• il y a 10 mois
Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau

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00:00 Bonjour. Aujourd'hui dans "La Santé expliquée à ma fille",
00:03 je répondrai aux questions de Sacha sur les trous de mémoire.
00:06 Et nous vous dirons à quel moment on peut s'en inquiéter.
00:09 Puis le docteur Jean-Michel Cohen, nutritionniste,
00:12 nous dira ce qu'il faut faire face à un enfant en surpoids.
00:16 Sacha, aujourd'hui, on s'intéresse à la mémoire,
00:25 plus exactement aux trous de mémoire.
00:28 On va voir à quel moment il faut s'en inquiéter.
00:31 Avant de voir à quel moment il faut s'en inquiéter
00:33 et à quoi sont dus les trous de mémoire,
00:35 peux-tu nous rappeler comment fonctionne la mémoire,
00:38 quand elle fonctionne ?
00:40 Oui, elle fonctionne.
00:42 S'il n'y a pas de mémoire, il n'y a pas de connaissances
00:44 et peu d'intelligence.
00:45 Qu'est-ce qui se passe dans le cerveau lorsqu'on mémorise ?
00:49 Il se passe plein de choses. C'est très complexe, la mémoire.
00:51 Pour simplifier, on va dire qu'il y a trois étapes essentielles.
00:56 C'est ce qu'on appelle l'encodage, le stockage et le rappel.
01:01 L'encodage, il faut, quand il y a une information visuelle,
01:04 auditive, quand il y a des images, des sons, des odeurs,
01:07 il faut déjà les enregistrer, les encoder.
01:10 C'est la première phase.
01:12 Ensuite, il faut les stocker, aller les ranger.
01:15 Il faut bien les ranger.
01:16 Pour un temps plus ou moins long, quand c'est important,
01:19 tu vas les garder très longtemps.
01:20 Quand tu apprends à marcher, tu vas les garder longtemps.
01:23 En revanche, quand c'est juste, tu vas dîner chez des amis
01:26 et il y a juste le code de la porte à ce souvenir,
01:28 tu ne vas pas le retenir toute ta vie.
01:31 Sauf si motivation est intense, mais sinon, non.
01:34 C'est le stockage. Il faut bien savoir où on range les choses.
01:37 C'est important. Pourquoi ? Pour pouvoir s'en rappeler.
01:41 C'est un peu comme tes affaires.
01:42 Si tu les ranges mal, tu ne sauras pas où elles sont,
01:44 voire tu ne les retrouveras même plus.
01:45 Donc, il faut bien les stocker.
01:47 Et ensuite, le rappel.
01:49 Le rappel, c'est parfois un petit peu difficile.
01:52 Si on a mal rangé ses affaires, il faut parfois l'indicer.
01:55 Ça ne t'est jamais arrivé de dire,
01:56 "Dis-moi, ça commence par quelle lettre ?"
01:59 Oui, pas la première lettre.
02:00 Pour essayer d'aller rechercher le souvenir.
02:03 On a besoin de petits indices, parfois.
02:06 Ce qui est important, c'est de comprendre
02:08 que contrairement à ce qu'on imagine,
02:10 on n'a pas dans le cerveau un centre de la mémoire.
02:12 Il n'y a pas une zone dédiée à la mémoire.
02:15 C'est un peu plus complexe que ça.
02:17 La mémoire fait intervenir plein de zones différentes du cerveau.
02:21 On l'a dit tout à l'heure, la vue, l'odeur,
02:23 plein de choses, les souvenirs, les connaissances.
02:25 On va essayer de se servir de ces connaissances acquises
02:27 pour aller trouver des moyens mnémotechniques.
02:29 Par exemple, il y a plein de choses.
02:31 Et sinon, il y a une région qui est incontournable,
02:35 en revanche, une espèce de carrefour,
02:36 qui va permettre de garder vraiment ces informations,
02:42 c'est l'hippocampe.
02:43 Tu vas voir en image à quoi ça ressemble, l'hippocampe.
02:46 C'est vraiment l'endroit incontournable de la mémoire
02:49 où tout va se fixer, si tu veux.
