Certains métiers sont-ils réservés aux hommes ? Soucieuse de ne pas se laisser influencer par les clichés, Mona Lalanne s’est lancée dans la plomberie. La cofondatrice de “Le sourire de la plombière” nous raconte son parcours de femme dans un univers majoritairement masculin.
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00:12 Fenêtre sur l'emploi, je vous l'ai dit, nous allons recevoir pour la première fois, on a reçu évidemment beaucoup beaucoup de métiers,
00:19 mais pour la première fois nous recevons une plombière sur notre plateau. Une plombière n'est pas une glace, mais c'est le féminin du mot "plombier".
00:25 Et c'est vrai que l'image d'Epinal veut que le plombier soit un homme un peu barraqué qui porte sa musette et on accueille Mona Lalanne.
00:31 Bonjour Mona.
00:32 Bonjour.
00:33 Très heureux de vous accueillir. Alors vous assumez totalement ce mot plombière puisque c'est le sourire de la plombière qui est le nom de votre entreprise.
00:39 Vous êtes sur Paris, petite couronne, 3, 4 salariés.
00:44 3.
00:44 3, dont vous.
00:46 Oui.
00:46 Et c'est-à-dire qu'on est bien d'accord que vous n'êtes pas en comptabilité derrière votre ordinateur. Vous avez la camionnette, le sac.
00:54 La camionnette, tout à fait, le sac d'outils, le chalumeau.
00:57 Et l'ensemble des outils pour permettre de régler le chauffe-eau ou de le réparer.
01:01 Exactement.
01:02 Quelques mots d'abord avant de parler de votre métier qui est un métier très rare parce qu'on se bat les plombiers et les plombières.
01:08 Votre parcours Bac+4, c'est-à-dire dans la mode et dans l'art.
01:13 Oui, j'ai une maîtrise en mode. J'ai une maîtrise en mode donc voilà j'ai un Bac+4.
01:17 Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
01:18 Il s'est passé qu'après 10 ans passé dans le secteur du textile et celui de l'art, j'en ai eu marre.
01:25 J'étais salariée aussi et un ras-le-bol a fait que j'ai voulu faire un bilan de compétences.
01:31 Et CAP derrière ?
01:33 Et voilà. Et donc le bilan de compétences m'a donné le secteur d'activité du bâtiment et je me suis renseignée sur les formations dans le bâtiment.
01:40 Et les formations d'adultes, donc des formations un peu plus courtes et le CAP de plombier.
01:46 Parce qu'on vous a détecté, j'imagine, une appétence pour le travail manuel.
01:50 Enfin j'imagine, la construction, c'était quoi le... Qu'est-ce qui a fait que vous êtes arrivée à faire ce métier et que vous exercez d'ailleurs ?
01:56 Alors le point de départ c'était que je souhaitais devenir indépendante. Je voulais être ma propre patronne.
02:03 Et la deuxième chose c'était de trouver un secteur d'activité où il y avait du travail et dans lequel je pouvais me rémunérer très rapidement.
02:13 Donc il y avait le secteur de la restauration et celui du bâtiment. La restauration impliquait, à mon sens, trop d'inconvénients.
02:20 Et celui du bâtiment, je ne sais pas pourquoi, mais dans mes recherches, la plomberie, il y avait la soudure.
02:29 Et je me suis dit, si ça ne fonctionne pas, je vais apprendre un savoir-faire et je vais pouvoir m'amuser chez moi à braser le cuivre ou à souder l'acier.
02:37 Oui parce que c'est souder l'acier, braser, c'est quand on est plombier, là on travaille des... Et aujourd'hui, d'abord un, vous ne regrettez pas,
02:44 vous avez trouvé cette liberté, l'épanouissement que vous recherchiez finalement ?
02:48 Ah mais tout à fait, j'ai une entreprise qui fonctionne, qui marche, je gagne ma vie. Avec mon associé, on apprécie de se lever le matin pour aller travailler.
02:57 Donc non, c'est que du positif.
02:59 On parle d'argent, on dit que les plombiers gagnent très bien leur vie. On entend souvent des parents qui disent,
03:03 si tu voulais te faire une filière bouchée, t'aurais dû faire plombier. C'est vrai ou pas ?
03:09 Je pense que les bouchés aujourd'hui gagnent assez bien leur vie.
03:13 Parce qu'on n'en a plus de bouchés.
03:14 C'est ça exactement. Le bâtiment, lorsqu'on sait travailler, lorsqu'on est responsable, qu'on a de l'expérience,
03:24 on acquiert des compétences et un savoir-faire qui aujourd'hui est rémunérateur. Il n'y a aucun doute de ça.
03:30 La porte s'ouvre, le rendez-vous a été pris, vous, votre associé a pris le rendez-vous, puis tout d'un coup la porte s'ouvre et on a Mona Lalanne qui est devant.
03:39 Comment ça réagit ? Qu'est-ce que les gens vous disent ?
03:41 Les clients qui nous appellent directement grâce au nom "Le sourire de la plombière" savent que 80% de chances, ça soit une femme qui arrive chez eux.
03:51 Parce qu'on a aussi le troisième "Est un garçon".
03:54 "Est un garçon", absolument.
03:56 Pour tous les clients qui viennent grâce au biais des assurances, ça peut être une surprise, mais c'est toujours très bien reçu.
04:06 Et on vous pose des questions, forcément ?
04:08 Pas forcément, aujourd'hui, pas forcément. C'est pas si étonnant que ça.
04:12 Ils sont plutôt agréablement surpris et en joie de voir des femmes dans le milieu.
04:20 Avant de nous quitter, vous cassez les codes, on est d'accord ? C'est aussi ça, par le titre de l'entreprise, par ce que vous représentez aujourd'hui sur ce plateau, vous cassez les codes.
04:28 La féminité n'est pas toujours mariée avec la plomberie, spontanément ?
04:32 Non, pas du tout.
04:34 On est d'accord ?
04:35 Là, vous me voyez habillée, entre guillemets, en civil.
04:37 Mais là, vous n'êtes pas en tenue de...
04:39 Ce matin, avant d'arriver sur votre plateau...
04:42 Vous aviez le bleu, la musette.
04:44 Ensuite, un capuche, le pantalon de travail, j'étais sale, j'ai fait des évacuations toute la matinée, je ne sentais pas bon.
04:51 Oui, parce que c'est aussi ce travail-là.
04:53 Et c'est le tuyau PVC, aussi, la plomberie.
04:55 Et oui, le fameux PVC.
04:57 Merci, Mona Lalanne, d'être venue nous rendre visite.
04:59 Vous êtes à Paris, petite couronne, dans le 10e arrondissement, je crois.
05:03 Merci de nous avoir rendu visite et de nous avoir fait partager votre parcours et votre passion.
05:07 L'émission est terminée. Merci.
05:08 Merci à vous, merci de l'avoir suivie, merci de votre fidélité.
05:10 Merci à Manique, à la réalisation.
05:12 Merci à Saïd, au son, aujourd'hui.
05:14 Et merci, évidemment, à Nicolas Juchat, à la programmation.
05:17 Et merci pour votre fidélité.
05:18 Je vous dis à très très bientôt. Bye bye.
05:20 [Musique]