• il y a 11 mois
Retour sur le discours de Gabriel Attal avec Patrice Duhamel, journaliste et auteur de "Le chat et le renard" (Editions de l'Observatoire), Nathalie Schuck, grand reporter politique au Point et Vincent Martigny, professeur de science politique à l'Université de Nice et à l’École Polytechnique.

Plus d'infos : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-debat-du-7-10/le-debat-du-7-10-du-mercredi-31-janvier-2024-4096260

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Transcription
00:00 Débat sur le grand oral de Gabriel Attal, hier à l'Assemblée nationale, le nouveau
00:04 Premier ministre a prononcé son discours de politique générale dans le double contexte
00:10 tendu 1) de la fronte des agriculteurs et 2) de la censure massive du projet de loi
00:15 immigration par le Conseil constitutionnel.
00:19 A-t-il réussi l'examen de passage ? Parviendra-t-il à imposer un style qui lui est propre, différent
00:25 de celui du Président de la République ?
00:27 Et sur le fond, le discours est-il de nature à rassembler le pays ?
00:31 On en débat ce matin avec Patrice Duhamel, journaliste, ancien directeur de France Télévisions.
00:37 Vous publiez Le Chat et le Renard, Président et Premier ministre, deux ou trois choses
00:42 que je sais d'eux, c'est aux éditions de l'Observatoire.
00:45 Vincent Martini, politologue, professeur de sciences politiques à l'Université de
00:50 Nice et à l'école Polytechnique.
00:52 Et Nathalie Chut, grand reporter politique au point.
00:55 Bonjour à tous les trois, merci d'être là ce matin.
00:58 Bulletin de notes de Gabriel Attal après le discours de politique générale.
01:01 Le Premier ministre a parlé pendant 1h20, rythme de mitraillette, très vite.
01:06 Il a annoncé une batterie de mesures, on va y revenir.
01:08 Je ne vais pas vous demander une note à chacun, ce n'est pas le lieu.
01:12 Mais l'examen de passage a-t-il été à vos yeux réussi ?
01:14 Peu mieux faire, j'ai trouvé que le discours, 80 minutes c'est très long, 56 pages, était
01:22 verbeux pour tout dire.
01:23 Que c'était un empilement de mesures qui ne relevaient pas nécessairement du niveau
01:27 d'un Premier ministre.
01:28 Et c'est Matignon qui s'était mis dans la seringue tout seul d'une certaine façon
01:31 puisque ces derniers jours, les conseillers du Premier ministre nous disaient "on cherche
01:34 la mesure Wahou, on cherche l'équivalent de l'interdiction de la BAYA qu'on avait
01:38 faite à l'éducation nationale et qui avait marqué les esprits".
01:41 Et vous ne l'avez pas entendu ? Et je ne l'ai pas entendu.
01:42 Sur des sujets fondamentaux, on y reviendra, comme le logement, comme la santé, comme
01:48 le pouvoir d'achat, l'environnement, je trouvais qu'on était totalement en dessous
01:51 de la main.
01:52 - Patrice Duhamel, ressentiment ?
01:53 - Je l'ai trouvé volontariste, énergique, très autoritaire, parfois martial, très
01:59 libéral, très concret, un peu à la Rocart, mais quand Rocart a fait son discours de politique
02:06 générale très réussi, il y avait aussi des grandes mesures, RMI, RSA, etc. qui hier
02:11 ne figuraient pas.
02:12 Alors c'est aussi du réalisme politique parce qu'il sait que les grandes lois un peu difficiles
02:16 ne font pas partie de la majorité et il ne veut pas utiliser le 49-3.
02:21 Moi ce qui m'a frappé c'est plus le style que le fond.
02:23 - Et quel style ?
02:24 - Je pense qu'il a trouvé une forme de style très jeune, ça n'a rien d'autre à dire
02:29 ça, il a 34 ans donc c'est forcément très jeune, mais je dirais, il faisait un peu
02:33 vieillir le président, je l'ai trouvé dans son style.