02:51 Tu vois l'espèce de petit truc comme ça,
02:53 jaune un peu plus foncé, à l'intérieur du cerveau.
02:57 Voilà, ce sont des images remarquables du Dr Rodolf Gomberg.
03:00 Et alors si pour tout le monde,
03:02 ça se passe de cette façon, en codage, stockage, rappel,
03:06 comment ça se fait qu'il y ait des personnes qui aient des oublis ?
03:09 Déjà, c'est normal.
03:10 Si tu veux...
03:11 Tu es censée prendre l'information, la stocker,
03:14 et aller pouvoir t'en souviendre.
03:15 Non, mais on ne peut pas tout prendre.
03:16 L'oubli, c'est la force de la mémoire, si tu veux.
03:19 Tu ne peux pas te souvenir de tout, regarde.
03:21 Ce plateau, toutes les informations.
03:23 Tu te rends compte des milliers, des milliards d'informations
03:26 que tu as toute la journée.
03:27 Tu ne vas pas toutes les garder.
03:29 -C'est un tri. -Voilà.
03:30 Déjà, il faut que ça t'intéresse.
03:32 Il faut qu'il y ait de l'émotion.
03:33 L'émotion, c'est vraiment très attaché.
03:36 On ne peut pas mémoriser sans émotion du tout.
03:39 Tout le monde se souvient, par exemple,
03:40 où il était le 11 septembre 2001.
03:43 Tu vois, il y a des choses comme ça,
03:44 des émotions positives et des émotions négatives.
03:48 Tout le monde se souvient aussi,
03:50 ou presque, de son premier baiser ou de son premier amour.
03:53 Il y a des choses comme ça qui doivent interpeller,
03:56 mais sinon, on ne peut pas tout garder.
03:57 -A quoi c'est dû, le fait d'oublier ?
03:59 C'est juste un tri que notre cerveau fait tout seul ?
04:01 -Oui, c'est un tri, je te dis,
04:02 qui va être fonction de tout un tas de choses,
04:05 de l'intérêt.
04:06 Est-ce que c'est utile que je garde ça ou pas ?
04:07 -Il y a des gens qui ne se souviennent pas des prénoms des autres.
04:10 Ça veut dire qu'ils ne portent pas d'intérêt.
04:12 -Et tu sais pourquoi ? -Non.
04:13 -Parce que ça n'a pas de sens, des prénoms et des noms de famille.
04:16 Un nom de famille, ça n'a pas de sens,
04:18 on n'arrive pas à le rattacher à quelque chose.
04:20 Sauf si c'est l'amour de ta vie, tu t'en souviendras.
04:23 C'est toujours lié à l'émotion.
04:24 Sauf si le boulanger s'appelle Pétrin,
04:27 tu pourras t'en souvenir.
04:28 Mais tu vois, il faut qu'il y ait du sens dans les choses.
04:32 C'est important d'arriver.
04:33 Mais ce qu'on peut faire aussi,
04:35 c'est trouver des moyens pour donner du sens aux choses.
04:38 C'est pas par hasard que...
04:39 Et puis aussi, de la répétition,
04:41 pour se souvenir de quelque chose, il faut que ce soit répété.
04:45 On dit souvent qu'il y a ce qu'on appelle des "traces mnésiques",
04:48 c'est-à-dire quelque chose qui est un peu dans ta mémoire,
04:51 mais pour que ça reste longtemps, il faut le répéter plusieurs fois,
04:55 un peu comme creuser le sillon.
04:56 Donc parfois, c'est important de se répéter.
04:59 -Quand on le répète pas, on l'encre pas et on le garde pas.
05:03 -Voilà, donc c'est important.
05:05 Et puis après, il faut faire des associations.
05:07 On a parlé de l'émotion, du sens,
05:09 et après, on peut aussi faire des associations
05:12 avec d'autres zones du cerveau.
05:14 Pour que tout le monde se souvienne...
05:16 Répétition, c'est ce qu'on a appris tout jeune,
05:18 mais oui, donc, en icard,
05:20 faire des petites phrases avec des moyens mnémotechniques.
05:23 Tu veux te souvenir de la capitale de l'Australie ?
05:26 Tu penses "Australie", tu penses "Kangourou", tu penses "Canberra".
