Jean-Luc Reichmann : "On m'a toujours dit qu'il était impossible de créer un jeu français"

  • il y a 6 mois
Jacques Pessis reçoit Jean-Luc Reichmann : l’animateur de jeux est également comédien. Il y a la fiction à la télévision avec Léo Mattei , mais aussi le théâtre. Il est à l’affiche de «Le bracelet » avec Isabelle Mergault, aux Nouveautés.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-03-11##

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Transcript
00:00 Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
00:03 Sud Radio, les clés d'une vie.
00:05 Mon invité, vous avez grandi à Toulouse, une ville rose aux couleurs de vos vies.
00:10 Vous emmenez plusieurs à la fois sur des plateaux qui vous ont conduit au sommet.
00:14 Chaque matin, vous reprenez le collier et au soir, aujourd'hui, vous portez un bracelet.
00:18 Bonjour Jean-Luc Reichman.
00:19 Vous allez bien Jacques ?
00:20 Très bien.
00:21 On se retrouve au micro de Sud Radio à la 1296ème alors que je vous attends depuis le début mais vous êtes tellement occupé.
00:27 Oh non, ça va, on prend toujours du temps pour les gens qu'on aime et vous en faites partie Jacques.
00:33 Je suis roqué.
00:34 Non, non, non mais j'ai énormément de respect à chaque fois pour tous vos portraits qui sont hyper chiadés.
00:41 Puis je vous ai suivi de très très longue date, comme on se le disait en hautaine,
00:46 à toutes ces lumières du musée Kohl que vous avez allumées et je m'en rappelle très très bien.
00:52 Et lorsque je n'avais pas de travail, je regardais l'après-midi, je faisais le matin 6h-9h sur une radio
00:59 et l'après-midi c'était mon plaisir de vous écouter, de vous regarder.
01:03 Eh bien mon plaisir c'est de vous recevoir aujourd'hui.
01:05 Merci.
01:05 Vous évoquez le bracelet au tas de nouveautés et on va en parler tout à l'heure, la pièce que vous jouez avec Isabelle Mergaux.
01:10 Mais le principe des "Clés d'une vie" c'est de raconter votre parcours à travers des dates clés.
01:14 Bien sûr.
01:14 Et la première que j'ai trouvée c'est le 23 novembre 1981.
01:18 Ce sont les débuts de Radio Cambo, ce livre à lequel vous avez participé.
01:22 Oui, c'était une folle aventure, la folle aventure des radios libres, on ne savait pas où on allait.
01:28 J'ai un copain qui était plombier et qui m'a dit "mais toi tu racontes super bien les histoires drôles".
01:33 Il vous a donné un tuyau en quelques secondes.
01:35 Et oui c'est exactement ça.
01:37 Il m'a dit "je viens de faire un dépannage d'une antenne sur une radio libre",
01:41 parce que c'était des radios libres bien évidemment, Radio Local Privé, RLP à l'époque,
01:45 "viens raconter une histoire".
01:47 Je lui ai raconté une histoire et le chef d'antenne m'a dit "mais tu les racontes quand même super bien,
01:51 viens le dimanche matin".
01:52 Et puis j'ai commencé les dimanches matins de 9h à 12h.
01:55 Et puis après je me suis retrouvé à faire toutes les matinales,
01:59 parce qu'on m'a dit que j'avais une voix qui était somme toute assez posée.
02:04 Vous aviez un pseudonyme "Bouguichaud".
02:06 Alors "Bouguichaud" c'était mon premier jeu radiophonique dans les années 81-82.
02:12 Vous savez c'était toujours à l'époque des surnoms, vous vous rappelez,
02:15 il y avait "Mitschou", "Mitsou" sur NRJ,
02:18 il y avait toutes ces personnes qui avaient des noms qui étaient assez ronflants à l'époque.
02:23 On avait déjà "Nicholsonville", ça sonnait quand même très très étranger et américain,
02:29 une attache à cette prise extraordinaire.
02:32 Et moi je me disais quand même "Reshman", c'est quand même hyper pas sexy,
02:34 Jean-Luc "Crèchman", les gens m'appelaient "Crèchman" parce qu'ils disaient "Jean-Luc Crèchman".
02:40 Je me disais "Tiens, qu'est-ce que je pourrais faire ?"
02:42 et j'ai fait le premier jeu radiophonique à l'époque sur Radio-Cambo,
02:46 comme vous l'avez dit ici justement,
02:47 où je faisais associer aux auditeurs une danse et un légume.
02:52 Et donc qu'est-ce qui allait sonner le mieux ?
02:54 Donc ils avaient inventé "Salsify", "Salsa" et puis c'était tombé sur "Bougui", "Chou",
03:00 avec la danse de "Bougui" et "Chou" parce que j'étais "Chou" à l'antenne.
03:04 Et le premier jeu de l'histoire à la radio en 1925, c'est Jean Noin qui l'a fait,
03:08 ça s'appelait "Le jeu des bruits", il fallait reconnaître un bruit à l'antenne.
03:11 - Et ben comme quoi ! - C'était pas si éloigné.
03:13 - Ah c'était en 1925, avec les petits garçons et les petites filles, c'était les "36 Jandelles" c'est ça ?
03:18 - Bien avant les "36 Jandelles", c'est 56.
03:20 - Non mais Jean Noin ! - Jean Noin il a commencé en 1925,
03:22 il était avocat et il a fait le premier radio privé.
03:25 - C'est merveilleux. - Et il a inventé plein d'émissions.
03:27 Et alors Radio-Combas, il y a eu une première version, je sais pas si vous le savez, en 75,
03:31 il y a un monsieur dans son salon qui a mis un pylône pas loin,
03:35 près de Toulouse, dans la banlieue de Toulouse, sur les coteaux de la Bège,
03:39 et il a fait la radio dans son salon.
03:41 Elle était interdite mais tout le monde venait,
03:43 y compris celui de Radio à l'époque qui venait d'aborder avec eux,
03:46 et il a arrêté en 81 parce qu'il y avait quand même d'autres problèmes.
03:50 - D'accord. - C'était Radio-Combas le premier.
03:52 - D'accord, c'est extraordinaire. - Alors ça se passait à Toulouse,
03:55 Toulouse, une chanson évoque bien sûr cette ville.
03:58 [♫♫♫]
04:08 - Toulouse, votre ville d'adoption, parce que vous êtes né à Fontainebleau,
04:11 et d'ailleurs tout le monde pense que vous êtes né à Toulouse.
04:13 - Oui, parce que j'ai fait 25 ans de ma vie à Toulouse,
04:18 et quelle vie et quelles 25 années, c'est toute ma jeunesse,
04:23 c'est vrai que papa a été dans les hypermarchés, dans les supermarchés,
04:27 au début c'était les Sumas, et puis il y a eu les Super Sumas,
04:31 et puis les Mammouths, donc à chaque fois qu'il y avait un nouveau supermarché
04:34 qui s'ouvrait, on l'amenait en mission, alors c'était un petit peu partout en France,
04:38 Fontainebleau, Paris, Montfermeil, et puis après il y a eu la plus grande surface
04:44 en hyper, qui s'appelait Super Sumas, et qui est devenue Mammouth,
04:48 donc j'ai débarqué à Toulouse, effectivement j'avais 8-9 ans.
04:53 - Et Fontainebleau, c'était vos très jeunes années,
04:55 il y a une chose étonnante à Fontainebleau, les américains lorsqu'ils s'interrogeaient
05:00 sur Charlie Chaplin au temps où on l'accusait d'être communiste,
05:03 ont fait une enquête et ont assuré qu'il était né à Fontainebleau.
05:06 - C'est extraordinaire.
05:08 - Et personne n'a pu contre-carrer cette information, qui était fausse.
05:12 - Ah oui, c'est extraordinaire.
05:14 - Alors les hypermarchés, effectivement les supermarchés,
05:16 les premiers étaient justement aux Etats-Unis, je sais pas si vous le savez, en 1920,
05:20 c'était des vieilles granges aménagées où on vendait les produits 20% moins chers,
05:24 et le premier s'appelait le magasin Piggy Wiggly, Petit Cochon à Perruque à Memphis.
05:29 - D'accord, c'est fantastique.
05:30 - Et vous, le supermarché, c'est quand même votre jeunesse,
05:33 vous y passiez une partie de vos loisirs.
05:35 - Mais quasiment tout le temps puisque j'accompagnais papa,
05:38 et moi c'était un grand plaisir en fait d'arrêter les réunions à 8h30,
05:44 papa allait serrer la main de tous les employés,
05:46 il n'était que directeur, il n'était pas du tout propriétaire de quoi que ce soit,
05:50 et la première fois où je suis à la caisse centrale,
05:54 parce qu'il y avait des caisses centrales à l'époque, vous vous rappelez de ça Jacques ?
05:58 Et il y a la caissière-chef qui dit "ben tiens, tu peux appeler ton papa
06:02 parce qu'il est attendu à la caisse centrale pour venir".