02:36 - Il a vieilli, Gabriel Attal a vieilli.
02:38 - Il fait un peu vieillir Emmanuel Macron, ça m'a frappé.
02:41 Il est beaucoup plus compréhensible dans son discours, très concret, vraiment très
02:45 concret.
02:46 Voilà, je trouve sur le style c'est intéressant, différent du président et c'est quand même
02:51 ça, vous parliez de l'ivre, c'est quand même ça qui fait qu'un couple fonctionne,
02:56 il faut qu'il soit différent.
02:58 - A qui vous a fait penser, vous qui avez fait ce livre, qui étudiez les relations
03:01 entre les présidents et les premiers ministres, de tous les premiers ministres que vous avez
03:03 rencontrés ? On parlait avec Rachida Dati tout à l'heure, est-ce qu'il y a des accents
03:07 dans le côté martial, autoritaire, énergique de Nicolas Sarkozy ou Manuel Valls ?
03:12 - Oui, mais moins républicain, pur et dur, ce qui n'est pas une critique de ma part.
03:21 Ce n'est pas du Manuel Valls qui… En plus, Manuel Valls, évidemment, ça a été un
03:27 problème immédiat avec Hollande, il était potentiellement candidat à l'Elysée.
03:31 Là, c'est un peu tôt, il le sera peut-être dans un an et demi ou deux ans, mais pas
03:35 encore.
03:36 - Et vous, Martini, sur le fond, la forme, votre lecture ?
03:38 - Sur la forme, c'était, je trouve, dans l'exercice, un discours plutôt réussi,
03:43 parce qu'il faut quand même se rappeler du contexte.
03:45 Un quinquennat complètement enlisé, un premier ministre dont on n'attendait pas grand-chose
03:49 à part sa popularité personnelle.
03:50 Et sur le fond, j'ai trouvé qu'il était un macroniste de la première heure.
03:55 On voit d'ailleurs que le discours est long, pourquoi ? Parce que les 15 premières minutes,
03:58 il fait un bilan de tout ce qu'a fait Emmanuel Macron et les macronistes depuis 2017.
04:01 Ça, c'est étonnant, d'habitude, un premier ministre, il parle de ce qu'il va faire,
04:05 il parle éventuellement des mesures justes avant lui, il rend hommage à son prédécesseur.
04:07 Là, c'est tous les prédécesseurs à qui il rend hommage.
04:09 Et méthodiquement, il passe un quart d'heure pour rappeler ce que le macronisme ou ce que
04:13 la majorité a apporté au pays depuis 2017.
04:15 Et là, il y a un espèce d'éloge très fort.
04:18 J'ai trouvé que c'était très optimisme de la volonté, pour ce paraphraser Gramsci.
04:22 Il a laissé de côté le pessimisme dans l'intelligence pour parler plutôt de la volonté.
04:25 Beaucoup d'annonces, qu'importe parfois si ces annonces paraissent un catalogue.
04:29 - Non financées.
04:30 - Oui, parfois non financées, mais en fait, l'important, je pense qu'il voulait montrer
04:33 qu'il était extrêmement concret et qu'à ce titre-là, il se différençait du président
04:36 de la République.
04:37 Il n'a d'ailleurs pas repris tout, parce que le président de la République avait parlé
04:40 de ce réarmement de la fertilité, ça, ça disparaît.
04:42 Mais il y a d'autres mesures sur lesquelles, au contraire, il reprend et il développe.
04:45 - C'est vrai qu'on n'a pas eu le réarmement démographique.
04:47 Nathalie Chuc, on a eu une demi-heure, pardon de le dire comme ça, de brosse à reluire
04:51 du bilan du président de la République.
04:53 - C'est son but, son rôle.
04:54 - C'était le but, mais ça sentait le discours extrêmement relu par l'Elysée, tout de même.
