• l’année dernière
Delphine Noels est une réalisatrice belge et activiste féministe pro palestienne. Elle était notre invitée dans le Carrefour de l'info

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Transcription
00:00 L'info sur Arabelle.
00:02 [Musique]
00:06 Bonjour, bonjour à tous. Tout de suite les principaux titres de votre carrefour de l'information.
00:11 Tout d'abord, Ramadan Mubarak à toutes et à tous.
00:14 Le jeûne du mois de Ramadan débute en effet aujourd'hui chez nous.
00:17 C'est ce qu'a fait savoir en tout cas hier en fin de journée le Conseil musulman de Belgique,
00:21 l'organe représentatif du culte islamique.
00:24 À l'international Gaza, la guerre se poursuit sans espoir de trêve.
00:28 Une guerre qui a provoqué une crise humanitaire majeure.
00:31 Plus de 2 millions d'habitants menacés de famine.
00:34 Et puis la guerre Israël-Hamas, le calvaire du médecin Ahmed Mouharabi Arafah,
00:39 le docteur chef du service de chirurgie plastique de l'hôpital Nasser Delphine Noël,
00:45 documentaliste, cinéaste, a publié une tribune sous le titre "Sauvons un chirurgien de Gaza".
00:51 Elle sera avec nous dans quelques instants.
00:53 Et puis en deuxième partie d'émission, comme tous les jours, nous irons au Maghreb.
00:56 L'Espagne qui a besoin de 26 000 chauffeurs marocains, dans le journal Le Matin.
01:01 L'Espagne qui fait face à un problème de disponibilité de ressources humaines dans le secteur des transports.
01:05 Voilà donc pour l'essentiel du Carrefour de l'Information qui démarre dans une première minute.
01:10 Le Carrefour de l'Info sur Arabel.
01:14 Je vous le disais il y a quelques instants, la guerre Israël...
01:25 Voilà, je vous le disais il y a quelques instants, la guerre Israël-Hamas.
01:28 Le calvaire du médecin Ahmed Mouradabi Al-Affahad,
01:31 le docteur chef du service de chirurgie plastique de l'hôpital Nasser,
01:36 a dû travailler 24h/24 pendant plus de 88 jours.
01:39 Il est aujourd'hui épuisé et fait exploser sa colère.
01:41 Écrit notamment France Info, un des chirurgiens de la bande de Gaza à bout de force,
01:46 cherche à quitter le territoire.
01:48 Une amie belge relève son témoignage, écrit la presse.
01:51 Et cette amie est justement avec nous aujourd'hui, Delphine Noël.
01:54 Bonjour. - Bonjour.
01:56 Delphine Noël, cinéaste, professeur de jeu d'acteur face à la caméra.
02:01 Tout d'abord, avant d'aller plus loin si vous voulez bien Delphine Noël,
02:04 une petite carte de visite. Qui est un petit peu Delphine Noël ?
02:08 Voilà, je suis cinéaste, je travaille à l'écriture de longs métrages.
02:14 J'essaye de poser un regard sur le monde.
02:18 J'essaye d'avoir un regard de citoyenne sur le monde
02:20 et de travailler à l'écriture de mes films, comme ça.
02:24 Ça m'implique dans la société.
02:28 J'ai notamment, il y a quelques années,
02:30 travaillé à essayer de sortir un réalisateur iranien,
02:35 Kaywan Karimi, de prison et de le faire sortir d'Iran.
02:39 Nous y sommes arrivés.
02:42 Ce qui m'a appris, que des choses qui peuvent paraître à priori impossibles
02:48 ne sont pas forcément si impossibles que ça.
02:51 Alors, vous avez publié récemment une tribune sous le titre
02:54 "Sauvons un chirurgien de Gaza"
02:56 pour décrire la situation à Gaza, le drame que vit aussi Ahmed,
03:00 son désir de quitter le territoire.
03:03 Votre témoignage peut-être ?
