• il y a 6 mois
Dans Le numérique pour tous, Vanessa Pérez reçoit Fabrice Epelboin et Florian Forestier

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##LE_NUMERIQUE_POUR_TOUS-2024-05-05##
Transcription
00:00Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France. Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
00:06Vérissure présente Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:11Bonjour et bienvenue dans le numérique pour tous. C'est aujourd'hui une émission spéciale TikTok ou l'emprise des réseaux sociaux.
00:18Alors pourquoi TikTok est devenu un outil d'embrigadement de toute une génération ?
00:22Jusqu'où affecte-t-il le cerveau des plus jeunes ?
00:25Et que recommande ce fameux rapport qui a été rendu cette semaine au Président de la République sur l'exposition des plus jeunes aux écrans ?
00:32Le numérique pour tous spéciale emprise des réseaux sociaux, c'est tout de suite et c'est sur Sud Radio.
00:36Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
00:41Et pour commencer cette émission, j'ai le plaisir de recevoir un adepte des réseaux sociaux qui en décortique leurs mécanismes politiques.
00:47Il est également entrepreneur et enseignant à Sciences Po. Fabrice Epelboin, bonjour.
00:53TikTok, on le rappelle, c'est un milliard d'utilisateurs dans le monde. C'est la plateforme qui connaît une croissance exponentielle.
00:59Mais TikTok aujourd'hui a un petit peu mis à mal. Déjà expliquez-nous, peut-être pour les générations qui ne sont pas sur TikTok,
01:05concrètement ce réseau, qu'est-ce qu'il apporte et qu'est-ce qu'il a de différent des autres ?
01:08Alors pour les vieux que nous sommes, ce réseau, il a deux caractéristiques majeures.
01:13La première, c'est qu'il a vraiment imposé le format vidéocours qui aujourd'hui est adopté par absolument tout le monde.
01:19Mais c'est vraiment lui qui a imposé ce format-là, qui consiste à passer sa vie à regarder des formats très très courts de quelques secondes et à les enchaîner.
01:26Plus rapide qu'Instagram, par exemple ?
01:27Beaucoup plus rapide qu'Instagram, même si Instagram essaye de rattraper.
01:31Le deuxième, c'est qu'on n'a pas la moindre idée de comment il fonctionne.
01:34Autant les autres, on a une vague idée de la façon dont l'algorithme qui assemble le flux de Twitter, de Facebook, d'Instagram fonctionne.
01:43Autant TikTok, c'est un mystère, mais tout le monde reconnaît que c'est redoutablement efficace.
01:47Donc il y a un secret de fabrication qu'on ignore tous, qui nous aurait tous fascinés s'il avait été américain, mais comme il est chinois, il nous fait un peu peur.
01:54C'est vrai que ça suscite beaucoup de fantasmes, ce réseau social. Expliquez-nous pourquoi, culturellement, ce réseau qui nous vient de Chine suffit ?
02:02Pour une raison très très simple, allez faire un tour sur YouTube et renseignez-vous sur les guerres de l'opium.
02:07Vous allez comprendre que potentiellement, ça pourrait être le match retour qui est en train de se dérouler sous nos yeux.
02:13Et là, ça devient vraiment vraiment flippant, parce qu'on a toutes les raisons de croire que les réseaux sociaux peuvent avoir un impact absolument délétère sur les jeunes, sur les sociétés, sur la cohésion sociale, sur plein de choses, tout simplement parce qu'on l'a prouvé avec les réseaux sociaux américains.
02:27Là, c'est des chinois et on peut raisonnablement estimer que leurs intentions sont un peu plus hostiles que les américains.
02:34Récemment, la Commission européenne a craint l'utilisation de ce réseau par ses membres. Ça justifierait effectivement ce que vous évoquez des principes d'infiltration ou d'observation de ce qui peut se dire d'un point de vue politique ?
02:48Il y a une multitude de craintes qui se mélangent, aussi bien des craintes d'espionnage qui sont quand même un peu fantaisistes et qui seraient relativement faciles à identifier que des craintes d'ingérence
02:58qui ne seraient pas plus étonnantes que celles qu'on a déjà observées à travers Facebook, dans l'affaire ComGATK, Twitter, dans l'affaire des Twitter Files.
