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Anne Bourse reçoit Grégory Doucet (Maore EELV de Lyon)

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00:00 L'après-midi aura lieu la cérémonie d'entrée au Panthéon de Missak Manouchian.
00:04 Il entrera avec son épouse Méliné.
00:07 Il y a 80 ans, jour pour jour, Missak Manouchian était fusillé au Mont Valérien par les nazis.
00:12 Vous y assisterez à l'invitation du président de la République.
00:15 Absolument.
00:16 Pourquoi le maire de Lyon est invité à cette cérémonie ?
00:19 Missak Manouchian et Méliné sont, et en particulier Missak, une grande figure de la résistance.
00:24 C'est à ce titre d'ailleurs qu'il a été exécuté par les nazis.
00:28 La résistance pour Lyon signifie énormément.
00:30 Vous savez, le général de Gaulle a qualifié la ville de Lyon de capitale de la résistance à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
00:37 L'année dernière, on a commémoré le 80e anniversaire de l'assassinat de Jean Boulin à Lyon.
00:45 La résistance pour nous Lyonnais, c'est quelque chose de très important, ancré dans nos mémoires.
00:51 C'est aussi l'un des symboles de la République.
00:55 C'est l'un des symboles de la défense de nos valeurs, des valeurs de la République.
00:59 Et donc, il me tient à cœur, bien évidemment, quand je suis à Lyon en tant que maire, d'être un passeur de mémoire,
01:05 mais aussi dans ce moment très important, très solennel, un moment d'unité pour notre pays, d'être là pour assister à cette panthéonisation.
01:13 Missak Manouchian avait échappé au génocide arménien.
01:16 Il y a aussi une relation particulière entre la ville de Lyon et l'Armée.
01:19 Bien sûr, il est aussi quelque part le symbole de cette amitié entre la France et l'Arménie.
01:25 Vous l'avez dit à l'instant.
01:27 Alors, il arrive en 1924 en France, mais il avait échappé auparavant, tout comme d'ailleurs sa femme, Méliné, au génocide de 1915.
01:37 La France a un rapport particulier avec l'Arménie.
01:38 Vous savez, dès la fin du 19e siècle, Jean Jaurès, à Nathol, France, avait alerté sur les persécutions que subissaient les Arméniens dans l'Empire ottoman.
01:48 Au moment, on le sait, du génocide qui a lieu pendant la Première Guerre mondiale, la France fait partie de ces pays amis, de ces pays d'accueil.
01:57 La communauté arménienne s'est d'abord installée à Marseille, puis remontée à Lyon.
02:00 Aujourd'hui, nous avons une forte communauté arménienne, bien sûr.
02:03 Et donc, Missak en est aussi quelque part, j'allais dire, un exemple de l'amitié qui nous unit à l'Arménie.
02:09 Vous disiez, cette cérémonie, c'est aussi l'occasion de rappeler les valeurs de la République.
02:14 Cet après-midi, vous serez aux côtés, enfin, il y aura en tous les cas Marine Le Pen qui sera à cette cérémonie, malgré les réserves du chef de l'État.
02:23 Pour vous, elle y a sa place, à cette cérémonie ?
02:26 En ce jour d'hommage, il n'est pas lieu de s'attarder sur des controverses ou des polémiques.
02:32 Aujourd'hui, ce qui compte, c'est l'hommage qu'on va rendre à Missak et à Méliné Manuchian.
02:37 Bien évidemment, je pars du principe que celles et ceux qui seront présents à cette panthéonisation, en partagent l'ensemble des messages.
02:47 Missak Manuchian, vous savez, qui était un étranger sur le sol français, puisque à deux reprises, la naturalisation lui a été refusée.
02:57 Il s'est pourtant engagé pour défendre la France contre les nazis, contre le régime de Vichy.
03:04 Il s'est engagé pour défendre nos valeurs, les valeurs de la République française, parce que Missak Manuchian était un amoureux de la France.
03:12 Eh bien, je considère que les gens qui seront présents ce soir pour cette panthéonisation partageront ce message
03:18 et auront à cœur d'honorer la mémoire de Missak Manuchian et de Méliné.
03:21 Quelle que soit l'histoire de leur parti ?
03:25 Ce n'est pas le sujet aujourd'hui. Le sujet aujourd'hui, c'est Missak Manuchian et Méliné Manuchian.
03:30 Est-ce qu'en faisant ça, vous ne les faites pas abstraction du passé, justement, du Front national à l'époque ?
03:37 Mais en ce jour d'hommage, le sujet n'est pas une polémique politicienne à la française.
03:44 Le sujet, c'est quelles sont les valeurs que nous voulons mettre en avant, que nous voulons promouvoir avec cette panthéonisation.
03:51 Le Rassemblement national fait partie de l'art public.
