Avec Tariq Krim, président Cybernetica.
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00:00 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
00:03 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de devis gratuits.
00:06 Vérissure présente...
00:07 Sud Radio, le numérique pour tous.
00:10 Vanessa Pérez.
00:11 Bonjour et bienvenue dans le numérique pour tous.
00:14 Et aujourd'hui, une émission spéciale dossier chaud dans le numérique.
00:18 Et oui, entre la menace cyber, la déferlante de l'intelligence artificielle,
00:23 mais aussi la fuite des talents de chez Google et Facebook.
00:26 Le tout dans un contexte de changement de responsable au niveau du gouvernement.
00:30 Nous trouverons d'y voir clair sur les enjeux et menaces qui nous concernent tous au quotidien.
00:35 Le numérique pour tous, spéciale dossier chaud dans le numérique.
00:37 C'est parti et c'est sur Sud Radio.
00:39 Sud Radio, le numérique pour tous.
00:42 Vanessa Pérez.
00:43 Et aujourd'hui sur le plateau du numérique pour tous, nous avons le plaisir de recevoir
00:47 Tariq Krim.
00:48 Tariq, bonjour.
00:49 Bonjour.
00:50 Vous êtes donc un entrepreneur du web, ancien vice-président du Conseil National du Numérique
00:55 et vous venez de lancer un think tank qui s'appelle Cybernetica, qui est dédié au numérique
01:00 et à la géopolitique.
01:01 Et aujourd'hui, nous allons tenter d'y voir plus clair avec vous dans le pilotage des
01:04 enjeux numériques qui nous concernent tous en général et qui vont de plus en plus nous
01:08 concerner dans un proche avenir.
01:10 Avant de commencer, Tariq, j'ai une question qui me taraude un peu parce qu'il y a un sujet
01:18 qui vous a grandement interpellé récemment.
01:20 En effet, il y a une petite semaine, Google a ouvert un centre de recherche qui est consacré
01:24 à l'intelligence artificielle à Paris.
01:25 Jusque là, rien d'exceptionnel.
01:27 C'est plutôt bien puisque Facebook avait fait la même chose il y a une dizaine d'années.
01:30 Ce centre va rassembler 300 chercheurs, à peu près, et des ingénieurs qui travaillent
01:35 pour certains d'entre eux déjà en France et qui a pour vocation de favoriser des partenariats
01:38 avec des organismes comme le CNRS ou l'Institut Curie.
01:41 L'idée est excellente, il n'y a pas de débat là-dessus, mais ça pose quand même
01:45 une question et vous l'avez souligné sur les réseaux sociaux.
01:47 Est-ce que la France est en train de financer la recherche américaine avec de l'argent
01:52 public ?
01:53 C'est une question qu'on pourrait se poser, effectivement.
01:55 La bonne nouvelle, c'est qu'on découvre, on redécouvre régulièrement que la France
01:59 est un des leaders dans le domaine de l'informatique, dans le domaine de l'intelligence artificielle,
02:03 qu'on a d'excellentes écoles, d'excellentes formations.
02:06 Et pendant longtemps, j'allais dire finalement la voie royale pour ces chercheurs, c'était
02:11 d'aller travailler chez Google, chez DeepMind, chez Facebook.
02:15 Et depuis un an, deux ans, depuis le lancement de ChatGPT et toutes ces startups, on découvre,
02:22 on l'avait avec Mistral, avec Qtai, avec des dizaines de startups, que finalement,
02:27 il y a une fuite des talents.
02:29 Les meilleurs ingénieurs français en recherche en IA partent de ces entreprises pour monter
02:36 leurs startups, souvent en France.
02:38 Donc on a finalement un sentiment de fierté, on devrait les soutenir, c'est ce qu'on
02:45 fait.
02:46 On a un seul problème sur l'IA en France, c'est le coût de l'électricité, on pourrait
02:48 y revenir.
02:49 Mais c'est vrai que là, j'ai l'impression qu'on est un peu en retard d'un coup.