03:06Donc, finalement, pourquoi est-ce que les chinois feraient différemment des américains ?
03:09Effectivement, la réponse évidente, c'est qu'ils vont faire rigoureusement la même chose et donc, du coup, que nous sommes réellement en danger parce que, déjà, que l'influence américaine n'est pas fantastique
03:18une fois qu'on a identifié et compris ce que c'est que les Twitter Files ou ComGATK.
03:23Alors, l'influence chinoise, là encore, je vous renvoie sur les gardes l'opium. Renseignez-vous sur les gardes l'opium, vous allez comprendre la terreur.
03:29On va le faire, Fabrice. Alors, juste, en 2024, je reviens toujours sur ce réseau, TikTok devait être interdit sur les téléphones, également, des politiques françaises.
03:37Est-ce que la loi est rentrée en vigueur ou alors elle est restée l'être morte ?
03:40Alors, ce n'est pas une loi, c'était une recommandation. Je pense qu'effectivement, pour la plupart d'entre eux, ils se sont abstenus de TikTok parce que, là encore,
03:48l'idée que Facebook ou Twitter puissent essayer de les influencer, relever, pour eux, de la théorie qu'on se plie, y compris quand ça a été prouvé.
03:56Par contre, les théories qu'on se plie, quand c'est les chinois, c'est autorisé. Donc, là, pour le cohésion, vraiment cru.
04:01Et là, si on compare le TikTok, on le sait tous, qu'on a en Occident et le TikTok chinois, cette différence, pour vous, c'est une orientation politique
04:10ou alors, pour le bien des petits chinois, on ne va pas leur pousser certaines choses ?
04:13C'est la démonstration claire et nette qu'il y a une très nette différence entre la version chinoise de TikTok et la version occidentale
04:19et que, dans la version chinoise, il y a très clairement des facteurs comme l'éducation, le patriotisme, qui sont pris en compte et qui sont injectés dans la tête des petits chinois.
04:29Alors que, dans la version occidentale, clairement, ça n'en fait pas partie.
04:33Et on peut, alors, soit avoir une version, on va dire, complotiste et dire que le TikTok occidental est fait pour abrutir les petits occidentaux,
04:40soit avoir une version tout à fait capitaliste et se dire que le TikTok chinois est fait pour faire le maximum de fric,
04:47exactement comme Facebook, avec à peu près les mêmes effets, pour être honnête.
04:50Alors, Fabrice, vous nous avez avoué, en fait, que vous étiez un fan de TikTok Lite.
04:53Alors, c'est une nouvelle version qui est sortie récemment.
04:56Expliquez, là aussi, à nos auditeurs qui ne sont pas forcément fans de ce réseau,
05:00Quelle est la différence avec l'ancien TikTok et pourquoi, quelque part, il apporte peut-être un peu plus de maturité dans la consommation des réseaux sociaux ?
05:06Alors, la différence est simple. TikTok Lite vous rémunère pour l'utilisation.
05:09C'est-à-dire que, là, on est obligé de regarder en face un modèle économique qui est le même partout.
05:14Mais, plutôt que de garder tout l'argent qu'ils arrivent à faire pour capter votre attention, TikTok Lite vous reverse une partie de l'argent.
05:22Donc, il est absolument indéniable qu'on ait le produit.
05:26Alors que, pour les autres réseaux sociaux, on peut encore se détourner le regard et se masquer ça.
05:33Mais c'est la même chose. Là, TikTok Lite pose les choses sur la table.
05:36Il est impossible de nier que, dans cet assemblage entre utilisateur et application mobile,
05:43c'est l'utilisateur qui est le produit. C'est clair et net, il est payé pour utiliser le produit.
05:48Exactement, presque comme un salarié. Tout à fait comme un tâcheron de type Deliveroo ou Uber, qui sont des gens payés à la tâche.
05:57Et bien là, on a des utilisateurs de TikTok qui sont payés à la tâche, exactement comme un chauffeur Uber.
06:02Du coup, le rapport de dépendance est absolument indéniable.
