• il y a 6 mois
Damien Baldin, directeur général de La France s’engage, partage sa vision de l’innovation sociale dans SMART IMPACT. Il y détaille notamment le nouveau programme La Fonction publique s’engage, qui crée des binômes entre des entrepreneurs sociaux et de hauts fonctionnaires. D’après ce dirigeant, la capacité de la fonction publique à innover, y compris en s’inspirant de l’économie sociale et solidaire (ESS), est aussi un enjeu de confiance démocratique. Objectif : mieux s’adapter aux besoins de la population.

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00:00— Le Grand Entretien avec Damien Baldin, bonjour. — Bonjour.
00:09— Bienvenue. Vous êtes le directeur général de la France s'engage, créée il y a 10 ans à l'initiative de François Hollande,
00:15alors président de la République. C'est devenu une fondation en 2017, qui est d'ailleurs présidée par l'ancien chef de l'État.
00:20Si vous deviez définir la France s'engage en quelques mots, vous diriez quoi ? C'est une coalition, en quelque sorte ?
00:26— C'est une coalition d'entreprises, d'acteurs privés et publics qui aident les Françaises et les Français qui, eux-mêmes,
00:35aident à améliorer la vie des autres. C'est cela, la France s'engage. C'est comment donner à celles et ceux qui ont changé leur vie
00:45pour changer celle des autres le moyen de côté, d'apporter du progrès social, de pouvoir continuer à améliorer la vie des femmes et des hommes.
00:52— Donc ce sont plutôt quoi ? Des associations ou alors des entreprises de l'économie sociale et solidaire, c'est ça ?
00:57— Ce sont en très grande majorité des associations. Mais il y a également des entreprises de l'économie sociale et solidaire,
01:02et plus spécifiquement ce qu'on appelle les ESUS. À peu près 15% des 230 lauréats de la France s'engage sont des entreprises commerciales.
01:10Et les 85% restants sont des associations d'intérêt général. — Quelques chiffres pour effectivement continuer comme ça,
01:17de poser le décor en quelque sorte de la France s'engage. Vous l'avez évoqué, 233 lauréats accompagnés ou en cours d'accompagnement,
01:2480% d'associations, 20% d'entreprises sociales et solidaires. Et c'est moitié-moitié entre l'île-de-France et le reste du pays.
01:32On va beaucoup parler d'innovation sociale dans ce grand entretien. C'est quoi pour vous l'innovation sociale ?
01:40— L'innovation sociale, c'est trouver des solutions pour améliorer la vie des gens, et notamment des plus vulnérables d'entre nous.
01:50C'est de faire en sorte de rendre accessibles des biens, des services, une éducation de qualité, un logement à celles et ceux qui n'ont pas accès,
02:01et qui, quel que soit leur revenu, quel que soit leur territoire, quel que soit leur âge, quel que soit leur genre, eh bien de pouvoir leur permettre
02:10d'accéder à ces biens et ces services qui sont essentiels pour leur vie. C'est trouver des solutions pour améliorer le progrès social.
02:19C'est trouver des solutions pour améliorer la justice sociale. — Donc ça fait changer la société. Est-ce que, par définition,
02:25c'est aussi un levier de transformation de notre économie ? Parce que c'est à ça qu'on est en train d'assister les uns et les autres
02:30depuis quelques années, une transformation du capitalisme, une transformation de notre économie. L'innovation sociale, c'est un levier peut-être méconnu
02:37de cette transformation pour vous ? — Oui, parce qu'elle bouleverse les modèles financiers de l'économie de deux manières.
02:46La première, c'est par le principe même de la fondation, c'est-à-dire de pouvoir dédier des capitaux à un service de pur intérêt général.
02:59C'est ça, une fondation. C'est que vous sortez des capitaux de l'économie de marché et ils sont mobilisés pour être utilisés à des fins
03:08uniquement d'intérêt général. Ça, c'est la première manière. Et c'est une des manières fondamentales de ce qu'on appelle l'économie sociale et solidaire.
03:16Et puis il y a aussi une deuxième manière. C'est comment nous faisons évoluer les modèles financiers des associations et des entreprises
03:25de l'économie sociale et solidaire, comment nous arrivons à faire émerger à la fois des entreprises qui ont un fonctionnement lié à l'économie de marché classique,
03:38mais qui, dans leur activité, introduisent la notion d'utilité sociale, d'intérêt général, de lucrativité limitée et qui... Et ça, c'est aussi...
03:49On le voit très bien à La France s'engage, c'est comment vous créez aussi des activités lucratives pour financer votre activité d'intérêt général.