06:05 Et là j'ai pris le micro, j'avais 8 ans, j'ai dit "Monsieur Reichmann,
06:10 enfin papa est attendu à la caisse centrale",
06:12 et c'était à 8 ans et à partir de ce moment-là,
06:15 ça m'a un peu galvanisé, je me suis dit "mais qu'est-ce qui se passe ?"
06:19 D'un seul coup le supermarché Jacques s'est arrêté de vivre,
06:22 les caddies s'étaient arrêtés de rouler,
06:23 et ils avaient entendu la voix de cet enfant à l'âge de 8 ans
06:27 en train d'appeler Monsieur Reichmann à la caisse centrale,
06:29 et en fait j'ai dit "Monsieur Reichmann, enfin papa t'es attendu",
06:32 et ça a fait rire tout le supermarché de l'époque,
06:36 et je me suis aperçu là je pense Jacques, de la puissance du micro.
06:40 - Oui, et vous avez grandi pas loin de Toulouse d'ailleurs,
06:43 à Montastruc-la-Conseillère.
06:45 - Oui, à L'Union et à Montastruc-la-Conseillère,
06:48 sur la route nationale 88, appelée la route d'Albi.
06:51 - C'est une petite commune de 3000 habitants,
06:54 il y a eu dans les années 60 beaucoup plus de monde,
06:56 et aujourd'hui c'est très tranquille.
06:58 - Oui, c'est une petite bourgade toulousaine comme on les aime,
07:04 avec ses briques roses qui sentent bon la violette.
07:08 - Il se trouve que vos études c'est au Collège de l'Union,
07:10 et puis le lycée Saint-Joseph à Toulouse,
07:13 où il y a quand même Jean-Pierre Madère qui a étudié aussi,
07:16 et Clément Rader, pionnier de l'aviation, qui a été élève.
07:19 C'est vrai que vos études c'était le bac classique ?
07:23 - Ah oui, complètement classique,
07:24 c'est-à-dire que j'étais à Saint-Joseph dans un premier temps,
07:27 à l'époque c'était C,
07:30 et puis après je suis allé à Sainte-Marie-des-Champs,
07:34 puisque Saint-Joseph ne faisait pas le bac B à l'époque,
07:38 économie, donc j'ai passé effectivement le bac à Sainte-Marie-des-Champs.
07:41 - Et ensuite votre avenir Jean-Luc Reichman,
07:43 c'était le commerce subdeco ?
07:45 - Ah bah alors là c'était pour faire plaisir à papa,
07:48 parce que papa était dans les mamous comme je vous l'ai dit,
07:50 donc il fallait suivre un petit peu la filière pour lui faire plaisir.
07:53 Je suis aperçu très rapidement que c'était beaucoup plus rigolo
07:55 de raconter des histoires derrière un micro,
07:58 plutôt que d'essayer d'apprendre l'arithmétique,
08:00 les racines carrées et les E=mc2, vous voyez ce que je veux dire ?
08:04 Donc c'était plus dans la proximité, dans le contact direct.
08:06 - Et vous avez eu une vocation à l'époque ?
08:08 - Pas du tout, pas du tout, vous savez les radiolibs c'est venu comme ça,
08:12 on a commencé à parler dans un micro,
08:13 on s'est dit "tiens c'est assez étonnant"
08:15 et puis après on a parlé dans des micros pour les galeries marchandes,
08:21 puis je voulais un deux roues, une mobilette,
08:24 et papa m'a dit "mais si tu veux une mobilette,
08:26 je te paie la mobilette, l'essence, l'assurance, vas-y".
08:29 Et j'ai commencé à travailler à l'âge de 14 ans,
08:32 à vendre de la saucisse de Toulouse à 11.95 francs
08:35 sur le parking de Mammouth.
08:37 - Et vous avez beaucoup voyagé aussi dans vos jeunes années ?
08:39 - Oui j'ai voyagé, j'ai fait un peu de club med,
08:43 j'ai fait... mais j'étais pas payé, j'étais au pair à l'époque,
08:47 et j'étais guide accompagnateur dans les bus,
08:50 que ce soit en Tunisie, en Espagne ou hier.
08:53 - Moniteur de voile dans vos casernes ?
08:54 - Oui, oui j'ai commencé comme ça bien sûr.
08:56 - Et puis la radio est arrivée ensuite,
08:58 je crois que c'est Energy à Toulouse justement
09:01 qui vous a ouvert la voie du micro véritablement.
09:04 - En fait c'est assez rigolo Jacques,
09:06 puisque c'est un jeu qui s'appelle "Dominique du Forest",
09:09 vraiment très connu, "Dodo du Forest".
09:12 - Fils de Jacqueline du Forest, coproductrice de Guilux.
09:14 - Voilà, exactement, et qui plus est qui est venu à l'époque
09:19 qu'il y avait la délocalisation de Energy Paris,
09:22 et il voulait ouvrir une antenne à Toulouse,
09:24 et il avait écouté toute la bande FM,
09:28 et il a dit le garçon là, entre 6h et 9h,
09:30 qui s'appelle Boogie Chou, je veux savoir qui c'est,
09:33 et il m'a appelé en disant "Bonjour, c'est Dodo du Forest d'Energy".
09:36 Je lui ai dit "Oui, oui, oui, alors là moi je suis en train de passer les Beatles,
09:40 et vous savez, je suis désolé, j'ai pas trop le temps,
09:42 je pensais que c'était Camula".
09:43 Il a beaucoup insisté, et je me suis retrouvé aux 6h et 9h,
09:48 directement propulsé quelques jours plus tard sur l'antenne d'Energy Toulouse.
09:52 - Et ensuite ça a été une sorte de parcours du combattant,
09:54 puisque vous avez été ARTL, Radio Monte Carlo, AFM,
09:58 vous avez tout fait pour avoir votre métier.
10:00 - Oui, j'ai un petit peu tout fait, disons que je faisais beaucoup de voix.
10:03 C'est-à-dire qu'avec ma voix je me suis aperçu que j'avais un outil un petit peu magique,
10:08 et j'ai effectivement été la voix de TF1 pendant des années.
10:14 - On va en parler tout à l'heure.
10:15 - Et ça c'est important, et vraiment avec la voix je me suis dit qu'il y avait un outil
10:20 dont j'ai fait énormément de publicité, et également énormément de radio,
10:23 et ça a commencé effectivement à Toulouse.
10:26 Après j'ai grappillé un petit peu, j'ai lancé à Paris en 89 sur RFM
10:32 faisant "22 ans, mes nuits, les plus belles chansons d'amour".
10:35 - Et vraiment vous aviez trouvé votre vocation, c'était ça, enfin !
10:38 - C'est-à-dire que j'ai jamais cherché, j'ai jamais...
10:42 J'ai poussé des portes, vous savez comment ça se passe,
10:46 c'est-à-dire qu'il y a des opportunités qui se passent,
10:48 comme cette pièce de théâtre là qu'on joue les soirs avec Isabelle Mergaux.
10:53 Quand j'ai lu ce scénario je me suis dit qu'il y avait des choses à rater dans la vie,
10:57 et progressivement les portes de la radio se sont ouvertes, se sont refermées, se sont ouvertes,
11:03 et je trouve que cette voix qui m'a ouvert la voie a fait que pour l'instant je suis sur une palactée.
11:10 - Exactement, et nous on boit du petit lait en vous écoutant.
11:12 - C'est beau !
11:13 - Et on va continuer avec une autre date, le 4 septembre 1989.
11:17 A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Luc Rechman.
11:19 - Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pécisse.
11:22 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Jean-Luc Rechman.
11:25 Nous parlons tout à l'heure du théâtre avec le bracelet au tas des nouveautés
11:29 avec Isabelle Mergaux, pièce Isabelle Mergaux.
11:32 Et on revient sur votre parcours, on a parlé de vos débuts à la radio.
11:35 La voix, et justement la voix a été très importante aussi,
11:38 le 4 septembre 1989 avec votre première télé en voix.
11:43 [Musique]
11:46 Tribunal.
11:46 - Ah ouais.
11:47 - Et Tribunal, une série de 390 épisodes
11:51 qui a été une série pionnière des tribunaux à la télévision, il y en a eu beaucoup d'autres depuis.
11:55 - Bien sûr.
11:56 - Et vous êtes la voix de ce feuilleton.
11:58 Aujourd'hui, le juge Garone va vous raconter une bien sombre histoire.
12:02 - Effectivement, c'est comme ça que ça m'a ouvert un petit peu la voix.
12:05 C'était assez rigolo d'ailleurs parce que le responsable qui prenait la prise de son
12:10 et le responsable du studio s'appelait Jean Chatelain.
12:12 Et il disait "mais t'as une voix quand même assez exceptionnelle".
12:16 Et de temps en temps je faisais quelques imitations.
12:19 Patrick Poivre d'Arlon, bienvenue messieurs, bonsoir.
12:22 Et je faisais aussi Stéphane Stastalon.
12:24 Et puis c'est comme ça que je suis parti
12:26 parce que le monsieur qui prenait le son était également le preneur de son
12:31 et le metteur en scène également des guignols appelés au début les "Arennes de l'Info".
