Le "8h30 franceinfo" de Yannick Jadot

  • il y a 7 mois

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00:00 (Générique)
00:07 Bonjour Yannick Jadot.
00:08 Bonjour.
00:08 Après l'électricité, ce mois-ci, nouvelle hausse du gaz en juillet prochain entre 5,5 et 10,4%.
00:15 Même si les consommateurs sont moins nombreux, les coûts d'acheminement et d'utilisation du réseau restent les mêmes.
00:20 Est-ce que vous entendez cet argument qui justifie cette hausse ?
00:24 L'énergie, ça coûte cher.
00:25 On le sait, malheureusement, on l'a vu avec l'électricité, on le voit avec le gaz, ça coûte cher.
00:32 Aujourd'hui, pour nous approvisionner, on va sur les marchés internationaux,
00:36 on va chercher y compris du gaz de schiste aux États-Unis, en Amérique du Nord.
00:41 Donc ça coûte cher.
00:42 La question c'est, est-ce qu'on doit toutes et tous avoir le même tarif pour l'énergie, pour l'électricité comme pour le gaz ?
00:49 Les écologistes, depuis très longtemps, se battent pour que les premiers kWh,
00:56 les premiers mètres cubes pour le gaz ou les premiers mètres cubes pour l'eau soient moins chers
01:02 parce qu'ils correspondent à des besoins essentiels pour les familles.
01:05 Mais là, le prix du gaz en augmentation, ce n'est pas dû au prix du gaz lui-même, c'est vraiment pour l'entretien du réseau.
01:11 Oui, mais il y a une réalité des prix.
01:12 On peut se scandaliser de l'augmentation du prix de l'électricité ou du prix du gaz.
01:19 Le nucléaire, ça coûte cher.
01:20 On nous a vendu pendant des décennies que le nucléaire ne coûtait pas cher.
01:24 La réalité, c'est qu'on paye avec nos impôts ce qu'on ne paye pas sur nos factures.
01:30 Donc la question, ce n'est pas est-ce que l'énergie doit être chère ?
01:35 Il y a des vérités de prix.
01:37 La question, c'est est-ce que celles et ceux pour qui ces factures insupportables
01:43 payent le même prix que celles et ceux qui peuvent payer les factures ?
01:49 Nous, nous sommes pour que…
01:51 Mais ça veut dire que c'est un tarif social de l'énergie.
01:54 Augmenter de manière non…
01:55 Mais ça existe, il y a des chèques énergie, ce n'est pas suffisant ?
01:57 Non, exercer de manière non discriminée le prix du gaz comme le prix de l'électricité
02:03 pour tous les consommateurs, ça, c'est une faute sociale.
02:06 Encore une fois, pour les premiers prix des kWh.
02:10 Il y a des chèques énergie, ça existe, des aides aux ménageurs.
02:13 Mais ce n'est pas assez.
02:15 Regardez, quand il y a eu le bouclier sur l'énergie,
02:18 ça a coûté des dizaines de milliards d'euros.
02:22 Ça a davantage profité à ceux qui ont des grandes maisons,
02:26 à ceux qui ont des grosses voitures, qu'à ceux qui ont des petits logements
02:30 qui sont en précarité énergétique ou qui ont des petites voitures.
02:33 Ça, ça ne va pas.
02:34 Techniquement, vous faites comment si ce n'est pas des chèques énergie ?
02:36 Vous savez, il y a eu un tarif social de l'électricité à une époque
02:40 et ça fonctionnait très bien.
02:41 C'est ça qu'il faut réinstaller.
02:43 Avec les critères de revenus.
02:44 Les premiers kWh, les premiers mètres cubes d'eau,
02:47 les premiers mètres cubes de gaz sont moins chers.
02:50 Et plus vous augmentez en consommation, plus c'est cher.
02:53 Il faut remettre du social dans notre politique énergétique.
02:57 Yannick Jadot, la grande majorité des tracteurs sont rentrés dans leurs exploitations.
03:01 Le gouvernement a multiplié les annonces pour mettre fin à cette crise et notamment,
03:05 notamment cette pause décrétée dans le plan Eco-Fito qui avait été lancé en 2008,
03:09 reconduit par François Hollande et Emmanuel Macron.
03:11 Sa quatrième version était en discussion.
03:13 Elle est pour le moment en surpause pour au moins trois semaines jusqu'au Salon de l'agriculture.
03:18 Est-ce que vous faites confiance au gouvernement ou est-ce que vous estimez que ce plan est enterré ?
03:22 C'est criminel.
