L'Heure des Pros Week-End (Émission du 28/01/2024)

  • il y a 9 mois
Eliot Deval et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité dans #HDProsWE à 9h le samedi et le dimanche

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Transcription
00:00 Bonjour à tous et bienvenue à l'heure des pros.
00:03 Paris assiégée pour une agriculture libérée.
00:06 C'est le souhait de la FNSEA et des jeunes agriculteurs
00:10 qui annoncent un siège de Paris à partir de demain, 14h.
00:14 La coordination rurale veut quant à elle bloquer le marché de Rungis
00:17 qui approvisionne la capitale.
00:19 Est-ce un tournant dans le mouvement ?
00:21 Le monde agricole va-t-il perdre le soutien de l'opinion publique
00:23 ou au contraire, le gouvernement va-t-il être désigné
00:26 comme le seul responsable de la situation qui s'enlise ?
00:30 Gabriel Attal, au pays de la com', il est le roi.
00:33 Brillante mise en scène sur la 64 où il est reparti sous les applaudissements.
00:37 Mais que reste-t-il ?
00:38 Un mouvement qui se radicalise ?
00:40 Gérald Darmanin va-t-il continuer à ne pas intervenir ?
00:43 Car n'oublions jamais que ce mouvement est celui d'une France
00:46 qui se lève très tôt, ne se plaint jamais
00:48 et qui demande simplement de vivre dignement
00:51 des dizaines et des dizaines d'heures de travail hebdomadaire.
00:54 Ces agriculteurs ne se battent pas que pour eux,
00:56 ils se battent aussi pour nous, pour notre souveraineté alimentaire
01:00 et pour qu'une certaine France ne disparaisse pas complètement.
01:03 On en parle dans un instant avec mes invités
01:05 mais tout de suite, c'est le rappel des titres avec Isabelle Piboulot.
01:08 Bonjour Isabelle.
01:09 Bonjour Gauthier, bonjour à tous.
01:13 À Angoulême, la ministre de la Culture déplore le sectarisme
01:17 qui voit s'opposer les partisans et adversaires de Sylvain Tesson
01:20 comme parrain du Printemps des Poètes 2024.
01:23 L'écrivain a été visé par une tribune publiée dans Libération
01:27 le 18 janvier d'être une figure de proue de l'extrême droite littéraire.
01:30 "J'ai été étonné que des poètes excluent d'autres poètes",
01:34 a déclaré Rachida Dati en visite au Festival international de la bande dessinée.
01:39 40 millions de dollars, il s'agit de la somme détournée
01:42 par des responsables militaires et des chefs d'entreprises ukrainiens.
01:46 La malversation remonte à août 2022
01:49 dans le cadre de l'achat à l'étranger de 100 000 obus de mortier
01:52 qui n'ont jamais été livrés.
01:54 L'un des suspects a été placé en détention
01:57 après avoir tenté de quitter l'Ukraine.
01:59 Enfin depuis le port de Miami en Floride,
02:02 le plus grand navire de croisière du monde a largué les Amars.
02:05 Hier, baptisé "Icon of the Seas",
02:07 l'Icon des Mers a mis le cap sur les Caraïbes pour son voyage inaugural.
02:12 Le paquebot mesure 365 mètres de long,
02:15 comprend plus de 2800 cabines et 40 restaurants
02:18 pour une capacité d'accueil de 5600 passagers et 2350 membres d'équipage.
02:24 Merci Isabelle et à tout à l'heure.
02:25 Autour de moi, Raphaël Stainville, Eric Revelle,
02:28 Nathan Devers et Gabriel Cluzel.
02:30 Et nous accueillons ce matin Séverin Sergent,
02:32 agriculteur et membre des Jeunes agriculteurs de Réloir.
02:37 Vous voulez bloquer la capitale, dites-moi ?
02:39 Bonjour à tous.
02:39 Vous voulez un siège, un siège de la capitale ?
02:42 Je ne sais pas si nous voulons un siège ou si nous voulons bloquer la capitale.
02:44 C'est ce que dit le communiqué ?
02:45 Oui, le communiqué évidemment.
02:47 Mais ce que nous voulons surtout, c'est montrer au Premier ministre
02:50 et maintenant je pense au Président de la République,
02:51 puisque Gaël Guerrilla va aujourd'hui en Indre-et-Loire.
02:54 On nous dit déjà qu'il n'annoncera rien.
02:56 Donc bon, c'est bon, on a compris.
02:58 Du coup, on s'adresse maintenant au Président de la République.
03:01 Donc on vient à Paris pour leur dire, on est là, on a entendu, on a écouté.
03:06 Et puis, on n'a pas compris ce que vous nous avez proposé, puisque c'est vide.
03:10 C'est une coquille vide.
03:11 Mais comment ça se matérialise un siège de Paris ?
03:13 Comment on fait ? On met des tracteurs à toutes les portes de la capitale ?
03:17 Déjà, on les fait converger vers la capitale.
03:19 Alors, il y a déjà plusieurs points.
03:20 À quel rythme ?
03:21 Aujourd'hui, on annonce une mobilisation à partir de lundi 14h.
03:24 Moi, je le dis, la semaine va être compliquée.
03:27 Il faut prévenir les Parisiens en leur disant,
03:29 vous allez passer une semaine qui ne va pas forcément être la plus favorable de l'année.
03:34 Mais on est là aussi pour sécuriser la mobilisation,
03:37 parce qu'attention, il y a de la circulation à Paris.
03:39 Un tracteur, ça ne se déplace pas aussi facilement que ça.
03:42 On ne veut mettre en danger personne.
03:45 Donc déjà, c'est pour ça que c'est alerté en amont.
03:47 Et puis, pour que les gens puissent prendre leurs précautions,
03:50 tant pour aller au travail que pour faire leurs courses et ainsi de suite.
03:53 On sait très bien que le mouvement qu'on va mener va déranger et va gêner.
03:57 Mais il faut qu'on dise clairement que ce ne sont pas les Parisiens que nous visons.
04:02 C'est les autorités publiques qui ne nous entendent pas.
04:05 Mais c'est-à-dire, par exemple, les Parisiens pourront sortir de la capitale
04:08 et ceux qui ne vivent pas à Paris, c'est le cas, par exemple, de notre réalisateur.
04:12 Est-ce que mardi matin, Mathieu, est-ce qu'il pourra prendre sa voiture
04:15 et entrer à Paris pour pouvoir venir réaliser la matinale de Romain Desarbres ?
04:19 Alors, ça dépend d'où il vient et ça dépendra de comment les groupes,
04:23 selon les autoroutes, vont se mobiliser.
04:26 Moi, j'ai eu des personnes de Bourgogne-Franche-Comté qui vont faire monter des tracteurs.
04:30 Donc je préfère vous dire qu'ils mettent un peu de temps.
04:33 Certains veulent avancer petit à petit.
04:35 D'autres sont plus partisans.
04:36 Donc certains ne pourront plus sortir de la capitale et d'autres ne pourront pas rentrer.
04:39 C'est ça.
04:40 C'est comme quand vous bloquez l'autoroute sur les deux voies.
04:42 C'est un blocus.
04:43 C'est un blocus.
04:44 L'objectif, c'est bien de mettre la pression et de montrer que nous sommes complètement mobilisés
04:49 parce que nous attendons autre chose que les mesurettes, les petits pansements de Gabriel Attal.
04:53 Donc c'est les biens et les personnes, c'est-à-dire les camions qui ravitaillent les supermarchés,
04:58 les restaurants, mais aussi les personnes qui veulent aller travailler.
05:00 Certains qui ne vivent pas à Paris, mais qui travaillent à Paris,
05:03 ne pourront pas venir travailler la semaine prochaine.
05:05 Alors, ne pourront pas, je ne sais pas si c'est le mot,
05:07 mais doivent prendre leurs précautions puisqu'ils risquent de mettre beaucoup plus de temps
05:12 pour accéder aux endroits où ils ont l'habitude d'aller.
05:14 Ça, c'est sûr.
05:15 On est d'accord que si vous faites converger peut-être 400, 500 ou 600 tracteurs tout autour de Paris,
05:21 je vous laisse imaginer que ça va forcément créer des ralentissements, des bouchons.