02:55 En fait, il y a quelques années, on pensait qu'effectivement, il fallait s'associer
02:59 avec Google pour être des leaders.
03:01 Et aujourd'hui, c'est plutôt l'inverse.
03:02 Ce sont plutôt les entreprises du monde entier qui devraient s'associer avec nos entreprises,
03:08 nos startups dans l'IA pour être des leaders.
03:11 Parce que je crois vraiment qu'on tient quelque chose de très important.
03:14 Mais le sujet qui semble vous gêner, c'est quelque part ce financement avec de l'argent
03:17 public de la recherche américaine, où on peut se demander à terme où vont aller nos
03:21 données ? Est-ce qu'il y a un partage de connaissances qui fait que la compétitivité
03:24 va être érodée ? C'est ça qui vous dérange ?
03:26 C'est la même question qui se pose en ce moment avec la Chine et les Etats-Unis, c'est
03:29 qu'à la fin, l'IA est une technologie essentiellement militaire.
03:32 Elle va servir à l'apprentissage dans les drones.
03:34 On le voit en Ukraine aujourd'hui, c'est une guerre entièrement gérée où l'intelligence
03:39 artificielle a un rôle important.
03:41 Et c'est vrai qu'on peut se demander si aujourd'hui, quand on utilise de l'argent
03:45 public pour ses recherches, les résultats seront peut-être un jour utilisés aux Etats-Unis
03:51 par l'armée américaine, si d'une certaine manière on ne finance pas indirectement,
03:55 sans s'en rendre compte, le programme militaire AI des Etats-Unis.
03:59 La question reste ouverte.
04:01 Absolument.
04:02 On va enchaîner avec notre premier gros dossier chaud, on va dire que c'est la menace
04:06 cyber.
04:07 De votre point de vue, en plus votre think tank s'appelle Cybernetica, de votre point
04:11 de vue, quel est l'état de la menace cyber ? Même si on la connaît tous, on en entend
04:15 parler tous les jours dans les médias, mais à l'approche des Jeux Olympiques, quel est
04:19 le niveau d'inquiétude ou alors d'assurance que l'on peut avoir ?
04:22 Ce qui est intéressant, c'est qu'on a plusieurs batailles qui se déroulent en même temps.
04:27 La première, on le voit maintenant avec les suites de la guerre en Ukraine, c'est ce
04:32 qu'on appelle parfois le "split internet", c'est-à-dire cette idée que l'internet
04:35 est en train de se fragmenter en plusieurs blocs.
04:38 D'un côté un bloc où on aurait la Chine et la Russie.
04:42 On a vu qu'au moment où on enlevait les plateformes, les GAFAM de Moscou, les acteurs
04:49 chinois venaient à la rescousse pour remplacer Google Pay, Apple Pay.
04:54 Donc c'est très intéressant de voir que cette connexion qui s'est construite est
04:57 en train de se formaliser dans le temps.
05:00 Et de l'autre côté, un bloc des démocraties libérales avec les États-Unis et l'Europe.
05:04 Et possiblement un groupe dont je pense qu'il va émerger, notamment avec l'Inde, de non-alignés,
05:10 de gens qui n'ont pas envie d'être forcément dans le bloc occidental ou dans le bloc des
05:15 dictatures et qui joueront des alliances.
05:18 Donc on a ça, et une première chose qui est ça.
05:21 La deuxième chose, c'est évidemment les attaques cyber, la guerre cybernétique.
05:24 Là on l'a vu également encore en Ukraine mais dans le reste du monde.
05:28 Aujourd'hui de nombreux États ont les capacités de faire des cyber-attaques, de faire tomber
05:33 des hôpitaux, de modifier des infrastructures essentielles.
05:37 Et la troisième chose qu'on oublie, qui est la partie cognitive, c'est tout ce qui
05:41 est opérations de désinformation.
05:43 Et en général, tout ça va de pair.
05:45 Et c'est d'ailleurs pour ça que c'est souvent compliqué parce qu'on attaque à
05:49 la fois les choses physiques mais on attaque aussi les cerveaux avec la guerre cognitive.
