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Les dessous de l'affaire Wildenstein - Milliards cachés et guerre d'héritiers -

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00:00 La rue La Boétie, en plein cœur du 8e arrondissement de Paris.
00:09 On y trouve ce bâtiment austère aux allures de coffre-fort.
00:15 Aucune plaque, aucune indication.
00:19 Voici l'Institut Wildenstein, le siège d'une dynastie de marchands d'art, à la tête
00:26 d'une immense fortune accumulée au fil des ans.
00:30 Cet institut est aujourd'hui au centre d'un scandale fiscal et judiciaire.
00:36 Il y a un an, les policiers y ont perquisitionné.
00:41 Au sous-sol, dans une chambre forte, ils ont trouvé des tableaux, des statues, entreposées
00:48 en pagaille à même le sol.
00:49 Parmi eux, une trentaine d'œuvres d'art déclarées disparues ou volées.
00:58 Dernier rebondissement dans la guerre de succession de la famille Wildenstein.
01:04 Une femme a déclenché cette bataille.
01:14 Une épouse trahie.
01:18 Sylvia Wildenstein, la veuve du plus grand marchand d'art du XXe siècle.
01:27 Nous l'avions rencontrée il y a deux ans, sur le champ de course de Longchamp.
01:31 Comme souvent, elle était venue encourager les chevaux de son écurie.
01:36 Sylvia Wildenstein nous avait conté son histoire.
01:43 Une incroyable affaire de succession qui débuta à la mort de son époux, Daniel Wildenstein.
01:49 Moi, on m'a dit au départ que mon mari est mort fauché, qu'il n'y a rien.
01:58 Je l'ai cru.
01:59 Et en fait, il y avait une fortune.
02:03 Colossale.
02:04 Une fortune colossale, à la mesure du mythe Daniel Wildenstein.
02:10 Cet homme discret était le plus grand marchand d'art du XXe siècle.
02:14 Un empire bâti sur des générations.
02:17 Nathan Wildenstein, son grand-père, ici à gauche, ouvrit la première galerie à Paris.
02:25 Georges, son père, la fit prospérer.
02:28 Et c'est Daniel qui transforma l'affaire familiale en multinational de l'art.
02:35 Des galeries au Japon, en Argentine, à Londres et à New York.
02:39 Sylvia Wildenstein nous avait laissé entrevoir l'ampleur du trésor accumulé par son mari.
02:47 Vous vous souvenez des tableaux que vous aviez même chez vous ?
02:49 Oui, alors, ça changeait souvent à la maison.
02:52 Quand j'étais à New York, par exemple, j'avais 16 ans au-dessus de mon lit, un noir
02:56 en face.
02:57 Mon nez par là.
02:59 On vivait avec des tableaux magnifiques.
03:02 Des tableaux de maîtres ?
03:04 Uniquement.
03:05 Des œuvres d'art extraordinaires.
03:09 Difficile de croire qu'à sa mort, le marchand d'art était ruiné.
03:12 C'est pourtant ce qu'affirmèrent les deux fils de Daniel Wildenstein, Guy et Alec.
03:19 Alec, l'aîné, au centre, est décédé.
03:23 Guy, le plus jeune, à gauche, gère désormais la succession de son père.
03:28 Ils m'ont dit "Ton mari est mort.
03:32 Il faut signer pour avoir tous tes droits, que tout ira bien, que tout va aller bien.
03:39 On va s'occuper de toi comme papa.
03:41 Tout va aller bien.
03:43 Signe, signe, signe."
03:44 Alors j'ai signé, signé, signé.
03:45 Et en fait, ils vous ont fait renoncer à l'héritage ?
03:49 Ils ont fait renoncer à l'héritage.
03:50 Finalement, Sylvia sera réintégrée dans ses droits d'héritière.
03:55 Mais son combat est loin d'être terminé.
03:59 Car entre temps, la fortune de son mari s'est volatilisée.
04:03 Dans cet inventaire de succession, voilà ce que ces deux beaux-fils ont déclaré au
04:10 fisc.
04:11 Une longue liste de tableaux de maîtres.
04:13 Elle semble impressionnante.
04:16 Pourtant, il manque la plupart des biens et surtout des œuvres d'art de Daniel Wildenstein.
04:22 Où sont passées les césanes, les renoirs ou les monnaies ? Seuls 42 millions d'euros
04:28 ont été déclarés.
04:29 Une broutille au regard de son immense fortune.
04:33 "On vient de découvrir que tout était caché dans les paradis fiscaux.
04:37 Pas seulement des moines, mais de l'État aussi.
04:41 Tout le monde est perdu."
04:43 "Le fisc français a perdu beaucoup là-dessus ?"
04:46 "Ah bah sûrement.
04:47 Vous vous rendez compte ? C'est pour ça que je pense que le gouvernement a été berné
04:52 carrément par mon beau-fils, pareil que moi.
04:55 C'est horrible."
05:00 Sylvia Wildenstein est décédée il y a un an.
05:05 Mais son avocate poursuit son combat.
05:07 Dans les allées de Longchamp, Claude Dumont-Bégui marche désormais seul.
05:12 Elle s'est battue pendant 8 ans aux côtés de Sylvia Wildenstein.
05:18 "Nous sommes parties dans une direction sur un problème de succession.
05:22 Nous n'avions aucune capacité de comprendre ce qu'il y avait derrière.
05:28 Et c'est pas à pas, preuve après preuve, que nous avons fait exploser ce système.
05:37 En tout cas, fait découvrir ce système.
05:40 Maintenant, est-ce qu'il va exploser ? Je ne le sais pas."
05:42 Voilà ce système dévoilé par l'avocate.
05:45 Après des années d'enquête dans les paradis fiscaux, elle a établi un organigramme
05:50 de ce vaste montage financier.
05:52 Des comptes en banque, des sociétés écrans et surtout des trusts, des outils financiers
05:58 complexes régis par ces contrats.
06:00 C'est précisément dans ces trusts qu'est enregistrée la collection de tableaux du
06:05 marchand d'art.
06:06 Domiciliés dans des paradis fiscaux, ces trusts n'ont pas été déclarés lors de
06:11 la succession de Daniel Wildenstein.
06:14 Claude Dumont-Bégui a réussi à localiser une partie du trésor.
06:19 Pour le découvrir, il faut faire un petit voyage en Suisse, jusqu'au port franc de
06:25 Genève.
06:26 L'avocate nous a ouvert les portes de ce lieu inconnu du grand public.
06:31 Ces simples entrepôts sont en fait un immense coffre-fort.
06:35 Ils renferment des grands vins, des œuvres d'art, des pierres précieuses, de l'or.
06:40 Il y en aurait pour des milliards d'euros.
06:43 Aucune caméra n'y était jamais entrée.
06:46 Au sous-sol, dans l'un des salons privés du port franc, voilà les tableaux enregistrés
06:53 dans le Sylvia Trust.
06:55 Voilà.
06:56 Donc là vous rentrez, grâce à Madame Wildenstein, dans un lieu extraordinaire où vous avez
07:04 les 19 tableaux de bon art de son Sylvia Trust.
07:08 Ces tableaux n'ont jamais été montrés au public et ce sont des tableaux que Monsieur
07:14 Wildenstein aimait par-dessus tout.