03:53 Ce n'est pas le sujet. Ça, c'est la discussion. C'est le sujet que le président de la République a évoqué ces derniers jours.
03:59 Mais aujourd'hui, pardonnez-moi d'insister, mais aujourd'hui, ce qui compte, c'est l'hommage que nous rendons à Missak et Méliné Manuchian
04:06 et à l'ensemble des camarades de Missak Manuchian qui sont morts pour la France.
04:12 C'est l'occasion aussi de réconcilier les résistants communistes et gaullistes qu'on a souvent opposés.
04:17 Vous savez, dans la résistance, les communistes, les gaullistes étaient alliés contre les nazis, contre le régime de Vichy.
04:25 D'ailleurs, Jean Moulin, auquel je faisais référence tout à l'heure, il est d'abord connu pour être le grand unificateur de tous les mouvements de résistance,
04:32 qu'il soit gaulliste, qu'il soit communiste, quelle que soit la nature des mouvements de résistance, il a su unifier tout le monde.
04:40 C'est d'ailleurs grâce à lui que le Conseil national de la résistance a pu voir le jour, a été, on va dire, l'une des étapes clés,
04:47 pas simplement pour l'unification de la résistance, mais pour la reconstruction de la France après la Deuxième Guerre mondiale.
04:52 Grégory Doucet, dans un peu plus de trois mois auront lieu les élections européennes.
04:56 Le Rassemblement national, pour l'instant, est en tête dans les intentions de vote.
05:00 Quel est l'objectif de votre parti ? Je rappelle qu'en 2019, Yannick Jadot avait terminé troisième.
05:05 Alors ces élections européennes, elles ont, on va dire, un caractère très particulier.
05:09 C'est sans doute les plus importantes depuis le début de ce siècle.
05:13 D'abord parce que l'Europe est le bon échelon pour traiter la grande question du climat,
05:20 mais aussi celle de l'épuisement de la biodiversité.
05:23 Dans un contexte où l'Europe s'interroge sur elle-même, on le voit dans d'autres pays européens,
05:28 et on le verra peut-être à l'occasion de ces élections également,
05:32 eh bien on a eu des mouvements un peu de recul, de retrait vis-à-vis du projet européen.
05:38 Ce n'est pas mon cas, ce n'est pas le cas de mon parti qui est totalement européen.
05:41 Vous remettez pour l'instant, vous êtes autour de 8% dans les intentions de vote.
05:46 Aujourd'hui, vous m'interrogez sur l'enjeu de cette élection, je vous dis,
05:50 l'enjeu de cette élection, c'est d'abord de réaffirmer notre attachement au projet européen,
05:55 et c'est surtout de dire, l'Europe est le bon échelon pour traiter de la question du climat.
06:02 D'ailleurs, le pacte vert...
06:04 Est-ce que vous, justement, vous allez parler du pacte vert,
06:06 mais est-ce que vous ne subissez pas justement un espèce de retour de bâton de l'opinion
06:11 vis-à-vis des normes ou d'une politique écologique que les gens estiment parfois trop punitive ?
06:17 Vous savez, aujourd'hui, l'Europe, c'est celle qui nous permet d'avancer
06:21 dans la lutte contre le réchauffement climatique.
06:24 C'est celle qui nous permet de nous adapter.
06:26 Je vais vous prendre un exemple très concret.
06:27 Moi, à Lyon, j'ai engagé un projet de décarbonation totale de notre économie et de nos modes de vie.
06:35 Et je le fais grâce à l'Europe.
06:37 Parce que Lyon fait partie des 100 villes climatiquement neutres et intelligentes
06:42 choisies par la Commission européenne.
06:43 C'est notre projet de l'an 2030.
06:45 Il est d'ailleurs inscrit sur mon carnet.
06:48 Et bien, c'est grâce à l'Europe que nous avons des moyens aujourd'hui
06:53 pour aller vers cette neutralité carbone.
06:55 Parce que la neutralité carbone, c'est l'avenir de nous tous sur toute la planète.
07:01 Mais l'Europe, aujourd'hui, c'est elle qui nous permet de le faire,
07:03 en tout cas à Lyon et dans d'autres villes françaises et européennes.
07:06 L'Europe, les agriculteurs, là aussi, en bénéficient.
07:12 À 9h, tout à l'heure, le Premier ministre tiendra une conférence de presse
07:15 pour apporter des réponses à la crise que l'on vit depuis quelques semaines.
07:19 Qu'est-ce que vous pensez des premières mesures qu'a prises le gouvernement ?
07:24 Les premières mesures qu'a prises le gouvernement, on l'a vu,
07:27 n'ont pas réussi à répondre aux attentes des agriculteurs et des agricultrices.
07:33 Vous savez, moi, je suis allé à leur rencontre pendant la première partie de cette crise.