12:36 - Exactement.
12:37 - Et donc de fil en aiguille, je faisais rire dans les studios.
12:41 Alors effectivement, "Tribunal" m'a ouvert la voix, c'est le cas de le dire
12:45 puisque ça a été également un des premiers rôles que j'ai joué en tant que comédien.
12:50 Mais effectivement, j'étais la voix pendant, oui, quelques centaines d'épisodes.
12:55 - Comment êtes-vous arrivé dans ce "Tribunal" ?
12:58 - Et c'est-à-dire ?
12:59 - On vous a engagé, on vous a repéré, il y a eu un casting ?
13:02 - Ah non, c'est-à-dire que tout le monde se demandait qui était cette voix.
13:04 À chaque fois c'était "Qui est la voix derrière ?"
13:07 C'était la même chose pour n'oublier pas votre brosse à dents.
13:10 Mais là, ça a été la productrice qui a dit "Mais c'est qui la voix du gars ?"
13:13 Et puis d'un seul coup, celle qui s'occupait des castings disait "Mais c'est qui la voix derrière ?"
13:20 Et la voix off est passée voix in.
13:25 Et donc, ça a été mon premier rôle.
13:27 Ils m'ont fait jouer mon premier rôle dans "Tribunal".
13:29 - C'est drôle, parce qu'en plus, après, vous avez continué et vous avez même été chauffeur de salle.
13:34 - Ah oui !
13:34 Alors ça, c'est une ouverture somme toute assez différente.
13:39 Lorsque je faisais "Que le meilleur gagne", j'étais chauffeur de salle,
13:43 à la fois avec la voix et à la fois physiquement.
13:46 Donc j'étais la voix off.
13:47 "Voici les 200 candidats qui sont venus jouer avec Nagui."
13:51 "Que le meilleur gagne."
13:53 Et puis voilà, il y avait les sponsors après, sur "Le Juste Prix",
13:58 avec "Aloha, Grand-Catavana", qui vous présente "Le Juste Prix".
14:02 Et donc voilà, je m'amusais beaucoup avec ces petites frégolies vocales.
14:07 - Oui, mais à chaque fois, on vous appelait, on vous avait repéré.
14:09 C'était votre spécialité, Jean-Luc Reichman ?
14:11 - Ah oui, oui !
14:12 Ah bah oui, là, je parcourais les studios dans tout Paris.
14:16 J'arrivais à faire 5, 6, 10 publicités ou 10 voix par jour.
14:21 Donc c'est vrai qu'au niveau de l'intermittence du spectacle,
14:24 c'était pas trop intermittent.
14:25 - Oui, mais en même temps, vous aviez un don,
14:28 parce que ces voix, vous ne les avez pas forcément travaillées.
14:30 - Ah non, non, je ne les ai pas travaillées,
14:31 mais en fonction de ce que l'on me demandait,
14:34 j'arrivais à mettre la bonne intonation au bon moment.
14:38 Et les gens étaient ravis, que ce soit...
14:42 J'ai fait des centaines et des milliers de voix publicitaires.
14:46 "Renault, les voitures à vivre."
14:49 "Renault, à vous d'inventer la vie qui va avec."
14:51 "Voyez, ou alors, le chat méga-perle."
14:54 "Il respecte tout, sauf les tâches."
14:56 "Je peux vous en faire des We're the Pool."
14:58 "Le monde de l'électroménager."
15:00 "Chaque dimanche sur TF1, une grande soirée de grands films."
15:04 "Les infos par téléphone au 36."
15:06 "6, ça..."
15:06 Vous voyez, donc...
15:07 - Mais en général, on fait ça
15:08 après avoir pris des cours de comédie pendant des semaines et des semaines.
15:11 Vous, c'est venu instinctivement ?
15:12 - Oui, c'est venu assez instinctivement,
15:14 mais je sentais que culturellement parlant,
15:18 je n'en avais pas assez par rapport à mon évocution,
15:22 par rapport à ma culture pure et dure.
15:24 Et c'est pour ça que je suis parti prendre des cours de théâtre.
15:28 D'abord, au cours Grandval.
15:30 Et puis après, j'ai continué avec un prof qui s'appelle Raymond Acuviva,
15:34 que vous connaissez bien,
15:35 mettait en scène de Renon.
15:38 Et c'est pour ça que j'ai continué.
15:41 J'ai fait beaucoup, beaucoup d'écoles de théâtre
15:44 parce que je sentais que j'étais un peu en délicatesse.
15:48 Il fallait que je travaille.
15:50 Et vous savez comme moi que le travail nourrit.
15:53 Et comme disait Jacques Brel dans sa dernière interview avec Jacques Chancel,
15:57 Jacques Chancel lui dit "Monsieur Brel,
15:59 Monsieur Brel, vous ne m'empêcherez pas de penser que vous avez du talent."
16:03 Jacques Brel dit "Mais monsieur Chancel, le talent s'enrase dans le travail."
16:10 - Exactement.
16:11 - Et c'est ça qui est merveilleux.
16:12 Et donc je me suis dit à un moment donné,
16:14 "Vive Radio Scopie, Jacques Chancel, je vais m'enraciner dans le travail."
16:19 Et j'ai travaillé.
16:20 - Oui, et vous avez appris votre métier d'animateur finalement
16:23 en étant sur les plateaux comme chauffeur de salle, en étant à la voix.
16:26 C'est devenu presque un instinct, des habitudes.
16:28 - Disons qu'il y a un ressenti.
16:31 Vous-même quand vous avez des invités, vous êtes à l'écoute de ces gens-là.
16:34 Moi c'est ce que j'admire chez vous et je le dis vraiment sans flagornerie aucune.
16:40 Je trouve que vous êtes réellement à l'écoute et que vous rebondissez sur la situation,
16:43 sur l'instant.
16:44 Vous proposez énormément, bien évidemment, de contrastes dans la vie des gens.
16:52 Mais ça ne vous empêche pas de rebondir.
16:53 Et moi c'était la même chose.
16:54 C'est-à-dire dès que j'avais une personne en face,
16:56 qu'il y ait une caméra, qu'il n'y ait pas de caméra,
16:58 qu'il y ait un micro, qu'il n'y ait pas de micro,
17:00 cette empathie était assez apparemment naturelle des gens envers moi.
17:05 Et j'ai essayé d'aller en leur sens.
17:09 - Et puis il y a une émission aussi dont vous avez été à voix et qui a une histoire particulière.
17:13 - Au cœur du Mexique, dans la piste de Zapatan,
17:20 dans le nord de la Pays de Zapatan.
17:20 - Un jeu particulier puisqu'en faisant ce jeu,
17:23 que Jacques Antoine a découvert le Fonboyard, qui est une ruine,
17:26 il dit "je veux faire mes émissions ici".
17:28 Et on dit "vous êtes fou, il y en a pour des millions".
17:30 Et il dit "si ça ce sera ça ou ce sera le sommet du Mont Blanc".
17:33 Et c'est vrai que la piste de Zapatan a été aussi quelque chose d'important.
17:37 C'est une émission qui a tourné, dont vous avez été à voix.
17:39 - Exactement, j'ai été à voix.
17:41 Il y a sept...
17:42 C'est marrant que vous parliez de Jacques Antoine,
17:44 que vos auditeurs ne le connaissent peut-être pas,
17:45 mais c'était quand même un des précurseurs d'énormément d'émissions de concert.
17:50 - Il a tout inventé.
17:50 - Il a tout inventé.
17:51 Et il y avait la piste de Zapatan, bien évidemment.
17:54 Et puis il y a les forges du désert que j'ai fait avec Karine Marchand.
17:58 Et c'était...
17:59 Vous avez totalement raison, précurseur des Koh-Lanta, des jeux d'aventure.
18:02 Et je me rappelle encore, il y avait Sophie Davant sur la piste de Zapatan.
18:08 Et on se régalait à l'époque avec une dame qui était fantastique,
18:11 et qui l'est toujours bien évidemment,
18:13 qui s'appelle Marie-France Brière.
18:15 Et qui était une productrice magnifique,
18:17 mais qui nous apprenait aussi sincèrement à travailler 20 heures par jour,
18:21 mais alors sans le ressentir.
18:23 C'est ça qui est marrant.
18:24 - Alors justement, on en revient aux guignols de l'info, aux imitations,
18:26 car on oublie un peu Jean-Luc Rechman,
18:28 vous avez été pendant 13 ans la voix des guignols de l'info.
18:31 - Ouais, j'étais une des voix.
18:33 J'ai pas la prétention de faire toutes les voix,
18:35 mais j'étais disons la voix off à chaque fois qu'on disait "Raymond Barre, Paris".
18:41 Raymond Barre avec la surpiqure orange et la poche pour le maître.
18:44 Et c'est ouf, ouf, ouf.
18:46 Et c'est vrai que j'étais à la fois la voix de TF1,
18:49 ce qui était assez rigolo,
18:51 et j'étais la voix des guignols en disant "Ce soir, sur TF1,
18:55 ne regardez pas 7 sur 7, le ne-ne".
