SMART BOURSE - Inflation : frayeur de courte durée ?

  • il y a 6 mois
Jeudi 15 février 2024, SMART BOURSE reçoit Florian Ielpo (Responsable Macro au sein de l'équipe Multi-Asset, Lombard Odier IM) , Malik Haddouk (Directeur de la Gestion Diversifiée, CPR Asset Management) et Gustavo Horenstein (Responsable Recherche Macro et Allocation d'Actifs, Dorval AM)
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00:00 [Musique]
00:10 Et c'est parti pour Planète Marché, une quarantaine de minutes ensemble pour décrypter,
00:14 tenter de comprendre les informations mais aussi les tendances qui nous proviennent de la Planète Marché.
00:19 Trois experts nous accompagnent ce soir.
00:22 Dans Smart Bourse, nous avons le plaisir d'accueillir tout d'abord Florian Yelpo.
00:26 Bonsoir Florian Yelpo.
00:27 Bonsoir.
00:28 Responsable macro au sein de l'équipe multi-assets de Lombard, Odier, IEM.
00:32 A vos côtés, nous avons le plaisir de recevoir également Gustavo Orenstein.
00:35 Bonsoir Gustavo Orenstein.
00:36 Bonsoir.
00:37 Responsable recherche macro et allocation d'actifs de Dorval AM.
00:40 Et puis enfin, nous avons le plaisir d'accueillir également Malika Douk.
00:42 Bonsoir Malika Douk.
00:43 Bonsoir.
00:44 Directeur de la gestion diversifiée de CPR AM.
00:46 Alors, on va commencer avec vous Malika Douk.
00:48 Beaucoup de questions cette semaine en lien avec des statistiques.
00:52 Alors peut-être pas forcément les statistiques les plus regardées par les banques centrales.
00:55 On a une tendance notamment au chiffre de l'inflation publié il y a deux jours
00:58 qui a fait légèrement vaciller le marché sur une journée.
01:01 Mais on a quand même perdu un peu plus d'un pour cent que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis.
01:06 On sent qu'il y a une certaine sensibilité sur ce chiffre.
01:09 Puis finalement, ça a été très vite oublié.
01:11 On est revenu sur une tendance qu'on connaissait depuis le début de l'année.
01:15 On a d'autres statistiques qui nous proviennent des Etats-Unis à l'heure actuelle.
01:19 La manière dont vous envisagez ce début d'année aux Etats-Unis
01:24 vis-à-vis d'un potentiel assouplissement monétaire et d'une résistance de cette économie américaine ?
01:31 Alors, on va commencer par le chiffre de l'inflation parce que c'est le chiffre le plus important,
01:38 en tout cas en ce qui nous concerne de la semaine.
01:41 Pour nous, c'était un non-événement.
01:43 En fait, le marché est très tendu à l'approche de l'hypothèse du désinflation qui ne serait plus en marche.
01:52 En fait, tout chiffre légèrement supérieur de 0,1, 0,2 provoque des inquiétudes
01:59 alors qu'on considère, et surtout pour le mois de janvier,
02:02 où il y a une saisonnalité qui est assez importante,
02:04 et on sait d'où provient cette inflation.
02:07 Il y a le service, il y a le logement.
02:09 Nous, on considère que la désinflation est continue et est en marche.
02:14 Donc, il ne faut pas s'inquiéter, c'est un bruit.
02:16 Et comme vous l'avez mentionné, le marché a tout de suite oublié le lendemain
02:20 et a repris sa marche en avant parce que ce qui importe, c'est la résilience de l'économie américaine.
02:26 On remarque le PIB du troisième trimestre, je pense, du premier trimestre.
02:31 Le fait d'attentat était à 3,4.
02:33 C'est un peu révisé à la baisse avec les chiffres des retails qui sont sortis aujourd'hui.
02:39 Mais il y a une économie qui est résiliente avec un marché du travail qui tient
02:45 et des entreprises, c'est le plus important, qui ont sorti des résultats satisfaisants
02:51 qui avaient été bien entendu révisés à la baisse.
02:54 Oui, il y a toujours un peu ce mécanisme.
02:55 Effectivement, on révise à la baisse d'abord et ensuite on est surpris à la hausse.
02:58 Mais ce qui a le plus surpris agréablement, c'est le maintien des marges.
03:03 En fait, les entreprises aux États-Unis réussissent depuis plus d'un an
03:07 à maintenir des marges très satisfaisantes, à rester au plus haut niveau.
03:11 Et ça, ça permet au marché américain de continuer à progresser et à monter
03:17 même si on arrive à des niveaux de valorisation, mais ce n'est pas d'aujourd'hui.
03:20 Des niveaux de valorisation qui sont des niveaux de valorisation très élevés, supérieurs à la médiane.
03:27 C'est le plus cher.
03:30 Mais il y a aussi ce soutien de la croissance des bénéfices,
03:33 puisque 2024 a commencé à être révisé à la hausse, après avoir commencé à être révisé à la baisse.
03:40 Mais là, les analystes se sont réajustés.
03:42 Et les taux ne posent pas un problème aujourd'hui,
03:45 parce que je pense que ce qui inquiète les investisseurs, ce n'est pas la politique monétaire.
03:50 C'était ma question justement, parce qu'effectivement, on parle de la résistance de l'économie américaine.
03:54 Vous dites que le sujet de l'inflation était un non-événement.
03:56 Est-ce que le décalage dans le temps d'un assouplissement monétaire,
03:59 ou en tout cas ce que semblent de pricer les marchés obligataires,
04:01 peut avoir une influence quand même sur une stratégie cette année en 2024 ?
04:04 Si le décalage a lieu en raison d'une activité économique qui est soutenue, c'est plutôt positif.
04:11 Si l'inflation n'accélère pas, ça c'est un événement positif.
04:15 Mais le décalage, il sera là.
04:17 La première baisse des taux, il faut l'attendre, on pense, pour juin, voire juillet aux Etats-Unis.
04:22 Pas avant, parce qu'il n'y a pas de raison.
04:25 D'ailleurs, la Fed a un problème de communication.
04:27 Elle ne peut pas vous dire aujourd'hui "je vais baisser les taux".
04:29 Parce que si vous annoncez que vous allez baisser les taux,
04:31 les entreprises et les acteurs financiers vont se dire "on va commencer à réinvestir,
04:36 on va commencer à redépenser parce que la baisse des taux va arriver".
04:40 Donc, elles se donnent les moyens, se donnent le temps en disant
04:43 "tant que je n'ai pas la certitude d'avoir atteint mon niveau,
04:46 je n'annonce pas que je vais baisser les taux".
04:49 Et en plus, le chiffre de l'inflation qui compte, ce n'est pas celui qui est sorti, c'est le PCE.