03:24 Ce qu'est en train de faire ce gouvernement, du point de vue de la santé publique,
03:28 du point de vue de la santé des agriculteurs vis-à-vis de l'environnement,
03:31 c'est tout simplement criminel.
03:34 Souvenez-vous qu'avec les mêmes arguments, exactement les mêmes arguments,
03:39 qui est de dire les normes, la contrainte écologique, la bureaucratie,
03:44 ils ont laissé le chlordécone pendant des années aux Antilles.
03:49 Les mêmes lobbies, les mêmes lobbies de l'agriculture,
03:53 qui ne sont pas les petits paysans, les mêmes lobbies de l'agriculture,
03:56 soutenus par les mêmes forces politiques,
03:59 ont laissé par exemple le chlordécone dans les Antilles pendant des années, des années.
04:03 Mais là, vous auriez dit quoi à vous, aux agriculteurs ?
04:05 C'est extrêmement grave ce qui se passe.
04:07 On a dans les Antilles, à la Guadeloupe et à la Martinique,
04:10 le taux le plus élevé au monde de cancer de la prostate.
04:13 C'est 90% des personnes qui sont contaminées,
04:18 des terres qui sont infectées, contaminées pour des décennies, voire des siècles.
04:22 Mais si on parle de la décision de ce week-end ?
04:24 Quand on a des instances de santé qui disent que les pesticides génèrent des cancers,
04:32 qui disent que les pesticides génèrent des problèmes de malformation,
04:35 de développement, de Parkinson, d'Alzheimer,
04:39 et bien la responsabilité politique, c'est de tout faire pour en sortir,
04:43 en accompagnant les agriculteurs.
04:45 Et j'aimerais, vous savez, les tribunaux...
04:46 Mais vous avez entendu comme nous, Yannick Jadot, le ministère de la Transition écologique.
04:49 Il y a eu un non-lieu sur le chlordécone, comme sur l'amiante,
04:52 pour les responsables politiques qui ont pris ces décisions.
04:55 J'espère qu'ils auront un jour à rendre des comptes,
04:57 devant les Françaises et les Français,
04:59 mais aussi devant la justice pour cette agriculture.
05:01 Mais vous dites quoi aux agriculteurs qui, pendant des jours, se sont mobilisés et ont dit
05:04 "effectivement, il y a trop de normes écologiques,
05:07 effectivement, nous, sur les pesticides, on n'arrive pas à suivre
05:09 parce qu'on n'a pas d'alternative".
05:11 Vous leur dites quoi, eux ?
05:12 Un, vous avez...
05:14 Il y a, dans notre pays, 60 000 fermes qui fonctionnent en agriculture biologique.
05:19 Sur 400 000.
05:20 Oui, mais de dire qu'il n'y a pas d'alternative, c'est simplement mensonger.
05:25 Il y a des agriculteurs dans notre pays qui ont fait le choix de produire sans pesticides,
05:31 avec des rendements qui sont équivalents.
05:33 Vous avez, le plus souvent, des rendements un peu baissés,
05:37 mais des charges beaucoup moins importantes,
05:41 et selon le rapport de la Cour des comptes, avec de meilleurs revenus.
05:45 Parce que quelle était la revendication des paysannes et des paysans,
05:48 des agricultrices et des agriculteurs ?
05:50 C'est le revenu.
05:51 Au fond, qu'est-ce qu'a dit le gouvernement ?
05:54 Regardez, on va taper les écologistes, on va taper l'environnement,
05:57 et parce qu'ils auront perdu, peut-être vous aurez gagné.
06:00 Qu'est-ce qu'ils ont obtenu structurellement sur leur revenu ?
06:03 Rien. Et puis, on parle de science.
06:06 Il y a eu une expérience menée par le CNRS sur des milliers d'hectares dans les Deux-Sèvres,
06:12 du côté de Chizé, des milliers d'hectares.
06:14 Ils ont réduit de 50% les pesticides.
06:17 C'est le plan qui est en permanence reporté, en permanence non achevé.
06:23 Ils ont réduit de 50% les pesticides, pas de perte de productivité.
06:27 Donc c'est possible, mais qu'est-ce que vous dites ?
06:29 Et au contraire, ils ont gagné 200 euros par hectare.
06:32 Qu'est-ce que vous redisait la NSA qui, parmi ses revendications,
06:35 dit "en fait, ces baisses des pesticides, il faut que ce soit optionnel".
06:39 Écoutez, moi je leur dis que notre responsabilité politique,
06:43 c'est de faire en sorte encore une fois que l'argent de la PAC accompagne les transitions.
06:48 Vous savez, il y a ceux qui ont fait la transition.
06:50 Il y a les agriculteurs.
06:52 La mobilisation, elle a commencé dans les Pyrénées.
