Le ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, Frédéric Valletoux était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00 - Bienvenue et bonjour Frédéric Walthouf. - Bonjour Sonia Babouk.
00:03 - Merci de votre présence et votre grande interview ce matin sur CNews Europe 1.
00:06 Vous êtes le ministre délégué en charge de la santé et de la prévention.
00:10 Monsieur le ministre, le Parlement réuni en Congrières a donc inscrit la liberté garantie d'avoir recours à l'avortement dans la Constitution.
00:17 Beaucoup y ont vu un moment historique. Comment vous, vous l'avez vécu plus personnellement ?
00:21 - Je l'ai vécu avec beaucoup de fierté et sans doute comme un moment historique aussi.
00:25 C'est-à-dire un moment, d'abord on l'a vu au résultat, presque un moment d'unité nationale où les votes très largement se sont portés pour voter cette inscription.
00:35 Des discours emprunts pour la très grande majorité de beaucoup d'auteurs de vue, quels que soient les orateurs.
00:42 Et donc un moment effectivement où la nation semblait soudée derrière cette idée de faire passer des étapes supplémentaires,
00:51 de donner des droits supplémentaires aux femmes, une reconnaissance.
00:55 Et donc j'ai été très marqué par la gravité, la solennité, mais aussi avec beaucoup de fierté, j'ai été marqué par ce moment.
01:02 - Unité dites-vous, avez-vous été surpris par le changement de vote de certains, y compris les sénateurs ?
01:09 Est-ce que certains même vous ont évoqué les raisons de ce changement, de cette nouvelle conviction ?
01:13 - On a vu la droite sénatoriale évoluer ces dernières semaines, avant le vote au Sénat déjà et avant le vote encore jusqu'à hier.
01:21 Certains évoquaient au-delà, j'allais dire, il n'y a pas eu de consigne de parti, mais au-delà de l'élan du parti auquel ils appartenaient.
01:31 L'élan premier, c'est-à-dire finalement beaucoup de distance vis-à-vis de cette réforme,
01:35 évoquait plutôt des considérations personnelles, des compréhensions à travers des discussions personnelles de leurs entourages.
01:41 Finalement de l'enjeu au-delà du symbole, de ce que ça représentait aussi à un moment où effectivement on le voit dans beaucoup de pays,
01:48 le droit à l'avortement, la liberté de pouvoir recourir à l'IVG, est parfois une liberté fragile.
01:57 Et donc cette volonté de l'inscrire dans la Constitution a aujourd'hui fait consensus et je m'en félicite.
02:03 - Et maintenant Frédéric Valtout, par exemple, qu'en sera-t-il de la clause de conscience des professionnels de santé ?
02:08 Éric Dupond-Moretier, le garde des Sceaux, a assuré que les médecins conserveraient cette liberté de conscience,
02:13 cette liberté de refuser de pratiquer une IVG.
02:16 Notons, je tiens à le préciser, que certains médecins, tout en étant évidemment pour l'IVG,
02:21 sont, j'allais dire, réticents par rapport au délai de 14 semaines.
02:25 Est-ce que la constitutionnalisation change la donne ?
02:28 - Ça ne change absolument pas la donne.
02:29 - Comment vous pouvez le garantir ce matin ?
02:30 - Je le garantis parce que le délai, la liberté qui est celle du médecin,
02:39 restera d'une liberté d'appréciation, une liberté de conscience qui lui est propre.
02:43 Et ça ne change en rien le fait qu'on puisse garantir l'accès, effectivement,
02:48 cette liberté d'accès à l'IVG.
02:51 Donc, de ce point de vue-là, ça ne change rien.
02:53 Il faut que les médecins se rassurent.
02:54 Et ceux qui ont regardé de près la question le savent très bien.
02:58 Ils pourront continuer, pour ceux qui étaient réticents ou ne souhaitaient pas faire cet acte avant,
03:05 pourront continuer à l'exprimer de la même manière après, malgré la constitutionnalisation.
03:10 - La constitution, je veux dire, n'écrase pas, entre guillemets, cette liberté de conscience ?
03:16 Elle ne pourra pas être un jour mise en avant ?
03:18 - Elle n'écrase pas la liberté de conscience.
03:20 Elle assure simplement, dans la hiérarchie des normes du droit,
03:24 une protection supplémentaire à cette liberté donnée pour les femmes.
03:29 Mais ça ne change en rien l'approche des médecins,
03:34 l'approche médicale et l'éthique qui est celle des médecins,
03:37 alors qu'en conscience personnelle pour eux.
03:39 - Alors autre point, Frédéric Valtoux, comment s'assurer de l'accès à l'IVG partout dans notre pays ?