06:05Et comme c'est le même modèle économique que tous les autres réseaux sociaux, ça nous oblige à regarder l'ensemble en face.
06:10Alors, vous qui êtes un fin observateur, on va dire, de la corrélation entre les mouvements politiques et les réseaux sociaux,
06:16est-ce que vous avez le sentiment que TikTok prend un peu la place que Facebook a eue lors du printemps arabe ou lors des gilets jaunes ?
06:22C'est-à-dire que c'est un réseau qui incite à la surrection.
06:25Alors, inciter à la surrection, peut-être pas. Mais toujours est-il que Facebook et les métas, d'une façon générale,
06:31surcensurent tout ce qui peut être lié à la politique. On le voit en ce moment avec la Palestine, c'est extrêmement censuré sur Facebook.
06:37Il existe deux réseaux sociaux qui ne censurent pas massivement les sujets politiques, c'est Twitter et TikTok.
06:43Est-ce que c'est utilisé par une puissance étrangère pour faire de l'ingérence dans notre opinion ? Honnêtement, on n'a pas les preuves, on n'en sait rien.
06:50Est-ce que c'est utilisé comme plateforme politique par les jeunes ? Bien évidemment, vu que les autres ne sont pas utilisables en dehors de Twitter.
06:57Est-ce que ça sera utilisé demain pour, on va dire, un remake du printemps arabe en Occident ?
07:03On va voir. Mais objectivement, entre ça et Twitter, c'est les deux seuls réseaux qui sont réellement utilisables,
07:09avec évidemment Snapchat pour un aspect opérationnel des émeutes, mais en dehors de ça, pour la communication politique, c'est très clairement TikTok et Twitter qui auraient ma préférence.
07:19Fabrice, ça ne vous a pas échappé, un rapport a été rendu cette semaine au Président de la République sur l'utilisation des écrans par les jeunes.
07:26Alors, il y a deux choses, il y a les écrans, il y a le contenu et le contenant. Quel regard vous portez sur ce rapport ?
07:32Alors, on a un problème, je vais parler en tant qu'enseignant, on a un problème, le temps d'attention n'est absolument pas le même dans les jeunes générations que dans les générations précédentes.
07:41Moi, quand j'étais en cinquième, au tout début du collège, j'avais des cours de maths qui duraient deux heures.
07:47Aujourd'hui, c'est absolument impensable un cours de maths qui dure deux heures, y compris en terminale, ça ne peut pas exister.
07:55Le problème, c'est que l'appareil éducatif ne s'est jamais adapté, donc effectivement, il s'est juste effondré face à cette dichotomie entre la réalité du travail des enseignants et la réalité des élèves.
08:08Et ces deux mondes qui se sont séparés, c'est irrémédiable.
08:12Mais on pressent tous, on attend des études scientifiques rigoureuses, mais on pressent tous qu'effectivement, l'utilisation intensive des écrans a un rapport avec cet effondrement du temps d'attention disponible.
08:24Qu'aimeriez-vous dire aux parents, Fabrice, qui a des enfants qui utilisent TikTok ?
08:29C'est très prétentieux de dire aux parents, parce qu'on est face à une population qui, pour une partie, se déleste lâchement de l'attention qu'ils devraient donner à leurs enfants en leur filant une PlayStation ou quel écran que ce soit.
08:46Mais on a aussi une très grande partie de la population qui n'a pas les moyens d'une baby-sitter, qui a deux emplois pour arriver à survivre,
08:52qui a cinq, six, sept enfants, et pour qui les écrans ne sont pas... il n'y a pas d'alternative.
08:59Et il n'y a aucune autre solution que les écrans, si ce n'est la rue.
09:03Et donc là, on est dans des situations absolument désespérées, où les écrans remplacent ce que dans ma génération était le Terralen,
09:10qui était un somnifère qu'on administrait aux gosses sans trop se poser de questions.
09:14On est dans cette logique d'impossibilité d'éduquer, faute de moyens, faute de temps, et de délégation aux écrans pour occuper le temps de cerveau disponible des enfants dès le plus jeune âge,
09:27de façon à ce qu'on puisse nous-mêmes avoir du temps, généralement pour travailler, souvent aussi pour soi-même s'adonner aux écrans.