06:54 Ils sont parfaitement conscients qu'il n'y a plus d'eau.
06:56 Regardez la catastrophe qu'il y a en Catalogne sur les restrictions d'eau.
07:00 Il n'y a plus d'eau dans l'agriculture.
07:01 Mais ça c'est un autre sujet.
07:02 Non, non, non, c'est pas l'autre sujet.
07:04 Il y a des agriculteurs qui vous écoutent ce matin,
07:06 qui doivent bondir, qui doivent se dire "mais en fait,
07:07 ils ne se rendent pas compte de nos réalités".
07:09 Non, au contraire.
07:10 Nous, on n'a pas d'alternative, on a moins de rendement.
07:12 Nous sommes les seuls qui nous rendent des comptes de leurs difficultés.
07:16 Leur difficulté, c'est d'être bien payé.
07:19 La FNSEA, et en tout cas la direction de la FNSEA, qui a négocié,
07:23 ce sont ceux, on a interrogé le patron de la FNSEA,
07:26 encore au Sénat la semaine dernière.
07:29 Il n'est pas contre les importations d'agneaux de Nouvelle-Zélande
07:32 qui vont sacrifier nos éleveurs d'agneaux
07:34 parce qu'il veut faire du business à l'international.
07:38 Il ne combatte pas les marges excessives, incroyables,
07:43 de l'agro-industrie et de l'agro-alimentaire et de la distribution.
07:47 Parce que ce système qui dépend pour les engrais de l'importation,
07:51 pour les pesticides de l'importation, pour le soja de l'importation,
07:55 qui dépend de l'agro-alimentaire et de l'industrie de transformation,
07:58 pour la sortie de leurs produits.
08:01 Ce système les tue. C'est ce système-là qui les tue.
08:04 Et nous ce que nous disons...
08:05 Mais vous vantez le bio, mais là c'est la filière qui est la plus en crise en France.
08:08 Ça coûte très cher pour les Français qui veulent se nourrir.
08:10 Mais ici il n'y a pas de clientèle.
08:11 Parce que les agriculteurs constatent qu'il n'y a pas de clients.
08:14 Non, écoutez, franchement, ce gouvernement, depuis 2017,
08:18 il a sacrifié la filière bio.
08:20 On parle des lois Egalim.
08:22 Dans la loi Egalim, dans toutes les cantines,
08:25 il devrait y avoir 20% de bio, 50% de produits locaux.
08:31 On est à 7% de produits bio.
08:33 C'est le gouvernement.
08:35 Vous voyez, c'est l'abordage sur les normes.
08:38 Les normes que combattent l'agro-alimentaire sur le trop salé,
08:41 le trop sucré, le trop gras, avec une explosion de l'obésité.
08:45 Eh bien, ces mêmes agro-industriels,
08:49 et ce gouvernement, c'est ceux qui multiplient les labels
08:53 pour créer de la confusion.
08:54 Ils ne veulent pas de normes.
08:55 Ils veulent des labels dans les grandes surfaces.
08:58 Ils faisaient de 30 à 40% de marge sur le bio.
09:01 Et parce que d'un seul coup, ils ne font plus 30 à 40%,
09:04 ils ont éliminé le bio de leurs rayons.
09:06 Yannick Jadot.
09:07 Et donc, bio, comme on est toutes les autres filières agricoles,
09:10 travaillons, travaillons sur les revenus.
09:12 C'est ça que demandent les agriculteurs.
09:14 Ils ne demandent pas d'être en dehors de l'environnement.
09:17 Ils ne demandent pas d'avoir une agriculture sans la nature.
09:20 Ils veulent des revenus.
09:21 Et c'est le combat des écologistes.
09:23 Yannick Jadot, on vous retrouve juste après le Fil info,
09:24 puisqu'il est déjà 8h42.
09:26 Sophie Echêne.
09:27 L'ambassadeur de Russie en France va être convoqué au Quai d'Orsay
09:31 aujourd'hui après la mort de deux humanitaires français
09:33 dans une frappe russe en Ukraine jeudi dernier.
09:36 Le ministère des Affaires étrangères compte également dénoncer
09:38 le regain de désinformation qui cible la France.
09:41 Le Quai d'Orsay qui se dit prêt aussi à apporter de l'aide au Chili.
09:45 Alors que le pays est ravagé par de puissants incendies depuis vendredi.
09:48 Un bilan encore provisoire fait état de 112 morts,
09:51 deux jours de deuil national en débat récement.
09:54 L'Union africaine lance un appel au dialogue au Sénégal
09:56 où la situation se crispe après l'annonce du report de l'élection présidentielle
10:00 prévue dans trois semaines.