05:53 Et c'est vrai qu'on a un mélange de tout ça.
05:55 Ça c'est un peu les trois menaces essentielles.
05:56 C'est les trois menaces que vous voyez aussi poindre dans le cadre des Jeux olympiques ?
06:00 Quels seraient les scénarios pour vous dans le cadre de ce contexte chaud qui s'annonce ?
06:05 Typiquement, dans les opérations de désinformation, il semblerait désormais que vous rappelez
06:09 l'affaire des punaises de lits, qui auraient pu être une opération montée par des puissances
06:15 étrangères.
06:16 Il y a aussi le risque d'attaque d'hôpitaux.
06:18 Ce qu'il faut dire, c'est que l'ensemble des services en France, que ce soit l'ANSI,
06:23 les commandements cyber de gendarmerie, de police, de l'hôpital intérieur, le commandement
06:28 cyber de l'armée, je crois que tout le monde est vraiment au top là en ce moment
06:33 à crampes pour essayer de contenir les menaces.
06:36 Je crois que personne n'est dupe et sait qu'en général les Jeux olympiques sont
06:43 des moments où on a des milliards d'attaques potentielles et c'est le moment où tous
06:47 les hackers du monde entier viennent montrer et démontrer leur savoir-faire.
06:51 Donc c'est vrai que ça va être un moment assez chaud.
06:52 Je rebondis juste, vous avez évoqué les punaises de lits.
06:54 Pour vous, c'était de la désinformation ? Ce n'était pas une réalité ? C'était
06:58 une rumeur plutôt qu'une information ?
06:59 C'est un exemple.
07:00 Il y a énormément de choses aujourd'hui.
07:02 On m'a expliqué que ça a eu des impacts.
07:05 J'ai plein d'amis qui devaient venir à Paris, qui ne sont pas venus parce qu'ils
07:10 avaient peur de tout ça.
07:11 C'est typiquement les choses qui peuvent naître sur les réseaux sociaux.
07:14 Ça, ce n'est pas quelque chose de nouveau, c'est quelque chose qui a souvent été
07:16 utilisé pour éviter de faire la guerre, utiliser la désinformation sur les réseaux
07:21 sociaux.
07:22 C'est une façon assez simple d'obtenir un résultat qui parfois est meilleur que si
07:26 on attaquait directement un pays.
07:28 On va croiser deux problématiques, que sont les Jeux Olympiques et la menace cyber.
07:32 On est dans un contexte de changement de secrétaire chargé de numérique avec Caroline Ferrari.
07:38 Pour vous, cette responsabilité, elle incombe davantage à Amelia Oudea-Casterrat en tant
07:42 que ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques ou elle incombe maintenant
07:45 au ministre du Numérique ?
07:46 J'imagine qu'il doit y avoir une task force qui a dû être mise en place.
07:51 Je pense que la nouvelle ministre vient juste de s'installer.
07:54 Je n'ai pas de choses en particulier à lui dire, de conseils particuliers, mais je pense
08:01 qu'avoir un spécialiste cyber à disposition et rencontrer l'ensemble des acteurs, je
08:06 pense que c'est quelque chose qui va devoir être important parce que désormais, la question
08:10 de la protection des infrastructures est à mon avis plus importante que le financement
08:15 des startups et même les autres sujets.
08:17 C'est vraiment un sujet central.
08:18 Pour vous, l'organisation d'une protection cyber au niveau du gouvernement, elle devrait
08:24 se faire dans chacun des ministères ? Comment elle est adressée ? Elle doit être transversale,
08:28 elle doit être centralisée ? Est-ce qu'on devrait avoir un ministre du cyber ?
08:31 C'est très compliqué parce qu'en fait, à la différence des guerres classiques où
08:36 on est face à l'armée, c'est l'armée qui s'occupe de tout, ici une grande partie
08:41 des choses qui peuvent être attaquées sont soit dans le privé, donc ça veut dire qu'il
08:44 faut faire énormément d'éducation, apprendre aux gens à ne pas cliquer sur certains emails
08:49 qui corrompent un réseau d'entreprise, mais également le public, les hôpitaux, la santé.