18:58 Et le ne-ne, bien évidemment, vous le savez,
19:01 on va pas dire qui c'était,
19:02 mais quand même c'était un grand politique du côté du Saran Toitou,
19:06 rappelez-vous, enfin M. De Vigny bien évidemment.
19:10 Et donc je sais, le tout et son contraire.
19:12 Et j'étais également la voix off de La 5,
19:14 ce soir sur La 5, Christine Cromwell.
19:17 Donc je naviguais de TF1 à Canal en passant par La 5,
19:21 et je faisais des voix un petit peu partout,
19:23 mais personne ne connaissait,
19:24 donc je pouvais faire les voix que je voulais,
19:25 puisqu'on me reconnaissait pas de la voix.
19:26 - Vous ne pensiez pas un jour que vous seriez connu ou reconnu ?
19:29 - Non, non, je suis toujours avancé.
19:31 J'ai jamais eu de plan de carrière en revanche,
19:33 si c'est un petit peu ce que vous demandez en sous-jacent.
19:37 J'ai toujours pris ce qu'il y avait de bon dans la vie,
19:41 et là où j'avais des ressentis positifs,
19:46 vous voyez ce que je veux dire ?
19:47 C'est-à-dire que le négatif, j'ai tendance à le laisser
19:50 avec pas mal de brio.
19:53 - Et avec mépris.
19:54 - Ouais, c'est même pas du mépris,
19:56 parce qu'autrement ça nous prend de l'énergie.
19:59 Moi ce que j'ai envie, c'est cette énergie positive,
20:02 ce sourire que j'ai face à moi,
20:03 qui s'appelle Jacques Pessis,
20:04 pour moi il n'y a rien de meilleur.
20:06 - Alors vous avez été aussi un pionnier des jeux vidéo avec la FIFA.
20:09 - Oui.
20:10 - C'est assez étonnant,
20:11 parce qu'à l'époque les jeux vidéo n'existaient pas vraiment,
20:13 Jean-Luc Rechman.
20:14 - C'est très émouvant ce que vous me dites,
20:16 parce que j'étais la première voix,
20:19 on était avec Thierry Gilardi,
20:22 vous vous rappelez de Thierry Gilardi, bien évidemment,
20:24 et David Ginola,
20:26 et j'étais la voix du commentateur de FIFA 98,
20:30 et c'était les prémices des premiers jeux vidéo,
20:34 et pendant 2-3 ans j'étais le commentateur effectivement de FIFA,
20:39 et j'étais le premier.
20:40 Donc c'est vrai que c'était une révolution à l'époque,
20:43 et d'ailleurs quelle révolution,
20:44 imaginez-vous, on est en 2024,
20:47 et c'est extraordinaire.
20:49 Il n'y a pas d'enfants qui vivent sans FIFA aujourd'hui.
20:51 - Exactement, et 98 en plus c'était la coupe du monde,
20:54 c'est le qu'on a gagné.
20:55 - Oui en plus, oui.
20:57 - En tout cas vous, vous gagnez à être connu,
20:59 en tout cas c'est ce qu'on découvre à travers Les Clés d'une Vie.
21:02 Il y a cette pièce de théâtre,
21:03 mais il y a aussi d'autres choses,
21:05 la télévision, on va en reparler dans quelques instants,
21:07 à travers une autre date, le 10 mars 2001.
21:10 A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Luc Rechman.
21:12 - Sud Radio, Les Clés d'une Vie, Jacques Pessis.
21:15 - Sud Radio, Les Clés d'une Vie, mon invité Jean-Luc Rechman.
21:18 - Bonsoir.
21:20 - Vous avoir au micro entre toutes vos activités,
21:23 c'est un privilège que je mesure.
21:24 - C'est gentil.
21:25 - Parce qu'il y a la télévision et il y a le bracelet,
21:27 au tas des nouveautés dont on va parler dans quelques instants,
21:30 avec Isabelle Mergaux,
21:31 mais le principe des Clés d'une Vie c'est de raconter des dates,
21:34 et le 10 mars 2001 il s'est passé quelque chose.
21:36 - Biii, du bi du bi du.
21:38 - Première de l'attention à la barge,
21:41 ce qui au départ est le week-end à titre d'essai.
21:43 - Oui c'est ça.
21:44 Alors je venais des amours,
21:47 les amours donc pendant 5 ans et demi sur France Télévision, France 2.
21:52 A l'époque c'était Michel Cotin,
21:53 et je dis j'ai une idée, j'ai une idée,
21:55 vous vous rappelez très très bien les voleurs de patates à l'époque,
21:58 c'était Guignol qui disait "regardez, voleurs de patates",
22:02 c'était l'affaire de la rue, Arthur Nagui,
22:05 les animateurs-producteurs, vous vous souvenez de ça ?
22:08 - Oui bien sûr.
22:08 - Et donc ça avait fait vraiment grand bruit à l'époque,
22:11 M. El Gabba j'avais démissionné,
22:12 vous vous souvenez bien évidemment,
22:14 et j'avais dit "moi j'aimerais bien essayer",
22:17 et on a dit "mais non, vous avez vu la tourmente que c'est etc."
22:20 Donc je dis "bah c'est pas grave, je partirai dès un moment",
22:23 et 9 mois plus tard, M. Etienne Mougeot,
22:26 j'arrive avec ma petite cassette audio d'Olby B. Auto-Reverse,
22:30 et je lui dis "j'ai fait ça à la radio,
22:33 j'étais à l'époque sur RMC",
22:38 avant que ça ne devienne RMC Info bien sûr,
22:40 et j'ai dit "je voudrais bien essayer ça",
22:43 et il dit "bah pourquoi pas",
22:46 alors Etienne Mougeot dit "tiens je vais essayer,
22:48 on va regarder, ma mère vous aimait beaucoup dans les amours",
22:52 et j'ai essayé, et est né effectivement le 10 mars 2001,
22:57 en week-end, d'abord "Attention à la marche",
23:02 et ça a enlevé le juste prix,
23:04 présenté à l'époque par Philippe Rizzoli,
23:06 produit par Dominique Ambiel et Expand Images,
23:08 et on est passé 7 jours sur 7 à partir du mois de juillet.
23:12 - Oui, sauf le 14 juillet.
23:13 - Sauf le 14 juillet, oui, parce qu'évidemment il y a le défilé,
23:16 mais en fait on m'avait toujours dit "Jacques,
23:19 il est impossible de créer une émission française de jeux".
23:23 Si vous vous remémorez à l'époque,
23:26 tout était étranger,
23:28 c'est-à-dire que ce soit "Question pour un champion",
23:32 "Le juste prix", "Qui veut gagner des millions",
23:35 c'était anglais, australien, américain,
23:37 il n'y avait que Fort Boyard et "Les chiffres et les lettres",
23:41 puisque on parlait des émissions françaises,
23:44 Jacques Antoine évidemment pour Fort Boyard,
23:47 "Les chiffres et les lettres" c'était également en français,
23:50 mais après aucune émission française.
23:52 Et moi mon défi c'était de créer une émission française.
23:55 Et ça a été la même chose pour Léomart et I.
23:57 Il y a 11 ans, on m'a dit "c'est impossible de créer une fiction française",
24:01 parce qu'à l'époque les fictions américaines marchaient très bien,
24:03 et donc j'aime bien ce genre de défi.
24:04 - "Les chiffres et les lettres" est d'une façon très particulière.
24:07 Avant j'avoue, un rendez-vous à la télévision,
24:10 et dans le taxi il a l'idée de "Les chiffres et les lettres",
24:13 et il arrive sans avoir rien préparé,
24:14 et il lance son idée.
24:15 Et le premier jeu français vendu à l'étranger,
24:19 je ne sais pas si vous le savez,
24:20 c'était un jeu de Jean-Jacques Vital qui s'appelait "100 francs par seconde"
24:23 dans les années 50.
24:24 Et c'est la première fois que les américains ont acheté un jeu français
24:28 dans les années 50 à New York.
24:30 - C'est extraordinaire.
24:31 Est-ce que ça a donné le jeu des 1000 francs après ou pas ?
24:33 - Non c'est autre chose, le jeu des 1000 francs,
24:34 c'est "Henri Kubnik", "100 francs par seconde",
24:36 c'était un jeu où on était en public,
24:40 et il y avait un gage sans arrêt,
24:44 et on gagnait 100 francs par seconde,
24:45 tant qu'un événement ne se produisait pas
24:47 avec le reporter qui était à l'autre bout du micro.
24:49 - Extraordinaire.
24:50 - Par exemple, une caserne de pompiers,
24:52 il faut attendre tant de secondes,
24:53 et on tenait le coup pour gagner 100 francs par seconde.
24:55 - C'est génial.
24:55 - C'était génial.
24:56 - C'est extraordinaire.
24:57 - Alors, l'idée est venue comment d'attention à la marche ?
