Ces bombes qui explosent le budget carbone - Jancovici, Wegner, Welgryn

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Musique https://www.youtube.com/watch?v=UJdogwBtZvw

Réponses au quiz de fin :

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Sur combien de bombes carbones travaille TotalEnergies ?
23.

Quel est le budget carbone pour 1,5 degré de réchauffement global ?
600tonnes.

Quelles sont les différentes étapes de la chaîne de production de GNL ?
Production et traitement, Garoducs pays producteurs, Purification, liquéfaction, Méthanier, Regazéification, Gazoduc national

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Transcript
00:00 A fin 2022, l'humanité avait émis 2400 milliards de tonnes de CO2 dont vous voyez la décomposition ici. C'est d'abord du charbon, ensuite de la déforestation, ensuite du pétrole, ensuite du gaz.
00:11 Et du coup la température s'est réchauffée d'à peu près 1,2°C. Vous en avez déjà entendu parler. C'est les 1,2°C de réchauffement qu'on a déjà aujourd'hui qui nous ont donné déjà la canicule qu'on a eu l'été dernier,
00:22 la canicule qu'on a eu en Chine l'été dernier, le stress, etc. La canicule que le Pakistan a connu l'été dernier, puis les inondations monstrueuses de mousson que le Pakistan a connues juste après.
00:36 Tout ça c'est 1,2°C. Si on veut se limiter à 1,5°C, donc la version ambitieuse de l'accord de Paris, à ce moment nous devons limiter les émissions cumulées d'ici à 2100 puisque c'est 1,5°C en 2100.
00:49 On doit limiter les émissions cumulées d'ici à 2100 à 3000 milliards de tonnes. Et comme vous êtes des comptables distingués dans cette école, vous faites comme moi le calcul, 3000 moins 2400, ça veut dire qu'il en reste 600 à émettre.
01:02 Ce qui veut dire que sur les 80 ans qui restent jusqu'en 2100, pour satisfaire à l'accord de Paris, il faut émettre un quart de ce qu'on a émis sur le siècle qui vient de s'écouler avec une population qui est en moyenne 3 fois supérieure.
01:20 Donc divisé par 4, divisé par 3, ça veut dire qu'un être humain qui naît aujourd'hui a le droit à sa vie durant, à 1/10, pour donner un chiffre rond, des émissions que ses grands-parents qui meurent aujourd'hui ont eues pendant leur vie. C'est ça que ça veut dire.
01:39 [Musique]
01:47 Pour revenir rapidement sur la définition de bombes carbone, et bon, il y a une carte qui apparaîtra peut-être un jour. Donc on a 425 projets dans le monde. On y reviendra un peu plus tard.
01:58 Ils sont répartis un peu partout sur le globe avec quand même, on le verra un peu plus tard, une responsabilité assez majeure. En tout cas, ils sont implantés de manière prédominante dans certains lieux, notamment aux États-Unis, en Chine, dans le Golfe Persique.
02:12 Mais on y reviendra. Ce qui est important, c'est de savoir qu'il y a toute une partie de ces projets qui n'a pas encore démarré, qui sont des projets qui sont encore en cours de développement ou qui sont simplement à l'état de projet.
02:24 Ça veut dire qu'on continue à faire de nouveaux projets pétro-gasiers. Il y a un chiffre qui nous semble particulièrement important à souligner et qui nécessite de faire un retour rapide sur la notion de budget carbone,
02:42 de laquelle vous êtes peut-être déjà familier, mais qui est vraiment très importante à souligner, à rappeler pour comprendre vraiment les enjeux de ce travail. Donc le budget carbone, c'est la somme totale des émissions qu'on peut relâcher dans l'atmosphère avant d'arriver à un certain stade de réchauffement.
03:01 Donc nous, notre point de référence, ce sur quoi on a travaillé, c'est le budget carbone 1,5°C. Et si on fait la somme des émissions qui pourraient être générées par tous les projets, tous ces projets de bombe carbone, à la fois les existants et les projets à venir,
03:17 ceux qui sont encore dans un stade de démarrage, on excède le budget carbone 1,5°C par un facteur 2 à 3. Vraiment, je me permets d'insister parce que c'est extrêmement important.