08:56 Et donc en fait, le véritable mot-clé, je crois que c'est la collaboration.
09:00 De toute façon, il y a déjà plein de scénarios qui sont mis en place, les gens collaborent.
09:05 C'est vrai que moi, j'aurais aimé qu'il y ait une personne désignée, que l'on sache
09:09 le monsieur cyber, la personne qui, à défaut de dire ce qu'il faut faire, coordonne et
09:15 soit un peu le point d'entrée pour ce sujet.
09:17 Il y a ça aux États-Unis, il y a ça dans de nombreux pays et c'est vrai qu'aujourd'hui,
09:22 vu l'état de la menace, ça serait peut-être une bonne idée.
09:24 Tariq, Krim, on en vient à notre deuxième dossier chaud qui est celui de l'intelligence
09:29 artificielle.
09:30 Donc on le sait tous, on assiste à l'explosion de cette technologie.
09:33 On dit que d'ici un an, tous nos métiers seront impactés à hauteur de 10%.
09:36 Pour vous, est-ce qu'il y a un danger qu'on ne voit pas venir qui est celui de la consommation
09:42 de data et le corollaire, la consommation d'électricité qui fait qu'un jour ou l'autre, il va falloir
09:46 payer une facture ?
09:47 Alors aujourd'hui, dans la situation telle qu'elle est, il y a un vrai gagnant de l'intelligence
09:53 artificielle, c'est la société Nvidia, puisqu'on a besoin de leurs puces, puisqu'ils sont
09:57 extrêmement gourmands en énergie.
09:59 Et on est dans un paradoxe, puisqu'aujourd'hui, le prix de l'énergie est plus faible aux
10:04 États-Unis qu'en France, où on a le problème des taxes et le fait que la guerre en Ukraine
10:11 impacte directement le prix.
10:13 Donc on a beaucoup de start-up françaises qui utilisent des ressources aux États-Unis
10:18 plutôt qu'en France.
10:19 Et c'est vrai que le premier sujet, ça va être la consommation énergétique.
10:23 Les besoins sont énormes.
10:26 Je crois que Bruno Le Maire a parlé de la moitié, voire trois quarts d'un EPR, donc
10:30 une surface en énergie très importante.
10:33 Et l'autre question, évidemment, c'est la question des talents.
10:38 Et puis ensuite, la question de savoir comment les données vont être utilisées.
10:41 Et là, curieusement, il y a deux ans, tout était accessible, tout était ouvert.
10:45 Et depuis deux ans, tout le monde aujourd'hui ferme ses données.
10:48 Les sites de presse sont en train de négocier avec les grandes plateformes.
10:51 Donc on sent que le marché est en train de se réorganiser.
10:53 Il y aura probablement un marché de la donnée.
10:55 Je crois que Bruno Le Maire a parlé d'un marché de la donnée européenne.
10:59 Donc on sent que les choses sont en train de se réorganiser.
11:01 En parallèle, Tariq, on voit que cette intelligence artificielle, elle permet aussi de générer
11:06 de la désinformation, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup, beaucoup d'applications aujourd'hui
11:09 qui fleurissent sur Internet où vous pouvez vous créer un avatar qui ressemble à un
11:13 être humain, mais qui n'est pas vous-même en lui faisant dire des propos qui sont des
11:16 propos de propagande.
11:17 On est en train de créer des labels pour certifier certaines informations.
11:20 La Chine recrée des labels pour les décertifier.
11:22 Est-ce que la régulation est à mille années lumière de l'innovation, on va dire, qui
11:28 se passe dans ce domaine-là ?
11:29 Je crois qu'il y a eu, il y a quelques jours, à la conférence de Munich, je crois que l'ensemble
11:34 des acteurs de l'IA se sont réunis pour lutter contre la désinformation.
