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L’élection présidentielle sénégalaise, initialement prévue le 25 février, a été repoussée au 15 décembre. Un report voulu par le Président Macky Sall qui compte bien en tirer profit, selon notre journaliste Pascal Airault.

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Transcription
00:00 C'est très dangereux pour la démocratie sénégalaise.
00:02 Justifie officiellement ce report en raison des divergences de vues
00:13 qu'il y a entre certains candidats.
00:15 Et le Conseil constitutionnel qui a validé une liste de 20 candidats
00:22 pour la présidentielle du 25 février, mais qui en a exclu certains aussi,
00:27 dont Karim Ouad, le fils d'Abdoulaye Ouad, l'ancien président,
00:31 et candidat du PDS.
00:33 Ce dernier, via son parti, a demandé la mise en place
00:37 d'une commission d'enquête parlementaire accusant ou soupçonnant
00:41 que deux juges du Conseil constitutionnel aient été corrompus.
00:44 Et donc c'est pour mettre fin à ce climat délétère
00:47 que le chef de l'État sénégalais justifie le report de la présidentielle.
00:52 Mais c'est un dangeroprécédent.
00:53 Il faut savoir que depuis 1963,
00:55 toutes les élections présidentielles se sont tenues à échéance au Sénégal.
00:59 Et là, on va tomber à partir du mois d'avril dans un vide constitutionnel,
01:03 c'est-à-dire avec un président qui légalement ne sera plus en fonction
01:07 et dont le mandat n'aurait été simplement prologé
01:09 par les députés qui ont voté en faveur de ce report.
01:12 Alors les analystes se perdent en conjecture
01:21 en prétendant que son dauphin, le Premier ministre Abba Doba,
01:24 n'aurait pas l'étoffe, n'aurait pas le charisme
01:26 pour remporter la présidentielle.
01:28 Il paraît qu'il y a eu des sondages secrets
01:30 qui ont été commandés par le Palais
01:32 et qui ne sont pas favorables à ce candidat.
01:34 C'est l'une des hypothèses avancées par les gens qui suivent la politique sénégale.
01:39 Autre hypothèse, c'est les promesses faites à Karimouade
01:41 de réintégration dans le jeu politique sénégalais.
01:45 Il faut savoir qu'il avait été condamné par une cour d'exception
01:48 qui est réhabilitée par le pouvoir à l'issue d'un dialogue politique.
01:53 Et donc le Conseil constitutionnel, en invalidant sa candidature,
01:57 a mis une épine dans le pied de Macky Sall
01:59 qui a souhaité le remettre à nouveau dans le jeu.
02:02 Quel peut être le deal qui a été passé derrière tout ça ?
02:05 Personne ne le sait exactement.
02:07 Tout ce qu'on voit, c'est qu'il y a une certaine convergence d'intérêts
02:10 entre la majorité présidentielle et le PDS, le parti de Karimouade.
02:14 Et d'ailleurs, ça fait de longs mois que le PDS, souvent, apporte ses voix
02:18 à la majorité lors des votes à l'Assemblée nationale.
02:22 Pourquoi Macky Sall ?
02:25 Ça peut être une faction de gagner du temps pour soit choisir un nouveau dauphin
02:29 qui ne serait pas Maduba, soit donner le temps à Maduba de mieux se faire connaître,
02:34 de faire le tour du pays et de s'assurer que le candidat choisi
02:39 par le président de la République remporte bien cette élection.
02:42 Pour Macky Sall, il y a un enjeu fondamental.
02:44 C'est que son adversaire, son ennemi juré, Ousmane Sonko,
02:48 candidat du PASTEF aujourd'hui emprisonné, ou celui qu'il soutiendrait,
02:52 n'arrive pas au pouvoir.
02:53 On est dans une période où il a promis qu'il se retirerait à l'issue de son dernier mandat.
02:59 Donc c'est la question de l'héritage qui est en jeu.
03:01 Et c'est aussi la question de son avenir après le pouvoir.
03:04 On sait qu'il veut lancer une fondation.
03:06 On lui prête des ambitions d'être candidat pour le secrétariat général des Nations Unies
03:11 à l'issue du mandat d'Antonio Guterres.
03:13 Donc pour cela, il lui faudra des soutiens, il lui faudra des appuis.
03:17 Donc ça fait partie des hypothèses aussi qui sont avancées.
03:20 C'est très dangereux pour la démocratie sénégalaise.
03:27 D'ailleurs, on le voit, il y a une tribune signée par d'éminents professeurs de droit,
03:31 des juristes, des historiens, des intellectuels sénégalais,
03:34 qui a été rendue publique aujourd'hui et qui met le président devant ses responsabilités.
03:39 Il accuse d'ouvrir une crise institutionnelle inédite dans l'histoire du pays.
03:44 Il va y avoir des corps intermédiaires de l'État qui vont se mobiliser.
03:47 Il faut savoir que normalement, les décisions d'un conseil constitutionnel
03:51 ne sont pas susceptibles de recours.
03:52 C'est une instance de dernier recours.
03:54 Donc elle s'impose aux différentes juridictions du pays.
03:57 Donc c'est assez inédit ce qu'est en train de faire Maki Sahl.
04:00 Il va falloir bien voir dans les prochains mois
04:02 quelle va être l'ampleur de la contestation des manifestations au Sénégal.
04:06 Mais ça ne devrait pas passer comme une lettre à la poste.
04:10 Sous-titrage Société Radio-Canada

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