Le "8h30 franceinfo" d'Eric Coquerel
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00:00— Bonjour Éric Coquerel. — Bonjour. — C'est vous qui, au nom de l'Assemblée nationale, contrôlez le budget de l'État. La France dispose d'un nouveau Premier ministre, certes,
00:11mais pas encore d'un budget. Si le gouvernement est censuré et qu'on n'a pas de budget du tout, on peut se retrouver en situation de shutdown.
00:17C'est ce que craint le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. Est-ce que vous aussi, vous envisagez ce scénario ? Est-ce que c'est possible ?
00:25— Écoutez, il y a quand même pas mal de mesures dans la Constitution qui permettent de l'éviter. Alors je dis pas qu'il faut y recourir, parce que ça passe
00:33par éventuellement des ordonnances. Enfin je vais pas rentrer en détail. Mais bon, qui serait une situation de crise. Maintenant, à rebours,
00:42on peut pas nous dire que si, par exemple, le gouvernement veut passer par 49-3 parce qu'il n'a pas de majorité, il faudrait ne pas déposer
00:50pour s'assurer que la France ait un budget. Parce que si la France a un budget qui fait mal au pays, je ne vois pas en quoi les Français y gagneraient.
00:57— On rappelle d'ailleurs le shutdown. C'est un terme qui nous vient des États-Unis. C'est-à-dire qu'on peut plus lever l'impôt, qu'on peut plus dépenser d'argent.
01:02— Donc ça, c'est pas vrai. Voilà. Il y a des mesures qui ont déjà été utilisées deux fois dans la Ve République, 62 puis de mémoire, 91.
01:10Peut-être que je me trompe sur la deuxième. Qu'importe, qu'ils le permettent. Mais moi, je ne souhaite pas qu'on en arrive là. Je souhaite qu'on arrive
01:18à soit transformer totalement ce budget. C'est possible. Ma commission, à mon avis, vous verrez qu'elle se ressortira transformée, à mon avis,
01:25dans le sens de ce que nous, nous proposons au niveau du nouveau front populaire. Et puis on verra bien ce que fait le gouvernement.
01:30— Oui, on va rentrer dans les détails. — S'il veut passer en force comme la dernière fois, c'est-à-dire avec le 49-3, il sera battu.
01:35Il y aura motion de censure. Et puis on verra bien ce qui se passera. — D'abord, sur le calendrier, est-ce qu'on est en retard ?
01:40Est-ce que c'est rattrapable ? Est-ce qu'un budget peut voir le jour, déjà ? — Oui, oui, bien sûr. Tout simplement parce que déjà,
01:45cet été, en réalité, Bercy a travaillé. C'est des ministres, des missionnaires qui ont beaucoup travaillé. Et ils ont préparé un budget qui,
01:51en gros, poursuit la même politique de l'offre, de la compétitivité, de l'austérité que M. Macron voulait. Donc il y a un budget disponible.
01:58Manifestement, ça sera un des sujets de la commission que j'ai ce soir avec les ministres Le Maire et Cazenab. Ils veulent l'aggraver
02:05dans le sens de l'austérité. On y reviendra peut-être. — Parce que vous les recevez tous les deux à 17h30 à la commission des finances
02:12de l'Assemblée nationale. Alors qu'ils sont des missionnaires, vous allez les interroger sur quoi ? — Parce qu'en fait, moi, j'avais prévu...
02:19Cette semaine, j'avais prévu d'auditionner les nouveaux ministres. D'accord ? Parce que je pensais quand même que 52 jours de gouvernement
02:26des missionnaires, j'imaginais pas que ça serait aussi long. D'accord ? Donc c'est pas le cas. Il n'y a pas de nouveau ministre.
02:32Mais par contre, il y a un sujet qui est quand même intéressant. Il y a le budget 2025, mais il y a le budget 2024. Et le budget 2024,
02:39pour vous dire un peu l'état d'esprit aujourd'hui de Bruno Le Maire, il estime qu'il faudrait, en plus des 10 milliards qui ont été annulés
02:46au début de l'année des dépenses publiques, annuler complètement le gel qui a été prévu, soit 16 milliards, ça ferait 26 milliards.
02:52Donc on rentre quelque part dans le vif du sujet. Alors même que le déficit, ça croît de manière plus considérable que ce qui était prévu,
03:00une fois de plus, et que tout montre que c'est parce qu'il y a des recettes en moins, eh bien c'est toujours par les dépenses publiques
03:07qu'on entend régler le problème. Donc l'austérité crée de l'austérité. Baisser les dépenses publiques, paradoxalement, crée du déficit.