11:38 Quand on parle de désinformation, ce qui est très intéressant, c'est qu'on pense
11:42 essentiellement à deux élections, à les élections américaines, les élections européennes,
11:46 les ingérences.
11:47 Et ce qui est fascinant, c'est que quand vous parlez de ces outils, on appelle ça les deepfakes,
11:52 donc la possibilité de recréer une personne virtuellement avec sa voix, son visage, ses
11:58 expressions.
11:59 On a deux cas intéressants.
12:00 Le premier, c'est au Pakistan, où une personne qui est emprisonnée a utilisé les deepfakes
12:04 pour pouvoir s'exprimer alors qu'il est en prison, un candidat.
12:07 Et de l'autre côté, aux États-Unis, des gens qui ont utilisé la voix de Joe Biden
12:13 pour empêcher des électeurs d'aller se présenter à des primaires.
12:17 Et je pense que c'était le patron de Microsoft qui disait ça, et je trouve que c'est très
12:21 intéressant, c'est que notre personne, notre image, notre voix nous appartient.
12:27 Et quand on utilise notre voix pour faire quelque chose d'illégal, par exemple, utiliser
12:31 notre voix pour accéder à un service bancaire, c'est de la fraude, donc c'est évidemment
12:35 puni par la loi.
12:36 Et on va se retrouver dans deux cas.
12:37 Les cas où vous avez accepté que votre image est utilisée, et les cas où votre image
12:42 est utilisée malgré vous.
12:43 Et là, effectivement, la régulation est importante et les sanctions devraient être
12:47 assez lourdes.
12:48 Tariq, je vous propose de marquer une courte pause pour continuer à parler des dossiers
12:51 chauds dans le domaine du numérique.
12:53 Le numérique pour tous, ça continue dans quelques instants et c'est sur Sud Radio.
12:56 Sud Radio, le numérique pour tous.
12:59 Vanessa Perez.
13:00 Dans ce numérique pour tous spécial dossier chaud dans le domaine du numérique, Tariq
13:05 Krim avec nous, penseur du web et créateur du think tank Cybernetica.
13:09 Tariq, on parlait de l'intelligence artificielle, alors évidemment ça a défrayé la chronique
13:14 avec les myths et les réalités, on va perdre son emploi ou on va en créer des nouveaux.
13:17 Quelle est votre vision là-dessus pour empêcher un petit peu ce débat ?
13:20 En fait, j'ai une vision un peu différente, c'est que je pense qu'on oublie à quel
13:25 point on est face à un effondrement démographique.
13:28 On le voit en Chine, on le voit en Allemagne, c'est une des raisons pour laquelle ils ont
13:32 fait venir autant de migrants, c'est parce qu'à un moment donné, il n'y avait plus
13:35 personne pour faire tourner les usines.
13:37 Et que la question qu'on doit se poser, c'est que la génération qui va arriver sur le marché
13:41 de l'emploi, qui est probablement la plus petite en termes de taille par rapport au
13:44 baby boomer et par rapport à la génération X dont je fais partie, la question qu'on
13:48 peut se demander, c'est est-ce qu'ils vont être capables avec moins de gens d'opérer
13:53 le pays tel qu'il existe aujourd'hui ? Et là, la question qui se pose, c'est est-ce
13:57 qu'on va être obligé de supprimer les services ou les services publics ? Ou est-ce qu'on
14:01 aura des outils d'IA qui leur permettront de faire à taille plus réduite le même
14:07 niveau de travail ? Et là se pose la question de l'automatisation, l'automatisation des
14:11 trains, des métros.
14:12 Je pense que la réflexion qu'on a aujourd'hui sur l'IA, vraiment on est au tout début,
14:18 va se transformer en savoir comment on automatise un pays pour que moins de gens puissent le
14:23 faire tourner et surtout comment on le fait pour que les utilisateurs soient évidemment
14:27 protégés et que la qualité de service qu'on attend d'un pays, mais aussi d'entreprises
14:35 qui vont avoir moins d'employés, s'assurer qu'évidemment on n'est pas dans un système
14:40 où plus rien n'est accessible parce qu'on est perdu face à des chatbots qui se parlent
14:45 dans le vide.