03:27 Ça veut dire que si ces projets vont tous jusqu'au bout, on dépasse extrêmement largement les limites des émissions qu'on peut générer pour espérer rester dans un scénario 1,5°C.
03:43 Donc ça, c'est vraiment le constat fondamental à avoir en tête et c'est l'une des choses sur lesquelles on souhaite mettre l'accent.
03:51 Maintenant, l'idée, c'est de faire un focus sur l'entreprise Total Energy, en particulier en commençant par Total Energy dans la base de données des bombes carbone.
04:02 Sur la base de données, on dénombre 23 bombes carbone auxquelles Total Energy est associée, ce qui sont des bombes carbone qui auraient des émissions potentielles associées de 60 gigatonnes de CO2.
04:17 Pour revenir très rapidement sur la méthodologie, on a considéré, parce qu'on n'est pas dans une démarche de comptabilité carbone stricte, mais dans une démarche de vulgarisation,
04:27 et aussi parce qu'à partir du moment où une entreprise est impliquée dans un projet, elle permet à ce projet d'exister,
04:34 on a délibérément, pour toutes les entreprises, conservé l'intégralité des émissions dans une démarche vraiment de vulgarisation.
04:42 Donc si on essaye de faire un focus sur quelques projets pour vous présenter un peu la diversité des projets de la stratégie de Total Energy,
04:52 un des premiers projets dont on voulait vous parler, c'est par exemple le projet de Northfield,
05:03 qui est un projet à la fois où Total a des participations anciennes dans les champs Dolphin et Catargas II,
05:11 mais qui vient aussi très dernièrement d'être sélectionné dans un projet d'extension de Northfield South,
05:18 avec une participation de 9,3% à peu près sur les 25% qui sont proposés aux partenaires internationaux en 2022,
05:26 ce qui en fait le premier partenaire international. Et cette participation a été enterrinée en 2022.
05:33 Ce qui est intéressant sur ce sujet, c'est que Northfield, c'est un champ où il va y avoir beaucoup de production de GNL.
05:41 Donc le GNL, pour revenir très rapidement sur ce que c'est, c'est un type de gaz qui est composé à 90% de méthane,
05:49 qui est un gaz à effet de serre qui a un pouvoir de réchauffement qui est 30 fois supérieur au CO2 sur 100 ans.
05:56 En fait, c'est une nouvelle manière de transporter du gaz. On le compare aux gazoducs internationaux.
06:02 Vous voyez qui est le premier graphique. En dessous, on peut voir qu'il y a beaucoup plus d'étapes de transformation
06:08 pour produire du gaz naturel liquéfié. Notamment, on doit passer par une étape de purification,
06:14 puis de liquéfaction. On le transforme à une température de -160°C pour pouvoir le transporter sur des méthaniers,
06:22 puis le regazéifier. Toutes ces étapes de transformation vont avoir beaucoup d'émissions.
06:27 Par exemple, d'après des calculs de carbone 4, on voit que le gaz naturel liquéfié est au moins 2,5 fois plus émetteur
06:41 sur les émissions amonts, qui représentent à peu près 14% des émissions du gaz, que le gaz transporté par gazoduc.
06:51 Ensuite, si on passe à un autre type de projet, plutôt dans la catégorie des nouveaux projets qui n'ont pas encore commencé,
07:00 on peut évoquer le projet Mozambique-GNL, qui est également un projet qui contient des trains de liquéfaction
07:09 pour produire du GNL. Ce qu'on sait de ce projet, c'est qu'en 2021, il a été suspendu pour 4 forces majeures,
07:15 suite à une attaque djihadiste, et qu'il y a un recours en cours pour homicide involontaire qui concerne Total.
07:21 Et qu'en septembre 2023, Total a annoncé vouloir relancer le projet, alors que la zone n'est pas encore stabilisée
07:30 et qu'il est décrit actuellement par de nombreuses ONG. Et enfin, si on prend un projet de type plutôt non conventionnel,
07:37 on peut parler du projet Vaca Muerta, qui est localisé en Patagonie. C'est une bombe carbone qui pourrait émettre 5,58 gigatonnes de CO2.
