Les handicapés réclament simplement son application. Pour faire bouger les lignes, ils relaient coups de gueule face caméra, montages humoristiques mais aussi vidéos d’animation sur les réseaux sociaux.
Antoine Guerre a suivi le combat de plusieurs mères pour faire scolariser leurs enfants autistes avec l’aide d’accompagnants professionnels. C’est pour elles la seule garantie d’un avenir plus autonome. Grâce à leurs vidéos et pétitions, elles poussent les administrations à faire respecter la loi.
Mais l’enfance n’est que le début d’un long parcours du combattant. Certains adultes handicapés bénéficient d’une aide à domicile. Mais plusieurs d’entre eux subissent une importante réduction d’heures de ce dispositif, ce qui les met en danger. Nous avons suivi des citoyens qui ont découvert des documents compromettant pour l’administration.
Antoine Guerre a suivi le combat de plusieurs mères pour faire scolariser leurs enfants autistes avec l’aide d’accompagnants professionnels. C’est pour elles la seule garantie d’un avenir plus autonome. Grâce à leurs vidéos et pétitions, elles poussent les administrations à faire respecter la loi.
Mais l’enfance n’est que le début d’un long parcours du combattant. Certains adultes handicapés bénéficient d’une aide à domicile. Mais plusieurs d’entre eux subissent une importante réduction d’heures de ce dispositif, ce qui les met en danger. Nous avons suivi des citoyens qui ont découvert des documents compromettant pour l’administration.
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00:00 [Musique]
00:08 Je le dis, les enfants ne sont pas traités équitablement au sein de l'école de la République.
00:12 [Musique]
00:19 Et on attend que ça, et on va continuer à se battre.
00:24 [Musique]
00:45 Juno Beach, l'une des plages du débarquement en Normandie.
00:49 [Musique]
00:53 Une équipe de jeunes femmes déterminées est au départ du parcours du combattant.
00:57 [Musique]
00:59 Elles sont regroupées dans l'union des mamans d'enfants handicapés,
01:02 et luttent pour scolariser leurs enfants.
01:05 Laura Julia Fiquet est la présidente de l'association.
01:09 On va finir ce parcours ici !
01:12 [Cris]
01:15 École pour tous !
01:18 [Cris]
01:25 Cette association est une communauté d'entraide sur Facebook.
01:29 Elle regroupe des mamans isolées voulant faire entendre leur voix.
01:33 Depuis 2005, une loi améliore l'intégration des enfants handicapés à l'école.
01:38 Pourtant dans la pratique, de nombreux obstacles administratifs perdurent.
01:43 Laura Julia a créé cette page en 2015,
01:48 alors qu'elle rencontrait de graves difficultés pour scolariser son fils, Johan, autiste.
01:53 Elle s'est même filmée pour pousser un coup de gueule sur YouTube.
01:57 Je vais vous parler des difficultés auxquelles moi et des milliers de femmes faisons face.
02:01 Il faut savoir qu'aujourd'hui en France, des mères et leurs enfants handicapés subissent l'exclusion sociale,
02:06 dans l'indifférence de notre gouvernement.
02:08 Allez Laura ! Allez Laura !
02:12 Si elle a mobilisé 10 familles pour participer à cette course, ce n'est pas par hasard.
02:18 Le parcours du combattant, c'est le quotidien de ses mères.
02:23 Des marches administratives sans fin, manque de personnel pour accompagner et suivre leurs enfants.
02:29 Cette course est l'occasion parfaite pour communiquer sur leurs galères.
02:34 Toute la journée, elle relait vidéos et photos sur les réseaux sociaux pour faire l'événement.
02:40 Quand on s'adresse au plan politique, ils vont résoudre des cas, des dossiers individuels,
02:45 mais ils ne vont pas résoudre le problème.
02:47 Donc qu'est-ce qu'il nous reste ? Il nous reste les réseaux sociaux.
02:50 C'est pour ça que l'UMA, l'Union des Membres des Fonds Handicapés, ne cesse de grossir,
02:55 parce que ça répond vraiment à une demande des familles.
02:57 On ne se sent plus dans l'isolement, au moins dès qu'on a une question, on peut la poser,
03:01 on a tout de suite une réponse et on se sent moins seul.
03:04 Il faut plus de place, il faut plus de moyens,
03:07 il faut vraiment que nos enfants soient inclus dans le système scolaire
03:11 et qu'il n'y ait pas d'exclusion comme aujourd'hui.
03:13 On n'est pas à galérer pendant des mois pour trouver une place.
03:16 Des mois ou des années.
03:17 Des années, oui. Merci mon lapin.
03:19 Mais voilà, c'est des enfants comme les autres, et donc ils ont les mêmes droits que les autres.
03:26 On l'a poumé, on l'a poumé !
03:29 On l'a fait !
03:30 Laura Julia Fiquet élève seule son fils dans la banlieue de Caen.
03:43 Johanne a 6 ans.
03:47 Elle est enceinte.
03:49 Johanne a souffert d'anoxie cérébrale lors de la naissance.
04:01 Il y a un moment où il a manqué d'oxygène,
04:04 ce qui fait que dès sa naissance, il a été pris de malaise épileptique.
04:08 Johanne, tu veux un gâteau ?
04:10 Les médecins nous avaient dit qu'on ne saurait pas de quoi il serait capable à l'âge de 20 ans.
04:17 Mais non, c'est pas pour jeudi.
04:19 S'il pourrait marcher, s'il pourrait parler, quelles seraient ses capacités intellectuelles ?
04:24 Eh, mais c'est pas pour le chien, c'était pour toi !
04:27 Son handicap le plus marqué pour lui, ce sont des troubles du comportement qui sont assimilés à l'autisme.
04:42 Il a une lésion cérébrale qui est justement située dans la zone du cerveau qui concerne le langage.
04:49 Et lui, c'est vraiment très marqué. Il n'arrive pas à parler.
04:52 Viens dans la maison.
05:01 Viens dans la maison.
05:05 Depuis 3 ans, Johanne ne suit pas une scolarité normale.
05:12 Ça te plait ?
05:13 Il passe la majorité de son temps avec sa mère, qui a arrêté de travailler.
05:17 Les deux mains. Oui, si. Johanne, tu mets les deux mains.
05:23 Elle tente de le faire progresser, de stimuler son langage.
05:27 T'es pas gentille. Pourquoi tu veux pas mettre les deux mains ?
05:30 Johanne fait des progrès grâce à la patience de sa mère.
05:36 Et puis il y a l'école.
05:39 La scolarisation des enfants handicapés est souvent facilitée par la présence dans la classe de ce que l'on appelle un auxiliaire de vie scolaire, un AVS.
05:48 Cet AVS travaille en collaboration avec l'enseignant.
05:52 En fonction du handicap de l'enfant, il reformule les consignes, écrit pour lui.
05:57 L'aide à surmonter ses difficultés.
06:00 Chica, A-A, Juliette, J'aime, Chica !
06:06 Chica !
06:08 Mais pour obtenir cette aide, Laura, Julia Fiquet, va devoir se battre contre l'administration.