03:05 Voilà, Ahmed, je l'ai rencontré il y a plusieurs années
03:09 quand il étudiait à Londres.
03:11 Forcément, quand la guerre s'est déclenchée à Gaza,
03:18 je suis rentrée en contact actif avec lui, quasi quotidien,
03:23 quand les réseaux Wi-Fi le permettent,
03:26 parce que comme on le sait, quand Israël attaque fort,
03:30 il coupe tous les réseaux.
03:32 Et donc, j'ai pu suivre au jour le jour la trajectoire d'Ahmed pendant la guerre.
03:38 Et donc, au début de celle-ci, lui, il habitait à Deir el-Bala,
03:43 dans le centre de la bande de Gaza.
03:46 Sa maison s'est fait bombarder.
03:48 A l'époque, avant la guerre, il avait un petit cabinet médical dans sa maison,
03:55 plus il travaillait à l'hôpital Al-Shifa,
03:57 plus il était aussi chef de service au département de chirurgie reconstructive
04:02 et des grands brûlés à l'hôpital Nasser à Hanounès.
04:06 Donc, quand sa maison s'est fait bombarder,
04:09 il a pris la décision d'aller se réfugier à l'hôpital Nasser avec toute sa famille.
04:15 Il est resté jusqu'à la dernière minute à son poste.
04:24 Après avoir attaqué Gaza et Deir el-Bala,
04:29 l'armée israélienne s'est attaquée à Hanounès.
04:32 Et j'ai vraiment suivi au jour le jour
04:36 comment l'IDF s'est rapprochée de l'hôpital jusqu'à la Cernée totalement.
04:42 - Sans doute, vous avez part un petit peu de ce qu'il a vécu, son témoignage.
04:47 - Oui, alors voilà, ça a été une sorte de longue descente aux enfers,
04:53 avec de moins en moins à manger à l'hôpital.
04:57 Il faut s'imaginer une trentaine de milliers de personnes réfugiées dans l'hôpital.
05:02 C'était énorme.
05:04 L'armée israélienne, en début de janvier, a essayé de bombarder,
05:09 de les chasser, de faire évacuer le maximum de gens de l'hôpital.
05:15 - Sous prétexte qu'il y avait des tunnels utilisés par le Hamas sous l'hôpital.
05:18 - Toujours, oui. Ils prétextent ça.
05:20 En l'occurrence, ils n'ont rien trouvé.
05:22 À Nasser, ils ont creusé dans les rues autour.
05:27 - Pas de tunnel. - A priori, non.
05:30 Et donc, ils ont essayé de terroriser les gens à Nasser,
05:36 aussi de les empêcher de sortir,
05:39 pour finalement ouvrir des canaux, des créneaux,
05:43 pour que certains puissent partir.
05:46 Et il y a eu, comme ça, début janvier, une sorte de grand mouvement de panique,
05:50 où la plupart des gens ont essayé de partir.
05:53 Ahmed en a fait partie. Il a voulu partir.
05:57 Il a essayé... Il faut savoir qu'au début de la guerre,
06:00 une des actions que j'ai menées pour essayer de l'aider,
06:04 c'était de le mettre sous contrat MSF,
06:08 via un ami que j'ai à Paris.
06:11 Et ça a marché.
06:13 Donc, nous espérions qu'il puisse avoir accès à un shelter MSF,
06:17 vu qu'on s'attendait à ce que l'hôpital se fasse envahir.
06:21 Ça n'a pas marché, début janvier.
06:24 Et dans les mouvements de foule, sa petite-fille a fait une chute
06:31 et est tombée sur la tête, a une commotion cérébrale.
06:34 Il est rentré, il est retourné à l'hôpital Nasser.
06:37 Et là, quelques jours après, l'hôpital Nasser était complètement bouclé.
06:41 Et là, ça a été vraiment... Nous, on s'est dit "la fin".
06:45 Là, il s'est fait une fois tirer dessus,
06:51 alors qu'il était en train d'opérer, dans la salle d'opération.