05:25 Et on vient par l'autoroute.
05:27 Raphaël Stainville, à la une du journal du dimanche, votre journal ce matin.
05:31 Demain, le siège de Paris, justement.
05:33 Est-ce que le risque pour les agriculteurs, ce n'est pas de perdre l'opinion publique ultra majoritaire ?
05:38 9 Français sur 10 soutiennent les agriculteurs.
05:40 Ces Français, pour la plupart qui ne vivent pas à Paris,
05:43 vont plutôt au contraire cibler la responsabilité du gouvernement.
05:46 C'est ça, il faut bien distinguer Paris de l'ensemble de la population française.
05:53 Paris, c'est un symbole, mais pour une immense majorité des Français,
05:57 c'est cette dichotomie, ces deux Frances, cette France rurale et cette France d'en haut.
06:03 Il est temps à un moment qu'elle réalise le malaise, la colère de ce monde paysan,
06:08 parce qu'il faut bien le rappeler, ce mouvement, ça fait des semaines, sinon des mois,
06:11 qu'il a déjà débuté.
06:13 Pendant une semaine, il y a eu des blocages d'autoroutes pour des tellement maigres avancées
06:19 qu'on comprend qu'il soit obligé de monter d'un cran pour se faire entendre d'un gouvernement
06:24 qui aujourd'hui ne semble pas réaliser l'ampleur de ce malaise et l'ampleur des solutions,
06:28 du changement de paradigme qu'il faudrait proposer pour que cette agriculture
06:33 puisse vivre dignement.
06:34 On va faire le point sur la situation et après je vous donne la parole
06:37 sur ce qui va se passer potentiellement demain, ce blocus à partir de 14h avec Célia Gruyère.
06:43 Un siège de Paris pour une durée indéterminée dès lundi,
06:47 c'est ce qu'ont annoncé la FNSEA et les jeunes agriculteurs du Grand Bassin parisien
06:52 via un communique et publié hier soir.
06:54 Les agriculteurs venant de 12 départements occuperont tous les axes lourds menant à la capitale.
07:00 La coordination rurale du Lot-et-Garonne va également se rendre à Paris.
07:04 Objectif, bloquer le marché d'intérêt national de Rungis.
07:07 On part lundi du Lot-et-Garonne, on arrivera mardi sur Paris.
07:12 Oui, effectivement on va bloquer Rungis.
07:14 On n'arrive pas à se faire entendre, il manque des mesures.
07:18 Alors il y a eu des mesures intéressantes évidemment,
07:21 mais aujourd'hui à aucun moment donné on n'a parlé du revenu.
07:24 Entre lundi dernier et lundi prochain, il n'y a aucune différence.
07:28 Les manifestants partiront à 9h d'Agen et n'arriveront que lundi soir.
07:32 Le blocage du marché de Rungis ne pourra donc être effectif que mardi matin.
07:36 Il s'agit du premier marché de gros de produits frais d'Europe.
07:39 Ses principaux clients sont les grossistes, les magasins et restaurants de la région et au-delà.
07:44 Des établissements qui pourraient donc rapidement se retrouver en difficulté.
07:49 La présidente de la coordination rurale était ce matin dans la matinale d'Antony Favalli.
07:53 Elle justifie le blocage du marché de Rungis.
07:56 Vous savez que le frigo de la France c'est nous, c'est nous les agriculteurs.
08:00 Et pourtant, il se concentre sur Rungis en partie.
08:04 Et à Rungis, vous avez des produits, mais dont on ne connaît pas toutes les origines.
08:09 Il serait intéressant de savoir justement la proportion de produits importés.
08:14 On comprend pour ceux qui ne sont pas produits chez nous,
08:17 mais on comprend de moins en moins qu'il s'agit de produits que nous pouvons produire nous-mêmes.
08:22 Gabriel Cluzel, on le voit, Gabriel Attal n'a rien réglé.
08:25 Ça a été effectivement une opération de communication à l'instant T, jugée par certains réussie.
08:30 Mais le mouvement s'enlise. Rungis bloqué, la capitale bloquée.
08:34 On pouvait s'en douter parce que quand les agriculteurs démarrent,
08:36 ils sont un peu comme leur moteur, ils fonctionnent au diesel.
08:39 C'est long à démarrer parce que c'est des gens qui ont besoin de travailler chez eux.
08:43 Ce n'est pas des habitués de la grève.
08:45 Mais on ne les a pas écoutés.
08:47 Les panneaux renversés, c'était vraiment des méthodes bien élevées.
08:50 Pas d'autre dommage qu'une vis à remettre pour dire que la France m'a chassé sur la tête.
08:53 Mais à un moment, ils sont partis parce qu'ils se sont dit on n'est pas entendu.
08:56 Et évidemment, ce n'était pas trois mesurettes qui allaient faire retourner la pâte de dentifrice dans le tube.
09:03 Donc aujourd'hui, ça va continuer et c'est assez symbolique parce qu'il y a une France des grandes métropoles,
09:10 et dont Paris, qui est nourrie, dont je fais partie.
09:12 Enfin, je m'inclus dans le lot qui croit que tout lui tombe dans le bec, tout cuit.
09:19 Eh bien non, évidemment, il faut qu'il y ait des agriculteurs pour produire tout cela.
09:23 C'est paradoxalement cette France-là qui vote écologie, qui réclame toutes sortes de normes et de contraintes,
09:31 qui veulent faire la leçon en matière d'agriculture aux paysans eux-mêmes.
09:35 Peut-être qu'ils vont comprendre enfin le problème.
09:38 Moi, tout ce que j'espère, c'est que la paysannerie, qui reste le fondement de notre civilisation,
09:44 restera bien civilisée comme elle l'a toujours été.
09:47 C'est-à-dire la France qui se lève tôt, qui construit et qui ne détruit pas,
09:51 par la France du petit matin par opposition à la France du grand soir, qui détruit,
09:56 qu'on a pu voir dans diverses émeutes.
09:58 Donc je trouve important en tout cas qu'il n'y ait pas d'immeubles brûlés, de camions brûlés.
10:04 Et vous le condamnez très largement, ces attaques contre les préfectures,
10:07 cette mutualité effectivement qui a été brûlée.
10:09 La grande majorité, l'extrême majorité des agriculteurs condamnent ces agissements d'une petite minorité.
10:16 Je vais même dire la totalité du monde agricole condamne toutes les dégradations.
10:19 Aujourd'hui, il est très clair, les mots d'ordre sont des mobilisations propres, encadrées, sécurisées.
10:25 On a vécu un drame, on ne veut surtout pas en revivre un second.
10:29 C'est pour ça que je dis qu'aller sur Paris, comme certains diraient, ça s'organise et ça se prépare.
10:35 Et on est tout à fait d'accord qu'on condamne toutes les formes de dégradations.
10:39 Et d'ailleurs, vous faites le parallèle avec les émeutes.
10:41 Nous, on veut obtenir des choses pour être "valorisés" de notre travail.
10:46 Et on n'a pas ces méthodes-là dans nos sacs.
10:50 Alors évidemment que les agriculteurs qui n'ont rien à perdre montent d'un cran au niveau de la tension.
10:55 Et plus ils vont être en tension, plus ils vont être durs à gérer.
10:58 Et ça, on l'a signalé, resignalé au préfet.
11:00 Même le Premier ministre est au courant.
11:02 Et aujourd'hui, les mesurettes, c'est lui qui remet une pièce dans la machine
11:07 pour que ça remonte d'un cran puisqu'il n'annonce rien.
11:10 Gabriel, je me souviens que vous avez signé un livre qui s'appelle "Enraciné", il me semble.
11:13 C'est aussi cette France-là, c'est cette France enracinée.
11:15 Et c'est ce que je disais en ouverture,
11:16 ces agriculteurs se battent aussi pour qu'une certaine France ne disparaisse pas totalement.
11:20 Mais vous avez entièrement raison.
11:22 Moi, je suis petite fille de paysan.
11:24 Mon grand-père préférait ce mot "paysan", "agriculteur".
11:27 Et c'est la France enracinée dans tous les sens du terme.
11:29 C'est enracinée dans la terre, évidemment.