07:15 19 tableaux de bon art d'un montant de plusieurs millions d'euros.
07:20 Ce sont les œuvres d'un seul des Trusts de la famille Wildenstein.
07:24 Elles résument à elles seules la complexité du montage financier.
07:29 Le Trust est au Bahamas, dépend de la loi des Bahamas.
07:38 Donc il faut faire le lien entre une succession en France, des œuvres en Suisse, un Trust
07:46 au Bahamas.
07:47 Voilà.
07:48 Ces tableaux ont pu ainsi être conservés loin des regards indiscrets.
07:55 À la mort de Daniel Wildenstein, ils ne figurent pas dans l'inventaire de succession.
08:00 L'avocate a fourni toutes ses preuves au fisc.
08:05 Lors de notre rencontre, elle s'interrogeait.
08:08 J'ai pour la première fois saisi l'administration fiscale le 19 mai 2009.
08:13 Donc ça fait deux ans et demi.
08:15 J'ai écrit deux fois à Monsieur Wörth, ministre du budget.
08:19 J'ai écrit à Monsieur Barmoin le 6 juillet 2010.
08:22 J'ai écrit à Madame Valérie Pécresse le 27 juillet 2011.
08:27 Aujourd'hui, aucune réponse.
08:29 Pourquoi ce silence de Bercy ?
08:32 Des députés se sont eux aussi posés la question.
08:36 6 juillet 2010, en pleine affaire Bettencourt.
08:40 Éric Wörth, le ministre du budget, est attaqué de toutes parts.
08:44 Il est soupçonné de conflits d'intérêts dans l'affaire Bettencourt.
08:48 Ce jour-là, sur les bancs de l'Assemblée nationale,
08:53 l'affaire Wildenstein met le feu aux poudres.
08:57 Comme dans l'affaire Bettencourt, la justice a pu constater dans le dossier Wildenstein,
09:01 je cite, l'évasion du patrimoine dans des sociétés étrangères et détresse.
09:05 Comme dans l'affaire Bettencourt, il est établi que Monsieur Guy Wildenstein
09:09 est membre du fameux premier cercle collecteur de fonds pour l'UMP.
09:13 Qu'ainsi, le 7 janvier 2007,
09:16 Monsieur Wildenstein se trouvait à New York, aux côtés de Monsieur Wörth,
09:19 trésorier de l'UMP, pour récolter des fonds pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
09:25 Comme dans l'affaire Bettencourt, l'administration fiscale est restée totalement inerte à ce jour.
09:31 Le courage est de rechercher la vérité et de la dire.
09:34 La parole est à Monsieur le ministre du budget et des comptes publics.
09:39 Est-ce que vous vous rendez compte du mal que vous faites à la démocratie que vous représentez ici ?
09:46 Est-ce que vous vous rendez compte que vous êtes en train de tracer le sillon des extrêmes ?
09:51 Ne faites pas le jeu de l'extrême droite !
09:56 Quelles sont ces relations que Guy Wildenstein entretiendrait avec le pouvoir ?
10:02 Le plus jeune fils de Daniel Wildenstein est bien membre du premier cercle des donateurs de l'UMP.
10:09 Installé à New York, il représente d'ailleurs le parti à l'Assemblée nationale des étrangers.
10:15 Comme le canard enchaîné l'a révélé, il a aussi reçu la Légion d'honneur des mains même de Nicolas Sarkozy.
10:22 Il lui porte d'ailleurs une grande admiration.
10:27 J'ai une longue amitié avec Nicolas Sarkozy et puis une réelle admiration pour l'homme, pour ses convictions.
10:38 Difficile pour autant de conclure que Guy Wildenstein est protégé.
10:43 Nous sommes en 2010, secret fiscal oblige, il n'est pas possible de savoir si l'administration a ouvert une enquête.
10:52 Dans le doute, Sylvia Wildenstein enclenche une nouvelle plainte, au pénal cette fois.
10:58 Pour abus de confiance, une instruction est ouverte.
11:02 Les juges enquêtent, ils veulent évaluer l'ampleur du patrimoine des Wildenstein.
11:08 Pour y parvenir, ils décident de faire l'inventaire des biens de la famille.
11:14 L'affaire va alors connaître un rebondissement inattendu, cette fois sur le terrain de l'art et de ses pratiques.
11:23 Ce 11 janvier 2011, les policiers perquisitionnent l'Institut Wildenstein.
11:29 Au sous-sol, ils pénètrent dans l'une des immenses chambres fortes.
11:35 Ils découvrent des centaines d'œuvres d'art posées à même le sol.
11:40 Des statues, des dessins, des peintures.
11:46 Au milieu, un tableau attire l'attention d'un policier.
11:50 "Chaumière en Normandie".
11:55 Une œuvre disparuée recherchée depuis plus de dix ans.
11:58 Elle est de l'artiste impressionniste Berthe Morisot.
12:01 Sur le cadre, un nom, Rouard.
12:05 Il renvoie à une vieille affaire que les enquêteurs pensaient à jamais résolue.
12:10 Comment ce tableau s'est-il retrouvé dans les coffres de l'Institut Wildenstein ?
12:17 Un homme a bien des idées sur la question.
12:20 Il s'appelle Yves Rouard.
12:22 Chaumière en Normandie appartenait à sa famille.
12:25 Il est l'arrière-petit-fils de Berthe Morisot.
12:31 - Donc c'était ici ?
12:33 - L'atelier de Berthe Morisot.
12:35 Là où elle rangeait ses toiles, ses toiles avec un grand paravent.
12:39 Ses couleurs, ses pinceaux étaient rangés dans cet armoire ici.
12:43 - Donc votre arrière-grand-mère était Berthe Morisot ?
12:47 - Absolument.
12:48 La mère de ma grand-mère, Julie Manet, qui a peint ce tableau d'ailleurs, d'après elle.
12:53 Et donc la belle-sœur d'Edouard Manet.
12:57 Berthe Morisot, dont on voit ici le portrait, était mariée au frère d'Edouard Manet.
13:03 Grâce à ses illustres aïeux, la famille d'Yves Rouard a vécu entourée d'une fabuleuse collection de tableaux.
13:11 - C'est ma grand-mère qui avait un grand nombre d'oeuvres de Manet, de Berthe Morisot bien sûr, sa mère.
13:17 Et d'autres oeuvres d'ailleurs, de Renoir aussi, Monet, etc.
13:22 - Donc que des tableaux fabuleux.
13:24 - Des tableaux, oui, c'était des tableaux assez exceptionnels.
13:27 Et donc qui provenaient, qui venaient de la succession de ma grand-mère.
13:32 Dans les années 70, Annie Rouard, la tante d'Yves, hérite d'une partie de cette collection.
13:39 Sur ces photos, on voit les oeuvres qui ornent les murs de son appartement de Neuilly.
13:44 Un "Inféa" de Monet, un Renoir, un Gauguin, des portraits réalisés par Berthe Morisot.
13:53 Plus d'une soixantaine d'oeuvres sont ainsi accrochées en permanence.
13:57 Et il y en a encore deux fois plus.