06:54 Son infirmier s'est fait toucher.
06:57 L'hôpital se faisait de temps en temps toucher par des tirs
07:01 et se faisait harceler par les drones et les menaces.
07:06 Et vers la mi-février, ça a été l'invasion de l'hôpital,
07:14 en quelques jours, particulièrement, j'ai envie de dire, sadiques.
07:21 - Il y a des témoignages qui, selon une image, mettent le territoire palestinien, disons...
07:27 Est-ce qu'on peut dire que c'est l'enfer sur terre, d'après certains ?
07:30 - Moi, je crois que c'est pire que l'enfer.
07:32 Enfin, je ne sais pas, mais ce que j'entends dire, pour moi, c'est pire que l'enfer.
07:36 Pour moi, on est dans...
07:39 C'est des drones qui tournent autour de l'hôpital et qui leur disent "évacuez, évacuez animaux".
07:46 Et quand ils sortent, ils se font tirer dessus.
07:49 Et puis on les fait rentrer, on les fait attendre pendant des heures, on les bat, on les déshabille.
07:54 Là, on dépasse l'enfer.
07:57 Et rappelons-le, on est quand même dans un crime de guerre.
08:00 On est dans un hôpital.
08:02 - Ahmed Moghrabi est actuellement à Rafah, il est sous une tente, il souffre de froid.
08:07 Sa famille, ils n'ont accès à rien, pas d'électricité, pas d'internet.
08:11 Quelles sont les dernières nouvelles d'Ahmed ?
08:14 - Les dernières nouvelles, c'est qu'on essaye de le faire sortir de Rafah.
08:20 Ça se passe par la frontière égyptienne, ça coûte extrêmement cher.
08:28 On attend que des noms apparaissent sur des listes pour pouvoir sortir.
08:32 Et bien on attend, on attend, on attend.
08:35 Je pense que beaucoup... La frontière est engorgée.
08:39 - On a compris, c'est votre combat aujourd'hui, c'est quasiment une mission impossible.
08:43 Ou bien, comme vous l'avez dit en début d'émission, tout est possible ?
08:46 - Alors voilà, comme je le disais au début d'émission,
08:49 j'avais travaillé il y a quelques années avec un avocat,
08:52 que je suis allée retrouver en lui disant
08:55 est-ce qu'il y a des choses que nous pourrions imaginer de faire
08:58 pour essayer de sortir Ahmed et sa famille de Gaza.
09:04 Et il m'a dit, oui, nous pouvons tenter quelque chose.
09:07 Ce que nous pouvons tenter, c'est de lui obtenir un visa que je qualifierais de professionnel.
09:14 C'est-à-dire qu'actuellement, pour sortir de Gaza,
09:19 il n'y a pas moyen d'émettre des candidatures depuis Gaza,
09:26 vu que les bureaux ont été bombardés.
09:29 Par contre, quand il s'agit d'émettre une candidature pour raison professionnelle,
09:34 elle peut être émise par l'employeur depuis la Belgique.
09:38 Et donc, c'est vers ça que je me suis dit que je devais aller.
09:44 Et j'ai lancé un appel pour essayer de trouver un employeur pour Ahmed,
09:52 en sachant qu'Ahmed est un chirurgien ultra-qualifié,
09:58 qui, par ailleurs, bénéficie d'une immense expérience.
10:03 Et donc, j'ai essayé de lancer un appel via mes réseaux.
10:10 Ce n'est pas facile, parce que je ne suis pas dans les réseaux médicaux,
10:14 pour essayer de toucher les hôpitaux,
10:18 et que l'un d'entre eux, les hôpitaux, voire même les champs médicaux dans le sens large,
10:24 pour que l'un d'entre eux puisse ouvrir une porte et proposer du travail à Ahmed.
10:33 Une fois que le travail est trouvé, nous avons des pistes,
10:37 mais l'appel est toujours ouvert, je le dis tout de suite.