11:32 Mais dans notre terre, la paysannerie, encore une fois, elle a fait notre civilisation.
11:36 Et ce que j'aime rappeler, c'est que les Français, aujourd'hui,
11:41 soutiennent les agriculteurs et pleurent sa disparition annoncée.
11:46 Non, mais c'est terrible à dire.
11:47 Mais on constate que la profession se contracte,
11:49 comme ils ont pleuré quand Notre-Dame-de-Paris a brûlé.
11:53 Voilà, parce qu'ils ne mettent plus les pieds dans les églises,
11:56 ils ne vont plus beaucoup dans les champs, mais ils savent qu'il y a leur âme là-dedans.
11:59 Et le gouvernement le sait.
12:00 Vous savez, on accuse le gouvernement d'être assez bienveillant avec les actions des agriculteurs.
12:05 Mais c'est aussi parce qu'il sait que la population est vraiment derrière.
12:08 Ah oui, 9 Français sur 10, c'est très clair.
12:09 Et c'est ça la grande différence avec les quelques militants écolo
12:13 qui vont se coller la main à la glue sur les autoroutes.
12:15 Eux, ils sont ultra minoritaires et ils ne sont évidemment défendus par pas grand monde.
12:19 Je voulais juste qu'on écoute l'inquiétude des restaurateurs parisiens,
12:22 évidemment, qui ont peur qu'ils ne puissent rien plus rien servir à leurs clients la semaine prochaine.
12:27 Le fait de bloquer Rajis, pour nous, ce n'est pas une bonne chose.
12:30 Parce que si vous voulez, quand vous allez bloquer Rajis,
12:32 vous allez mettre en péril les plus de 30 000 restaurants, cafés, bars de Paris, de France,
12:38 qui ne sont pas des entreprises du CAC 40, qui ne sont pas des grands distributeurs,
12:42 mais qui sont des petits patrons comme eux.
12:44 Et nous aussi, nous avons énormément de problèmes dans notre profession.
12:49 Alors peut-être que pour obtenir des choses comme eux,
12:51 je salue déjà quand même ce qu'ils ont obtenu, comme le gazole, par exemple.
12:55 Nous, par exemple, sur les PGE, l'énergie, on n'a rien obtenu.
12:58 Alors peut-être qu'on s'y prend mal.
13:00 Mais voilà, bloquer Rajis, ce n'est pas quelque chose qui va nous aider.
13:04 Vous voulez dire un mot, Nathan ? Et après, on part sur le terrain à Paris.
13:08 Oui, non, mais c'est très intéressant ce que dit ce restaurateur,
13:10 parce qu'il y a un mal-être social dans beaucoup de professions.
13:13 Et je partage avec lui une chose, c'est que vous avez parfaitement raison
13:16 d'avoir imposé ce thème-là dans le débat public, qui n'était pas présent
13:21 et qui, depuis des semaines, quand c'était uniquement des panneaux retournés,
13:24 qui ne s'imposaient pas et qui restaient juste un peu sur les réseaux sociaux.
13:27 Deuxièmement, je pense que même si c'est un sujet très technique,
13:30 tout le monde a parfaitement compris qu'il y avait un enjeu de vie et de mort pour vous.
13:32 Tout le monde connaît ce chiffre, un à deux agriculteurs qui se suicident par jour.
13:37 On a entendu que c'était une moyenne de 800 euros de revenus pour un paysan en France,
13:42 que c'était parfois même 300 euros pour certains.
13:45 Donc vous avez parfaitement raison, je trouve vos revendications légitimes.
13:48 Et vos méthodes, et ce que vous avez dit, que vous condamnez les violences, les dégradations,
13:52 vous avez raison.
13:53 Ce qui m'étonne, et que je trouve très intéressant à relever,
13:56 c'est une différence de perception politique, médiatique, peut-être même dans l'opinion publique,
14:00 entre la manière dont on percevait des luttes sociales sur les dix dernières années et la vôtre.
14:05 Alors vous parliez des émeutes, c'est une chose.
14:07 On peut parler des Gilets jaunes.
14:08 Je pense que vos deux mouvements, même si ce n'est pas tout à fait les mêmes populations…
14:11 Au début, les Gilets jaunes étaient largement soutenus par la population.
14:14 C'est pour ça que je fais la comparaison, il y avait 7 Français sur 10 qui soutenaient les Gilets jaunes.
14:17 Or, quand les Gilets jaunes ont eu des méthodes assez proches de vous,
14:20 par exemple à un moment, quand ils ont dit qu'ils allaient remonter vers Paris, assiéger Paris.
14:23 Ils ont été qualifiés ?
14:24 Excusez-moi, les manifestations des Gilets jaunes ultra-violentes,
14:26 on n'a pas du tout vécu ça avec les agriculteurs à l'heure où on se parle.
14:29 Bien sûr. Alors, il y a eu quelques violences, enfin quelques dégradations qui ont été condamnées.
14:34 En général, c'est vrai que quand, dans une manifestation, un mouvement social,
14:37 légitime ou non, ce n'est pas le sujet,
14:39 mais un mouvement quand il y a des dégradations ou des violences qui sont minoritaires,
14:42 très souvent, il y a un zoom de perception sur ces dégradations.
14:46 Et vous savez, c'est le fameux syndrome quand il y a une manif avec 20 000 personnes
14:48 et qu'il y a trois poubelles qui sont projetées.
14:49 La fin des Gilets jaunes, excusez-moi, j'en ai couverte quelques-unes,
14:52 ce n'était pas une petite minorité, la fin des Gilets jaunes, la fin du mouvement des Gilets jaunes.
14:56 C'est pour ça que, évidemment, les caméras étaient braquées sur…
14:58 Le mouvement était largement récupéré.
14:59 Voilà.
15:00 Bien entendu.
15:00 Et, comment dirais-je, infiltré par aussi une forme d'extrême gauche,
15:04 des antifas qui se mêlaient à la manifestation.
15:08 Il ne restait pas grand monde des Gilets jaunes originels
15:11 qui bloquaient les ronds-points pour réclamer de mieux vivre.
15:13 Bien entendu. Les manifestations pour la réforme des retraites, on pourrait la citer.
15:16 Les écolos, même si tout le monde ne partage pas leur cause…
15:19 Sur les blocages de routes, ça n'a pas été perçu de la même manière.
15:23 Et d'ailleurs, je crois que même Gérald Darmanin a dit quasiment explicitement
15:26 qu'il y avait une forme de deux poids, deux mesures,
15:28 qu'en tout cas, pour votre mobilisation à vous,
15:31 il estimait qu'elle était plus légitime, qu'il fallait la considérer autrement.
15:34 Elle est soutenue, par exemple.
15:35 Elle est soutenue, alors que les écolos ne seront pas soutenus quand ils se mettent la main…
15:39 Et puis, pardon, quand vous avez dix étudiants en sociologie bien nourries
15:42 qui habitent le 7e arrondissement, qui viennent se coller la main,
15:45 comme extinction, rébellion, qui empêchent la circulation
15:48 ou qui empêchent la circulation,
15:50 évidemment, ce n'est pas la même perception que quand c'est le monde de l'agriculture.
15:53 Ça tombe sous le sens.
15:54 Oui, Éric Revelle, d'un côté, vous avez des agriculteurs qui se mobilisent,
15:58 déjà qui nourrissent un pays entier.
16:00 Ils ne nourrissent personne, ces militants d'extinction, rébellion,
16:02 qui se collent la main sur l'autoroute.
16:04 Donc, qui nourrissent un pays entier, qui sont soutenus par neuf Français sur dix
16:09 et effectivement, qui vivent très, très difficilement
16:13 après 70 heures de travail hebdomadaire.
16:15 Donc, ce n'est pas du tout la même situation que ces militants écolo.
16:18 Et c'est pour ça que le gouvernement assume une forme de deux poids, deux mesures.
16:22 Oui, alors bon, les jacqueries, les révolts de paysannes dans l'histoire de France,
16:26 ce n'est jamais rien.
16:28 Ça peut être le départ de quelque chose qui emporte une société.
16:31 1976, de mort.
16:33 Et qui pousse, lors de la grande sécheresse de 1976,
16:36 et qui pousse à des changements même de régime.