14:00 Faute de place, Annie Rouard ne peut pas toutes les garder chez elle.
14:04 Les autres tableaux sont stockés rue La Boétie, dans les coffres de son ami Daniel Wildenstein.
14:14 Le marchand d'art entrepose ses oeuvres à titre gracieux.
14:21 Cette amitié va tourner au cauchemar pour Yves Rouard.
14:25 En 1993, sa tante décède.
14:28 Elle lègue l'ensemble de son patrimoine à l'Académie des Beaux-Arts.
14:33 Cette vénérable institution hérite de tout, ou presque.
14:38 Elle a désigné comme négateur universel l'Académie des Beaux-Arts,
14:43 pour tout ce qui est collection, bien immobilier, liquidité, tout.
14:49 Tout, sauf les meubles meublants.
14:52 Les meubles meublants, un concept juridique peu connu.
14:56 Ils désignent tout ce qui meuble et décore un appartement.
15:01 Ce sont donc les chaises, les tables, mais aussi les tableaux accrochés aux murs.
15:07 C'est ça la définition, tout ce qui décore l'appartement,
15:10 quelle que soit la valeur des oeuvres d'ailleurs, ça n'est pas le sujet.
15:13 Juridiquement, ce qui décore l'appartement, les meubles, les chaises, les tables,
15:18 les tableaux font partie de ce qu'on appelle les meubles meublants.
15:21 Et devez-vous revenir ?
15:22 D'après le testament.
15:24 Yves Rouart doit donc hériter des tableaux accrochés aux murs du domicile de sa tante.
15:31 Il y en a pour une fortune.
15:33 Mais il va être victime d'un incroyable tour de passe-passe.
15:37 Daniel Wildenstein est alors chargé de la succession.
15:41 Il est un membre éminent de l'Académie des Beaux-Arts.
15:45 Au bénéfice de l'institution, il utilise un subterfuge pour spolier Yves Rouart de son héritage.
15:52 Il y avait ceux qui étaient accrochés aux murs d'une façon constante.
15:56 On voit ces tableaux sur les photos.
15:58 Ils sont certains d'ailleurs de très grande valeur.
16:00 Et puis d'autres qui faisaient partie d'une collection
16:02 qui était constamment dans les coffres de Daniel Wildenstein.
16:05 Et après le décès de la tante d'Yves Rouart,
16:09 Daniel Wildenstein les a ramenés par camion
16:12 dans l'appartement de la tante d'Yves Rouart dont il avait la clé
16:15 pour décrocher les tableaux qui étaient aux murs,
16:18 les mélanger avec la collection
16:20 et laisser tout ça en vrac au milieu des pièces,
16:23 du séjour en particulier, pour faire un inventaire.
16:25 Comme si elle vivait dans un cafard naôme
16:27 avec des dizaines de tableaux de mâts
16:29 empilés dans son séjour, ce qui était absurde.
16:32 Il a fait croire que cette dame vivait dans un appartement
16:35 où tous les tableaux étaient au sol ?
16:37 Absolument. Alors qu'on avait la preuve du contraire.
16:39 Des attestations, des témoignages, des photos.
16:42 Donc ça n'avait aucun sens.
16:44 Yves Rouart hérite tout de même du mobilier de sa tante.
16:48 On m'a donné tous les meubles que vous voyez ici.
16:51 Mais pas ces tableaux.
16:53 Mais aucun de ces tableaux.
16:55 Alors là, j'ai bénéficié du miroir et de la petite bande du loup.
16:59 L'affaire ne s'arrête pas là.
17:02 Non seulement Yves Rouart est dépossédé de ces tableaux,
17:05 mais en plus, il découvre que des œuvres ont disparu.
17:10 Je me suis rendu compte qu'il manquait des tas de choses
17:13 que j'avais vues, que mon oncle m'avait montrées.
17:16 Je me souviens encore, mon oncle, très fier du monotype rehaussé de Gauguin.
17:21 Quand j'ai vu qu'entre autres tout cela manquait dans cet inventaire,
17:26 là je me suis dit, il y a une dissimulation, un détournement d'œuvres.
17:30 Parmi les tableaux disparus, "Chaumière en Normandie" de Berthe Morisot,
17:35 le fameux tableau retrouvé dans les coffres de l'Institut Wildenstein.
17:40 Manquent aussi trois œuvres majeures d'Edouard Manet,
17:43 dont "La chanteuse de café-concert"
17:46 et deux tableaux de Camille Corot, dont "La bohémienne rêveuse".
17:51 C'est plusieurs dizaines de millions d'euros, en particulier "La chanteuse"
17:55 qui dépasse largement 20 millions d'euros, peut-être 30, je ne sais pas.
17:58 Et les deux Manets, chaque indice, le total dépasse 40 ou 50 millions d'euros, facilement.
18:04 Yvrouard porte plainte en 1995 pour vol, abus de confiance et escroquerie.
18:11 Les années passent, il pense ne jamais retrouver les tableaux de sa tante.
18:16 Jusqu'à ce jour de janvier 2010, où un policier lui téléphone.
18:22 Il me demande de venir reconnaître ce tableau, pour voir s'il s'agit bien du même.
18:27 Alors je lui dis, mais enfin c'était extraordinaire.
18:30 Alors je me rends à Nanterre et je vais reconnaître le tableau.
18:34 Et l'officier de police me dit, ben voilà, nous l'avons retrouvé à l'Institut Wildenstein, rue de la Bois.
18:41 Suite à cette découverte, Guy Wildenstein est convoqué au Palais de Justice.
18:46 Interrogé par le juge d'instruction, il affirme découvrir l'affaire.
18:54 Je ne savais pas que le tableau de Berthe Morisot était recherché.
18:59 Pourtant, dans cette plainte d'Yvrouard datant de 1995, on retrouve bien le nom de Guy Wildenstein.
19:08 Il était alors exécuteur testamentaire d'Annie Rouard.
19:12 Le juge a donc des doutes sur les déclarations du marchand d'art.
19:21 Vous étiez donc informé que des tableaux de la succession d'Annie Rouard, et en particulier des tableaux de Berthe Morisot, étaient recherchés ?
19:28 Guy Wildenstein tente alors d'expliquer la découverte de Chaumière en Normandie dans les coffres de l'Institut.
19:36 J'ignorais qu'il se trouvait dans le coffre. Nous n'avons pas d'inventaire de ce coffre.
19:43 Un argument peu convaincant pour l'avocat d'Yvrouard.
19:50 Il ne peut pas avoir eu connaissance de ce tableau dans son propre coffre ?
19:53 Le bon sens répond non, puisque c'est son métier.
19:57 Il est marchand, il a des œuvres, il a forcément des inventaires de choses qui rentrent, qui sortent.
20:02 Il essaie de nous faire croire, parce que c'était emballé, qu'il ne savait pas qu'il était là depuis des années et des années.
20:07 Qui peut croire ça ?
20:09 À l'issue de son audition, le juge met en examen Guy Wildenstein pour recel d'abus de confiance.
20:18 Le marchand d'art a toujours refusé de répondre à une interview sur ses affaires en cours.
20:22 Nous profitons de l'Assemblée des Français de l'Étranger pour le rencontrer à Paris.