06:14 Lorsqu'elle a inscrit Johanne à l'école, à l'âge de 3 ans,
06:22 elle a demandé cet auxiliaire de vie scolaire à la maison départementale des personnes handicapées.
06:28 C'est cette administration qui étudie les dossiers.
06:32 Et après de longs mois de démarche, Laura, Julia obtient un auxiliaire de vie scolaire pour Johanne, 15 heures par semaine à l'école.
06:51 À la première rentrée, il y a une espace où je viens avec son père dans la classe,
06:57 toute contente, avec notre enfant tout mignon, la petite tenue qui va bien,
07:02 enfin comme tout parent emmène son enfant à l'école, handicapé ou pas.
07:06 Et là, on cherche du regard l'auxiliaire de vie scolaire, il n'y a personne, personne n'est là.
07:13 Et là, le directeur, on va le voir, et puis il dit,
07:17 ah bah non, il n'y a pas d'AVS, vous savez, c'est pas avant le mois de novembre, il ne faut pas attendre avant.
07:23 Mais il dit ça comme ça, comme si c'était parfaitement normal.
07:27 Mais pendant 2 ans, Johanne va passer au maximum 5 heures par semaine avec un AVS,
07:37 au lieu des 15 heures attribuées par l'administration.
07:40 Impossible pour Laura, Julia de trouver un emploi.
07:46 Elle doit vivre avec le RSA et une allocation enfants handicapés.
07:51 Elle décide alors de militer sur Internet en créant son association de maman.
07:57 Sa page Facebook devient vite incontournable dans le monde du handicap.
08:01 Plusieurs milliers de familles publient leurs difficultés.
08:05 - Nous sommes bientôt 5 700 sur ce réseau principal.
08:09 Et évidemment, les gens ne parlent pas tous en même temps,
08:13 mais tous les jours, il va y avoir une cinquantaine de nouveaux témoignages
08:17 qui parlent beaucoup de scolarité et de problèmes liés à l'intégration de leurs enfants.
08:22 Doutes, déprimes, conseils, ces mamans partagent tout grâce aux réseaux sociaux.
08:31 Face à l'administration, elles s'entraident pour faire avancer leur dossier.
08:40 Cela fait maintenant 2 ans que Laura réclame le respect de la loi pour son fils.
08:49 Et à chaque rentrée scolaire, de nombreuses familles s'inquiètent comme elle pour leurs enfants.
08:55 - Sur le forum de l'union des mamans d'enfants handicapés,
08:59 c'était à nouveau l'effervescence, en fait.
09:02 A partir du 15 août, là, ça clignote dans tous les sens.
09:05 Je n'ai pas de nouvelles de mon AVS, je ne sais pas ce qui va se passer.
09:08 Je n'ai pas reçu de courrier.
09:10 Et je voyais des femmes par centaines qui venaient dire leurs inquiétudes concernant la rentrée.
09:18 Et moi-même, j'étais la première à vivre ça aussi.
09:22 Et je me suis dit, il faut que je trouve le moyen de témoigner de ce qui se passe, en fait.
09:30 J'estime que la grandeur d'une nation se mesure à la façon dont ses enfants sont traités.
09:35 Et je le dis, les enfants ne sont pas traités équitablement au sein de l'école de la République.
09:40 Pour attirer l'attention, elle a bricolé une vidéo sur YouTube, partagée aussi sur Facebook.
09:48 - Il faut avoir du courage. Il faut avoir du courage.
09:52 C'est très difficile. C'est vraiment un exercice difficile de se filmer
09:56 et de témoigner sur ce qu'on vit au quotidien avec nos enfants.
10:01 Je me suis fait violence.
10:03 Je me suis fait violence, mais en même temps, c'était ça.
10:07 J'avais pas d'autres alternatives, en fait.
10:10 Je me suis plainte. Je n'ai pas été écoutée ni entendue à aucun moment, jusqu'au point de mon retour.
10:15 Je me suis dit que j'allais taper un peu plus fort, que j'allais interpeller des ministres.
10:19 Aujourd'hui, je lance l'invitation à notre ministre de l'Éducation nationale,
10:23 madame Najat Vallaud-Belkacem, de venir accompagner mon enfant à sa rentrée des classes,
10:28 le 1er septembre à 8h45 à l'école de Louvigny.
10:31 Je me doutais bien que personne n'allait venir,
10:34 mais je me suis dit que ça avait peut-être plus de chances de tomber dans leur service com.
10:38 Et ça a marché.
10:40 La vidéo est relayée partout son réseau.
10:43 Le buzz est instantané et atteint les grands médias.
10:47 Le Figaro publie même sa vidéo.
10:50 Jamais j'aurais pensé attirer le Figaro comme ça, en fait.
10:54 Je suis dans le top 5 des événements les plus partagés de l'année 2016
10:59 en termes de partage et de réaction.
11:02 RTL m'a contactée pour me dire qu'il y allait y avoir l'interview de Najat Vallaud-Belkacem
11:11 au mois de septembre, dans le cadre de la rentrée scolaire,
11:13 et que je pourrais enregistrer une question qui lui serait posée.
11:16 La présidente de l'Union des Mamans d'Enfants Handicapés en appelle à la ministre.
11:21 J'aimerais qu'elle se confronte à la réalité de l'application de la loi.
11:25 Handicapé, pas handicapé, la loi est la même pour tout le monde.
11:28 Et il est inadmissible aujourd'hui qu'on fasse attendre des familles jusqu'au mois de novembre
11:32 pour inscrire leur enfant à l'école parce qu'il est handicapé.
11:35 Je lui dis, j'espère qu'elle écoute, je viendrai avec plaisir avec elle
11:41 pour pouvoir, s'il y a besoin, en effet, régler un dysfonctionnement qu'elle a pu rencontrer.
11:46 C'est pas si besoin, elle n'en a pas.
11:48 Ce qui est très drôle, c'est qu'une demi-heure après que Najat Vallaud-Belkacem ait quitté les studios de RTL,
11:55 moi j'ai reçu pour la première fois en deux ans un appel de l'inspection académique de ma région
12:02 pour me dire que Johan aurait son AVS le lendemain.
12:07 Qu'est-ce que vous en pensez de ça ? Qu'on règle votre problème qui courait depuis maintenant deux, trois ans en quelques heures ?
12:14 J'hésite entre pathétique et ridicule.
12:21 J'étais extrêmement contente évidemment pour mon fils parce qu'enfin nos problèmes avaient une solution,
12:26 mais la solution miracle providentielle de la ministre.
12:30 Incroyable, une demi-heure après, mes problèmes sont réglés,
12:33 je n'ai plus cette angoisse que je traîne depuis des années en fait.
12:37 Pour la première fois, Johan a pu vivre une année scolaire normale.
12:41 Il continue aussi ses séances de kiné, d'orthophoniste et également de psychomotricité avec Blandine.
12:50 C'est toi qui fais ou c'est moi ?
12:52 Elle a commencé à le suivre dès sa naissance.
12:55 Fais tous les deux.
