Les 4V - Eric Ciotti

  • il y a 8 mois
Du lundi au jeudi, rendez-vous, dès 6h30 avec Thomas Sotto et Marie Portolano. Et du vendredi au dimanche, c'est au tour de Damien Thévenot et Maya Lauqué de dynamiser le réveil.

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Transcript
00:00 Bonjour et bienvenue dans l'Ecadré.
00:02 Eric Ciotti, la mobilisation des agriculteurs ne retombe pas loin de là.
00:05 On en parlait dans le journal il y a quelques minutes encore.
00:07 Ce matin, est-ce que vous faites partie de ceux qui les soutiennent, quoi qu'il en coûte ?
00:10 Oui, je les soutiens parce qu'ils doivent être entendus.
00:13 Ils incarnent une vision de la France, une vision d'une France souveraine qui nourrit ses habitants.
00:22 Ils effectuent un travail considérable et ils doivent être soutenus.
00:26 Et les Français les soutiennent.
00:27 Vous êtes bien le même Eric Ciotti qui est très attaché à l'ordre, qui parle d'autorité tout le temps.
00:32 Vous êtes à l'aise avec les agriculteurs qui bloquent des routes
00:34 et qui empêchent les autres de se déplacer, d'aller travailler ?
00:37 Écoutez, il n'y a eu aucune violence.
00:39 Il n'y a pas eu de violence, c'est sûr.
00:41 Toute violence doit être condamnée.
00:43 Mais il y a blocage.
00:44 Ce que je regrette, c'est qu'on en arrive là.
00:47 Pourquoi ils n'ont pas été entendus ?
00:49 Pourquoi il y a ce mépris de la part du gouvernement depuis 2017 ?
00:52 Parce que M. Macron ne connaît pas la vie de ces agriculteurs, leurs difficultés.
00:57 Il ne connaît pas nos territoires d'ailleurs.
00:59 Et il est quand même très regrettable, ce fut le cas dans d'autres crises,
01:03 qu'il faut attendre des conflits, il faut attendre des blocages pour que la discussion s'ouvre.
01:09 Vous êtes atteint d'un virus qui touche tous les politiques en ce moment.
01:11 Quand on leur demande s'ils sont à l'aise avec les blocages,
01:13 ils répondent à côté avec des choses intéressantes mais qui ne sont pas la question.
01:16 Est-ce que vous êtes à l'aise avec ces images et le fait d'empêcher des Français d'aller travailler, de leur perturber ?
01:21 Vous ne pardonnez pas à des salariés de la SNCF de faire grève.
01:23 Vous dites qu'il faut que ça s'arrête tout le temps, il faut un service minimum.
01:26 Mais là, ça passe crème. Pourquoi ?
01:27 Parce qu'il y a un ras-le-bol et que les Français soutiennent ce mouvement.
01:31 Vous le notez, les sondages en témoignent.
01:34 Parce que c'est une certaine idée de la France rurale, traditionnelle,
01:41 qui aménage les espaces, qui nous apporte une souveraineté, une indépendance.
01:46 Quand on ne peut plus se nourrir de façon autonome, on est prisonnier, on est dépendant des autres.
01:52 Donc ce matin, les Fontebord qui ont pêché le parti d'Agin, le parti de l'Allendiste…
01:54 Ils travaillent beaucoup plus que les autres.
01:58 Vous évoquiez d'autres mouvements, ils travaillent deux à trois fois plus.
02:02 Les 35 heures, c'est une fable pour eux.
02:04 J'ai l'impression que vous n'avez pas de réseau sur mes questions ce matin.
02:06 Ils gagnent beaucoup moins.
02:07 Voilà, donc oui, je les soutiens.
02:09 Je vous repose la question.
02:10 C'est ma réponse.
02:11 Oui, mais ce n'est pas ma question, vous n'êtes pas devenu communiste quand même.
02:14 C'était Georges Marchais qui faisait ça.
02:16 Quand les forces de l'ordre, ce matin, empêchent les agriculteurs de prendre la route
02:20 pour aller vers Paris, les agriculteurs partis d'Agin, ils ont raison ou pas ?