14:46 Donc il y a une vraie réflexion et on est vraiment au tout début.
14:48 Très sage réflexion que l'on va suivre.
14:50 Tariq, dernier gros dossier chaud, la transformation numérique de l'État et vous venez de parler
14:54 des services publics.
14:56 Et là j'ai envie de vous demander, finalement, est-ce que le numérique facilite véritablement
15:00 la vie de tous les citoyens que nous sommes ici dans le numérique pour tous, on veut
15:04 être inclusif ? Est-ce que tout le monde est concerné ou alors il y a encore des petites
15:08 choses qui restent à faire pour que tout le monde soit concerné ?
15:10 Je pense qu'il y a eu énormément d'efforts qui ont été faits.
15:13 La réponse est évidemment oui.
15:14 La question c'est que tout le monde n'a pas accès au numérique de la même manière.
15:20 Et puis, il faut le dire, il y a en France des gens d'une ancienne génération qui
15:25 pensent qu'aller voir quelqu'un physiquement, avoir un tampon, parler avec quelqu'un, c'est
15:32 ça qu'ils veulent.
15:33 Ils ne veulent pas parler par e-mail.
15:34 Alors on est face en fait à deux populations.
15:37 Une population qui fait tout avec son téléphone.
15:39 Là j'ai découvert qu'on va pouvoir digitaliser sa carte d'identité sur son téléphone en
15:43 quelques clics.
15:44 Et une génération qui a envie d'attendre de parler à quelqu'un.
15:47 Et donc pendant cette période de transition, évidemment, c'est compliqué.
15:51 Mais c'est vrai que si on fait les choses bien, à terme, ça pourrait devenir quelque
15:55 chose de simple.
15:56 Je voulais juste faire une remarque, c'est que le numérique facilite mais n'élimine
16:01 pas la bureaucratie.
16:02 Souvent c'est juste un peu de maquillage.
16:04 Et le vrai sujet, c'est comment éliminer la bureaucratie.
16:06 Justement, j'allais vous demander, est-ce qu'aujourd'hui c'est plus simple qu'il y a
16:09 quelques années de remplir sa déclaration d'impôt ou d'ouvrir un compte d'auto-entrepreneur
16:12 ? On en parlait, on préparait dans cette émission.
16:14 Je pense qu'il y a eu énormément de progrès qui ont été faits.
16:16 Je crois que le système des impôts a été quand même bien fait.
16:20 Mais ça, c'est depuis, on peut aller même jusqu'à Dominique Strauss-Kahn et Fabius,
16:24 donc les années 90, ce qui nous a toujours mis d'ailleurs dans les niveaux assez élevés.
16:28 Ce qui est certain aujourd'hui, c'est comment simplifier.
16:32 C'est-à-dire que finalement, on s'adresse à une nouvelle génération de citoyens qui
16:37 ont un téléphone mobile, qui a priori, on devrait avoir la possibilité de créer ses
16:43 contrats, tout ça avec son téléphone, que tout soit géré.
16:46 Donc, il y a vraiment une possibilité, si on le fait bien, de rendre la vie facile pour
16:50 la nouvelle génération.
16:51 Et on a une ou deux décennies dans lesquelles il faudra gérer cette transition avec des
16:55 gens qui ne sont pas forcément très internet et qui préfèreront avoir une relation, on
17:02 va dire, plus classique.
17:04 Et la transition entre les deux, c'est un peu la feuille de route des prochaines années.
17:09 Vous n'avez pas l'impression qu'il y a eu un paradoxe quand on prend ces grandes plateformes,
17:13 les GAFA et même Twitter ?
17:15 On a l'impression que tous ces outils ont pour objectif de créer l'unité en mettant
17:19 tout le monde sur une même plateforme et paradoxalement, on crée une culture du clash, de l'individualisme
17:25 et du non-vivre-ensemble quelque part.