03:58Et donc nous sommes dans une... Nous accompagnons une économie en mutation, une sorte de zone grise de notre économie qui est l'économie sociale et solidaire
04:08et qui est à la fois... Qui se tient un peu à distance entre un paradigme marxiste collectiviste, un paradigme néolibéral et qui a une forme capitaliste, mais driveée, guidée par l'intérêt général et par l'utilité sociale.
04:29Je n'ai pas peur de la lucrativité, mais je la dédie à l'intérêt général.
04:34La France s'engage qui fête ses 10 ans, vous avez prévu quoi pour cet anniversaire ?
04:39Nous avons prévu de faire ce que nous faisons depuis 10 ans, à savoir valoriser, aider, accompagner les lauréats de La France s'engage.
04:49Et donc concrètement, ça va prendre une forme un peu particulière. Cette année, nous avons... Nous sommes en train de consulter tous nos lauréats depuis 10 ans,
04:59à la fois pour dresser le bilan des 10 ans, de dresser ce qu'on appelle le rapport d'impact ou plutôt le récit d'impact 2014-2024, et puis surtout de leur donner la voie pour imaginer le futur.
05:14Quels sont les grands défis de l'innovation sociale ? Et au-delà des experts, qui de mieux que ces lauréats qui sont à la fois des entrepreneurs, des faiseurs, des acteurs de terrain,
05:25pour imaginer les grands défis de demain et les solutions de demain, et c'est la raison pour laquelle, à l'issue de ce processus et de dialogue entre les lauréats d'intelligence collective,
05:35eh bien nous rendrons public un livre blanc de l'innovation sociale 2024-2034.
05:41D'accord, avec des propositions justement pour que les principes de l'innovation sociale, ou peut-être les bonnes pratiques, ce qui marche, se diffuse le plus largement, ça va être ça ?
05:49Les deux, à la fois les bonnes pratiques, les bonnes solutions, celles qui ont été éprouvées et qui pourraient encore plus changer d'échelle, et puis aussi les modèles d'action,
06:01l'évolution des modèles financiers, l'action des pouvoirs publics pour favoriser ces solutions sociales.
06:07Alors vous parlez, on parle depuis tout à l'heure de ces lauréats, 233 lauréats accompagnés ou en cours d'accompagnement, c'est quoi, c'est un label la France s'engage en quelque sorte ?
06:15C'est à la fois un label, parce que ces lauréats ont été sélectionnés à l'issue d'un processus assez rigoureux, évalué selon trois critères, l'impact social de votre projet, son innovation et sa capacité à changer d'échelle.
06:33Et à l'issue de cette sélection, vous avez en moyenne chaque année entre 300 et 500 candidatures, une douzaine, quinzaine de lauréats sont retenus chaque année, qui bénéficient d'un label, la France s'engage, d'un soutien financier dans le temps long, non fléché, qui va directement au fonctionnement du projet, et ça c'est essentiel,
06:53et puis un accompagnement en expertise, en service, qui répondent aux enjeux du changement d'échelle et auxquels n'ont pas souvent accès pour des raisons de réseau ou pour des raisons financières, ces entrepreneurs sociaux.
07:08Exemple, un accompagnement juridique, un accompagnement stratégique, un accompagnement en ressources humaines, que nous allons chercher auprès de nos entreprises partenaires qui vont les mettre à disposition des lauréats.
07:22Alors il y a des mécènes autour de la France s'engage, on peut en citer deux qui sont assez emblématiques, Total Energy, BNP Paribas, il y en a d'autres ?
07:32Mais ce sont Total Energy, BNP Paribas, Andros et Artemis, qui sont les mécènes fondateurs de la France s'engage depuis 2017, mais depuis la coalition d'entreprise, c'est largement élargi, Engie, Capgemini, Malakoff Humanis, La Poste, le Crédit Mutuel sont venus rejoindre la France s'engage.
07:53Et ce sont des mécènes, ce sont des partenaires mécènes qui participent à toutes les missions sociales de la fondation et pas uniquement au financement des lauréats. Ils participent à la sélection des lauréats par la mobilisation de leurs collaborateurs.
08:07Il y a du mécénat de compétences ? Il y a du mécénat de compétences, à la fois sur la sélection des projets, cette année 650 examinateurs mobilisés pour évaluer les 400 dossiers, 350 sont issus des entreprises partenaires à Paris, à Porte-les-Valences, à Toulouse ou à La Réunion.
08:25Et puis, deuxième engagement, c'est le mécénat de compétences sur l'accompagnement pendant trois ans où nous allons pouvoir aller chercher les compétences de ces entreprises-là pour améliorer l'activité des lauréats.