04:59 Et ça m'a étonnée parce qu'on parlait de style "je n'ai pas retrouvé la méthode
05:02 à telle".
05:03 Il y a eu de nombreuses reprises l'occasion de discuter avec Gabriel Attal, et notamment
05:06 de ce que c'était que sa méthode, notamment quand il était à l'Éducation Nationale.
05:09 Il expliquait "ma méthode, c'est que je ne vais pas annoncer des choses tant que je
05:12 n'ai pas du super concret".
05:13 Est-ce qu'on a eu hier du super concret à part des mesurettes ?
05:17 - Patrice Duhamel dit oui, c'était très concret.
05:19 - L'urgence d'achat, désmicardiser.
05:21 Ok, très bien.
05:22 On renvoie, le Premier ministre nous renvoie au prochain budget.
05:25 C'est quand le prochain budget ?
05:26 A l'automne prochain.
05:27 Si c'est urgent de désmicardiser, pourquoi on ne s'y met pas tout de suite ?
05:29 D'autant plus que Gérald Darmanin nous a quand même expliqué qu'on ne connaissait
05:32 pas la durée de vie de ce gouvernement passé les élections européennes.
05:34 Logements, qu'est-ce qu'il nous a annoncé ?
05:36 Un choc d'offres.
05:37 Ok, choc d'offres, promis en 2017 par Emmanuel Macron, on l'attend toujours.
05:40 Il nous a annoncé qu'on allait avoir…
05:42 - Les mères qui peuvent attribuer les logements sociaux.
05:43 Oui, mais dans la vie quotidienne, c'est très important.
05:45 - Non mais certes, mais il nous a annoncé que 30 000 logements allaient sortir de terre
05:48 en 3 ans.
05:49 Donc 10 000 par an.
05:50 On estime aujourd'hui que les besoins, pour vous donner une idée, 2,5 millions de personnes
05:53 en France sont en attente d'un logement social.
05:55 Le nombre de chantiers qui sont aujourd'hui mis en place, c'est moins de 300 000 quand
06:00 il en faut 450 000.
06:01 Avec 10 000 par an, on ne va pas aller loin.
06:03 Pouvoir d'achat, on nous a annoncé quoi ? Pas grand-chose.
06:06 Je note quand même que le Premier ministre nous a annoncé qu'il voulait dire la vérité.
06:10 Il le dit 4 fois dans le discours.
06:11 Il faut dire la vérité aux Français.
06:12 Nous a-t-il dit la vérité sur le doublement des franchises médicales qui vont percuter
06:15 le pouvoir d'achat des Français ? Nous a-t-il dit la vérité sur la hausse des tarifs de
06:19 l'électricité qui a été annoncée par le ministre de l'économie, Bruno Le Maire,
06:22 quelques jours avant, afin de démêler le discours ? Nous a-t-il dit la vérité sur
06:25 les 12 milliards d'économies qu'il va falloir faire d'ici 2025 ? Le discours de vérité,
06:29 il a été tenu ces derniers jours par Bruno Le Maire.
06:31 - Patrice Duhamel, elle est trop sévère, Nathalie Chuchard ?
06:33 - Elle est un peu sévère sur l'aspect concret.
06:35 Par exemple, le fait que les patients qui n'aillent pas à ce qu'on appelle la taxe
06:39 lapin, les patients qui ne vont pas à un rendez-vous chez le médecin, et qui ne concernent
06:44 d'ailleurs pas les généralistes qui connaissent leur clientèle, mais les médecins, les spécialistes,
06:50 c'est quelque chose d'assez important.
06:52 Il y a ça, le ménage dans les administrations...
06:54 - Vous n'avez pas, vous voyez, sur la santé, pas un mot des urgences ? Aujourd'hui, il
06:56 y a des gens qui meurent sur des brancards aux urgences.
