• il y a 8 mois
De quoi ont besoin les start-up, PME et autres entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) pour passer à l’échelle supérieure et démultiplier leur impact ? C’est l’un des enjeux abordés avec Alizée Lozach’meur, cofondatrice de Makesense, une communauté et un incubateur de l’ESS, et Hervé Angelini, directeur des opérations du Centre d’entrepreneuriat social de la grande école de commerce HEC.

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Transcription
00:00 Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
00:06 Le débat de ce Smart Impact, je vous présente mes invités, Alizé Lozac-Meur. Bonjour.
00:16 Bonjour.
00:16 Heureux de vous retrouver. Confort d'actrice de Make Sense.
00:19 Hervé Angelini, bonjour et bienvenue.
00:21 Merci.
00:21 Vous êtes le directeur des opérations du Centre d'Entrepreneuriat Social de HEC.
00:26 Vous êtes déjà venue parler de Make Sense, mais un mot de présentation.
00:30 Make Sense, on existe depuis 12 ans et notre mission, c'est d'accompagner toutes les personnes qui veulent transformer la société et l'économie
00:37 pour résoudre les enjeux sociaux et écologiques.
00:40 Et sur le champ de l'économie, on a plusieurs activités.
00:42 On incube des entreprises qui mettent au cœur de leurs projets l'impact social et écologique.
00:47 Mais on accompagne aussi la transformation des PME, des ETI, des grands groupes pour répondre à ces enjeux.
00:52 Et enfin, on permet à des recruteurs d'identifier leurs futurs talents sur notre plateforme Jobs that Make Sense.
00:57 Quelques chiffres clés pour présenter Make Sense.
01:00 Ça reprend ce que vous nous avez dit.
01:01 Plus de 600 organisations accompagnées, 8000 projets d'entrepreneurs soutenus, 250 000 citoyens engagés et des collaborateurs présents dans sept pays.
01:09 Et donc, ce rôle, on va rentrer dans le vif du sujet de notre débat, auprès des start-up, des PME, de l'économie sociale et solidaire.
01:16 Quel rôle spécifique vous jouez auprès de ces entreprises ?
01:19 On joue plusieurs rôles. Historiquement, on accompagne l'émergence et la structuration d'entreprises, de sociétés, même d'associations
01:27 qui mettent l'impact social et écologique au cœur de leurs missions et donc qui se structurent pour répondre à ces problématiques.
01:33 Et ce qu'on voit de plus en plus, c'est qu'en fait, on a l'enjeu d'avoir ces entreprises qui sont pionnières, qui sont exemplaires,
01:38 mais on doit aussi transformer toutes les filières d'activité.
01:40 Et c'est pour ça que de plus en plus, on travaille aussi avec des grands groupes, des PME, des ETI plus classiques
01:46 pour voir comment elles peuvent se transformer et comment collaborer avec ces entreprises pionnières
01:51 peut les aider à transformer aussi leur chaîne de valeur.
01:54 Hervé Angéni, pourquoi HEC a créé un accélérateur autour de l'économie sociale et solidaire ?
02:00 Alors, l'accélérateur, c'est une des offres que nous avons au sein du Centre d'entrepreneuriat social que je dirige,
02:09 lui-même situé au sein de l'Institut de l'Innovation et de l'Entrepreneuriat.
02:14 Alors HEC, ne me trompe pas, on entend souvent la grande école HEC, mais c'est un élément parmi d'autres.
02:22 Le triptyque d'HEC, c'est Think, Teach, Act.
02:26 Le Think, c'est plutôt les chercheurs, le Teach, c'est assez connu, c'est l'enseignement,
02:30 et Act, c'est toutes les actions qu'on peut avoir au niveau d'HEC en termes d'impact sur la société.
02:36 Et nous, nous appartenons à cette entité.
02:38 Et donc ce modèle, parce que c'est un modèle de l'économie sociale et solidaire, on peut se dire, qu'est-ce qu'il fait chez HEC ?
02:44 Alors, notre objectif, c'est d'accompagner les individus au sein d'un programme qui s'appelle Stand-up,
02:52 sur lequel je pourrais revenir, et les structures de l'ESS pour les aider à maximiser, à augmenter leur impact.