04:53 Et le PCE, la tendance, c'est vraiment la baisse.
04:56 Donc, non événement ce CPI ?
04:58 Non, non, nous on considère que c'est un non événement.
05:00 C'est une réaction de marché violente, comme elle avait eu lieu au mois de décembre et novembre,
05:04 quand il y a eu des chiffres meilleurs, et que la Fed avait annoncé
05:07 qu'elle arrêtait son mouvement de hausse des taux.
05:10 Gustavo Reinstein, même question.
05:12 Effectivement, c'est un chiffre d'inflation aux Etats-Unis,
05:14 ce n'est pas le plus suivi par la Fed, c'est quand même un chiffre qui donne une tendance,
05:17 qui donne des indications.
05:19 Est-ce qu'effectivement, il faut attendre le chiffre, que regarde le plus la Fed,
05:24 dans sa version core, pour être sûr et poser une analyse sur l'évolution de l'inflation ?
05:29 Ou quand même, on peut comprendre cette sensibilité des marchés qu'on a vu il y a deux jours ?
05:33 Alors, effectivement, d'abord le chiffre est effectivement mauvais.
05:36 On peut le découper, on essaie d'enlever des morceaux par-ci, par-là.
05:39 C'est de voir, à la fin, le core service hors logement est quand même fort.
05:43 Il y a dans l'économie, effectivement, le mois de janvier était un mois où l'inflation est remontée.
05:50 Effectivement, il y a des effets de correction des variations saisonnières qui sont un peu compliqués.
05:53 On a toujours, évidemment, par nature, à chaque mois de janvier,
05:56 mais effectivement, depuis le Covid, particulièrement,
05:59 les corrections de variations saisonnières sont parfois un peu aléatoires.
06:02 Donc, ça a pu jouer.
06:05 Par ailleurs, le chiffre était tellement mauvais que forcément,
06:07 notre cerveau d'être humain nous dit que ça doit être un outlier,
06:10 et ce n'est pas représentatif de la tendance générale.
06:12 Effectivement, la Fed ne vise pas le CPI, mais le PCE,
06:16 qui en général est un peu en dessous, n'a pas la même composition,
06:18 et probablement n'augmentera pas autant.
06:20 Mais je pense que le fond de l'histoire, c'est plutôt que, de toute façon,
06:25 l'inflation est déjà suffisamment faible pour que la banque centrale américaine
06:30 baisse ses taux, si c'est nécessaire.
06:32 La question, c'est de si c'est nécessaire.
06:34 C'est ce côté optionnel.
06:35 C'est vraiment le grand changement, selon nous.
06:37 Qui pourtant a été vécu comme une évidence par les marchés fin 2023.
06:40 Il faut garder en tête que c'est optionnel.
06:43 C'est optionnel.
06:44 L'idée, c'est que si c'est nécessaire, la Fed baissera les taux.
06:48 Si l'économie venait à ralentir beaucoup plus fort que ce que tout le monde anticipe aujourd'hui,
06:52 s'il y avait un problème dans les banques,
06:54 n'importe quel choc important sur la macro, la banque centrale peut y répondre,
06:59 parce que l'inflation est d'ores et déjà suffisamment faible
07:01 pour qu'un ralentissement l'amène très rapidement à 2%.
07:04 Elle n'a pas besoin d'attendre d'arriver à 2% pour être dans cette réaction.
07:11 Évidemment, si l'économie est solide, si le marché du travail est solide,
07:15 s'il n'y a aucun choc, il n'y a pas de raison qu'elle se précipite à baisser les taux.
07:20 Mais du moment que cette idée du put est là,
07:23 les marchés financiers peuvent tout à fait surfer par-dessus.
07:26 Il y aura forcément de la volatilité, c'est une évidence,
07:29 mais elle peut passer par-dessus ce type de choc.
07:32 C'est ce qui s'est passé avec le chiffre d'inflation.
07:35 Une tendance globale qui devrait diminuer,
07:39 on n'a pas de boule de cristal, mais on sent que c'est la tendance.
07:42 Une économie américaine qui résiste bien, certains parlaient de soft lending,
07:45 maintenant on parle de no lending, puisqu'on a du mal à voir quand l'atterrissage va avoir lieu.
07:49 Des chiffres du chômage, de nouvelles inscriptions au chômage qui reculent,
07:53 encore cette semaine, comment est-ce que vous analysez ce moment particulier
07:59 où on a du mal à comprendre comment tout cela va évoluer dans les mois qui viennent ?
08:04 D'abord, évaluer la vitesse de l'économie américaine n'est pas évident.
08:07 Il y a plein de chiffres différents.
08:09 On avait noté des écarts entre le PIB, les mesures venant de l'income, par les revenus.
08:15 Au final, on peut dire que l'économie américaine est dans une croissance toujours forte.
08:20 Ce ne sont peut-être pas les 4, mais autour des 2,5 ou 3,
08:24 ce qui est quand même une croissance tout à fait forte.
08:27 Ceci étant, il y a quand même un rééquilibrage au fur et à mesure dans certains endroits, sur le marché du travail.
08:32 On voit les taux de démission qui commencent à ralentir,
08:35 c'est-à-dire le turnover sur le marché du travail américain commence à ralentir,
08:39 c'est en train de se refroidir, même si le taux de chômage ne remonte pratiquement pas.
08:43 Mais quand même, au sein du marché du travail, ça est en train de se rééquilibrer peu à peu.
08:48 On voit également les chiffres de consommation.
08:51 Effectivement, la consommation des ménages, c'est la grande surprise de 2023.
08:54 Peut-être que là, on est à un début au moins de normalisation au fur et à mesure de ces chiffres de consommation.
09:00 Il y a bien un refroidissement.
09:02 Tout le monde attend que les...
09:05 C'est ça qu'on a peut-être en tête quand on parle de l'atterrissage en douceur.
09:08 Il y a quand même une certaine modération, mais avec une croissance qui, pour l'instant, reste tout à fait dynamique.
09:15 C'est un mélange qui est plutôt idéal du point de vue des marchés financiers,
09:18 puisque vous avez une croissance suffisamment forte pour que les résultats des entreprises soient positifs,
09:23 et en même temps, le processus de désinflation qui a déjà suffisamment avancé pour que le pouls des banques centrales soit de retour.
09:31 Si on doit utiliser les termes à la mode sur les marchés financiers, soft lending, c'est le scénario principal.
09:36 On parle de no lending aujourd'hui.
09:38 On reste assez ouvert sur l'évolution de l'économie américaine en début 2024.
09:42 Oui, oui. Là, je ne sais pas si no lending, soft lending, mais en tout cas, l'économie est forte.
09:48 Et la question du lending, je dirais que c'est plutôt une question pour plus tard.
09:52 Ce n'est pas le sujet à l'heure actuelle ?
