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Anne Fulda reçoit David Djaïz pour son livre «La révolution obligée» dans #HDLivres

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00:00 Bienvenue à l'heure des livres, David Jaïz.
00:02 Alors vous êtes essayiste, vous êtes prof à Sciences Po, enseignant à Sciences Po.
00:06 Vous avez déjà écrit des livres qui ont été remarqués, notamment "Slow Democracy".
00:11 Et là, vous venez de publier "La révolution obligée, réussir la transformation écologique sans dépendre de la Chine et des États-Unis",
00:18 un livre qui est paru chez Alari Édition et un livre qui n'adopte pas une posture idéologique,
00:24 mais propose un véritable plan d'action pour la transition écologique.
00:27 Alors d'abord, pourquoi cette révolution est-elle obligée et en quoi ?
00:31 Alors pourquoi une révolution d'abord ?
00:33 Et pourquoi une révolution ?
00:34 La question climatique, c'est d'abord un enjeu de révolution énergétique et industrielle.
00:39 Il faut savoir que l'année dernière, 83% du total de l'énergie primaire consommée dans le monde était fossile.
00:46 C'était du pétrole, du gaz ou du charbon.
00:50 On voit bien les effets que ça produit en termes de réchauffement climatique et de catastrophes environnementales.
00:55 Donc il faut sortir des énergies fossiles, changer de système énergétique.
00:59 Et vous savez à quel point le système énergétique est lié à l'industrie.
01:03 Au 19e siècle, quand le charbon a fait son apparition dans l'économie, tout a changé.
01:07 Il y a eu la machine à vapeur, le train, tout un tas d'innovations, les machines-outils.
01:12 Et ça a été le début de l'ère industrielle.
01:14 Eh bien là, nous avons le début d'une nouvelle ère avec une révolution de l'énergie et de l'industrie.
01:19 Et pourquoi une révolution obligée ?
01:21 Parce que nous avons 30 ans si nous voulons atteindre la neutralité carbone.
01:26 Et je précise que ce n'est pas seulement l'Europe, les pays européens qui se sont engagés dans ça.
01:30 C'est tous les pays du monde, ou presque, à travers les accords de Paris.
01:33 Même la Chine, qui est aujourd'hui le pays le plus pollueur du monde,
01:36 s'est engagée par la voix de son président Xi Jinping à atteindre la neutralité carbone en 2060.
01:42 Et ils font déjà des efforts colossaux pour y arriver.
01:45 Pourtant, la Chine n'est pas souvent citée en exemple pour son exemplarité.
01:50 Mais visiblement, elle a engagé une vraie démarche volontaire.
01:53 Alors, elle autorise la construction de deux centrales à charbon par semaine.
01:58 Donc on ne peut pas dire que ce soit un modèle de vertu environnementale.
02:02 Mais, il y a un mais.
02:04 Ils abordent le climat sous l'angle de l'industrie.
02:07 Comment ça peut nous profiter sur le plan de la puissance, de la géopolitique, de la production économique ?
02:12 Et donc aujourd'hui, quelques chiffres qui donnent le tournis,
02:15 ils produisent un tiers de l'électricité décarbonée dans le monde.
02:20 Ils ont 40 000 km de lignes de chemin de fer à grande vitesse.
02:24 En 2008, c'était 1000 km.
02:26 En France, on n'en a que 2800.
02:29 Ils sont en train d'avoir le monopole sur les panneaux photovoltaïques.
02:33 Vous savez à quel point la filière européenne, déjà dans les années 2000,
02:36 a été dévastée par la montée en puissance de la Chine.
02:38 Ils montent sur les pompes à chaleur.
02:40 Ils montent sur tous les métaux stratégiques qui sont nécessaires à la transition.
02:44 Soit parce qu'ils les ont dans leur sol, soit parce qu'ils acquièrent des compagnies minières,
02:48 que ce soit au Congo, en Argentine, en Bolivie, pour le lithium, pour le cobalt,
02:53 pour tous ces métaux qui sont nécessaires aux batteries électriques.
