été très bien reçu par le marché.
25:49 - Oui, clairement, donc on voit que ça, ça va se diffuser. Alors, le quoi qu'il peut y avoir, c'est que de temps en temps, une société va investir,
25:55 donc potentiellement, ça peut avoir un impact sur les marges, mais si logiquement, en face de ça, elle va mettre un potentiel de croissance supplémentaire.
26:03 - Bon, après, on se dit ça, moi je veux bien, alors on parle du stock picking, vous avez ce graphique aussi du CAC 40,
26:09 mesuré par rapport au CAC équipondéré, effectivement. On se dit ça, juste petite parenthèse, Bertrand, au moment où LVMH est en train de prendre 13%
26:19 et de tirer l'ensemble de l'Europe, au moment où Microsoft, je crois que c'était hier ou avant-hier, marquait 3000 milliards de market cap,
26:26 et que Microsoft et Nvidia, depuis le début de l'année, font encore, je ne sais pas, peut-être 75% de la performance du S&P 500.
26:35 - Oui, mais Tesla est à -12. - Mais Tesla est à -12.
26:37 - Donc, dans les 7 magnifiques, il y en a 3 qui fonctionnent bien, les 4 autres, il y en a une qui est terrible.
26:43 - Oui, c'est-à-dire que sur les 7, il n'y en a plus 3 qui fonctionnent bien.
26:45 - Et donc, ça laisse de la place à d'autres sociétés, enfin, à les mettre en lumière.
26:50 - Qu'est-ce qu'on peut dire du CAC versus le CAC équipondéré ?
26:53 - Dans l'encart du haut, c'est CAC versus CAC équipondéré, donc on voit, toute la partie descendante, c'est en fait, le CAC équipondéré fait mieux que le CAC.
26:59 Donc, en fait, les grosses capilles du CAC 40 ont fait moins bien que les petites capilles du CAC 40.
27:04 Et donc, on voit que là, on remonte aux années 2000, donc c'est une tendance séculaire à...
27:09 Alors, il y a eu des périodes un peu vachées, mais globalement, oui, il valait mieux avoir un CAC équipondéré qu'un CAC.
27:15 Coup d'arrêt en 2018, et là, c'est parti, et donc là, c'est la partie que j'ai zoomée, où on voit effectivement que, globalement, mis à part, la partie descendante, là, c'est l'arrivée du vaccin.
27:27 Donc, ça veut dire que c'est l'automobile, enfin, c'est tous ceux qui n'avaient pas le droit de citer qui sont repartis.
27:32 Globalement, c'est les grosses de l'indice, on a à peu près la même chose sur le S&P 500, qui font la loi.
27:40 Et là, on est au moment, hier soir, je précise, où, voilà, c'est pas encore gagné.
27:46 Laurent peut peut-être nous en parler, il y a une 200, il y a une 50, on n'est pas encore, donc il ne faut pas anticiper.
27:52 Mais, en tous les cas, sur le principe, il est toujours bon de s'y préparer, parce qu'on sait que, voilà, quand on a été biberonné pendant 4 ans à ne miser que sur les grosses...
28:01 - Les grosses de l'indice, le jour où ça se retourne, potentiellement, ça peut surprendre.
28:07 Donc, je ne sais pas si c'est demain, mais, en tous les cas, se préparer à cette alternative, c'est dire "Ok", regarder son portefeuille, c'est dire
28:14 "Si jamais, effectivement, ça prend forme, comment je fais, comment je réagis, qu'est-ce que je vais faire ?"
28:21 - C'est de la gestion de risque, presque même. - Exactement.
28:24 - C'est du "Risk Management".
28:26 - Et surtout, avec une couche de comportemental, parce qu'on sait très bien que tout le monde est amoureux de l'LVMH, le 12 d'aujourd'hui, il doit y avoir du "Rush Hatshort", enfin bref...
28:36 - Oui, on a vu le mois de décembre sur les "Small Caps" aussi. On a vu quand ça part, comment ça va vite, comment ça va très très vite, et comment on ne trouve pas de papier, parce que c'est déjà trop tard.
28:46 - Parce que là, on le... - Sur l'autoroute, les sorties peuvent être compliquées, mais les entrées peuvent être aussi compliquées sur des segments de marché moins liquides.
28:53 - Sur le sujet, quand on regarde les indices "SP100" versus le "400" versus le "Russell", à un an, il n'y a pas photo. On a bien des 25 points d'avance sur les "Grosses Capilles" versus les "Petites".
29:08 Mais quand on regarde sur 6 mois et sur 3 mois, on voit que l'écart se réduit, et que sur 3 mois, là pour le coup, le "Russell 2000" ou le "SP400", donc les plus petites "SP100", reprennent la main.
29:20 On a le même message moins violent en Europe quand on va regarder le "CAC", le "CAC Mid & Small", le "CAC Small".