09:54 Non, parce que dans les conditions actuelles, on est déjà en train d'attendre la confirmation de cette désinflation
10:00 et les premiers mouvements de la réserve fédérale.
10:04 Après, la question, c'est dans cette situation, est-ce qu'il peut y avoir une réaccélération de l'économie ?
10:09 Quelque part, non. On est déjà dans des croissances relativement fortes.
10:13 Le problème du no lending ou du soft lending, c'est qu'il n'y a pas de réaccélération vraiment possible.
10:17 On ne voit pas très bien d'où ça pourrait venir, d'ailleurs.
10:19 Du coup, c'est vraiment une situation qui est un peu le miroir inversé de la décennie précédente.
10:25 La décennie précédente, on était tout perpétuellement en train d'espérer des choses et d'avoir finalement une économie très équilibrée.
10:32 Maintenant, c'est pile l'inverse. Tout le monde attend un ralentissement qui semble effectivement ne pas arriver.
10:36 Mais je crois que les problèmes, vraiment, soft lending ou pas, c'est quelque chose pour plus tard.
10:41 Pour l'instant, je crois qu'on peut profiter d'un mélange qui est très positif pour les marchés financiers.
10:47 Encore une fois, une certaine résilience et cette optionnalité, cette protection optionnelle des banques centrales.
10:53 C'est-à-dire que même si cette résistance disparaît, on sait que les banques centrales sont là pour protéger.
10:59 Florian Yelpaud, que dire pour compléter ce qui a déjà été dit en réaction à ce chiffre que tout le monde attendait cette semaine.
11:04 Mais peut-être aux perspectives qu'on peut avoir sur l'économie américaine, l'économie américaine qui crée beaucoup d'emplois également.
11:10 353 000 pour le mois de janvier. J'ai lu ce que vous écrivez. Vous dites notamment qu'on analyse peut-être le nombre de créations d'emplois aux États-Unis
11:19 avec des référentiels un peu datés et qu'on s'inquiète peut-être parfois trop de créations d'emplois qui dépassent les 200 000 créations par mois.
11:29 C'était vous le lecteur.
11:30 C'était moi le lecteur.
11:31 Effectivement, c'est un point qu'on trouve intéressant. On est à peu près tous je pense une génération où 200 000 créations d'emplois aux États-Unis, c'est la norme.
11:43 C'est comme ça que l'économie américaine on run. On voit 353 et on commence à s'inquiéter.
11:48 C'est vraiment 75 % de plus que cet espèce d'ancrage mental. L'ancrage mental vient des années 2000.
11:55 Et quand on commence à regarder ces chiffres en proportion de la population américaine, on se rend compte qu'on n'est pas du tout dans un environnement où on crée beaucoup d'emplois.
12:04 En fait, on crée à peu près 0,13 % d'emplois de la population totale, ce qui correspond à peu près à ce qu'on faisait de la décennie 80 à 90, alors que la décennie d'où nous venons, elle était plutôt à 0,10 %.
12:18 Donc on parle de point de base, évidemment. Mais une fois qu'on a une économie de quasiment 300 millions d'habitants, c'est pas la même chose qu'une économie pour caricaturer 200 millions d'habitants.
12:29 Le nombre de créations d'emplois est évidemment une fonction du nombre de personnes qui vivent dans la société.
12:35 Il faut prendre en compte la démographie.
12:36 Exactement. Il y a un effet démographique potentiel à prendre en compte qui peut aider à relativiser et se dire effectivement, on parle plus de résilience que de surchauffe.
12:46 Moi, j'aime beaucoup la réaction du marché à la suite de la publication du chiffre de l'inflation et ce qui s'est passé ensuite, le jour d'après.
12:58 C'est que contrairement à ce qu'on a pu voir justement en 2022-2023, il y a un peu plus d'inflation que prévu.
13:03 Oui, les chiffres le disent. Il y a un peu plus d'inflation dans le rapport. C'est indéniable. C'est comme ça.
13:07 Mais le marché, initialement, se fait peur en se disant « mais la fête va monter plus les taux que prévu ou du moins retarder ses hausses de taux ».
13:13 Ah oui, mais elle ne va pas monter les taux. Et en plus, cette inflation est plutôt macro.
13:18 Donc, ça veut dire que l'économie va bien. Ça veut dire que les earnings vont bien. Ça veut dire que la santé des entreprises est plutôt bonne.
13:23 Et finalement, d'un coup, on tourne le bateau et on se dit « mais en fait, non, ce chiffre-là est une bonne nouvelle pour l'économie.
13:29 Une bonne nouvelle pour l'économie, c'est une bonne nouvelle pour les marchés ».
13:32 Et ça, c'est quelque chose qui, je trouve, est assez intéressant en termes de perspective et qui nous change beaucoup, en tout cas,
13:37 des deux dernières années où on a vécu dans la peur de la banque centrale américaine, de la banque centrale européenne.
13:43 Cette époque-là, elle est un peu partie. Si je puis compléter par un dernier point.
13:46 Oui, bien sûr.
13:47 Ce qu'on trouve également intéressant, c'est de se dire « une inflation à 3%, ce n'est pas une inflation à 10% ».
13:54 C'est-à-dire qu'on a connu cette période d'inflation à 10% qui était très effrayante, très anxiogène en termes d'investissement,
14:01 parce que, voilà, est-ce que la Fed allait nous faire un moment « volkeur », monter les taux suffisamment pour générer de récessions coup sur coup ?
14:06 Ça n'a pas été le cas. Maintenant, on a une inflation de 3%, et en fait, cette inflation de 3%, elle est plutôt positive.
14:14 Mais c'est un peu le « round-tour ».
14:15 Ce n'est pas le mandat.
14:16 Ce n'est pas le mandat. Le mandat, il n'est pas précis. Vous savez qu'il n'y a pas de cible officielle. On est à 2,5, 3% contre 2,5.
14:22 Quelque part, est-ce que ce n'est pas un peu la même chose ? Vous voyez ?
14:24 Et surtout, il va falloir qu'on se convainque, être soin, qu'on arrive à se convaincre que cette inflation qui est plus macro,
14:33 il n'est pas certain que la Fed tente de lutter contre elle.
14:37 Et quand on repense à 2007-2008, la Banque Centrale Américaine commence à baisser ses taux en dépit d'une inflation qui est bien supérieure à ce qu'elle est aujourd'hui dans ce dernier rapport-là.
14:48 Donc, de l'autre côté...
14:49 Ça ne pourrait pas être le seul indicateur sur lequel se baserait la Fed pour lancer son assouplissement monétaire, si tant est qu'elle le fait comme prévu en juin, comme semble pricer le marché, en tout cas.