02:58 Et nous pensons, nous, que nous avons, au niveau de l'organisation d'HEC par exemple, au niveau des professeurs et des élèves,
03:06 on peut apporter de l'aide, du support à ces structures ou à ces personnes,
03:11 justement pour les aider à être plus performantes et avoir plus d'impact dans l'environnement.
03:16 Alizé Lozac-Moeur, c'est le défi principal ou les limites du passage à l'échelle pour ces startups, pour ces PME de l'ESS, c'est quoi ?
03:24 Alors, il y en a plusieurs. Il y a le défi, évidemment, du financement.
03:28 On est sur des modèles économiques qui sont viables, qui sont rentables,
03:31 mais qui peuvent être parfois disruptifs par rapport à des secteurs qui bougent plus lentement.
03:35 Donc, il y a le défi du financement et puis il y a le défi, évidemment, de l'accès au marché.
03:40 Donc, quand on monte une entreprise qui, par exemple, comme Toupie, produit des fertilisants organiques pour l'agriculture,
03:45 il faut se faire sa place sur le marché par rapport à l'ensemble des autres offres.
03:50 Et donc, on vient parfois un peu disrupter les acteurs traditionnels.
03:54 Et si je vais même encore plus loin, je pense que, ayant moi-même fait HEC, je suis ravie de voir qu'aujourd'hui ce type de centre se développe.
04:03 Le problème ultime, finalement, c'est comment on apprend à désapprendre tout ce qu'on nous a appris sur l'économie classique
04:09 pour penser son entreprise différemment comme un acteur presque d'utilité sociale écologique,
04:14 voire même 100% d'utilité sociale écologique, et changer ses pratiques.
04:18 Ne plus être dans la compétition, mais d'être dans la collaboration.
04:21 Ne plus être dans la centralisation, mais la décentralisation et le partage du pouvoir et de la valeur.
04:26 Je crois que c'est une fois qu'on a réussi à changer de façon de voir l'économie et son entreprise dans l'économie
04:31 qu'on arrive vraiment au cœur du sujet.
04:34 – Et Hervé-Angélie, effectivement, quand on a ce modèle en tête, est-ce qu'on est moins apte, entre guillemets,
04:38 à aller chercher du financement par exemple ?
04:41 – Non, non, pas du tout.
04:42 – Ou est-ce qu'il faut plus les accompagner à le faire ?
04:44 – Alors, le financement c'est un élément.
04:46 C'est un élément qui va permettre soit d'être une conséquence, soit d'être nécessaire
04:51 pour pouvoir gérer sa croissance et son développement.
04:53 Et je pense que les structures de l'économie sociale et solidaire sont confrontées,
04:56 comme toutes les autres structures, à des besoins de financement.
04:59 Et nous, c'est un des éléments qu'on doit prendre en compte
05:03 et pour lequel on doit accompagner le responsable de la structure,
05:06 puisque nous, on est là pour l'aider à accélérer, c'est-à-dire l'aider à pouvoir maximiser son impact
05:12 dans son environnement ou au sein de sa propre structure.
05:15 Donc les structures qu'on accompagne, ce sont des entreprises d'insertion,
05:19 enfin c'est un domaine que tu connais bien, les entreprises d'insertion,
05:23 les entreprises qui emploient des collaborateurs en situation de handicap,
05:27 les coopératives.
05:29 Donc tout type de structure de l'ESS et le financement fait partie des leviers
05:36 qui, à un moment donné, peuvent permettre de maximiser l'impact.
05:39 – Mais je repose la question, parce que, est-ce que parfois, ça n'a pas été leur priorité ?
05:43 Vous voyez ce que je veux dire quand on crée une structure comme celle-là ?
05:45 Donc est-ce qu'ils se sentent, à tevoir raison, moins armés,
05:49 pour finalement lever des fonds quand ils en ont besoin ?
05:53 – Alors, il y a toujours besoin d'apporter des connaissances, des spécificités
05:59 par rapport à ce domaine du financement.
