• il y a 7 mois
Du lundi au jeudi, rendez-vous, dès 6h30 avec Thomas Sotto et Marie Portolano. Et du vendredi au dimanche, c'est au tour de Damien Thévenot et Maya Lauqué de dynamiser le réveil.

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00:00 - Bonjour et bienvenue dans les 4V, Mme Andry. - Bonjour, Thomas Reteau.
00:02 - Ça fait donc 5 ans, Marie disait que vous êtes députée européenne,
00:05 que vous y consacrez votre temps, que vous y consacrez votre énergie.
00:07 Là, vous repartez en campagne.
00:09 Est-ce que vous n'êtes pas lassée d'entendre dire en boucle de Jordan Bardella à Jean-Luc Mélenchon
00:14 que l'élection du 9 juin est le premier tour de la présidentielle de 2027 ?
00:17 - Ça va être une élection structurante.
00:19 Je pense qu'en effet, le 9 juin, c'est l'après Macron qui se dessine.
00:23 Et soit on part sur l'autoroute du chaos, à mon sens, avec Jordan Bardella et l'extrême droite,
00:29 qui c'est vrai, très forte aujourd'hui dans les sondages,
00:32 soit ensemble, collectivement, on prépare l'après Macron.
00:35 Et oui, on tourne le dos à une politique qui a favorisé les plus riches de notre pays,
00:40 mais c'est vrai en France et en Europe, qui sacrifie les services publics.
00:43 C'est vrai en France et en Europe.
00:45 Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie et des Finances,
00:48 a annoncé 10 milliards de coupes budgétaires cette année, 20 milliards l'an prochain.
00:52 C'est lié à des nouvelles règles budgétaires européennes qui vont saccager nos services publics,
00:56 nos hôpitaux, nos écoles.
00:58 - Et c'est un pacte national aussi, vous aussi du coup.
01:00 L'Europe ne mérite pas une élection ?
01:02 - Mais bien sûr qu'elle mérite une élection, mais les deux sont liés.
01:04 C'est pour ça que je vous parle, par exemple, de ces nouvelles règles d'austérité.
01:06 C'est un nouveau pacte d'austérité qui a été décidé au niveau européen,
01:10 qui sera le plus grand sacrifice social qu'on ait jamais connu.
01:13 C'est le prix de nos médicaments qui va augmenter, le remboursement qui va baisser.
01:17 C'est des suppressions de postes dans l'éducation nationale.
01:20 Toute la Seine-Saint-Denis, les écoles sont mobilisées, pour ne vous donner que cet exemple.
01:24 Et moi, je veux faire de l'élection du 9 juin un grand référendum contre ce pacte d'austérité.
01:28 Vous le voyez, les questions nationales et les questions européennes sont liées.
01:32 Et oui, je ne me résous pas à laisser les clés du pays et de l'Europe à l'extrême droite.
01:36 Donc je me mobilise pour essayer de faire en sorte que le 9 juin, on soit le plus nombreux possible.
01:39 - Vous avez tenu votre lancement de... votre mythique de lancement de campagne, c'était à Villepin de samedi.
01:43 Il n'y avait pas de drapeau européen sur scène. Ça a un sens ou pas ?
01:46 - Bah, le drapeau européen, ça a un sens historique.
01:50 Il y avait beaucoup de drapeaux, on voit des images ici.
01:52 - Il y avait des drapeaux français dans la salle. - Oui, il y avait des drapeaux...
01:55 - Il n'y avait pas de drapeau européen. Au RN, ils ne mettent pas de drapeau européen, mais c'est une défiance.
01:58 C'est la même chose chez vous ou pas ?
01:59 - Alors, d'abord, on n'a rien à voir avec le Rassemblement national.
02:02 Quand ils votent contre le droit à l'avortement au niveau européen, on vote pour.
02:05 Quand ils votent contre la taxation des super-profits, on vote pour.
02:08 Donc je pense qu'il n'y a aucun parallèle qui peut être fait.
02:11 - Mais là, je vous interroge sur votre rapport à l'Europe avec les 17 régions européennes.
02:13 J'assume de dire qu'il faut rompre avec, un, le tout-austérité dont je vous parlais à l'instant,
02:16 deux, avec les accords de libre-échange.
02:18 Je préside au Parlement européen le seul groupe qui n'a jamais donné une seule voix pour les accords de libre-échange.
02:24 Et rompre aussi avec le tout-marché, par exemple le marché de l'électricité,
02:28 qui fait que les factures d'électricité vont exploser.
02:31 J'assume de dire que ces dogmes-là, ils conduisent au chaos, qu'il faut rompre avec cela
02:37 et qu'il faut défendre de la solidarité, qu'il faut défendre du protectionnisme contre le libre-échange
02:42 et que pour cela, il faut nous donner de la force le 9 juin pour tout changer.