10:02 Des heures ont éclaté hier entre les manifestants et la police
10:04 qui a riposté à coups de grenades lacrymogènes.
10:07 Et puis record battu pour Taylor Swift au Grammy Awards.
10:10 La star de la pop américaine remporte l'album de l'année pour la quatrième fois.
10:14 C'est plus que Frank Sinatra ou encore Stevie Wonder.
10:17 Billie Eilish et Elle gagnent le titre de chanson de l'année
10:20 pour "What I was made for" écrite pour le film Barbie.
10:23 Et toujours avec Yannick Jadot, sénateur écologiste de Paris,
10:35 on parle de l'agriculture.
10:37 Il y a un point au moins sur lequel vous pourriez donner raison au gouvernement.
10:40 Est-ce que vous êtes d'accord avec lui sur le fait que l'accord Mercosur
10:44 n'est pas négociable en l'état ?
10:46 Ah bah oui, vous savez, moi ça fait 30 ans que je me bats
10:51 contre les accords de libre-échange, y compris quand ça concerne l'agriculture.
10:55 À un moment, c'est la mondialisation de la malbouffe,
10:57 c'est la disparition des paysans au sud comme au nord.
11:00 C'est toujours mauvais le libre-échange par principe ?
11:02 Non, les échanges ne sont pas mauvais.
11:04 Mais pardon, on n'a pas besoin d'accords de libre-échange pour exporter du vin.
11:08 Il y a du vin français se boit dans le monde entier,
11:11 des fromages français se mangent dans le monde entier.
11:14 Il n'y a pas besoin d'accords de libre-échange.
11:16 La balance commerciale agricole, elle est excédentaire pour la France dans le monde.
11:20 Mais essentiellement...
11:21 Pourquoi c'est totalement mauvais les accords de libre-échange ?
11:23 Mais parce qu'à un moment donné, il y a des choix à faire.
11:26 J'entends bien les grands céréaliers, qui eux n'ont pas de problème de revenu.
11:32 Eux, leur problème, c'est effectivement qu'à un moment donné,
11:34 sur des plaines céréalières, il n'y a pas un arbre, pas une haie,
11:38 pas une mare, pas un muret, rien du tout.
11:41 Ils veulent que ça continue comme ça.
11:42 Et ils ont gagné avec ce gouvernement.
11:44 Il n'y aura pas de jachère et on ne remet pas de la biodiversité,
11:48 alors que c'est le cœur de la vie, y compris pour l'agriculture.
11:52 Et donc, il y en a qui veulent exporter, faire beaucoup d'argent.
11:56 Les mêmes ont cassé les quotas laitiers,
11:59 qui ont mis en difficulté nos éleveurs laitiers.
12:01 Les mêmes, pour faire de l'argent international, ont cassé les quotas sucriers.
12:06 Mais vous ne pouvez pas dire que les échanges, c'est mauvais.
12:07 On a beaucoup d'agriculteurs qui exportent et c'est grâce à ça qu'ils vivent.
12:10 Mais je ne dis pas qu'il faut supprimer tous les échanges.
12:16 Mais on ne peut pas, et c'est la politique du gouvernement,
12:20 en même temps dire "nous voulons exporter et nous ne voulons pas importer".
12:24 À un moment donné, il faut un petit peu de cohérence.
12:27 Si on veut être plus autonome sur, par exemple, l'alimentation animale,
12:32 vous savez qu'on importe énormément de soja qui détruit l'Amazonie,
12:36 et qu'on utilise beaucoup de nos terres pour vendre des céréales dans le monde,
12:42 ou quand il y a une peste porcine en Chine, pour élever du cochon.
12:47 Si à un moment donné, on veut être souverain alimentairement,
12:51 il faut que nos terres aillent, en respectant la nature,
12:56 de manière prioritaire sur le marché français et européen.
13:01 Mais qui est insuffisant pour nos agriculteurs aujourd'hui, non ?
13:04 En tout cas, c'est ce qu'ils disent. Ils ont besoin aussi d'exporter.
13:07 Mais certains ont besoin d'exporter.
13:08 Y compris, par exemple, notre blé pendant des années en Égypte.
13:10 Mais oui, et c'est ce qui touche l'aide publique.
13:12 C'est majoritairement ce qui touche l'aide publique.
13:14 En Europe, vous savez que 80% des aides vont vers les 20% les plus riches.
13:20 Ça veut dire que les 80% restants de nos paysans touchent que 20% des aides.