12:57 Mon objectif premier c'est vraiment qu'on soit en relation, lui et moi,
13:04 qu'on puisse se regarder, qu'on puisse faire l'un après l'autre.
13:08 Et puis qu'il puisse prendre plaisir à jouer, à jouer avec moi, à jouer avec l'autre.
13:17 Oh, tu es tombé sur ton pantalon.
13:21 C'est juste à l'heure.
13:25 Vas-y.
13:26 Non, pas avec ton nez, avec ta bouche.
13:29 Oui, ça c'est le nez.
13:31 Le progrès le plus énorme, c'est justement qu'il puisse nous regarder,
13:37 qu'il puisse être avec nous et nous prendre en compte.
13:40 Sur le tien.
13:41 [Rires]
13:46 Va donner Antoine.
13:49 Va donner pour qu'il se tue.
13:51 Regarde ce que tu fais de moi à ton père.
13:55 C'est aussi parce que Johan peut participer à une année scolaire,
14:02 qu'il voit d'autres enfants, qu'il participe aux activités à l'école.
14:07 Oui, effectivement, cette année, il a particulièrement progressé.
14:11 Suivre une consigne, ça, ce n'était pas possible.
14:16 C'était moi qui proposais toujours à Johan des choses.
14:19 Lui ne pouvait pas faire de propositions.
14:21 Aujourd'hui, c'est lui qui fait des propositions.
14:23 C'est lui qui va chercher le jeu et qui joue avec moi et qui me demande de jouer avec lui.
14:27 C'est tout ça qui permet à Johan de progresser.
14:30 C'est un tout.
14:31 C'est un tout.
14:32 Mais il y a besoin de chaque pièce du puzzle pour y arriver et de grandir.
14:37 [Musique]
14:48 Johan, scolarisé, c'est aussi plus de temps pour sa mère,
14:52 qui peut désormais organiser sa vie professionnelle.
14:55 Elle vient de lancer son entreprise de commerce en ligne depuis chez elle.
15:02 [Musique]
15:12 Dans toute la France, de nombreuses familles sont toujours en attente d'une solution de scolarisation pour leurs enfants.
15:18 Sur le groupe Facebook de l'association des mamans, une nouvelle pétition en ligne vient d'apparaître.
15:27 Nathalie de la Londres habite au Havre.
15:32 Depuis six mois, elle attend un auxiliaire de vie scolaire pour son fils, Adam, élève en seconde.
15:38 L'AVS, dont bénéficiait Adam jusque-là, lui permettait de suivre ses études normalement.
15:49 Il n'a jamais redoublé.
15:52 Mais sans aide depuis la rentrée, il est en difficulté.
15:57 AVS pour Adam, c'est le titre que j'ai mis.
16:01 C'est une maman qui m'avait dit comment faire, parce que c'est pareil, il faut s'y connaître.
16:06 Je n'avais jamais fait ça.
16:08 Et là, ce jour, j'ai 516 signatures.
16:11 Il y a plein de mamans et papas aussi, qui se sont senties concernées
16:15 et qui ont, eux, partagé dans d'autres groupes ma pétition.
16:20 C'est comme ça que ça a pris un peu d'ampleur ?
16:22 Oui, complètement.
16:25 Ça va plus vite que les administrations françaises.
16:28 Et ça fait du bien d'avoir ce soutien d'autres gens qui sont dans vos groupes ?
16:34 Déjà, on se dit qu'on n'est pas seuls à y croire.
16:36 Parce que s'il y a des mamans derrière moi, c'est parce qu'ils savent qu'il y a du résultat si on a l'AVS.
16:40 Il y a des mamans qui ont des enfants qui ont 25 ans et qui ont réussi dans leur vie professionnelle.
16:47 Donc, ils sont là pour nous témoigner aussi, de dire qu'accrochez-vous, battez-vous, parce que ça en vaut la peine.
16:54 Adam a tardivement été diagnostiqué dyspraxique, avec des troubles de la tension.
16:59 La dyspraxie, c'est un dysfonctionnement cérébral qui handicape le geste.
17:17 Le fait qu'il est dyspraxique et dysgraphique, lui, en fait, il est obligé de se concentrer sur la forme des O, la forme des A, comment il met son stylo.
17:28 Du coup, il ne se concentre pas du tout sur le sujet.
17:31 Donc, après, s'il veut comprendre ce qu'il écrit, il faut qu'il arrête d'écrire.
17:35 Donc, l'AVS, normalement, c'est écrit pour lui.
17:37 Et là, dans ce cas-là, il peut se concentrer sur le travail.
17:40 Et ça, tu l'as fait en cours, en fait. C'était le cours sur le passé.
17:46 - Hum. - D'accord.
17:48 On va deviner comme ça, en fait. On devine.
17:51 Les cours, on les devine, les exercices, on les devine.
17:53 Mais je baisse pas les bras.
17:55 Donc, c'est moi qui fais le boulot à la maison du prof qui a pas à noter, de l'AVS qui est pas là.
18:00 Et il faut que je devine.
18:02 15 heures d'auxiliaire de vie scolaire, c'est ce que l'administration accorda à Adam depuis 3 ans pour compenser ses difficultés.
18:12 Avec succès, car l'année dernière, il a décroché son brevet des collèges.
18:18 - J'ai eu le brevet sans mention, mais je l'ai eu.
18:23 - T'étais content ? - Oui. C'est vrai.
18:26 - C'était gagné en début d'année d'avoir le brevet ? - Non.
18:30 - Et ça, tu penses que c'est aussi grâce à cette aide-là que tu as eu toute l'année ? - Oui.
18:36 - Et comment ça se passe scolairement depuis la rentrée, du coup, sans cette aide ?
18:40 - Alors, scolairement, échec scolaire. J'ai le bulletin, le premier bulletin. On voit bien, ça chute.
18:47 C'est impossible pour lui. Impossible de suivre.
18:50 - En anglais, 4. C'est marqué "des lacunes".
18:53 Bon, il a 11,90 en électronique. En simple covenable, attention à ne pas se déconcentrer.
18:59 Études de construction, 7. Peu de travail. Adam doit fournir plus d'efforts.
19:05 Français, 9,5. Les résultats sont un peu justes.
19:08 Adam n'est pas du tout concentré en classe. Donc c'est pareil. Moi, j'ai tendance à rigoler.
19:14 10 en histoire. - Pourquoi ça, au fait ?
19:16 - Bah parce qu'on sait qu'il est trouble de l'attention.
19:19 Donc rajouter qu'il est pas attentif en classe, c'est un pléonasme.
19:23 Enfin, je sais pas, moi, c'est... Voilà, c'est risible, quoi.
19:28 - Et donc là, aujourd'hui, c'est aussi son avenir qui est en jeu, pour vous ?
19:32 - Complètement. C'est complètement son avenir qui est en jeu.
19:35 Son avenir professionnel et son avenir d'adulte autonome.
19:40 Si on l'aide pas maintenant, il sera jamais autonome plus tard, quoi.
19:45 3 semaines après la mise en ligne de la pétition, l'AVS d'Adam est enfin arrivé dans sa classe.