03:16Je sais pas si vous me donnez 2 000, je vous expliquerai pourquoi tout à l'heure. Et donc eux veulent continuer la même politique dès 2024.
03:22Donc c'est la raison pour laquelle on les auditionne aujourd'hui sur leur budget 2024.
03:26— On pose quand même les chiffres. Il faut trouver, selon les chiffres de Bercy, 25 à 30 milliards, soit sous la forme d'économies,
03:32soit sous la forme de prélèvements. Pour l'ordre de grandeur, le budget d'un ministère, du ministère de l'Intérieur, par exemple, c'est 34 milliards.
03:39Donc là, on parle de 30 milliards à trouver. Comment on s'en sort ? Quelles pistes sont prioritaires, selon vous ?
03:44— Eh bien surtout pas celles qu'on entend mettre en application. — Mais les vôtres, les vôtres.
03:48— Les nôtres, c'est très simple. C'est que le déficit de l'État augmente du fait qu'il y ait moins de recettes.
03:55En gros, vous avez ce qu'a organisé M. Macron, notamment avec des cadeaux fiscaux plus riches et notamment les plus riches détenteurs des capitaux.
04:01Soi-disant, pour attirer les capitaux en France, ça coûte environ au pays 70 milliards d'euros par an.
04:07— Mais c'est pas soi-disant, parce que ça marche. On le voit sur le papier que la France n'a jamais été aussi attractive.
04:12— Mais non. Ça marche pas en termes d'emploi. Ça marche pas en termes de croissance. Ça marche pas en termes d'activité.
04:17Ça marche même pas en termes de réduction du déficit. — Mais il y a plus d'investissements qu'avant par les entreprises étrangères.
04:22— Alors si vous regardez, oui... Enfin c'est un peu compliqué. Les investissements, si on regarde les calculs du nombre d'investissements, oui.
04:28Si après, on regarde le nombre d'emplois créés, non. Mais globalement, il n'y a pas une seule étude, y compris par France Stratégie,
04:35qui est directement sous l'égide de Matignon, qui montre que cette politique dite de l'offre est de la compétitivité.
04:40Vous attirez les capitaux. Vous savez, c'est la fameuse phrase du chancelier allemand Helmut Schmidt dans les années 80.
04:46Je voudrais pas vous en souvenir. Mais les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain.
04:52Eh bien il n'y a pas une seule étude qui montre que ça fonctionne. Pas une. Donc cette politique coûte très cher au pays, 70 milliards.
04:58Si on additionnait ces 70 milliards sur plusieurs années, on serait en dessous... Et évidemment, qu'on évitait d'avoir grévé le budget de l'État ainsi,
05:09on serait en dessous 3% de déficit. Donc il faut bien comprendre une chose. — Mais l'argument qui vous a été opposé ces dernières années...
05:13— Il faut bien comprendre. Je termine là-dessus. Il faut bien comprendre une chose. Et même les économistes libéraux sont d'accord,
05:17comme François Eccal, qui a été auditionné il y a peu de temps en commission de défense. Le déficit du pays n'est pas dû à une augmentation
05:25de dépenses publiques. La preuve par rapport au PIB, l'an dernier, ça a baissé de 1,5%. Mais il est dû aux baisses de recettes. L'an dernier, ça a baissé de 2%.
05:31Voilà le problème auquel nous avons affaire. — Mais l'argument qui vous est opposé depuis quelques années par les macronistes, c'est que la France
05:41est le pays en Europe où le taux d'imposition, où le taux de prélèvement obligatoire est le plus élevé. — Oui. Bah et alors ?
05:49— C'est-à-dire qu'on a le droit d'avoir un modèle différent ? — Non, bien sûr. Mais on peut encore augmenter sans gréver la compétitivité du pays.
05:54— Bien sûr. Mais la France est aussi le pays champion d'Europe, par exemple, en dividendes versés. D'accord ? Aujourd'hui, c'est le pays...
06:00Sur 150 milliards à peu près de bénéfices du CAC 40, vous avez la moitié versée en dividendes. Chaque année, on bat ses records.
06:06Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le partage de la valeur ajoutée entre le travail et le capital... Non seulement il y a de plus en plus de richesses
06:15qui partent vers le capital, mais en plus, ça part vers le capital non investi, celui des dividendes. Ça, c'est le premier constat.
06:21Et la France est aussi championne d'Europe en termes d'aides aux entreprises non conditionnées. On atteint 211 milliards d'euros tout cumulés par an.
06:29Donc ça, il faut aussi le regarder. Et c'est aussi là-dessus qu'on a, à mon avis, des pistes d'économie à faire.
06:33— Quand le Premier ministre parle ce week-end de plus de justice fiscale, vous lui dites quoi ? Il faut agir sur les exonérations des entreprises, par exemple.