16:39 Mais je voudrais dire deux choses.
16:40 La première chose, c'est que moi, je ne considère pas que Attal ait fait que de la communication.
16:44 Il a annoncé des mesures aides, comme vous dites.
16:46 Mais en fait, ça ne répond qu'aux problèmes conjoncturels des paysans aujourd'hui.
16:50 C'est-à-dire, quand vous dites, on va abroger la décroissance de la fiscalité sur le gaz non routier,
16:56 vous répondez à des demandes conjoncturelles.
16:58 Mais en fait, l'avenir de la profession d'agriculteur ou de paysan dans notre pays,
17:03 ce n'est pas seulement des mesures conjoncturelles qui doivent être prises.
17:07 Et là, il n'y a eu absolument rien de dit.
17:09 Le Premier ministre a parlé vaguement des accords du Mercosur.
17:12 On apprenait la veille...
17:13 Vous avez dit libre-échange avec l'Amérique latine.
17:15 Libre-échange. On apprenait la veille que l'Union européenne avait signé un accord avec le Chili, par exemple.
17:19 Donc, tout ce qui engage l'avenir à long terme ou à moyen terme de l'agriculture en France n'a pas été pris en compte.
17:24 Et je pense que c'est le sujet structurant aujourd'hui du blocage de Paris par les agriculteurs à partir de lundi.
17:31 C'est qu'en fait, il n'y a pas eu de réponse.
17:32 Et puis, dernière chose, sur le mouvement des Gilets jaunes, je peux me permettre de vous le rappeler.
17:35 Et malheureusement, il ne faut pas qu'on en arrive là.
17:38 Mais pourquoi est-ce que les Gilets jaunes ont obtenu ce qu'ils ont obtenu après ce fameux week-end
17:42 où un ministre du gouvernement m'expliquait...
17:45 Parce qu'Emmanuel Macron...
17:45 On ne savait même pas ce qui allait se passer lundi, tellement que le pouvoir était moralement et intellectuellement assiégé.
17:51 Parce qu'il y a eu des violences, le président a lâché 19 milliards d'euros.
17:55 On dit parfois qu'Emmanuel Macron ne cède qu'à la violence.
17:57 Alors justement, il ne faut pas du tout en arriver là.
18:01 Mais ce que je veux dire, c'est que je pense que les paysans français ont ça en tête.
18:05 Pourquoi est-ce que les Gilets jaunes ont obtenu des choses de manière massive ?
18:08 Parce que malheureusement, à un moment donné, le mouvement a basculé dans une violence inouïe.
18:15 Donc si le pouvoir se laisse acculer à ce genre de dérapage...
18:19 Et puis comment Gérald Darmanin va traiter le sujet maintenant ?
18:22 On va en parler dans un instant.
18:23 Mais on va tout de suite partir sur le terrain dans les rues de la capitale
18:25 parce qu'on entendait l'inquiétude de ce représentant de restaurateur.
18:28 Mais c'est aussi l'inquiétude sur les marchés.
18:31 Vont-ils pouvoir être ravitaillés la semaine prochaine ?
18:35 Pourra-t-il y avoir un marché la semaine prochaine, le week-end prochain ?
18:38 Raphaël Lazarek, je crois que vous êtes avec un maraîcher.
18:40 Oui, exactement. Je suis avec un maraîcher, Karine,
18:46 parce que la menace est prise très au sérieux ici
18:49 pour un éventuel blocage du plus grand marché d'Europe.
18:54 Ici, à ce marché du 15e arrondissement à Convention,
18:56 plusieurs personnes seraient impactées par ce blocage comme Karine.
19:00 Vous travaillez ici depuis 17 ans.
19:02 Karine, pourquoi il ne faut pas bloquer Rungis ?
19:04 Déjà parce que nous, nous sommes les clients des agriculteurs.
19:08 Parce que quand ils vendent leurs produits sur Rungis,
19:11 nous, on les rachète.
19:13 Donc, ça serait un peu ridicule.
19:15 Et puis, nous, on a besoin de travailler aussi.
19:19 Comment vous allez faire s'imaginons Rungis est bloqué, disons, une semaine ?
19:24 Est-ce que vous allez devoir fermer ?
19:25 Oui.
19:27 Vous allez perdre de l'argent, perdre le chiffre d'affaires ?
19:29 Souvent, je travaille avec des agriculteurs qui sont à côté de chez moi,
19:33 mais je prends la marchandise sur Rungis.
19:35 Là, je pourrais peut-être aller à la ferme les chercher,
19:38 mais je n'aurai pas tout.
19:40 Non, à mon avis, je vais fermer.
19:41 Si je ne peux pas arriver sur Rungis,
19:43 et après c'est bloqué pour arriver sur Cap-Paris,
19:46 je ne vais pas rester dans mon camion à attendre.
19:48 Vous allez continuer à les soutenir malgré ça ?
19:50 Je les soutiendrai.
19:51 Oui, je les soutiendrai.
19:52 Je ne serai pas d'accord avec eux, mais je vais les soutenir.
19:55 Oui.
19:55 Merci, Karine.
19:56 Vous entendez, l'inquiétude, en tout cas, est clairement présente
19:59 pour un éventuel blocage du plus grand marché de produits frais d'Europe.
20:06 Merci beaucoup, Raphaël Lazarek.
20:08 Séverin Sergent, vous entendez cette maraîcher ?
20:10 Elle dit "je vous soutiens", mais je ne suis pas d'accord avec vous
20:12 parce que, pour d'autres raisons, je ne pourrai rien vendre la semaine prochaine.
20:15 Je suis tout à fait d'accord avec elle,
20:17 et je ne peux pas vous dire le contraire.
20:19 Évidemment, on sait très bien qu'une mobilisation,
20:21 quand vous avez vu les manifs pour les retraites,
20:23 on a bien vu que ça embête les gens.
20:25 Quand vous arrêtez le train, les gens qui prennent le train,
20:28 évidemment, ils sont sur le quai et ils attendent le train qui ne vient pas.
20:31 Évidemment, on le sait.
20:32 Nous, on n'a pas envie.
20:34 Je vais vous dire sincèrement, on ne voudrait pas être là.
20:37 Qui a envie de prendre une semaine sur son temps de travail, quitter sa famille ?
20:41 Les agriculteurs, ça fait cinq jours qu'ils sont sur l'autoroute
20:43 ou sur la Nationale à attendre.
20:45 Est-ce que vous croyez qu'ils préfèrent dormir avec leurs épouses
20:47 et leurs enfants à la maison ou sur un ballon de paille
20:49 avec un sac de couchage et manger sur un braséro ?
20:52 Je vous donne tout de suite la réponse, ils préfèrent être chez eux.
20:54 Nous, ce qu'on attend, c'est des réponses.
20:56 On n'a pas envie d'embêter cette petite commerçante
20:58 qui est, comme nous, écrasée de charges.
20:59 Parce qu'à mon avis, la paperasserie, les origines, les contrôles sanitaires,
21:03 les charges, elles sont les mêmes que nous.
21:04 Différentes, puisqu'elles sont adaptées à son métier.
21:07 Nous, ce qu'on attend, c'est quand même, il n'y a rien eu sur l'Europe.
21:10 Pas un mot de Gabriel Attal sur l'Europe.
21:12 Et l'agriculture, ça fait 50 ans qu'on l'a donnée à l'Europe.
21:15 Aujourd'hui, je vais dire que la gestion de l'agriculture française,
21:18 elle n'est plus vraiment dans les mains de l'État.
21:20 Et là, je pense qu'on en a eu la démonstration parfaite.
21:23 Donc, c'est à Emmanuel Macron, aujourd'hui, de prendre ses responsabilités.
21:26 Par exemple, il pouvait tout à fait nous dire qu'il allait convoquer
21:28 un conseil européen des ministres de l'Agriculture à Paris, à Versailles.
21:32 On a largement des endroits pour les recevoir.
21:34 Parce que n'oubliez pas que c'est une contagie européenne.
21:37 Les manifs ont commencé en Belgique, ce week-end.
21:40 Et je peux vous dire qu'elles ont commencé en Belgique beaucoup plus dures qu'ici.