19:56 Une histoire qui finit plutôt bien, grâce au combat acharné d'une mère sur les réseaux sociaux.
20:04 Malgré la loi, combien d'enfants en France sont encore privés d'une aide régulière à l'école,
20:10 si importante pour leur avenir ?
20:13 Aucun chiffre n'est disponible.
20:16 Aucun chiffre non plus sur le nombre de parents contraints d'arrêter leur activité professionnelle.
20:21 Dans le monde du handicap, l'enfance, ce n'est que le début d'une longue bataille.
20:32 Sur YouTube, de nombreux adultes handicapés rivalisent d'humour pour montrer leur difficulté au quotidien.
20:44 Etienne Boulet habite à Montpellier.
20:49 Grâce à son BTS audiovisuel, il réalise avec talent des vidéos qu'il poste sur sa chaîne YouTube.
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21:46 Sur les réseaux sociaux, on trouve des sketchs, mais aussi des témoignages poignants.
21:52 Bonjour à tous, je m'appelle Sandy Ramel et j'avais un petit coup de gueule à passer.
21:58 On parle beaucoup des enfants, de ces pauvres petits enfants qui ne peuvent pas marcher,
22:03 qui ne peuvent pas ni jouer au ballon, ni sortir, ni courir, ni danser.
22:09 Mais la vérité, c'est que quand on grandit, c'est juste secondaire.
22:13 On s'en fout de tout ça, on veut juste vivre dignement et avoir une vie d'adulte.
22:21 638 vues. Sandy a posté ce message dans l'indifférence la plus totale.
22:27 Ce que je voudrais juste comprendre pour que ça se passe et pour mon message,
22:32 c'est que quand on est adulte, on n'est pas forcément mort.
22:36 Et elle n'est pas la seule à utiliser Internet pour alerter sur les conditions de vie des adultes handicapés.
22:43 Sarah Salmona souffre de myopathie.
22:47 Elle aussi a voulu témoigner et raconter son histoire.
22:51 Le titre de son texte, "Sauvez mon droit d'exister".
22:55 Sarah habite Saint-Germain-en-Laye.
23:01 Elle est professeure de français au lycée.
23:08 Pour l'aider à enseigner, l'Education nationale a embauché une auxiliaire.
23:14 Et à la sortie des cours, son transport est pris en charge jusqu'à son appartement.
23:20 J'ai une myopathie depuis la naissance, qui s'appelle myopathie centrale corps.
23:30 C'est une maladie musculaire qui affaiblit tous les muscles du corps.
23:37 Là où c'est le plus handicapant, c'est que ça atteint mes muscles respiratoires et que ça entraîne beaucoup de fatigue.
23:44 Sarah devrait bénéficier pleinement de la loi votée en 2005.
23:50 Ce texte veut favoriser l'intégration des handicapés dans la société.
23:59 Il doit leur permettre de construire un projet de vie.
24:03 Pour gérer son quotidien, Sarah a droit à une auxiliaire.
24:08 Au déjeuner, Julia vient l'aider pendant une heure.
24:14 - On va faire griller.
24:32 Pour le déjeuner, Julia va m'aider à sortir toutes les affaires des tiroirs, des placards, à soulever les choses lourdes.
24:43 Parce que j'ai pas beaucoup de force dans les bras, essentiellement.
24:47 Et puis ça m'est arrivé deux, trois fois quand même de me brûler parce que je lâche un truc, ou que ça me tombe dessus, et voilà.
24:57 - C'est bon, on va faire un petit déjeuner.
25:00 - On va faire un petit déjeuner.
25:02 - On va faire un petit déjeuner.
25:04 - On va faire un petit déjeuner.
25:06 - On va faire un petit déjeuner.
25:08 - On va faire un petit déjeuner.
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26:28 - On va faire un petit déjeuner.
26:30 - On va faire un petit déjeuner.
26:32 - On va faire un petit déjeuner.
26:34 - On va faire un petit déjeuner.
26:36 - On va faire un petit déjeuner.
26:38 - On va faire un petit déjeuner.
26:40 - On va faire un petit déjeuner.
26:42 - On va faire un petit déjeuner.
26:44 - On va faire un petit déjeuner.
26:46 - On va faire un petit déjeuner.
26:48 - On va faire un petit déjeuner.
26:50 - On va faire un petit déjeuner.
26:52 - On va faire un petit déjeuner.
26:54 - On va faire un petit déjeuner.
26:56 - On va faire un petit déjeuner.
26:58 - On va faire un petit déjeuner.
27:00 - On va faire un petit déjeuner.
27:02 - On va faire un petit déjeuner.
27:04 - On va faire un petit déjeuner.
27:06 - On va faire un petit déjeuner.
27:08 - On va faire un petit déjeuner.
27:10 - On va faire un petit déjeuner.
27:12 - On va faire un petit déjeuner.
27:14 - On va faire un petit déjeuner.
27:16 - On va faire un petit déjeuner.
27:18 - On va faire un petit déjeuner.
27:20 - On va faire un petit déjeuner.
27:22 - On va faire un petit déjeuner.
27:24 - On va faire un petit déjeuner.
27:26 - On va faire un petit déjeuner.
27:28 - On va faire un petit déjeuner.
27:30 - On va faire un petit déjeuner.
27:32 - On va faire un petit déjeuner.
27:34 - On va faire un petit déjeuner.
27:36 - On va faire un petit déjeuner.
27:38 - On va faire un petit déjeuner.
27:40 - On va faire un petit déjeuner.
27:42 - On va faire un petit déjeuner.
27:44 - On va faire un petit déjeuner.
27:46 - On va faire un petit déjeuner.
27:48 - On va faire un petit déjeuner.
27:50 - On va faire un petit déjeuner.
27:52 - On va faire un petit déjeuner.
27:54 - On va faire un petit déjeuner.
27:56 - On va faire un petit déjeuner.
27:58 - On va faire un petit déjeuner.
28:00 - On va faire un petit déjeuner.
28:02 - On va faire un petit déjeuner.
28:04 - On va faire un petit déjeuner.
28:06 - On va faire un petit déjeuner.
28:08 - On va faire un petit déjeuner.
28:10 - On va faire un petit déjeuner.
28:12 - On va faire un petit déjeuner.
28:14 - On va faire un petit déjeuner.
28:16 - On va faire un petit déjeuner.
28:18 - On va faire un petit déjeuner.
28:20 - On va faire un petit déjeuner.
28:22 - On va faire un petit déjeuner.
28:24 - On va faire un petit déjeuner.
28:26 - On va faire un petit déjeuner.
28:28 - On va faire un petit déjeuner.
28:30 - On va faire un petit déjeuner.
28:32 - On va faire un petit déjeuner.
28:34 - On va faire un petit déjeuner.
28:36 - On va faire un petit déjeuner.
28:38 - On va faire un petit déjeuner.
28:40 - On va faire un petit déjeuner.
28:42 - On va faire un petit déjeuner.
28:44 - On va faire un petit déjeuner.
28:46 - On va faire un petit déjeuner.
28:48 - On va faire un petit déjeuner.
