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00:00 Bonjour, Gilles Demestre.
00:01 Bonjour.
00:01 Vous êtes journaliste, réalisateur,
00:03 auteur, documentariste, globetrotter,
00:04 producteur de cinéma français.
00:06 En 90, votre documentaire
00:08 "J'ai 12 ans et je fais la guerre",
00:09 vous avez eu le prix Albert Londres
00:11 de l'audiovisuel.
00:12 Encore à l'heure actuelle, c'est sans
00:13 doute le prix le plus prestigieux
00:15 qui existe.
00:16 Vous avez aussi été sacré
00:18 par le prix du meilleur documentaire
00:20 aux Emmys Awards.
00:21 Aujourd'hui, vous sortez "Le dernier
00:22 jaguar" après "Le loup
00:24 et le lion", "Mia et le lion blanc".
00:26 Vous racontez l'histoire d'une
00:28 amitié entre une petite fille,
00:29 Anton, et
00:30 un jaguar.
00:32 Il y a effectivement cette histoire
00:34 d'amitié. Il y a ce film, cette
00:36 envie de faire un film familial.
00:37 Et j'ai l'impression qu'il y a aussi
00:39 une envie de tirer la sonnette
00:41 d'alarme intelligemment en disant
00:42 "Attention, tout ce que vous voyez,
00:44 il faut le préserver".
00:45 Effectivement, j'ai fait beaucoup de
00:46 films pour dénoncer au début de ma
00:48 carrière, pour montrer les
00:50 horreurs du monde.
00:51 Et je me suis aperçu que ce n'était
00:52 pas forcément le bon moyen pour
00:54 convaincre les gens et que c'est
00:55 plutôt en montrant la beauté des
00:56 choses.
00:57 Donc là, il y a la forêt amazonienne,
00:59 il y a cette petite fille qui va
01:00 sauver son jaguar et qui est un
01:01 peu un
01:03 symbole de cette forêt
01:05 en danger.
01:06 Mais on montre que cette forêt est
01:07 belle, que ce jaguar est magnifique,
01:08 que tout ça vaut la peine d'être
01:10 préservé, en fait.
01:11 À quel moment vous avez eu envie de
01:12 basculer du côté de l'image, de
01:14 raconter des histoires, pas les
01:15 vôtres, mais celles des autres ?
01:16 Moi, quand j'étais petit à l'école,
01:18 j'étais nul à l'école.
01:19 J'ai redoublé trois fois, j'étais
01:21 le cancre absolu, incapable
01:22 de faire une rédaction ou
01:24 d'écrire. Donc l'écrit a été pour
01:25 moi l'horreur absolue.
01:27 Il y a été l'humiliation
01:29 à l'école. Donc, évidemment, l'image
01:30 pour moi a été comme un moyen de me
01:32 sauver parce que ça me paraissait
01:33 facile, l'image.
01:34 Et voilà. Donc, quand j'ai fait mon
01:36 école de journalisme, ils m'ont
01:36 proposé de basculer sur le côté
01:38 caméra et ça a remporté ma vie.
01:40 Et j'ai fait le tour du monde avec
01:41 ma caméra sur le dos, tout seul.
01:43 Et je suis toujours dans cette
01:44 curiosité, cette connexion
01:46 sur les gens.
01:47 Comment vous l'avez vécu, cette
01:48 sortie de "J'ai 12 ans et
01:51 je fais la guerre" en 90,
01:53 avec tout le succès que ça a
01:54 engendré, tous les prix que vous
01:56 avez reçus ?
01:56 Moi, j'étais un jeune journaliste
01:58 qui avait fait ça avec sa caméra
02:00 tout seul. J'avais couru pendant un
02:01 an le monde pour raconter les
02:02 enfants qui font la guerre.
02:03 Et voilà. Après, je l'ai pris
02:06 alors vraiment très, très
02:07 naturellement parce que
02:09 j'ai pas compris le
02:10 succès. Je l'ai pas vraiment vécu.
02:12 Ça a été trop
02:14 un bouleversement.
02:15 Et puis, après, c'est
02:17 des choses qui permettent après
02:19 de faire d'autres choses.
02:21 Il y a eu une bascule, ces premiers
02:23 cris.
02:24 C'est vrai qu'on a senti là
02:25 effectivement que vous changiez de
02:26 positionnement, c'est-à-dire que vous
02:27 n'étiez plus contre, mais pour.
02:30 C'est vrai que c'était une manière
02:32 de raconter le monde à travers le
02:33 prisme de ses naissances.
02:35 Ça racontait, en fait, toutes les
02:37 inégalités, toutes les
02:39 différences, mais aussi le fait
02:41 qu'une maman, qu'elle soit au fin
02:43 fond du désert ou au fin fond de la
02:44 forêt amazonienne, c'est
02:46 toujours une maman qui regarde son
02:46 bébé.
02:47 Il y a quand même des messages qui
02:48 sont envoyés, notamment le trafic
02:50 d'animaux.
02:51 On est très peu à soupçonner
02:52 finalement l'ampleur que ça a pris.
02:55 Oui, on pense que les animaux,
02:56 c'est sympa, c'est tout ça, il n'y a
02:57 pas de problème, mais c'est devenu
02:58 le troisième trafic le plus
02:59 lucratif au monde.
03:00 Et ça fait souffrir les populations
03:01 locales qui sont quasiment
03:04 esclavagisées par ce
03:06 phénomène-là et qui vont
03:08 prendre des animaux pour les vendre
03:10 parce que ça leur apporte de l'argent.
03:12 Tout ça est complètement devenu
03:13 complètement fou.
03:14 Est-ce que la nouvelle génération, en
03:15 tout cas les nouvelles générations,
03:17 justement, ont les clés en main
03:18 pour faire basculer tout ça ?
03:20 Cette nouvelle génération a
03:22 vraiment vachement conscience
03:24 de ces dangers-là.
03:26 Et on voit bien que maintenant, il y a
03:28 de plus en plus d'enfants qui
03:28 deviennent végétariens,
03:30 de plus en plus d'enfants qui militent
03:31 dans des associations.
03:33 L'effet colibri fait que chacun peut
03:34 faire un tout petit truc, mais c'est
03:36 peut-être juste de ramasser des
03:37 sénégaux de la plage.
03:39 Et déjà, ça, c'est un geste pour la
03:40 planète de couper son robinet,
03:41 d'éteindre sa lumière.
03:43 Et puis d'autres vont aller sauver un
03:44 jaguar.
03:45 Certains vont monter une association,
03:46 protéger les dauphins.
03:47 Enfin, chacun avec ses capacités
03:49 et sa volonté. Mais si on est des
03:51 millions à le faire,
03:52 eh bien, ça sera facile de sauver
03:54 le monde.
03:55 Elodie est le dernier jaguar, donc
03:56 votre tout dernier bébé.
03:59 Celui-là, vous l'aimez terriblement
04:01 et vous avez bien raison.
04:02 Il est donc disponible au cinéma.
04:03 Merci beaucoup, Gilles Demestre,
04:04 d'être passé dans le monde d'Elodie
04:05 sur France Info. Merci beaucoup.
04:06 Merci.
04:08 Et fini.