21:43 Elles sont en Allemagne, elles sont en Pologne, en Italie, en Lituanie, en Lettonie.
21:47 Ce n'est pas un hasard.
21:48 Les Pays-Bas, il y a six mois, on a dit aux éleveurs laitiers hollandais,
21:52 il faut supprimer une ferme laitière sur eux.
21:54 On parlait de la différence entre les agriculteurs et les militants écolos.
21:58 Il y a un sondage aujourd'hui de CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD.
22:03 C'est aussi à lire dans vos colonnes, Raphaël.
22:05 À qui faites-vous le plus confiance pour défendre la nature et l'environnement ?
22:09 49% des sondés répondent les agriculteurs, 26% seulement les écologistes.
22:15 CQFD, Raphaël Stainville ?
22:16 Oui, en fait, c'est un sondage qui n'étonnera personne.
22:18 D'une certaine manière, les écologistes ont renoncé en plus à parler d'écologie
22:22 pour lui préférer d'autres combats plus transversaux, sociétaux.
22:29 Donc, ils sont de plus en plus éloignés de leurs sujets
22:32 et des sujets tels que les Français les perçoivent.
22:37 En l'occurrence, les agriculteurs, ils connaissent la terre, ils la travaillent,
22:42 ils connaissent les saisons, ils connaissent les besoins de cette terre
22:45 pour pouvoir produire des produits de qualité.
22:48 Et c'est en cela qu'il n'a rien d'étonnant
22:50 qu'aujourd'hui les Français massivement, majoritairement,
22:54 considèrent que les agriculteurs préservent mieux l'environnement
22:57 que les écologistes eux-mêmes.
22:59 On va continuer à en parler.
23:00 On parlera évidemment du volet sécuritaire avec l'ancien chef du RAID.
23:04 On va parler aussi d'Eric Ciotti qui s'exprime dans vos colonnes.
23:07 Jordan Bardella qui a lancé son mouvement Jeune.
23:09 Les jeunes avec Bardella.
23:11 Et les jeunes avec Bardella, ils se crontaient quoi hier ?
23:12 Jordan Président.
23:14 Tiens, tiens, il y en a une avec qui ça ne doit pas faire forcément plaisir.
23:17 On en parle dans un instant.
23:18 Restez bien sûr avec nous sur CNews.
23:20 C'est la suite de l'Ordespro juste après cette courte pub.
23:23 On est avec Séverin Sergent, des jeunes agriculteurs.
23:28 Et vous me disiez Séverin pendant la publicité que cette année,
23:31 vous avez perdu 30 000 euros.
23:33 Oui, cette année, le pré-calcul de déficit à la fin de l'année, c'est 30 000
23:37 sur une exploitation de 200 hectares de céréales.
23:39 Donc je rentre en temps, tout le monde me dit oui, les riches céréaliers, ainsi de suite.
23:43 Oui, cette année, les riches céréaliers, pas vraiment.
23:45 Et ça perdure, je disais aussi pendant la pause,
23:50 le nombre d'exploitations céréalières en difficulté a augmenté de 70 %.
23:55 C'est des vrais chiffres, ce n'est pas nous qui les inventons.
23:57 Cette année, il y aura mis sous tutelle, sous liquidation, sur adressement.
24:00 Et vous travaillez plus de 70 heures par semaine ?
24:02 Oui, toute la partie, vraiment.
24:04 Alors évidemment, on nous dit toujours l'hiver, vous ne faites rien.
24:06 Mais quand on est dans l'atelier ou au bureau, c'est quand même du travail
24:08 parce que le bureau, c'est une journée par semaine toute l'année.
24:12 Et l'hiver, c'est des fois 15 jours, trois semaines non stop.
24:15 Et c'est la première fois que vous bloquez une autoroute ?
24:17 Bloquer une autoroute, oui, c'est la première fois de ma vie
24:19 que je fais le tour des blocus sur une autoroute.
24:20 J'ai déjà fait des mobilisations, mais jamais de cette ampleur-là.
24:23 Vous n'allez jamais vous coller la main sur une autoroute ?
24:26 Non, parce que je tiens mes mains.
24:28 Et puis parce que je trouve ça pas forcément logique.
24:31 Nous, on veut...
24:32 Vous n'allez pas manifester pour votre retraite ?
24:35 Non, et j'aurai 1100 euros.
24:38 De retraite ?
24:39 De retraite, j'aurai le minimum vieillesse.
24:41 On continue d'en parler dans un instant, juste après le rappel des titres d'Isabelle.
24:45 Les agriculteurs, toujours en colère, promettent un siège de Paris
24:51 pour une durée indéterminée.
24:53 Selon eux, les annonces du gouvernement restent insuffisantes.
24:56 Les syndicats de l'AFNSEA et Jeunes agriculteurs
24:59 prévoient des actions de blocage.
25:00 Demain, à partir de 14h, tous les axes lourds menant à la capitale seront occupés.
25:05 Face à la fronde, le Premier ministre est attendu en Indre-et-Loire aujourd'hui.
25:09 Gabriel Attal doit visiter une exploitation en bovine
25:12 avant une prise de parole en fin de matinée.
25:14 A l'issue de son précédent déplacement à Haute-Garonne vendredi,
25:18 dans ses annonces, le chef du gouvernement n'a pris en compte
25:20 qu'une partie des 122 revendications que lui ont adressées les agriculteurs.
25:25 Enfin, au cœur de l'aide humanitaire à Gaza, l'UNRWA est dans la tourmente.
25:29 Des employés de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens
25:33 sont accusés par les autorités israéliennes d'être impliqués dans l'attaque du 7 octobre.
25:38 Plusieurs États ont donc suspendu leur financement à l'Agence.
25:42 Le secrétaire général des Nations Unies a exhorté ses pays
25:45 à au moins garantir la poursuite des opérations essentielles à 2 millions de personnes.
25:51 Merci Isabelle.
25:52 On va tout de suite écouter l'ancien chef du RAID, Jean-Michel Fauvert,
25:55 qui s'inquiète de ce blocage de la capitale.
26:00 C'est une manifestation qui est préoccupante.
26:03 Alors elle n'est pas inquiétante par la violence.
26:06 Par contre, elle est très très préoccupante et elle est prise au sérieux
26:10 parce qu'elle est capable de bloquer beaucoup de choses,
26:13 bloquer Paris, bloquer Rungis et surtout bloquer les flux de circulation,
26:17 créant des bouchons phénoménaux et empêchant la vie active et la vie économique aussi
26:23 de l'ensemble... Plus que de Paris, d'ailleurs, de l'ensemble de l'île de France.
26:27 Et ça, ça a un impact immédiat.
26:30 Et ça nécessite d'aller rapidement au bout du mouvement.
26:34 Et donc, je ne dois pas le dire comme ça, mais c'est un point de pression
26:37 très très fort pour les agriculteurs là-dessus.
26:40 Eric Revel, vous souleviez la question tout à l'heure.
26:42 Est-ce que Gérald Darmanin, cette fois, va intervenir ?
26:44 Va-t-il laisser le blocus ou pas le siège de la capitale ?
26:48 Déjà, est-ce qu'il va le laisser s'installer ?
26:50 Est-ce que les forces de l'ordre vont laisser s'installer le blocus ?
26:52 C'est une question qu'on peut se poser.
26:53 C'est-à-dire que les tracteurs vont converger à un rythme de tracteur.
26:56 Est-ce qu'ils seront arrêtés avant ?
26:58 Dans quelles circonstances seront-ils arrêtés si c'est le cas ?
27:02 Est-ce qu'il n'y aura pas des violences ? Donc là, il y a un vrai sujet.
27:04 Bon, M. Fauvert-Guerraison, je ne pense pas qu'un tel blocus,
27:07 s'il avait lieu autour de Paris, puisse durer plusieurs jours.
27:11 Ça me semble absolument impossible.
27:13 Je ne vois pas comment pendant 4, 5 jours, une semaine,
27:17 personne ne pourrait rentrer et sortir d'Île-de-France.
27:20 Ça me semble absolument injouable.
27:22 Et même si les forces de l'ordre vont à la confrontation avec les agriculteurs ?