25:00 - Eh bien écoutez, l'idée, elle est venue sur une plage,
25:04 je vendais des chouchous au Cap d'Agde,
25:07 sur la plage Richelieu, pour me faire de l'argent,
25:11 et on a fait un pari,
25:14 parce que je n'avais pas assez d'argent pour payer le restaurant,
25:16 et j'ai dit aux copains,
25:18 "à votre avis, du Cap d'Agde,
25:20 il y a combien de kilomètres d'ici au Maroc ?"
25:25 Donc vous voyez ce que je veux dire,
25:26 c'était de l'autre côté de la Méditerranée.
25:27 "Ah bah je ne sais pas."
25:29 Et je leur ai dit,
25:29 "le plus proche de la réponse gagne",
25:33 j'étais sur la plage, mais réellement,
25:35 "et les autres se cotisent pour payer le repas
25:40 à celui qui gagne."
25:42 Donc c'était le plus proche de la réponse qui gagnait.
25:44 Et bah "attention à la marche" est né sur une plage au Cap d'Agde,
25:47 et c'était effectivement "attention à la marche",
25:50 si vous remémorez un petit peu la mécanique,
25:53 c'était le plus proche de la réponse qui gagnait,
25:55 et qui l'emportait.
25:56 Par exemple, sur 100 personnes,
25:59 combien ont déjà écouté Sud Radio ?
26:01 Et donc voilà, ça faisait partie des petits sondages,
26:04 que l'on mettait, et puis après on l'a adapté à la vie,
26:07 dans le comportement du quotidien,
26:09 un peu sur 100 personnes,
26:10 combien portent des slips et d'autres des caleçons,
26:12 enfin voilà quoi.
26:13 - Mais le jeu a toujours été dans votre ADN, Jean-Luc Rauschman,
26:16 puisque vous avez commencé en faisant des jeux à radio.
26:18 - Oui absolument, mais le jeu, vous avez raison,
26:21 le jeu, la comédie, je joue la comédie dans les matins,
26:24 je joue sur scène tous les soirs,
26:26 je joue le midi dans un jeu,
26:28 c'est vrai que c'est un peu la comédie à l'art.
26:30 - Et en plus, il y a une grande originalité dans "Attention à la marche",
26:33 et ça a été repris depuis,
26:34 c'est qu'il y avait des créatures de synthèse.
26:35 Ça aussi, c'était une première.
26:37 - Oui, c'était une première,
26:38 dans la mesure où ils étaient en liberté.
26:40 Le coproducteur s'appelait Hervé Hubert,
26:43 il s'appelle toujours Hervé Hubert,
26:44 mais il fait confiance.
26:46 Et il avait fait, vous vous rappelez, Bill,
26:48 cette petite marionnette avec Vincent Lagaffe,
26:52 et d'un seul coup,
26:55 je me disais "mais pourquoi il bouge pas ce Bill,
26:57 il est dans une soucoupe",
26:58 c'était une espèce d'ovni à l'époque.
27:01 Et là, les petits potes, effectivement,
27:03 j'avais envie qu'ils dansent autour de moi,
27:04 parce que j'étais fan de Mary Poppins et du Ramonner.
27:08 Vous vous rappelez de "Chim chim chim chim chimivale ramonner" ?
27:11 Et il y a les petits pingouins,
27:12 les petits pingouins qui dansaient,
27:14 tout là-haut, sur les toits,
27:17 avec le Ramonner,
27:18 et puis avec cette belle, belle Mary Poppins,
27:20 et je dis "je veux les mêmes choses".
27:21 Et sont nés les petits potes,
27:24 avec Zizi Pote, Fleur Pote,
27:26 et il y avait des potes pour tout le monde.
27:28 - Voilà, mais ce qui est étonnant,
27:29 c'est que vous partez d'une idée au Cap d'Agde,
27:30 et qu'ensuite il y a un jeu.
27:32 Le travail que ça représente entre les deux,
27:33 c'est énorme pour arriver à ça.
27:35 - Oui, c'est énorme pour arriver à une mécanique,
27:38 parce que je ne savais pas du tout comment faire.
27:39 C'est-à-dire que je ne savais pas quelle était la sémantique,
27:42 je ne savais pas comment on pouvait créer
27:44 quelque chose de récurrent,
27:45 mais en revanche, je suis 100% français,
27:49 et je me suis dit qu'on n'était pas plus bête qu'ailleurs.
27:51 Vous vous rappelez, évidemment,
27:52 puisque vous avez cette culture,
27:53 il y avait un spot publicitaire qui disait
27:56 "en France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées".
27:58 - C'est né pendant la crise du pétrole.
27:59 - Exactement, c'était dans les années 70, hein ?
28:01 - 74, oui.
28:02 - Et oui, c'était Valéry Skardestan à l'époque,
28:05 et je me disais "en France, on peut aussi avoir des idées".
28:09 Donc c'est là d'où a été créé "Attention à la marche".
28:13 - Et puis bien sûr, il y avait une séquence culte
28:15 avec cette musique-là.
28:16 (musique)
28:22 "You can leave your heart, Joe Cocker",
28:24 qui s'appelle Joe d'ailleurs,
28:26 parce que c'était un laveur de vitres
28:28 voisin de ses parents qui s'appelait Joe.
28:30 Il s'appelait Robert au départ.
28:31 - Le fort Joe.
28:32 - Voilà.
28:33 Et ça aussi, c'est une séquence qui a marqué
28:35 l'histoire de la télévision, la question coquine.
28:36 - Ah ouais, alors là, c'est fantastique.
28:39 Mais c'est fantastique parce que je ne pensais pas
28:40 que des années et des années plus tard,
28:43 des jeunes dans la rue,
28:45 ah aujourd'hui, en 2024, Jacques,
28:47 me disent "oh, on fait la question co, la question in,
28:50 la question coquine".
28:51 C'est venu de cette idée où j'étais animateur
28:55 sur le plateau des amours.
28:56 C'est nous qui avons lancé les amours.
29:00 Il y avait à l'époque Franck Marti avec Marie Schneider.
29:03 Et je disais "mais les gens me racontent
29:05 toutes leurs histoires".
29:07 Et je trouvais ça fantastique,
29:08 mais des histoires très coquines,
29:09 alors que je ne demandais rien.
29:11 Mais avec cette empathie, les gens se livraient
29:14 d'une manière, je dirais pas indécente,
29:16 mais presque.
29:17 Ils allaient dans les détails,
29:18 en disant "bah excusez-moi, c'est quand même assez coquin,
29:20 non, cette version coquine, ça veut pas".
29:22 Et progressivement, j'ai inséré donc
29:25 cette question coquine.
29:26 On a inventé la question coquine
29:28 suite à mon passé dans les amours,
29:30 où les couples sur les canapés des amours
29:32 me racontaient leur nuit.
29:34 Je sais pas si vous vous rendez compte.
29:35 C'est comme, voyez, si vous avez une femme
29:38 un jour qui s'appelle Sylvie,
29:39 que vous me donnez toute votre vie privée.
29:41 Je me dirais "mais attendez, c'est pas possible".
29:42 Et j'en ai fait bien sûr un running gag.
29:45 Et puis c'est devenu culte,
29:46 et preuve en est, en 2024,
29:47 on me parle encore de la question coquine.
29:49 - Et surtout attention à la marge,
29:50 vous avez vécu jusqu'à 40% de parts d'audience
29:52 que vous n'auriez jamais imaginé au départ.
29:54 - Ah non, dingue.
29:55 Non mais dingue, c'est-à-dire que même
29:56 aujourd'hui encore sur les 12 août de midi,
29:58 quand je vois ce qui se passe,
30:01 qui aurait pu croire un jour
30:03 que le garçon qui est arrivé avec sa cassette
30:06 Dolby B, cette petite cassette audio,
30:10 sur le bureau de M. Moujotte
30:13 allait faire son petit chemin,
30:15 et que cela fasse maintenant 29 ans
30:18 que je suis à la télé, 365 jours par an,
30:20 et 24 ans de TF1,
30:22 qui aurait pu croire ça ?
30:23 Personne même, alors surtout pas moi.
30:24 - Oui, mais vous avez une qualité
30:26 très particulière,
30:27 c'est-à-dire que vous êtes le complice
30:28 de vos candidats,
30:29 et ça se sent à l'antenne,
30:30 et ça c'est quelque chose
30:31 auquel vous tenez, Jean-Luc Rechman.
30:32 - Oui, mais vous, vous êtes complice
30:35 avec les personnes qui vous interviewez,
30:37 vous rentrez carrément sans frapper
30:42 chez les gens,
30:43 parce que vous le faites
30:44 avec beaucoup d'élégance
30:46 à chaque fois sur vos invités.
30:48 Et là, c'est vrai qu'il y a une confiance
30:49 qui s'est établie avec les gens
30:52 qui viennent me voir,
30:53 parce qu'ils me connaissent
30:54 depuis leurs parents,
30:56 depuis leurs grands-parents,
30:57 les petits-enfants viennent
30:58 parce que les grands-parents
30:59 les gardaient les mercredis après-midi
31:01 ou les week-ends.
