• il y a 8 mois
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00:00 2014
00:18 2013
04:43 2022
11:20 2024
18:33 2019

Sources
Commission coût réel de l'électricité 2012 https://www.youtube.com/watch?v=MULmZYhvXik
Commission indépendance énergétique 2022 https://www.youtube.com/watch?v=851Q-nPNx7I
Commission Obligations de TotalEnergies 2024 https://www.youtube.com/watch?v=G3-L9UtBP78
Commission Impact des ENR 2019 https://www.youtube.com/watch?v=Hr9VlAM71O0
Commission Croissance verte 2014 https://videos.senat.fr/video.135703_57c99de47cc5a?timecode=2495000
Musique https://www.youtube.com/watch?v=YyRfQM_QFVE

Réponses au quiz de fin :

/!\ Description à ne pas lire avant d'avoir vu la vidéo entièrement
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Quels sont les 5 usages concurrents du sol ?
Agriculture, biodiversité, matériau hors bois, forêt, énergie.

Qu'aurait fait Jancovici avec les 60 milliards du Grand Paris ?
Prime à la casse sur la totalité du prix d'achat de voiture basse consommation pour tous les messages franciliens.

Combien de ménages français se chauffent au fuel ?
4 millions.

#jancovici #écologie #commission #parlementaire #sénat #assembléenationale #député #décroissance #transport #industrie #total #éolien #nucléaire #énergie #climat #sobriété #extrait #janco #JMJ #ethiqueettac
Transcription
00:00 Dans un monde en croissance, on peut faire à la fois des trucs intelligents et des bêtises.
00:03 Dans un monde sans croissance, plus on fait de bêtises et moins on fait de trucs intelligents.
00:06 Malheureusement, on a encore de l'arithmétique bête et méchante.
00:10 J'ai bien aimé votre démonstration.
00:21 C'est dommage de dire que, enfin, ce n'était pas le sujet,
00:24 mais que dans le domaine du transport,
00:26 vous n'avez pas été titillé pour avoir vos idées en matière de transport.
00:33 M. Jean-Marc Jancovici. - Il a dit "petite voiture".
00:35 M. Jean-Marc Jancovici. - Il faut monter le prix et, dans le même temps,
00:38 planter des banderilles dans le dos des constructeurs pour qu'ils descendent les consommations moyennes.
00:42 Je vais vous livrer un calcul d'ordre de grandeur qui va peut-être vous intéresser.
00:46 Vous avez probablement entendu parler du Grand Paris.
00:49 Le coût d'investissement des infrastructures du Grand Paris,
00:52 avant le fameux facteur Pi, entre le budget et le coût réel,
00:57 est valable absolument partout.
01:00 J'ai entendu l'autre jour, du flot à la radio, dire que vous connaissiez un autre truc que l'EPR,
01:04 pour lequel le coût double en cours de route.
01:06 C'est dommage que je n'ai pas été à côté d'elle, car j'ai eu envie de lui dire que tout prototype industriel est valable absolument partout.
01:11 C'est aussi vrai dans les développements de logiciels,
01:13 avec le fameux facteur Pi, entre le truc qui fait "papa-maman" et le fait qu'on vous vend pour 100 euros,
01:16 qui finira par coûter 300 euros à l'arrivée.
01:19 Pour revenir à la question posée, dans le domaine des transports,
01:26 le Grand Paris, à peu près 60 milliards d'euros,
01:29 nos calculs indiquent que cela va déplacer de l'ordre de 2 à 3 % de la mobilité motorisée des Franciliens.
01:35 Vous mettez les lignes de transport en commun dans des zones denses, où déjà très peu de gens utilisent leur voiture,
01:48 et donc vous obtiendrez essentiellement du report modal en provenance de gens qui ne se déplacent pas en voiture,
01:52 plus de l'induction de trafic.