09:34Et c'est vrai que c'est un problème de société globale. Les Chinois l'ont résolu en limitant le temps des écrans, de façon totalement arbitraire et très paternaliste.
09:41Nous, on n'est pas encore arrivé là, on n'y arrivera sans doute pas, mais on a ce problème de société massif, qui est totalement lié à l'éducation,
09:51et on est, en tant que société, absolument incapable de prédire quoi que ce soit en termes d'éducation, vu que notre système d'éducation nationale a fait faillite.
09:58Merci beaucoup Fabrice Pellebois. Reste avec nous, on marque une courte pause, et on se retrouve dans quelques instants pour découvrir le niveau d'emprise que ces réseaux sociaux peuvent avoir sur nos cerveaux.
10:07Le numérique pour tous, ça continue dans quelques instants, et c'est sur Sud Radio.
10:10Vérissure, le numéro un des alarmes en France. Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite. Vérissure présente...
10:18Sud Radio, le numérique pour tous, Vanessa Pérez.
10:22Pour continuer cette émission spéciale emprise des réseaux sociaux, j'ai le plaisir de recevoir un écrivain et philosophe.
10:27Il est l'auteur d'ouvrages académiques et littéraires, en particulier Un cibot bleu, paru aux éditions Belfont,
10:33où le héros tente de retrouver à tout prix un contact avec la nature après l'enfermement numérique de la crise du Covid.
10:38Donc ça, ça nous rappelle à tous quelque chose.
10:40Et il travaille par ailleurs depuis quelques années à des questions de régulation numérique avec un think tank qui s'appelle Hashtag le plus important.
10:48Et il est également l'auteur ou le co-auteur du livre Pour une nouvelle culture de l'attention, paru chez Odile Jacob.
10:55Voilà, c'est fait. Florent Florestier, bonjour. On est ravis de vous accueillir aujourd'hui en plateau.
11:00Alors vous, Florent, vous aimez bien dire que TikTok, Facebook et Twitter, donc tous les réseaux dans le même sac, sont un peu comme des casinos.
11:05Un casino, on n'en sort jamais gagnant. Pourquoi cette métaphore?
11:08Il y a beaucoup de points communs. Un casino, c'est un immense bâtiment avec un éclairage et une architecture un peu bizarre qui est fait pour que vous vous égariez
11:16et que vous perdiez un peu la notion du temps pour que vous soyez dans une situation de torpeur.
11:19Parce que plus vous y restez, plus vous avez des chances de dépenser de l'argent.
11:22Alors soit en rencontrant une machine à sous, les machines à sous, les jeux, elles sont là aussi pour vous maintenir.
11:27Il y a des mécanismes. Vous gagnez parfois, vous ne gagnez pas toujours. Vous êtes curieux.
11:31Mais il y a plein d'autres occasions de perdre votre argent dans un casino.
11:34Je me rappelle très bien quand j'étais dans les casinos de Las Vegas.
11:37Je n'ai pas joué, mais je me suis fait avoir en me faisant refiler un tour d'hélicoptère à 300 euros au-dessus de Las Vegas.
11:43Les réseaux sociaux, ça fonctionne un petit peu pareil.
11:46Sauf que vous ne vous rendez pas forcément compte que vous y entrez.
11:49Vous ne vous rendez pas forcément compte que vous êtes dedans.
11:51Et en plus, vous n'avez pas forcément besoin d'aller dans un casino pour socialiser, pour rencontrer des amis.
11:56Alors que les réseaux sociaux, de plus en plus.
11:58Donc, c'est des casinos invisibles, presque nécessaires pour rencontrer les gens.
12:02Fabrice parlait effectivement de ces formats courts, notamment sur TikTok.
12:06Est-ce que vous avez l'impression que ça conditionne un peu notre conception et notre rapport à l'autre ?
12:11Est-ce que ça nous fait nous impatienter ? Est-ce qu'on a envie de choses plus rapides, plus éphémères ?