06:40— Il faut agir sur 3 pistes pour faire rentrer des recettes. La première, c'est faire en sorte de mieux payer les revenus du travail. D'accord ?
06:47C'est-à-dire d'augmenter les salaires. C'est pour ça que nous, on proposait le SMIC à 1 600 € net. Et puis...
06:52— Non mais sur les impôts. — Oui, mais je vais vous répondre le point d'indice. Si vous augmentez les salaires, vous avez plus de cotisations,
06:59vous avez plus de rentrées fiscales, premièrement. Deuxième piste, c'est effectivement une plus grande justice fiscale, c'est-à-dire revenir
07:05notamment sur tous les cadeaux qui ont été faits au capital, la suppression de l'ISF, l'installation de ce bouclier social du capital
07:14qu'est la flat tax, etc. Il faut revenir dessus. Ça peut vite rapporter des dizaines de milliards d'euros. Et puis la troisième piste, c'est arrêter
07:21avec des dépenses fiscales inutiles. C'est aussi des dépenses dont, par exemple, certains cadeaux aux entreprises...
07:28Oui, je dis pas qu'il faut arrêter les aides aux entreprises. Mais il y a des aides aux entreprises qui partent en dividende. C'est pas normal.
07:32— Vous misez toujours sur 50 milliards de hausse d'impôts, vous ? — On n'a pas dit... C'est pas...
07:36— Ah si, c'est ce que vous disiez au NFA pendant la campagne. — Non mais je vais vous répondre. J'ai participé au chiffrage, donc je sais à peu près.
07:41Nous, ce que nous avons dit, c'est que toutes dépenses sera... — Compensées. — Compensées par une recette. Bien. Et donc on atteint...
07:49Au bout de 3 ans, on avait imaginé 150 milliards de dépenses en plus pour la transition écologique si nécessaire, la santé, l'éducation, etc.
07:56Et les recettes, c'est à la fois une augmentation des impôts des plus riches. On estimait qu'il y avait surtout les 10% les Français qui allaient toucher,
08:04les autres non. Mais c'est aussi, je vous dis, de récupérer à un moment donné certaines dépenses fiscales inutiles. Par exemple, je vous en donne un,
08:11le crédit impôt recherche. Tout le monde sait aujourd'hui... Il y a même une étude qui vient d'être faite, y compris de l'IGF, que ça marche mal,
08:20que ça favorise les très grandes entreprises, y compris celles qui licencient des postes de chercheurs comme Sanofi. Voilà.
08:26Là, il y a des gisements de plusieurs milliards d'euros qui, cumulés, pourraient rapporter comme ça 50 milliards par an.
08:31— Éric Coquerel, puisqu'on parle des dépenses, le directeur général de la Caisse nationale d'assurance maladie, Thomas Fatome, dit ce matin
08:38dans Les Échos que les dépenses pour les arrêts maladie explosent, plus 8% sur le premier semestre. Il en appelle à un nouveau régime d'indemnisation.
08:45Est-ce qu'il a raison ? — Non. Non, il n'a pas raison, parce que quand ça devient structurel, il faudrait peut-être se demander pourquoi le travail
08:51Voilà. C'est ça, la vraie question. Moi, je ne crois pas du tout à l'idée que les gens se déclareraient de manière inutile malade ou que des médecins seraient la caution.
09:03— Louis Dix, par exemple, il y a 7 000 médecins en France dont ils vont se rapprocher pour... — Voilà. Moi, je m'inquiéterais plutôt sur le fait que
09:09pourquoi il y a plus de bornes hautes, pourquoi il y a plus de maladies professionnelles, pourquoi les gens sont aussi épuisés au travail,
09:15pourquoi les conditions même de management, à certains moments, dans des très gros entreprises, y compris dans les services publics, sont les plus dures.
09:21Je pense que ça résoudrait la question du travail. — Donc c'est pas le système d'indemnisation qu'il faut voir pour les arrêts de travail.
09:25Reste quand même, Éric Coquerel, la France, on l'a dit, a le niveau de dépense publique le plus important de la zone euro. Et pour moitié, il s'agit de la dépense sociale.
09:33Clairement, est-ce que notre système social, il n'est pas trop généreux ? — Alors je vais vous dire une chose. L'an dernier, Bruno Le Maire était très heureux
09:41de pouvoir annoncer en 2023 que contrairement à tout ce qui était annoncé, la France était à 1% de croissance. Et il mettait en exemple, il disait
09:47« Regardez, l'Allemagne est en récession ». Pourquoi, à votre avis, l'Allemagne est en récession ? Parce que l'Allemagne n'a pas encore le matelas social
09:55qui reste encore en France de protection sociale, etc., qui assure quand même que même dans les moments où ça va très très mal, par exemple,
10:01la consommation populaire continue à vieux. Autrement dit... — Au prix d'un engouement qui a augmenté. — Bien sûr. Alors je vais y venir.