27:25 Moi, je pense que dans l'état où est le pouvoir macroniste,
27:31 des images où on verrait des agriculteurs en venir aux mains
27:35 ou prendre des coups de matraque ou des gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre,
27:39 pour le pouvoir et pour les agriculteurs,
27:41 ce serait évidemment une image totalement désastreuse.
27:43 Donc là, le bras de fer, il a commencé.
27:46 On est sortis d'un Premier ministre qui, avec ses petites fiches sur une botte de paille,
27:50 vous explique ce qui va se passer, vous voyez,
27:53 en trinquant avec le préfet un verre de rouge à la main.
27:57 Bon, là, ces images dépinales sont passées.
28:00 Donc là, on rentre dans le très très dur.
28:03 Le bras de fer, il est engagé.
28:04 Et moi, ma crainte, c'est que des violences soient commises.
28:08 Et puis, il y a quand même une liberté qu'il faut respecter dans ce pays,
28:10 c'est la liberté de circuler, tout de même.
28:13 Alors après, j'espère que l'opposition, notamment de gauche, sera très calme.
28:19 Parce que si vous commencez à remettre de l'huile sur le feu en disant
28:22 "deux poids, deux mesures, allez-y, rentrez dans le chou des paysans",
28:26 on va être dans une situation politique, sociale
28:29 et donc économique, Fauvergue a raison, moi je pense, inextricable.
28:33 Donc ce bras de fer, il ne peut pas s'installer pendant plusieurs jours autour de Paris.
28:36 Il va falloir qu'on trouve une solution.
28:38 Mais sur ce que vous disiez sur l'Europe,
28:41 Attal qui nous explique qu'il faut peut-être regarder du côté des normes, il y en a trop,
28:44 et Pascal Canfin à Bruxelles,
28:46 et le président de la Commission pour l'environnement qui continue de dire
28:50 "on ne bougera pas sur les normes".
28:51 Donc je ne sais pas s'il y a deux poids, deux mesures en matière de maintien de l'ordre en France,
28:55 mais il y a deux poids, deux mesures dans ce que disent les représentants de la majorité relative,
28:59 ou à Bruxelles ou ici.
29:01 Un mot rapide Séverin Sergent, vous imaginez que Gérald Darmanin va laisser faire ?
29:04 Ou vous imaginez que c'est potentiellement possible qu'il envoie les forces de l'ordre ?
29:09 Je ne peux pas répondre complètement à cette question.
29:12 Ce que je sais, c'est la motivation des troupes.
29:16 Quand j'entends des agriculteurs qui nous disent "nous on a prévu le duvet,
29:21 des vivres et qu'on est partis pour plusieurs jours",
29:24 j'entends bien qu'ils sont partis pour plusieurs jours.
29:26 Et j'attire l'attention de l'État de ne pas croire qu'ils vont nous parquer comme du bétail sur l'autoroute.
29:33 Ne rêvons pas, ce n'est pas parce que vous emmenez 400 tracteurs à Paris
29:36 qu'il n'en reste pas autant à la campagne.
29:39 Et qu'il y a d'autres moyens de monter à Paris que d'être parqué sur l'autoroute.
29:43 Qu'ils l'entendent.
29:44 Aujourd'hui vous allez peut-être avoir 500 agriculteurs qui viennent à Paris, ou 1000.
29:48 Mais il en reste combien à la campagne ?
29:50 Donc il y a aussi une part de respect dans le mouvement.
29:53 Nous on respecte les citoyens parisiens et on ne veut pas les embêter.
29:56 On veut les embêter le moins possible.
29:58 Mais voilà, il nous suffit d'avoir des réponses.
30:00 Alors Éric Ciottier dans les colonnes je disais du journal du dimanche,
30:02 il s'exprime évidemment sur cette crise agricole.
30:04 Voilà ce que dit le président des LR.
30:06 "Ce conflit met en lumière la révolte d'une France qui travaille contre un pouvoir qui n'a pour elle que mépris.
30:11 Le combat des agriculteurs est celui d'une France du bon sens et du travail qui ne doit pas disparaître.
30:15 Il n'est pas acceptable que nos voisins aient tous les droits,
30:18 tandis que nos agriculteurs", c'est ce qu'on disait avec évidemment les traités européens,
30:22 "nos agriculteurs français subissent toutes les interdictions".
30:25 Il y a aussi nos voisins européens parce qu'on met des normes sur les normes la France.
30:30 C'est ce qui s'appelle la surtransposition.
30:32 C'est-à-dire que vous avez des normes qui s'appliquent à toute l'Union européenne,
30:35 mais pour le gouvernement français, ça charne quelque part et on ajoute encore des normes.
30:40 Oui, tout à fait. Je vais prendre l'exemple de la directive Nitrate.
30:42 Quelque chose que les agriculteurs comprennent bien.
30:44 C'est compliqué à expliquer, mais en gros...
30:45 Ah oui, les agriculteurs peut-être, mais les téléspectateurs, donc on va faire très, très simple.
30:49 En fait, c'est comment vous mettez de l'engrais dans les champs.
30:52 Voilà, ça c'est simple.
30:54 Et en fait, ça part de Bruxelles.
30:56 Ça arrive en région.
30:57 La région remet une couche.
30:58 Du moins, ça passe au ministère.
30:59 Le ministère met une couche.
31:00 La région met une couche.
31:01 Et après, c'est départementalisé.
31:04 Et à chaque fois, c'est toujours une couche de plus.
31:07 Est-ce que, selon vous, Raphaël Stainville, le gouvernement de Parisien,
31:10 on dit que c'est un gouvernement de francilien,
31:12 qu'il y a peu de personnes qui viennent de la province, des régions,
31:16 est-ce que ce gouvernement semble mépriser le monde agricole, comme le dit Eric Ciotti ?
31:21 Je pense que d'abord, c'est un gouvernement, à commencer par Gabriel Attal,
31:24 mais qu'il le reconnaît à demi-mot, qui découvre ce monde,
31:28 qui découvre et qui essaye de se mettre à jour.
31:31 Mais il y a quelque chose qui est intéressant et qui n'est peut-être pas suffisamment souligné,
31:35 c'est que ce n'est pas seulement un mouvement social.
31:38 En fait, c'est un mouvement vital avec un certain nombre d'aspirations
31:43 qui ne sont pas de l'ordre de simples revendications que l'on pourrait cocher sur une feuille.
31:50 On évoquait la question de l'Europe, mais ces distorsions,
31:54 elles ne sont pas seulement sur les transpositions des normes européennes,
31:57 elles sont aussi sociales.
32:00 Entre un agriculteur qui cultive dans le Béarn ou dans les Pyrénées,
32:06 et de l'autre côté, les coûts ne sont pas du tout les mêmes.
32:09 Donc, cette concurrence, elle est partout et totale.
32:12 Et à chaque fois, c'est l'agriculteur français qui se trouve systématiquement lésé.
32:16 Il faut ajouter un dernier point qui est soulevé par Eric Ciotti dans cette interview,
32:21 c'est la question de l'Ukraine.
32:22 On a l'impression que le gouvernement aujourd'hui peut sauver l'Ukraine,
32:26 que son agriculture remette des droits de douane sur les céréales ukrainiens ou sur la volaille.
32:35 Honnêtement, c'est une urgence pour nombre d'agriculteurs.
32:38 Gabrielle Cluzel, est-ce qu'il y a du mépris de la part de ce gouvernement envers le monde agricole ?
32:42 Je pense quand même que ce sont deux mondes bien différents.
32:44 Vous parlez de combat social, c'est presque un combat civilisationnel.
32:48 Encore une fois, les agriculteurs, c'est une certaine France.
32:51 Et on ne s'en est pas occupé parce qu'elle ne correspond pas aux critères actuels,
32:58 aux critères pour être bien vu tant par l'Europe que par nos dirigeants.
33:02 La réponse va être compliquée parce qu'il faudrait vraiment un changement de paradigme
33:08 profond.
33:09 Les agriculteurs sont victimes de l'eurocratie et de l'eurolaterie.
33:14 Et ça, nos gouvernants, quand même, sont les premiers à courir devant.
33:18 Ils sont victimes de l'écololaterie là aussi et ils sont victimes de la bureaucratie.