14:59 Non, et le fait qu'elle répète dans pas mal de médias qu'il se pose des questions sur ce qu'est réellement le taux neutre, moi, ça m'invite à la réflexion et à me dire
15:07 « S'il n'y a pas de problème d'inflation, il faut ramener le taux de la Banque Centrale sur le taux neutre pour arrêter d'influer sur l'économie. »
15:13 On en a suffisamment fait, à la baisse comme à la hausse. Il est où ce taux neutre ?
15:17 S'il est à 4,75 / 4,50, ramenons le taux à 4,75 / 4,50, peut-être, j'en sais rien, peut-être c'est 4, mais ça n'aura pas une influence décisive sur l'économie, si ce n'est de laisser l'économie retrouver une forme d'autorégulation et d'équilibre.
15:31 Malik Haddouk, question très ouverte pour bien comprendre. J'ai l'impression, à l'écoute de plusieurs interviews dans Smart Bourses, que le sujet Banque Centrale, le sujet inflation, est peut-être moins important aujourd'hui qu'il y a un an ou encore six mois.
15:45 Qu'est-ce qu'on regarde ? Où est la vraie sensibilité du marché, Malik Haddouk ?
15:49 La vraie sensibilité du marché est sur les résultats d'entreprises aujourd'hui. On est à la ligne, il n'y a pas d'autres sujets qui inquiètent vraiment à l'heure actuelle les marchés financiers.
16:02 On regarde, encore aux Etats-Unis, c'est de là que viennent encore une fois les bonnes surprises. C'est un maintien de marge et stratégie qui permettent aux entreprises américaines d'améliorer dans certains secteurs, même leur marge, et de le maintenir à un niveau très élevé, ce qui n'est pas le cas des entreprises européennes, malheureusement.
16:20 Donc aux Etats-Unis, tout va bien, c'est ce qu'il faut comprendre. Elles n'ont pas encore tout publié, mais jusqu'alors, là, il n'y a pas de soucis particuliers. 80% des entreprises publiées ont des résultats supérieurs aux attentes.
16:29 Bien sûr, mais même avec les résultats qui ont été publiés, il y a eu un travail d'ajustement à la hausse, aussi de la progression des bénéfices à venir pour 2024. Et c'est ça qui alimente la progression encore du marché.
16:47 Donc les earnings, c'est vraiment aujourd'hui la véritable variable d'ajustement. On le voit sur d'autres marchés. Il n'y a pas que le marché américain, il y a le marché japonais aussi, qui a aussi sorti de très beaux résultats.
17:03 En Europe, la surprise, ça a été vraiment ce matin, on a eu beaucoup de bonnes nouvelles sur des cycliques. C'est assez surprenant. Ce qui permet de jouer, même si le marché, à mon avis, doit corriger à un moment donné, parce que l'envolée est assez rapide depuis deux mois.
17:18 Et le fait de pouvoir, c'est peut-être le moment de jouer la rotation qu'on attend depuis un certain nombre de temps.
17:25 Justement, je l'ai annoncé en introduction, je l'ai entendu sur ce plateau plusieurs fois, on n'a pas suffisamment de bonnes surprises en Europe sur le sujet résultat d'entreprise.
17:31 Est-ce que depuis ce matin, on a enfin suffisamment de bonnes surprises en Europe ?
17:35 On a de bonnes surprises, honnêtement, ce matin. Et je vous dis encore que la surprise, elle est encore plus surprenante.
17:40 C'est qu'elles viennent des valeurs cycliques, alors que le ralentissement européen était plus prononcé que le ralentissement américain, même si je pense que là aussi, on a touché un plus bas en Europe.
17:50 Et qu'il y a des éléments qui nous permettent d'anticiper une stabilisation, voire un redressement un peu de l'économie européenne dans les mois à venir.
18:00 Donc oui, le marché apprécie les résultats et le marché européen, lui aussi, continue à progresser, même s'il continue aussi dans sa sous-performance.
18:08 Bien sûr, oui.
18:09 Au marché américain, qui continue à être le seul marché qui progresse, à l'exception du marché japonais, mais qui bénéficie d'un autre élément de soutien.
18:19 Bien sûr, d'un autre contexte, oui.
18:20 Non, mais c'est l'élément de soutien, c'est encore une fois l'incertitude que laisse planer la banque centrale japonaise sur sa politique monétaire, qui a entraîné une nouvelle dépréciation du Yen.
18:31 Et puis il y a la thématique AI, qui s'étend maintenant sur les marchés asiatiques et qui a profité notamment, principalement aussi, à la banque japonaise.
18:40 Alors on y reviendra peut-être sur la thématique intelligence artificielle, mais juste avant, Gustave Orinstein, sur la saison des résultats, on peut peut-être commencer par l'Europe, effectivement.
18:46 Profitons-en, on a des beaux résultats aujourd'hui, on a des indices européens, et notamment un CAC 40, qui progresse, qui en profite.
18:53 Est-ce que là, on est... Alors effectivement, on ne fait pas forcément le lien entre macro et micro, mais là, sur le volet des résultats d'entreprise, on voit quand même qu'on a des belles valeurs en Europe qui résistent bien.
19:08 D'abord, sur les marchés et sur les indices, en général, les indices européens, les indices américains, tout est effet structure.
19:16 Tout est une question de ce qu'on est en train d'observer exactement. La performance américaine est très forte, mais elle est très inégalitaire au sein des entreprises américaines.
19:24 Donc si on regarde le S&P/CapiWay, qui est l'indice de lequel on parle habituellement, il fait effectivement très bien.
19:30 Quand on regarde l'indice équipondéré, où on pondérait les 500 valeurs de la même manière, c'est beaucoup, beaucoup moins bien. L'écart est très, très important.
19:37 - Pourquoi ? Parce qu'on sort les 7-up manifestants ? - Exactement. Parce que c'est très, très grosses entreprises qui font extrêmement bien.
19:43 C'est elles qui tirent essentiellement la performance. Elles l'ont tirée l'année dernière et c'est encore le cas depuis le début de l'année.
19:48 - Mais elles cachent une situation plus compliquée pour le reste ou elles gonflent une situation qui, globalement, reste solidaire ?
19:55 - Je crois que, globalement, la situation des entreprises américaines est bonne, mais je pense que les performances et l'extraordinaire comportement des entreprises sont quand même des indices.
20:04 - Oui, bien sûr. - Extrêmement marqués par ces très, très grosses valeurs. Les 6-6 en 17, maintenant c'est plutôt 6.
20:11 - Pour l'instant, on verra. - On donne le gaz. - Bientôt 5.
20:16 - C'est précisément le problème, d'ailleurs. C'est l'une des complexités de notre travail. Moi, je suis plutôt un économiste et j'essaie de réfléchir au marché vraiment d'une vision top-down.