12:15Est-ce qu'il y a un impact, vous qui avez écrit justement un livre, sur l'impact des réseaux sociaux sur notre cerveau ?
12:20Complètement. Et TikTok en particulier.
12:22Ce sont des circuits de récompense rapide.
12:24C'est-à-dire que ça vous nourrit très rapidement.
12:26Ça provoque un shot.
12:28Vous êtes là, vous attendez le nouveau shot.
12:31Vous êtes un peu sous perfusion.
12:33Au bout du compte, vous avez l'habitude que votre esprit soit nourri rapidement.
12:37Donc, vous ne savez rien faire d'autre et vous êtes coincé.
12:39Et en même temps, ça ne vous satisfait pas.
12:41En même temps, vous n'avez plus la patience et même la capacité de concentration pour nourrir des pensées plus sophistiquées.
12:47Vous êtes coincé, heureux sur le moment, jubilé sur le moment.
12:51Et malheureux après coup, parce que vous vous rendez compte que vous n'avez pas forcément fait ce que vous aviez envie de faire.
12:55Florian, moi ce qui me surprend toujours quand je suis sur un réseau social,
12:59c'est cette alternance d'images dramatiques, des guerres, des épidémies,
13:04et puis après des recettes de cuisine, peut-être des petits chatons, des choses comme ça.
13:08Est-ce que ça a un impact sur le cerveau des plus jeunes de tout mettre au même niveau ?
13:10Oui, parce que ce qui compte, ce n'est pas le sujet, c'est la manière dont il s'affiche.
13:15C'est que ça vous surprend, c'est que ça vous fait plaisir sur le moment,
13:17c'est que vous êtes content de voir une image qui s'affiche.
13:19Et plus vous y restez, plus vous êtes content qu'il y en ait une autre qui arrive.
13:22Au bout d'un moment, vous avez un rapport qui est un rapport ludique,
13:25un rapport un peu d'excitation, mais qui n'est plus forcément lié au sujet réel.
13:29Mais tous ces réseaux sociaux, pour vous, ils ont conscience,
13:33ils ont eu conscience de cette mécanique intellectuelle et de la façon dont fonctionne notre cerveau,
13:38et en fait leur modèle économique est fondé là-dessus ?
13:40Il y a des neurologues qui travaillent justement à nous rendre dépendants ?
13:44Le but de tous les réseaux sociaux, c'est que vous y restiez.
13:47C'est de vous capturer et que vous y restiez et que vous interagissiez avec eux.
13:51Parce que plus vous cliquez, plus vous faites des trucs, plus vous leur donnez des données,
13:55plus vous rendez le réseau actif, plus vous rendez le réseau actif sur les autres.
13:59Donc évidemment, ils ont envie que vous y restiez.
14:02Ensuite, ils ont essayé un peu empiriquement, petit à petit,
14:05ils voyaient qu'il y avait des techniques qui marchaient,
14:07ils avaient des neurologues, mais tout n'était pas non plus complètement prémédité,
14:10c'était un peu un processus d'essai-erreur, ils voyaient que certaines choses marchaient bien.
14:14Finalement, c'est plutôt une forme d'efficacité un peu inconsciente et irresponsable
14:20que de la préméditation pure et dure.
14:22Le but de ces réseaux, c'est de faire de l'argent avant tout.
14:24Ils essaient, ils regardent ce qu'ils rapportent le plus,
14:27et si c'est fondé scientifiquement, si ça peut être encore plus efficace, c'est mieux.
14:32Alors là, on parle beaucoup de TikTok qui concentre tous ces mécanismes,
14:35mais les autres réseaux comme Facebook et Twitter utilisent cette même mécanique
14:41de monétiser notre temps pour nous rendre dépendants ?
14:44C'est la mécanique qui est derrière tous les réseaux.
14:46Le principe, c'est que vous y restiez pour pouvoir vendre derrière de la pub,
14:51pour pouvoir faire venir d'autres applis,
14:54c'est d'avoir le point d'interface entre vous et le monde, entre votre attention et le monde.
14:58Ce que TikTok a peut-être de particulier, c'est qu'il semble que plus que les autres,
15:02comme ils sont venus après, ils ont vraiment étudié leur stratégie.