03:45 Je voudrais préciser qu'en Gironde, par exemple,
03:46 certaines femmes n'ont pas accès à l'IVG, faute de médecins la pratiquant.
03:50 Alors c'est le cas aussi de certaines zones rurales.
03:52 Quels sont ce matin, très concrètement, vos propositions ou vos annonces à ce sujet ?
03:57 - C'est vrai que constitutionnaliser ce principe, c'est un pas majeur, on l'a dit.
04:03 Mon travail à moi maintenant, ça va être de garantir l'accès à l'IVG partout sur le territoire,
04:08 dans des conditions de sécurité et de qualité des soins qui soient la même pour toutes les femmes.
04:16 Et donc on a déjà ces derniers mois travaillé,
04:20 et notamment au-delà du délai qui a été allongé,
04:25 en permettant notamment qu'on puisse obtenir par téléconsultation des ordonnances pour les IVG médicamenteuses,
04:36 ce qui n'était pas le cas, ça a changé en 2022.
04:37 Mais au-delà de ça, ce que je voudrais dire ce matin,
04:39 c'est qu'on a signé un arrêté qui permet d'augmenter de 25% l'acte d'IVG,
04:48 que ce soit un IVG par voie médicamenteuse ou un IVG chirurgical.
04:53 L'acte augmenté de 25%, c'était une demande de la profession, des sages-femmes,
04:58 mais pas seulement, de l'ensemble des soignants qui pratiquent cet acte.
05:03 C'est un acte qui n'avait pas augmenté depuis 2016,
05:05 et c'était une revalorisation qui était logique, qui était travaillée depuis quelques semaines,
05:09 et depuis deux jours, l'acte a été revalorisé.
05:13 Ça c'est le premier point, revaloriser les actes, aussi en particulier pour les sages-femmes.
05:17 Je voudrais préciser, M. le ministre, par exemple,
05:18 le tarif d'une IVG "instrumentale" à l'hôpital avec anesthésie générale et une hospitalisation d'une nuit,
05:26 ça va être de 830 euros, c'était 660 euros.
05:30 Et une consultation pour une IVG médicamenteuse qui était à 200 euros passe à un peu plus de 250 euros.
05:38 Donc on a une application de 25% de l'augmentation de l'acte qui était attendue.
05:44 La deuxième chose, c'est qu'on a donné la possibilité en 2022 aux sages-femmes de pratiquer,
05:50 et même des IVG chirurgicales.
05:53 Aujourd'hui, le décret qui permettait de préciser la manière dont on exerce cet acte
06:00 ne me satisfait pas et ne satisfait pas non plus aux sages-femmes
06:03 parce qu'il a été entouré d'un certain nombre de précautions ou de conditions.
06:11 - De la présence d'un médecin spécialiste, d'un orthogéniste, d'un gynécologue obstétricien.
06:18 - C'était surtout une consultation préalable avec un médecin.
06:20 Donc ça revenait, j'allais dire, à ne pas changer beaucoup les choses
06:23 et à ne pas permettre de faire monter en responsabilité les sages-femmes
06:26 qui ont toutes compétences pour pratiquer ce type d'actes.
06:30 Donc je remets à la concertation cet arrêté, je vais le reprendre avec, bien sûr, les professionnels,
06:35 autant les représentants des sages-femmes que, bien sûr, les obstétriciens, les gynécologues obstétriciens,
06:41 de manière à ce qu'effectivement, on puisse donner une vraie délégation de responsabilité aux sages-femmes,
06:46 ce qui permettra aussi de mieux assurer l'accès à l'interruption volontaire de la procédure.
06:51 - Pour être précis, vous allez réécrire ce décret, donc je précise quand même,
06:54 évidemment, les sages-femmes sont habilitées à mener,
06:57 mais il est vrai que ce décret précise, en consultation, je suppose, après,
07:01 d'être accompagné d'un médecin spécialiste.
07:03 Pourquoi ne pas abroger ce décret ?
07:05 - C'est ce que je dis quand je dis que je le réécris, c'est qu'on va l'abroger pour le réécrire
07:09 et on va le faire très vite dans les prochaines semaines,
07:11 de manière là aussi à donner du corps à la délégation de tâches.
07:14 On est dans un grand mouvement, on en parlera peut-être dans le système de santé,
07:17 où on souhaite faire monter en compétence autour des médecins, sous la responsabilité des médecins,
07:22 à côté des médecins, et on souhaite faire monter des professionnels
07:25 qui peuvent venir prendre en charge, pour certains actes et pour certains types d'intervention,
07:30 les patients, de manière aussi à mieux répartir la charge,
07:33 à dégager du temps médical pour les médecins.