10:08Mais les dépenses publiques, la protection sociale, c'est aussi des recettes. Ça permet aussi aux gens de continuer à vivre, y compris quand vous avez refusé
10:16l'activité. Et c'est d'ailleurs pour ça qu'aujourd'hui, par exemple, le FCE explique que si jamais on baissait de 30 milliards l'an prochain les dépenses publiques,
10:24figurez-vous, la croissance diminuerait, passerait de 1% à 0,5% dans le pays, parce que ça a un effet récessif. Et quand...
10:31— Pardon, mais je vous écoute. Mais dans ces cas-là, on fait quoi ? Parce que si on vous écoute depuis tout à l'heure, c'est... On touche pas aux dépenses,
10:37surtout pas. Sauf que, vous l'avez dit, l'UE nous regarde. Une procédure en déficit excessif a été ouverte. Et on doit rendre des comptes à l'UE.
10:47— Bien sûr. Alors déjà, on peut établir un rapport de force. Mais je vais y venir. Mais nous, on fera pas pire. Excusez-moi, mais on n'est pas en train de parler
10:54de gens qui, chaque année, donnent présente des chiffres du déficit mirifique. Au contraire, ils se trompent chaque année.
11:01Ils se trompent chaque année. Chaque année, c'est pire que ce qu'ils annoncent. Donc ça veut dire que leur politique, elle ne marche pas.
11:06Pourquoi ? Je viens de l'expliquer. Parce que quand vous baissez les dépenses publiques de manière drastique, vous ne touchez que ça, d'accord,
11:12eh bien alors que c'est pas ça qui provoque le déficit, vous augmentez les déficits à venir. C'est ça qu'il faut dire.
11:17— Paradoxalement, en augmentant certaines dépenses, on crée de la croissance. Eh bien on peut réduire le déficit.
11:23— En augmentant certaines dépenses, vous avez raison. Par exemple, si moi, je mets beaucoup d'argent sur la transition écologique,
11:27on pense qu'il faut 37 milliards de plus de dépenses publiques à minimum. C'est Pisani Ferry, qui était un des commisses proches
11:34de Emmanuel Macron, qui le dit. Si l'État investit, vous faites marcher des entreprises. Si vous décidez d'isoler plus de bâtiments,
11:42vous faites marcher le BTP. Si vous relancez le logement dans ce pays, qui est aujourd'hui un marasme terrible, eh bien vous faites fonctionner
11:49aussi le BTP, etc., etc. Donc vous avez raison de dire que quand l'État investit, ça a un effet sur l'économie. Et deuxièmement, la question,
11:58encore une fois, je vous le disais tout à l'heure, c'est pas de ne toucher à rien. C'est de toucher tout ce qui coûte trop cher à l'État
12:04en termes de dépenses fiscales et puis d'impositions qui profitent aux plus riches. Mais de manière... Attendez, il faut bien comprendre
12:10une chose. Le macronisme, qu'est-ce que c'est ? On est passé de 2017 à 2024. Les 500 fortunes les plus riches de ce pays,
12:17elles possédaient 20% du patrimoine. Aujourd'hui, elles en possèdent 45% du PIB. Voilà. C'est ça, le macronisme. C'est-à-dire qu'on a avantagé,
12:24mais ça coûte des dizaines de milliards d'euros, les ultra-fortunés. Ça, il faut revenir dessus, parce qu'on n'a plus les moyens des fortunes
12:31de ces 500 personnes. — Éric Coquerel, président de la Commission des finances, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, avec nous jusqu'à 9 h.
12:37On laisse passer le Fil info. On vous retrouve juste après les 8 h 45. Maureen Suignard.
12:42Une sorte de grand oral. Bruno Le Maire et Thomas Cazenave sont auditionnés cet après-midi par la Commission des finances de l'Assemblée nationale.
12:49Les ministres des missionnaires, de l'économie et des comptes publics doivent expliquer comment ils entendent boucler le budget 2024.
12:55Bruno Le Maire veut 16 milliards d'euros d'économie de plus. « Je souhaite qu'on arrive à transformer totalement ce budget »,
13:01affirme sur France Info Éric Coquerel. L'austérité crée de l'austérité, dit encore le député insoumis et président de la Commission des finances.
13:09La nationale 134 qui permet de se rendre en Espagne ne rouvrira pas avant plusieurs mois, prévient sur France Info le préfet des Pyrénées-Atlantiques.