15:05Eux, ils ont vraiment eu beaucoup plus recours que les autres.
15:08Dès le départ, à de la connaissance neurologique, ils l'ont vraiment ciblé.
15:13On peut parler de manipulation, pour vous, derrière ces algorithmes ?
15:17Fabrice parlait des influences politiques à travers les réseaux.
15:21Pour vous, on peut définitivement brigader les gens avec ces réseaux ?
15:25Il y a des cas dans lesquels il y a des manipulations pures et simples.
15:28Quand vous avez ce qu'on appelle des interfaces trompeuses,
15:30vous cliquez en croyant faire quelque chose et ça fait autre chose.
15:33Vous avez des cas comme ça.
15:34Mais il y a aussi beaucoup de cas dans lesquels le but, c'est de vous faire réagir.
15:37Il faut quand même voir que le but étant de vous faire réagir,
15:41ce qu'on vous montre, c'est ce qui va soit vous énerver, soit vous confirmer.
15:45Évidemment, il y a une forme de manipulation émotionnelle.
15:47Parce que si on vous montre en permanence quelque chose qui vous énerve,
15:50évidemment, vous allez être de plus en plus énervé,
15:52de plus en plus confirmé dans votre énervement.
15:54Et quand ça devient un peu plus compliqué, quand derrière l'algorithme,
15:57il y a des stratégies dans lesquelles on dit,
15:59tel algorithme va montrer de préférence tel type de choses,
16:02va avoir un filtre par rapport à tel type d'autres choses,
16:05à force, comme vous n'arrêtez pas d'interagir avec le réseau,
16:08ça va vous ancrer des idées, ça va vous ancrer des représentations dans le cerveau.
16:13Alors concrètement, on parle de nouvelles lois,
16:15mais ça se matérialiserait comment ?
16:17Soit sur le réseau social, sur nos comportements, comment vous voyez les choses ?
16:20Alors concrètement, il y a plusieurs choses.
16:22D'une part, il faut que les lois donnent beaucoup plus de pouvoir aux utilisateurs.
16:26Alors d'une part, dans leur capacité à paramétrer,
16:29il faut que les utilisateurs puissent vraiment décider
16:32s'ils veulent un écran infini ou pas, s'ils veulent le bouton like ou pas,
16:35s'ils veulent différents types de boutons, quelle est la couleur,
16:38la manière dont fonctionne l'algorithme,
16:40s'ils veulent des contenus randoms ou des contenus personnalisés.
16:42Il faut que les utilisateurs puissent décider ça.
16:45Vous considérez que toutes ces émoticônes, par exemple,
16:47elles sont trop standardisées, elles sont trop sclérosantes
16:49pour exprimer ce que l'on veut dire, c'est ça ?
16:51En tout cas, on ne doit pas être obligé d'utiliser un jeu d'émoticônes déjà existant.
16:55C'est nous qui décidons ce qu'on va utiliser.
16:57Parce que clairement, les émoticônes, ça a une influence
17:00sur la manière dont on pense, dont on interagit avec les autres.
17:02Donc qu'on soit au moins conscient qu'on puisse faire des choix par rapport à ça.
17:05De la même manière, il faut pouvoir faciliter le fait
17:09de quitter un réseau social pour un autre.
17:11Parce que probablement, quand on quitte un réseau social,
17:13on perd tous ses contacts.
17:15Derrière, il y a tout un enjeu de pouvoir passer d'un réseau à un autre
17:20en gardant les liens avec ses contacts.
17:22Oui, vous évoquez une possibilité peut-être de repenser les réseaux sociaux,
17:26c'est-à-dire avec des nouvelles applications.
17:28Qu'en entendez-vous par là, très concrètement,
17:30pour que nous qui sommes des utilisateurs de Facebook ou d'Instagram,
17:33on puisse se projeter dans ce que vous imaginez comme nouveau réseau social ?
17:37Concrètement, pour le moment, pour être sur Facebook,
17:39vous n'avez que des applications et des outils Facebook.