07:35 Concernant les IVG, c'était vrai de cette volonté du Parlement
07:39 de confier aux sages-femmes des missions, des responsabilités nouvelles.
07:43 À l'arrivée, le montage administratif n'est pas satisfaisant
07:47 et donc on va réécrire dans les prochains jours cet acte, ce décret.
07:51 - Voilà pour l'annonce.
07:52 Monsieur le ministre, le fait aussi que le nombre d'IVG ne cesse d'augmenter en France,
07:56 est-ce que ça vous interroge ?
07:58 Et est-ce que vous avez une explication ?
08:01 Pourquoi autant aujourd'hui d'avortements dans notre pays ?
08:04 - Alors, je n'ai pas d'explication.
08:05 Là aussi, il faut essayer de tempérer ce fait.
08:10 Le nombre d'IVG avait beaucoup baissé pendant le Covid
08:12 et ce qui avait un lien, sans doute, inévitablement, avait beaucoup diminué.
08:15 Donc c'est vrai que si on le regarde par rapport à ce qu'étaient les chiffres de 2020, 2021, 2022,
08:20 on a cette impression d'un coup d'imbomb.
08:22 Mais quand on regarde plutôt sur le long terme...
08:24 - J'ai regardé sur une quinzaine d'années.
08:25 - Oui, ça augmente, vous avez raison, mais ce n'est pas une augmentation massive.
08:29 Donc voilà, c'est sans doute un fait de société qui fait qu'effectivement, il n'y a plus d'IVG.
08:37 C'est aussi peut-être le fait que...
08:40 Enfin, c'est la société qui évolue et sans doute, il faut aussi pousser le recours.
08:47 Et c'est pour ça que le président de la République l'avait décidé, au préservatif,
08:50 c'est-à-dire effectivement, en le rendant gratuit,
08:52 permettre effectivement qu'on n'aille pas forcément jusqu'à un IVG,
08:55 mais qu'on se protège avant.
08:58 - Plus largement, Frédéric Walter, vous ne cessez de dire, là, sur un plan plus large,
09:02 qu'il y a plus de moyens qui ont été mis pour la santé sous les deux quinquennats d'Emmanuel Macron.
09:07 Mais les urgences, et là, c'est plus large, ça dépasse évidemment ces deux quinquennats,
09:10 mais quand même, les urgences sont débordées, nos hôpitaux sont entêtés,
09:13 le système risque, vous le savez bien, l'effondrement, en croient certains spécialistes.
09:18 Ce matin, vous l'avez entendu, sur Europe 1, nous avons reçu Claudine, c'est la fille de cette patiente.
09:23 On avait parlé de 85 ans, je le dis, pour nos téléspectateurs de CNews et auditeurs d'Europe 1.
09:28 Cette patiente qui a été retrouvée morte dans une benne ordure des urgences de l'hôpital d'Aix.
09:31 Cette femme devait être surveillée, prendre évidemment...
09:34 Cette traitement, elle était atteinte d'une forme de démence.
09:37 Vraiment, je pense qu'on est tous d'accord, ceux qui nous écoutent,
09:40 on regarde ce qu'a décrit sa fille, révoltant, est indigne dans ce pays ou ailleurs,
09:44 et encore plus en France. Comment expliquer qu'on puisse arriver à ça ?
09:47 J'ai entendu son intervention sur vos ondes, et effectivement, c'est un drame terrible.
09:53 C'est un drame terrible, et moi, j'ai une pensée pour la famille,
09:57 pour la fille qu'on a entendue, mais au-delà, pour l'ensemble de ses proches,
10:00 parce qu'effectivement, on ne s'attend pas à mourir à l'hôpital,
10:05 et sans doute encore moins aux urgences.
10:07 L'hôpital, c'est l'endroit où on produit du soin, et on le fait, on le sait,
10:10 les personnels le font avec professionnalisme, et souvent, beaucoup d'humanité,
10:13 et les Français savent que quand ils vont à l'hôpital,
10:16 ils croisent des gens qui se démènent, au-delà, je le redis, de leur qualité professionnelle,
10:21 pour accompagner ce moment où on est si fragile.
10:23 On leur rend hommage, mais Claudine, dans son témoignage, a décrit l'inverse,
10:26 c'est-à-dire des personnels qui ont abandonné.
10:28 Après, ce qui est vrai, et il faut regarder les choses avec lucidité,
10:31 c'est que les urgences aujourd'hui ont vu leur fréquentation doubler
10:35 en une vingtaine d'années, 25 ans, et 21 millions de passages aux urgences par an,
10:39 ce qui est invraisemblable, ce qui est énorme.