20:29 Suite à ces déboires judiciaires, Guy Wildenstein a renoncé à briguer un poste de député.
20:36 Nous espérons en savoir plus sur les découvertes réalisées dans le coffre de l'Institut.
20:43 Monsieur Wildenstein, bonjour. J'aurais une question à vous poser.
20:47 Vous le savez peut-être par votre avocat, on fait un reportage sur vos affaires.
20:52 Et je voulais savoir notamment concernant Chaumière en Normandie.
20:56 Je suis désolé, mais là je suis attendu.
20:59 Vous pourriez répondre à une ou deux questions concernant l'affaire Rouard ?
21:02 Comment se fait-il que Chaumière en Normandie se soit retrouvé dans votre coffre à l'Institut ?
21:07 Vous étiez au courant de sa présence ?
21:10 Aucune explication.
21:12 Vous ne souhaitez pas répondre à une quelconque question ?
21:18 Ok Madame, je suis mis en examen, comme vous le savez.
21:22 Je réserve mes réponses au magistrat qui m'interrogera.
21:27 Pour le reste, adressez-vous à mon avocat et cessez de me poursuivre, ce n'est pas admissible.
21:35 Nous avons contacté son avocat, un ténor du barreau parisien.
21:40 Il n'a pas souhaité répondre à une interview, même par écrit.
21:44 Une semaine après cette rencontre, nouveau rebondissement.
21:50 Nous apprenons que l'Etat décide de porter plainte contre Guy Wildenstein pour fraude fiscale,
21:56 peu de temps avant la prescription des faits.
22:01 A l'Assemblée Nationale, nous retrouvons le député socialiste qui avait interpellé le gouvernement sur cette affaire.
22:08 Le gouvernement a enfin décidé des poursuites pour fraude fiscale,
22:14 mais il l'a fait maintenant parce que le délai de prescription allait arriver,
22:17 qu'il y avait une forte pression depuis quelques semaines,
22:20 des avocats, un certain nombre d'organisations, des médias pour dire "Mais enfin, est-ce que vous allez passer ce délai ?"
22:27 Donc ça a été vraiment in extremis que le gouvernement a décidé de le faire, et il ne pouvait pas faire autrement.
22:34 Quel scandale si sur cette affaire il y a probablement une des plus grandes fraudes de ce que nous disent déjà les magistrats,
22:41 parce qu'on connaît quand même de cette affaire les tenants et les aboutissants,
22:44 je pense que le gouvernement l'a fait un peu contraint et forcé.
22:48 Au fisc désormais, dévaluer le montant de la fraude.
22:52 Il y en aurait pour des dizaines de millions d'euros.
22:55 Cette affaire a en tout cas permis d'accéder au coffre de l'institut Wildenstein,
23:00 et peut-être d'ouvrir la boîte de Pandore,
23:03 car pour Ivroir, les chambres fortes du marchand d'art recèleraient d'autres secrets.
23:09 L'autre corot, on peut imaginer qu'il est avec les manets qui ont disparu, bien sûr, dans les coffres de M. Wildenstein.
23:17 C'est une accusation grave.
23:19 Oui, mais c'est une accusation qui est liée au fait qu'on a retrouvé le labo ici, à Chaumière en Normandie.
23:26 Ivroir s'interroge désormais sur la passivité de l'Académie des Beaux-Arts.
23:33 L'institution n'a jamais porté plainte pour vol, alors que ses œuvres disparues devaient lui revenir.
23:40 Nous pensons que l'Académie a laissé faire.
23:47 Elle n'a pas fait d'efforts pour retrouver les tableaux disparus.
23:50 De son point de vue, c'était peut-être une sorte de "cadeau".
23:54 Elle n'a pas porté plainte à l'époque, comme nous l'avons fait, pour essayer de les retrouver.
24:00 Pourquoi ce silence de l'Académie des Beaux-Arts ?
24:04 A-t-elle souhaité protéger Daniel Wildenstein, un de ses membres éminents ?
24:09 Aujourd'hui, changement de politique.
24:12 Son président accepte de nous recevoir.
24:15 Laurent Petitgirard est en poste depuis seulement quelques mois.
24:20 Lui, son domaine, c'est la musique. Il est chef d'orchestre.
24:24 Il n'a pas connu Daniel Wildenstein. Il n'a donc pas d'état d'âme.
24:29 Alors, est-ce qu'il y a eu des choses malheureuses ?
24:31 Évidemment qu'il y a eu des choses malheureuses.
24:32 La décision d'un notaire de faire rapatrier tous les tableaux dans l'appartement
24:35 pour qu'on sache plus ce qu'étaient les tableaux des uns et des autres,
24:38 c'est une décision fâcheuse. Évidemment que c'est une erreur.
24:41 Est-ce que dans tout ça, il y a eu des erreurs ? Oui.
24:45 Si trouble il y a, et en l'occurrence il y a,
24:48 il est venu au niveau dont les exécuteurs testamentaires se sont comportés.
24:53 Maintenant, quel est le degré de leur responsabilité et le degré, entre guillemets, de leur faute ?
24:58 Et je dis bien entre leurs fautes, ça sera à la justice de le déterminer.
25:01 Ça ne peut pas être à nous.
25:02 Cette institution prestigieuse n'est pas habituée au scandale.
25:06 Ses 57 membres sont triés sur le volet.
25:09 Et cooptés par leur père.
25:11 La situation est délicate.
25:14 L'Académie fonctionne grâce aux legs de familles fortunées.
25:18 Au fil des siècles, elle a ainsi acquis un formidable patrimoine.
25:23 À l'image du musée Marmottan, qui lui appartient et qu'elle gère.
25:28 Dans cet hôtel particulier du 16e arrondissement de Paris,
25:31 on trouve l'une des plus belles collections de tableaux de Monet.
25:35 Si l'Académie perd la confiance du public,
25:38 les donations dont proviennent ses œuvres exceptionnelles
25:41 pourraient se faire au profit d'autres institutions.
25:45 Si ce qu'on commence à avoir l'impression de comprendre
25:51 de certains agissements de M. Daniel Wildenstein se confirme,
25:55 je n'ai aucune envie que l'Académie des Beaux-Arts soit mise dans le même sac.
26:00 On n'a peur de rien, mais on a peur de l'injustice.
26:04 On n'a peur de rien, on veut savoir la vérité.
26:07 Et si cette vérité est déplaisante par rapport à un de nos anciens membres,
26:11 elle éclatera au grand jour.
26:13 Et ce n'est pas pour autant qu'on estimera que la compagnie,
26:16 en tant que compagnie, doit être abîmée ou déshonorée.
26:20 L'année dernière, l'Académie des Beaux-Arts a décidé de porter plainte.
26:25 Une démarche tardive.
26:27 Il manque toujours trois œuvres de Manet et une de Corot.
26:33 Les coffres de l'Institut Wildenstein ont révélé d'autres surprises aux policiers.
26:38 Une trentaine d'œuvres litigieuses, dont cette statue de Bugatti.
26:43 Elles appartiendraient à la collection privée des goujons Rennac,
26:47 l'une des plus prestigieuses dans l'entre-deux-guerres.
26:51 Elles aussi auraient disparu lors d'une succession.