29:27 Donc, ce n'est pas gagné, mais en tous les cas, sur les 3 des derniers mois, on a un message qu'on n'a pas eu depuis très longtemps, de "ben, il y a peut-être quelque chose à faire ailleurs".
29:35 - Laurent, sur ces considérations, l'idée que ça se diffuse, que ça peut s'élargir, et je dis ça encore une fois, le jour où LVMH emmène toute l'Europe avec une hausse de 13% ?
29:44 - Je voudrais juste rebondir sur ce qu'a dit Bertrand, c'est très intéressant. Il y avait un théorème de l'analyse technique classique qui disait que quand un indice équipondéré sous-performait son indice de référence, c'était mauvais signe.
30:01 Il fallait que ça se diffuse. Une hausse solide, c'est une hausse qui va partout, de manière homogène.
30:08 Or là, on voit aux Etats-Unis et en France, avec le "CAC" équipondéré, que, en fait, ce sont les grosses capilles qui tractent.
30:15 Et c'est un élément de réflexion qu'on doit avoir, parce que peut-être que le marché est en train de changer par rapport à cette gestion passive.
30:22 Je ne dis pas qu'on ne va pas retrouver de la surperformance du "CAC" équipondéré pour avoir un élément de fiabilité et de solidité, mais le marché est en train de changer.
30:32 - Dans quel sens ?
30:33 - Dans le sens où on pourrait avoir un changement de paradigme sur des investisseurs qui se focalisent massivement sur les LVMH, sur les Microsoft.
30:44 - Il y a quelque chose de structurel, peut-être, vous dites, dans ce qu'on a vu du marché, dans ce phénomène de concentration.
30:51 On l'a vu dans d'autres périodes de l'histoire, Nifty Fifty, etc. Ça a été déjà très bien documenté.
30:58 - Regardez ce qui se passe aux Etats-Unis l'année dernière. Le S&P équipondéré, horrible par rapport au S&P. Est-ce que ça empêchait le S&P de monter ? Non.
31:06 Donc, il y a peut-être quelque chose qui est en train d'évoluer. Encore une fois, il faudrait faire un vrai travail de recherche dessus.
31:13 Mais j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui est en train de changer dans l'industrie par rapport à ces...
31:17 - Il y a déjà plus d'investissements sur les ETF et la gestion passive aux Etats-Unis. Il y a l'utilisation des dérivés.
31:24 - On peut faire un ETF sur le S&P équipondéré. Enfin, je veux dire... - Il existe ?
31:27 - Oui, il existe, j'imagine. Donc, voilà. La gestion passive peut alimenter aussi plus largement le marché que simplement 10 valeurs.
31:35 - Oui, mais sauf que les gros indices... Il y a un effet boule de neige. Les gros indices qui attirent les grosses valeurs. Il y a un effet autoréalisation qui fait qu'il y a deux marchés.
31:45 Il y a des ETF et des EDF. Il y a un 10 et un 10. Il y a deux vitesses dans les indices, en fait.
31:50 - Et puis, il y a toute cette réglementation MIFID par rapport à la couverture d'analyse des small caps. Ça n'aide pas.
31:55 - Ah non, ça c'est sûr. - Voilà. Donc, on va voir ce qui se passe du côté du CAC équipondéré. Mais c'est très intéressant de voir, effectivement...
32:03 - Mais vous n'en faites pas, en tant qu'analyste technique, Laurent, j'entends, vous n'en faites pas à ce stade encore une conviction forte de dire que
32:10 2024 va être une année de rattrapage, de diffusion et de participation plus large avec des segments qui ont été délaissés pendant longtemps.
32:22 - Je ne sais plus dans quel monde nous vivons. C'est-à-dire que, normalement, dans le monde d'hier, il faudrait que ça diffuse.
32:31 Ça serait vraiment sain d'avoir, effectivement, des flux qui arrivent ailleurs. Parce que ça voudrait dire qu'on repart encore sur une année
32:38 tractée par les blue chips combien de temps. Dans le monde d'hier, ça ne tient pas. Mais dans le monde d'aujourd'hui, peut-être que ça va tenir.
32:45 Je ne sais pas. Donc, voilà. Il y a en tout cas des vraies questions ouvertes qui restent encore à la seconde que je vous parle, des vraies réflexions.
32:53 - Juste un mot, Bertrand. Vous le rappeliez. Attention. Une boîte peut changer de statut boursier toujours très vite, très brutalement, sans que personne n'ait rien vu venir.
33:05 - Oui, oui. On a l'exemple de la téléperformance. C'est un exemple. Et là, en deux temps, trois mouvements, elle perd 60 ou 70 %.
33:15 - Dans les paiements, il y a eu Adyen. Ça a eu value 100 milliards, Adyen. Et puis, divisé par deux ou trois, voilà.
33:21 - C'est toujours compliqué. Donc, oui, il faut toujours avoir cette logique de se préparer. On ne sait pas ce qui peut arriver et par où ça peut arriver.