08:38Si on regarde la France s'engage, un bilan 2023, c'est 2000 heures de mécénat de compétences, 200 heures de formation collective et 3 millions investis dans l'accompagnement et le soutien financier direct.
08:49Je voudrais qu'on fasse un focus justement sur cette question du financement, je vais simplifier, de l'économie sociale et solidaire. On parlait il y a quelques jours...
09:00Oui, parce que c'est des structures qui sont très très différentes les unes des autres, ça va du crédit mutuel ou de la maïf, ce sont des géants à des petites associations.
09:09Bref, on parlait il y a quelques jours de l'opération Milliard qui a été lancée par Bastien Civil, le fondateur de MobiCorp, où il veut lever un milliard d'euros aux prêts particuliers,
09:19auprès d'institutions financières justement ou de la BPI pour financer l'économie sociale et solidaire. Ça rejoint ce que vous faites ? Vous serez partenaire ? Vous êtes en train de discuter avec lui ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
09:31La France s'engage est justement un tiers de confiance entre l'économie dite classique, conventionnelle et l'économie sociale et solidaire.
09:41Et ce que nous faisons à la France s'engage, c'est de réunir les moyens, les compétences et l'envie d'engagement de l'économie classique pour la transformation positive de l'économie sociale et solidaire.
09:51Et donc ce que vous dites, c'est le projet de la France s'engage, c'est de relier des mondes qui n'ont pas forcément l'habitude de travailler ensemble,
10:01mais qui aujourd'hui, devant les responsabilités sociales et environtales, ont besoin de travailler ensemble et ces acteurs ont besoin de tiers de confiance.
10:11Et ont besoin de financement aussi, parce que là, on est au cœur de la question. C'est-à-dire que ce sont des associations, des entreprises qui œuvrent pour l'intérêt général,
10:19mais qui ont des difficultés pour se financer, qui ne rentrent pas dans les codes du capitalisme. C'est ce qu'on disait tout à l'heure.
10:27Donc est-ce que ça veut dire qu'elles ont forcément besoin d'une fondation comme la France s'engage ou de mécènes en quelque sorte ? Vous voyez ce que je veux dire ?
10:35Tout va dépendre d'abord de votre modèle économique. Il y a des activités prenant des structures qui s'occupent de la protection de l'enfance.
10:49Il n'y aura jamais d'activité rentable sur la protection de l'enfance. Là, vous aurez un modèle associatif où vous aurez besoin à la fois de subventions publiques,
10:59où vous remplirez des missions de services publics et du don, du mécénat. Mais vous avez d'autres activités qui peuvent tout à la fois avoir une activité d'intérêt général non lucrative et d'activité lucrative.
11:16Et donc là, ces structures vont avoir besoin à la fois de dons de la généralité publique et celles des entreprises, mais elles auront aussi besoin d'actifs et d'actionnaires et de prêteurs.
11:31Et là, on est dans un jeu beaucoup plus classique. Et ce qui du coup est important, c'est justement d'avoir des structures qui peuvent traduire ces deux mondes-là et qui sont là aussi pour acculturer le monde conventionnel et le monde de l'économie sociale et solidaire.
11:50Et c'est ce que nous faisons. Le financement de la France engage, c'est 5 millions d'euros chaque année. 5 millions d'euros qui sont assurés par les entreprises mécènes dont je vous ai parlé et qui servent au financement des associations et de ces structures en changement d'échelle.
12:06— Mais ça veut dire que vous prenez la place de mission de service public. Vous voyez ce que je veux dire ? C'est-à-dire qu'on pourrait considérer que ces associations, elles font le travail que l'État devrait faire.
12:20Elles sont là où il y a aussi un besoin d'engagement et que l'intérêt général, ce n'est pas uniquement le monopole de l'État. L'intérêt général concerne tous les citoyens et qu'il y a heureusement des citoyens qui, en plus d'être des électeurs, décident de s'engager bénévolement ou même de créer une entreprise pour aider à l'intérêt général.
12:48Et nous, nous sommes là pour quoi ? Nous sommes là pour aider ces structures-là. Et donc tout l'enjeu, c'est pas de se dire qu'il n'y a pas de monopole de l'intérêt général. C'est de se dire que tous ceux qui, à un moment donné, entreprennent dans l'intérêt général doivent pouvoir se parler et travailler ensemble. Et c'est ça, la France s'engage.
13:04Et alors ça passe aussi par ce nouveau programme que vous avez lancé intitulé « La fonction publique s'engage ». C'est quoi ? C'est une sorte de mentorat ? Expliquez-nous, expliquez-moi.