06:58 - Sur le concret, il y avait quand même des choses qui avaient frappé avec rocard, par
07:02 exemple, sur les cages d'escalier et les boîtes aux lettres.
07:05 C'est un petit peu ça.
07:06 Mais moi, j'ai retenu juste deux choses rapidement.
07:09 - Quelles sont les mesures que vous avez retenues ?
07:11 - D'abord, c'est quand même le chef de la campagne européenne de la majorité.
07:15 Ça, c'est clair et net, c'est lui.
07:16 - Là, vous êtes d'accord tous les trois ?
07:19 - On a le temps d'attendre la tête de liste et ça, c'est lui.
07:23 D'un seul coup, c'est arrivé.
07:24 C'était un peu comme ça, un peu bizarre à la fin.
07:27 Boum, quatre phrases bien senties sur le Rassemblement national.
07:30 Et moi, j'ai été, je ne dirais pas impressionné, j'ai trouvé qu'il avait très bien dit à
07:36 la fin sa situation personnelle, cette référence à l'homosexualité.
07:43 J'ai trouvé que c'était très bien fait.
07:44 Il n'en a pas rajouté, il l'a dit.
07:47 - Sur ce que ça veut dire la société française aujourd'hui ?
07:49 - Absolument, en 2024, il y a cinq ans ou dix ans, je pense qu'on n'aurait pas entendu
07:55 ça à la tribune de l'Assemblée.
07:56 - Vincent Martini ?
07:57 - Moi, je dirais à quoi sert un discours de politique générale dans le contexte dans
08:01 lequel il était ?
08:02 Premier but, c'est de ressouder la majorité.
08:05 Je pense que c'était vraiment l'idée et c'est pour ça qu'il fait aussi le bilan
08:09 positif du macronisme.
08:10 On voit la standing ovation des députés de la majorité qui, je crois, de manière
08:13 non surjouée, s'il fallait entendre ensuite ce que disait le responsable du groupe parlementaire
08:18 du Modem en disant "votre énergie".
08:19 On sentait quand même une sorte d'enthousiasme dans les rangs de la majorité devant l'énergie
08:23 de ce Premier ministre.
08:24 Et c'est la première chose.
08:25 Le deuxième but, évidemment, c'était de reposer ce qui était le dépassement du
08:29 macronisme.
08:30 Et on voit qu'il fait deux clivages dans le discours.
08:32 Un premier clivage qu'il appuie, parce qu'on voit bien à l'image qu'il regarde les
08:35 rangs de la gauche, c'est sur l'écologie.
08:37 Il dit "je suis contre l'écologie punitive, il faut mettre un lien entre écologie et
08:41 croissance".
08:42 Donc, en fait, il tourne le dos à l'idée d'un dépassement du modèle.
08:44 Il est dans un modèle plus conservateur.
08:46 C'est-à-dire, on va faire de l'écologie sans changement de modèle.
08:49 - Défendant le nucléaire ?
08:50 - Défendant le nucléaire, je suis fier d'être à la tête d'un gouvernement pronucléaire
08:52 soutenu par une majorité pronucléaire.
08:53 On ne peut pas faire plus clivant.
08:54 Et il regarde les députés écologistes et la gauche.
08:57 Et puis, à la fin, évidemment, il clive sur l'Europe avec l'extrême droite.
09:00 C'est le seul groupe parlementaire dont il parle.
09:02 Nommément, il cite le Rassemblement National.
09:05 Donc, double clivage.
09:06 Ça, c'est dans le cadre des élections européennes.
09:09 Ce que j'ai trouvé intéressant, si on trouve sur le fond, au-delà des mesures, c'est
09:13 qu'il y a vraiment deux mots d'ordre.
09:14 Le premier, c'est l'ordre.
09:15 Et le deuxième, c'est le progrès.
09:16 Et qu'est-ce que c'est que l'ordre et le progrès si ce n'est l'idéologie des Trente Glorieuses ?
09:19 On est vraiment en pleine nostalgie pour les Trente Glorieuses.