01:54 L'induction de trafic, c'est le fait de rester chez soi, car le métro passe en bas de chez soi,
01:59 et donc de se balader ailleurs.
02:02 Le vrai report modal en provenance de la voiture est marginal dans cette histoire.
02:06 Ou bien, vous vous mettez en zone peu dense,
02:09 en faisant une station de métro au milieu de la Pampa, au plateau de Saclay,
02:12 et comme la zone d'attraction de la gare est de 1 à 2 kilomètres,
02:15 si vous êtes en zone peu dense, vous n'attirez personne, et donc personne avec une voiture.
02:18 Les gens ont tous une voiture, mais ils n'en attirent pas beaucoup.
02:21 La construction des stations de métro dans la Pampa, à Saclay,
02:26 va commencer par produire un premier effet, qui est que dès que la station de métro sera construite,
02:32 on construit à côté, pour héberger des gens qui habiteront à perpette,
02:35 car à ce moment-là, il n'y aura pas de métro et ils viendront en voiture.
02:38 Le jour où il y aura le métro, ils ne déménageront pas de perpette de là où ils sont, pour aller se mettre ailleurs.
02:41 Vous aurez donc mis les gens dans un corner, dont ils ne sortiront pas, car le métro arrive.
02:46 Cet effet était une très bonne idée en 1940, mais aujourd'hui, c'est totalement anachronique.
02:53 M. Jean Castex : Vous parliez de l'aménagement du Grand Paris.
02:56 M. Jean-Marc Jancovici. Les choses en petite couronne sont intelligentes, mais les choses en grande couronne sont complètes.
03:04 Pour en revenir à ce que je disais sur les transports, le Grand Paris a 60 milliards d'euros, 2 à 3 % de la mobilité motorisée.
03:15 Je reprends l'exemple de mes voitures qui ne consomment pas beaucoup.
03:18 Je commence par planter des banderilles dans le dos de Renault et Peugeot, et ils me sortent mes deux chevaux.
03:23 Je mets une prime à la casse sur la totalité du prix d'achat de la voiture pour tous les ménages franciliens qui mettent à la casse leur voiture à 6 litres au 100 pour m'acheter ma voiture à 1,5 litre.
03:32 Il y a 6 millions de voitures en Île-de-France, 6 millions x 10 000, 60 milliards.
03:37 Dans le premier cas de figure, j'ai changé l'avis de 3 % des gens qui utilisent une voiture. Dans le deuxième cas de figure, j'ai changé l'avis de tous les gens qui utilisent une voiture pour la même somme d'argent public.
03:49 Si vous ne voulez pas que la TIPP se casse la figure, car vous allez consommer quatre fois moins de carburant, vous multipliez le prix de l'essence par trois.
03:59 C'est un exemple de mesure dans laquelle vous avez résolu le problème d'un urbanisme constant.
04:06 Ce n'est pas en 10 ans que vous allez faire déménager de banlieue lointaine tous les gens qui n'auront plus rien à y faire dans 50 ans.
04:12 Pour cela, il vous faut 50 à 100 ans. En version sympathique, sinon vous déportez tout le monde.
04:17 Pour modifier la forme des villes, il faut 50 à 100 ans.
04:20 Pour répondre à la contrainte pétrolière qui commence à s'exercer aujourd'hui et qui va devenir particulièrement mordante dans les 10 à 15 ans à venir,
04:27 il ne faut pas d'autre choix que de baisser la consommation unitaire des véhicules à technologie constante.
04:36 A ce compte, vous sauvez la stabilité dans une bonne partie de la couronne francilienne.
04:43 [Musique]
04:51 Vous parlez juste et vous plaisez beaucoup aux jeunes générations.
04:56 Votre chaîne YouTube compte 220 000 abonnés, votre Facebook 185 000, l'Indekeen de 600 000 abonnés.
05:03 Ce qui m'inquiète, c'est ce numérique qui est sur la pente ascendante, qui augmente de 9 % sur un an.