10:41 Nous avons des pistes, et donc l'idée, c'est qu'à partir de ce travail,
10:46 nous puissions demander un visa pour Ahmed.
10:50 C'est ce qu'on peut faire aujourd'hui, c'est ce que peut faire la Belgique,
10:54 pour ce chirurgien palestinien exceptionnel, comme vous le dites,
10:57 multi-diplômé, essayer de trouver un CHU capable d'acquérir ses services ?
11:04 Alors moi, je dirais qu'il y a plusieurs choses à faire.
11:06 Oui, il y a, si parmi ceux qui nous écoutent,
11:11 trouver du travail pour Ahmed, c'est la première chose à faire.
11:17 La deuxième chose à faire, c'est peut-être aussi de préparer son arrivée.
11:22 Ahmed, il est musulman, je sais que ça lui ferait très très chaud au cœur
11:28 qu'il soit accueilli aussi par la communauté musulmane, il me l'a dit.
11:32 Donc ça passe d'un appartement, des meubles, tout ça est à inventer.
11:40 Il s'agit d'un accueil chaleureux à préparer.
11:45 Mais il y a aussi, j'aimerais bien ajouter un mot sur le frère d'Ahmed,
11:50 qui lui était commerçant, qui lui aussi s'est fait bombarder son commerce,
11:54 et qui lui a eu la chance, si on puisse encore dire chance,
12:00 de ne pas être à Gaza au moment où la guerre s'est déclenchée,
12:04 parce qu'il rentrait de Turquie, il était au Caire, sur son retour vers Gaza.
12:09 Donc il est toujours au Caire, et avec lui nous allons essayer de créer
12:15 une demande de visa humanitaire pour la Belgique.
12:18 Et là aussi, cet homme, Younes, lui trouver du travail,
12:24 c'est pas pour faire une demande professionnelle parce que ce serait trop compliqué,
12:30 mais ça pourrait contribuer à construire une demande solide de visa humanitaire pour lui.
12:37 Donc en fait, il y a plein de petits gestes à faire,
12:42 et donc moi je fais appel à la solidarité de tous,
12:46 c'est pas forcément, si vous connaissez un chef de service dans un hôpital,
12:52 qu'on peut aider, en fait il y a plein de petites choses qui peuvent aider.
12:55 Oui, il faut rappeler que ce chirurgien palestinien, le docteur Ahmed Moghrabi,
13:01 est hyper qualifié, multidisplomé, donc c'est une compétence
13:05 qui peut bien évidemment être utile dans pas mal de CHU.
13:08 Voilà, il est spécialiste en chirurgie reconstructive et réparatrice,
13:13 mais aussi en chirurgie des grands brûlés.
13:15 Alors il a fait, il est spécialiste aussi, il a travaillé sur les attaques au phosphore,
13:23 en fait cet homme a perdu son père quand il était jeune,
13:28 il s'est retrouvé avec une charge de famille énorme très jeune,
13:33 et il a répondu à ce moment de détresse par de la surqualification.
13:38 Il a vraiment passé sa vie à toujours plus se qualifier.
13:43 Voilà, c'est à mon avis un grand homme.
13:46 Voilà, juste encore avant de nous quitter, Daphine Noël,
13:48 si vous avez un message à faire passer, le mot de la fin,
13:52 dans cette situation de guerre dans la bande de Gaza,
13:54 et ce début de Ramadan également pour tous les musulmans.
13:57 Eh bien moi je dis bon Ramadan à tous et à toutes,
14:00 mais je dis aussi Free Palestine et Stop Génocide.
14:05 Voilà, c'était la conclusion d'Elphine Noël, cinéaste, professeur de jeu d'acteur face à la caméra,
14:12 et amie de Dr Ahmed Moghrabi, chef du service de chirurgie à Plastique qui était à l'hôpital Nasser.
14:18 Merci pour votre témoignage.
14:20 Merci à vous, merci beaucoup.
14:21 On se retrouve dans quelques instants pour la suite du Carrefour de l'Info.

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