05:30 Il y a plein de choses à faire.
05:32 -Quand on a des oublis,
05:33 c'est dû au fait qu'on accorde moins d'importance
05:37 à certaines choses que d'autres,
05:39 et ça peut être dû à quoi d'autre ?
05:41 Il y a d'autres raisons qui font que tu oublies
05:44 à certains moments, et d'autres moments où tu retiens tout.
05:47 -Il faut être motivé, déjà, on l'a dit,
05:50 mais après, tu as raison, il y a des moments
05:53 où on se souvient bien,
05:54 et d'autres moments où on se souvient moins bien.
05:57 Déjà à 20 ans, on se souvient beaucoup mieux.
06:00 Il y a l'âge aussi.
06:01 Mais ça se travaille tout au long de la vie.
06:03 On peut apprendre des choses à 90 ans, à 100 ans, on peut.
06:07 Après, il y a la fatigue.
06:09 On a parlé de la phase de stockage, de tri, etc.
06:12 C'est essentiellement pendant le sommeil.
06:15 Tu te rends pas compte, mais il se passe plein de choses.
06:18 "Ca, c'est utile, je le garde, je le range là."
06:21 Le sommeil est essentiel à la mémorisation.
06:23 Si tu es fatiguée, si tu dors pas,
06:25 t'auras une mauvaise mémoire.
06:28 Après, il y a autre chose.
06:30 On sait que le stress et l'anxiété
06:33 provoquent des troubles de la mémoire,
06:36 touchent à la mémorisation.
06:38 Tu es complètement...
06:40 -Omnubilée par un autre sentiment.
06:42 -Omnubilée par tes idées, ton stress, ton anxiété.
06:45 On a même fait des IRM chez des anxieux chroniques.
06:48 On s'est aperçus que chez ces anxieux chroniques,
06:52 il y avait même à l'imagerie des zones de la mémoire
06:55 impliquées dans la mémoire qui étaient touchées.
06:58 C'est important de le savoir.
07:00 Si c'est lié à votre anxiété, le fait de traiter l'anxiété...
07:03 -C'est pas une pathologie toute seule,
07:06 c'est le stress qui la provoque.
07:07 -Exactement. -On enlève les troubles.
07:10 -Autre chose, l'alcool.
07:11 On sait que c'est des molécules...
07:14 On peut oublier tout ce qu'on a fait la veille au soir.
07:17 Il y a l'alcool, l'ennemi de la mémoire.
07:19 Après, il y a certains médicaments,
07:21 les somnifères, les antidépresseurs,
07:24 qui provoquent aussi...
07:25 C'est important de savoir d'où ça peut venir,
07:28 toujours de rechercher les causes
07:30 pour savoir si c'est normal ou pas.
07:32 -On n'est pas tous égaux face à la mémoire ?
07:35 On n'a pas tous les mêmes mémoires ?
07:37 À quoi c'est dû ?
07:38 Est-ce que c'est génétique ?
07:40 -Effectivement, on n'a pas tous la même mémoire.
07:43 C'est une certitude.
07:44 Certains ont une mémoire d'éléphant,
07:46 d'autres sont hypermnésiques,
07:48 qui retiennent tout. C'est un enfer.
07:50 -On connaît toutes les dates. -Tout, tout, tout.
07:53 Même toutes les infos.
07:55 Après, c'est vrai qu'il y en a qui ont une mémoire
07:58 un peu plus... On va dire moins forte.
08:01 On dit qu'il y en a qui ont une mémoire visuelle,
08:04 très bien. Ça, c'était écrit en haut de la page,
08:06 donc je m'en souviens, il faut que je repère.
08:09 -Ils mettent des couleurs. -C'est pas par hasard.
08:12 Il y en a qui ont une mémoire plutôt auditive,
08:14 plutôt factive.
08:15 On a plein de mémoires différentes,
08:18 et c'est important de le comprendre.
08:20 Après, on n'est pas tous égaux.
08:22 On dit que les hommes et les femmes
08:23 n'ont pas les mêmes mémoires.
08:25 Ça ne veut pas dire qu'il y en a une qui est mieux.