26:54 Les coffres de l'Institut Wildenstein ont été dévoilés
26:57 dans l'entre-deux-guerres.
27:00 Elles aussi auraient disparu lors d'une succession.
27:03 Elles aussi étaient conservées dans les coffres de Daniel Wildenstein.
27:07 Aujourd'hui, Guy Wildenstein affirme que son père a acheté ses œuvres à la famille.
27:13 Mais Serge Lewisch, l'avocat d'un des héritiers, attend toujours les factures.
27:19 Il les avait dans ses coffres depuis 40 ans.
27:25 Il prétend que certains ont été vendus, payés en liquide, peut-être à l'étranger.
27:31 C'est totalement sidérant, à la fois d'un point de vue fiscal, d'un point de vue pénal, etc.
27:35 Ça ne tient pas debout.
27:36 Mais ce sont les seules réponses qu'on a jusqu'à présent.
27:39 Rouard, goujon Rennac, des familles aux immenses collections.
27:46 Elles ont un point commun.
27:48 Elles avaient choisi Daniel Wildenstein comme exécuteur testamentaire.
27:54 Au fur et à mesure où les successions ont lieu, il y a des gens qui sont malades, qui décèdent à leur tour,
27:59 qui se disputent entre eux, qui ne sont pas au courant des premières listes initiales,
28:03 qui continuent à faire confiance.
28:05 Donc il a certainement profité de cet ensemble d'éléments.
28:11 Plus c'était compliqué, mieux c'était pour lui, semble-t-il.
28:20 Des œuvres disparues retrouvées à l'Institut Wildenstein.
28:24 La réputation des marchands d'art est aujourd'hui entachée.
28:27 Leur empire vacille.
28:29 L'Institut Wildenstein a bâti sa fortune sur la confiance dans le commerce de l'art,
28:37 mais aussi dans l'expertise de grands peintres, notamment Claude Monet.
28:41 Cette expertise est aujourd'hui au cœur des critiques.
28:45 Daniel Wildenstein fut pourtant le plus grand spécialiste au monde de Monet.
28:50 Il en parlait avec passion.
28:53 Monet a commencé par peindre le pont japonais, les bords du bassin et les nymphéas au centre.
29:01 Et puis petit à petit, le pont a disparu.
29:04 Les bords du bassin ont disparu.
29:08 Il n'est plus resté que les nymphéas, l'eau et les effets d'ombre et de lumière des arbres et des nuages dans l'eau.
29:19 Daniel Wildenstein consacra sa vie à recenser les œuvres de Claude Monet.
29:26 Un travail minutieux dont voilà l'aboutissement.
29:30 Cinq volumes entièrement consacrés à l'artiste.
29:35 Dans le milieu de l'art, on appelle ça un catalogue raisonné.
29:40 C'est cet ouvrage qui a fait de Daniel Wildenstein l'expert mondial de Claude Monet.
29:48 C'est lui aussi qui a fait une partie de sa fortune.
29:52 Pour comprendre l'importance de ce catalogue, nous rencontrons Philippe Piguet.
29:57 Cet historien d'art est un descendant par alliance de Claude Monet.
30:01 En feuilletant ses pages, il est toujours admiratif.
30:05 Lorsque vous regardez l'historique, c'est un travail qui a été un travail de plusieurs années, voire de deux ou trois décennies.
30:15 Sur un monde d'archives énorme.
30:20 Donc on comprend qu'effectivement, Wildenstein, c'est la Bible.
30:25 C'est la Bible.
30:27 Dans ces cinq volumes sont listés un par un les tableaux connus de Claude Monet.
30:32 Daniel Wildenstein en a identifié plus de 2000.
30:36 Là, il y a un catalogue des peintures.
30:41 Et pour chacun, vous avez évidemment une indication qui est très précise.
30:46 Le titre, la taille, la signature, une petite note si possible sur l'exécution, provenance, bibliographie, exposition.
30:55 Un inventaire, mais pas seulement.
30:58 Lorsque les Wildenstein inscrivent un tableau dans leur catalogue, il lui donne un gage d'authenticité.
31:05 Pour un marchand, c'est extraordinaire.
31:07 Ça lui donne une force supplémentaire.
31:10 Ça, c'est très clair.
31:12 Au niveau de sa capacité à définir une authenticité.
31:18 Sur le marché de l'art, un tableau n'est donc qu'un monnaie que s'il est inscrit dans le catalogue raisonné Wildenstein.
31:26 Un pouvoir extraordinaire à la mesure de l'enjeu financier.
31:31 Chez Christie's en 2008, un inféa a été vendu près de 52 millions d'euros.
31:36 Monet est l'un des artistes les plus chers au monde.
31:46 Les Wildenstein sont experts, mais aussi marchands.
31:50 Ils vendent et achètent des tableaux qu'ils ont eux-mêmes expertisés.
31:54 Pour certains, un conflit d'intérêt manifeste.
31:58 De l'autre côté de la Manche, un homme se bat depuis 15 ans contre le monopole de l'Institut Wildenstein.
32:05 David Joel est historien d'art.
32:10 Il y a 18 ans, il a acheté 46 000 euros un tableau signé Monet.
32:15 Pour les galeries anglaises, c'était un vrai.
32:18 Pourtant, à l'époque, Daniel Wildenstein estime que c'est un faux.
32:23 Donc pour vous, ce tableau est un clôt de monnaie ?
32:30 Oui, j'en suis sûr. C'est impossible que ce ne soit pas un clôt de monnaie.
32:35 Nous avons retracé l'histoire complète de ce tableau depuis son origine.
32:43 Il y a beaucoup d'éléments que Daniel Wildenstein ne connaissait pas à l'époque.
32:48 Je suis sûr que s'il voyait le tableau aujourd'hui, il serait obligé de reconnaître que c'est un vrai.
32:53 Dans les années 80, Daniel Wildenstein refuse d'inscrire le tableau dans son catalogue raisonnaire.
33:00 Mais depuis, David Joel a enquêté.
33:03 À partir du cadre de la toile, il a pu retracer son histoire.
33:08 Inscriptions et tampons sont une source d'informations précieuses.
33:12 C'est impossible d'inventer tout cela.
33:17 Ça, c'est écrit de la main de monnaie. De la main même de monnaie.
33:22 Docteur Pollack.
33:23 Oui, ce fut le premier propriétaire.
33:26 Le tableau lui avait été donné par monnaie pour le remercier de l'avoir soigné à l'époque, quand la famille monnaie habitait à Poissy.
33:34 Ce tableau a même eu son heure de gloire il y a quelques mois.
33:40 La BBC, la télévision britannique, lui a consacré une longue enquête.
33:44 Les journalistes anglais ont fait appel aux plus grands experts.
33:48 Ils ont procédé à des examens graphologiques, des analyses au rayon X.
33:54 Ils ont comparé les tampons du cadre.
33:57 Une analyse chimique de la signature leur a même donné la preuve de son authenticité.
34:03 Monnaie n'avait pas nettoyé son pinceau.
34:08 Il a utilisé les couleurs de sa palette.
34:11 Il les a juste un peu mélangées.
34:14 Il a ajouté un peu d'ocre et il a signé.