10:42 C'est aussi l'endroit où l'on va parce que la lumière est allumée,
10:44 et aussi parce que, sans doute, on ne trouve pas assez, je veux dire,
10:48 de prise en charge dans la médecine de ville ou ailleurs,
10:52 et beaucoup de gens vont aux urgences alors que peut-être,
10:54 ils n'auraient pas à y aller parce que, si jamais, effectivement,
10:57 le premier recours était mieux organisé.
10:59 C'est une des intentions qu'on a, et d'ailleurs,
11:02 Gabriel Attal dit dans son discours de politique générale,
11:04 à travers les services d'accès aux soins, de mieux réguler l'arrivée aux urgences,
11:09 de manière à ce qu'effectivement, ceux qui vont aux urgences
11:12 sont les gens qui ont besoin, effectivement, par définition, de soins urgents.
11:16 - Vous venez, pardonnez-moi, d'évoquer la médecine de ville,
11:18 j'ai une question précise.
11:19 Si la médecine de ville peut parfois éviter ou raccourcir les hospitalisations
11:23 et soulager, c'est un grand mot, l'hôpital,
11:25 pourquoi, par exemple, ne pas revaloriser les infirmiers ?
11:27 Je sais qu'un déplacement, c'est 2,75 euros, le déplacement,
11:31 au lieu de laisser développer les plateformes.
11:34 Vous reconnaissez que ce n'est pas la meilleure des qualités, quand même ?
11:37 - Je suis là depuis à peine, enfin, depuis trois semaines,
11:40 et j'ai déjà vu l'ensemble des syndicats infirmiers, infirmiers libéraux,
11:46 de manière à ce qu'effectivement, on regarde l'affaire,
11:49 aujourd'hui, du rôle et de la place des infirmiers.
11:51 Plus généralement, il y a la question, effectivement, vous l'avez dit,
11:54 il y a la question financière, budgétaire, de l'accompagnement financier,
11:58 mais il y a aussi la question, effectivement,
12:00 on le disait tout à l'heure à propos des sages-femmes,
12:02 du rôle et de la place dans un système de santé
12:04 dont on voit aujourd'hui qu'il évolue
12:06 et qu'il va continuer à évoluer dans les prochains mois, les prochaines années.
12:09 Et donc, c'est une discussion un peu large qu'on a ouverte
12:11 et je leur ai promis des réponses assez rapidement.
12:13 Donc, j'espère sur ce chantier-là, sur les infirmiers et infirmières,
12:18 et notamment, je ne m'éconnais pas, je ne mets pas de côté la question financière,
12:22 de pouvoir leur donner des solutions.
12:24 - Donc, éventuellement, sur la question financière, il pourrait y avoir...
12:26 - Mais le sujet, je parle de revenir en arrière,
12:28 mais sur le sujet de l'accès aux urgences,
12:30 je veux simplement dire que là où les services d'accès aux soins
12:34 qu'on a montés avec la médecine libérale dans aujourd'hui une soixantaine de départements,
12:38 là où on a un peu de recul, c'est-à-dire des dispositifs qui existent
12:41 depuis près de deux ans environ,
12:44 eh bien, on voit les résultats, c'est 10 à 30 % de moins de fréquentation aux urgences
12:48 parce que l'orientation téléphonique permet, eh bien, pour certaines personnes,
12:52 évidemment pas tout le monde, mais pour certaines personnes, de mieux les orienter,
12:55 c'est-à-dire de les orienter vers des rendez-vous
12:57 le jour même ou le lendemain, vers la médecine de ville.
13:00 Je rappelle que la médecine de ville joue déjà un rôle important
13:03 en matière de permanence des soins.
13:05 40 % des médecins généralistes participent à la permanence des soins,
13:08 c'est-à-dire le soir, le week-end.
13:11 Il faut qu'on pousse ce chiffre un peu plus loin.
13:14 Et ça, on le fera non pas par la coercition, mais on le fera en discutant avec eux.
13:17 Et moi, je souhaite effectivement qu'on ait une discussion très franche
13:20 avec l'ensemble des opérateurs de soins.
13:22 On a remis le tour du garde obligatoire pour les cliniques au mois de décembre.
13:26 Ça va aussi soulager les hôpitaux.
13:28 Et pour ça, on doit l'organiser dans les prochaines semaines.
13:30 Je ne peux pas citer s'il y a des cas poignants qui font mal au cœur.
13:33 Je voudrais quand même revenir rapidement sur le témoignage de Youmoussa Safi.
13:37 Anissa aurait eu 25 ans cette année, prise de douleur à la poitrine.