17:41L'idée, pour donner du pouvoir aux utilisateurs,
17:43c'est que vous ayez beaucoup plus d'applications disponibles.
17:45Que vous ayez un supermarché d'applications
17:47qui vous permettent vraiment d'adapter Facebook
17:49à ce que vous avez envie de voir.
17:51Dans la manière dont fonctionne l'algorithme, dans la couleur,
17:54il y a toutes sortes de choses qui sont encore à imaginer.
17:57D'autant qu'à partir du moment où on fait ça,
17:59on n'est plus dans la régulation négative.
18:01On est au contraire dans un développement industriel.
18:03Un développement industriel qui, sans doute, va changer le modèle.
18:06Plus on aura une diversité dans les applications
18:09qui viendront sur Facebook,
18:11moins on sera dans la compétition des gros réseaux entre eux.
18:14Plus on sera dans la diversité des fonctionnements.
18:16Tous les effets négatifs, en termes de viralité,
18:18en termes de polarisation, seront estompés.
18:20C'est une sortie par le haut qui, en plus,
18:22devrait profiter aux réseaux eux-mêmes.
18:24Parce que les grands réseaux,
18:26ils ont un peu tous la même trajectoire.
18:28Au départ, ils cherchent leur modèle.
18:30Ensuite, ils ont un modèle très publicitaire.
18:32Ce modèle publicitaire finit par les plomber
18:34parce qu'il finit par dégrader considérablement
18:36l'expérience qu'on a.
18:38S'ils veulent durer, ils sont obligés de monter en qualité.
18:40Le mot de la fin, Fabrice,
18:42parce qu'on s'interroge sur le réseau lui-même.
18:44Le réseau, ça fait partie d'un tout.
18:46C'est un outil dans notre quotidien,
18:48dans une civilisation, dans un mode de vie.
18:50Est-ce qu'au lieu de mettre des patchs,
18:52il n'y aurait pas une façon un peu plus large
18:54d'envisager cette problématique
18:56de communication entre nous autres humains ?
19:00La communication entre humains
19:02via les réseaux sociaux, au sens large,
19:04que ce soit Instagram, WhatsApp
19:06ou tout un tas d'autres choses,
19:08c'est quelque chose de totalement ancré
19:10et qui ne pourra pas sortir de sitôt.
19:12J'en ai vu pour preuve Elisabeth Borne
19:14qui avait insisté pour que les ministres
19:16n'utilisent pas WhatsApp dans leur communication
19:18sans se rendre compte à un instant
19:20que WhatsApp fait partie du quotidien
19:22pour tout et n'importe quoi,
19:24sans WhatsApp,
19:26ces gens seraient aussi décontencés que nous
19:28si demain on devait se passer de messager instantané
19:30pour gérer aussi bien notre vie familiale
19:32que notre vie professionnelle,
19:34que tout un tas de choses.
19:36Les ministres en sont tout autant incapables.
19:38Et ça montrait bien à quel point
19:40il est infiniment trop tard pour envisager des alternatives
19:42et qu'il va falloir au contraire faire avec.
19:44D'un point de vue législatif, c'est compliqué.
19:46Pour ne pas dire impossible.
19:48On a un exemple récemment au Parlement européen.
19:50Un quart des parlementaires
19:52sont impliqués dans des affaires de corruption,
19:54d'étonnement de fonds, donc il n'y a aucune raison qu'il en soit différemment chez nous.
19:56Là-dessus, il va falloir attendre
19:58qu'on fasse un peu le ménage.
20:00Dans les médias,
20:02l'éducation populaire me semble la meilleure approche.
20:04L'éducation. Merci beaucoup Fabrice et Paul Boin,
20:06Florent Forestier. Je vous remercie
20:08et je rappelle le titre de votre livre
20:10La culture de l'attention parie aux éditions
20:12Odile Jacob. Le numérique pour tous c'est fini
20:14pour aujourd'hui et pour prolonger la discussion
20:16on n'a pas forcément d'autre choix que
20:18se retrouver sur les réseaux sociaux.
20:20Je vous souhaite une bonne fin de week-end
20:22et je vous dis à la semaine prochaine.

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