02:23 Est-ce que les forces d'ordre sont dans leur rôle ou pas ?
02:25 Il faut que dans la journée, des réponses précises soient apportées pour lever les blocages.
02:29 Un blocage, naturellement, ça a des conséquences, mais je déplore qu'on en arrive là.
02:34 Qu'est-ce que vous attendez des nouvelles mesures qui seront annoncées par le gouvernement tout à l'heure ?
02:38 De la considération, du respect, du bon sens.
02:41 Ce qui manque à ce gouvernement, c'est du bon sens.
02:44 Voilà, on a imposé… Pourquoi on en arrive là ?
02:45 Parce qu'on a imposé des normes, des charges, des règlements à ceux qui travaillent le plus
02:51 et ceux qui, quelque part, sont le plus utile au pays.
02:54 On est dans une situation totalement ahurissante.
02:58 On impose des normes environnementales à nos agriculteurs
03:02 et ces normes environnementales ne sont pas imposées aux produits que l'on va acheter à l'étranger.
03:09 C'est totalement absurde.
03:10 Donc il faut desserrer tout ça et tout de suite ?
03:11 Il faut remettre du bon sens.
03:13 Vous savez, la politique, ça doit être du bon sens.
03:15 Donc il faut qu'il y ait ce qu'on appelle une clause miroir,
03:19 que les normes que subissent nos agriculteurs,
03:23 à tout le moins, nos concurrents étrangers en subissent.
03:26 C'est le sens d'une proposition de loi de mon collègue Antoine Vermoelle
03:30 et de Julien Diff que nous déposons à l'Assemblée nationale.
03:33 Vous avez fait une autre proposition, avec ce titre.
03:34 Vous demandez la mise en place d'un dispositif d'accompagnement financier.
03:37 Aucun agriculteur, dites-vous, ne doit gagner moins de 1 500 euros net par mois.
03:41 Écoutez ce qu'en disait ici même le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, c'était hier matin.
03:45 Je trouve très curieuse cette proposition.
03:47 Il est infichu de dire comment il le fait.
03:50 Il propose juste de prendre à l'urbain pour faire le ROAS.
03:51 Je ne comprends pas comment il finance cette mesure.
03:53 Le retour du Colcos et de l'agriculture d'État,
03:56 vous avez viré Stalinia après avoir été Georges Marchais tout à l'heure, Rixioti ?
04:00 Je crois que le ministre de l'Agriculture, je comprends qu'il soit en difficulté
04:03 parce qu'il est aussi responsable de cette crise.
04:06 Vous savez, il y a aujourd'hui un quart des agriculteurs
04:09 qui vivent sous le seuil de pauvreté.
04:11 Mais comment vous financez ces 1 500 euros ?
04:13 Il y en a 60 000 qui ont zéro revenu.
04:16 Il y en a qui sont au RSA.
04:17 Il y a 11 000 agriculteurs qui sont au RSA.
04:20 Moi, je dis aucun agriculteur, compte tenu de leur travail,
04:24 de leur utilité pour le pays, ne doit gagner moins de 1 500 euros.
04:28 Comment on finance ?
04:30 D'abord en accélérant les aides de la politique agricole commune,
04:34 dont certains sont bloqués par les services de M. Fesneau.
04:37 Ensuite, en baissant les impôts et les charges,
04:40 supprimer les droits de succession.
04:42 Ce n'est pas une allocation.
04:44 On a caricaturé, naturellement, ce que je voulais dire.
04:46 Je souhaite que le cumul de tous les dispositifs
04:50 fasse qu'on relève le revenu des agriculteurs.
04:52 Et que ça permette à chacun d'atteindre 1 500 euros.
04:54 Absolument, c'est ça.
04:55 Il ne faut qu'aujourd'hui, aucun agriculteur ne gagne moins de 1 500 euros.
05:01 Parce qu'il travaille le plus et il gagne le moins dans le pays.
05:04 Ce qui est rapporté au nombre d'heures n'est encore pas très élevé.
05:06 Comment on finance ?
05:07 Vous savez, l'AME qu'on voulait réformer,
05:10 que les amis de M. Fesneau veulent conserver,
05:13 ça coûte 2 milliards d'euros.