28:50 - On va faire un petit déjeuner.
28:52 - On va faire un petit déjeuner.
28:54 - On va faire un petit déjeuner.
28:56 - On va faire un petit déjeuner.
28:58 - On va faire un petit déjeuner.
29:00 - On va faire un petit déjeuner.
29:02 - On va faire un petit déjeuner.
29:04 - On va faire un petit déjeuner.
29:06 - On va faire un petit déjeuner.
29:08 - On va le mettre là.
29:10 - Là, dehors.
29:12 - Ça a été un grand choc.
29:14 - Parce que tout ce qu'on avait réussi à construire,
29:16 - ça s'est effondré du jour au lendemain.
29:18 - Ça, je peux le mettre à dehors.
29:20 - À aller faire mes courses,
29:22 - moi j'allais avec mon auxiliaire,
29:24 - j'allais dans les magasins,
29:26 - j'allais choisir mes aliments.
29:28 - Là, je ne peux plus le faire.
29:30 - Donc, c'est tout bête.
29:32 - Mais ça, ça nous fait sentir vive,
29:34 - sentir être adulte.
29:36 - Ça vous manque ?
29:38 - Oui, ça me manque.
29:40 - Bien que j'ai un pépin de santé,
29:44 - ça devient très compliqué,
29:46 - parce qu'il n'y a pas d'auxiliaire pour m'aider.
29:48 - Si mes parents ne sont pas prêts à intervenir,
29:50 - je peux me retrouver en très grosse difficulté.
29:52 - On est en astreinte.
29:58 - C'est-à-dire qu'à tout moment,
30:00 - elle peut avoir besoin de nous pour quelque chose.
30:04 - Elle peut lui arriver de faire tomber quelque chose.
30:06 - Enfin, je ne sais pas, son masque pour respirer,
30:08 - elle ne peut pas le ramasser.
30:10 - Donc, ça lui arrive de nous téléphoner la nuit
30:12 - pour qu'on se déplace.
30:14 - C'est sûr, c'est évident.
30:16 - Pour se projeter dans l'avenir,
30:18 - c'est beaucoup plus angoissant et incertain,
30:20 - parce que s'il arrive quelque chose à mes parents,
30:22 - vertige me tourne.
30:24 - Voilà, donc on est dans une situation qui...
30:28 - Voilà, on est en insécurité.
30:32 - Moi, je me sens en insécurité
30:34 - et je n'arrive plus à me projeter de façon sereine
30:36 - dans l'avenir.
30:38 Les parents de Sarah ont engagé une auxiliaire de vie.
30:44 Une heure tous les soirs.
30:46 900 euros par mois, à leurs frais.
30:50 Sans cette aide,
30:54 Sarah aurait arrêté de travailler
30:56 et serait retournée vivre chez ses parents.
30:58 Son témoignage,
31:00 "Sauvez mon droit d'exister",
31:02 a été repéré par une petite association
31:04 qui l'a publié sur son site.
31:06 La Coordination Handicap et Autonomie
31:12 a peu de moyens.
31:14 Mais elle est hyper active sur les réseaux sociaux.
31:18 Elle se mobilise
31:22 pour que les heures de prestations de compensation du handicap
31:24 soient en place.
31:26 Pour que les prestations de compensation du handicap
31:28 ne soient pas réduites par l'administration.
31:30 Un combat mené par Yves Mallet,
31:38 retraité et bénévole
31:40 dans le département de l'Île-et-Vilaine.
31:42 - C'est un tel parcours du combattant,
31:48 ces dossiers de prestations de compensation du handicap,
31:50 que je comprends parfaitement
31:54 que les gens, à un moment donné,
31:56 ils en ont marre et puis ils baissent les bras.
31:58 Ils disent "On arrête".
32:00 De nombreux handicapés se plaignent
32:04 de la réduction de leur temps d'aide à domicile.
32:06 Cela intrigue Yves Mallet,
32:10 qui décide alors d'enquêter.
32:12 Et sur Internet,
32:16 il met la main sur un document de l'administration
32:18 qui n'aurait jamais dû être publié.
32:20 - J'ai cherché,
32:22 puis je suis tombé sur le site
32:24 de l'AMDPH de l'ISER
32:26 et sur le site de l'AMDPH de l'ISER,
32:28 il y avait effectivement une information
32:30 sur un nouveau guide,
32:32 avec comme sous-titre "Heure aide humaine".
32:34 Donc je me suis dit
32:36 "Ce doit être ça".
32:38 C'est un guide de la Caisse nationale de solidarité
32:42 pour l'autonomie.
32:44 Un des organismes
32:46 qui finance les aides pour les handicapés.
32:48 Il est utilisé par l'administration
32:50 pour évaluer le nombre d'heures d'aide nécessaires.
32:52 Dans ce document,
32:58 Yves Mallet découvre un minutage très précis
33:00 des gestes que doivent effectuer
33:02 les auxiliaires de vie.
33:04 - L'alimentation, l'élimination, la toilette,
33:10 chaque acte est disséqué.
33:12 Et c'est là que l'on trouve
33:14 les données de la Caisse nationale de solidarité.
33:16 Chaque acte est disséqué
33:18 en minutage.
33:20 C'est-à-dire que par exemple, pour la toilette,
33:22 on a fait des fichiers
33:24 où on mettait "toilette du haut",
33:26 "toilette du bas",
33:28 "se laver les dents", "2 minutes et demi",
33:30 pas plus.
33:32 - Pourquoi est-ce que vous trouvez ça choquant,
33:34 ce minutage ?
33:36 - On trouve ça choquant
33:38 au niveau de notre association,
33:40 parce que ça ne correspond pas
33:42 du tout
33:44 à l'esprit de la loi.
33:46 C'est-à-dire que l'esprit de la loi,
33:48 c'est analyser les besoins
33:50 d'une personne en situation de handicap
33:52 en fonction de son projet de vie.
33:54 Le projet de vie d'une personne handicapée,
33:56 c'est pas manger,
33:58 dormir,
34:00 se laver,
34:02 etc. C'est pas ça, un projet de vie,
34:04 pour nous. Ça, c'est un projet de survie.
34:06 - Choqué par cette logique comptable,
34:10 Yves Mallet publie
34:12 le guide sur Internet.
34:14 La réaction
34:16 des handicapés est immédiate.
34:18 Étienne Boulet réalise
34:22 une nouvelle vidéo, toujours avec humour.
34:24 - J'ai eu
34:28 un petit titre, et...
34:30 Comment dire ?
34:32 Pourquoi ?
34:38 Pourquoi ?
34:40 - Lourdement handicapé,
34:42 Étienne bénéficie
34:44 de toute l'aide dont il a besoin.
34:46 - Oui, je suis un petit
34:48 chasseur.
34:50 - Mais par solidarité,
34:54 il a décidé
34:56 de tester lui-même les minutages
34:58 pour en montrer l'absurdité.
35:00 Dans le guide,
35:02 pour manger son petit déjeuner,
35:04 c'est 5 minutes.
35:06 Son auxiliaire de vie doit gaver Étienne
35:08 pour qu'il rentre dans les temps.