02:46 - Il y a au moins un point sur lequel tout le monde est d'accord en Europe en ce moment,
02:48 c'est l'inquiétude que suscite la situation en Ukraine, Manon Aubry,
02:51 et le risque d'escalade, voire de guerre avec la Russie.
02:53 Vladimir Poutine, on en a parlé, a été réélu pour six ans,
02:56 même si ce scrutin n'avait rien de démocratique.
02:58 Il est de nouveau bien assis au pouvoir pour plusieurs années.
03:01 Est-ce qu'il faut aujourd'hui parler à Poutine ?
03:04 - D'abord, un mot sur le scrutin.
03:06 Il est clair que c'était une mascarade démocratique,
03:09 que l'élection était verrouillée, les oppositions complètement réprimées et muselées.
03:14 - Ce n'est pas une élection, pour dire les choses.
03:16 - Non, ce n'est pas une élection et ça n'a rien à voir avec le cadre démocratique.
03:19 Maintenant, la question qui nous est posée, c'est comment on trouve une issue au conflit
03:23 et on ne part pas dans une escalade guerrière et militaire
03:26 qui pourrait conduire à l'affrontement de puissances nucléaires, la France contre la Russie.
03:30 Et donc, moi, je ne vois pas d'autre voie qu'une issue diplomatique.
03:34 Je ne suis pas d'accord, comme le fait le président de la République,
03:37 pour sous-entendre que nous serions prêts à laisser nos enfants
03:41 aller mourir sur le champ de guerre ukrainien.
03:43 Je ne suis pas d'accord avec ça.
03:45 Et que oui, dans une guerre, la seule issue, elle est diplomatique,
03:49 c'est-à-dire trouver un accord de paix.
03:51 - Donc Emmanuel Macron doit décrocher son téléphone et appeler Vladimir Poutine ?
03:53 - Il n'avait rien, dit rien d'autre que cela, il y a quelques mois de cela.
03:58 C'est lui le premier.
03:59 Et ça ne veut pas dire qu'Emmanuel Macron sera d'accord avec Vladimir Poutine.
04:03 Ça veut juste dire qu'on trouve une issue diplomatique.
04:06 Il est déjà mort 200 000 personnes.
04:08 - Mais vous y croyez ? Est-ce que ce n'est pas une vision un peu naïve face à Vladimir Poutine,
04:11 lui qui jurait qu'il n'envahirait pas l'Ukraine, on voit ce qu'il a fait.
04:14 Est-ce que le rapport de force que tente d'instaurer Emmanuel Macron
04:17 n'est pas plus efficace face à un dirigeant comme ça ?
04:19 - Mais quelle autre alternative, Thomas Soto ?
04:21 Il est déjà mort 200 000 personnes sur le champ de guerre ukrainien.
04:24 On a envoyé des missiles, des armes.
04:27 Combien de morts faut-il en plus sur le champ de guerre ukrainien ?
04:31 Combien d'armes, combien d'argent dépenser dans cette escalade guerrière ?
04:35 Quelle est l'autre alternative ?
04:37 On peut choisir, comme le fait le président de la République,
04:40 l'escalade guerrière. Je pense qu'elle est dangereuse.
04:42 On pourrait par exemple commencer...
04:43 - Le général Trinquant qui était à la 7h15 ne disait pas de l'escalade,
04:45 c'est de la dissuasion, c'est le principe de la dissuasion.
04:47 - Mais vous le voyez, la dissuasion n'est même pas crédible dans le cas d'Emmanuel Macron
04:50 puisqu'il a été désavoué par ses alliés.
04:52 Donc l'ambiguïté stratégique dont il parle,
04:55 finalement elle est même inefficace quand on arrive à être désavoué par ses alliés.
04:59 - Est-ce que vous avez peur, vous ? Est-ce que vous avez peur, aujourd'hui ?
05:02 - Oui, j'ai peur comme les gens, je pense, aussi de ma génération.
05:06 Moi, je suis née en 1989, j'ai pas connu de guerre sur notre vieux continent.
05:11 Et oui, j'ai peur d'une escalade guerrière qui pourrait nous mener à un conflit généralisé.
05:15 Et donc c'est pour ça, je vous disais, on pourrait commencer étape par étape.
05:18 Essayer de sécuriser, par exemple, les 15 centrales nucléaires
05:21 qui se trouvent sur le champ de bataille en Ukraine.
05:24 Essayer de négocier cela avec Vladimir Poutine et avec Monsieur Zelensky
05:30 pour essayer d'avoir, s'il devait y avoir des forces,
05:33 des forces, des casques bleus qui protègent ces centrales nucléaires
05:37 pour éviter un drame comme il y a pu avoir avec Tchernobyl, par exemple.
