Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent avec Thibault de Montbrial, président du Centre de réflexion sécurité intérieure, de la menace sécuritaire qui plane sur les Jeux Olympiques 2024.
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00:00 J'aimerais qu'on parle maintenant de la sécurité intérieure de notre pays.
00:02 Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, s'est exprimé il y a quelques instants au Sénat,
00:06 notamment autour de la sécurité des JO, qui est une grande inquiétude du côté des forces de l'ordre.
00:10 On va écouter ce qu'il a dit. Il a annoncé notamment une vaste opération de fichage
00:14 pour éviter au maximum les risques d'attentats. Écoutons Gérald Darmanin.
00:17 Nous allons donc organiser, à partir du rayon de la flamme jusqu'à la fin des Jeux Olympiques,
00:25 avec le monde judiciaire, une stratégie d'entrave pour pouvoir mettre en état de nuire
00:30 des personnes dont nous aurions éventuellement un doute.
00:32 Je voudrais d'ailleurs dire que nous sommes très aidés par la DGSE et par les autres services d'enseignement,
00:36 mais aussi par les services étrangers.
00:38 On aura un million d'enquêtes à faire, qui concernent toute personne qui organise de près ou de loin les Jeux Olympiques.
00:44 Évidemment, c'est le cas pour tous ceux qui organisent auprès du COJO ces Jeux,
00:49 les volontaires, les agents de sécurité privés.
00:51 On a déjà fait à peu près une centaine de milliers de ces criblages.
00:54 Il y a quand même eu 280 avis d'incompatibilité.
00:57 Deux personnes, régulièrement sur le territoire national,
01:00 ce n'est pas en soi un gage de passage à l'acte ou de problème,
01:03 mais il vaut mieux être régulier sur le territoire national et il vaut mieux être français.
01:06 Et puis, évidemment, six fichiers S que nous avons découverts par ces criblages.
01:12 C'est-à-dire des personnes qui se sont inscrites dans l'organisation des Jeux Olympiques
01:16 et que nous avons donc écartées.
01:17 Voilà, pour les risques écartés.
01:20 Il y a une vraie menace sur ces Jeux Olympiques en termes de sécurité, Thibaud de Montbréal ?
01:23 Il y a une vraie menace pour au moins deux raisons.
01:25 La première, c'est qu'en France, aujourd'hui, nous savons que, pour tout un tas de raisons,
01:30 il y a une menace élevée structurelle du terrorisme islamiste.
01:33 Il y a également une menace de l'extrême gauche,
01:36 une menace d'une forme d'écoloterrorisme qui inquiète,
01:40 même si on en parle moins, qui inquiète beaucoup les services.
01:42 Et puis, la deuxième raison, mais qui en réalité est la raison mère,
01:45 c'est que les Jeux Olympiques, c'est l'événement mondial qui est à la fois le plus suivi
01:49 et auquel participent, c'est le seul, tous les pays du monde.
01:51 C'est-à-dire que chaque pays va regarder les JO,
01:54 mais surtout, chaque pays va envoyer une délégation
01:56 et un certain nombre de gens qui accompagneront, du public, des journalistes, etc.
02:00 Donc, la France va littéralement, au sens propre, être le centre du monde pendant plusieurs semaines,
02:05 entre la fin du mois de juillet et le début du mois de septembre,
02:09 si l'on compte les Jeux Paralympiques.
02:10 Donc, ce n'est pas la peine d'être un génie pour comprendre que quiconque voudra nuire à la France
02:16 voudra entraver les JO, soit en gênant leur organisation dans la dernière ligne droite,
02:21 parce qu'on ne peut pas du tout exclure des actions qui visent à entraver notre bonne organisation,
02:27 soit en frappant en mondiaux vision, soit pendant la cérémonie d'ouverture,
02:31 soit à n'importe quel moment pendant les JO.
02:33 Une fois qu'on a dit ça, une remarque que je ne suis pas le premier à faire,
02:38 c'est que tous les spécialistes de la sécurité, tous,
02:41 j'entendais à l'instant Gérald Darmanin évoquer les différents services de renseignement français
02:45 qu'on appelle du premier cercle, en priorité la DGSE et la DGSI,
02:49 tous ont dit au président de la République, à l'époque où la décision n'était pas encore prise,
02:54 que c'était un très gros risque de faire une cérémonie d'ouverture
03:01 dont Gérald Darmanin dit régulièrement qu'elle est unique dans l'histoire de l'humanité,
03:05 puisqu'on n'a jamais fait une cérémonie d'ouverture sur plusieurs kilomètres, hors stade.
03:09 326 000 spectateurs seront là avec 220 000 soignants gratuits.
03:13 Le président de la République a imposé, contre l'avis de tous,
03:18 j'insiste parce que c'est quand même rare, de tous,
03:21 a imposé cette cérémonie avec une pensée positive
03:25 dont on espère qu'elle ne s'enverra pas, une pensée magique.
03:28 Une fois que c'est comme ça, maintenant c'est comme ça.
03:30 Donc il faut le faire.