13:26 Et donc, en fait, on met beaucoup d'argent public
13:29 pour avoir une agriculture très intensive,
13:32 qui a un problème, la disparition des oiseaux, des insectes,
13:37 l'appauvrissement des terres, les maladies liées aux pesticides,
13:40 pour exporter. C'est un choix de société.
13:42 Moi, je préfère des paysans qui sont plus nombreux sur les terres,
13:48 plutôt que d'avoir énormément de mécanisation des pesticides, des engrais,
13:53 plus nombreux sur les terres, qui font une alimentation de meilleure qualité,
13:58 qui vendent sur des circuits réduits localement, nationalement,
14:02 à l'échelle européenne. Et c'est ça, le choix.
14:05 Vous appelez à plus de protectionnisme. Mais pardon, j'ai une question.
14:07 Mais alors, du coup, votre raisonnement, il est valable avec l'Ukraine.
14:10 Est-ce qu'il faut aussi arrêter les accords douaniers avec l'Ukraine
14:12 qui permettent notamment l'importation massive de poulets ukrainiens ?
14:15 Il faut aider l'Ukraine. C'est incontestable.
14:17 Bon, alors, on fait quoi, là ?
14:18 Mais est-ce qu'aider l'Ukraine doit se faire forcément en tuant nos éleveurs,
14:24 notamment nos éleveurs de volailles ?
14:26 On peut parfaitement aider l'Ukraine, y compris budgétairement,
14:30 y compris, vous savez que la France est un des pays qui aide le moins l'Ukraine
14:33 en matière d'armement. Donc, on est très en retard sur notre soutien à l'Ukraine
14:38 pour gagner la guerre. Donc, on peut les aider.
14:41 Mais aider, y compris économiquement l'Ukraine,
14:44 ça ne veut pas forcément dire sacrifier les nôtres.
14:47 Donc, on enlève les accords douaniers.
14:49 Donc, encore une fois, si on veut le gouvernement très bien sur le Mercosur,
14:54 finalement, on n'ira pas. Ils ont été très ambigus,
14:57 mais sous la pression, on n'ira pas.
14:59 Mais pourquoi ils signent avec la Nouvelle-Zélande en tuant nos éleveurs d'auvins ?
15:03 Pourquoi ils signent avec le Kenya ?
15:05 Vous pensez que les normes de production des fruits et des légumes au Kenya,
15:09 pourquoi on signe avec le Chili, où on va encore importer de la viande ?
15:13 Donc, que le gouvernement soit cohérent, mais encore une fois,
15:17 si on veut une agriculture avec des paysannes et des paysans nombreux
15:21 qui travaillent leur terre en respect de la nature, qui font des revenus,
15:26 et bien, ça ne peut pas être le commerce international.
15:28 Ça ne peut pas être que lactalis, et ça ne peut pas être d'élever des ports
15:32 de manière extrêmement intensive pour exporter en Chine.
15:35 Les mesures annoncées vendredi, elles coûtent 400 millions d'euros à l'État,
15:38 sans compter d'ailleurs le remboursement partiel de la taxe sur le gazole non routier.
15:42 Au passage, d'ailleurs, à la place du gouvernement,
15:43 vous auriez fait quoi sur cette question spécifique du carburant qu'on met dans les tracteurs ?
15:46 Ça n'a jamais été une revendication forte des écologistes de retaxer le gazole non routier,
15:53 parce que vous n'allez pas dans le champ en bus ni en train.
15:57 Donc là, vous êtes d'accord avec le gouvernement qui dit qu'il n'y a pas de solution de substitution ?
16:00 Non, parce qu'on a toujours dit, y compris quand il y a une fiscalité,
16:03 là, reconnaissez que c'est encore pour remplir les caisses de l'État.
16:08 Ce n'est pas une mesure en faveur d'un modèle plus soutenable en agriculture.
16:14 Donc moi, je n'ai pas de soucis sur cette mesure-là.
16:16 Ce n'est pas là qu'est l'enjeu.
16:18 Sauf qu'il va falloir trouver des économies ailleurs.
16:19 D'accord. Enfin, le gazole non routier, quand vous débattez avec les paysans,
16:23 là aussi, c'est les grands céréaliers qui avaient un problème.
16:26 Un paysan normal, c'est 24 euros par mois.
16:29 Là, sur le…
16:31 La croissance de fiscalité serait 24 euros par mois.
16:33 Ils veulent des revenus.
16:35 Et le plan du gouvernement, ce sont des aides d'urgence.
16:39 C'est le sacrifice de l'écologie.
16:41 Alors qu'y compris, l'État est condamné par les tribunaux administratifs dans notre pays,
16:46 pour ne pas agir assez sur les pesticides.
16:49 Ce qu'il nous faut, c'est structurellement aider sur les revenus.