07:49 Pourquoi est-ce que c'est intéressant de parler de celui-là aussi ? C'est parce que c'est un autre type d'extraction.
07:53 Là, on va parler de fracture hydraulique. Ça veut dire que, contrairement à un réservoir classique, comme vous voyez sur le schéma,
08:01 on va vraiment aller extraire du gaz qui est présent de manière beaucoup plus diffuse. Et donc, ça va nécessiter de fracturer la roche.
08:10 Ça va avoir comme impact, ça va requérir beaucoup plus d'énergie. Mais également, ça va avoir des rejets de méthane beaucoup plus importants par rapport au conventionnel.
08:20 Par exemple, il y a une étude chinoise dans Nature Communications, qui a été publiée en 2020,
08:25 qui a montré que l'extraction de gaz de schiste est quatre fois plus émissive que celle du gaz conventionnel,
08:31 avec 50 à 70 % des émissions qui sont liées aux fuites de méthane. Donc, c'est important à avoir en tête.
08:37 Et puis, il y a également le fait que ça pose des questions de gestion d'eau et de qualité de l'air.
08:44 On a fait à peu près le tour des projets. Il y en a 23 avec chacun des caractéristiques différentes.
08:51 Mais c'était pour illustrer la diversité des types de projets d'extraction qui peuvent exister sur la base de données.
08:58 Un autre point qu'on voulait vous souligner, c'était du coup, comme l'a mentionné Oriane précédemment, la question des financements.
09:05 Donc, on sait que depuis l'accord de Paris, Total Energy a reçu 52 milliards d'euros des 60 plus grandes banques mondiales.
09:12 Ce chiffre a été calculé par Banking on Climate Chaos, dont d'ailleurs 18 milliards des plus grandes banques françaises.
09:20 Et donc, ce chiffre peut interroger et ouvrir la porte sur la question vraiment de la réglementation à mettre en place au niveau des acteurs financiers
09:29 pour les faire contribuer également à la transition énergétique. Enfin, pour finir, on voulait tous ces projets de bombes carbone.
09:46 En fait, ils posent la question plus générale du positionnement du groupe vis-à-vis de la transition énergétique mondiale et de leur propre stratégie de décarbonation.
09:56 Donc, cet enjeu, il est cristallisé dans le slogan de Total Energy, qui est une compagnie net zéro en 2050 ensemble avec la société.
10:04 Donc, quand on voit ce slogan, la question qu'on peut se poser, c'est au niveau des émissions net zéro.
10:13 Donc, que vaut la stratégie de décarbonation ? Avec s'interroger sur la question du reporting, des objectifs, de la question du passage par rapport à la trajectoire
10:23 et des allégations de net zéro. Et qu'est-ce qu'on veut dire avec ensemble avec la société ?
10:28 Comment est-ce que cette définition s'insère dans la société de demain, à la fois en termes d'offres et à la fois en termes de demandes d'énergie ?
10:36 Et on pourra en reparler plus en détail si vous le souhaitez par la suite.
10:41 Et pour finir, je voulais juste prendre un tout petit peu plus de hauteur avec un graphique très intéressant qui montre la répartition des dépenses de l'industrie pétrogazière en général
10:52 sur la période 2012-2022. Donc, pour sortir un peu uniquement du cadre de Total, mais regarder l'industrie en général.
10:58 Ce qu'on voit quand on regarde les dépenses de l'industrie, c'est déjà ce qui saute aux yeux, c'est l'augmentation progressive des dividendes et des rachats d'actions au cours du temps.
11:08 Mais également, on sait que dans les périodes 2021-2022, il y a eu une explosion des bénéfices de ces entreprises.
11:17 Or, on constate qu'il y a très peu d'augmentation des investissements bas carbone. On voit une part très faible de ces dépenses qui va aux énergies bas carbone.