03:31 Donc que nos services, sous l'impulsion du ministre de l'Intérieur,
03:35 c'est d'ailleurs je pense une des raisons pour lesquelles il est resté ces derniers remaniements,
03:38 c'est qu'il est là depuis juillet 2020, il a pris le dossier à le bras-le-corps
03:41 et c'est assez cohérent qu'il vienne terminer la mission.
03:44 Avec l'aide du préfet de police de Paris, Laurent Nunez,
03:47 qui par son professionnalisme est vraiment un gage aussi,
03:50 que les choses seront aussi bien faites que possible,
03:51 qu'on aille au bout de la mission, c'est très bien.
03:54 Mais ce qu'a dit l'extrait de leçon qu'on vient d'écouter de Gérald Darmanin,
03:57 que je découvre avec vous, c'était cet après-midi au Sénat.
03:59 C'est très intéressant, parce qu'il dit qu'on va cribler un million de personnes,
04:03 mais qu'aujourd'hui, c'est-à-dire le 5 mars, on n'en a criblé que 100 000.
04:07 Et sur les 100 000, on a découvert, dit-il, c'est ce qu'il vient d'annoncer,
04:10 qu'il y avait déjà des gens qui étaient fichés S,
04:12 donc qui étaient suivis par le renseignement,
04:14 qui avaient tenté d'infiltrer des éléments de l'organisation.
04:16 Qui ont été détectés à temps.
04:17 Plus on va s'approcher, plus ça va être difficile.
04:22 Et de toute façon, il y a les gens qui sont fichés,
04:23 mais il y a aussi les gens qui ne sont pas fichés.
04:25 Et puis là, on parle des gens qui tentent de rentrer dans l'organisation,
04:28 mais il y a les gens qui pourront essayer d'agir de l'extérieur.
04:31 Maintenant, il ne faut pas non plus affoler les populations.
04:33 - Bien sûr. - On sait faire.
04:34 - On les informe. - On sait faire.
04:37 On a organisé la Coupe du monde de rugby,
04:39 il y a eu le déplacement du roi d'Angleterre,
04:41 le déplacement du pape en Marseille.
04:42 Mais ça n'a jamais été pendant aussi longtemps ce qu'on appelle 24/7.
04:48 C'est-à-dire 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
04:50 Et c'est un véritable défi.
04:53 Et j'espère que quand on se retrouvera, on va se revoir avant,
04:55 mais quand on se retrouvera à la rentrée, j'espère que ça se sera bien passé.
04:58 J'en suis pas certain, mais il faut espérer que ça va bien se passer.
05:01 Louis Dragnet a une question pour vous.
05:02 Est-ce que les risques que vous venez de présenter,
05:06 est-ce qu'ils peuvent peser dans la décision d'inviter ou pas Vladimir Poutine
05:11 au 80e anniversaire du débarquement,
05:14 qui aura lieu donc quelques semaines seulement avant les Jeux olympiques ?
05:17 Alors, la question que vous posez est intéressante
05:19 parce qu'elle permet d'élargir.
05:21 Et Laurence Ferrari m'a interrogé sur les JO.
05:24 Mais les JO s'inscrivent dans une séquence
05:26 qui, pour l'appareil sécuritaire d'État français,
05:29 en réalité, commence bien avant.
05:30 Il va y avoir le parcours de la flamme qui va durer 110 jours
05:33 avec tous les jours une étape...
05:35 Et donc un risque ?
05:36 Un risque, très lourdement protégé, ça on dirait presque.
05:39 C'est un convoi de quasiment 1 km.
05:41 Tout ça, si on prend un peu de recul,
05:43 tout ça laisse dubitatif quand même sur...
05:45 Le 6 juin, donc le débarquement ?
05:47 Sur le rapport entre l'investissement et l'occasion que ça représente.
05:50 Est-ce que la menace russe peut contraindre Emmanuel Macron à inviter ou pas ?
05:54 Non, mais je réponds d'abord à votre première question.
05:56 Vladimir Poutine.
05:57 Je réponds à la première question avant que vous en posiez une deuxième.
05:59 Les cérémonies du 80e anniversaire du débarquement,
06:03 d'abord en Normandie en juin,
06:06 et ensuite en Provence en août, soit dit en passant.
06:08 Absolument.
06:09 Plus, je rappelle quand même le Tour de France,
06:10 le défi du 14 juillet, etc.
06:12 Donc, au mieux de tout ça, il faut sécuriser.
06:14 Et c'est vrai que la séquence qui va durer plusieurs jours
06:17 à très grand faste autour de la Normandie
06:21 avec des chefs d'État de quasiment du monde entier,
06:24 Vladimir Poutine ou pas, je sais pas.
06:26 Je sais pas si on prend la liste des alliés de 1954.
06:28 Aujourd'hui, on ne sait pas s'il est là.
06:29 Si on prend la liste des alliés de 1944,
06:31 techniquement, la Russie en fait partie.
06:34 Donc, on verra.
06:36 Mais ce qui est sûr, c'est qu'en termes de moyens mobilisés
06:38 et de durée, et j'en dis un mot quand même,
06:40 pour les forces de sécurité intérieure,
06:41 c'est-à-dire pour les effectifs,
06:43 d'efforts de contrainte de temps et de disponibilité pour les effectifs,
06:48 ça va être un gros défi.