06:01 Parfois les structures qu'on accompagne, peut-être est-ce due à l'organisation qu'elle a l'heure,
06:07 quand on parle d'associations, par exemple, ou de coopératives,
06:10 ou de systèmes de gouvernance, peut parfois avoir un rapport un peu distancié
06:16 ou interrogatif vis-à-vis de l'argent.
06:18 – Voilà, on se rejoint.
06:21 – Alors, vraiment, il y a une des tâches qu'on a, c'est de montrer que l'argent est nécessaire.
06:26 C'est un élément tout à fait indispensable.
06:28 Il y a l'argent public, certes, mais il y a aussi l'argent privé
06:32 et les financements qu'il faut aller chercher.
06:34 Donc il faut un petit peu déconstruire certaines croyances sur l'argent.
06:38 C'est pas sale, c'est nécessaire, comme tout ce que…
06:41 – C'est l'usage qu'on en fait qui est important.
06:43 – Exactement.
06:44 – C'est ça le message.
06:45 – En rapport à l'argent, ça fait partie des choses sur lesquelles on travaille beaucoup aussi.
06:47 – Oui, intéressant.
06:48 Alizée Lezac-Meur, on voit ce modèle de l'économie sociale et solidaire,
06:52 ou alors on peut aussi parler d'entrepreneuriat à impact qui se développe.
06:56 Est-ce que les incubateurs suivent ? Vous voyez ce que je veux dire ?
07:00 Parce que c'était peut-être pas forcément le premier domaine dans lequel ils se sont positionnés.
07:05 – Oui, tout à fait.
07:06 D'autant quand on a créé l'incubateur Make Sense il y a 12 ans,
07:10 on était parmi les premières structures à se créer sur ce champ-là
07:13 et à prendre tout autant nos inspirations dans tous les modèles des startups
07:17 qui se développaient sur leur capacité à aller vite et avoir de l'ambition
07:20 et en même temps reprendre tous les principes et les valeurs du champ de l'ESS
07:25 pour essayer de faire un modèle un peu hybride.
07:27 – Et depuis il y en a d'autres qui s'y sont mis ?
07:29 – Depuis il y en a plein d'autres qui s'y sont mis, il y en a qui s'y mettent bien,
07:32 il y en a qui s'y mettent en reprenant peut-être un peu trop les codes d'avant.
07:35 Et on a notamment monté un programme qui s'appelle Impact Lab
07:38 avec plusieurs acteurs historiques de l'incubation à impact
07:43 pour formaliser toutes nos connaissances et tout ce qu'on a appris
07:46 sur ce qui permet le développement d'une entreprise à impact
07:49 et former des incubateurs classiques, des réseaux d'entreprise,
07:52 des réseaux locaux, des CCI, etc. sur ces méthodes-là.
07:56 Notre objectif c'est que demain une grande partie de l'économie
08:01 mette l'impact social et écologique au cœur de ses préoccupations.
08:04 Donc ce n'est pas notre monopole que d'accompagner ces structures.
08:06 Par contre on pense qu'on a appris beaucoup de choses
08:08 et donc on les transmet pour que demain toute structure
08:11 qui accompagne des entreprises à minima sensibilise à ces sujets
08:15 et au mieux les accompagne vraiment de façon pertinente.
08:18 Hervé Angélini, ce centre d'entrepreneuriat social,
08:21 il existe depuis combien de temps et comment il est né ?
08:23 Est-ce que c'était une demande des étudiants ?
08:26 On voit dans plein de grandes écoles des étudiants qui disent
08:29 qu'on veut justement penser l'économie un peu différemment.
08:32 Comment c'est né en fait ?
08:34 Alors, il est né en 2018 le centre.
08:37 Il est né autour de deux programmes.
08:39 Un programme qui s'appelle Stand Up,
08:41 qui est un programme gratuit à l'attention des femmes
08:44 en situation de vulnérabilité.
08:46 Et c'est comment au travers de l'entrepreneuriat
08:50 permettre à ces femmes d'acquérir l'indépendance financière.
08:53 Donc c'est un programme de 10 semaines qui marie à la fois du digital
08:56 et à la fois du présentiel.
08:57 Ça c'était le point de départ du centre.
08:59 Et ça a été parce que deux personnes ont eu envie de faire ça.