33:24 Il n'y a peut-être que guerre sur la bureaucratie, tout ce qui est déclaratif,
33:29 qu'il y a une vraie marge de manœuvre.
33:30 Mais sur l'eurolaterie, sur tout ce qui est fait par l'Europe,
33:34 on ne les voit pas bien pensées contre eux-mêmes.
33:36 Donc, à part donner des gages de compréhension, on ne voit pas bien ce qui se pourrait passer
33:45 de fondamental.
33:46 Mais ils devraient se méfier parce que vous savez, les suicides de paysans, on en parle
33:48 beaucoup.
33:49 Il y a même eu tout un film très touchant, "Au nom de la terre", moi qui m'a beaucoup
33:52 touchée.
33:53 Avec Yves Canet, oui.
33:54 Exactement.
33:55 Et quand les gens, le jour d'avant, les gens, ils n'ont rien à perdre quand on se suicide.
33:59 Et je pense qu'il y a beaucoup d'agriculteurs qui sont sur la marge d'avant.
34:02 Donc, ces gens-là, quand ils viennent bloquer Paris, ce n'est pas pour repartir demain
34:06 avec leur besace vide.
34:07 Vous savez, vous me faites penser à ça parce que Guillaume Canet, depuis qu'il a fait
34:10 ce film, réalisé d'ailleurs par un fils d'agriculteur, c'est l'histoire de son
34:14 papa, il soutient énormément le monde agricole.
34:16 Et Pierre Ninek a fait un film contre le glyphosate, contre les pesticides.
34:20 Il a fait un tweet pour critiquer Gérald Darmanin sur son deux poids, deux mesures,
34:24 en disant que la répression policière, je cite, "devait être la même pour tout le
34:26 monde".
34:27 C'est intéressant, même au milieu du monde artistique, cette fracture entre ceux
34:32 qui soutiennent d'un côté les activistes écolo et de l'autre, nos agriculteurs, Nathan.
34:37 Oui, c'est très intéressant.
34:38 Mais c'est ce que je vous disais tout à l'heure quand je disais que je constatais
34:41 un deux poids, deux mesures.
34:42 Il n'y a aucun jugement de valeur.
34:43 C'est vraiment...
34:44 Vous avez dit que le gouvernement assumait ce deux poids, deux mesures.
34:47 C'est juste un constat.
34:48 Ensuite, moi, vraiment, j'insiste là-dessus.
34:51 Je pense que ce n'est pas tellement un mépris du gouvernement.
34:55 C'est que la question agricole, la souffrance qui est la vôtre, c'est une souffrance qui
34:59 est invisible dans le débat public, qui est invisible pour une très grande partie de
35:04 la société urbaine, urbanisée.
35:06 Vous savez, parfois, il y a des études sur certains enfants qui croient que les poissons
35:11 sont vraiment des cubes comme les surgelés, alors qu'on n'est pas sur la question
35:14 agricole, mais enfin, c'est assez proche.
35:16 Et que donc, vous avez vraiment bien fait, je le dis, de mettre cette question-là sur
35:20 le devant de la table.
35:21 Ensuite, il faudra, à mon avis, que ça fasse jurisprudence pour que demain, s'il y a d'autres
35:25 corps de métier qui expriment une souffrance, qu'on ne leur sorte pas une répression, du
35:29 mépris, etc.
35:30 C'est ça que je trouve intéressant dans le moment qu'on est en train de vivre.
35:33 Et vous pensez à qui ?
35:34 Je vais vous donner l'exemple.
35:36 Les Gilets jaunes, il y a eu évidemment tous les débordements qu'on a dit et qui sont
35:39 plus que des débordements.
35:40 La manifestation contre la réforme des retraites.
35:44 8 Français sur 10 ou 7 Français sur 10.
35:46 Les agriculteurs, ils n'étaient pas là sur la réforme des retraites.
35:48 Vous savez qui a manifesté contre la réforme des retraites ?
35:50 Déjà, c'est évidemment la CGT, les syndicats et c'est aussi beaucoup la fonction publique.
35:56 Et la fonction publique, il n'y a pas un fonctionnaire qui perd 30 000 euros par an.
35:59 Pas un.
36:00 Je fais juste le point commun qu'il y avait 7 ou 8 Français sur 10 de mémoire qui soutenaient
36:04 ces manifestations.
36:05 Ou plutôt opposés à la réforme des retraites.
36:07 Et qui étaient opposés à la réforme des retraites, qu'ils n'en aient rien sorti, qu'ils ont été
36:10 discrédités et qu'ils n'ont pas été traités comme vous êtes aujourd'hui traités.
36:14 Alors c'est vraiment quelque chose quand même qui doit nous interpeller.
36:17 Parce que là, on a 9 Français sur 10 effectivement qui soutiennent les agriculteurs, qui nourrissent
36:23 encore une fois tout un pays et surtout qui ne gagnent pas leur vie.
36:26 Qui perdent de l'argent en travaillant 70 heures par semaine.
36:29 Un mot très court Gabriel, puis je remercie.
36:31 Je peux les simplement dire parce que je vois des réactions.
36:32 C'est vrai qu'il faut faire attention nous autres parisiens à ne pas faire trop de parisianisme.
36:36 C'est-à-dire que certains disent "écoutez nous on a été bloqués pendant ces derniers
36:40 jours, on a été patients".
36:41 Alors les parisiens, quand ils sont bloqués, ils sont paniqués.
36:45 Ça n'érodera pas le soutien aux agriculteurs.
36:47 90% des Français ne vivent pas évidemment à Paris.
36:50 Séverin, je vais vous remercier.
36:52 Donc blocage à partir de demain, 14h.
36:54 Vous y serez ?
36:55 Oui, évidemment.
36:56 Évidemment que j'y serai.
36:57 Vous savez déjà où vous serez positionné ?
37:00 Alors pas forcément puisque j'ai quelques invitations sur des plateaux WHO.
37:05 Donc forcément, ce n'est pas forcément le plus évident.
37:07 Il faut que vous puissiez accéder aux plateaux.
37:09 Voilà.
37:10 Vous aurez un laissé passer.
37:11 Oui mais dès que je peux, je suis avec eux.
37:13 J'ai passé tout mon après-midi hier sur un blocus dans mon département sur une nationale
37:16 et évidemment je suis avec eux au téléphone en permanence pour savoir ce qui se passe
37:20 partout.
37:21 Eh bien merci beaucoup d'être venu ce matin.
37:23 Il nous reste 7 minutes pour évoquer 3 sujets politiques.
37:25 On va commencer.
37:27 Vous savez hier c'était une journée de mémoire pour les déportés et les victimes
37:31 de la Shoah.
37:32 Et il y a eu un hommage auquel ont assisté une députée renaissance, Caroline Yadant.
37:39 Et dans cet hommage, il y avait aussi des députés de la France Insoumise dont Aymeric
37:43 Caron.
37:44 Et qu'est-ce qu'a fait Caroline Yadant ? Elle a tourné le dos au moment où Aymeric
37:46 Caron, député LFI, a déposé une gerbe.
37:48 Je vous propose de regarder cette séquence.
37:51 Je vous demande de faire attention.
37:53 (...)
38:21 La gerbe de madame Danielle Rouleau sera déposée par monsieur Michel Mouppol.
38:25 Si on vous présente.
38:26 Donc cette députée renaissance a expliqué son geste.
38:31 Le plus jamais ça ne peut être prononcé en vain.
38:33 Nous ne pouvons célébrer une cérémonie à l'occasion de la journée internationale
38:36 dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah et de la prévention des crimes contre
38:39 l'humanité sans évoquer cette passion exterminatrice des juifs qui s'est de nouveau manifestée
38:46 le 7 octobre sans évoquer les otages détenus par le Hamas, sans dénoncer ce qui attise
38:50 la haine des juifs dans notre pays par leur inversion accusatoire et leur adoption de
38:54 la rhétorique du Hamas.
38:55 C'est la raison pour laquelle je me suis ostensiblement retourné au dépôt des gerbes
38:59 d'Aymeric Caron et de Danielle Obono qui, visiblement, était là également.
39:02 Je vous rappelle qu'elle avait qualifié le Hamas de mouvement de résistance, cette
39:05 députée insoumise.