34:18 Quand on fait une analyse de la peinture, on voit qu'il y a les couleurs d'ici, d'ici et de là.
34:27 Pour les plus grands experts de monnaie, pas de doute, ce tableau est authentique.
34:36 Les japonais, les américains, les anglais et les français, tout le monde dit que c'est un monnaie.
34:42 Mais quand vous êtes allé à l'institut Wildenstein, il y a quelques mois, que s'est-il passé ?
34:48 Quatre mois plus tard, Guy Wildenstein nous a dit non, ce n'est pas un monnaie car mon père a dit que ce n'en était pas un.
34:55 Il ne peut pas changer d'avis.
34:57 Guy Wildenstein ne pourrait pas contredire l'avis de son père.
35:05 Cette réticence coûte cher à David Joel. Son tableau est invendable.
35:09 Il pourrait valoir plus d'un million d'euros.
35:13 Il n'existe aucun recours contre cette expertise.
35:17 C'est ce qui exaspère certains professionnels de l'art comme Martin Summers.
35:22 Cet homme a travaillé pendant 40 ans dans les plus grandes galeries londoniennes.
35:27 Il a vu ce tableau se vendre en tant qu'œuvre de monnaie.
35:31 Le catalogue raisonné n'existait pas encore.
35:34 J'ai vu ce tableau pour la première fois il y a 40 ans à la Galerie d'Art Toutsefis, où je travaillais en 1963.
35:45 Puis je l'ai revu dans les années 80, quand il a été vendu à la Galerie Lefebvre.
35:51 40 ans auparavant, à la Toutsgalerie, c'était un monnaie ?
35:56 Ah oui !
35:57 Aucun doute ?
35:58 Aucun doute.
35:59 Et vous êtes sûr que c'est le même ?
36:03 Voyons voir.
36:04 Oui, oui.
36:09 Martin Summers a longtemps commercé avec les Wildenstein.
36:14 Ils contestent aujourd'hui leur monopole.
36:17 Je pense que c'est trop de pouvoir pour un seul homme.
36:24 Il faudrait un comité d'experts plus compétents que Wildenstein.
36:30 L'Institut Wildenstein a été très puissant dans le monde du marché de l'art, mais ce n'est plus autant le cas aujourd'hui.
36:38 Ce galeriste a du mal à comprendre la position de Guy Wildenstein aujourd'hui.
36:44 Je pense que Guy Wildenstein est buté. Il ne veut pas reconnaître que son père a fait une erreur.
36:52 Je ne pense pas qu'il ait suffisamment examiné le tableau.
37:00 Mais aujourd'hui, devant l'ensemble des preuves, la vie de tous les experts, Guy, je pense, a tort.
37:12 Ce tableau est bien de monnaie.
37:14 Guy Wildenstein ne voudrait pas contredire l'expertise de son père.
37:20 Pourtant, il l'a déjà fait dans le passé.
37:24 Il a authentifié un tableau de monnaie refusé par son père.
37:28 Un avis donné en toute discrétion.
37:32 Et nous allons découvrir pourquoi.
37:34 L'affaire s'est déroulée à Paris.
37:43 Ces deux brocanteurs ont accepté de nous la raconter.
37:47 Charlie Nadjar et Simon Amany auraient été lésés par l'Institut Wildenstein.
37:53 Victimes d'un abus de confiance de la part de Daniel et de Guy Wildenstein.
37:59 Tout a commencé en 1994, lors d'une vente à Drouot.
38:05 Simon Amany aurait acheté un tableau portant la signature de monnaie.
38:10 Voilà sa photo qu'il a prise lui-même dans la cour de son immeuble.
38:14 Il représente une molle de foin dans un champ.
38:18 C'est dans le cadre d'une vente courante que j'ai acheté le tableau.
38:22 Vous l'avez acheté combien ?
38:24 Sur la valeur de 2500 francs de l'époque.
38:27 C'est un rêve. Et des tableaux de rêve, il en passe toujours à Drouot.
38:31 Il n'y a pas de réglementation concernant les ventes courantes.
38:35 Quand on vend un tableau comme ça, c'est toujours pièce encadrée.
38:38 Des copies de maître, il s'en vend régulièrement dans les salles de vente.
38:42 Mais Simon a une intuition. Il trouve cette toile très réussie.
38:47 J'ai été voir Sotheby's, le département impressionniste,
38:51 qui m'a dit que le tableau était pas mal,
38:55 mais que de toute façon, il ne pouvait rien faire,
38:58 car le seul ayant, qui était habilité à produire un certificat,
39:05 c'était la maison Widenstein, l'institut Widenstein.
39:09 Mais pour consulter Daniel Wildenstein, il faut ses entrées.
39:14 Simon ne les a pas.
39:16 Il contacte donc un ami, Charlie Nadjar.
39:22 Celui-ci a rencontré plusieurs fois Daniel Wildenstein pour d'autres expertises.
39:27 Les deux hommes se mettent d'accord.
39:29 Si Charlie obtient le certificat, ils se partageront le prix du tableau.
39:33 Je suis allé le voir, je me rappelle, c'était le 28 mars 1995.
39:37 Il m'a reçu comme de coutume, dans son boudoir.
39:41 Dès que je suis rentré dans son boudoir, il s'est saisi du tableau
39:46 et il s'est éloigné de moi pour l'examiner.
39:50 Je dirais même ausculter.
39:52 Je l'ai vu l'ausculter, le regarder sous toutes les coutures.
39:55 Il est resté pendant plus de 20 minutes à contrôler ce tableau.
40:00 Et malheureusement, le verdict est tombé, sec.
40:03 Il m'a dit comme ça, sa formule habituelle.
40:06 Je ne vois pas l'écriture de Claude Monet.
40:09 Vous étiez déçu ?
40:10 Bien entendu. Bien entendu, j'étais déçu.
40:13 Déjà, le simple fait que M. Daniel Wildenstein ait accepté de le voir
40:17 et de rester plus de 20 minutes à l'examiner, j'ai pensé que c'était bon.
40:20 Le rêve est terminé puisque, je vous donnerai une métaphore si je peux me permettre,
40:25 si vous avez un billet de 500 euros,
40:27 si vous allez voir deux commerçants avec, et qu'ils vous disent qu'il n'est pas bon, ils ne sont pas experts.
40:31 Mais si vous allez à la Banque de France et la Banque de France vous dit qu'il n'est pas bon,
40:35 tous vos espoirs sont anéantis.
40:38 La meule n'est pas un Monet.
40:41 Pour Daniel Wildenstein, elle est d'un autre peintre.
40:44 C'est ce qu'il affirme dans ce courrier, adressé à Charlie Nadjar.
40:49 Il me semble que votre tableau, La Meule, est une œuvre peinte par Blanche-Aujday.
40:54 Premier doute sur cette expertise.
40:57 Car pour le plus grand expert de Blanche-Aujday, c'est impossible.
41:01 Philippe Higuert réalisait un catalogue raisonné de cet artiste peu connu.
41:06 Blanche-Aujday était la belle-fille de Monet.
41:10 Elle fut la seule et unique élève du maître.
41:14 Elle peignait à ses côtés et imitait son style.