08:28 Donc, on n'est pas tous égaux devant la mémoire.
08:31 -On a parlé tout à l'heure des moments de vie
08:33 où on est plus ou moins stressé, fatigué,
08:36 et que ça a un impact sur la mémoire,
08:38 et qu'avec le temps, la mémoire décline un peu.
08:40 Mais on n'a pas parlé de toute cette période de l'enfance
08:45 où on n'a aucun souvenir.
08:47 Alors, comment ça se fait
08:48 qu'aucun enfant n'ait de souvenir de son enfance ?
08:51 -Oui, tu as raison.
08:52 -On n'a pas aucun souvenir.
08:54 On ne peut pas aller chercher des souvenirs.
08:57 "Oui, à deux ans, j'ai fait ça."
08:59 -C'est ce qu'on appelle l'amnésie infantile.
09:01 C'est dans le monde entier, c'est tout le monde pareil.
09:04 Il y a plusieurs raisons qui expliquent
09:06 cette amnésie infantile, cette absence de souvenir.
09:09 Déjà, avant 18 mois,
09:11 un enfant ne se reconnaît même pas devant un miroir.
09:14 Donc, il n'a pas conscience de lui, si tu veux.
09:17 -Il ne peut pas comprendre.
09:18 -Il ne peut pas dire où il était.
09:21 Ensuite, jusqu'à deux ans, deux ans et demi,
09:23 il n'a pas encore acquis le langage.
09:26 Donc, il ne peut pas nommer les choses,
09:28 il ne peut pas dire "je me souviens de tel endroit
09:31 "avec mon oncle, ma tante,
09:34 "au cirque", tu vois. Il ne peut pas.
09:36 Et après, surtout, la fameuse zone que l'on a montrée tout à l'heure,
09:40 l'hippocampe, qui est le carrefour essentiel de la mémoire,
09:44 en fait, c'est dans la petite enfance
09:47 qu'il va exploser, cette zone va se construire,
09:50 il va y avoir tout un tas de neurones,
09:52 de connexions qui vont se consolider, etc.
09:55 Et pour certains, ce serait cette fortification
09:58 de toutes ces neurones,
10:00 cette construction neuronale, synaptique, des circuits, etc.,
10:04 qui, en fait, se serait faite au détriment des anciens.
10:07 Mais attention, ça ne veut pas dire
10:09 qu'il ne se passe rien pendant la petite enfance.
10:12 -Ce n'est pas parce qu'il ne peut rien faire.
10:15 -C'est pas parce qu'il ne s'en souviendra pas.
10:17 -Surtout pas. Au contraire, c'est l'âge de tous les apprentissages,
10:21 c'est l'âge de tous les liens affectifs,
10:24 c'est l'âge où tu peux apprendre 12 langues.
10:27 -Même s'il ne peut pas s'en souvenir
10:29 et mettre des mots sur ce qui s'est passé,
10:31 ça a quand même un impact sur tout.
10:33 -Bien sûr, c'est l'âge où il faut le stimuler de toutes parts,
10:37 où il faut qu'il y ait des interactions sociales,
10:40 où il faut qu'il voit ses grands-parents,
10:42 bien sûr, ses parents aussi, mais c'est l'âge où tout se fait.
10:46 Mais en revanche, c'est l'amnésie du souvenir.
10:49 Pour certains, c'est jusqu'à 3 ans et demi,
10:51 pour d'autres, c'est plus long.
10:53 -Je reviens aux adultes, maintenant,
10:55 au souvenir, au mémoire, et surtout, la question,
10:58 c'est quand est-ce qu'on s'en inquiète
11:00 si demain, je suis face à quelqu'un
11:03 qui oublie de prendre ses clés,
11:05 est-ce que c'est grave,
11:06 qui ne sait plus où est garé sa voiture ?
11:09 A quel moment on s'inquiète ?
11:10 A quel moment c'est grave ?
11:12 A quel moment c'est potentiellement une maladie ?
11:15 -Tout ce que tu viens de dire, c'est tout à fait normal.
11:19 Soyez rassurée, c'est tout à fait normal
11:21 d'oublier ses clés, de savoir où on a garé sa voiture,
11:24 de ne pas savoir, pardon, d'entrer dans une pièce et de se dire...