13:14C'est un espace de dialogue entre les dirigeants de l'économie sociale et solidaire L'Oréal La France s'engage et les hauts fonctionnaires de la fonction publique d'État, territoriale et hospitalière. Et c'est l'organisation d'un dialogue entre ces personnes-là pour assurer le développement des projets d'innovation sociale.
13:34Et c'est autant les hauts fonctionnaires qui vont pouvoir aider par leur connaissance réglementaire, par leur connaissance de l'État, par leur connaissance du fonctionnement des services publics qui vont pouvoir aider les dirigeants de l'économie sociale et solidaire.
13:46À lever des freins, à curer avec le fonctionnement de l'État.
13:50À comprendre quelles sont les bonnes portes. Est-ce que là j'ai un frein réglementaire ? Est-ce que c'est un frein législatif ? Est-ce qu'ils peuvent être levés ? Oui ? Non ? Comment je peux éventuellement trouver des bons interlocuteurs ?
14:00Et puis parallèlement, pour les hauts fonctionnaires, c'est aussi une manière de comprendre autrement, de regarder autrement les bénéficiaires et le terrain.
14:10Donc c'est pas du mentorat, ça marche dans les deux sens.
14:12Ça marche dans les deux sens. Vous savez, moi je suis à la fois un fonctionnaire et un dirigeant de l'économie sociale et solidaire.
14:18Je pense que j'ai toujours oeuvré pour l'intérêt général.
14:22Et qu'il nous tient à cœur de se dire que c'est un peu des alliés sans le savoir de l'intérêt général.
14:29Et il est bon de créer des espaces pour une fois encore en plus améliorer l'efficacité de services d'intérêt général.
14:36Et alors on peut prendre des exemples de structures qui sont sélectionnées dans le cadre de ce programme.
14:42Il y a par exemple un lauréat 2023 du label La France s'engage qui s'appelle Caracol, c'est ça ? C'est quoi Caracol ?
14:49Caracol, c'est comment vous utiliser au mieux ce qu'on appelle le logement intercalaire.
14:55Comment des bureaux, des logements dont on sait qu'ils vont être vides pour une durée courte, 1, 2, 3, 6 ans.
15:05Comment on arrive à utiliser pour l'intérêt général, pour aider notamment ceux qui n'ont pas de logement ou qui ont un logement très précaire
15:14à bénéficier d'un logement qui est un logement tremplin.
15:18Et donc vous imaginez bien que quand vous êtes dans le logement intercalaire avec une réglementation dont il faut parfois faire l'exégèse
15:30et dont il faut parfois comprendre la traduction concrète, c'est essentiel pour Caracol de pouvoir compter sur l'expertise de fonctionnaires
15:40qui connaissent très bien la réglementation, qui connaissent très bien le ministère de logement et les acteurs privés et publics du logement
15:46pour pouvoir permettre le développement de l'habitat intercalaire.
15:49On peut prendre d'autres exemples parce qu'on a été beaucoup dans les principes et c'était important de les poser.
15:54Par exemple, c'est une association qui s'occupe des femmes réfugiées, c'est ça ?
16:00Oui, c'est une association qui est lauréate de l'association Impact Tank qui est un partenaire de la fonction publique sans gage
16:10et qui est là pour assurer le développement de la maîtrise des outils numériques des femmes.
16:21Un autre exemple aussi, c'est justement Appel, c'est une application gratuite pour prévenir les violences intrafamiliales.
16:30Cette application gratuite est évidemment bénéfique pour les femmes qui en sont les bénéficiaires
16:39mais elle est aussi bénéfique pour la police, la gendarmerie, la justice
16:45et que typiquement pour raisonnante de pouvoir travailler avec la fonction publique,
16:49c'est aussi de pouvoir simplement informer les commissariats, les gendarmeries de l'existence de cette application
16:58et la manière dont aussi les représentants de l'Etat peuvent l'utiliser.
17:03Autre exemple, c'est une structure que vous connaissez bien pour en avoir été le co-directeur qui s'appelle le choix de l'école
17:09la lauréate de la France s'engage en 2019 si je ne me trompe.
17:13On peut présenter le choix de l'école, c'est quoi l'idée ?
17:16Alors l'idée elle est fondamentale, c'est aujourd'hui dans ce pays comment vous rendez le métier d'enseignant plus attractif.
17:25Il n'aura échappé à personne que depuis quelques années avec une accélération récente,
17:30nous manquons d'enseignants et nous manquons d'enseignants notamment dans les quartiers où on a le plus besoin d'enseignants
17:36à savoir dans les quartiers populaires.