35:10 Dans la catégorie
35:14 "prendre soin de son corps",
35:16 c'est 6 minutes pour la peau,
35:18 la barbe et les ongles.
35:20 De son côté,
35:30 Yves Mallet poursuit son enquête
35:32 dans son association avec Mathilde Fuchs.
35:36 Ils mettent la main sur un document
35:38 qui prouve que le guide a bien été utilisé
35:40 dans leur département.
35:42 Cette étude indique
35:44 pourquoi certaines aides aux handicapés
35:46 ont été réduites.
35:48 Et parmi les motifs,
35:50 l'utilisation du guide.
35:52 En Ille-et-Vilaine,
35:54 20 personnes se sont vues réduire leurs aides
35:56 à cause du minutage.
35:58 Alors sur Facebook,
36:02 l'association lance l'alerte.
36:04 Elle parle de maltraitance,
36:06 crée une pétition en ligne
36:08 afin de convaincre
36:10 la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie
36:12 de supprimer son guide.
36:14 Mais il ne s'arrête pas là.
36:18 Mathilde décide
36:20 d'aller interpeller directement
36:22 la Caisse nationale lors d'une conférence publique
36:24 à Paris.
36:26 Une intervention qu'elle poste sur Youtube.
36:28 - C'est ma collègue
36:30 militante au clé
36:32 qui m'a filmé avec son portable
36:34 afin de garder une trace
36:36 de notre intervention ce jour-là
36:38 et de la diffuser.
36:40 - Je vais justement parler
36:42 d'un guide
36:44 de la CNSA édité
36:46 en 2013 à propos
36:48 de la VCH Aid Human
36:50 et qui va totalement aller en contre
36:52 de tout ce que vous venez
36:54 de dire.
36:56 - On a acheté des micros-cravates
36:58 amplificateurs parce qu'on a
37:00 des toutes petites voix et c'est à l'aide
37:02 d'un grand fille
37:04 dans lequel on savait par avance
37:06 qu'on n'allait pas nous entendre
37:08 et qu'on n'allait pas nous donner la parole aussi.
37:10 - Dans les faits, nous, ce qu'on voit
37:12 sur le terrain, c'est une régression.
37:14 Une forte régression
37:16 de notre autonomie.
37:18 Et justement, alors que nos discours
37:20 sont bien et beaux,
37:22 et bien la pratique,
37:24 elle se dégrade et elle
37:26 devient déshumanisante.
37:28 - Sur le moment,
37:30 on s'est regardé, qui c'est qui va
37:32 et bon, ben c'est moi qui ai parlé,
37:34 mais ça aurait pu être quelqu'un d'autre.
37:36 - On n'a pas envie que ça et on va continuer
37:38 à se battre pour notamment
37:40 faire disparaître
37:42 ce guide qui va à l'encontre
37:44 de la loi, à l'encontre
37:46 de nos droits.
37:48 (musique)
37:50 (musique)
37:52 (musique)
37:54 (musique)
37:56 Mais que dit la loi ?
37:58 Alexandra Grevin est une avocate spécialisée dans le droit du handicap.
38:11 Actuellement, elle défend une dizaine de personnes dont les aides ont été drastiquement réduites.
38:19 Nous lui montrons la vidéo filmée par l'association.
38:25 Nous avons donc eu l'occasion de voir la vidéo filmée par Alexandra Grevin.
38:30 Je pense que cette jeune femme a complètement raison.
38:34 Moi, ce que je pourrais en effet ajouter, c'est que la CNSA, la Caisse Nationale de Solidarité et d'Autonomie,
38:40 ce n'est pas le législateur.
38:42 C'est un guide qu'ils ont fait pour essayer d'harmoniser les pratiques au sein des MDPH,
38:46 mais en attendant, ce guide-là, il ne respecte pas la loi.
38:49 Le législateur a vraiment expliqué les temps de minutage,
38:53 les temps de prestations de compensation,
38:56 les temps d'habillage, de toilettes, de surveillance, etc., de façon globale.
39:02 L'alimentation, par exemple, c'est 1h45 par jour.
39:05 Le temps de toilette, c'est 70 minutes.
39:08 Donc, on a des temps qui sont quantifiés, mais de façon assez globale.
39:13 Et finalement, ces précisions sont comme des restrictions,
39:16 parce que c'est extrêmement quadrillé, minuté.
39:21 Or, il y a des jours où un acte peut prendre 10 minutes,
39:24 et puis d'autres jours, ça va prendre 5 minutes.
39:27 Et puis, il y a des fois, il y a une personne qui va avoir un besoin,
39:29 et puis le lendemain ou quelques heures après, elle ne l'aura pas.
39:32 Donc, c'est finalement réduire la personne en situation de handicap à des minutes.
39:38 En quelques mois, la pétition de la Coordination Handicap et Autonomie prend de l'ampleur.
39:48 Cette mobilisation est payante.
39:51 Le guide est modifié et les minutages sont abandonnés.
39:56 Pour comprendre ce revirement de situation,
40:01 nous nous rendons à la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie.
40:05 Pourquoi l'institution a-t-elle mis en place un minutage si précis ?
40:13 Nous avons rendez-vous avec Stéphane Corbin,
40:18 en charge de la prestation de compensation du handicap.
40:21 Là, ce tableau qu'il y avait dans cette version 2013 du guide,
40:28 c'était assez précis, là, "manger son petit déjeuner", c'est 5 minutes.
40:32 Comment les équipes sont arrivées à trouver ce 5 minutes ?
40:35 Il y a eu des tests ?
40:37 Oui, ce n'étaient pas des tests en situation,
40:40 c'était de se dire sur un volume d'heures globales d'intervention,
40:45 si nous devons effectivement créer des subdivisions,
40:49 essayons de voir ce qui apparaît comme étant le plus proche de la réalité.
40:54 Et on s'est aperçus assez vite que finalement,
40:58 il avait plus d'inconvénients que de qualité,
41:01 et c'est pour cela que nous y avons renoncé,
41:05 c'est que dans son utilisation,
41:08 il pouvait avoir vocation finalement à réduire la durée de prestation.
41:12 Et donc vous l'avez supprimé,
41:15 donc il n'y a plus de minutage et il n'y a plus de tableau Excel et de grilles dans le nouveau guide.
41:20 C'est cela.
41:22 J'ai rencontré Sarah qui est professeure de français le matin.
41:26 Elle, elle a eu 8 heures d'adhumen par jour en 2012.
41:30 Nous montrons à Stéphane Corbin le réveil de Sarah Salmona,
41:38 qui doit se lever seule depuis la réduction de sa prise en charge.
41:43 Si manifestement, c'est ce que vous souhaitez me faire prendre conscience,
41:52 la personne n'a pas suffisamment d'aide par rapport à ses besoins,
41:56 manifestement, il faut sûrement revoir le besoin tel qu'il a été évalué.
42:02 Mais je n'ai pas participé à cette évaluation, je ne connais pas cette situation-là.