11:28 -Qu'est-ce que je fais là ? -Qu'est-ce que je fais ici ?
11:31 Tu vois ce que je veux dire.
11:33 Tout ça, c'est tout à fait normal.
11:35 Et de ne pas souvenir d'un nom.
11:37 -C'est un choix du cerveau de ce qui est important ou pas.
11:40 -Et tout ça, c'est pas essentiel.
11:42 Et puis, souvent, ça revient.
11:44 Après, tu te dis que tu l'as garé.
11:46 Alors, ce qui peut vous inquiéter,
11:48 c'est quand ces oublis, en fait, ils deviennent définitifs.
11:52 C'est-à-dire que ça revient jamais.
11:54 -Ah oui, on se dit pas "Ah tiens, il s'appelait comme ça."
11:57 -Non, définitifs.
11:59 Quand la personne répète plusieurs fois la même chose.
12:03 C'est-à-dire que quand tu dis...
12:05 D'abord, quand ils sont fréquents, tout le temps,
12:08 ensuite, quand tu répètes...
12:09 La personne qui vous dit "Mercredi, j'ai rendez-vous chez le docteur",
12:13 "Ah oui, c'est mercredi que j'ai rendez-vous chez le docteur",
12:17 le lendemain, ça veut dire qu'il l'a oublié, lui.
12:20 Donc, il le répète.
12:21 Ou alors, quand on peut plus faire quelque chose,
12:24 des tâches quotidiennes.
12:25 Des tâches... Aller faire les courses, on oublie toujours,
12:28 préparer un gâteau au chocolat qu'on prépare depuis 40 ans,
12:31 on oublie la recette.
12:33 -C'est que des choses du présent. -Du quotidien.
12:36 -Du quotidien.
12:37 -Quand ça va gêner ta vie, ton quotidien.
12:40 Donc, ça, c'est important.
12:41 -On peut pas savoir si c'est une maladie ou pas
12:44 en lui disant "Est-ce que tu te souviens
12:46 "de la date de ton anniversaire ?"
12:48 Ça n'a rien à voir. C'est que des choses...
12:51 -C'est essentiel, ce que tu dis.
12:52 Une personne qui commence à souffrir de troubles de la mémoire,
12:56 elle oublie qu'elle l'oublie.
12:58 C'est souvent l'entourage qui s'en aperçoit.
13:00 -Il peut s'en énerver. -Il faut pas s'énerver.
13:03 Lui demander de se souvenir,
13:05 c'est comme si tu demandais à un paraplégique de marcher.
13:08 Il faut surtout pas...
13:09 Là, on a parlé d'une pathologie assez particulière.
13:12 Sinon, il faut pas oublier que la mémoire,
13:15 elle est parfois facétieuse, elle te joue des tours,
13:18 mais elle est essentielle et elle se travaille toute la vie.
13:21 C'est tellement important, la mémoire.
13:23 C'est ce qui fait que tu es toi, que tu connais le monde,
13:26 que tu es en relation avec les autres.
13:28 C'est essentiel, donc il faut la faire travailler.
13:31 Il faut se tester, se répéter les choses, se souvenir.
13:34 Faut peut-être un peu oublier de temps en temps
13:37 toutes les mémoires externes, tu sais,
13:39 les smartphones, les agendas.
13:41 Essayez de faire travailler votre mémoire,
13:44 dans tous les domaines, des domaines qui vous plaisent,
13:47 mais c'est essentiel de la faire travailler toute la vie.
13:50 -Merci.
13:51 -Docteur Jean-Michel Cohen, bienvenue.
13:59 Vous êtes médecin, vous êtes médecin nutritionniste.
14:02 On assiste depuis quelques années à une augmentation du surpoids,
14:07 je vais dire, de plus en plus tôt, chez les enfants.
14:09 Donc à quel moment on doit s'inquiéter ?
14:12 -Il faut vraiment d'abord s'en inquiéter,
14:14 parce qu'on sait aujourd'hui qu'un enfant qui est obèse
14:18 a deux à quatre fois plus de chances d'être obèse
14:20 quand il sera adulte, et un adolescent...