20:26 Le problème, c'est que si le marché américain n'est pas du tout représentatif de l'économie américaine, je suis en train de parler d'autre chose.
20:31 Or, si je suis en train de parler des résultats de Meta, je n'ai pas d'idée. Ce n'est pas mon métier de savoir si Meta est trop cher, pas assez cher ou si Apple mérite son prix vu sa croissance.
20:40 Ce sont des questions intéressantes, mais je n'ai pas de réponse. Le problème, c'est que comme j'observe le S&P 500 et on fait cette impression que le S&P 500, c'est l'économie américaine, mais pas du tout.
20:49 Et il faut vraiment complètement séparer, et c'est important de le penser comme ça pour les investisseurs, de séparer la question macroéconomique de la croissance d'un pays de ses indices boursiers.
20:58 Ça n'a probablement très peu de rapport. Et l'Europe, c'est l'exemple. Effectivement, les entreprises européennes, en moyenne, c'est peut-être un peu décevant,
21:06 mais vous avez quand même de très belles entreprises européennes qui font des performances extraordinaires. Vous les connaissez toutes.
21:11 Les ASML et SAP et autres de Capgemini de ce monde.
21:17 On peut même parler de Airbus, qui montre...
21:19 Donc il y a des très très belles entreprises qui masquent après une cote beaucoup plus large avec ses difficultés, les small cap.
21:25 Mais si on prend les plus belles entreprises européennes, en réalité, elles font tout à fait jeu égal avec les plus belles entreprises américaines.
21:32 Donc tout est un effet de structure, c'est juste qu'elles sont beaucoup plus grosses, beaucoup plus lourdes dans les indices américains.
21:36 C'est moins le cas en Europe. Et l'intelligence artificielle, évidemment, qui était un thème qui est apparu surtout à partir de l'année dernière et qui a encore accéléré cette année,
21:45 c'est un thème... Si vous vous intéressez à ce thème, 95% des entreprises sont aux Etats-Unis.
21:49 Donc là, il y a un effet structure total, c'est-à-dire que vous prenez le fait de l'IA, vous retrouvez aux Etats-Unis.
21:53 Mais alors c'est intéressant, c'est quoi les entreprises d'intelligence artificielle ? Personne n'a la même réponse sur le sujet.
21:57 Pour vous, Gustavo Reinstein, c'est quoi ? C'est les semi-conducteurs ? C'est tous les secteurs qui, potentiellement, un jour seront transformés avec l'intelligence artificielle ?
22:04 Si on va sur cette thématique aujourd'hui, concrètement, qu'est-ce qui est concerné par le sujet IA en bourse ?
22:08 Ben, pour l'instant, effectivement, les Nvidia, ça a été l'énorme champion.
22:12 Mais ce qui est intéressant sur ce type de thème, bon d'abord, c'est qu'on le prend vraiment très au début,
22:18 qu'évidemment, comme tous les êtres humains, on tend à faire des extrapolations plus ou moins incroyables, à imaginer plein de choses,
22:23 mais c'est extrêmement difficile de savoir ce qui va se passer dans 10 ans sur l'IA, qui va gagner, quelles vont être les solutions viables.
22:30 Donc c'est extrêmement difficile. Quand nous, nous regardons ce thème-là, on tend quand même à regarder des entreprises qui sont déjà rentables,
22:38 qui sont déjà en train de gagner, et c'est un peu ce qui se passe sur les marchés.
22:42 Aujourd'hui, pour l'instant, les gros gagnants, ça reste des entreprises, toujours les mêmes, à la fois Nvidia, Microsoft et autres, vous les connaissez.
22:49 Bon, il peut y avoir après quelques aventures ici et là, on va voir, mais c'est beaucoup plus incertain.
22:54 Et c'est ça qui distingue d'ailleurs, en général, de la bulle Internet, c'est qu'aujourd'hui, ces gagnants sont quand même des entreprises qui sont rentables.
23:00 Ce n'est pas du rêve, tout simplement.
23:02 — Si je peux me permettre, sur le sujet de l'IA, c'est aussi l'impact que ça pourrait avoir, en dehors des entreprises, sur l'économie, sur les gains de productivité, etc.
23:11 Est-ce que ça pourrait entraîner notamment au niveau des salaires ? Parce que quand vous mettez en place de l'IA, hein, comme on nous expliquait que quand les robots étaient en place,
23:20 on n'allait pas virer les travailleurs à la chaîne, mais c'est ce qui s'est passé. Avec l'IA, il y a des pertes d'emplois qui vont avoir lieu, qui vont peut-être en compenser par d'autres.
23:29 Mais c'est ça que... C'est cet élément-là qui est en train de se mettre en place petit à petit. Je sais pas quelles seront les conséquences à terme sur l'économie en elle-même.
23:39 Mais c'est cet élément-là, en dehors des entreprises, hein, prises individuellement, bien entendu.
23:44 — Florian Yelpaud, peut-être un point d'abord sur la façon dont vous regardez la saison des résultats, que ce soit en Europe ou aux États-Unis.
23:50 Et ensuite, évidemment, peut-être qu'on va aussi déborder sur le sujet IA avec vous. Mais d'abord, saison des résultats, une saison plutôt solide quand même.
23:56 Et jusqu'à hier, aux États-Unis, aujourd'hui, on peut quand même dire qu'en Europe aussi, c'est quand même globalement solide. N'ose-le, non ?
24:03 — Oui. Puis ça fait quand même un petit bout de temps que dans les large caps depuis le début de la saison, on a des chiffres qui sont plutôt des surprises positives.
24:12 C'était un petit peu un moins bon en termes de surprise, hein, pas en termes de réaliser que ce qu'on voyait aux États-Unis.
24:18 Donc cette saison, elle oppose encore une fois plutôt des larges à des smalls que les US à l'Europe. Dans l'eurostock... L'eurostock 50 fait la perte du S&P à ce moment-là.
24:29 C'est aussi simple que ça. Enfin, quelques points de base près, M. Cordoré, la programmation.
24:34 Mais c'est un indice qui comprend de grandes entreprises et qui se bat relativement bien contre un autre indice qui comprend de grandes entreprises.
24:42 Si on regarde par contre tout ce qui est small, là, on a vraiment des choses qui sont plutôt à la traîne et qui ont de la peine à décoller.
24:47 Même les 2-3 premières semaines de février qui sont plutôt des semaines boules. Il fallait plutôt être exposé aux grands indices.
24:52 Le MECI High World a plutôt bien performé. C'est pas le cas de ce qui est plutôt small.
24:57 Nous, c'est plutôt une thématique structurante pour nous. Notre thématique, on revient à dire, peut être résumée. C'est assez simplement.