16:53 Il y a une renégociation des lois EGalim.
16:55 Il faut des prix minimaux dans l'agriculture.
16:58 Quand vous avez…
16:58 C'est prévu.
16:59 Prenez le lait. Un seul exemple, le lait.
17:01 C'est dans la loi, ça.
17:02 C'est prévu, ça.
17:02 Non, non, ça ne marche pas.
17:04 Parce qu'en fait, dans la loi EGalim, ce qui doit être pris en compte,
17:07 ce sont des indicateurs de coûts de production.
17:10 C'est très vague.
17:10 Y compris, ça n'intègre pas forcément le travail,
17:13 alors qu'on sait qu'ils travaillent énormément, nos paysans.
17:16 Et puis, c'est une négociation avec un rapport de force qui est incroyablement défavorable.
17:20 Il y a des profiteurs industriels et des distributeurs.
17:22 71 000 producteurs de lait.
17:25 Vous avez trois…
17:27 Euh…
17:27 Euh…
17:28 Agro…
17:29 Euh…
17:29 Des industriels.
17:30 Industriels.
17:32 Et huit distributeurs.
17:33 Vous pensez que quand ils négocient, ils sont à poids égal ?
17:36 Ils sont à rapport de force un peu prééquilibrés ?
17:38 Donc, il faut des prix rémunérateurs garantis pour nos éleveurs
17:43 comme pour l'ensemble de nos paysans.
17:44 Yannick Jadot, sénateur écologiste de Paris, avec nous jusqu'à 9h sur France Info.
17:47 On laisse passer le Filinfo, il est 8h51.
17:50 Sophie Echene.
17:52 La Société Générale réorganise son siège à Paris et annonce la suppression d'environ 900 postes.
17:57 Il n'y aura pas de départ contraint, assure le groupe bancaire qui cherche à réduire ses coûts.
18:01 Le plan Eco-Fito censé réduire l'utilisation des pesticides
18:05 et mise en pause par le gouvernement pendant trois semaines, c'est criminel,
18:08 dit sur France Info le sénateur écologiste Yannick Jadot.
18:11 J'espère qu'ils auront un jour à rendre des comptes devant les Français,
18:14 mais aussi devant la justice.
18:16 Si sa prédécesseure y a souvent fait face, c'est une première pour Gabriel Attal.
18:20 Avant de partir pour Berlin, le Premier ministre a fonde ce matin à l'Assemblée
18:23 une motion de censure, déposée par la gauche,
18:25 qui lui reproche de ne pas avoir sollicité de vote de confiance
18:28 après sa déclaration de politique générale mardi dernier.
18:31 Cette motion de censure n'a pratiquement aucune chance d'être votée.
18:35 Avec près de 55% des votes, les Parisiens ont approuvé la hausse des tarifs de stationnement pour les SUV,
18:41 voitures lourdes et polluantes.
18:42 Leurs utilisateurs devront payer de 12 à 18 euros de l'heure, selon l'arrondissement.
18:47 La mesure ne concerne pas les habitants qui stationnent dans leur zone de résidence.
18:50 Yannick Jadot triplait le tarif de stationnement des SUV dans la capitale.
19:03 Anne Hidalgo l'a souhaité.
19:04 C'est ce qui va se passer, puisque après la votation organisée hier à Paris,
19:08 dans laquelle se sont rendus 78 000 votants,
19:13 on a donc 5,7% de participation, mais on a une majorité pour cette mesure.
19:17 Le tarif va dépendre du poids du véhicule.
19:19 Est ce que ça suffit à légitimer cette décision ?
19:22 Je rappelle que je suis l'obtenateur de Paris.
19:24 Bien sûr que ça suffit à légitimer.
19:25 Un, il n'y a pas d'obligation à faire une consultation citoyenne.
19:29 Les pros SUV se sont mobilisés.
19:33 Ceux qui pensent qu'ils prennent trop de place, que c'est trop combrant, trop polluant,
19:38 trop impactant pour la ville, ont gagné.
19:42 Et c'est très bien.
19:44 Oui, mais on a besoin de réapprendre la démocratie dans notre pays.
19:47 Si on ne l'avait pas fait, on aurait dit il n'y a pas de consultation.
19:49 Les gens sont tellement habitués à ce gouvernement,
19:52 à ce que, avec Emmanuel Macron, la démocratie soit sacrifiée.
19:56 Il faut réouvrir, il faut réapprendre.
19:59 C'est une pédagogie de la démocratie locale.
20:01 C'est très bien.
20:02 Il y a consultation.
20:04 Elle donne un résultat.