13:17De très fortes pluies ont frappé le département ce week-end et une partie de la route s'est effondrée.
13:22Le bilan s'alourdit en Syrie. 14 morts dans des frappes israéliennes dans le centre du pays, selon un média d'État.
13:29C'est un centre de recherche scientifique qui a été visé. L'État hébreu frappe régulièrement le pays, allié de l'Iran.
13:36Ça y est, cet été des Jeux est terminé. 19 médailles d'or pour la France et une huitième place au classement des médailles de ces Jeux paralympiques.
13:44Un peu plus de 12 millions de billets vendus pour les JO et les paras confondus. C'est un record.
13:51France Info.
13:54Le 8.30, France Info. Jérôme Chapuis, Salia Brakia.
13:59Et toujours Éric Coquerel, le président LFI de la commission des finances de l'Assemblée.
14:04Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, a expliqué aux 20 heures de TF1 qu'il organiserait bientôt un nouveau débat avec les parlementaires, les partenaires sociaux également,
14:10pour améliorer la réforme des retraites, notamment pour les personnes les plus fragiles, sans dégrader l'équilibre financier. Est-ce que ça vous rassure ?
14:19Non, pas du tout. C'est une façon de dire qu'il ne va pas toucher à la réforme des retraites. Il recule de l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
14:25Améliorer, ça veut dire qu'il va y toucher ?
14:27Oui, c'est ça. Moi, je pense que c'est dû à la communication. Je pense que... D'ailleurs, je crois que les conditions même de sa nomination,
14:32ou n'importe quelle nomination de Premier ministre par Emmanuel Macron, c'était le fait de ne pas toucher à sa réforme des retraites.
14:38Vous voulez dire qu'il y avait un veto d'Emmanuel Macron sur ce sujet-là ?
14:40Absolument.
14:41Mais vous, qui êtes le président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, vous connaissez les chiffres.
14:45Vous savez que c'est un enjeu, cette réforme des retraites. Entre 16 et 20 milliards d'euros par an, vous êtes soucieux de l'équilibre financier du pays.
14:53Revenons sur les chiffres. J'ai une diète précise avec les chiffres, d'accord ?
14:57Pour l'instant, ça ne coûte rien. Pour l'instant, au moment où on se parle, 2023-2024, les régimes étaient excédentiels.
15:03A 2027, on pense que la réforme des retraites telle qu'elle a été faite va rapporter d'un côté à peu près un peu plus de 10 milliards,
15:09et de l'autre côté à peu près 4,5 milliards.
15:12Parce que pour la bonne raison, vous comprendrez, il y a des gens qui ne peuvent plus partir à la retraite, mais qui ne travaillent pas.
15:17Eh bien, c'est des prestations sociales qui prennent leur rôle.
15:20Donc, ça fait environ 5 milliards en 2027. Et puis, ça va augmenter.
15:24Et après, d'après le CORE, après 2040, ça va rebaisser en lien avec la démographie.
15:28Donc, on a à faire, effectivement, à un moment donné, un déficit sur 15-20 ans.
15:33En partant de 2027. Et nous, ce que nous disons, c'est que ce déficit, on peut le résorber, notamment pour aller globalement vite,
15:40par le partage de la richesse, de façon à ce qu'on ne contraigne pas les gens à travailler plus longtemps,
15:45ce qui est quand même l'inverse du progrès depuis des décennies des conquêtes sociales.
15:50Comment on fait ? On peut augmenter légèrement les cotisations, très légèrement, 0,28% à peu près.
15:55On peut faire en sorte, justement, je le disais tout à l'heure, de créer de l'emploi, d'augmenter les salaires.
15:59Comme nous, on n'est pas de ceux qui disent qu'il faut prendre sur le salaire brut par rapport au salaire net.
16:04Comme le dit le RN, je suis commune chroniste, ça fait plus de cotisations qui rentrent.
16:08Et puis, ce que nous disons aussi, par exemple, on fait l'égalité de salaire homme-femme, ça augmente aussi les cotisations.
16:13Et puis aussi, on peut prendre un peu, même si c'est provisoire, au capital de ce point de vue-là, par exemple, en faisant cotiser les dividendes.
16:23Il y a eu pas mal d'études qui ont été faites où on arrive, de cette manière-là, à équilibrer
16:27et à faire en sorte que ça ne soit pas toujours les mêmes qui payent la note.
16:30– Vous augmentez les cotisations, vous augmentez le SMIC, vous diminuez des exonérations,
16:36vous faites augmenter de manière importante le coût du travail, vous diront un certain nombre de patrons,
16:41notamment de patrons de PME, et donc vous risquez de faire mal à l'emploi.