31:02 Et voilà, il y a une confiance
31:04 effectivement qui s'est établie,
31:06 et cette complicité dont vous parlez,
31:08 je crois que c'est surtout
31:10 une question de sincérité.
31:12 Ils ont vu aussi que j'avais
31:16 une tâche sur le nez,
31:17 que j'étais différent,
31:17 ils ont vu que je me montrais
31:19 tel que j'étais.
31:20 Et ça, pour moi,
31:23 je me suis toujours battu là-dessus,
31:24 je me suis toujours battu
31:25 pour la différence,
31:26 comme vous le savez,
31:26 et pour les enfants,
31:27 parce que moi aussi,
31:29 j'étais un enfant qui a été bousculé
31:30 psychologiquement quand j'étais gamin.
31:33 Oui, mais ce n'est pas si fréquent
31:34 cette réaction d'être aussi
31:36 près du public, Jean-Luc Rechman.
31:37 Ce n'est pas si fréquent,
31:39 et moi, je ne peux pas être autrement.
31:42 Je ne peux pas être autrement que sincère.
31:44 Je veux dire, quand je parle avec des amis,
31:45 on est dans la pure sincérité.
31:47 Et lorsque je suis également
31:50 avec que ce soit des candidats
31:52 ou des comédiens
31:53 ou des patrons ou autres,
31:54 je suis le plus sincère possible.
31:57 Et puis, vous avez l'art de la remise en question,
31:59 car "Attention à la marche",
32:00 j'aurais pu dire pendant des années,
32:02 et un jour, vous avez dit "Non, j'arrête,
32:03 je fais autre chose les douze coups de midi".
32:05 Oui, c'est intéressant,
32:06 parce que, vous savez,
32:08 au lieu de se prendre la porte
32:10 quand elle va refermer,
32:11 je sentais que les audiences frétillaient un peu.
32:12 Il y avait des petits items qui frétillaient.
32:16 Je me disais "Tiens, c'est peut-être pas bon,
32:17 là, en ce moment, tout est au vert,
32:20 mais bon, il y a quand même
32:21 deux, trois indices qui faisaient que
32:23 je commençais à être un peu en délicatesse".
32:25 Et ils m'ont dit "Ah bah oui,
32:26 alors il faudra penser à quelque chose".
32:29 Et j'ai dit "Mais j'ai déjà pensé à quelque chose
32:31 et nous avons travaillé ensemble".
32:33 Et effectivement,
32:34 de "Attention à la marche",
32:37 nous sommes passés aux douze coups de midi
32:39 en cinq semaines.
32:41 Vous entendez, en cinq semaines,
32:43 on n'avait pas le concept,
32:44 on n'avait pas le décor,
32:45 on n'avait rien.
32:46 Et ils ont dit "On vous commencera en mois de septembre".
32:49 J'ai dit "Non, on va commencer au mois de juillet
32:51 à l'antenne, quand ça s'y...
32:53 Il y a des petites choses à régler,
32:55 on va pouvoir le régler pendant l'été".
32:57 - Mais là encore, il fallait avoir l'idée.
32:59 - Ouais, ouais, ouais,
33:00 mais là, on s'est fait accompagner,
33:02 il y avait des gens à téléphone
33:03 qui nous ont super bien accompagnés.
33:04 M. Leu Ancelier avait très, très bien accompagné
33:07 à l'époque, il était le responsable des antennes.
33:10 Et dans ces cas-là, vous savez,
33:11 il y a une question de loyauté,
33:14 de se dire que sans l'autre, on n'est rien,
33:17 donc on travaille ensemble.
33:18 - Oui, et les "Poles mystérieuses",
33:20 elles aussi sont devenues cultes.
33:21 Il ne faut pas oublier que les "Poles mystérieuses",
33:22 c'est un album de teinte en départ de 1942.
33:24 C'est le premier album en quadricomi
33:27 qui est sorti et qui a fait 62 planches.
33:30 Avant, ça faisait 120-130 planches.
33:31 - D'accord, je savais.
33:32 - C'est un album historique.
33:33 Et les "Poles mystérieuses"
33:34 sont aussi archi-cultes maintenant.
33:36 - Ah oui, c'est archi-culte,
33:37 et là, c'est une vraie création.
33:40 En revanche, c'est vrai que
33:41 c'est ce qui plaît bien, en fait, la création.
33:44 Vous savez, quand vous avez une idée dans la tête,
33:46 vous avez une idée,
33:47 et que vous la menez au bout,
33:49 c'est comme si c'était un bébé que vous accompagnez.
33:51 Et en plus, c'est ça qui est génial.
33:54 C'est comme dans les "Homathénie".
33:55 On sait qu'il peut très bien ne pas y avoir de fin.
33:59 C'est à nous de savoir nous renouveler en permanence.
34:01 - En tout cas, l'étoile est peut-être mystérieuse,
34:03 mais votre étoile, elle brille très haut
34:05 dans le cœur des Français,
34:06 à la télévision et au théâtre.
34:08 Et on va l'évoquer dans quelques instants
34:09 avec une autre date, le 14 février 2024.
34:12 A tout de suite sur Sud Radio avec Jean-Luc Rechman.
34:15 - Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pespis.
34:18 - Sud Radio, les clés d'une vie.
34:19 Mon invité Jean-Luc Rechman.
34:21 On a évoqué votre parcours à la radio,
34:23 à la télévision, un parcours exceptionnel,
34:25 puisque vous êtes, je crois, aujourd'hui
34:26 l'un des animateurs préférés des Français,
34:28 ce que vous n'auriez jamais imaginé
34:29 voici quelques années.
34:30 Et puis le théâtre, le théâtre depuis le 14 février 2024.
34:35 Vous êtes au Théâtre des Nouveautés jusqu'au 5 mai
34:38 avec le bracelet, une pièce d'Isabelle Mergaux.
34:40 Et vous jouez avec Isabelle Mergaux.
34:43 Et là, c'est un rôle très particulier,
34:44 puisque vous sortez de prison
34:46 et vous avez un bracelet électronique.
34:47 Et là aussi, c'est une nouvelle aventure.
34:48 - Ah ouais ? Alors, je me disais qu'il y avait
34:52 vraiment des opportunités qu'il fallait pas rater dans la vie.
34:55 Et c'est vrai que là, j'ai bousculé pendant six mois
34:58 totalement mon planning.
34:59 Je me disais, quand j'ai lu ça,
35:02 un gars qui sort de prison, c'est carrément à l'opposé
35:06 d'un garçon qui est hyper sympathique le midi à la télé.
35:09 - C'est qui est sur des grilles quand même.
35:11 - Oui, qui est sur des grilles.
35:12 Mais c'est l'opposé de quelqu'un qui met des gens en prison,
35:16 qui s'appelle Léo Matéi,
35:17 commandant de la Brigade des mineurs.
35:19 Là, d'un seul coup, je suis de l'autre côté de la force.
35:22 C'est-à-dire que je sors de tôle, 18 ans de prison.
35:25 Imaginez-vous, c'est quand même pas rien.
35:27 Et qui plus est, je sais pas ce qui s'est passé.
35:29 Et là, c'est quand même...
35:30 Là, si vous avez pas envie de rire, Jacques,
35:33 ne venez pas au théâtre,
35:34 parce que c'est parti d'une petite idée fort rigolote,
35:38 quoi, d'un fait divers qu'a lu Isabelle Mergaux
35:42 l'excellente Isabelle Mergaux,
35:45 qui, d'un seul coup, a lu dans un fait divers
35:49 qu'il y avait quelqu'un qui sortait de prison depuis...
35:51 Il était enfermé depuis 18 ans.
35:52 Il avait un bracelet électronique assigné à demeure.
35:56 Et là, sa femme, lui, "mais comment ça t'es là ?"
35:59 Il est bloqué chez lui pendant huit mois.
36:02 Et il dit "mais elle a refait sa vie avec sa mère,
36:06 avec sa fille, et lui, il est pas le bienvenu du tout."
36:10 Et le gars, dans ce fait divers,
36:13 vit l'enfer, ne mange pas sa faim,
36:15 n'a pas la télécommande, ne peut rien faire,
36:18 il est à la m*ssi de sa femme.
36:19 Il ressort de chez lui pour faire sonner son bracelet électronique
36:23 pour repartir en prison,
36:24 parce que c'était quand même beaucoup mieux en prison.
36:26 Donc, si vous voulez, l'axiome de base,
36:28 il est quand même, somme toute, assez intéressant.
36:29 - Oui, mais d'en faire une comédie,
36:31 c'est pas simple non plus.
36:32 - Mais qu'est-ce que c'est drôle.
36:33 - Et ça, c'est Isabelle Mergaux qui vous l'a proposé ?
36:35 - Ah oui, oui, directement.
36:36 C'est-à-dire que...
36:39 J'étais très touché d'ailleurs,
36:40 c'est Isabelle, et par l'intermédiaire, bien sûr,
36:43 des producteurs et des gens du spectacle.
36:45 Mais on s'était rencontrés avec Isabelle Mergaux
36:48 et elle a commencé à me dire
36:50 "Dis-moi, t'es chiante ou t'es pas chiante ?"