17:28 Donc, il y a un peu un paradoxe antidémocratique avec ces plateformes.
17:32 Ce qui est intéressant, il y a eu beaucoup d'études et il y en a une, Jonathan Haidt,
17:36 qui explique très bien que les réseaux sociaux avant le mobile sont des outils fédérateurs.
17:40 Et le jour où on a un mobile, d'ailleurs on le voit avec l'élection de Donald Trump,
17:44 c'était la première élection où le mobile était vraiment présent, chaque personne
17:49 vit dans sa bulle, sa fameuse bulle de filtre.
17:51 Et on a aussi l'autre chose, que la chambre des cours ne parle qu'à des gens qui pensent
17:55 comme nous.
17:56 Et on a oublié que le vivre ensemble, c'est accepter que les gens ne pensent pas comme
18:00 nous, accepter que parfois on se trompe, parfois changer d'avis.
18:04 Et c'est vrai qu'on l'a vu avec les grands sujets des dernières années, puis avec la
18:08 pandémie, comment finalement on a construit un monde assez tribal où quand je ne pense
18:13 pas comme vous, je ne vous parle plus, je ne vous écoute plus.
18:17 C'est ce qui a amené au Brexit, c'est ce qui a aussi pollué aujourd'hui les Etats-Unis,
18:21 c'est que les gens ne se parlent plus, n'arrivent plus à parler ensemble.
18:24 Et ça je crois que c'est un vrai sujet, il va falloir apprendre à vivre ensemble.
18:29 Et je pense qu'une des manières de le faire, c'est parfois de déconnecter de son téléphone
18:33 et d'aller dans les cafés et parler avec des gens et accepter de discuter avec des
18:37 gens qui n'ont pas forcément les mêmes points de vue.
18:39 Mais justement dans ce contexte, vous dénoncez un peu l'algorithme de Facebook en disant
18:41 que c'est irréversible et que quand bien même on voudrait revenir en arrière en ayant
18:45 une approche inclusive, il est trop tard ?
18:47 Moi je pense que les réseaux sociaux ont perdu le contrôle de leurs plateformes.
18:51 Le problème de Facebook, le problème de TikTok, le problème de toutes ces grandes plateformes,
18:56 c'est qu'elles gèrent des milliards d'utilisateurs et on a des algorithmes qui sont quasiment
19:00 des monstres cybernétiques dont on n'arrive pas à comprendre le fonctionnement intime,
19:04 dont on n'a plus accès véritablement.
19:05 En un moment donné c'est un peu comme la finance internationale, quand on a tous ces
19:07 algorithmes de prédiction où seules une cinquantaine de polytechniciens dans une salle
19:12 de marché peuvent comprendre.
19:14 Et on a effectivement ce problème, c'est qu'on a connecté le monde entier trop vite
19:19 et on n'a plus vraiment le contrôle.
19:21 Et je pense que moi je pousse depuis des années pour le slow web, c'est-à-dire pas arrêter
19:25 les réseaux sociaux, mais construire des relations plus simples, plus saines, une
19:34 forme de relationnel à la fois hybride où on a des amis en physique et des amis en virtuel,
19:40 mais c'est vrai qu'aujourd'hui on est dans un monde où tout va trop vite et même
19:43 nous qui sommes des experts du numérique on se dit des fois c'est trop d'informations.
19:47 C'est très rapide de gérer l'information toutes les semaines.
19:50 L'Europe dans tout ça, vous avez l'impression que son approche va au bon rythme ? Est-ce
19:56 qu'elle défend une vision humaniste par rapport à ces plateformes où une fois de
19:59 plus elle régule de manière un peu arbitraire et elle ne rentre pas dans cette intimité
20:02 dont vous parlez ?
20:03 L'Europe est dans une sorte, et la France notamment, est dans une sorte de, je dirais,
20:09 de vision où elle oublie qu'elle a été à la base de l'internet.
20:12 Le web a été inventé en Europe.