33:30 Parce qu'il y a plein d'événements sur les quatre dernières années qui ont jalonné, qui étaient des vues de loin, d'excellentes raisons de vente.
33:36 Entre les guerres qu'on a eues, le Covid, les crises bancaires et autres, il y avait de quoi paniquer et tout vendre.
33:41 Globalement, sur les quatre dernières années, les grands indices européens font 50 %. Donc, voilà. Il faut, un, se méfier de ses propres émotions vis-à-vis de tout ça
33:49 et surtout se dire, bon, il peut arriver plein de choses et surtout la réaction, c'est en fait, qu'est-ce que moi, je me prépare à faire quand ça arrive ?
33:56 Ne cherchons pas à se dire, il peut y avoir une crise bancaire ou quelque part, on se moque un peu.
34:01 - Mais il faut un plan. - Par contre, il faut un plan et il faut un plan B.
34:06 C'était 2020 où tout le monde était focalisé sur la tech, sur les énergies renouvelables, les trucs comme ça.
34:12 On se voit bien qu'à un moment donné, il va se passer quelque chose et à ce moment-là, il fallait retourner dardard sur la value.
34:20 C'est peut-être à ça qu'on va être confronté, c'est-à-dire qu'à un moment donné, on aura peut-être 3 mois, 6 mois, 9 mois de tous sur les mid et les small cap.
34:29 Et là, pour le coup, on a vu sur le graph, c'est hyper abrupt. - Ah oui, c'est violent.
34:33 - C'est peut-être ça, en fait, qui risque d'arriver, la violence des flux. - En tout cas, c'est pas de rage, c'est de rage, je n'ai rien à ruer.
34:37 - Entre les périsseux, Dom Pérignon, Pernod Ricard, en un mois de janvier...
34:43 - Il n'a pas commencé comme ça. Là, au moment où on se parle, oui, ça va beaucoup mieux pour ces boîtes-là, mais elles étaient encore à -10, -15 il y a quelques jours, depuis le 1er janvier.
34:52 Bon, parlons technique avec vous, du coup, Laurent. Que nous dit l'analyse technique quand on regarde ?
34:58 Alors, vous êtes venu avec plusieurs graphiques, évidemment, et notamment celui du fameux SOX, l'indice de référence du secteur des semi-conducteurs aux États-Unis.
35:06 - Qui est "on fire", comme je le décris. - Oui. Alors, je pourrais parler pendant 2 heures du SOX.
35:12 - Ah oui. - Parce que, d'abord, quand on voit le chart à l'écran, pour reprendre ce que disait tout à l'heure Bertrand, le temps long, c'est le SOX depuis 2009.
35:24 Depuis le creux de 2008 et la progression à partir de mars 2009. Donc, en données mensuelles, qu'est-ce qu'on voit ?
35:31 On voit une tendance haussière parfaite, ça restera un cas d'école dans les livres d'analyse technique, et on voit en 15 ans une progression, attachez votre ceinture, de 2600%.
35:44 On parle d'un secteur, on parle d'un secteur de 30 entreprises. Je dis ça parce que cette industrie de semi-conducteurs, on a beaucoup parlé de l'IA depuis un an.
35:54 - Un an, oui, c'est ça. - Mais le SOX n'a pas attendu l'arrivée de l'IA, parce que le monde se digitalise, le monde se numérise, et on va de plus en plus dans cette tendance.
36:06 Donc, techniquement, on est évidemment dans une tendance qui est haussière. A long terme, on a un niveau de support à 2090 points, en mensuel.
36:16 Ça veut dire que si on pense à ses enfants, on pense à sa retraite, j'en sais rien... - C'est un fond de portefeuille, quoi. - Oui, il n'y a aucun doute par rapport à ça.
36:24 Si on regarde le niveau de support de moyen terme, il est à 3150 points. Donc, ça veut dire qu'on est dans une tendance haussière de moyen terme, qui elle-même est dans une tendance haussière de long terme.
36:40 Alors, il y a deux manières de voir les choses. La première, c'est de dire "ouais, mais cette IA, c'est du buzz, c'est une bulle, c'est des dot-coms, et ça va se dégonfler,
36:50 parce qu'on ne sait pas exactement comment cette IA, elle va s'appliquer aux différents secteurs". C'est une façon de voir les choses, qui est tout à fait légitime.
36:58 Il y a une autre manière de voir le contexte, c'est de se dire "les semi-conducteurs, au XXIe siècle, c'est les transports au début du XXe".
37:08 C'est-à-dire que l'indice des semi-conducteurs, c'est l'équivalent du "dojo transportation".
37:13 Au moment où on rentre dans la révolution industrielle, on a besoin de chemins de fer, d'infrastructures, et donc le transport, c'est le secteur qui portait la révolution.
37:25 Et donc, ces semi-conducteurs, ce sont eux qui portent la data. Aujourd'hui, on transporte beaucoup plus de data que de marchandises.