05:15 La politique sur l'asile et l'immigration, ça coûte 2 milliards d'euros.
05:20 Donc, il y a des sources d'économie.
05:22 Vous faites un lien direct entre l'immigration et le revenu des agriculteurs.
05:25 On me demande des sources de revenus.
05:27 Moi, je préfère.
05:29 Aligner à 1 500 euros, ça aurait un coût de 2 milliards d'euros pour la collectivité.
05:34 Est-ce qu'on ne peut pas donner 2 milliards d'euros à nos agriculteurs
05:38 et faire des économies là où c'est improductif ?
05:41 Voilà, arrêtons la démagogie.
05:42 Puisque vous évoquez l'immigration, je veux qu'on se dise quelques mots de la loi immigration
05:46 qui a été vivement débattue fin décembre
05:48 et qui a été largement censurée par le Conseil constitutionnel.
05:51 Est-ce que vous avez le sentiment de vous être fait avoir par le gouvernement ?
05:54 Au final, il reste le texte du gouvernement
05:56 et tout ce que vous avez rajouté, grosso modo, ça a été censuré.
05:58 On a le sentiment d'un double langage de la part du président de la République
06:02 et de ce gouvernement parce que, finalement,
06:05 qu'est-ce qui s'est passé dans cette affaire ?
06:06 Il y a eu une forme de collusion idéologique entre M. Macron et M. Fabius.
06:12 Vous vous mettez en cause du président du Conseil constitutionnel.
06:15 On connaît son prisme idéologique, la décision du Conseil constitutionnel.
06:19 Elle est quand même ahurissante.
06:21 D'abord, elle prive le Parlement, et ça c'est très grave,
06:25 de quasiment tout prérogatif pour amender.
06:28 Un député, sa vocation c'est d'amender les lois.
06:31 Vous reprenez ce matin les mots de Laurent Wauquiez
06:34 qui parle d'un coup d'État de droit par le Conseil constitutionnel.
06:36 Il a raison, moi j'ai parlé de hold-up démocratique.
06:39 Mais je reviens sur le fond.
06:41 Que nous dit le Conseil constitutionnel ?
06:43 Que lorsqu'on veut limiter le regroupement familial en matière d'immigration,
06:47 lorsqu'on veut limiter les prestations sociales,
06:50 vous voyez, on parlait d'économie pour nos agriculteurs,
06:52 on voulait supprimer les allocations familiales pour les étrangers qui arrivaient
06:55 et qui en bénéficient dès le premier jour.
06:58 Ça aurait fait plus d'un milliard d'euros d'économie.
07:00 Le Conseil constitutionnel le dit, ça n'a rien à voir avec le...
07:02 Il ne dit pas ça, il dit ça n'a rien à voir,
07:04 ce sont des cavaliers législatifs, ça a toujours été, il applique le droit.
07:07 Non, non, non, mais je conteste...
07:09 Vous avez entendu ce qu'a dit Jean-François Copé ?
07:11 Il a eu une réforme...
07:12 Vous utilisez le langage de l'extrême droite.
07:14 Il y a eu une réforme constitutionnelle,
07:16 votée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en 2008,
07:19 qui justement considérait qu'il pouvait y avoir sur les amendements
07:23 un lien indirect avec le texte.
07:26 Donc le Conseil constitutionnel, aujourd'hui, ne fait pas du droit,
07:29 il fait de la politique.
07:30 Je vous le redis, comment pouvez-vous...
07:33 Comment on peut estimer décemment que le regroupement familial
07:38 en matière d'immigration n'a aucun lien, indirect même, avec l'immigration ?
07:43 Qu'est-ce que vous répondez à Jean-François Copé,
07:45 qui fait partie de votre famille politique, et qui dit
07:47 "Vous utilisez le langage de l'extrême droite"
07:49 en vous en prenant comme ça au Conseil constitutionnel ?
07:51 Arrêtons d'évoquer l'extrême droite à tout bout de champ.
07:54 Jean-François Copé, quand même.
07:55 Je ne suis absolument pas d'accord avec lui,
07:57 et les Français ne sont pas d'accord.
07:59 Aujourd'hui, ça souligne quoi ?