17:38Et donc le choix de l'école c'est d'imaginer un programme d'entrée dans le métier d'enseignant
17:43auprès de publics jeunes diplômés et jeunes actifs qui ont besoin de sens, qui ont besoin d'engagement
17:50et qui peuvent trouver dans le métier d'enseignant s'ils sont bien accompagnés, s'ils sont bien formés
17:56une forme à la fois d'engagement professionnel et d'engagement pour l'intérêt général.
18:00Et donc le choix de l'école a créé un programme innovant en termes de ressources humaines
18:05pour permettre à ces jeunes-là d'enseigner et de rester dans l'enseignement.
18:10Comment ça a été reçu par les syndicats d'enseignants ?
18:13J'imagine le discours consiste à dire c'est pas des profs, c'est pas des vrais profs, ils sont pas formés, d'où ils sortent, etc.
18:21C'est évidemment mal reçu.
18:23Vous avez eu droit à ça, oui.
18:24Ça a été mal reçu, pas par tous les syndicats, mais ça a été difficilement reçu.
18:30Ça nous ramène à l'innovation sociale.
18:34Je pensais trouver des alliés naturels auprès des syndicats, puisque je pense que si moi je me suis engagé,
18:43c'est justement pour le métier d'enseignant, c'est pour sa valorisation.
18:46Alors, par des nouveaux moyens, qui est celui de comment on assure une formation plus importante pour les enseignants contractuels,
18:55mais qui au final, notre objectif, c'était que notamment les enfants des quartiers populaires
19:01puissent avoir des enseignants devant eux tous les jours.
19:05Je vous rappelle que dans l'académie de Créteil, en moyenne, les enfants ont un an de scolarité en moins,
19:11sur toute la période de scolarité par rapport au reste de la France.
19:14Et donc si on fait le bilan, depuis 2019, il y a eu beaucoup de professeurs ou de diplômés qui ont bifurqué ?
19:23Alors, on est maintenant à plusieurs centaines. Je n'ai pas les chiffres à jour, mais lorsque je l'ai quitté,
19:29on était déjà à 400 enseignants présents dans l'académie de Créteil, de Versailles, de Paris, ex-Marseille et maintenant Lille et Amiens.
19:40Et puis surtout, à l'origine, le projet était consacré au collège.
19:44Et aujourd'hui, vous avez des enseignants du choix de l'école qui interviennent en lycée professionnel et au premier degré.
19:50Donc on est dans le programme, la fonction publique s'engage. Vous nous l'avez dit, ça marche dans les deux sens.
19:55Donc j'imagine quoi ? L'idée, c'est que des hauts fonctionnaires, sa culture à l'économie sociale et solidaire,
20:01ils la connaissaient mal ou pas, pour certains d'entre eux.
20:06D'abord, très souvent, ils n'ont pas toujours le temps. Un haut fonctionnaire a une charge de travail considérable
20:14et qu'il est toujours dur de trouver le temps, les moyens de pouvoir s'informer auprès d'autres structures.
20:23Et puis il y a aussi cet enjeu de l'innovation.
20:27Vous savez, dans une démocratie, la confiance en la fonction publique est essentielle pour la cohésion démocratique.
20:35Et ce qui fait aussi la confiance dans la fonction publique de la part des citoyens,
20:40c'est aussi la confiance que cette fonction publique, elle sait innover, elle sait s'adapter aux besoins de la population.
20:47Et que donc il y a aussi un enjeu démocratique dans l'innovation.
20:51L'innovation sociale peut façonner en quelque sorte l'action de l'État ou les politiques publiques.
20:56Mais l'innovation sociale, elle est là pour inspirer la fonction publique et les collectivités.
21:01Toutes les innovations sociales ne sont pas nécessairement appelées à devenir des politiques publiques.
21:06Je prends l'exemple du service civique qui a été lancé par l'association lauréate de la France Engage, Unicité, et qui est devenu une politique publique.
21:14Je pense aussi au mentorat que vous avez reçu ici.
21:17J'imagine plusieurs lauréats de la France Engage qui portent cette idée du mentorat et qui est devenu peu à peu une politique publique.
21:24Donc oui, il y a cet enjeu-là de pouvoir inspirer ce qui a été démontré, qui fonctionne,
21:33et pour lequel le changement d'échelle ne dépend parfois presque plus que de l'État.
21:38Merci beaucoup Damien Baldin et à bientôt sur Bsmart.
21:42On passe à notre rubrique start-up tout de suite.

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