41:18 Ils allaient ensemble sur le motif,
41:22 mais ordinairement ils ne se mettaient jamais avec le même angle de vue sur le sujet qui était devant leurs yeux.
41:30 Si bien qu'en effet, dans le catalogue raisonné que j'ai pu établir pour l'instant,
41:36 il y a une séquence qui est consacrée aux meules.
41:40 Des meules dans le même style que celui de Monet.
41:44 Les sujets peints par les deux artistes sont semblables, mais leur signature les distingue.
41:54 Elle signait Blanche-Aujday, d'autant qu'elle a été Blanche-Aujday jusqu'au mariage en 1997 avec le fils aîné de Monet.
42:03 Mais ce n'est pas pour autant qu'après elle ait signé Blanche-Monet, parce que c'était difficile de signer Blanche-Monet.
42:08 Donc elle avait pris l'habitude de signer Blanche-Aujday-Monet, avec son nom de jeune fille et son nom de femme.
42:14 Jamais Blanche-Aujday ne signait du nom de Claude Monet.
42:18 Or, la meule est signée Claude Monet.
42:22 Comment Daniel Wildenstein a-t-il pu se méprendre ?
42:26 Ça me trouble un petit peu, parce que comme c'est un tableau qui est signé, il est signé Claude Monet,
42:36 je ne vois pas comment il peut dire que c'est un Blanche-Aujday.
42:39 Je pense qu'il aurait dû plutôt dire soit c'est une copie, soit c'est un faux.
42:45 Une erreur inexpliquée pour le plus grand expert au monde de Monet.
42:50 À l'époque, Simon Amani se plie à son expertise.
42:55 La meule n'est pas un Monet, il la revend donc 8 000 euros à l'une de ses connaissances.
43:02 L'acheteur est un Allemand.
43:05 Il s'appelle Gernot Diesler.
43:09 Les années passent, Simon Amani a oublié la meule.
43:13 Jusqu'au jour où il apprend que Gernot Diesler a obtenu le certificat d'authenticité.
43:20 Voilà le document, signé cette fois par Guy Wildenstein.
43:25 Son père est décédé en 2001, il s'oppose ainsi à son expertise.
43:30 Le tableau vaut désormais des millions d'euros.
43:34 Simon Amani a l'impression d'avoir été trompé.
43:38 Il veut sa part.
43:41 Je me mets en contact avec monsieur Gernot Diesler et je lui demande des comptes.
43:48 Et je dis que je vais porter plainte et que je vais faire un scandale et que ça ne va pas se passer comme ça.
43:55 Et il me demande de garder mon silence, de rester tranquille à ma place,
44:00 car l'affaire est en train de se... le tableau est en train de se vendre,
44:05 et que ça pourrait gêner la vente.
44:09 Et je lui dis que je ne peux donner que 10% parce que le certificat m'a coûté très cher.
44:15 Il vous dit qu'il a acheté le certificat ?
44:20 Il ne me le dit pas comme ça, mais quand il me dit que le certificat lui a coûté très cher, on ne peut que comprendre ça.
44:27 Gernot Diesler verse 700 000 euros à Simon Amani.
44:32 Le prix de son silence.
44:35 Ce document bancaire l'atteste.
44:38 Un compte de 700 000 euros sur un compte au Luxembourg, c'est plus discret.
44:44 Nous avons contacté Gernot Diesler. Il n'a pas souhaité répondre à nos questions.
44:50 Ce virement ne clôt pas l'affaire, loin de là.
44:53 Il y a quelques mois, les deux brocanteurs font une découverte.
44:57 Une meule de foin identique à la leur est exposée au musée Marmottan, à Paris.
45:03 C'est en consultant un catalogue, et on s'était aperçu qu'il existait une meule exposée au musée Marmottan.
45:11 Mais M. Amani et moi-même avions des doutes parce que les dimensions qui étaient portées sur le catalogue étaient erronées.
45:19 La meule a fait l'objet de trois expositions à Marmottan.
45:23 Une consécration pour un tableau de monnaie.
45:27 Voilà les catalogues. À chaque fois, la taille indiquée est de 100 cm.
45:33 Le tableau des deux brocanteurs mesurait 92 cm de large.
45:40 De quoi créer un doute.
45:44 Monnaie a peint une trentaine de meules de foin, en hiver, en été, à différents moments de la journée.
45:51 La taille permet donc de les distinguer.
45:56 Les deux brocanteurs sont aujourd'hui certains que c'est bien leur tableau qui est accroché à Marmottan.
46:02 La taille indiquée serait fausse pour le rendre méconnaissable.
46:07 Pour preuve, Simon Amani décide de le mesurer lui-même.
46:11 Muni d'une caméra discrète, nous le suivons au musée Marmottan.
46:17 Voilà la meule. Elle ressemble effectivement au tableau de Simon.
46:24 Il prétexte une étude pour sa thèse et mesure le tableau sous les yeux du vigile.
46:31 "Dis-moi ce que vous visez. Combien vous visez là-haut?"
46:38 "Bah, je suis à 91 cm." "91, c'est bien ça, vous visez 91."
46:44 91 cm avec le cadre. Pour Simon Amani, la démonstration ne fait pas de doute.
46:53 "Quand vous le voyez, vous le reconnaissez vous-même?"
46:56 "Complètement, complètement. Moi, quand je regarde, pas seulement la taille,
47:00 il y a la taille qui est importante, mais il y a la signature en bas à gauche,
47:03 qui est signée en bleu, qui n'est pas datée."
47:06 8 cm de différence, une erreur de taille dans le monde de l'art.
47:11 "C'est une erreur qui est volontaire. Il cherche à dissimuler l'origine de ce tableau.
47:19 L'origine du tableau, c'est la propriété de M. Amani et de moi-même,
47:24 le tableau que nous avons présenté à M. Daniel Wiederstein dans les vraies dimensions."
47:29 Pourquoi brouiller ainsi les pistes ?
47:32 Charlie Nadjar pense que Guy Wildenstein aurait dû l'informer de sa nouvelle expertise.
47:39 Il avait un monnaie entre les mains, il ne le savait pas.
47:43 Il estime avoir été induit en erreur.
47:48 "Je considère que si M. Guy Wildenstein a donné un avis différent de celui de son père,
47:53 il doit assumer la responsabilité de cet avis, c'est-à-dire qu'il aurait dû me contacter,
47:58 moi personnellement, pour me dire que mon tableau qui a été présenté à son père,
48:02 qui n'était pas un clod de monnaie en 1995, est devenu un clod de monnaie en 2005,
48:06 c'est-à-dire 10 ans après."
48:07 "Mais devant la justice, vous n'avez aucun recours, si ?"
48:09 "Ah si, si, quand même. Alors dans ces cas-là,
48:13 si un tableau devient un clod de monnaie 10 ans après,
48:18 il n'y a plus de droit dans le marché de l'art,
48:20 c'est-à-dire qu'on ne préserve pas l'intérêt des personnes.
48:23 On peut mentir."
48:25 Effectivement, la loi française protège les propriétaires d'une œuvre victime d'une expertise erronée.
48:33 Ce professeur de droit civil connaît très bien les recours possibles.
48:37 Il a déjà traité des affaires semblables dans le passé.