36:52 Je lui dis "Ben, et toi ?"
36:55 Elle me dit "Moi, je suis très, très chiante."
36:57 Je lui dis "Ben moi aussi,
36:58 mais moi c'est pour le boulot que je suis chiante,
36:59 le reste c'est cool."
37:01 "Ah bon, alors on va peut-être s'entendre."
37:03 Et on s'était vus avant le confinement,
37:05 on s'était croisés une fois.
37:07 Et puis le chemin a fait son temps
37:10 et puis est arrivé ce bracelet
37:14 comme un cadeau pour moi,
37:15 c'était vraiment un cadeau.
37:17 - Alors, il faut savoir qu'il y a sa femme
37:18 qui veut plus lui voir,
37:19 la belle-mère qui s'est installée,
37:21 la fille de 20 ans qui a pas vu grandir,
37:23 qui refuse de l'appeler papa,
37:24 et puis il y a un monsieur qui va arriver,
37:25 donc c'est vraiment...
37:26 Il y a tous les accessoires de Vaudville.
37:28 - Ah oui, ah non mais c'est...
37:29 Alors entre le Vaudville, le boulevard,
37:32 ce que vous voulez,
37:32 c'est...
37:33 Il y a des punchlines.
37:35 Elle écrit merveilleusement bien,
37:37 mais c'est vrai que c'est un Vaudville 2024.
37:40 Les gens arrivent avec le sourire de savants,
37:43 de ne sachant pas trop ce qu'ils allaient trouver,
37:45 et repartent.
37:46 Mais alors, enchanté,
37:47 c'est un petit chemin, une petite route,
37:50 un petit voyage pendant une heure et demie,
37:52 mais tout en douceur et tout en rigolade.
37:54 - Oui mais justement,
37:55 c'est une mécanique de précision,
37:56 pour vous c'est beaucoup de travail.
37:57 - Ah oui, avant c'était dans le travail.
38:00 C'est-à-dire que là pour tout vous dire,
38:02 j'ai perdu 9 kilos en deux mois et demi,
38:05 mais parce que c'est du travail non-stop,
38:08 c'est 20 heures par jour,
38:09 mais c'est pas grave.
38:10 C'est pas grave puisqu'on aime ça.
38:11 - Oui.
38:12 - Vous voyez, donc ça fait partie de notre ADN.
38:14 En revanche, pour avoir le texte,
38:16 le ressortir, le digérer,
38:18 le partager avec les comédiens,
38:21 et puis après avec le public,
38:22 oui, oui, ça c'est énormément,
38:25 énormément de travail,
38:26 mais pour moi c'est pas du travail.
38:27 - Oui mais en même temps,
38:28 vous avez fait beaucoup de choses,
38:29 et déjà du théâtre,
38:29 mais le Vaudville c'est très particulier.
38:31 - Ah c'est un rythme permanent.
38:33 C'est-à-dire qu'il faut surtout pas
38:34 attendre les rires,
38:35 il faut pas attendre qu'ils finissent de rire,
38:36 il faut avoir le bon rythme.
38:39 C'est une partition musicale, effectivement.
38:41 - Et Isabelle Mergo là-dessus,
38:43 comme vous le disiez,
38:44 elle est chiante,
38:45 mais à dessein.
38:46 - Ah oui absolument,
38:47 c'est la reine de la punchline,
38:48 et qui plus il y a une structure,
38:51 il y a un squelette très très fort,
38:54 elle part sur le moindre petit fait,
38:57 le moindre petit geste,
38:58 et ça l'inspire,
39:00 elle a vraiment,
39:01 en plus,
39:02 un taux d'improvisation extraordinaire,
39:04 et chaque soir,
39:05 je vous promets que c'est différent,
39:06 et chaque soir on se marre,
39:08 les gens se marrent,
39:09 c'est impossible.
39:10 Je pensais pas qu'on pouvait se marrer autant,
39:12 même en la lisant,
39:13 je m'imaginais,
39:14 progressivement,
39:15 je vous promets,
39:16 quand j'ai lu ça en une heure,
39:18 j'ai vraiment dévoré le scénario,
39:21 et je pensais pas qu'ils allaient rire autant.
39:24 Mais là c'est non-stop.
39:25 - Alors il y a aussi,
39:27 vous parlez d'improvisation,
39:28 l'improvisation est bien réglée,
39:29 je crois que vous avez travaillé
39:31 avec la ligue d'improvisation,
39:32 qui est aussi une école
39:34 pour justement travailler dans votre ville
39:36 et jouer le bracelet.
39:37 - Mais comme je vous disais,
39:38 j'avais donc mon prof au cours Flan,
39:40 qui s'appelait Raymond Aquaviva,
39:42 et je me disais que j'en avais pas assez,
39:45 que je n'étais pas assez libre,
39:46 parce que moi j'ai besoin de me sentir libre
39:48 à l'intérieur du travail,
39:49 si tout est bien réglé d'avance,
39:52 et vous le savez par coeur,
39:53 vous qui avez côtoyé Moult et Moult Star,
39:56 plus vous travaillez,
39:58 plus vous êtes libre de pouvoir interpréter.
40:01 Donc avec cette ligue d'improvisation,
40:04 où j'y étais quand même,
40:05 j'y suis allé pendant 15 ans,
40:06 en tant que joueur, en tant que comédien,
40:10 en tant que maître de cérémonie,
40:12 je me disais que j'en avais pas assez,
40:14 et là maintenant je me sens libre
40:16 à n'importe quelle configuration,
40:18 et je pense que chaque parent,
40:20 chaque grand-parent doit amener son enfant
40:22 ou son petit-fils en cours de théâtre,
40:25 et quand je vois aujourd'hui
40:27 que le gouvernement
40:28 prend vraiment à coeur l'éducation,
40:31 se dit qu'il va y avoir
40:32 une heure de théâtre minimum par semaine,
40:36 je me dis mais c'est super chouette,
40:37 pourquoi je me suis battu pour la Brigade des mineurs,
40:39 pour les enfants avec Clio Mali,
40:41 pour cette ligue d'improvisation,
40:44 pour le mini dans les Lusco,
40:45 pour justement continuer ce combat
40:48 d'accompagner au mieux les enfants,
40:51 et le théâtre et l'improvisation en font partie.
40:53 Alors le bracelet,
40:54 donc c'est une ligue bien réglée,
40:56 l'improvisation c'est au départ dans la préparation,
40:58 je me souviens de Robert Léric dans les Branquignols,
41:01 chaque mot était réglé,
41:02 si quelqu'un rajoutait ne serait-ce qu'une phrase,
41:04 il se faisait engueuler à la fin du spectacle
41:06 parce que tout devait être réglé,
41:08 c'est le cas aussi pour le bracelet.
41:09 - Oui mais vous aviez quand même
41:11 un taux d'improvisation,
41:12 parce que les Branquignols ont été adaptés à la radio,
41:14 vous pouvez voir,
41:15 et donc là il y avait quand même une belle improvisation.
41:17 - C'était très organisé, c'était très réglé.
41:20 - Parce que moi mon père, papa,
41:22 il vous écoutait, il disait "mais c'était ma référence",
41:26 et c'était aussi au millimètre,
41:27 il y avait un petit peu d'improvisation
41:28 parce qu'un petit bafouillis,
41:30 un petit crachat, un petit quelque chose,
41:32 mais autrement effectivement c'est réglé
41:33 comme du papier à la musique chaque soir.
41:35 - Et il faut s'adapter au rire du public.
41:36 - Ah oui, alors de temps en temps effectivement,
41:39 par exemple ce week-end Isabelle a fait une glissade
41:43 sur un accoudoir de fauteuil
41:46 et tout le monde est parti en délire,
41:48 en plus elle a fourchi un peu sur un petit mot
41:53 donc il est repris,
41:54 il est assez parti, c'est assez étonnant quoi.
41:57 Mais le moindre pétillant dans l'œil,
42:01 on sent qu'il y en a un des deux qui va partir.
42:02 - Et cette particularité dans son élocution,
42:05 c'est un point commun qu'elle a avec Winston Churchill
42:07 qui avait le même problème
42:08 et qui a travaillé pendant des années
42:10 pour justement pouvoir faire ses discours.
42:12 - Et ben comme quoi, il a pas mal réussi.
42:14 - Alors le théâtre pour vous c'est aussi une passion,
42:17 je crois que ça a commencé avec "Les précieuses ridicules"
42:19 en comédie musicale rock.
42:22 - Ah oui, ben disons que vous avez chargé loin.
42:24 J'ai commencé avec quelques membres du grand orchestre du Splendide
42:29 dont les fils de Jean-Marc Thibault, Frédéric Thibault, Xavier.
42:33 Et on a joué ça pendant cinq ans "Les précieuses ridicules"
42:37 mais on s'est aperçu Jacques que certains soirs
42:41 nous étions plus nombreux sur la scène que dans la salle.