05:40 - Autre sujet, les attentats du Hamas le 7 octobre en Israël
05:42 et la réponse du gouvernement de Benyamin Netanyahou
05:44 qui tourne au massacre à Gaza. Que faut-il faire ?
05:47 - Vous avez raison de dire que c'est un massacre, un massacre sans précédent.
05:50 Il est mort à Gaza autant d'enfants en 4 mois
05:53 que dans l'ensemble des conflits internationaux en 4 ans.
05:56 Donc oui, il faut un cessez-le-feu permanent et immédiat le plus rapidement possible.
06:00 D'ailleurs, vous parliez du Parlement européen.
06:02 J'ai réussi à faire voter un amendement appelant à ce cessez-le-feu.
06:05 Mais dire, ce n'est pas agir.
06:07 Et si on veut être cohérent, il faut que la France et l'Union européenne
06:10 fassent deux choses.
06:11 Un, suspendre l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël.
06:15 Et deux, suspendre l'exportation d'armes, faute de quoi les États européens
06:19 seront complices de ce massacre et de ce risque de génocide
06:24 qui a été pointé par la Cour internationale de justice.
06:27 Et je regrette que les sanctions auxquelles a appelé la Cour internationale de justice
06:31 n'ont pas été mises en œuvre.
06:33 Et les otages ? On ne vous entend pas beaucoup en parler des otages.
06:35 Il y a encore 130 otages.
06:36 Nous avons demandé depuis le début la libération des otages.
06:39 D'ailleurs, je crois savoir qu'il y a des discussions entre le Hamas et Israël
06:44 qui doit, je l'espère, aboutir le plus rapidement possible
06:48 à la libération de tous les otages.
06:50 Oui, ça doit être une priorité politique,
06:52 mais qui ne doit pas faire oublier aujourd'hui les 30 000 personnes
06:55 qui sont mortes déjà et les 2 millions de personnes
06:58 qui sont privées de nourriture, d'eau dans la bande de Gaza.
07:02 On parlait des réseaux sociaux avec Axel Zarey.
07:04 Je voudrais vous montrer un dessin de Coco que vous avez sans doute vu
07:06 dans la libération de la semaine dernière.
07:07 Ramadan à Gaza, on voit un habitant affamé courir après, semble-t-il, des rats
07:12 et une femme qui l'arrête pas avant le coucher du soleil.
07:14 Vous l'avez vu ce dessin ?
07:15 Je l'ai vu, oui.
07:16 Qu'est-ce qui vous inspire ?
07:17 Je le trouve pas très drôle, honnêtement.
07:19 Je suis toujours pour défendre la liberté de penser,
07:23 et la liberté de caricaturer, évidemment.
07:26 Mais rire de la famine qui court à Gaza en pleine période de Ramadan,
07:34 en faisant une blague un peu de mauvais goût, alors que véritablement…
07:37 Alors, expliquez Coco, c'est un dessin qui souligne le désespoir des Palestiniens
07:39 qui dénoncent la famine à Gaza et moque aussi de l'absurdité de la religion.
07:42 Je voudrais vous montrer ça.
07:43 Je vous dis qu'il est de mauvais goût.
07:44 Après, je sais que Coco a subi des menaces de mort.
07:48 Mais est-ce que vous avez vu le tweet de votre collègue député, Sofia Chikirou, à LFI ?
07:52 "Vous n'aurez pas notre haine, mais vous la méritez."
07:54 Est-ce que vous êtes à l'aise avec ce commentaire ?
07:56 On a le droit de critiquer ce dessin.
07:57 Je vous ai dit que rire de la famine à Gaza, qui est devenue une arme de guerre,
08:01 je trouve ça extrêmement maladroit.
08:03 Mais vous comprenez le sens de cette phrase ?
08:05 "Vous n'aurez pas ma haine", c'était le titre du livre d'Antoine Léris,
08:08 qui a perdu sa femme au Bataclan.
08:10 Coco, c'est une rescapée du massacre de Charlie Hebdo.
08:13 Je crois que Sofia, d'ailleurs, a retiré ce tweet.
08:16 Moi, je ne l'aurais pas écrit.
08:18 C'est une maladresse, c'est une faute.
08:20 Permettez qu'on ne soit pas à l'aise avec le dessin initial.
08:23 Mais par contre, je veux être très clair ce matin.
08:26 N'importe quel dessin, même le moins drôle du monde,
08:29 ne mérite absolument pas la moindre menace de mort.
08:32 Nous avons le droit, dans notre pays, de caricaturer autant que bon nous semble,
08:37 autant que bon semble l'ensemble des dessinateurs.
08:40 Et je défendrai toujours cette liberté de penser.
08:42 Merci beaucoup, Anne-Andrée Daniel-Lecadvay.
08:43 Bonne journée. Née en 89, quand même.
08:45 Désolée, désolée.
08:47 Merci.