20:14 Linux, qui est le logiciel qui est utilisé par Google, TikTok et toutes les grandes plateformes,
20:18 Facebook, a été inventé en Europe.
20:20 On a inventé les médias numériques, on a inventé toutes ces technologies et on a
20:24 toujours fait ça dans une logique où on les a donné au reste du monde.
20:27 Là où les Etats-Unis et la Chine les ont commercialisés ou les ont utilisés dans
20:31 des buts très spécifiques, et on l'a vu dans le domaine de l'intelligence artificielle,
20:35 on continue d'avoir cette vision.
20:37 Parce que l'Europe, la culture est très importante, le savoir-vivre, le savoir-être,
20:43 c'est quelque chose de très important.
20:44 Et la technologie, en fait, devrait refléter un peu plus ça.
20:48 Je crois que ce qui manque aujourd'hui, ce n'est pas le fait qu'on a...
20:51 Ce n'est pas une question d'argent, d'investissement.
20:53 On a l'investissement.
20:54 C'est de s'assurer que cette vision de l'Europe, qui fait que dans le monde réel, on est très
20:58 heureux, on sait que quand on achète un poulet, il n'y a pas des produits trafiqués,
21:02 tout ce qui fait qu'on a envie de vivre en Europe, que ces valeurs se transmettent sur
21:06 le web.
21:07 Et je trouve que la régulation est une bonne chose, mais la création de services alternatifs
21:12 à Twitter, à Facebook, serait une chose encore plus importante pour le reste du monde.
21:17 Tariq, pour conclure, en une poignée de secondes, vous qui êtes un penseur et qui êtes dans
21:21 une approche prospective de ce que nous vivons aujourd'hui, comment l'IA va changer notre
21:25 culture ? Comment vous nous voyez d'ici cinq ans ?
21:27 C'est une question qui me fascine, j'y pense quasiment tout le temps.
21:32 On est entré dans une ère où la plupart des contenus que l'on va produire sont des
21:36 contenus synthétiques.
21:37 Ils n'ont plus aucune relation à la réalité.
21:39 Et la question que je me pose, c'est est-ce que c'est une bonne chose ? Je ne sais pas.
21:43 Moi, je vois des films aujourd'hui où on fait réapparaître des anciens acteurs, on
21:48 les transforme numériquement.
21:49 Est-ce que le cinéma va être transformé par l'IA ? Probablement.
21:53 Est-ce que ça veut dire pour autant que les films sont mieux que les films qu'on faisait
21:57 avant ? Je ne suis pas sûr.
21:58 Quand on voit les derniers fours que se sont pris Disney avec des films exclusivement faits
22:04 par la technologie, on oublie parfois que les bonnes histoires, les scénarios, le fait
22:10 qu'un poème a une valeur parce qu'il a été écrit par un humain qui a vraiment
22:14 souffert, qu'un livre plaît parce qu'il est basé sur l'histoire de quelqu'un.
22:18 C'est vrai que dans ce monde un peu synthétique, on est un peu perdu.
22:22 Mais je pense qu'on va se recentrer et l'IA ne sera pas un outil purement de création,
22:27 mais un outil d'aide à la création.
22:29 En tout cas, c'est ce que j'espère.
22:30 Merci beaucoup, Tariq Reem.
22:31 Je rappelle que si on veut vous suivre, on peut aller sur cybernetica.fr et on pourra
22:37 voir toutes ses pensées, être dans cette perspective pour prendre un peu de hauteur
22:40 par rapport au numérique.
22:41 Le numérique pour tous, c'est fini pour aujourd'hui.
22:43 Pour prolonger la discussion, on se retrouve sur vos réseaux sociaux préférés et en
22:46 podcast.
22:47 Merci à tous d'être chaque semaine plus nombreux à nous écouter.
22:51 Je vous souhaite une excellente fin de week-end et je vous dis à la semaine prochaine.
22:54 Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Perez.
22:58 Avec Vérissure, le numéro un des alarmes en France.
23:01 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de devis gratuits.