Elisabeth Lévy: "L'inscription du consentement dans le droit français est une abomination juridique"

  • il y a 6 mois
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##LEVY_SANS_INTERDIT-2024-03-14##
Transcript
00:00 - Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Rocher.
00:05 - Il est 8h14, Lévi sans interdit avec vous, Elisabeth Lévy.
00:09 Elisabeth, Emmanuel Macron veut inscrire la notion de consentement
00:14 dans la définition juridique du viol.
00:17 Vous revenez sur cette annonce, même si ce n'est pas encore officialisé, bien sûr,
00:21 parce qu'il va y avoir une émission.
00:23 - Oui, il veut, il voudrait, il envisage en tous les cas.
00:26 Il l'a évoqué avec l'association Droits des Femmes le 8 mars, voilà ce qu'il a dit,
00:30 que le consentement puisse être inscrit dans le droit français.
00:32 Je l'entends tout à fait, je vais le faire, a-t-il dit en somme.
00:36 Bon, alors aujourd'hui, la définition du viol dans le code pénal,
00:39 c'est tout acte de pénétration sexuelle ou bucogénitale commis par violence,
00:45 contrainte, menace ou surprise.
00:47 Mais pour les ligues de vertu féministe, c'est insuffisant.
00:50 Elles veulent que la France imite l'Espagne et la Suède,
00:52 où tout acte sexuel non précédé d'un accord explicite est considéré comme un viol.
00:58 Alors bon, c'est une abomination juridique de mon point de vue,
01:00 parce que c'est une épée de Damoclès sur la tête des hommes.
01:03 On pourra toujours revenir sur ce consentement,
01:06 dire qu'il n'était pas vraiment éclairé.
01:07 J'ai dit oui, mais j'avais bu.
01:08 J'ai dit oui, mais j'étais sous emprise.
01:11 Il donne aux femmes la possibilité de requalifier en viol beaucoup de relations,
01:15 parce que Donna est mobilée.
01:17 Et en fait, c'est une conception des femmes qui les victimise et qui les fragilise.
01:22 Elles se retrouvent avec un homme sans l'avoir choisi,
01:24 et elles cèdent sans l'avoir voulu, les pauvres petites.
01:27 Alors attention, dans l'acception classique du viol, ça existe.
01:31 Un type, un homme qui contraint, qui force une femme,
01:34 souvent avec violence, l'inverse est tout de même plus rare.
01:37 Mais avec ce consentement réversible,
01:39 une femme qui fait l'amour avec son mari parce qu'il insiste un peu,
01:42 elle pourra déclarer le lendemain qu'il l'a violée,
01:45 surtout si elle veut la garde des enfants.
01:47 - Bon, ça dit, alors il faut des règles, Elisabeth, aussi.
01:51 - Ben oui, Patrick, mais ces règles existent.
01:53 En violence, je répète, en violence, contrainte, menace ou surprise,
01:56 et en plus, en dehors de ces cas,
01:58 même s'il n'y a rien eu de tout ça et que vous avez dit non,
02:00 et bien évidemment, vous avez dit non.
02:02 Mais sinon, tout ce qui n'est pas refusé
02:04 et qui ne procède pas de ces quatre cas,
02:06 et bien, est autorisé.
02:07 Quand une femme dit non, c'est non, ben tant pis.
02:09 Pour celles qui disent non en pensant,
02:11 oui, oui, ça peut arriver, mais ça c'était avant,
02:14 quand on pouvait marivoder.
02:15 Bon, l'exigence du consentement explicite
02:18 élimine l'ambiguïté consubstantielle aux relations humaines,
02:21 et notamment sexuelles.
02:22 Franchement, vous croyez que toutes les femmes
02:24 veulent exprimer clairement leur désir
02:26 avant de faire l'amour,
02:27 que les timides ou les complexés
02:29 demanderont alors d'eux le signer,
02:31 alors la pénétration, c'est OK, tu signes là.
02:33 Enfin, imaginez, imaginez
02:35 cette exigence que ça peut donner en vrai, en fait.
02:39 Derrière cette demande d'extension infinie du domaine du viol,
02:42 et bien, il y a une terrifiante volonté de normaliser l'intime.
02:46 Exiger un consentement explicite
02:48 avant tout acte sexuel,
02:49 c'est laisser le législateur
02:51 entrer dans les alcôves,
02:52 s'immiscer dans le jeu tortueux
02:54 des sentiments et des désirs.
02:56 Alors, la loi établie, elle l'établit,
02:58 ce qui est interdit,
02:59 elle n'a pas à ériger des règles positives
03:02 sur notre comportement privé.
03:03 Nous n'avons pas besoin
03:05 d'un code de la séduction.
03:06 Avec le projet d'aide à mourir,
03:08 l'État prétend déjà domestiquer Tamath Tanatos.
03:11 Alors, pitié, pitié,
03:12 qui nous laisse un peu nous débrouiller avec Eros.
03:15 Tu veux, tu veux pas.
03:17 Si tu veux, c'est bien.
03:18 Si tu veux pas, tant pis.
03:20 Si tu veux pas, j'en ferai pas une maladie.
03:24 Oui, mais voilà, réponds-moi, non ?
03:26 Bien oui, c'est comme ci ou comme ça.
03:29 Ou tu veux, ou tu veux pas.
03:31 Tu veux, ou tu veux pas.
03:33 - Merci, Elisabeth Lévy.