25:03 Si justement l'IA, la TechUS, les large caps ont largement profité d'un environnement inflationniste avec des taux très élevés,
25:12 maintenant on observe une normalisation. Je pense que c'est quelque chose sur la table sur lequel on est assez d'accord.
25:18 S'il y a normalisation de l'inflation, s'il y a normalisation des taux, ce qui marche dans un sens devrait marcher dans l'autre.
25:24 Et on devrait retrouver une forme de convergence entre justement la macro et la micro.
25:29 C'est-à-dire cesser de voir des entreprises qui capturent quelque part de la demande parce qu'elles sont grandes,
25:35 parce qu'elles ont un pouvoir de négociation en termes de prix avec le consommateur,
25:38 et voir plutôt une croissance capturée par des petites et moyennes entreprises et par cette fameuse thématique des émergents
25:44 qui nous préoccupe quelque part beaucoup plus que la thématique de l'IA.
25:48 Aujourd'hui, les émergents, c'est quelque chose qui nous intéresse. Transformer ce value trap en value opportunity,
25:54 qu'est-ce qui est nécessaire pour parvenir jusque là ? C'est des questions qu'on se pose aujourd'hui, davantage que des questions sur l'IA.
26:00 Au-delà de l'IA, émergents et small et mid-cap, c'est les sujets selon vous à regarder en 2024 et voir effectivement comment on peut
26:07 - j'aime pas le terme - mais voir ruisseler de la valeur, non plus seulement sur les grosses capitalisations, mais sur d'autres types de valeurs également.
26:16 Oui, on appelle ça le rallye des retardataires, c'est-à-dire ceux qui ont vraiment été à la traîne en 2022-2023,
26:21 ceux qui ont souffert parce que les earnings des petites et moyennes ont bien montré ce qui se passait dans une économie sous-jacente,
26:27 or le consommateur américain. Si on retire le consommateur américain et si on retire les Magnificent Seven,
26:33 qu'est-ce qui reste à une économie qui a vraiment ralenti ? Les taux ont progressé, l'économie mondiale a ralenti si on enlève ces éléments-là.
26:42 Il nous reste le consommateur américain qui est très fort parce qu'il est dopé à la stimulation fiscale,
26:47 et il reste justement la thématique US Tech parce qu'ils ont un pouvoir de négociation fort vis-à-vis de ce fameux consommateur.
26:54 Donc il y a une espèce de circularité là qu'il va falloir briser pour passer un petit peu à autre chose.
26:58 Une question peut-être plus pour vous Malik Haddouk, quand on voit effectivement une telle concentration dans les indices,
27:04 que ce soit aux États-Unis sur la Tech, en Europe sur le luxe et d'autres secteurs également,
27:09 qu'on voit qu'on est essentiellement sur les large cap, pas forcément sur les small limit, qu'on reste sur un faible panier de valeur,
27:16 comment on adapte une gestion active dans un marché qui semble quelque part être un peu faussé par une direction qui est toujours la même
27:24 quand il s'agit de faire la sélection de valeur ?
27:26 - Le monsieur vient de donner la réponse, c'est qu'il y a des Lagardes, depuis deux ans d'une on les connaît,
27:31 les émergents ça fait dix ans, ça fait pas deux ans, qui ont une situation qui est bien meilleure que celle qu'ils avaient il y a dix ans,
27:39 qui devraient profiter justement de cette annonce d'une politique monétaire américaine moins restrictive.
27:46 Mais tout est caché par ces grandes entreprises américaines, c'est tout, et puis tout le monde suit le mouvement.
27:55 Vous pouvez pas vous permettre d'être en dehors de ce mouvement là. C'est tout simplement ça.
28:02 - Même si on entend que c'est trop cher ou autre ?
28:04 - Écoutez, il y a une société, parce que je peux pas nommer les sociétés, qui a pris 120% en deux trois jours,
28:10 qui a permis au marché japonais d'ailleurs de monter, parce que voilà, vous avez des mouvements comme ça avec des niveaux de PE de 100.
28:19 Voilà, et les gens continuent à gêner parce que c'est le mouvement.
28:25 Maintenant il faut avoir le courage de dire qu'il y a des valorisations qui deviennent très tendues,
28:29 et qu'il y a des retards d'atterr, notamment dans les small cap aux US,
28:34 qui ont été bien sûr négativement impactés par la hausse des taux,
28:39 mais si on considère qu'aujourd'hui la hausse des taux, en tout cas des taux nominaux,
28:43 se stabiliserait autour de 4,20 et qu'on n'irait pas retrouver les 4,50, 4,80 pour des raisons d'inflation,
28:50 pas pour d'autres raisons qu'une activité qui se maintiendrait.
28:54 Elle devrait tirer parti justement de cette résilience de l'activité économique intérieure.
28:58 Ce qu'elles n'ont pas fait depuis maintenant 6 mois, 8 mois, parce qu'avec un écart de performance.
29:03 Donc oui, nous on est pour jouer cette rotation là, à la fois sur les small cap, à la fois sur les émergents.
29:08 Alors sur les émergents, c'est en allant globalement, on pourra parler de la Chine parce que...
29:12 - C'est à dire quand on parle d'émergents, on parle de qui ?
29:14 - Oui, mais il y a des gens qui vont vous dire "moi je me suis trompé l'année dernière, mais je continue,
29:18 il faut faire preuve d'humilité sur la Chine". Je pense que ce qui a été fait récemment,
29:23 c'est pour stabiliser le marché, mais il manque un élément, c'est de redonner confiance aux consommateurs.
29:27 Mais quand vous allez voir des valeurs technologiques, vous regardez le secteur technologique chinois,
29:32 qui a perdu plus de 75% sur les 3 dernières années.
29:37 Vous avez des niveaux de valorisation de 8 de PE, comparé à d'autres valeurs technologiques américaines
29:42 qui sont au-delà de 30. Vous ne pouvez pas me dire que le marché chinois va disparaître,
29:47 que l'innovation en Chine n'est pas présente, ce n'est pas vrai.
29:50 On connaît les raisons pourquoi le marché chinois est malmené,
29:53 ce qui a permis au marché japonais, au marché indien de progresser,
29:56 parce que les flux se sont redirigés vers ces marchés.
30:00 C'est les tensions avec les Etats-Unis, c'est les erreurs politiques qui ont été commises
30:05 par le gouvernement chinois avec les restrictions sur certaines activités,
30:09 c'est les tensions géopolitiques avec le rapprochement géopolitique avec la Russie qui posent problème.
30:14 Tout ça entraîne les investisseurs américains à barrer le marché chinois.
30:18 Mais il y a de la valeur à aller chercher sur ce marché, comme sur d'autres marchés émergents.
30:23 Gustave Orenstein, en réaction à ce que vient de dire Malik Haddouk,
30:29 émergents, Chine, small and mid-cap en Europe ou aux Etats-Unis ?