39:06 Alors Aymeric Caron a répondu à Caroline Yadant.
39:09 L'indignité absolue, dit-il, cette militante pro-Netanyahou qui n'a jamais eu le moindre
39:13 mot depuis trois mois pour les innombrables victimes civiles de Gaza a osé détourner
39:17 une cérémonie consacrée à la mémoire des génocides et la prévention des crimes contre
39:21 l'humanité pour organiser un happening pitoyable au service d'elle-même, de sa propagande
39:25 belliqueuse et de sa campagne de harcèlement à l'encontre des militants de la paix.
39:29 En contradiction totale avec l'objet de notre cueillement, la haine n'a rien à faire à
39:32 l'Assemblée nationale.
39:33 Ça pose une question, Nathan Devers.
39:34 Il y a un hommage le 7 février prochain pour les Français qui sont morts, qui ont été
39:38 tués par les terroristes du Hamas.
39:40 Est-ce la place des insoumis d'y être ?
39:43 Mathilde Panot a ouvert la porte.
39:44 Je pense que non.
39:45 En tout cas, tous les insoumis qui ont eu le comportement qu'ils ont eu à partir du 7
39:50 octobre, c'est-à-dire minimiser la gravité des attaques du 7 octobre, nous expliquer
39:56 que tout ça devait être fondu dans un contexte et que finalement c'était plus ou moins pas
40:00 si grave que ça, que le Hamas était un mouvement qu'ils refusaient de qualifier de terroriste,
40:05 etc.
40:06 Tous les gens qui sont rentrés dans cette attitude, insoumis ou non, en l'occurrence
40:08 il y a eu pas mal d'insoumis qui ont fait ça, pas tous les insoumis non plus, mais
40:11 tous ces gens-là n'ont évidemment rien à faire à l'hommage du 7 octobre et ce serait
40:15 extraordinaire s'ils avaient la tartufferie de venir s'y rendre.
40:19 J'aimerais juste dire une chose, vous savez évidemment que dans l'histoire de l'antisémitisme,
40:23 il y a un antisémitisme de droite et d'extrême droite, il y a aussi un antisémitisme de
40:27 gauche, il y a aussi toute une gauche qui a été travaillée par des pulsions anti-dreyfusardes,
40:31 par des pulsions collaboratrices, par des pulsions au XIXe siècle…
40:35 Et qui sont l'antisémitisme d'extrême gauche est aujourd'hui le vrai combat à
40:39 mener et c'est là la vraie menace aujourd'hui d'où vient cet antisémitisme, majoritairement.
40:43 Je pense qu'une grande partie de la communauté juive de France l'a compris quand j'allais
40:47 aux manifestations et que vous tendiez le micro, ils voyaient bien d'où venait le danger.
40:50 Sans faire en tout cas de hiérarchie pour ma part, l'antisémitisme de gauche ou d'extrême
40:55 gauche existe toujours, on le voit, il est flagrant, il est dangereux et il aura des
40:59 effets particulièrement délétères parce qu'une grande partie de la gauche refuse
41:04 d'affronter cette question-là en face.
41:06 Raphaël St-Vila a bien fait de se retourner cette députée ?
41:08 En tout cas, elle pose une vraie question.
41:10 Je pense que Nathan a quasiment tout dit.
41:13 Là où je différerais, c'est que certes, il y a toujours eu un antisémitisme de gauche
41:17 et d'extrême gauche, mais on voit qu'aujourd'hui, il est renouvelé par un nouvel antisémitisme
41:23 porté presque par une population musulmane qui aujourd'hui se nourrit de l'antisionisme,
41:31 de l'antisémitisme et qui…
41:32 Vous me faites la transition parce qu'il y a un sondage dans vos colonnes, Raphaël,
41:36 un sondage IFOP que vous publiez ce dimanche.
41:38 45 % des musulmans de France souhaitent la disparition d'Israël, 62 % chez les plus
41:44 jeunes.
41:45 Là où on leur demande l'attaque du Hamas, est-elle un acte de résistance ? Oui pour
41:49 45 % des musulmans, oui pour 54 % des plus jeunes.
41:53 Oui, ce qui est frappant dans ce sondage, c'est cette fracture générationnelle qui
41:57 apparaît entre l'ancienne génération et la nouvelle avec une radicalité qui, sur
42:03 chaque question qui leur est posée, transparaît de manière évidente.
42:07 A chaque fois, les jeunes et les musulmans pratiquants se retrouvent dans une surenchère
42:14 finalement sur la charia, sur le soutien au Hamas.
42:18 A chaque fois, c'est presque une majorité qui transparaît.
42:24 Oui, c'est inquiétant pour l'avenir.
42:27 C'est cette génération qui demain fera cette communauté musulmane, qui pèsera dans
42:37 les débats politiques et on voit à quel point elle est radicale et extrémiste.
42:41 Alors il nous reste un peu plus d'une minute et vu que je l'ai teasé, je vais diffuser
42:44 cette séquence parce qu'effectivement il y a eu un événement politique hier.
42:47 Il y a Jordan Bardella qui a lancé son mouvement de jeunesse, les jeunes avec Bardella, et
42:51 écoutez ce que réclament ces jeunes qui ont entouré hier le président du RN.
42:56 "Président Jordan, président Jordan, président Jordan, président Jordan, président Jordan"
43:03 Alors président du RN ou président de la République Eric Revelle ? C'est la question.
43:07 Oui, vous avez vu le regard de Jordan Bardella.
43:09 Politique hein ? Il se dit "attention".
43:11 Bon là c'est plutôt Jordan président de la République j'imagine.
43:15 Oui je pense.
43:16 Il est déjà président du RN.
43:17 Vous savez souvent dans les meetings il y a ce qu'on appelle les militants qui font la claque.
43:22 Et puis on lance un slogan.
43:24 Alors je ne dis pas que…
43:26 Pas sûr que ça plaise à…
43:27 Voilà, pas sûr que ça plaise à Marine Le Pen.
43:30 Maintenant le sort des deux est intimement lié.
43:33 Vous voyez, la vraie nouveauté pour moi c'est ce que Marine Le Pen a annoncé, c'est-à-dire
43:36 un ticket un peu à l'américaine entre Bardella et elle.
43:40 Et d'une certaine manière la nomination d'Agabria Lattal à Matignon donne l'impression
43:46 que un Premier ministre de 31 ans si elle est élue en 2027, ça sera l'âge de Bardella,
43:50 voilà en fait tout cela avance tranquillement.
43:55 Maintenant est-ce que c'est ça qui va fracturer le RN ?
44:01 Non c'est un petit indicateur, un petit signal.
44:03 Mais non mais qu'il soit très populaire chez les jeunes, tous les sondages le montrent.
44:07 Ce qui est frappant, ce qui est un peu une nouveauté, c'est qu'on avait beaucoup dit
44:11 à la présidentielle que l'appareil militant jeune était chez Éric Zemmour et que Marine Le Pen
44:17 avait de ce côté-là un déficit de militants chez les jeunes.
44:22 Donc Jordan Bardella apporte là la preuve qu'il a lui...
44:26 Le problème avec les jeunes c'est qu'ils votent peu, ça tient beaucoup.
44:29 Donc on verra pour les européennes.
44:31 Je suis obligé de vous couper la parole parce que c'est le grand rendez-vous avec Sonia Mabrouk.
44:34 Je montre quand même le livre de Nathan Devers parce qu'on n'a pas eu le temps d'en parler ce matin.
44:38 "Pensez contre soi-même", tout un programme "Pensez contre soi-même" cher Nathan.
44:41 Sonia Mabrouk reçoit deux députés dans un instant, d'abord en première partie Carl Olyphe
44:45 pour la majorité présidentielle et puis Jean-Philippe Tanguy pour le Rassemblement National.
44:48 Et elle va bien sûr suivre le déplacement de Gabriel Attal qui se rend à nouveau ce dimanche matin
44:53 sur une exploitation agricole.
44:55 Pour notre part on se retrouve à 19h avec Gilles-William Goldanel et Julien Drey
44:58 et à 20h pour l'Ordre des pro 2. A ce soir.
45:00 [Musique]

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