09:04 Et par rapport à ce que nous pensons être aussi la responsabilité d'HEC,
09:08 une école d'excellence, mais l'excellence au service des autres aussi.
09:12 Et se dire comment on peut essayer de porter cette excellence
09:15 vis-à-vis de la société.
09:16 Donc ça a été le premier élément.
09:18 Ça c'est le point de départ Stand Up.
09:19 Et après il y a l'accélérateur.
09:21 L'accélérateur, son point de départ,
09:23 c'est une réponse à un appel à manifestation d'intérêt
09:25 de la région Île-de-France.
09:27 Notre premier partenaire historique,
09:29 et toujours notre partenaire actuel d'ailleurs,
09:31 nous répondons chaque année à un nouvel appel à manifestation d'intérêt,
09:35 c'est la région Île-de-France.
09:37 Et c'est la volonté de Sylvie Mario, la vice-présidente en charge de l'ESS
09:41 et à chair responsable de la région Île-de-France.
09:44 C'est 16% de l'économie de l'Île-de-France, l'ESS.
09:48 C'est plus que la moyenne nationale.
09:50 C'est un nombre tout à fait considérable d'emplois.
09:53 Alors je vous interromps parce que je vais reposer ma question différemment.
09:56 Est-ce qu'il y a beaucoup ou de plus en plus d'étudiants d'HEC
09:59 qui font un choix un peu similaire à celui d'Alizé,
10:02 c'est-à-dire se tourner vers l'économie sociale et solidaire ?
10:05 Alors, merci pour la question. La réponse est oui.
10:07 Je ne pourrai pas vous donner les chiffres, mais la réponse est oui.
10:09 Une autre façon de répondre, c'est que pour certains grands groupes emblématiques
10:14 dans le monde du conseil par exemple,
10:16 ça devient de plus en plus difficile de recruter.
10:18 Parce que les étudiants, HEC ou d'autres, les jeunes,
10:21 ont d'autres recherches de sens.
10:24 Je pense qu'Alizé est un bel exemple de ça.
10:27 Et une façon aussi de répondre à votre question,
10:29 c'est de dire que cette année, dans le parcours de la grande école,
10:33 c'est-à-dire les 400 étudiants qui rejoignent HEC chaque année,
10:37 eh bien la première année, il y a l'obligation de faire un stage d'un mois
10:41 dans une structure de l'économie sociale et solidaire.
10:44 Ce que jadis, pour les plus anciens d'entre nous,
10:47 on parlait du stage en entreprise,
10:49 eh bien ce fameux stage en entreprise, c'est un stage dans une structure de l'ESS.
10:53 Et ça répond à une prise de conscience de l'évolution du contexte,
10:57 mais aussi à une demande des étudiants.
10:59 Et on ne peut pas imaginer former les futurs cadres de demain,
11:02 qui vont être amenés à gérer de la diversité de fait,
11:04 sans qu'ils soient déjà imprégnés de cela.
11:06 Allez, il nous reste un peu moins d'une minute.
11:08 Une dernière question, Alizé Lozac-Meur,
11:10 sur ce guide entreprendre avec le vivant que vous lancez cette année.
11:13 De quoi s'agit-il ?
11:15 C'est en réponse totale à ce que je disais tout à l'heure.
11:17 Il faut qu'on apprenne à changer les principes qui guident et qui régissent l'économie.
11:21 On pense qu'il y a de très belles inspirations dans le vivant.
11:24 Le vivant ne produit pas de déchets.
11:26 Le vivant n'a pas une croissance infinie.
11:29 Le vivant est toujours sous-optimal pour pouvoir être résilient face aux crises.
11:33 Et donc on sort un guide qui prend quelques-uns de ces principes du vivant
11:36 et qui montre comment les entreprises sociales s'en inspirent.
11:39 Et c'est un appel à toutes les entreprises pour s'en inspirer,
11:41 pour être plus résilients, plus respectueux de la planète et des humains.
11:45 Et in fine, répondre aussi aux crises qui ne manqueront pas d'arriver.
11:49 Évidemment. Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur Bsmart.
11:53 C'est l'heure de notre rubrique Start-up tout de suite.

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