42:07 Et donc je ne peux pas apporter là-dessus un jugement qui consisterait à dire
42:12 au regard de cette vidéo, cette personne n'a pas assez d'heures et c'est bien scandaleux.
42:17 Sa situation étant intenable, Sarah est allée en justice.
42:24 Elle n'espère pas récupérer les 6 heures perdues, mais au moins une partie.
42:34 Je n'ai demandé que 3h30 parce que j'ai eu peur qu'on ne me les accorde pas.
42:38 Et donc j'ai demandé le minimum vital en me disant on ne pourra pas me refuser le minimum vital.
42:44 En 2015, le tribunal lui accorde 3h30 par jour au lieu des 2h22 dont elle devait se contenter jusque-là.
42:51 Le tribunal statuant publiquement déclare recevable en la forme le recours de Mme Salmona Sarah.
42:58 Voilà.
43:00 - Et du coup vous avez récupéré ces 3h30 d'aide ?
43:04 - Et je ne les ai pas récupérées puisqu'un mois après, la MDPH des Yvelines a fait appel de cette décision.
43:13 Sarah a gagné son procès, mais l'appel est suspensif.
43:19 En attendant le jugement final, sa situation reste la même.
43:23 Elle ne bénéficie toujours que de 2h22.
43:27 - Qu'est-ce que vous en pensez de cette politique d'appel ?
43:30 - Je pense qu'il est absolument anormal que encore une fois,
43:37 pour bien des personnes en situation de handicap qui n'ont pas les moyens,
43:42 l'appel est une façon au fond de contraindre...
43:48 - De dissuader les gens.
43:50 - De dissuader les gens, oui, de poursuivre.
43:52 Parce qu'ils n'ont pas les moyens de continuer comme ça.
43:56 On est loin de l'esprit de la loi de 2005, c'est ça que je veux dire.
44:01 On a l'impression d'être devant une administration hermétique, éborgnée.
44:09 - Oui, et ça peut être très grave, parce que nous on s'en sort.
44:14 Des personnes sans revenus, sans moyens, la situation peut aller jusqu'à l'hospitalisation.
44:24 Parce qu'une personne sans aide, qu'est-ce qu'il fait ?
44:29 Il va se faire hospitaliser parce qu'il peut plus vivre tout seul.
44:32 Donc c'est un système qui peut broyer l'individu, vraiment.
44:36 C'est... C'est... C'est infâme, quoi.
44:39 - Sarah devra patienter encore de longs mois avant le jugement en appel.
44:45 La maison départementale des personnes handicapées a décliné notre demande d'interview.
44:52 Mai 2017, Emmanuel Macron est élu président.
44:55 Sarah abat sa dernière carte en l'interpellant sur Facebook.
44:59 - Monsieur Macron, vous dites vouloir faire du handicap une priorité de votre quinquennat, et je m'en réjouis.
45:07 - Sur cette vidéo, elle se filme dans son quotidien pour montrer concrètement
45:11 à quel point une auxiliaire de vie lui est indispensable.
45:15 - Ces restrictions d'aide humaine se généralisent partout en France.
45:19 Je ne suis pas un cas isolé, et c'est le problème que vous devez résoudre.
45:24 J'espère que vous aurez ce message.
45:26 Et pour ceux qui ne font pas de la politique, eh bien partagez un maximum
45:30 pour qu'on finisse par nous entendre là-haut.
45:33 - Sa vidéo touche les internautes.
45:36 En 5 jours, son coup de gueule est déjà vu plus de 300 000 fois.
45:40 Elle est même l'invité du journal de France 2.
45:46 (Bruit de téléphone)
45:48 Paris réussit. 3 jours après son passage sur France 2,
45:58 Sarah est reçue au ministère de la Santé.
46:01 - C'est un sacré victoire que je n'avais absolument pas imaginé.
46:07 Il y a une semaine de ça, j'ai posté mes vidéos.
46:10 Ça fait 2 ans que je suis dans mes démarches administratives.
46:14 Et là, en une semaine, j'ai un rendez-vous avec la secrétaire d'Etat.
46:18 C'est assez incroyable.
46:20 - Elle pensait avoir rendez-vous avec Sophie Cluzel,
46:27 la secrétaire d'Etat au handicap.
46:29 - Bonjour. - Bonjour.
46:31 - Enchantée. Merci de me recevoir.
46:33 - Alors, c'est Patrice et Eleni qui vont vous recevoir.
46:37 Parce que c'est à peu près qu'on part cet après-midi
46:40 pour un séminaire gouvernemental.
46:42 - Allez, je vous laisse bosser.
46:45 La secrétaire d'Etat s'éclipse.
46:48 - Bonjour. - Bonjour.
46:50 Ce sont ses conseillers qui reçoivent Sarah pendant 1 heure.
46:53 Mais interdiction de filmer.
46:56 A la fin du rendez-vous, la secrétaire d'Etat est de retour
47:00 pour la photocommunication.
47:02 - On peut faire une photo toutes les 2,
47:04 puis on fait une photo aussi avec Elis.
47:06 C'est à voir que vous avez plus de chance.
47:08 Vous me dites par rapport au fond, parce que là, c'est pas...
47:11 - C'est bon.
47:13 Mais pour l'instant, pas d'avancée ni de promesses fermes.
47:19 - Je suis allée frapper à leur porte,
47:23 vraiment au sens propre du terme.
47:26 Maintenant, je réalise bien que le problème va pas se résoudre demain
47:32 et qu'il va falloir maintenir une forte pression.
47:36 Et il faudrait pas que je sois toute seule.
47:40 Pour Sarah, la pression va payer.
47:43 Quelques jours seulement après son rendez-vous,
47:46 la maison départementale des personnes handicapées
47:49 lève son appel, comme par magie,
47:52 et lui accorde les 3h30 qu'elle demandait.
47:56 En revanche, pour les autres personnes dans sa situation,
48:00 le problème reste entier.
48:03 Sur Internet, nous tombons sur un dernier problème
48:06 auquel sont confrontées de nombreux handicapés,
48:09 avec cette vidéo intitulée "Le prix de l'amour".
48:13 C'est l'histoire d'Andy, une jeune femme de 30 ans, vivant à Paris.
48:19 Andy est atteinte d'une maladie dégénérative.
48:22 Ainsi, depuis ses 20 ans, elle a le droit à l'AAH,
48:26 l'allocation adulte handicapé.
48:29 Lors d'une soirée, elle fit même la rencontre de Paul,
48:32 qui ne tarda pas à tomber en colère.
48:35 Qui ne tarda pas à tomber sous le charme de la pétillante Amy.
48:40 Cette vidéo est diffusée sur une mystérieuse page Facebook.
48:45 "AAH Investigation".
48:48 L'homme qui a créé cette page habite Grenoble.
48:58 Kevin Polizano a 30 ans.
49:06 Cet ingénieur informatique est devenu tétraplégique
49:10 à la suite d'un accident.
49:12 Il ne touche plus l'AAH,
49:14 l'allocation adulte handicapé de 800 euros,
49:17 depuis qu'il travaille.
49:20 - On se dirige vers la CAF de Grenoble.