05:16 Ce numérique risque de devenir insoutenable pour la planète, puisque c'est un gouffre énergétique à un grand consommateur de matières premières.
05:26 Le secteur du numérique génère plus de gaz à effet de serre que l'aviation, que vous avez souvent cité.
05:34 D'ici 2050, on nous dit qu'à ce rythme, elle représenterait 35 % des émissions de gaz à effet de serre.
05:43 Donc ma question est la suivante. Ce numérique, qui a quelque peu bénéficié à l'environnement, ne suffit pas à compenser sa propre empreinte numérique.
05:56 On a compté sur la dématérialisation pour économiser des arbres, mais au bout du compte, quand on fait la décision, le compte n'y est pas.
06:06 Alors que pensez-vous, M. Jean-Caussy, de ce développement exponentiel de ces tweets futiles, inutiles ?
06:17 Pensez-vous qu'il ne faudrait pas aujourd'hui réfléchir à responsabiliser, voire à réguler l'usage du numérique ?
06:25 Le numérique, je vais d'abord le relier au thème de cette commission. C'est un domaine dans lequel nous n'avons aucune souveraineté.
06:42 Aujourd'hui, pour payer mes impôts, je dépends des GAFA. La fonction la plus régalienne de l'État, qui est de lever l'impôt, a été confiée aux GAFA.
06:50 J'ai besoin d'un ordinateur, d'un système Internet, de télécommunications mondiales. Tout cela, il n'y a plus rien qui relève de la souveraineté française.
07:04 Ce qu'on vient de faire sur la 5G est, de mon point de vue, un abandon supplémentaire de souveraineté.
07:10 On va inciter les opérateurs français à s'équiper avec des tas de composants de réseau qui ne sont pas fabriqués en France.
07:19 On va inciter les Français à changer de smartphone pour des appareils qui ne sont pas fabriqués en France.
07:24 Tout cela pour regarder Netflix dans le métro. Je ne suis pas complètement convaincu.
07:28 Et pour avoir Tinder qui marche mieux. Du reste, au moins Free est honnête dans ses campagnes de pub.
07:32 L'opération du genou de Mme Je ne sais pas quoi en Creuse, là, en fait non, ce n'est pas à ça que cela va servir.
07:38 On est clairement aujourd'hui dans ce que j'appelle l'ébriété numérique.
07:44 Avant de savoir si la première chose à faire est de fermer le compte YouTube de Jean Covici, ce qui est une option,
07:49 puisque comme ça, on sait que ça supprimera de la pollution numérique.
07:54 Pour l'instant, je fais ce que je peux, on dit, regardez, en très basse définition.
07:58 C'est clair que j'y participe aussi. Donc, c'est une question pour moi aussi.
08:03 Il y a quand même un certain... Si on repart du début, l'empreinte carbone du numérique, aujourd'hui, dans le monde,
08:08 c'est à moitié fabrication des équipements, à moitié opération des équipements.
08:11 Dans les équipements, vous avez tous les écrans connectés qui sont autour de cette table, enfin autour de cette salle, pardon.
08:17 Vous avez les ordinateurs, vous avez les smartphones, vous avez les composants de réseau, voilà, et les serveurs.
08:22 Et l'opération de ces équipements, donc l'électricité, c'est l'autre moitié.
08:27 Ce qui tire aujourd'hui extrêmement fortement, donc vous avez raison de me chatouiller sur YouTube,
08:32 ce qui tire aujourd'hui extrêmement fortement la croissance du trafic du système digital mondial, c'est la vidéo en ligne.
08:38 Alors, les gens qui font du streaming, la Netflix en tête, YouTube est un gros pourvoyeur également de trafic d'data.
08:46 Le porno est également un gros pourvoyeur de trafic d'data.
08:48 Et après, vous avez toutes les vidéos du petit dernier qui fait areu-areu que les gens s'envoient.