37:32 Et il y avait effectivement déjà tout cet avènement de la data avec le cloud computing, et là on passe encore à un niveau supplémentaire dans l'industrie, dans les services, dans les loisirs, partout.
37:44 Donc, ce que j'ai envie de dire ce soir, c'est que ce SOX, sur le temps long, il ne donne pas de signes particuliers de faiblesse.
37:52 Regardez son RSI, il n'est même pas suracheté. Donc, il y a devant nous...
37:56 C'est l'histoire industrielle d'aujourd'hui et de demain, comme le "dojo transport" était l'histoire industrielle du siècle passé.
38:03 Absolument. Il y a même des analystes aux États-Unis qui commencent à revisiter la théorie de Dow, qui disait que les marchandises et les actions d'entreprises industrielles devaient performer ensemble pour qu'on ait un vrai cycle.
38:16 Et là, on dit "mais en fait, les transports, on s'en fout, c'est le SOX, c'est les semi-conducteurs qui comptent aujourd'hui".
38:21 Donc, premier charte sur l'IA et les semi-conducteurs.
38:24 Et là, c'est feu vert, quoi. Oui, techniquement.
38:28 Techniquement, à moyen terme, 3 150 non cassés, c'est feu vert. Et à long terme, 2090 intact, il n'y a pas de questions à se poser.
38:36 De l'autre côté du spectre, Laurent...
38:40 Très, très loin.
38:41 Oui, est-ce qu'on a marqué un point bas sur les actions chinoises cette semaine, avec différentes mesures annoncées ou pressenties ?
38:48 Et quand même, 3 ou 4 jours de rebonds un peu violents, en tout cas qu'on n'avait plus vus depuis très longtemps sur ces marchés d'actions en Chine.
38:56 Bon, alors, là aussi, la Chine, c'est la déception de 2023. C'est ce que tout le monde attendait et ce n'est pas arrivé.
39:03 Donc, les investisseurs, animés toujours par les "animal spirits", attendent effectivement que la Chine reparte.
39:11 Ce n'est pas sûr qu'on soit sur le point bas, parce que quand on regarde le chart, on voit que les niveaux de support, ils sont encore en dessous.
39:18 La difficulté, c'est qu'il n'y a aucune loi scientifique qui dit que les cours doivent rebondir sur un niveau de support.
39:24 S'il y a des triggers pour que ça rebondisse tout de suite, ça peut rebondir tout de suite.
39:30 Mais ce qu'il faut quand même savoir, c'est qu'on a une borne basse sur le Shanghai Composite, qui est à peu près à 15%.
39:36 On fait ce qu'on veut, mais il faut le savoir, on n'est pas vraiment collé au bord du précipice.
39:42 Il peut y avoir encore un peu de place à la baisse.
39:44 Deuxième point, on aime bien, quand on est technicien, les purges, pour avoir un peu plus de certitude qu'on a vraiment touché le fond.
39:54 La capitulation.
39:55 Là, il n'y a pas de purge.
39:56 C'est une lente purge, quand même, mais il n'y a pas eu ce mouvement d'accélération, de panique à la baisse.
40:02 Donc, ça peut tout à fait repartir à partir de maintenant.
40:06 Ça peut continuer de baisser.
40:08 Alors, on ne sait pas où est le bas, mais on sait ce qu'il faut regarder à la hausse pour avoir un premier signal d'amélioration,
40:15 c'est-à-dire de risque qui s'écarte.
40:17 Et vous le voyez, c'est à 3090 points.
40:20 C'est la résistance.
40:21 Ça veut dire que tant que ce niveau n'est pas dépassé, il faut rester prudent.
40:25 Il faut rester prudent.
40:26 Il y a plein d'arguments de politique intérieure qui plaident pour que ce soit le bottom.
40:34 Mais encore une fois, on n'est pas vraiment collé sur le plancher.
40:39 Là, vous avez pris comme référence le Shanghai composite.
40:41 Il y a plein d'indices chinois, de Chine domestique, de Hong Kong, etc.
40:46 Il y a une corrélation quand même assez forte entre tous ces indices.
40:50 Alors, Hong Kong, c'est encore un petit peu autre chose.
40:52 Mais il y a la bourse de Shenzhen et puis le CSI 300 de Shenzhen et de Shanghai qui a la même tête, vous vous en doutez.
40:59 Donc, sur le Shanghai composite, on arrive dans la zone, mais il faudra qu'on en reparle dans un mois ou deux
41:07 pour voir si les 3090 ont été dépassés.
41:10 Comme ça, on aura effectivement le signal.
41:11 Rendez-vous dans un mois, Laurent, évidemment.
41:13 Dans les secteurs, là aussi, je sais qu'ils soulèvent beaucoup de questions, et même plus que des questions.
41:18 Beaucoup de gérants, longue ligne, fondamentaux, me parlent du secteur de la santé depuis plusieurs mois maintenant
41:25 comme étant un secteur intéressant, avec des belles perspectives et pas cher aujourd'hui.