30:34 Sur les émergents, on entend en faire très peu en général, ce n'est pas du tout notre endroit de prédilection.
30:40 Par ailleurs, la leçon du cas chinois, c'est vrai que c'est sur les 10 ou 15 dernières années,
30:45 c'est que le miracle chinois et toute la progression des marchés émergents,
30:49 vous pouviez la capter finalement dans les entreprises européennes,
30:52 les entreprises américaines qui vendent sur ces marchés-là,
30:55 et vous bénéficiez de la meilleure gouvernance, de la meilleure protection des minoritaires que nous sommes.
30:59 C'est toujours la même chose, on n'investit pas dans un pays.
31:04 Quand on achète des entreprises chinoises, on est actionnaire d'une entreprise chinoise et non pas du PIB chinois.
31:08 Du coup, on est dépendant de la gouvernance de l'entreprise, de la structure de protection légale en Chine, etc.
31:15 Rien qui donne très envie, il faut être honnête.
31:18 Effectivement, la raison principale de la sous-performance du marché chinois, ce n'est pas l'économie chinoise.
31:22 Je ne crois pas du tout que c'est parce qu'il y a la démographie,
31:25 que vous réalisez ça, vous vous rendez compte de combien ça vaudrait le marché suisse.
31:29 La question n'est pas là.
31:31 La question c'est que vous n'êtes pas actionnaire du PIB, vous êtes actionnaire d'entreprise, et ça, ce n'est pas pareil.
31:36 Il faut quand même regarder, notamment la gouvernance, c'est un point extrêmement important,
31:39 et elle est relativement difficile en Chine, et pas simplement la gouvernance des entreprises elles-mêmes.
31:43 Je ne doute pas que les managers d'entreprises sont tout à fait honnêtes,
31:46 mais simplement l'endroit dans lequel ils sont cotés, le marché lui-même,
31:50 et le cadre juridique n'est pas extrêmement sécurisé, c'est le moins qu'on puisse dire.
31:54 Du coup, ça ne donne pas très envie.
31:56 Donc on préfère éviter, et à la limite, jouer, pourquoi pas, à l'idée que la Chine redémarre un peu,
32:01 ça me semble tout à fait raisonnable de l'imaginer.
32:03 Mais pas directement en Chine, plutôt avec des entreprises américaines ou européennes.
32:06 Avec des entreprises américaines, européennes, japonaises, coréennes.
32:09 Si on veut faire de l'Asie, il y a d'autres choses, mais on évite effectivement le marché chinois,
32:15 et les marchés émergents en général, c'est vrai que ce n'est pas l'endroit où on a le plus envie d'aller en ce moment.
32:19 Deux stratégies différentes, si je comprends bien.
32:22 Malika Douk, vous voulez réagir avant de passer la parole à Florian Hielpaud ?
32:26 Non, non, mais les raisons que j'ai invoquées de la faiblesse du marché chinois, elles ont été redites.
32:30 Oui, c'est un problème de gouvernance, d'interventionnisme du gouvernement,
32:34 et c'est vrai que quand vous investissez dans des entreprises chinoises,
32:38 vous ne savez pas à quelle sauce vous allez être mangé,
32:40 parce qu'il y a des interventions qui peuvent à tout moment arriver.
32:43 Mais je pense que le gouvernement a pris conscience de cette difficulté.
32:47 Et là, les événements récents pour venir soutenir le marché émergent,
32:51 c'est quelque chose qui va dans la bonne direction.
32:53 Mais ce n'est pas suffisant, ce n'est pas ça que les investisseurs attendent.
32:56 Ce qu'ils attendent, ce sont des mesures qui permettent de redonner la confiance au consommateur chinois,
33:01 qui n'est pas là en ce moment, malgré une épargne qui est record.
33:05 Mais il n'a plus confiance, parce que sa richesse était dans l'immobilier.
33:08 Vous voyez ce qui s'est passé sur le marché de l'immobilier.
33:11 Un gouvernement qui n'hésite pas à tuer la valeur à un endroit.
33:13 Donc il y a un effet de richesse qui n'existe pas, par contre il est extrêmement élevé aux Etats-Unis,
33:17 ce qui explique aussi le fait que les investisseurs américains continuent à investir sur la bourse américaine.
33:22 Florian Yelpaud, on a commencé avec l'intelligence artificielle.
33:24 Vous avez amené le sujet émergent sur la table, on en est à la Chine.
33:28 Comment est-ce que vous analysez le cas d'investissement Chine aujourd'hui,
33:32 même si Gustave Eurenstein l'a très bien dit, on n'investit pas sur un pays,
33:36 mais sur des valeurs ou en tout cas sur une thématique ?
33:38 Ce qu'on aime bien, c'est l'idée de se dire qu'il y a un double problème de confiance.
33:43 Il y a un problème de confiance à l'interne vis-à-vis de la consommation, mais on n'achète pas le PIB.
33:47 Et il y a un deuxième problème de confiance vis-à-vis des investisseurs étrangers, vis-à-vis de la Chine.
33:52 Et plus cette crise de confiance perdure, et plus on commence à chercher des alternatives
33:57 à une exposition Chine sans détenir de la Chine.
34:01 Évidemment, on pense à l'Inde, on pense au Japon, mais nous on pense beaucoup à l'Europe par exemple.
34:05 S'il y a un indice qui a une corrélation en termes de return, en termes de rendement,
34:10 au cours des trois dernières années, positive et bien marqué à la Chine,
34:14 c'est l'Eurostock 50 par exemple.
34:16 Tout simplement, achetez l'Eurostock 50 et vous aurez une exposition,
34:18 vous aurez 35% de corrélation au rendement chinois.
34:21 C'est pas mal, parce que comme vous le disiez, vous avez quelque part l'exposition,
34:25 tout en bénéficiant d'une certaine garantie de gouvernance vis-à-vis des boîtes européennes,
34:30 que vous connaissez bien, parce que ce sont des grands champions respectifs de leur secteur.
34:34 Et vous avez même un secteur, un indice qui est moins concentré dans un seul secteur,
34:39 c'est aussi un des problèmes d'indiquer des indices US,
34:42 cette concentration monosectorielle.
34:44 L'Europe de ce point de vue-là nous semble vraiment alléchante,
34:46 et c'est pas très cher, on n'est pas à 8 de PE, loin sans faux,
34:50 mais on n'est pas à 30 non plus.
34:52 Donc ça pourrait être une value opportunity sans être une value trap,
34:55 comme pour l'instant semblent l'être les actions émergentes.
34:58 Maintenant, si on regarde la première partie de l'année, la deuxième partie de l'année,
35:02 il nous reste encore 11 mois de l'année à courir,
35:05 on voit des forces se mettre en place qui pourraient justement soutenir le retour d'une confiance,
35:09 à la fois en Chine et dans les émergents,
35:11 et aider les investisseurs à séparer la problématique chinoise de la problématique émergente globalement.