07:38 Ils m'ont parlé de plusieurs sujets.
07:40 Ils m'ont parlé de la difficulté d'accès aux fonciers.
07:42 Ils m'ont parlé des normes, mais surtout de la différence de normes au sein même de l'Europe,
07:49 entre la France, l'Espagne, l'Italie.
07:52 Ils m'ont parlé aussi de la gribaching.
07:54 Ils m'ont parlé de la difficulté d'avoir...
07:57 Ce n'est pas faux, il faut justement des normes pour vous.
08:00 Il n'y a pas d'incompatibilité comme on le caricature parfois entre agriculture et écologie.
08:05 Les agriculteurs et les agricultrices ne refusent pas qu'il y ait des règles.
08:09 Ce qu'ils veulent, ce qu'elles veulent, ce sont des règles communes à toutes et à tous.
08:15 Quand aujourd'hui vous avez un éleveur, un maraîcher ou un céréalier
08:21 qui doit produire dans des conditions différentes qu'un éleveur, un maraîcher ou un céréalier espagnol,
08:26 nécessairement, il y a distorsion de concurrence.
08:29 Prenons un exemple même encore plus caricatural.
08:32 Quand vous produisez du soja en France,
08:33 vous devez répondre à un certain nombre d'obligations réglementaires.
08:36 Et c'est très bien.
08:37 Ces obligations réglementaires nous permettent d'avoir une alimentation de qualité.
08:41 Mais quand on importe des millions de tonnes de soja depuis le Brésil...
08:44 Il y a aussi les distorsions au sein même de l'Europe.
08:48 Mais tout cela peut se faire parce que certains qui aujourd'hui
08:51 soudainement se déclarent des amoureux de l'agriculture
08:55 ont signé un peu plus tôt des traités de libre-échange
08:58 qui nous obligent à importer des produits agricoles venus de l'autre bout de la planète.
09:01 Je vais vous citer un autre exemple.
09:03 Les traités de libre-échange qu'on vient de signer,
09:05 enfin que l'Europe et la France ont signé avec la Nouvelle-Zélande,
09:09 nous obligent à importer 38 000 tonnes de viande.
09:13 On n'en produit pas assez de la viande en France ?
09:15 Bien sûr que si.
09:16 À l'heure où on doit même réduire notre consommation de viande,
09:19 quel intérêt il y a à s'obliger à importer de la viande qui vient des antipodes ?
09:22 Grégory, vous savez, il y a un autre sujet, la crise du logement.
09:26 Le gouvernement annonce 10 milliards d'économies,
09:30 notamment, il va tailler par exemple dans ma prime Rénov'.
09:33 En tant que maire, vous êtes en première ligne.
09:36 Quelle solution vous vous appliquez ?
09:38 Il faut construire, rénover, faire les deux.
09:41 Gabriel Attal a relancé aussi l'idée du pavillon.
09:45 Vous y êtes favorable.
09:47 En tant que maire, qu'est-ce que vous appliquez ?
09:48 Qu'est-ce que vous prenez ?
09:49 D'abord, dire une chose, c'est qu'on est dans une crise de logement qui est extrêmement sévère,
09:53 qui est d'abord liée aux taux d'intérêt qui sont élevés,
09:57 aux banques qui sont frileuses, il faut le dire, qui prêtent peu,
10:00 et puis à la hausse du coût des matériaux de construction.
10:03 Concrètement, qu'est-ce qu'il faut faire ?
10:06 D'abord, il faut agir sur la construction de logements.
10:08 C'est ce que l'on fait à Lyon par exemple.
10:10 On a un budget considérable pour investir dans le logement social.
10:13 En faisant l'étalement urbain ?
10:15 Non, le logement social, vous en faites en construisant des immeubles, bien évidemment.
10:19 Et on a recours aux fonciers existants,
10:21 parfois même en élevant des bâtiments existants pour gagner un, deux ou trois étages,
10:26 de manière à avoir plus de surface habitable.
10:28 Ensuite, il faut investir dans la rénovation thermique des bâtiments.
10:31 Et c'était la première partie de votre question.
10:34 Et là, le signal qui est envoyé par le gouvernement, il est incompréhensible,
10:38 il est même assez incohérent.
10:39 Un peu plus tôt, Gabriel Attal disait toute l'attention qu'il voulait porter aux classes moyennes,
10:44 mais les classes moyennes, elles vont être directement impactées
10:47 par cette mesure de réduction des co-rénov'.
10:51 Ce sont des petits propriétaires qui possèdent leur logement uniquement,
10:54 qui ont besoin d'être aidés, pourquoi ?
10:57 Pour entrer dans la transition écologique.
10:58 Et les gens le souhaitent.
10:59 Merci Grégory Dousset.