41:33 Alors, il n'est pas cher. Il distribue des beaux dividendes. Il est défensif.
41:37 On parlait de diffusion. C'est vraiment le secteur qui, à mon avis, devrait privilégier dans un contexte de ralentissement,
41:44 en tout cas, pas forcément de ralentissement, mais de morosité en zone euro.
41:48 La santé, ça fait du sens. Le problème, c'est que techniquement, il n'a rien franchi, ce secteur.
41:54 Petite déception.
41:56 Quand on parle santé, c'est bien les labos. C'est les laboratoires pharmaceutiques.
41:59 Absolument.
42:00 Ce n'est pas la bibliothèque.
42:01 Non, non, non. On est sur le stock 600 santé, donc c'est les grosses capilles européennes de la santé.
42:06 1110 points sur le contrat futur de l'indice sectoriel.
42:10 On pensait qu'il allait franchir, mais voilà que les semi-conducteurs reviennent à la charge.
42:14 Et donc, du coup, tout le monde se remet sur le risque, sur le cyclique et évidemment, les flux sortent de la santé.
42:20 Donc, c'est un petit peu décevant, mais je pense qu'il y a toujours un scénario qui reste crédible pour une sortie de ce de cet énorme range.
42:28 Et là où c'est intéressant, c'est que l'analyse technique nous dit que quand on a comme ça une phase de réaccumulation de range,
42:34 quand on en sort, après autant...
42:36 C'est puissant.
42:37 Ah oui, c'est très puissant. Encore faut-il qu'on en sorte.
42:39 D'accord. Il n'y a pas eu le signal ?
42:40 Non, il n'y a pas le signal. On pourrait peut-être baisser sur les 1040 points avant de repartir.
42:44 Il ne faut pas qu'on casse 1040, parce que là, pour le coup, on repart dans un rang de baisse.
42:48 Ça n'a rien fait en 2023. Ce serait dommage que ça ne fasse encore rien en 2024.
42:53 Tous les arguments fondamentaux sont là, mais il n'y a pas d'acheteur. Donc, il faut qu'à un moment, il se réveille.
42:59 Les Longoni m'en parlent. Donc, il y a quelque chose, effectivement, il y a de l'intérêt en tout cas de la part de différents fondamentaux sur le secteur de la santé.
43:06 Il faut qu'il y ait de la participation.
43:07 Il faut qu'on dise un mot de l'immobilier aussi. Et là, on parle de l'immobilier coté en bourse, évidemment, des foncières cotées.
43:13 Il y a déjà eu quand même un début de rattrapage pour ce secteur qui a énormément souffert de la hausse des taux en 2022 et 2023.
43:21 Il a énormément souffert en Europe, aux États-Unis, beaucoup en Allemagne. On est là encore dans un range.
43:28 On peut assimiler ce range à de l'accumulation, mais pour que ce soit effectivement cette phase-là qui se mette en place, il faut franchir.
43:34 C'est toujours le même problème. C'est-à-dire qu'on a un seuil à 135 points où les acheteurs disparaissent.
43:41 Il faut qu'à un moment, ils gardent leur conviction et qu'ils pensent vraiment que les foncières, c'est un pari qui est gagnant,
43:46 peut-être avec une économie qui doit repartir parce qu'il faut quand même qu'il y ait des consommateurs.
43:50 Les taux baissent. Donc, ça, c'est plutôt positif, mais ce n'est pas assez. Ce n'est pas cher, les taux baissent, mais ce n'est pas assez encore pour franchir le niveau.
43:58 Donc, à surveiller. Et pour le moment, pas de signal.
44:01 - Quelle est la situation des small cap pour conclure sur ce sujet avec vous ? Et donc, la référence, c'est le CAC small.
44:08 - Oui, alors magnifique remontada sur les small cap. On est maintenant sous un gros niveau de résistance.
44:15 - C'est vrai que le V est impressionnant. - Ah oui. Alors ça, c'est vraiment ce qu'on appelle un creux en V.
44:19 C'est rare, mais sur les small cap, visiblement, il a l'habitude de le faire, cet indice. Il a beaucoup progressé.
44:26 Il est sous une zone de résistance. Il n'y a plus de timing, maintenant. C'est-à-dire que soit vous étiez contre rien et vous avez payé le rallye de novembre, alors que personne n'y croyait.
44:35 Et bravo. Soit maintenant, vous regardez et vous vous demandez si vous voulez rentrer ou pas. Et techniquement, on ne rentre pas sous un énorme barrage comme ça.
44:42 Moi, je pense qu'il y a une petite figure en forme de drapeau qui pourrait, si elle était déclenchée, signaler un retour des acheteurs.
44:49 Mais je ne serais pas étonné de voir les small cap traîner un petit peu sous ce niveau. Parce qu'en général, quand on arrive très très vite sous un niveau de résistance comme ça,
44:57 on a quand même des petites prises de bénéfices. On réévalue la situation.