35:16 Et ça c'est quelque chose qu'on a peu vu je trouve au cours de ces quelques derniers mois.
35:21 Je rebondis sur le sujet européen, sur les quelques minutes qui nous restent,
35:24 on l'avait annoncé en introduction, donc on va quand même l'aborder un petit peu.
35:27 Florian Hielpaut, on va commencer avec vous, vos perspectives de croissance en Europe,
35:30 avec cette question, la BCE peut-elle commencer son assouplissement monétaire avant la Fed ?
35:35 Aura-t-elle la nécessité de le faire ? Quelle est votre analyse sur le sujet ?
35:39 Le cycle européen, je répète toujours ça, c'est un peu idiot,
35:43 est toujours un cycle retardé par rapport au cycle américain,
35:47 et le cycle américain aujourd'hui, dans les indicateurs qu'on regarde,
35:51 nous on observe une reprise, c'est-à-dire qu'on a à peu près 68% des datas qu'on collecte
35:55 qui sont en amélioration sur un mois glissant.
35:58 C'est un chiffre qu'on voit assez rarement dans l'ensemble.
36:00 Oui, il y a des disparités, les ventes de détails déçoivent un petit peu,
36:04 la production industrielle, mais dans l'ensemble, ce qu'on observe,
36:07 c'est une reprise sans récession aux Etats-Unis.
36:09 Ça, c'est le poisson pilote pour nous.
36:11 Donc oui, la Chine a été...
36:13 L'Europe ?
36:14 L'Allemagne a été un petit peu derrière ces derniers temps,
36:18 mais l'Allemagne a fait le choix d'une concentration industrielle,
36:21 une concentration en termes de sources d'énergie,
36:23 qui ont été deux choix relativement malheureux, en tout cas,
36:25 et en termes de clientèle, pardon, qui ont été relativement malheureux dans ce cycle.
36:29 On voit plutôt un upside, plutôt une amélioration du cycle européen à venir,
36:34 qui va poser la question, justement, comme le dit Christiane Lagarde,
36:37 de "est-ce qu'ils vont être capables de délivrer les baisses de taux attendus ?"
36:40 Oui, non.
36:41 "Où est le taux neutre, comme je le disais précédemment ?"
36:43 Oui, non.
36:44 Notre vue maison, c'est que la BCE coupe peut-être avant la Fed,
36:47 tout simplement parce qu'il reste trop d'inflation aux Etats-Unis
36:50 par rapport à l'Europe, où on a vraiment capturé des pressions déflationnistes
36:54 plus marquées, plus fortes, qui pourraient inquiéter la BCE.
36:57 Ça reste à voir le marché pour l'instant, et comme vous le savez,
37:00 il n'est pas entièrement convaincu par l'idée.
37:02 Malik Haddouk, et on finira avec Gustave Orenstein, sur le sujet européen, rapidement.
37:07 Je pense que les choses peuvent s'améliorer.
37:11 Il y a déjà les chocs énergétiques, et la baisse des prix de l'énergie
37:15 qui redonne du pouvoir d'achat.
37:17 C'est quelque chose qui avait freiné la croissance économique européenne.
37:20 Les conditions financières semblent s'améliorer
37:23 avec une demande de crédit qui repart et des conditions de prêt qui s'améliorent.
37:26 Et puis l'anticipation d'une baisse des taux
37:29 pourrait permettre justement à l'activité de se normaliser,
37:33 de redémarrer un peu plus vite.
37:35 Quant à la question de la BCE, de savoir si elle va le baisser avant ou pas,
37:38 c'est une possibilité, mais j'en doute fort que la BCE ait le courage
37:44 de le faire avant la Fed, malheureusement.
37:47 C'est amusant, parce que c'est souvent la réponse qu'on a,
37:49 Gustave Orenstein, sur le sujet.
37:50 C'est économiquement tout justifierait une action de la BCE avant la Fed,
37:54 mais globalement, rien que par principe, elle ne le fera pas avant la Fed.
37:57 Oui, si on lit très attentivement le règlement intérieur de la BCE,
38:02 elle n'a pas écrit qu'elle était censée faire ça après la phase fédérale.
38:05 Rien ne l'empêche.
38:07 Mais dans les faits.
38:08 Dans les faits.
38:09 La grande différence, c'est que, autant il y a une résilience de l'économie américaine,
38:13 c'est clair, autant en Europe, on en est beaucoup moins sûr,
38:16 et on part d'un point beaucoup plus bas.
38:17 On attend, et je suis d'accord avec ce qui a été dit,
38:20 on attend bien une réaccélération graduelle de la croissance en Europe,
38:24 et surtout du cycle manufacturier, qui semble aussi, au niveau international,
38:28 c'est un cycle assez global, qui semble aussi avoir fait son point bas
38:31 et en train d'accélérer.
38:32 Alors ça, c'est plutôt favorable à l'Europe.
38:34 Le contre-choc énergétique, ça a été dit,
38:36 c'est quelque chose qui est plutôt favorable à l'Europe.
38:39 Donc il va y avoir un rebond, je crois, effectivement, de la croissance européenne.
38:42 Les salaires vont augmenter, mais ils doivent augmenter.
38:45 Je crois même d'ailleurs que la Banque Centrale Européenne,
38:48 dans ses prévisions, dit que les salaires vont augmenter,
38:50 donc elle s'attend à ça, ce qui n'empêche pas d'anticiper que l'inflation va ralentir.
38:54 Donc il y a une hausse des salaires qui est juste un rattrapage,
38:56 et qui est tout à fait normal.
38:58 Bon, après, il y a cette idée d'éviter les effets de second tour,
39:00 mais je pense qu'on est plutôt dans de la communication de la Banque Centrale
39:03 que dans une prévision.
39:04 Fondamentalement, tout est prêt pour que la Banque Centrale Européenne baisse ses taux.
39:08 Simplement, il faut convaincre les différents membres de la Banque Centrale
39:12 que c'est le bon moment.
39:14 On sait que ça va arriver, on sait que ça va arriver cette année,
39:16 et le timing n'est pas aussi important que la direction générale.
39:20 Merci beaucoup messieurs.
39:21 Merci Gustavo Reinstein, responsable Recherche Macro et Allocation d'Actifs de Dorval AM.
39:25 Merci Florian Guelpeau, responsable Macro au sein de l'équipe MultiAsset de Lombardo DIM.
39:29 Merci Malika Douk, directeur de la gestion diversifiée de CPR AM.
39:33 Merci à vous de nous avoir suivis.
39:35 On se retrouve tout de suite dans Marché Athème.

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