08:53 Et qui est quelque chose de nulle importance, pas en général pour les récipiendaires,
08:58 mais très important pour les gens qui expédient la vidéo.
09:01 Et donc, la question, c'est comment est-ce qu'on limite l'inflation de tout ça ?
09:06 Alors, il y a quelques suggestions qu'on avait faites à l'époque au Chiffre projet.
09:10 On avait proposé à l'ARCEP que les licences octroyées aux opérateurs soient faites sous condition de maîtrise de l'empreinte carbone.
09:19 Voilà, c'est une option.
09:22 À l'époque, ils nous avaient qu'à moitié rayonnés.
09:27 Enfin, ils avaient noté l'idée.
09:29 Il faudra probablement, c'est toujours pareil, à partir du moment où on veut limiter un usage, il n'y a que deux options.
09:34 C'est les quantités ou les prix.
09:36 Et au Chiffre project, on est un peu plus communiste, donc on préfère les quantités que les prix.
09:40 On pense que c'est plus égalitaire de limiter par les quantités que de limiter par les prix.
09:45 Il va clairement falloir se poser la question.
09:48 Et par ailleurs, aujourd'hui, la débauche d'équipements qu'on est en train d'utiliser pour des usages totalement récréatifs,
09:54 le métaverse, etc., dont je ne suis pas complètement convaincu qu'ils vont aider à faire pleuvoir
09:59 ou à se sortir un peu mieux de la situation qu'on est en train de décrire ici.
10:03 C'est autant de composants qu'on ne pourra plus mettre dans des choses qui, aujourd'hui, sont indispensables au fonctionnement quotidien de notre société.
10:11 Avoir des banques. Aujourd'hui, les banques, c'est quoi ? C'est des électrons et des ordinateurs.
10:15 C'est ça, une banque, aujourd'hui.
10:17 Sans électronique, ça n'existe plus, une banque.
10:21 Si demain matin, on devait revenir au billet de banque et au comptable sur feuille de papier, le système explose.
10:26 Donc, ces usages-là, qui sont, même si on dit beaucoup de mal des banques par ailleurs,
10:30 il y a des usages comme ça qui, aujourd'hui, sont devenus essentiels à très court terme.
10:35 Et on est en train de, entre guillemets, "gaspiller" des ressources pour des trucs assez futiles,
10:40 au détriment de la possibilité de garder des trucs qu'on va devoir garder un peu plus longtemps.
10:45 Plus longtemps, précisément. Donc, il y a un vrai sujet là-dessus.
10:49 Il me semble que ça justifierait également des investigations un peu plus approfondies de l'enceinte dans laquelle je me trouve,
10:56 de se pencher sur ce qu'on fait en termes de stratégie numérique dans ce pays, à part céder à la fascination devant le gadget.
11:03 Et je suis désolé de le dire à votre groupe, notre président en tête.
11:07 Alors, ensuite, on a quand même tous vu au Consumer Show de Las Vegas, avec des lunettes virtuelles, etc.
11:17 Enfin bon, je dis, ce n'est pas un secret d'Etat.
11:25 À propos des bombes carbone, quel est votre avis ? Faut-il les... Voilà. Je fais court, là.
11:30 Et la deuxième, qui est plus précise, moi j'aimerais avoir votre regard sur la question de la concurrence entre la production énergétique et la production alimentaire.
11:39 On sait que le groupe Total investit dans des projets d'agrivoltaïsme ou de méthanisation en France, en Europe, enfin à l'étranger.
11:45 Et sur la question de l'agrivoltaïsme, un décret est en cours de concertation et pourrait permettre une couverture de 40% des terres agricoles, dans certains cas.
11:53 Dans cette perspective de décarbonation de notre énergie, mais également d'évolution de notre modèle agricole, quelle lecture faites-vous de cette situation ?
12:01 Pour en faire plus court.