45:01 Il y a bien de nouveaux investisseurs qui rentrent. Enfin, ceux qui ont pu en profiter, peut-être, prennent un peu leur profit.
45:07 Et d'autres investisseurs rentrent.
45:08 Il faut qu'il y ait une deuxième vague. La deuxième vague de ceux qui ne sont pas des contrariens, mais qui sont des trend followers.
45:13 Et cette deuxième vague, elle doit regarder avec beaucoup d'intérêt ce graphique et se dire "Mais est-ce que je paye ou pas sous cette zone de résistance ?"
45:18 C'est un petit peu risqué. Le niveau de support, il est à 10 900 points.
45:23 Ça veut dire qu'il faut lui laisser de la place à cet indice. Il ne va pas forcément franchir tout de suite, mais ce n'est pas grave.
45:28 Mais il ne faudrait pas qu'il casse les 10 900 points.
45:30 C'est ce qu'on souhaite. La deuxième vague pour les small cap, effectivement, avec ce rebond assez puissant qu'on a vu sur la fin d'année déjà.
45:36 Personnellement, je serais beaucoup plus bullish sur 10 900 pour faire du conseil et revenir que payer tout de suite.
45:42 Je comprends. Attendre un petit pull back, je ne sais pas comment on dit, pour repartir plus fort de l'avant.
45:50 Merci beaucoup messieurs. Merci pour toutes ces dimensions d'analyse que vous nous apportez une fois par mois le dernier vendredi du mois pour ce grand tableau de bord des marchés.
45:58 Laurent Albi, Next Momentum, Bertrand Lamiel, Porzant Pargestion et Jean-François Bay, Qantaslice.
46:04 [Générique]
46:14 Chaque dernier vendredi du mois, après notre grand tableau de bord des marchés, place au décryptage économique de Michel Rumi, économiste associé de SPAC à mes côtés en plateau.
46:24 Bonsoir Michel. Bonsoir.
46:25 Merci beaucoup. Ravi de vous retrouver. Alors le titre que j'ai appliqué à votre chronique ce mois-ci, "It's Demography Stupid" Michel.
46:34 On parle de démographie avec vous et des liens évidemment et des corrélations directes entre démographie et économie.
46:41 Pourquoi est-ce qu'on parle de démographie déjà ? Parce que tous les pays sont en train de publier leur bilan démographique 2023.
46:47 La France notamment l'a fait à travers l'INSEE, c'est ça Michel ?
46:50 Oui tout à fait. Il n'y a qu'à peu près une quinzaine de jours, l'INSEE a sorti certains chiffres de la population française.
47:00 Certes, la population française a commencé à croître mais la grande difficulté c'est qu'il y a une baisse de la fécondité.
47:09 C'est-à-dire qu'en fait il y a à peu près 50 000 bébés en moins en 2023 par rapport à 2022.
47:15 Donc c'est autant de forces vives qui risquent de manquer et donc du coup ça peut impacter parce que c'est une tendance qui vient depuis 4 ans.
47:25 Et il n'y a jamais eu aussi peu de naissances en France qu'en 2023 avec ces 50 000 nouveaux arrivants nets.
47:33 Et c'est ça qui pose ce type de problème.
47:35 En quoi est-ce que la démographie est importante pour la question économique ?
47:39 En fait, on le voit, lorsque nous avons une population où les jeunes en âge de travailler, en âge de procréer sont importants,
47:48 la richesse créée est répartie tout au long de la population.
47:54 Et en plus de ça, avec les naissances, ce qu'il faut bien voir c'est que cela donne des besoins spécifiques en termes de garde,
47:59 en termes d'école, en termes d'enseignement. Donc il y a aussi un impact sociétal sur l'organisation de la société.
48:05 Et à l'inverse par contre, quand on a une population qui vieillit, de manière générale, on est moins productif.
48:13 Et ce qui pose le problème de la croissance potentielle qui serait en berne, sauf si les jeunes sont un peu plus productifs à l'aide de la technologie ou augmentent leur productivité.
48:25 Donc ça c'est l'aspect. Et puis en même temps, ce qu'il faut bien voir c'est qu'avec une population plus âgée, on est donc plus faible.
48:32 On est plus soumis aux aléas de la santé. Et donc il y a tout un aspect sur le long terme de financement.
48:39 Et donc ça pose ce type de problème à terme que cela va impacter les finances publiques.
48:47 Et puis surtout de manière générale, on voit que le vieillissement de la population touche beaucoup de paramètres de grandes fonctions économiques,
48:53 que ce soit la consommation, l'investissement, le pain, le chômage, etc.
48:58 - Ce ralentissement de la croissance de la population qu'on observe en France, est-ce qu'on l'observe plus généralement ailleurs et même peut-être dans le monde au global aujourd'hui, Michel ?
49:08 - Tout à fait. Tout à fait. Ce qu'il faut bien voir c'est que en 1800, on avait à peu près un milliard d'individus sur la planète.