42:45 Nous étions 25 sur scène,
42:46 à la guitare il y avait le guitariste Coluche Laurent de Gasperis,
42:50 il y avait à la batterie Amélie Blanchard
42:53 qui était quand même le batteur de Renaud,
42:55 il y avait le clavier de Jen Bergen
42:57 et c'était des fous et on était tous des fous.
43:00 Et moi à l'époque je jouais Gorgibus, le père et l'oncle de Katos et Madelon,
43:05 "Les précieuses ridicules"
43:07 mais version rock musicale comédie.
43:10 - Mais ce qui est étonnant c'est tout ce que vous avez fait au théâtre par passion.
43:12 - Oui.
43:12 - Parce que personne n'est parfait avec Corinne Touzet.
43:16 - Oui.
43:16 - Ça aussi c'était un grand moment.
43:17 - Ah ben Corinne Touzet, attendez, c'était une des plus belles femmes du monde.
43:21 Donc quand on se retrouve côte à côte avec Corinne Touzet sur le théâtre des variétés
43:26 avec 92% de taux de remplissage payant, me disait Jean-Manuel Bagen à l'époque,
43:33 il me dit "tu reviens quand tu veux".
43:35 C'était le patron du théâtre des variétés, un bordelais, moi le toulousain.
43:39 Donc déjà il y avait le derby et c'était un bonheur.
43:42 Il y a eu Corinne Touzet et puis il y en a eu bien d'autres derrière.
43:44 - Il y a eu Ibn Mattus aussi.
43:46 - Avec Ingrid Chauvin.
43:47 - Voilà.
43:48 - Il y a eu personne n'est parfait avec Véronique Janon.
43:50 Il y a eu une nuit d'ivresse, alors la version homosexuelle,
43:54 avec Thierry Lopez qui cette année quand même a eu 4 mollies.
43:58 Je sais pas si vous vous rendez compte, la fierté d'avoir joué avec un homme comme ça.
44:02 - Mais c'était pas votre vocation au début de jouer Jean-Luc Reichman ?
44:05 - Si, le jeu, si.
44:07 Après le jeu, eh ben écoutez, le jeu J.E.U. s'est totalement effacé pour jouer
44:12 et pour laisser passer le jeu J.E.U.
44:15 Et oui le jeu...
44:17 Non mais moi j'aime bien jouer et j'aime bien rassembler comme vous le savez.
44:20 - Et vous rassemblez beaucoup de téléspectateurs avec cette série ?
44:23 -
44:27 C'est vrai que Léo Mathéi on en a parlé, c'est quand même un événement incroyable
44:31 parce que ça fait 11 saisons, ce que vous n'auriez jamais imaginé au départ Jean-Luc Reichman.
44:35 - Non mais jamais, non jamais.
44:36 Vous savez quand on dit "tiens le gars du Midi qui est fait en divertissement dans le jeu
44:41 d'un seul coup va prendre la tête d'une brigade des mineurs,
44:45 tiens d'un commandant, moi ce qui me plaît bien,
44:48 c'est effectivement aller à contre-courant et de me battre également pour mes valeurs.
44:54 Et les valeurs c'était les mineurs, c'était les enfants, d'où la brigade des mineurs.
44:58 Et puis c'est un défi aussi Jacques de se dire "on va créer une fiction française"
45:04 tout comme on va créer un jeu français.
45:06 Et moi qui suis très chauvin, quand c'était "Attention à la marche"
45:10 où on a créé cette émission qui a duré 9 ans et demi,
45:14 quand on a créé Léo Mathéi ça fait 11 ans,
45:17 et bien je me dis que ça fait du bien.
45:19 - Oui mais en même temps il fallait jouer et écrire
45:22 parce que d'avoir l'idée c'est pas simple, il faut écrire derrière.
45:24 - Ah ouais, il faut savoir s'entourer, mais vous le savez mieux que personne.
45:28 Et puis il faut s'entourer des gens qui savent
45:31 et il faut pas se dire qu'on peut tout faire tout seul, loin de là.
45:34 Et moi j'ai toujours été plutôt du côté des coachs et des managers
45:39 où j'aime bien s'amanager.
45:40 - Oui mais en même temps, manager ça veut dire aussi trouver des idées, écrire,
45:44 parce que la brigade des mineurs c'était aussi quelque chose de très original au départ,
45:47 ça n'existait pas, on ne parlait pas des problèmes des mineurs quand vous avez commencé.
45:50 - Ah ça c'était clair, alors là c'était un petit défi,
45:53 et là il y en a pas beaucoup qui donnaient "chère de ma peau"
45:56 parce que là c'est d'un seul coup, on se disait "Bon alors laissez-le se planter,
46:00 vous inquiétez pas, il a envie de faire de la comédie,
46:03 on va lui faire plaisir, on va lui donner une soirée".
46:06 Ah quand même ça a marché un peu quand même,
46:07 on va lui donner deux soirées, ah voyons ça a bien marché,
46:10 et bien là on lui a donné trois soirées,
46:12 et depuis on a trois soirées avec, oui ça fait six épisodes, 52 minutes chacun.
46:17 - Et comment vous arrivez à faire les jeux, les douze comédies,
46:21 le théâtre et en même temps Léomath et y écrire et jouer ?
46:23 - C'est une question d'organisation, mais je m'organise assez bien,
46:27 on est assez flexibles, et puis comme je vous le disais tout à l'heure,
46:32 je crois qu'il y a des opportunités qu'il ne faut pas rater dans la vie,
46:34 et autrement on dit toujours des remords d'accord mais des regrets jamais,
46:40 donc je ne veux pas regretter, laisser passer une occasion comme celle du bracelet au théâtre,
46:45 je crois qu'il ne faut pas rater quand on tombe sur un bon scénario par exemple.
46:48 - Oui mais c'est une particularité, beaucoup de gens disent "oui j'hésite,
46:51 j'ai hâte de faire", vous vous foncez quoi qu'il arrive, c'est assez rare.
46:55 - Ouais mais j'aime ça, j'aime ça, autrement il est où le panache,
47:00 elle est où la vie, laissons-nous se surprendre par la vie,
47:04 vous savez la normalité m'ennuie, le quotidien m'ennuie,
47:08 les habitudes, cette histoire de répétition de la vie,
47:13 tiens qu'est-ce qu'on fait demain, on va faire comme hier,
47:15 tiens on boit son petit café, son petit machin, j'aime pas ça.
47:18 Donc je me laisse quelques fenêtres ouvertes, et de temps en temps quand elles sont fermées,
47:26 je m'aperçois qu'il y a une espagnole qui s'ouvre,
47:27 et c'est peut-être là qu'il faut voir ce petit brin de soleil.
47:31 - Oui mais le bracelet c'est aussi le rythme d'un spectacle quotidien jusqu'au 5 mai,
47:35 au théâtre des nouveautés, il faut tenir le choc avec tout le reste.
47:37 - Oui mais ça, vous savez, je pense sincèrement que ça se passe dans la tête,
47:44 c'est-à-dire qu'il y a tout qui suit derrière, si on arrive à positiver,
47:50 mais vraiment c'est pas des mots en l'air,
47:53 c'est-à-dire que maintenant ils nous assassinent un petit peu avec les infos sans arrêt,
47:58 toujours voir le côté négatif, c'est là où il va y avoir des punchlines,
48:02 où il va y avoir du buzz négatif, et d'un seul coup ça va monter,
48:06 on a des alertes de partout, ça va monter en cacahuètes.
48:09 Mais attendez, tout ceci, Jacques, est tellement fragile,
48:13 la moindre broutille, le moindre accident, la moindre maladie
48:18 peut vous tomber dessus à n'importe quel moment,
48:20 donc attendons-nous, jouissons, je vais pas refaire la pléiade,
48:25 mais c'est un petit peu ça, c'est profiter de cet instant présent,
48:28 par exemple avec vous Jacques Pessis, voilà, autour de ce petit moment intime,
48:33 et à la fois tellement simple, et je pense qu'on dénigre un peu les choses simples
48:42 pour de l'ultra-sensationalisme, pour de l'ultra-performance,
48:48 pour de l'ultra-rendement, alors qu'on peut tout simplement s'arrêter
48:52 au coin de la table sur ce radio.
48:54 - Oui, vous s'arrêtez et restez simple, nous allons voir le bracelet
48:58 avec vous, avec Isabel Mergo, et avec d'autres comédiens pour rire,
49:01 alors je précise que c'est du jeudi au samedi à 21h,
49:04 - Le jeudi, oui, c'est ça.
49:05 - Samedi à 16h30, dimanche à 16h, et c'est au thème des nouveautés
49:08 jusqu'au 5 mai, donc il faut se hâter.
49:10 - Merci infiniment Jacques.
49:11 - Merci Jean-Luc Reichmann.
49:12 - Vous ne changez pas Jacques.
49:13 - Eh ben vous ne changez rien non plus.
49:15 - Merci.
49:16 - Merci, l'éclai de vie de Vichy est terminé pour aujourd'hui,
49:18 on se retrouve bientôt, reste fidèle à l'écoute de Sud Radio.

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