14:22 -De risque. -De risque, oui.
14:24 Et un adolescent qui est obèse aura deux fois plus de possibilités
14:28 de devenir obèse à l'âge adulte, donc il faut anticiper là-dessus.
14:31 On a deux systèmes pour voir si on est dans cette situation.
14:35 Le premier est assez simple.
14:36 On regarde sur le carnet de santé de l'enfant,
14:39 si son poids, dans l'ensemble des courbes qu'on a,
14:42 se situe dans la moyenne, en haut ou en bas, peu importe,
14:45 mais s'il se situe à l'intérieur de cet espace.
14:47 -Les courbes sont dans le carnet de santé.
14:50 -On demande souvent aux parents leurs sentiments.
14:52 Les parents peuvent avoir le sentiment
14:55 de voir leur enfant grossir, ça, c'est à l'oeil.
14:57 Si les parents voient ça, ils consultent le pédiatre.
15:00 -Est-ce que vous pensez que les parents sont bons juges,
15:03 en tout cas des juges objectifs, du poids de leur enfant ?
15:06 -Vous avez raison. Les parents ont tendance à considérer
15:10 que leur progéniture a toutes les qualités de la Terre,
15:13 mais on peut utiliser ce système.
15:15 Le système beaucoup plus percutant, c'est le rebond de poids.
15:18 Le rebond de poids, ça signifie quoi ?
15:20 De zéro à un an, l'enfant est assez statique,
15:23 en fait, il grossit plus vite qu'il ne grandit.
15:26 À partir d'un an, quand il commence à bouger,
15:29 il va grandir plus vite qu'il ne grossit.
15:32 -Il va s'allonger, il va s'affiner.
15:34 -On regarde à quel moment, justement, il recommence à grossir.
15:38 Si cela se produit avant l'âge de 6 ans,
15:41 on sait qu'on est dans une zone à risque.
15:44 Si c'est avant le moment, c'est 6 ans.
15:46 Mais si c'est avant 6 ans, on sait qu'on a un problème.
15:49 -C'est un bon... -C'est l'indicateur des médecins.
15:52 Après, il y a d'autres effets.
15:54 -Donc, si votre enfant grossit...
15:57 Enfin, s'il grandit jusqu'à 6 ans,
16:01 c'est tout à fait normal, m'insirer et grandir.
16:03 Mais si, en revanche, il est toujours en surpoids avant 6 ans...
16:07 -Si avant l'âge de 6 ans, on observe la reprise de poids,
16:10 le rebond de poids, ça nous pose un problème.
16:13 -Il va se faire de toute façon,
16:15 mais s'il reprend du poids trop tôt, c'est un mauvais signe.
16:18 -Ca, qui le regarde ? Le médecin ?
16:20 -Oui, parce qu'on regarde l'évolution du poids.
16:23 C'est pour ça que la courbe de poids chez les enfants
16:26 est aussi déterminante que le périmètre crânien, la taille, etc.
16:30 Il faut le regarder.
16:31 Après, vous avez une autre évaluation.
16:34 Il ne faut pas être aveugle.
16:35 Il y a des enfants plus gros que d'autres,
16:38 mais plus musclés que d'autres.
16:40 On regarde la répartition corporelle.
16:42 On a des enfants qui sont élevés,
16:44 mais qui ont une musculature plus puissante.
16:47 -Déjà tout petits ? -Oui.
16:48 On a des enfants qui ont une stature athlétique.
16:51 La quatrième chose, c'est vraiment élémentaire à vérifier,
16:55 c'est la sédentarité.
16:56 Ne vous étonnez pas qu'un enfant prenne du poids
16:59 si c'est trop sédentaire.
17:00 -Ca, il faut le répéter.
17:02 -On est obligés de le répéter en permanence
17:04 car on a été envahi par des loisirs qui n'étaient pas physiques.
17:08 Et la dernière chose,
17:10 c'est d'assurer à l'enfant l'environnement psychologique
17:13 et le sommeil.
17:14 Essayer de faire une relation entre l'évolution du corps de l'enfant,
17:18 le sommeil et la psychologie.