02:56 Et l'entreprise BYD, c'est une entreprise que personne ne connaît,
02:59 pourtant c'est celle qui vend le plus de voitures électriques dans le monde,
03:02 devant Tesla, dont en revanche tout le monde parle.
03:05 Alors en Europe, les ambitions écologiques qui sont affichées sont assez importantes, assez hautes.
03:11 Néanmoins, les choses avancent assez doucement, déjà concernant les énergies fossiles.
03:17 Et ensuite, parce qu'il y a des résistances terribles.
03:20 Et comment arriver à aller à l'encontre de ces résistances ? Comment convaincre finalement ?
03:25 L'Europe, c'est paradoxal, parce qu'à la fois elle a les ambitions les plus nobles
03:28 et les plus élevées en matière climatique, plus que la Chine et les États-Unis,
03:32 qui sont plus pragmatiques.
03:34 Et en même temps, elle est en train de susciter beaucoup plus de résistances
03:39 dans le processus de transformation.
03:41 On le voit avec les agriculteurs, on l'a vu avec les gilets jaunes,
03:44 on le voit en Allemagne avec l'interdiction des chaudières au gaz ou au fuel.
03:49 Et on le voit même dans les campagnes irlandaises avec la question du chauffage à la tourbe.
03:53 Alors pourquoi autant de résistances ?
03:55 Parce que l'Europe, c'est d'abord une machine à fabriquer de la norme,
03:59 des règles, des obligations, des interdictions.
04:03 Et nous ce qu'on dit dans le livre, c'est que c'est très bien d'avoir des bâtons
04:06 de faire des obligations ou des interdictions, mais il faut aussi avoir des carottes.
04:10 C'est-à-dire qu'il faut être capable de financer, d'avoir une politique industrielle.
04:13 Aux États-Unis, par exemple, le plan mis en place par Joe Biden à l'été 2022,
04:19 on finance à fond les énergies renouvelables, l'hydrogène, l'industrie verte.
04:23 Ça crée des emplois, ça renforce la classe moyenne.
04:26 Ça va d'ailleurs beaucoup dans les États républicains qui votent Donald Trump.
04:29 Donc même si Trump est réélu à la fin de l'année,
04:31 je suis sûr qu'il ne reviendra pas sur ce plan de soutien aux énergies vertes.
04:34 Et puis, après avoir sorti la carotte, on augmente petit à petit les normes
04:41 d'émissions, par exemple, de pollution des centrales thermiques.
04:44 Mais le bâton ne vient qu'après la carotte.
04:47 Et le problème en Europe, c'est que comme l'Europe est d'abord une machine
04:50 à produire des réglementations, on a fait tout le travail réglementaire,
04:54 mais on n'a pas la politique industrielle qui va avec.
04:56 Et puis, il y a franchement des grosses contradictions.
04:58 Regardez sur l'agriculture.
04:59 On a un petit peu durci les règles pour les agriculteurs européens,
05:03 les pourcentages de jachères, par exemple, dans le cadre de la PAC,
05:06 qui ont été très discutés dans le mouvement agricole.
05:08 Mais dans le même temps, on continue à négocier des accords de libre-échange
05:12 avec des pays comme le Brésil, qui ne sont pas franchement,
05:15 mieux disant, en matière environnementale.
05:17 Donc là, il y a un sentiment de la part des peuples européens,
05:20 des agriculteurs, d'un certain nombre de catégories sociales, de contradiction.
05:24 Et nous, ce que nous disons, ce n'est pas qu'il faut abandonner le pacte vert,
05:27 mais c'est qu'il faut être cohérent entre ce qu'on fait en matière commerciale,
05:30 en matière environnementale et en matière industrielle.
05:32 Il faut un vrai projet de société.
05:34 En tout cas, je vous conseille vraiment de lire "La Révolution Obligée".
05:38 C'est très intéressant. Ce n'est pas dogmatique,
05:42 ce qui n'est pas toujours le cas de ces livres.
05:45 C'est donc paru chez Alari Éditions.
05:47 Merci beaucoup, David Jhaïss.
05:48 Merci de votre invitation.
05:49 [Musique]
05:54 [SILENCE]

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