16:46– Mais si vous avez compris tout ce que j'ai dit tout à l'heure, en ce moment, ce dont nous souffrons en pays, c'est le coût du capital.
16:52C'est ça qui, aujourd'hui, a pris beaucoup d'argent sur la richesse nationale, dans la part de répartition de la richesse nationale.
16:59– Vous imposez le travail et le capital ?
17:01– Ah oui, parce que le travail produit une part de capital et produit des revenus du travail, d'accord ?
17:06Les travailleurs produisent ça, la plus-value, c'est comme ça.
17:09Si le capital prend beaucoup, chacun comprendra, c'est un peu de marxisme,
17:12mais bon, ça fait pas de mal de temps en temps, y compris le matin sur France Info,
17:15eh bien, si le capital prend, ça prend sur les revenus du travail.
17:19– Non mais d'accord, mais tout ce que vous avez cité devrait s'appliquer à toutes les entreprises,
17:24et là, ça touche aussi les TPE, les PME, c'est en fait, ça devient problématique,
17:28puisque ça va conduire à des défaillances d'entreprises.
17:30– Eh bien, je vous réponds là-dessus, il y a eu pas mal d'études qui ont montré,
17:33d'abord, c'est pas aussi important qu'on le dit, parce que c'est pas tous les secteurs.
17:37Le secteur du commerce, c'est vrai, par exemple, il y a certains secteurs.
17:39Et nous, ce que nous disons, c'est que pour les entreprises qui auront, pendant ce temps-là, un peu de mal,
17:44pendant quelques années, et qui ne bénéficieront pas tout de suite du fait que les gens,
17:48ayant plus de salaire, consommeront.
17:50Donc, par exemple, pour un commerçant, un traiteur,
17:53ils auront peut-être un peu plus tendance à aller chez un traiteur pour acheter,
17:56parce qu'ils auront un peu plus d'argent.
17:57Pendant ce temps, nous, ce que nous assumons, c'est que les aides aux entreprises,
18:01justement, seront orientées vers celles qui créent de l'emploi,
18:03ou celles qui sont, j'allais dire, importantes pour l'économie.
18:09Et donc, on prendra, par exemple, à des entreprises comme Total qui se sont aidées,
18:13ou des entreprises comme Sanofi qui se sont aidées, alors qu'ils font des dividendes,
18:15à ne plus savoir qu'en faire, et qu'en plus, des fois, ils suppriment des emplois,
18:18pour aider les TPE, PME dont vous parliez à passer le choc.
18:21— Le truc, Éric Crel, c'est qu'aujourd'hui, vous n'êtes pas au pouvoir.
18:23C'est Michel Barnier qui a été nommé...
18:25— Ah ! Sinon, on appliquerait tout ça, et ça changerait pas mal.
18:27— ...Premier ministre pour l'abrogation de la réforme des retraites.
18:30Le 31 octobre prochain, une proposition de loi EREN sera examinée pour le même but,
18:35l'abrogation de la réforme des retraites.
18:37Est-ce que la France insoumise, est-ce que le nouveau Front populaire va la voter ?
18:40— Alors, on va essayer d'éviter de se retrouver dans cette situation.
18:42Et puis on va prendre le gouvernement au pied de la lettre,
18:44parce que le moins qu'on puisse dire, c'est que l'abrogation de la réforme de la retraite
18:47est ultra majoritaire, d'accord, dans le pays.
18:50Ça, c'est montre législative. C'est-à-dire que législative,
18:52les partis qui le proposent s'y accumulent sur cette idée, c'est majoritaire.
18:56Tous les sondages le montrent. Tous les syndicats étaient contre.
18:59Donc ce que nous allons dire, nous disons, c'est que nous demandons l'ouverture,
19:02aujourd'hui, d'une séance extraordinaire en septembre.
19:04— Comme Marine Le Pen veut la même chose.
19:06— Non. Mme Le Pen demande ce que nous demandons depuis juillet,
19:08avec la nomination de M. Lucie Castex.
19:10— Mais vous n'avez pas dit ce que vous feriez si...
19:12Non, mais vous n'avez pas dit ce que vous feriez.
19:14— La primorde des idées que nous portons, parce que sinon...
19:16— Oui, mais la proposition de loi, elle existe bien. Elle a même une date.
19:18C'est le 31 octobre. Dans ces cas-là, vous faites quoi ?
19:20— D'accord. Mais attendez. Laissez-moi répondre.
19:22Comme ça, vous interrogerez le gouvernement sur ce qu'il compte faire.
19:24Pour ne pas se retrouver dans cette situation où je vois bien le piège qui sera tendu
19:27– ah, ils votent pour le RN alors que M. Macron vient de se mettre dans les mains du Rassemble national –,
19:31eh bien nous demandons l'ouverture d'une séance extraordinaire.