49:15 Et puis aujourd'hui, on va dire autour de 2020, on était à 8 milliards.
49:21 Et surtout ce qu'il faut bien voir c'est qu'au cours des 50 dernières années, cette population a doublé.
49:27 Mais elle continuera à croître jusqu'en 2050 parce qu'il y a un phénomène de ce qu'on appellera d'inertie démographique.
49:34 Ou dans la mesure où il y a encore plus de jeunes en âge de procréer que de personnes âgées qui sont en termes de décédés.
49:42 - Donc oui c'est ça. L'inertie fait quand même que la population mondiale est encore amenée à croître, avec l'objectif en tout cas, la cible possible de 10 milliards en 2050.
49:53 Malgré des mastodontes en termes de population comme la Chine, qui ont déjà dépassé, elles, peut-être, le pic de croissance de sa population.
50:03 - Tout à fait. Tout à fait. C'est ce qui a été surprenant puisque en 2022 par exemple, la Chine a perdu 850 000...
50:10 On va dire sa population a baissé de 850 000 personnes. C'est la première fois depuis près de 60 ans.
50:17 Et en même temps, ce qui est aussi surprenant, c'est qu'il y avait un assouplissement, on va dire, de la politique de l'enfant unique.
50:23 Mais en même temps, on voit en Europe qu'on est en face de ces mêmes problèmes de la baisse de la population.
50:28 Parce qu'on voit ici ou là, l'Italie c'est la population la plus âgée, mais il y a aussi l'Allemagne, la Grèce et puis même la France.
50:34 Où on voit que par exemple, on est à peu près à 22% pour les personnes qui ont 65 ans ou plus, 22% de la population.
50:44 Et 1 personne sur 10, c'est à peu près 10%, qui ont plus de 75 ans. Donc on voit qu'il y a vraiment un phénomène de vieillissement de la population.
50:52 - Et c'est ce que vous disiez pour la dimension économique. Alors évidemment, la taille de la population, la croissance, c'est important.
50:57 Mais le phénomène de vieillissement et d'accélération du vieillissement, c'est peut-être ça qui compte le plus aujourd'hui ?
51:02 - Tout à fait, parce que ce qui va se passer, c'est que concrètement, on va travailler au niveau en Europe.
51:08 Les seniors représentent à peu près une vingtaine de pourcents et en 2030, on sera 1 personne sur 3.
51:16 Donc c'est quand même quelque chose d'important qui peut poser...
51:19 Alors bien sûr, le vieillissement de la population s'explique par l'espérance de vie, puis en même temps, l'arrivée de l'âge à la retraite des baby-boomers, on va dire.
51:29 Et donc c'est ça qui permet de vieillir. Et ce qu'il faut bien voir maintenant, si on revient au niveau national,
51:35 en plus du coût de la dette des finances publiques, on va avoir le coût de la réchauffement climatique, de la transition également écologique,
51:42 il faudra rajouter le coût social. Donc ça pose un problème en termes de finances publiques et surtout de notre modèle social.
51:49 Et ça, ça peut poser des problèmes. Et c'est pour ça que la démographie est devenue un peu plus aiguë, le problème un peu plus aiguë pour la France, mais également pour les pays développés.
51:57 Dans le vocable des transitions, il y a aussi la transition démographique, avec ce vieillissement aujourd'hui de la population en général.
52:04 Et on le voit, mais on ne le met pas en face parce que les pays sont, on va dire, en difficulté financière.
52:10 Oui, oui, oui. C'est un sujet qui monte de plus en plus, j'allais dire, au plus haut niveau politique.
52:18 Comment est-ce qu'on relance la natalité dans nos économies ? J'avais un de vos confrères d'ailleurs, en chars de la Banque de France,
52:27 qui disait, comme parlant de l'enfant unique en Chine, où ils sont passés à un plus, deux et au-delà, ça ne se décrète pas.
52:35 C'est comme la croissance ou l'inflation. Ce n'est pas quelqu'un qui vient un jour, vous avez le droit de faire deux enfants, boum, tout le monde se fait affaire à deux enfants.
52:42 Ça ne marche pas comme ça. Pourquoi est-ce que la natalité recule ? Est-ce qu'on a des pistes d'explication un peu solides et pas des arguments résiduels de "c'est la fin du monde et on ne fait plus d'enfants" ?
52:51 Non, mais en fait, il y a beaucoup, c'est comme on pète la consommation, il y a un espoir, c'est la confiance. Confiance dans la mesure où beaucoup de...
52:59 Alors, c'est un faisceau de preuves. Il n'y a pas une seule solution. Mais première des choses, devant les problèmes climatiques, environnementaux,
53:08 beaucoup de ménages se posent la question de se dire "mais à quoi faire bon de lui laisser un monde où il ne sera pas forcément, on va dire, épanoui ?"
53:16 En même temps aussi, on s'aperçoit qu'il y a une diminution du nombre des femmes en âge de 25-34 ans.