12:03 Alors, sur les bombes carbone, en fait, c'est comme ça qu'on appelle...
12:09 C'est comme ça qu'on appelle des gisements identifiés de combustibles fossiles, dont la quantité totale extractible dans le gisement dépasse, si ma mémoire est bonne,
12:22 2 milliards de tonnes de CO2 si on brûle la totalité de ce qui est extrait.
12:26 Il me semble que c'est ça le seuil, 1 milliard. Je devrais le savoir parce que la personne qui a fait le site est sur un bureau qui n'est pas très loin du mien.
12:35 Alors, ce qui est sûr, c'est que, nonobstant le fait que la production de pétrole dans le monde a probablement passé son pic ou sinon elle n'en est pas loin
12:45 et qu'elle a décliné pour de seules raisons géologiques, s'il n'y a pas d'autres raisons de la faire décliner,
12:51 ça fait encore trop pour qu'on puisse extraire tout ce qui reste extractible et respecter la barre des 2 degrés.
12:57 Donc, en fait, on est dans une situation qui est un peu entre deux eaux, qui est...
13:02 Il y en a déjà plus assez pour que, si on ne fait rien, on puisse compter sur une production croissante,
13:08 mais il y en a trop pour que le climat ne dérive pas de façon extrêmement dangereuse si on extrait tout.
13:14 Et c'est encore plus vrai pour le charbon. En fait, il reste des quantités considérables de charbon sur Terre
13:20 et on ne peut absolument pas se permettre d'attendre la limite géologique en ce qui concerne le charbon.
13:26 Même si on attend la limite géologique sur le pétrole et le gaz, on dépasse les 2 degrés. Voilà.
13:32 Maintenant, ça renvoie un peu à la question qui a été posée tout à l'heure sur est-ce que l'État français peut quelque chose
13:39 de la mesure où ces gisements ne sont pas situés sur le sol français, l'État français, lui, la seule chose qu'il peut faire,
13:45 c'est assécher la demande, mais il ne peut pas tellement jouer sur l'offre. Là où Patrick Pouyanné n'a pas complètement tort,
13:52 c'est que quand... Je crois que c'est l'Ouganda et la Tanzanie, là, qui ont identifié du pétrole dans le sous-sol,
13:58 il dit "Si ce n'est pas nous, ça sera d'autres", en l'état actuel, il n'a pas tort. En l'état actuel, il n'a pas tort.
14:03 Et ça ne dépend pas de nous, de toute façon. Ça dépend du gouvernement ougandais. Et le gouvernement ougandais, il va nous dire
14:09 "Vous êtes gentils, les Français, là, mais enfin, nous, on veut des hôpitaux, des routes, etc. Donc, si on ne sort pas le pétrole du sous-sol,
14:15 vous nous les payez, les hôpitaux et les routes ?" Et on va dire "Bah non, nous, on est occupés avec notre inflation alimentaire".
14:21 Bien sûr. Les routes, c'est sûr. Des hôpitaux, un peu quand même aussi. Donc, en tout cas, chez nous, ils l'ont été.
14:32 Donc, c'est pas simple. Moi, encore une fois, je ne suis pas en train de dire "Total a raison de faire ce qu'ils font".
14:43 Je dis juste "On ne peut pas leur dire "C'est vous qui avez toutes les cartes en main, vous êtes maître du monde,
14:50 et le monde va évoluer juste en fonction de ce que vous décidez vous". Ça, c'est une vision simpliste de la situation.
14:55 C'est bien pour ça que c'est compliqué, du reste.
14:59 - On est content. Si il n'y a pas une autre article, ça veut dire que vous êtes maître du monde.
15:03 - Il n'y a pas de maître du monde. C'est bien le problème. Ou c'est pas le problème, j'en sais rien. Mais en tout cas, il n'y en a pas.
15:09 Il y a de temps en temps une loi du plus fort. Donc, celle-là, elle existe. Elle a existé dans le passé avec l'armée américaine.