48:41 "Il existe un recours qui est celui de faire annuler la vente conclue par erreur.
48:48 Alors, soit par erreur commune, parce que les deux parties sont effectivement trompées,
48:54 soit par ce qu'on appelle une erreur provoquée, c'est-à-dire le dol, en réalité,
48:59 c'est-à-dire que celui qui a acheté le tableau,
49:01 et on peut légitimement soupçonner, en tout cas, que ça soit passé de cette manière-là,
49:05 que celui qui a acheté le tableau a, en réalité, incité celui qui le vendait à le lui vendre pour une œuvre sans valeur,
49:13 alors que lui savait très bien depuis l'origine que c'était effectivement un tableau de taux de monnaie.
49:18 C'est ce qu'on appelle un vice du consentement en droit civil français,
49:22 et ce vice du consentement annule, a pour conséquence d'annuler la transaction intervenue."
49:27 Les deux brocanteurs pourraient donc récupérer le tableau.
49:32 L'enjeu est énorme. La meule est assurée pour une valeur de 18 millions d'euros.
49:38 Son propriétaire a donc intérêt à rester très discret.
49:42 Impossible de connaître son identité.
49:45 Officiellement, le tableau appartient à la Bogart Collection Limited.
49:50 Selon nos informations, c'est un trust enregistré à l'île de Man, à l'ouest de l'Angleterre.
49:57 Un paradis fiscal.
49:59 Nous avons obtenu le nom du gérant de ce trust.
50:02 En consultant les pages jaunes, surprise !
50:05 Il habite dans le même immeuble que Sylvia Wildenstein, aujourd'hui décédée.
50:11 Le tableau appartient-il à Guy Wildenstein ?
50:15 Joint au téléphone, le représentant du propriétaire nous affirme que non.
50:19 "Vous avez ma parole que ni de près ni de loin, nous n'avons ni de contact,
50:24 ou avons eu de contact, ou connaissons qui que ce soit des Wildensteins."
50:28 "Le propriétaire n'est pas un spécialiste, ni un grand amateur,
50:31 c'est juste quelqu'un de très fortuné,
50:34 et dans le cadre de la diversification de son patrimoine,
50:37 il achète de temps en temps des œuvres d'art, et des œuvres diverses et variées."
50:41 Apparemment, ce propriétaire fortuné connaît mal le marché de l'art.
50:47 Au cours de la discussion, notre interlocuteur s'interroge.
50:51 Lui aurait-on menti sur l'histoire du tableau ?
50:55 Le vendeur allemand Gernot Diesler ne lui aurait pas dit que Daniel Wildenstein avait refusé la meule.
51:02 "Il y a de l'embrouille là, c'est important pour nous de savoir à un moment donné pourquoi on nous raconte des craques."
51:06 "Ça vous trouble aussi ?"
51:08 "Ça me trouble, je ne crois pas que qui que ce soit vous dira,
51:14 ou rencontrerait quelqu'un qui vous dira que les Wildenstein étaient des exemples de vertu."
51:18 "C'est un peu triste à dire, mais bon voilà,
51:22 pour moi le plus important c'est que ma crédibilité vis-à-vis du propriétaire ne soit pas mise en défaut
51:30 pour l'avoir fait acheter un truc qui est un Blanche HD ou la cousine de Blanche HD."
51:35 Le représentant du propriétaire est mal à l'aise.
51:39 Pourquoi Daniel Wildenstein a-t-il refusé d'authentifier la meule il y a 15 ans ?
51:45 Un doute plane désormais sur le tableau exposé à marmottant.
51:50 Un comble pour ce musée qui rassemble la plus grande collection au monde de monnaie.
51:55 Nous retournons à Marmottan, officiellement cette fois.
51:59 Son directeur nous accueille, il accepte de nous parler de cette affaire.
52:03 A l'origine Jacques Taddei est musicien et compositeur.
52:07 Ce n'est pourtant pas un novice qui nous parle de monnaie.
52:11 "Alors regardez, quand on voit les tableaux là-bas où il y a des couleurs qui sont quelquefois complètement,
52:18 c'est-à-dire un peu démentes, regardez comme il revient tout d'un coup à quelque chose de beaucoup plus tranquille."
52:25 Jacques Taddei n'apprécie pas beaucoup la polémique autour de la meule.
52:30 Il se pose lui-même beaucoup de questions.
52:32 Mais depuis quelques jours, son problème est réglé.
52:36 "Je ne vois pas la meule."
52:38 "Vous ne pouvez pas la voir, elle n'y est pas."
52:41 "Qu'est-ce qui s'est passé ?"
52:43 "Euh... Elle a été volée."
52:46 "Non, sans rire."
52:48 "Elle est... Bogart Collection a demandé à la récupérer pour faire d'autres analyses."
52:56 La meule n'est plus à Marmottan.
52:59 Le propriétaire l'a récupérée définitivement.
53:02 Elle est repartie dans un camion pour une destination inconnue.
53:06 Le directeur du musée s'en passe très bien.
53:10 "Non seulement je n'étais pas opposé, mais j'étais très favorable.
53:13 "J'avais dit à la meule, il est embêtant quand même que dans un musée comme le nôtre,
53:17 "un tableau puisse être mis en doute.
53:20 "Et il est certain que si ce tableau était mis en doute,
53:22 "j'aime autant qu'il ne soit pas dans le musée.
53:24 "Ou alors s'il est dans le musée par un prêt,
53:26 "qu'il n'y ait pas de contestation possible sur l'appartenance, sur la signature.
53:30 "Parce qu'en fin de compte, il y a des doutes non seulement sur la signature,
53:32 "il y a des doutes sur celui qui l'a peint,
53:34 "il y a des doutes sur la provenance, il y a des doutes sur le propriétaire.
53:38 "Bon, ça fait quand même beaucoup de doutes pour un seul tableau."
53:43 Jacques Taddeï l'avait pourtant accueilli avec enthousiasme il y a trois ans.
53:47 La collection de Marmottan compte 160 tableaux de Monet, mais aucune meule.
53:53 C'était donc un plus pour le musée.
53:55 D'autant que le propriétaire du tableau a fourni cet épais dossier d'expertise
54:00 sur l'authenticité de l'œuvre.
54:02 On y trouve notamment une analyse de la signature de Claude Monet.
54:06 À l'époque, Jacques Taddeï ne s'est donc pas posé de questions.
54:10 "On ne vous a pas donné l'histoire de ce tableau ?"
54:13 "Je ne l'ai pas vraiment demandé.
54:15 "Le tableau appartient à Bogart Collection, d'où il vient avant.
54:22 "Ce n'aurait pu anecdotiquement ou à titre documentaire m'intéresser,
54:26 "mais ça ne se justifie pas.
54:28 "Quand on nous prête un tableau, même pour une expédition temporaire,
54:31 "on ne demande pas s'il appartenait à M. Untel ou Mme Untel."
54:37 Seule certitude pour ce directeur, la meule a bien le certificat
54:41 de l'Institut Wildenstein.
54:43 C'est donc un vrai Monet à n'en pas douter.
54:46 Dans le milieu de l'art, le nom Wildenstein impose toujours sérieux et respectabilité.
54:54 [Musique]

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