03:35 Alors, évidemment, ça suscite la polémique,
03:40 cette idée de consentement.
03:42 On entendait une avocate, justement,
03:44 qui allait dans votre sens,
03:45 Elisabeth Lévy, ce matin,
03:47 à cet ordi sur Sud Radio.
03:48 Mais une association féministe
03:49 défendait l'inverse, tout à l'heure,
03:51 dans le journal.
03:52 Dites-le franchement, Alexis Poulin,
03:54 vous, quelle est votre position ?
03:56 C'est pas simple, peut-être,
03:58 de se positionner sur ce sujet, Alexis, non ?
04:00 - Non, parce que c'est un sujet
04:02 de l'ordre de l'intime,
04:03 et parce que c'est un sujet
04:05 qui touche la sphère privée.
04:07 Et donc, on voit que l'État essaye
04:09 systématiquement de rentrer
04:11 dans cette sphère privée.
04:12 Ou du moins, que la loi, disons,
04:14 le juridique, essaye de rentrer
04:16 dans la sphère privée de plus en plus,
04:18 dans une américanisation croissante
04:20 de la société.
04:21 On connaît tous ces papiers de consentement
04:23 qu'il faudrait faire signer
04:24 avant de passer à l'acte dans certains pays.
04:26 Et là, on se retrouve avec cette idée
04:28 de dire, finalement,
04:32 "Attention, tout ce que vous allez faire
04:34 va être sous le coup d'une loi
04:36 ou du moins d'un règlement, d'une norme,
04:38 avec l'État qui gère ce qu'il y a de plus intime."
04:41 Encore une fois, je pense que la loi
04:43 sur la fin de vie, c'est extrêmement délicat.
04:46 Tout comme la loi qu'on voudrait faire
04:48 sur les relations inter-humaines.
04:50 - Elisabeth Lévy, un mot de commentaire ?
04:52 - Oui, alors d'abord, il faut quand même noter
04:54 que ce n'est pas l'État qui veut.
04:56 J'ai pas l'impression qu'Emmanuel Macron
04:58 était très allant sur ce sujet.
05:00 Il répond un peu au petit bonheur-la-chance.
05:02 Et ce sera peut-être aussi réel
05:04 que la coalition anti-Ramas.
05:06 Donc, c'est plutôt des associations,
05:08 des groupes qui veulent toujours plus.
05:10 Mais là, si vous voulez, même au-delà,
05:12 oublions qu'il s'agit du viol.
05:14 Cette idée que dans le privé,
05:16 la loi doit dire, par exemple,
05:18 "Vous n'avez pas le droit de faire ci, ça,
05:20 et bien sûr, on n'a pas le droit de brutaliser
05:22 ses enfants ou son conjoint, ou qui que ce soit d'ailleurs."
05:24 Mais si elle nous dit ce qu'on doit faire,
05:26 et d'ailleurs, quand elle nous dit
05:28 "je le partage des tâches ménagères",
05:30 c'est déjà ça. Si vous laissez les gens
05:32 se débrouiller avec l'intime.
05:34 Alors bien sûr, la loi doit
05:36 protéger contre les agressions,
05:39 contre les prédateurs, etc.
05:41 Mais vous pouvez faire toutes les lois
05:43 sur le consentement que vous voulez,
05:45 mais c'est pas ça qui va empêcher
05:47 les prédateurs ou les violeurs, en réalité.
05:49 Donc, moi, je trouve ça très dangereux, en fait.
05:53 Il ne faut pas faire comme si, en plus,
05:57 ça c'est très important à mon avis,
05:59 comme si les viols, les agressions,
06:01 toutes les horreurs qu'on entend
06:03 parce qu'on parle des trains qui n'arrivent pas à l'heure,
06:05 étaient la règle commune.
06:07 C'est malgré tout, les transgressions
06:09 sont l'exception.
06:11 - Sauf que beaucoup d'affaires
06:13 dans les cours départementales,
06:14 ce que nous disait l'avocate aujourd'hui,
06:16 c'est une majorité d'affaires
06:17 sur les agressions sexuelles
06:19 qui sont jugées, des affaires de la Té.
06:21 Alexis ?
06:23 - C'est une réalité, et donc c'est normal
06:25 de vouloir aller plus loin, peut-être
06:27 pour au moins éviter davantage
06:29 de passage à l'acte, en disant "attention,
06:31 les lois sont plus contraignantes".
06:33 Et heureusement, puisqu'il s'agit
06:35 de protéger les victimes.
06:37 Donc c'est normal
06:39 de vouloir protéger les victimes, là où c'est
06:41 dangereux, c'est d'avoir
06:43 encore une fois une loi floue
06:45 ou des règles qui seront trop floues
06:47 pour que la victime qui est déjà
06:49 débordée puisse se tuer.
06:51 - Allez, dans un instant,
06:53 il est 8h21, on continue avec vous
06:55 Elisabeth Lévy et vous Alexis Poulin.
06:57 Il y a les dérives d'une grande école.
06:59 Que se passe-t-il à Sciences Po ?
07:01 Et puis qu'est-ce que vous attendez d'Emmanuel Macron ?
07:03 Qui s'exprime ce soir à 20h.
07:05 Est-ce qu'il est sur le crène ? Est-ce qu'il ira sur d'autres sujets ?
07:07 On en parle dans un instant, ensemble sur Sud Radio.
07:09 de Radio-Canada.

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