15:15 Elle existe aujourd'hui avec la monnaie américaine. Donc, de temps en temps, il y a une loi du plus fort.
15:19 Mais il n'y a pas de maître du monde. - Ça veut dire que la limitation de 1,5° ou 2°, c'est de la science-fiction, quoi.
15:23 - Alors, 1,5°, c'est mort. De toute façon, ça, c'est mort. Et 2°, sauf chute de comète, effondrement économique, etc., c'est parti pour être mort. Oui.
15:31 Parce que je vous ai dit, -5% par an, c'est-à-dire contracter délibérément l'économie de 3 ou 4% par an. Personne n'est candidat. Donc, voilà.
15:39 - Et sur la question par rapport à la production alimentaire... - Sur la question par rapport à la production alimentaire, oui, évidemment, il y a une concurrence d'usage des sols entre...
15:46 Alors, en fait, le sol, vous pouvez l'utiliser pour un certain nombre de choses. Vous pouvez l'utiliser pour l'agriculture.
15:52 Vous pouvez l'utiliser pour la biodiversité. Donc, là, en fait, vous lui fichez la paix. Vous pouvez l'utiliser pour du bois, les forêts.
16:00 Et vous pouvez l'utiliser pour des matériaux hors bois, du chanvre, du lin, du miscanthus. Et enfin, vous pouvez l'utiliser pour de l'énergie.
16:10 Ces cinq usages sont évidemment concurrents. Alors, aujourd'hui, l'addition de ces cinq usages hors bois dépasse les capacités des sols puisqu'on n'arrête pas de déforester.
16:20 Et après, toute la question est de savoir à quel usage vous allez imputer la déforestation. Dit autrement, qu'est-ce que vous considérez comme étant l'usage marginal qui provoque la déforestation ?
16:30 Alors, les uns disent c'est l'alimentation, c'est à cause des champs de soja, etc. Moi, je vous dis, si ça se trouve, c'est à cause des biocarburants.
16:37 Parce que si on ne faisait pas de colza en France, on pourrait à la place faire des pois, des févraules et de la luzerne et on n'aurait pas besoin d'importer du soja.
16:44 Donc, c'est très difficile de savoir à quelle culture vous imputez la déforestation.
16:52 Si.
16:53 Les émulocultures qui s'apposent à nous.
16:56 Je viens de le dire. C'est une affaire d'organisation globale du système. Et là, l'organisation globale du système, pour le coup, la France a un peu plus la main sur ce qui se passe sur son sol.
17:05 D'accord ? Même si on est dans un système européen et que l'agriculture est une compétence européenne. Mais on a quand même un peu plus la main.
17:12 Voilà. Donc, qu'est-ce que je pense des cultures à fin énergétique ? Je pense qu'on peut les considérer comme étant celles qui causent de la déforestation.
17:21 C'est une affaire de point de vue. A titre personnel, je pense qu'on aurait été mieux inspiré de limiter drastiquement la consommation des voitures que de mettre tout le colza qu'on cultive dans les moteurs de voitures.
17:34 Je pense que c'est essentiellement à ça que ça sert. C'est marrant parce que le pouvoir politique européen a eu d'une certaine manière un certain courage en disant on va interdire les moteurs thermiques à partir de 2035.
17:47 C'est quand même une petite révolution pour les constructeurs. Mais il a jusqu'à maintenant manqué de courage sur la baisse de la consommation des véhicules neufs où, entre les normes qui ne correspondent à rien,
17:58 les émissions de CO2 pondérées par le poids et autres en tourloupe normatives, en fait on se retrouve avec le constat que, hors véhicule électrique, la consommation du parc en fonctionnement est là extrêmement peu baissée sur les dernières décennies.
18:15 Donc là, on a raté une marge de manœuvre évidente parce que je ne pense pas que ce soit une révolution sociale que les gens conduisent des voitures un peu plus petites.