17:20 Un enfant qui dort mal risque d'avoir des problèmes de poids.
17:23 -C'est variable chez les adultes aussi.
17:25 -Oui, c'est tout à fait vrai.
17:27 -Donc, importance de tous ces points,
17:30 la courbe, le rebond, la répartition corporelle,
17:32 la sédentarité.
17:34 Les enfants sont faits pour bouger,
17:36 pas pour rester scotché devant des écrans.
17:39 Après, qu'est-ce qu'on fait ?
17:40 -Alors, il y a un message très important
17:43 que je voudrais faire passer,
17:45 c'est faire un régime chez un enfant
17:47 est un acte qui n'est pas naturel.
17:49 On ne fait pas de régime chez les enfants
17:51 avant l'âge de 11 ans.
17:53 Avant l'âge de 11 ans, on éduque les parents,
17:55 on leur apprend à faire une cuisine saine,
17:58 on leur apprend à varier l'alimentation,
18:00 on ne fait pas faire un régime avant l'âge de 11 ans.
18:03 Si vous les faites, vous les mettez dans un état de frustration
18:07 et plus tard, ils vont se relâcher
18:09 et ils feront à leur guise
18:10 avec ce sentiment d'avoir été privé.
18:13 Après l'âge de 11 ans, on peut élaborer
18:15 des modèles alimentaires si on en a envie,
18:18 mais avec l'accord de l'enfant jusqu'à l'âge de décider
18:21 ce qu'il veut faire.
18:22 -Il y a des choses comme la pâte soda,
18:24 ça paraît évident.
18:25 C'est pas du régime.
18:27 -Bien sûr. La première chose, déjà, grignotage.
18:30 On empêche le grignotage, on fait 4 repas par jour
18:32 chez les enfants comme chez les adolescents,
18:35 on fait le goûter et le dîner.
18:37 Le grignotage est interdit.
18:39 -Vous avez mis à éviter ?
18:40 Ça sert à rien, sauf pour les fêtes.
18:42 -J'ai mis à éviter les sodas,
18:44 parce qu'il ne faut pas être naïf.
18:46 Les enfants sont attirés vers ça.
18:48 Quand on leur donne des sucreries,
18:50 on les donne à proximité des repas.
18:52 Les sodas, c'est des calories vides,
18:55 donc ça n'a pas intérêt.
18:56 On les fait manger à un heure fixe
18:58 pour donner une routine et faire fonctionner le cerveau
19:01 en fonction des désirs de manger ou non.
19:04 On augmente l'activité physique, ça semblait évident.
19:07 Et il y a un truc simple.
19:08 Essayez de cuisiner avec vos enfants,
19:11 de préparer des recettes avec eux,
19:13 et même, si j'osais demander,
19:14 de préparer les menus avec les enfants.
19:17 Quand un enfant a choisi son menu, il le mange.
19:20 Quand on lui impose un légume et qu'il n'a pas envie de le manger,
19:23 il ne le mange pas.
19:25 Quand on fait ça, on cuisine avec eux,
19:27 ça se passe mieux, ça crée une harmonie dans la famille.
19:30 -C'est une bonne idée.
19:32 En plus, je lui ai expliqué ce qui est bon pour lui.
19:35 C'est très intéressant.
19:36 Mais tout le monde dit,
19:38 de nombreux nutritionnistes, d'ailleurs,
19:40 disent que c'est génétique.
19:42 Quelle est la part de la génétique
19:44 dans ce surpoids chez les enfants et du reste ?
19:47 -Ça existe.
19:48 J'ai fait partie de l'équipe qui a trouvé le 1er gène de l'obésité
19:51 avant qu'on en trouve 150 autres.
19:53 Mais on ne sait pas encore comment ça fonctionne.
19:56 Le comportement alimentaire est déterminant.
19:59 Si on est dans une famille qui n'a pas de façon de manger
20:02 avec le poids de l'enfant, ça ne se passe pas bien.
20:05 -Merci beaucoup pour tous ces conseils.
20:07 Merci, Dr Cohen.
20:08 Merci à vous de nous avoir suivis.
20:10 Restez en notre compagnie.
20:12 L'info, c'est sur CNews.

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