08:01 Qu'on est totalement impuissants.
08:03 Donc il y a une vraie colère dans le peuple de France aujourd'hui
08:07 face à cette posture du gouvernement,
08:10 alors que nous avons franchi tous les records migratoires en 2023.
08:16 511 000 étrangers en situation légale sont arrivés.
08:21 On pourrait y rajouter les mineurs non isolés.
08:24 Et on est face à cette impuissance.
08:26 Nous réclamons, je le redis, c'est le cœur de notre discours,
08:30 un référendum pour modifier notre constitution.
08:34 Prenons acte de la situation.
08:37 Il y a des points de blocage, au-delà de ceux que j'évoquais
08:40 qui n'avaient pas à être bloqués, mais il y en a d'autres,
08:42 notamment sur les quotas.
08:44 Il faut donner la parole au peuple.
08:46 Ce n'est pas un petit cénacle qui doit décider.
08:48 J'ai trois questions très rapides à vous poser, mais vraiment.
08:50 Pendant que certains versent des larmes de crocodile sur les agriculteurs,
08:53 les députés se sont votés une hausse de 300 euros net de leurs indemnités.
08:56 Les sénateurs, de 700 euros par mois.
08:59 C'est faux. Ce ne sont pas les indemnités.
09:01 Ce sont les frais.
09:03 Ce sont les frais.
09:05 Ce n'est pas un euro de plus pour les parlementaires.
09:09 C'est 300 euros de frais nets par mois possibles et 700 chez les sénateurs.
09:13 C'est à coût constant.
09:15 Donc il n'y a pas un euro contribuable.
09:17 Vous participez de cette démagogie, vous dites.
09:19 Ils se sont augmentés leurs indemnités.
09:21 Vous avez raison, ce n'est pas les indemnités, ce sont les frais.
09:24 C'est une différence essentielle.
09:26 Mais est-ce que c'est bien raisonnable ?
09:27 C'est une différence essentielle.
09:29 Ça ne coûte rien.
09:31 Je comprends qu'il peut y avoir des interrogations.
09:33 Ça ne coûte rien.
09:34 Non, il n'y a pas une augmentation d'un euro du budget de l'Assemblée nationale.
09:39 Il y a un renoncement de frais.
09:40 Il y a des économies qui ont été faites par ailleurs.
09:42 Donc c'est une affectation.
09:44 Ça fait partie du travail parlementaire.
09:46 On est un des parlements d'Europe qui a le moins de moyens.
09:50 Donc on ne peut pas dire aussi qu'il faut revaloriser le travail parlementaire,
09:55 qu'il faut aller devant les électeurs et prendre des dispositions démagogiques.
10:00 Dernière question, Yves Ciotti.
10:01 À 15h, cet après-midi, Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre,
10:03 va prononcer son discours de politique général devant l'Assemblée.
10:06 Qu'est-ce qu'on fait ? On enregistre déjà votre réaction.
10:08 Vous allez trouver que tout est nul, de la même manière que les députés de la majorité
10:10 vont trouver que tout est génial ?
10:11 Ou est-ce que vous allez quand même écouter ce que le nouveau Premier ministre a à dire ?
10:14 Ne caricaturez pas là aussi.
10:16 On écoutera bien entendu.
10:18 Mais on est dans une situation d'extrême urgence pour le pays, d'urgence absolue.
10:24 Il faut changer de cap totalement.
10:26 Ce gouvernement n'a pas de majorité.
10:28 Ce gouvernement abuse les Français.
10:31 Ce gouvernement se complaît dans la communication.
10:34 Ce gouvernement et ceux qui l'ont précédé.
10:36 De toute façon, la question ce n'est pas celui du gouvernement.
10:39 Il n'y a qu'un pilote dans l'avion, c'est le président de la République.
10:42 Les autres sont des pions qui agitent…
10:44 Donc c'est accessoire le discours du Premier ministre ?
10:46 C'est un scénario de communication un peu théâtral.
10:49 Oui, celui qui décide c'est le président de la République.
10:52 Et le président de la République, il n'entend pas les Français.
10:55 Merci Eric Sotis, vous nous avez cadevé. Bonne journée à vous.