11:28 Par contre, on voit l'apparition du remboursement de la dette. On peut vraiment s'interroger sur la répartition des flux financiers et le fait que cette explosion des profits n'a pas permis d'augmenter la part des investissements bas carbone.
11:42 Vous parlez par exemple du champ de Northfield au Qatar, si je ne m'abuse. Or, Total Energy est effectivement impliqué dans ce champ.
11:54 Mais il y a Shell, il y a Qatar Energy. Est-ce que si Total Energy n'était pas là, le Qatar ne ferait pas quand même ce gisement avec son entreprise nationale et avec Shell ?
12:07 Ce que je veux dire, c'est qu'on ne fait pas le procès de Total. On essaye de comprendre d'abord comment on peut avancer sur les choses et appliquer effectivement la transition.
12:19 Mais il n'y a pas d'autorité. Enfin, il y a l'AIE. Mais est-ce qu'il y a une autorité internationale susceptible de faire une répartition ou un élément cadrant un peu tout le monde ?
12:33 Parce que si chaque fois qu'on dit quelque chose, on nous dit "si ce n'est pas Total, c'est Shell, si ce n'est pas Total, c'est Exxon, si ce n'est pas Total", on est un peu court.
12:44 Dans vos réflexions et dans vos analyses, est-ce que vous avez avancé là-dessus et fait des propositions ou trouvé des solutions ? Je n'en sais rien. Est-ce que vous avez des choses là-dessus ? Merci.
12:54 Si Total abandonnait, mettons, du jour au lendemain l'intégralité de ses projets, est-ce qu'on serait pour autant avancé ? Est-ce que ce serait une solution du point de vue du réchauffement global ?
13:06 Effectivement, l'argument que vous avancez, celui de dire "si ce n'est pas Total, ce sera une autre entreprise", spontanément, c'est évidemment une chose à laquelle on pense.
13:15 Néanmoins, je pense qu'il y a une réponse qui est assez intéressante de ce point de vue-là et qui a été apportée par le tribunal de la Haye en 2021, dans le cadre du contentieux qui a opposé les ONG à l'entreprise Shell,
13:31 justement sur la question de la mise en cohérence de sa stratégie avec les objectifs climatiques. Et ce qui est extrêmement intéressant, c'est que Shell, dans sa défense, avait mis sur la table exactement l'argument que vous citez,
13:46 c'est-à-dire "ça ne sert à rien de nous interdire, de nous freiner, de nous interdire nous, puisque si ce n'est pas nous qui le faisons, ce sera n'importe quel autre concurrent, et donc ça ne sert à rien".
13:56 Le juge répond à ça, le juge fait une réponse qui est quand même assez intéressante, qui est la première chose, c'est que le tribunal retient le fait qu'il n'y a pas de preuves que d'autres entreprises que Shell reprendraient le rôle,
14:11 d'autant plus si on réfléchit en termes de transition globale, si on réfléchit dans le cadre de la transition de l'Union européenne, de la transition des États-Unis dans la mesure des politiques de décarbonation qui sont mises en place,
14:23 si on réfléchit simplement en termes sur le périmètre de la France, si on arrête de réfléchir strictement du périmètre de la France et qu'on élargit à l'effort de décarbonation qui est à court dans le Nord global,
14:35 on peut imaginer que ce soit des politiques de transition, que ce soit des décisions contraignantes qui soient prises, qui soient généralisées, et qui aboutissent à contraindre finalement une plus grande partie des entreprises prétro-gasières basées dans les pays du Nord.
14:50 Ça c'est la première chose. La deuxième chose c'est que le juge, et je pense que c'est important de le souligner, le juge dit que même si Shell ne peut pas résoudre à lui tout seul le problème global du changement climatique, il ne faut pas pour autant l'absoudre de sa responsabilité.
15:05 Et ça je pense que ça peut faire partie des choses dont on discute aussi dans le cadre Total. Même si l'objet n'est pas de dire que Total est une entreprise qui porte à elle toute seule l'intégralité de la responsabilité du changement climatique, néanmoins elle en porte une petite partie et je pense que c'est de ça qu'on discute aujourd'hui.
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