49:23 La CAF, c'est l'organisme payeur de l'AAH.
49:27 - C'est quand la dernière fois que t'es venu ici ?
49:29 - C'était il y a 2 ou 3 ans, je sais plus exactement.
49:33 En 2014, il me semble.
49:36 Et c'est ici qu'a commencé son enquête.
49:43 - Dans un premier temps, je touchais l'AAH à top plein.
49:48 Donc l'allocation était versée à 800 euros par mois.
49:51 Et puis ensuite, quand j'ai commencé à travailler,
49:54 il y a eu une baisse de l'AAH.
49:56 Et j'ai voulu comprendre cette variation-là.
49:58 Donc j'ai pris rendez-vous avec un conseiller.
50:00 Et en fait, eux, dans la pratique, je leur donne mes ressources.
50:04 Ils rentrent à l'intérieur de leur logiciel ces ressources.
50:08 Et en sortie, il y a le montant de l'AAH.
50:10 Donc c'est une boîte noire dans laquelle, en fait,
50:12 le fonctionnement interne n'est pas explicité.
50:15 Et c'était ça que j'essayais de comprendre en venant ici.
50:18 Après plusieurs rendez-vous, donc j'ai pas eu cette explication,
50:21 j'ai été directement voir à l'intérieur des textes de loi
50:24 ce que disait le Code de la Sécurité Sociale.
50:27 (musique)
50:32 En quelques mois d'enquête, Kevin découvre que le montant de l'AAH
50:36 diffère en fonction de la situation familiale,
50:39 en couple ou célibataire.
50:42 Il l'explique dans une vidéo d'animation.
50:45 L'histoire d'Andy, une jeune handicapée qui tombe amoureuse.
50:49 (musique)
50:52 Son film sera vu plus de 100 000 fois.
50:55 (musique)
50:57 Ils filent le parfait amour et décidèrent de sauter le pas
51:00 en s'installant ensemble.
51:02 J'ai découvert que c'est dès lors qu'on se déclare en couple
51:05 qu'on a un formulaire à remplir à la CAF
51:08 où on déclare nos revenus.
51:10 Et il y a une petite case où on coche si notre situation a changé,
51:14 donc situation maritale, situation en concrubinage ou en PACS.
51:18 À peine emménagée, Andy allait vite déchanter.
51:21 Car elle s'aperçut que la CAF ne lui versait plus l'AAH.
51:25 Ne comprenant pas ce qu'il se passait,
51:28 elle prit rendez-vous avec un conseiller
51:30 qui lui expliquait que cette suppression d'allocations
51:33 était liée à ce que Paul gagnait.
51:35 J'ai essayé de faire un format un peu plus accessible,
51:37 une vidéo de 5 minutes,
51:39 qui essaie de synthétiser le problème à travers l'histoire d'Andy.
51:43 Voici comment varie le montant de l'AAH versé
51:46 en fonction des revenus du conjoint.
51:49 Paul, gagnant 2200 euros net par mois,
51:52 l'AAH d'Andy est de fait réduite à zéro.
51:56 Et parce que son handicap a changé ?
51:59 Non, son statut n'a pas changé,
52:01 uniquement le fait d'être déclaré en couple.
52:03 Cette situation difficile à supporter pour Andy, si indépendante,
52:07 pesa sur leur couple.
52:09 Au point qu'ils finirent par y mettre un terme.
52:12 On met en avant le fait de vouloir au maximum
52:15 autonomiser les gens, de vouloir favoriser la vie en couple.
52:20 Et là, on se rend compte que ce mode de calcul
52:23 est un obstacle à sa réalisation.
52:26 Pourquoi, dans le cas où Andy vit sous le même toit que ses parents,
52:30 qui ont une bonne situation financière,
52:32 son AAH est préservé à taux plein ?
52:34 Tandis que dans le cas où elle vivait sous le même toit
52:37 que son concubin, qui a un revenu moyen,
52:39 son AAH lui était tout bonnement supprimé.
52:42 Ça a été plus viral que je pensais sur les réseaux sociaux.
52:46 Et c'est là qu'on se rend compte de l'ampleur du problème,
52:49 qu'il y a beaucoup plus de couples qui sont concernés par cette situation.
52:53 Je reçois périodiquement des mails à ce sujet,
52:56 de personnes qui m'exposent leur situation
52:59 en disant qu'ils ne savent pas comment faire.
53:01 Soit ils le découvrent tardivement,
53:03 et devant le fait accompli,
53:05 ils se rendent compte que leur AAH a été supprimé.
53:07 Et on vient à regretter de cette déclaration en couple.
53:11 - À regretter ?
53:12 - Oui, certains m'ont avoué avoir pour projet de se dépaxer
53:18 ou de divorcer pour retrouver une situation financière pérenne.
53:24 Parmi les centaines de témoignages que Kevin a reçus,
53:29 celui d'une femme qui habite en Bretagne.
53:35 Elle souhaite garder l'anonymat pour préserver son conjoint.
53:39 Depuis plusieurs années, elle souffre d'une maladie auto-immune
53:49 qui détruit petit à petit ses articulations.
53:52 Elle ne peut plus travailler.
53:54 Elle bénéficie donc de l'allocation adulte handicapée.
53:59 Mais quelques mois après s'être paxée
54:02 et avoir emménagé avec son conjoint,
54:05 la mauvaise nouvelle tombe.
54:07 Son allocation est fortement réduite.
54:10 Et bientôt, avec l'augmentation de salaire de son compagnon,
54:14 elle sera supprimée.
54:16 - On ne peut pas rencontrer quelqu'un en disant
54:24 "adopté" ou "adopté".
54:26 On ne va pas y avoir que le regard des autres
54:30 que tu vas devoir affronter.
54:32 Il y a aussi le fait que tu vas devoir subvenir à mes besoins.
54:36 Si en plus, il doit sponsoriser mon handicap,
54:40 je ne me sentirai plus de prendre des décisions,
54:44 de donner mon avis.
54:46 Et donc je me sentirai comme une mineure
54:49 qui va être obligée de faire des choses.
54:52 Je ne vais pas donner mon avis.
54:54 Et donc je me sentirai comme une mineure à vie.
54:57 La conséquence directe, elle a été celle
55:01 de devoir rompre notre pax
55:04 et fiscalement se séparer.
55:07 Il ne doit plus du tout faire partie de ma vie
55:11 en ce qui concerne l'argent, les factures, quoi que ce soit.
55:19 - Ce mode de calcul pour les couples
55:22 fait l'objet de nombreuses pétitions en ligne.
55:25 Certains élus ont également fait part de cette injustice
55:29 au ministère de la Santé.
55:32 Jusqu'à présent, sans aucun effet.
55:36 - Un jour, ça va changer, quand même.
55:41 - Vous avez espoir que cette loi change ?
55:44 - Si j'ai pas l'espoir...
55:46 De toute façon, il faut qu'elle change, la loi.
55:49 Elle est pas juste, donc...
55:51 Justement, avec le handicap, on voit bien qu'on n'est pas égaux.
55:55 Donc au moins, que ce soit équitable.
55:59 ...