18:24 Ce n'est pas un monde qui est fondamentalement différent du monde qu'on connaît quand même. Je pense qu'on risque bien pire. Voilà, là on a raté le coche.
18:32 Après, si j'essaye de répondre aux deux questions. Alors dans le bâtiment, qu'est-ce qu'il faut faire ? Je vais vous répondre en ingénieur et ensuite je vais vous répondre en législateur.
18:46 En ingénieur, vous avez en gros un premier sujet qui est il faut s'attaquer au parc existant et non pas durcir les réglementations sur le neuf.
19:00 Le neuf aujourd'hui, on construit chaque année l'équivalent de 1% du parc de logement existant. Mais ce n'est pas du renouvellement, c'est de l'accroissement.
19:07 Le renouvellement réel, il est inférieur à 1 pour 1 000. C'est-à-dire les bâtiments ou les maisons qu'on détruit pour les remplacer par du neuf, c'est 1 pour 1 000.
19:15 Donc on ne peut pas compter sur le renouvellement de l'existant par du neuf dans lequel on aurait mis des normes de performance dures pour régler le problème.
19:25 Donc ça veut dire qu'il faut s'attaquer directement à l'existant. S'attaquer à l'existant, ça veut dire qu'il faut sortir le gaz et le fioul du chauffage.
19:32 C'est ça que ça veut dire. C'est quoi les modes concurrents ? Alors vous avez deux manières de faire ça.
19:38 La première, c'est vous pouvez en sortir tout en gardant du gaz et du fioul en baissant tout simplement la consommation.
19:44 À ce moment, vous isolez. C'est le cas classique. Ou vous changez l'appareil de chauffage. L'appareil de chauffage est un appareil qui se change au moment où il est cassé.
19:57 Personne ne change sa chaudière pour le plaisir de changer sa chaudière. Une chaudière se change quand elle est vieille ou cassée.
20:02 Vous avez éventuellement des gens qui changent l'appareil de chauffage quand ils achètent un logement. Le truc était vieux et ils considèrent que vieux = cassé. Donc ils le changent à ce moment-là.
20:10 Mais personne ne va se lever le lundi matin en disant "tiens je vais changer ma chaudière parce que la nouvelle elle met moins". Ça n'existe pas ça.
20:17 Est-ce que vous avez compris quand le prix du fioul s'envole et que les gens stressent du prix qui s'augmente parce que la facture devient très lourde pour les ménages sur la question du chauffage ?
20:33 Ils font l'une des trois choses suivantes. Ils habitent à la campagne et se chauffent au bois. Ils habitent avec une prise électrique et ils mettent un petit radiateur soufflant. Ils se pèlent.
20:45 Ils mettent un pull ou deux ou trois. Une bonne partie des précaires énergétiques dans ce pays sont chauffés au fioul.
20:58 Je vais finir ma réponse avec la réponse du législateur. La réponse du législateur est que la rentabilité intrinsèque des économies d'énergie dans le bâtiment est à horizon de temps beaucoup trop long pour que les gens fassent ça pour des raisons strictement économiques.
21:16 La seule raison pour laquelle ils vont faire ça c'est si on les oblige. Moi qui suis propriétaire, le législateur doit me dire "vous allez dans les 30 ans qui viennent isoler votre toit. On ne vous demande pas si ça vous plaît ou si ça ne vous plaît pas. Vous allez le faire."
21:33 Vous allez me dire "si j'ai une chaudière à fioul, ce qui n'est pas le cas, dans les 3 ans qui viennent, il sera interdit de remplacer la chaudière à fioul par une chaudière à fioul." C'est interdit.
21:46 Alors qu'est-ce que je peux faire à la place ? Je peux remplacer par une pompe à chaleur accessible n'importe où. Dès que j'ai un branchement électrique, je peux mettre une pompe à chaleur. Donc là je passe du fossile au renouvelable.