19:34Et nous demandons que... Nous allons déposer une PPL qui est toute prête.
19:38— La proposition de loi, d'accord.
19:40— Et nous demanderons au gouvernement de la mettre comme ça.
19:42— Non, mais là, il faut amontrer qu'il n'y a pas de question politicienne des choses.
19:46— Oui, mais il y a une question arithmétique qui est simple.
19:48C'est que si vous, vous refusez de voter les textes du RN,
19:50et si le RN refuse de voter vos textes, en fait, il n'y a pas de texte.
19:54Ça vaut d'ailleurs aussi pour l'émotion de censure.
19:56— Mais ne vous inquiétez pas, parce qu'après, il y a d'autres niches.
19:58Je ne sais pas ce que... On verra. C'est vrai qu'on a un problème.
20:00C'est vrai qu'on a un problème. Je vais pas faire de langue de bois.
20:03On a un problème, c'est le RN.
20:05Parce que jusqu'à maintenant, nous avons toujours refusé de voter les textes proposés par le RN.
20:10Mais d'autant plus que le RN n'a pas été très en avant dans la lutte contre la réforme des retraites.
20:16Donc leur first cadeau, bonjour.
20:18Mais d'ici la fin de l'année, il y aura d'autres niches.
20:20D'accord ? D'ici la fin de l'année.
20:22— Non, non, non, non, non, non.
20:24Vous parlez du RN. Sauf que derrière, vous nous avez parlé pendant 10 minutes
20:29de cette réforme des retraites qui n'est pas bonne pour les Français, qui fait travailler...
20:32— Je vous en ai pas parlé 10 minutes. Je vais vous en parler.
20:34— Non, mais je veux dire... Ce que je veux dire, c'est qu'à la base, on parle des Français.
20:36On parle pas de politique politicienne avec le RN.
20:39Si vous considérez que la brogation est nécessaire...
20:41— Oui, d'accord. Mais enfin, on est aussi dans un moment...
20:43— Même si ça vient du RN, pourquoi vous ne votez pas ?
20:45— On est aussi dans un moment... Et d'ailleurs, tant mieux le Front républicain que nous avons proposé à fonctionner.
20:49Moi, je souhaite éviter que l'extrême-droite gouverne ce pays. Voilà. Je vous le dis.
20:52Je ne me fais pas à l'idée que l'extrême-droite gouverne ce pays
20:59y compris de leur donner un espèce de label social, alors qu'en réalité, sur le plan économique,
21:03ils sont pas loin de la politique de M. Macron.
21:05Donc on a ces deux éléments. On a ces deux éléments équilibrés.
21:09Mais je vous dis... Je m'engage devant les Français.
21:11D'ici la fin de l'année, d'une manière ou d'une autre,
21:14que ce soit des amendements au PLFSS ou des PPL que nous proposerons dans d'autres niches,
21:18nous aurons... L'Assemblée aura abrogé la réforme des retraites.
21:21— Éric Coquerel, vous avez manifesté ce week-end. Est-ce que ça signifie
21:23que vous considérez que la nomination de Michel Barnier est illégitime ?
21:26— Totalement. C'est un coup de force, un déni démocratique. Enfin c'est...
21:29On a un Premier ministre qui vient de la formation qui a le plus perdu ses élections.
21:33Qu'est-ce que... Enfin il n'y a pas une démocratie dans le monde où ça arrive.
21:36— Le Premier ministre est-il légitime ?
21:38— Oui, il est légitime vis-à-vis du vote des Français. Bien sûr. Bien sûr.
21:41Sa nomination est illégitime. Ce qu'a fait M. Macron est illégitime.
21:45Alors c'est moi, M. Barnier, sur lequel j'adresse les responsabilités.
21:49J'ai des critiques à lui faire. Mais c'est M. Macron, principalement.
21:53Enfin M. Macron, il n'y a pas un endroit où on ne donne pas à la plus forte coalition
21:58la chance d'essayer de gouverner le pays.
22:00— Mais si on s'en tient... Ça, c'est peut-être l'esprit. Mais si on s'en tient au texte,
22:03le Premier ministre, il tient tant qu'il n'y a pas de majorité pour voter la censure.
22:07Donc je vous repose la question. Vous nous parliez de motion de censure tout à l'heure.
22:10Pour que la motion de censure soit adoptée, il faut vraisemblablement que le RN
22:13et le Nouveau Front populaire votent ensemble. Est-ce que ça peut arriver ?