13:40 J'ai entendu ça aussi, oui.
13:41 Elle a été transportée au centre hospitalier de Saint-Denis, en banlieue parisienne.
13:44 Et les médecins la renvoient chez elle, Monsieur le ministre.
13:47 J'ai entendu cette expression de mort évitable.
13:50 C'est affreux, des morts.
13:51 Et c'est sûr que toute mort est évitable.
13:53 Mais alors, cette jeune femme, 25 ans, qui est renvoyée chez elle.
13:57 Qu'est-ce qu'on peut lui répondre à ça ?
13:58 Il y a une enquête, évidemment.
13:59 Il y a une enquête, comme il y a une enquête, bien sûr, à Aix-en-Provence,
14:02 comme il y a une enquête après le dramatique suicide
14:05 qui a eu lieu aux Urgences Psychiatriques de Toulouse.
14:07 Donc, vous savez, l'hôpital, c'est d'abord une organisation complexe,
14:12 très complexe, qui accueille de plus en plus de monde, inévitablement.
14:15 Mais sachez que chaque incident grave est examiné, fait l'objet d'un retour,
14:21 fait l'objet d'une analyse, un peu comme dans l'aérien,
14:24 où chaque incident est fait l'objet, effectivement, d'une analyse
14:28 pour sécuriser toujours plus les process, les organisations.
14:32 C'est ce qui est fait.
14:33 Il y a 7000 incidents graves qui ont été répertoriés entre 2017 et 2022.
14:38 La Haute Autorité de Santé ramasse l'ensemble de ces données,
14:41 si on peut dire ça comme ça, de manière à les analyser,
14:43 en tirer des conséquences, à la fois pour les établissements eux-mêmes,
14:46 là où l'incident est lieu, mais au-delà, pour l'organisation des hôpitaux.
14:50 Le souci de la sécurité, il est majeur.
14:53 Et quand on regarde les millions et millions de Français
14:56 qui passent chaque année dans les hôpitaux,
14:58 inévitablement, même si c'est choquant, heurtant
15:01 et quelque part, ça semble totalement incongru,
15:04 inévitablement, on arrive parfois, effectivement, à des drames malheureux.
15:09 Il y en a eu quelques-uns ces dernières semaines.
15:12 Il y en a eu par le passé.
15:13 Moi, j'ai été 10 ans président de la Fédération Hospitale de France.
15:15 - Et les conclurez-vous ?
15:16 - J'ai bien... Enfin voilà, on a eu, à d'autres époques,
15:19 dans d'autres hôpitaux, dans d'autres régions,
15:21 des drames absolus et qui sont toujours choquants.
15:23 Je le redis parce que l'hôpital, c'est normalement un lieu,
15:26 et c'est un lieu où, effectivement, on prodigue du soin avec humanité.
15:31 Malheureusement, il arrive parfois, effectivement, des drames.
15:34 Il faut regarder avec lucidité ces drames et surtout demander les enquêtes.
15:38 C'est ce que j'ai fait dès qu'elles sont nécessaires.
15:40 - Bien sûr. Dernière question.
15:42 L'hôpital, c'est peut-être aussi le grand malade.
15:44 On espère qu'il ne soit pas le grand cadavre à la renverse.
15:47 C'est votre principale mission. Est-ce qu'elle est impossible ?
15:49 Vous n'avez pas l'impression d'être scisif avec le rocher
15:51 face aujourd'hui à un effondrement potentiel ?
15:53 - C'est un sujet complexe qu'il faut redonner confiance à l'ensemble
15:56 des acteurs du soin, privés, publics, voilà, tous les acteurs du soin.
16:00 On a besoin de tout le monde pour relever, effectivement,
16:03 le niveau de ce système de santé auquel les Français sont profondément attachés.
16:06 C'est mon souhait. Quand on regarde financièrement,
16:09 les gouvernements ont plutôt accompagné,
16:11 ont augmenté de 60 milliards depuis sept ans,
16:15 les moyens du système de santé en général,
16:17 les dépenses de santé en France. Il faut sans doute continuer.
16:20 Il faut regarder, effectivement, comment on peut sauver l'essentiel.
16:23 Et dans l'essentiel, c'est à la fois une médecine de ville
16:25 qui joue son rôle de premier recours, qui joue son rôle,
16:27 effectivement, très important dans le système de santé,
16:30 parce que l'essentiel des consultations se fait là.
16:31 Et c'est aussi, bien sûr, un hôpital qui soit vaillant dans ses missions.
16:34 - Merci Frédéric Touteux. C'était votre grande interview ce matin.
16:37 A bientôt, bien sûr. - Merci.
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