21:56 En plus c'est du renouvelable bien près de chez moi parce que c'est la chaleur de mon sol ou la chaleur de mon air donc celle-là est parfaitement locale alors que l'éolienne n'est pas plus locale que le barrage de Serponçon.
22:05 Elle rentre dans le réseau et elle alimente tout le réseau. Si l'éolien c'était local, les allemands n'auraient pas besoin de tirer des lignes électriques. Le fait qu'ils aient besoin de tirer des lignes électriques montre bien que ce n'est pas local.
22:15 Alors que la chaleur de la pompe à chaleur est vraiment locale. Je veux dire quand j'ai une pompe à chaleur, c'est ma chaleur à moi, de mon air à côté et de mon sol à moi que je transfère, ce n'est pas celle du type qui habite à 100 km.
22:26 Je peux la remplacer si je suis raccordé au gaz et transitoirement par un chauffage à gaz. C'est déjà mieux que le chauffage au fuel mais idéalement il faudrait directement remplacer ça par une pompe à chaleur.
22:37 Alors maintenant je vais vous proposer un petit calcul. Vous savez que dans ce pays on a décidé de se lancer dans l'éolien offshore. L'éolien offshore aujourd'hui c'est 25 milliards d'euros d'argent public, vos impôts, les miens et ceux des gens qui nous écoutent, qui vont partir dans le financement de ce dispositif qui a encore moins d'intérêt que l'éolien terrestre.
23:01 C'est à dire s'il y a un truc qu'il faut arrêter tout de suite, c'est bien ça. C'est pas ce qui va se passer mais s'il y a un truc qu'il faut arrêter tout de suite c'est l'éolien offshore.
23:09 Avec les 25 milliards d'euros en question, vous avez de quoi payer 6 000 euros de primes de conversion du fuel à la pompe à chaleur aux 4 millions de ménages français qui sont chauffés au fuel, qui sont souvent des ruraux, souvent précaires et souvent des gilets jaunes, soit dit en passant.
23:24 6 000 euros de primes de conversion. Dit autrement, là vous auriez une subvention aux énergies renouvelables avec laquelle moi je vote des 4 mains.
23:36 Qu'on augmente mon taux d'imposition pour payer ça je veux bien mais qu'on me prédève 1 centime d'impôt pour aller payer l'éolien offshore c'est un truc de chadoc.
23:44 Aucun intérêt. Par quoi d'autre est-ce que vous pouvez remplacer ? Par de l'isolation. Donc là je le dis, il faut obliger, puisqu'il n'y a pas de rentabilité économique évidente, il faut obliger.
23:56 Alors il y a quelques dispositifs d'obligation qui sont très simples. Par exemple tous les ravalements de bâtiments qui n'ont pas de caractère architectural, hop, isolation par l'extérieur obligatoire.
24:05 Parce que le coût principal d'un ravalement c'est d'échafauder. Une fois que vous avez échafaudé, le coût de l'isolant c'est 10% du coût de l'opération.
24:14 Alors ça par contre c'est rentable de payer 10% de plus pour les économies d'énergie que ça va générer.
24:19 Donc le collège de votre gamin là, du béton des années 70 qui est laid comme pas possible, eh bien le jour où on fait un ravalement par l'extérieur, crack, isolation par l'extérieur. Terminé.
24:30 C'est obligatoire. On vous demande pas si ça vous plaît ou si ça vous plaît pas, c'est comme ça.
24:34 Donc c'est comme ça qu'il faut s'y prendre dans le bâtiment. Donc il faut décarboner l'appareil de chauffage et embarquer l'isolation dans des gestes que les gens devront faire de toute façon.
24:45 C'est ça les deux bonnes manières de traiter le bâtiment.
24:49 Et durcir les obligations sur le neuf n'a strictement aucun intérêt. Aucun. Ça c'est pareil, c'est de l'argent jeté par les fenêtres.
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