09:21 Ils surfent sur ce qu'a dit le président de la République.
09:23 - On n'a pas la croissance des Trente Glorieuses.
09:24 - Oui, mais il dit qu'il faut la croissance.
09:26 Il n'y a pas d'écologie sans croissance.
09:27 C'est pour ça que je défends la croissance avec l'ordre.
09:29 - Nathalie, ce qui est un peu dommage, c'est qu'il s'est un petit peu dilué, Gabriel Attal.
09:33 On se demandait ce que c'était que le Attalisme.
09:35 Et on avait l'impression hier soir que c'était une sorte de Macrono-Sarkozisme.
09:38 C'est-à-dire que très libéral sur le plan de l'économie.
09:41 - Sur ça, vous êtes d'accord sur les droits ?
09:43 - Assez réel, assez conservateur.
09:44 Et vous, vous disiez, voilà, il nous a dit "je suis né en 1989".
09:47 Pour quelqu'un de cet âge-là, on s'attendait à peut-être plus de modernité dans le discours.
09:51 On n'a pas vu beaucoup de modernité.
09:53 - Sur l'homosexualité, il y a une forme de modernité ?
09:55 - Oui, voilà, c'est peut-être la seule chose qu'il y avait dans le discours d'assez moderne.
09:58 Parce que vous l'avez dit, sur l'écologie, c'est quand même quelqu'un,
10:00 quand vous êtes né en 1989, que vous êtes inquiet pour l'avenir de la planète,
10:03 on attend des mesures assez fortes, on attend que ce soit une partie assez large du discours.
10:07 Non, ce n'est pas le cas du tout.
10:09 Donc on a eu très peu de choses sur l'écologie, par exemple.
10:11 - Patrice Duhamel ?
10:12 - Ce qui est difficile dans cet exercice, quand on voit tous ceux qui ont existé dans le passé,
10:17 c'est à la fois d'être dans la loyauté au président de la République,
10:21 je parle bien sûr hors cohabitation,
10:23 et en même temps de se distinguer du président.
10:25 Je trouve sur le style, il a bien, je répète, il a bien réussi à se distinguer du président.
10:30 Sur la loyauté, c'était évident, alors c'était un petit peu long au début.
10:34 Mais je ne dirais pas que c'était lui c'est lui, moi c'est moi.
10:38 Mais comme les trois premières semaines, c'était lui c'est moi et moi c'est lui,
10:41 c'est quand même déjà, il y a un début de distinction.
10:44 - Mais Patrice Duhamel, dans votre livre, vous décrivez les rapports difficiles,
10:46 voire orageux, entre président et Premier ministre,
10:49 des moments insolites, historiques, parfois comiques d'ailleurs.
10:51 Vous parlez des tensions entre Elisabeth Borne et Emmanuel Macron dans le livre.
10:57 Elles vont être forcément différentes, les relations d'Emmanuel Macron avec Gabriel Attal ?
11:02 - À partir du moment où il a dit, dès le début, je lui dois tout,
11:06 et à partir du moment où le président n'est pas renouvelable,
11:09 ce qui est inédit et absolument essentiel dans la situation des trois ans à venir,
11:13 je pense que la loyauté l'emportera.
11:17 Après, s'il reste à un niveau de popularité très supérieur à celui du président,
11:21 là, ça peut commencer à tanguer.
11:23 - D'ailleurs, il va falloir qu'il s'émancipe de...
11:25 - La conférence de presse d'Emmanuel Macron, au même moment que le discours de politique générale,
11:29 Patrice Duhamel... - Ça c'est absolument pas normal.
11:31 Non, ça c'est... J'ai pas compris ça.
11:33 - Les proches de Gabriel Attal savent très bien qu'à un moment,
11:35 il va falloir s'émanciper de la tutelle de l'Elysée du président.