20:05 Et franchement, des SUV qui font plus de 2 mètres de large,
20:10 qui sont à moitié grimpés sur les trottoirs, c'est cela.
20:13 C'est la moitié des véhicules vendus aujourd'hui en France.
20:16 Et puis voilà.
20:17 Non, mais c'est une question.
20:18 C'est très bien, c'est une tendance.
20:21 On va plus polluer, on va plus consommer d'énergie.
20:24 On va avoir des accidents plus mortels.
20:28 C'est la tendance.
20:29 Et puis comme en plus, les lobbies de l'automobile font plein de pognon,
20:33 c'est tant mieux.
20:34 On s'en fout de la santé, on s'en fout de la sécurité,
20:38 on s'en fout du bien vivre en ville.
20:40 C'est la tendance.
20:41 Ce n'est pas une question de tendance.
20:42 La question, c'est, on peut très bien contraindre les constructeurs.
20:45 Là, pour le coup, on parle de normes.
20:47 Pourquoi ?
20:48 Mais le même gouvernement combat les normes Euro 7 à l'Europe.
20:52 On parle de normes.
20:53 Les normes, c'est devenu un gros mot.
20:55 C'est horrible.
20:56 Ça tombe du ciel, a dit le Premier ministre.
20:58 Pardon, les normes, c'est les gouvernements qui les décident.
21:00 Ce sont les législateurs qui les décident.
21:01 Non, mais pardon, juste sur la question des SUV,
21:04 la votation de ce week-end,
21:05 même les SUV électriques sont concernés.
21:07 Est-ce que ça ne brouille pas le message ?
21:08 Non, mais parce que vous avez des SUV qui font plus de 2 tonnes,
21:11 elles sont électriques, mais c'est une empreinte.
21:13 Vous avez les énormes BMW, les énormes Mercedes,
21:18 on les voit en ville, mais quand vous êtes à vélo,
21:20 vous avez la trouille, les piétons ont la trouille,
21:22 les bagnoles se garent sur les trottoirs.
21:24 Donc, ils prennent trop de place, ils sont trop polluants.
21:26 Et on nous parle de famille, pardon.
21:28 Mais quand vous baladez dans Paris,
21:30 quand vous voyez des personnes conduire ces gros SUV,
21:33 ils sont en famille quand vous les voyez ?
21:35 Il a dit que j'adore, il y a quand même une réalité.
21:36 Et la réalité des chiffres, c'est celle-là,
21:38 quand on sait que 900 000 véhicules sont concernés en Ile-de-France,
21:42 et qu'ils ne sont que 130 000 immatriculés à Paris.
21:45 Concrètement, c'est une mesure anti-banlieusards ?
21:48 Mais non, les SUV Captur, le Peugeot 2008, le Renault Captur,
21:52 tout ça, ne sont pas concernés par cette mesure.
21:56 Mais je vous parle de ceux qui sont concernés, là.
21:57 Je vous parle de ceux qui sont concernés.
21:58 Mais majoritairement, c'est essentiellement les véhicules de banlieusards.
22:01 Est-ce qu'à un moment donné, on considère que le climat, c'est sérieux ?
22:06 Pardon, regardez ce qui se passe au Chili,
22:09 regardez ce qui se passe partout dans notre pays,
22:11 entre les inondations, la sécheresse, les canicules.
22:15 Est-ce qu'on considère que c'est sérieux ?
22:16 Ou que la question, c'est, on laisse le lobby automobile
22:19 décider de nos modes de transport ?
22:21 Eh bien non.
22:22 Notre responsabilité, c'est des bagnoles qui sont beaucoup trop lourdes.
22:27 Elles sont 30 % plus chères que les berlines.
22:31 300 kg de plus, ça émet plus de CO2, ça consomme plus d'énergie.
22:36 Est-ce qu'on est obligé d'être là-dessus ?
22:37 Non mais la question depuis tout à l'heure, c'est,
22:39 est-ce qu'on ne prend pas le sujet par le mauvais bout ?
22:40 C'est-à-dire par les automobilistes alors que c'est les constructeurs ?
22:42 Oui, chacun agit à son niveau.
22:44 Quand les gouvernements ne font pas le boulot vis-à-vis du lobby automobile
22:47 qu'a laissé et qu'ils ont laissé se développer des SUV,
22:51 qui sont essentiellement des démonstrations sociales,
22:54 plus que répondre aux besoins de mobilité légitime
23:00 des Françaises et des Français,
23:01 quand les gouvernements ne font pas le boulot,
23:03 quand on est en responsabilité à Lyon, à Paris et ailleurs,
23:08 on fait notre part qui est de protéger celles et ceux qui circulent à pied
23:12 ou en vélo ou en petite voiture.