22:17— Ah bah oui. Bien sûr que ça peut arriver. On a déjà eu des motions de censure
22:20que nous avons déposées, que le RN a votées. Mais enfin n'inversez pas les problèmes, si vous voulez.
22:24Pour l'instant, on est dans une situation où l'exécutif s'est mis dans les mains du RN,
22:28a testé tous les premiers ministres en demandant à Mme Le Pen qu'est-ce qu'elle ferait,
22:32jusqu'à trouver le premier ministre qui va à Mme Le Pen.
22:35Alors elle s'est aperçue hier un peu du danger. Elle dit « Ah non, je suis pas le DRH »,
22:38parce qu'elle voit bien qu'appuyer un premier ministre du système
22:41qui favorise une politique néolibérale, il y a une partie de ses électeurs, à mon avis,
22:45qui doivent peu apprécier l'histoire. Mais enfin c'est bien ce qui s'est passé.
22:48Donc pour l'instant, ceux qui en réalité, depuis maintenant plusieurs mois,
22:52ont une alliance de fait avec ceux que nous avons combattus par le Front républicain,
22:56c'est l'exécutif. Ça a commencé quand l'exécutif a interrogé M. Attal qui a dit
23:02« Vis-à-vis de Mme Castex, nous poserons une motion de censure »,
23:05ça n'a été validé que parce que le RN disait la même chose.
23:07M. Attal n'a pas les troupes suffisantes pour une motion de censure.
23:10Et là, après, ça a été la suite. M. Bertrand existe, M. Cazeneuve existe,
23:14et puis finalement, c'est M. Le Maire, parce que sur l'immigration, Mme Le Pen dit elle-même
23:18qu'il a des idées comparables au RN.
23:20– Lui, Michel Barnier, dit qu'il n'a aucune sympathie particulière
23:23pour le RN, juste qu'il respecte tous les élus de la République,
23:27à savoir le RN comme la France insoumise. Là-dessus, vous devez être ravi.
23:32Il vous considère dans l'arc républicain, là où certains ont douté.
23:36– J'en suis ravi, enfin. Je pense qu'il nous inclut pour pouvoir inclure le RN.
23:43Enfin bon, ça c'est mon avis, mais surtout, ceux qui ont des sympathies
23:46pour M. Barnier, c'est Mme Le Pen, et c'est pour ça qu'il est nommé Premier ministre.
23:49Encore une fois, on va avoir une politique aujourd'hui qui va s'appliquer,
23:52qui est la suite du macronisme, vous verrez. Je vous l'ai dit tout à l'heure,
23:56je vous ai parlé sur la réforme de la retraite, je pense que les conditions
23:58de M. Macron pour l'anonymisation d'un Premier ministre,
24:00c'était qu'il poursuive sa politique économique et sociale.
24:02C'est ce qui va se passer, plus en plus, des mesures, très certainement,
24:08qui vont satisfaire l'oration nationale en matière sécuritaire.
24:10– On va voir ce que va faire le discours de politique générale de Michel Barnier.
24:13– Début octobre seulement.
24:14– Rapidement, effectivement, pas de session extraordinaire.
24:17Quand le RN demande de nouvelles élections dans un an,
24:20avec l'instauration de la proportionnelle avec primes majoritaires,
24:22vous vous dites banco ?
24:24– Ça dépend quelle proportionnelle, si c'est une proportionnelle
24:26uniquement pour favoriser le RN, c'est-à-dire en faisant en sorte
24:29que dans les très gros départements où la gauche est largement majoritaire,
24:34ça, ça sera quelque chose de politicien.
24:37Si c'est une proportionnelle intégrale, soit ce n'est pas la proportionnelle
24:41qu'avait imaginée à un moment donné Mme Brune-Pivet.
24:43– Éric Coquerel, vous êtes député de Seine-Saint-Denis,
24:45est-ce qu'il y aura une commission d'enquête à l'initiative
24:47de la France Insoumise, comme ça avait été annoncé le 25 juillet,
24:50sur l'organisation de ces Jeux Olympiques ?
24:52– Alors je vous annonce, il y a la commission d'enquête officieuse
24:54que font les filles, continue, mais je vous annonce qu'avec
24:57la commission des affaires culturelles qui s'occupe,
25:00qui a le leadership sur les JO, nous allons lancer soit
25:06une mission d'information, soit une commission d'enquête
25:08dans les mois à venir, il faut laisser retomber un peu les choses
25:11et qu'on ait les retombées, sur au moins les questions
25:14de retombées économiques des JO.
25:16Donc il y a celle de la France Insoumise, qui est une bonne chose,
25:19officieuse, et il y a celle officielle que nous ferons de concert
25:23avec ma collègue, présidente de la commission des affaires culturelles.
25:26– Merci Éric Coquerel.