53:23 Et donc ça pose aussi ce type de problème. En même temps, d'autant plus que certaines femmes souhaitent enfanter un peu plus tard, puisqu'elles ont fait des études,
53:32 elles souhaitent rentrer sur le marché du travail. Et puis il y a aussi surtout les problèmes financiers, puisque quand on voit le prix de l'immobilier, je prends un exemple,
53:40 on met un prix à Paris de 10 000 euros, vous avez un enfant, vous lui mettez 10 mètres carrés, ça fait un appartement à 100 000 de plus.
53:47 Et donc voilà, il y a ce type-là, il y a les modes de garde, il y a le coût de la vie, etc. Donc tout cela fait que la natalité, dans une certaine mesure,
53:56 vient à baisser, et donc ça peut poser de forts déséquilibres macroéconomiques.
54:02 Quel est le lien entre croissance démographique et l'idée d'un développement durable, équitable ?
54:10 L'idée est que même si on est en baisse de natalité, la population va croître. Et le grand problème, c'est qu'il faut gérer les ressources de façon durable,
54:24 pour permettre à l'ensemble de la population de vivre décemment et dans des conditions relativement acceptables.
54:32 Par exemple, si on regarde la consommation d'eau, de l'énergie, elle va pratiquement doubler d'ici 2050.
54:38 Donc là aussi, ça pose, et on risque d'avoir également, avec les phénomènes notamment climatiques, de la pollution de l'eau, et or l'eau est très importante pour la vie humaine.
54:48 Donc on est, malgré ce ralentissement de la croissance démographique, avec ce vieillissement accéléré, on se retrouve dans une situation un peu malthusienne.
54:57 Tout à fait. Il n'y a pas assez de ressources pour tout le monde.
55:01 Exactement. Malthus disait que la population progressait plus vite que les resubsistances, et donc on tendait vers une certaine pauvreté.
55:12 Donc lui, il était encore plus radicalisé. Il disait qu'il fallait arrêter les aides pour les pauvres, pour éviter de faire des enfants,
55:18 et que du coup, il y avait la possibilité d'accroître l'importance de la population active, que les femmes pouvaient travailler, et du coup, ça allait pour le mieux.
55:28 On va dire ça comme ça. Mais en fait, ce qu'il faut bien voir, c'est que pour lui, une fécondité qui était relativement basse permettait d'augmenter,
55:37 on va dire, d'apprécier, de pouvoir gérer le manque de ressources avec une croissance de la population.
55:44 Ça amoindrit l'idée de la pénurie de ressources pour une population exponentielle.
55:48 Tout à fait. C'est comme si vous avez un gâteau, vous mangez moins. Donc c'est vrai. Mais bon, après, ça se déforme.
55:54 Partant de ce constat, aujourd'hui, je vois des scénarios qui sont parfois aussi très divergents sur la démographie, sur des horizons de plusieurs dizaines d'années.
56:05 Tout le monde n'arrive pas forcément aux mêmes conclusions. Quelles sont les perspectives, vous, là, que vous avez en tête pour l'avenir de la démographie ?
56:14 J'essaierai de faire, on va dire, mondial et un peu plus français. En même temps, au niveau mondial, il y aura toujours du fait de cette inertie.
56:22 Même si le taux de fécondité tend à baisser vers 1,5 comme il se passe en Europe et en Chine, la population mondiale croîtra encore dans encore quelques décennies.
56:32 Et principalement, ce sera vraisemblablement en Afrique, où la natalité est beaucoup plus dynamique.
56:39 A l'inverse, par contre, les pays développés, donc l'Europe, les États-Unis, verront leur population décroître.
56:45 Et cela pose des problèmes, on va dire, au niveau des finances publiques, du modèle social, et de voir un peu comment gérer tout cela.
56:54 Oui, c'est un peu le sujet. C'est un fil rouge, d'ailleurs, dans tous les sujets débattus au niveau politique aujourd'hui.
57:03 Voilà, parce que c'est toujours comme ça. C'est la finance qui met l'essence dans le moteur.
57:11 Bon, moi, je garde en tête ce chiffre. Vous parliez de l'Afrique et de la Chine. D'ici la fin du siècle, selon les projections, il y a plus de Nigérians sur la planète que de Chinois.
57:20 Oui, là. Et donc, possibilité d'expansion à condition qu'ils aient les moyens de se développer et de pouvoir rentrer dans le commerce mondial.
57:28 Merci beaucoup, Michel. Merci pour cet éclairage autour de ce sujet passionnant qu'est la démographie et qui mérite plus que jamais qu'on en parle très largement
57:38 pour évoquer les enjeux économiques également derrière ces questions démographiques.
57:42 Michel Rumi, économiste associé de SPAC, que l'on retrouve une fois par mois dans Smart Bourse le dernier vendredi du mois, 17h45 précisément, pour ceux qui nous suivent en direct.
57:51 Mais à retrouver, bien sûr, en replay sur bsmart.fr.
57:55 [Musique]

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