11:38 Et il voit bien, effectivement, comme vous l'avez dit,
11:40 toutes ces petites choses trappes qui sont en train de se mettre en place
11:42 avec le président qui parle en même temps que lui,
11:44 le président qui fait les annonces à sa place,
11:46 parce qu'au fond, le discours de politique générale,
11:48 on l'avait eu avec la conférence de presse d'Emmanuel Macron,
11:50 hier soir, c'était un peu un discours de généralité,
11:54 puisqu'un discours de politique générale, pardon.
11:56 - Et quand Mitterrand avait nommé Fabius,
11:58 il s'était tué pendant 6 mois.
12:00 Il s'était mis d'accord là-dessus.
12:02 Et Fabius avait obtenu que Mitterrand ne s'exprime pas pendant 6 mois.
12:05 - D'où le fait que l'annonce de tout un catalogue de mesures hier
12:10 n'était en fait qu'un déroulé de ce qu'était la conférence de presse.
12:12 Vous avez raison de le rappeler.
12:14 La véritable déclaration de politique générale,
12:16 moi je suis allé regarder les déclarations de politique générale
12:18 d'Edouard Philippe, d'Elisabeth Borne, de Jean Castex,
12:20 c'est les grands principes.
12:21 Sauf que les grands principes, ils ont été énoncés par le président de la République
12:23 il y a 15 jours.
12:24 Donc lui, évidemment, il était obligé, pour se distinguer,
12:26 d'essayer de montrer comment ces différentes mesures allaient se mettre en place.
12:31 - Allez, un dernier petit tour de table rapide.
12:33 Le gouvernement compte en une majorité de ministres venus de la droite LR.
12:37 La nomination attendue des secrétaires d'Etat va-t-elle changer les choses,
12:41 selon vous, cet équilibre-là ?
12:43 - Ça va sans doute rééquilibrer vers le Bodem et vers Horizon,
12:48 le mouvement d'Edouard Philippe, qui était assez mécontent,
12:51 tous les deux, de la formation du gouvernement resserré.
12:54 Voilà, pour le reste, ça ne changera pas fondamentalement les choses.
12:57 - L'impression rétignienne va rester de droite.
13:00 Ce ne sont pas des secrétaires d'Etat qui vont changer la donne.
13:02 - Oui, ça c'est sûr.
13:04 Mais ce qui est assez étonnant, c'est qu'à ma connaissance,
13:06 c'est une des premières fois dans la Ve République,
13:08 je parle sous votre contrôle, que le gouvernement n'est pas annoncé.
13:10 Il y a un discours de politique générale avant.
13:12 Vous annoncez l'intégralité du gouvernement,
13:14 puis vous faites un discours de politique générale.
13:16 Là, c'est quand même assez étonnant.
13:17 On ne demande pas la confiance dans ce cas-là,
13:19 parce qu'on ne l'obtiendrait peut-être pas forcément,
13:21 même s'il y a une motion de censure qui a été déposée.
13:23 Mais, à privé, ça donne l'idée que l'administration du gouvernement
13:26 n'a pas d'importance.
13:27 Tout est déjà posé avant.
13:28 Et finalement, plus que jamais, ces ministres sont des personnages secondaires
13:32 dans une mécanique qui va s'écrire sans eux.
13:35 - Sauf Rachida Dati.
13:37 - Sauf Rachida Dati, bien sûr.
13:39 - Qui est intéressante, parce que justement, elle se pose en liberté,
13:41 y compris vis-à-vis du président.
13:43 Vous avez rappelé, quand elle parle de Paris, c'est une façon de dire
13:45 « je ne vous dois rien à personne ».
13:46 - Merci à tous les trois.
13:47 Vincent Martin, Nathalie Chug, Patrice Duhamel,
13:50 je rappelle le titre de votre livre,
13:52 « Le chat et le renard, président et premier ministre,
13:54 deux ou trois choses que je sais d'eux ».
13:57 C'est aux éditions de l'Observatoire.

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