23:14 C'est de protéger nos enfants de la pollution de l'air.
23:17 Vous savez, c'est une norme aussi.
23:19 Pour éviter 60 000 morts dans notre pays de la pollution de l'air,
23:23 on essaye de mettre en place des normes.
23:25 Est-ce que c'est un gros mot ? Non.
23:26 Mais le lobby automobile va dire "Oh là là, halte aux normes,
23:29 la bureaucratie, c'est mauvais pour tout le monde".
23:31 Jordan Bardella, tête de liste aérienne aux européennes,
23:34 vous devancez tous pour le moment dans les enquêtes d'opinion
23:36 et de loin, votre candidate Marie Toussaint,
23:39 elle est créditée de 6-7% dans les intentions de vote.
23:41 C'est marrant que vous preniez toujours les sondages les plus bas à un moment donné.
23:44 Quand vous interrogez les responsables politiques...
23:46 Non mais c'est... Je comprends.
23:48 Mais... Non, c'est pas la moyenne, pardon.
23:49 Elle est dans d'autres, elle est à 9...
23:51 Mais peu importe, peu importe.
23:52 Elle est à 9, il est à 30. Elle est quand même très très loin derrière lui.
23:54 Moi-même, il y a 5 ans, j'étais très bas à ce moment-là de la campagne
23:57 et on a fait un carton à la fin.
23:59 Ça vous fait réfléchir et de vous dire,
24:01 il faut peut-être s'allier à Raphaël Glucksmann ?
24:03 Avec le RN, c'est ce qu'il a en tête ?
24:04 Raphaël Glucksmann ?
24:05 Non, mais vous savez,
24:07 vous connaissez mon combat pour la proportionnelle.
24:11 Je pense que s'il y avait un truc qu'il devait faire en 3 ans Emmanuel Macron,
24:14 qu'il arrête de faire autre chose, parce qu'à chaque fois, c'est des reculs
24:17 sur les droits sociaux, sur l'environnement, sur...
24:20 S'il y a une mesure qu'il devait faire dans les 3 dernières années,
24:22 c'est la proportionnelle.
24:24 Pour apaiser notre pays, qui est des coalitions et une culture de compromis.
24:28 Au Parlement européen, c'est quoi l'enjeu de l'élection européenne ?
24:32 C'est d'avoir le maximum de députés au Parlement européen.
24:36 C'est de ça dont on parle.
24:37 Et bien à travers la proportionnelle,
24:39 ça permet à Glucksmann d'aller chercher les électeurs socialistes
24:43 avec le logiciel socialiste.
24:45 Ça permet à Manon Brie d'aller chercher les électeurs insoumis...
24:48 Donc chacun dans son couloir.
24:50 Mais ça s'appelle la proportionnelle, ça s'appelle la démocratie.
24:53 On a besoin de faire venir le maximum d'électeurs sur cette élection.
24:56 Du côté de Jean-Luc Mélenchon, on dit que c'est l'assurance d'éparpiller les voix.
24:59 Mais parce que vous considérez que l'élection européenne
25:02 doit être un sondage national pour 2027.
25:05 C'est pas mon point de vue.
25:06 Vous savez, en ce moment, au niveau européen,
25:08 probablement après les élections, ce sera 50-50.
25:11 Entre les nationalistes, la droite qui a basculé à l'extrême droite,
25:15 l'extrême droite renforcée, et puis les progressistes.
25:17 Et bien chaque député va compter.
25:21 Et bien moi je suis fier de notre candidate, Marie Toussaint.
25:25 Elle connaît le boulot, elle se bat, elle est bonne.
25:28 Et elle rassemblera les écologistes parce que, franchement,
25:31 il n'y a plus que les écologistes qui défendent l'écologie.
25:33 Et bien rien que pour ça, il faut voter écologiste aux européennes.
25:36 Yannick Jadot, sénateur écologiste de Paris,
25:38 vous étiez l'invité du 8.30 France Info ce matin.
25:40 Je vous laisse en compagnie de Salia Braklia.
25:42 Dans 5 minutes, les informer.
25:43 Salia, quel est le programme ?
25:44 Trop lourd, trop polluant, trop encombrant.
25:46 On en a parlé, les Parisiens ont décidé à une très courte majorité
25:49 de sanctionner les SUV dans la capitale.
25:51 Est-ce une nouvelle croisade contre la bagnole ?
25:54 C'est la question qu'on se pose ce matin dans les informer.
25:56 On en parle dans un instant avec Renaud Delis et ses informer.
25:58 A tout de suite sur France Info.
25:59 *Musique*

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