E. Lévy : "Si S. Rousseau n’aime pas la virilité, qu’elle n’essaie pas d’en dégouter les autres"
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##LEVY_SANS_INTERDIT-2024-03-21##
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00:00 Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Rocher.
00:04 *Musique*
00:11 - Bah oui, évidemment, vous reconnaissez la musique de Rocky,
00:15 parce que c'est Emmanuel Macron en boxeur.
00:18 Nous allons en parler avec vous, Elisabeth Lévy.
00:20 Bonjour Elisabeth, dans les vies sont interdites.
00:23 Alors cette photo d'Emmanuel Macron en boxeur,
00:25 je ne sais pas si vous l'avez vue déjà sur les réseaux sociaux,
00:28 elle fait beaucoup réagir.
00:29 - Oui, elle a même suscité un ricanement général
00:32 et un flot de commentaires qui sont souvent insipides et répétitifs.
00:36 Alors je ne parle évidemment pas des blagues de notre cher Guy Carlier,
00:40 mais donc tous ces commentaires dans les journaux,
00:42 un peu tous pareils sur la mise en scène, la com', la posture,
00:45 et plus d'innombrables conjectures sur la réalité
00:49 de l'impressionnant biscotto présidentiel en Photoshop,
00:52 raillent les internautes.
00:54 Je ne sais pas et je ne crois pas, mais bon, je n'ai pas la réponse.
00:57 Alors on peut bien sûr ironiser sur le président Rocky,
01:00 sur la mise en scène de sa rivalité avec Fouty,
01:02 on peut disserter sur le jeunisme, l'exhibitionnisme,
01:05 le narcissisme, l'impudeur assumé.
01:07 On peut d'ailleurs rappeler l'exhibition non consentie
01:09 avec un jeune entier torse nu
01:11 qui faisait un doigt d'honneur au président.
01:13 On peut aussi déplorer que les deux corps du roi n'en fassent plus qu'un
01:17 et que ce corps soit exposé à la vie de tous.
01:19 Mais des millions de Français exposent ainsi leur vie sur les réseaux sociaux.
01:22 Emmanuel Macron est un enfant de son temps.
01:25 En revanche, je dirais que le commentaire présidentiel dans la vidéo
01:31 est parfaitement concernant.
01:32 Nous allons accueillir les jeux les plus décarbonés de l'histoire
01:36 et pour la petite touche papaïste,
01:38 un bon papa nous invite à faire du sport, de quoi je me mêle.
01:42 Quel conseiller, quelle agence a concocté des éléments de langage aussi nuls ?
01:45 On dirait qu'ils sont là pour casser le mystère troublant de l'image.
01:49 - Mystère troublant, comme vous y allez.
01:51 Pour Sandrine Rousseau, on l'a entendu,
01:54 ce sont des codes virilistes.
01:56 - Oui, écoutez, je ne suis pas d'accord avec Sandrine Rousseau,
01:59 ça ne vous étonnera guère.
02:01 D'abord, c'est une bonne photo et comme telle,
02:04 elle échappe un peu à l'intention à la fois de l'auteur,
02:07 soit-dit de la moissonnière, et du sujet.
02:10 Donc, elle est plus intéressante, à mon avis,
02:13 que les sempiternelles images de nos présidents ou de nos ministres
02:17 en faisant du jogging.
02:19 Alors bien sûr, cette photo, qu'est-ce qu'elle nous dit ?
02:22 Elle veut montrer un homme à l'offensive.
02:24 En réalité, on voit un homme seul qui s'épuise
02:27 dans un combat contre lui-même.
02:29 Je trouve intéressant quand même de la regarder.
02:31 Alors, Sandrine Rousseau, vous l'avez dit,
02:32 dénonce des codes virilistes utilisés jusqu'à l'overdose.
02:36 Et c'est un visuel viriliste en danse néo-populiste,
02:39 renchérie, libération.
02:40 Alors, il faudra m'expliquer ce qu'est la virilisté.
02:43 Si ces dames patronesses veulent dire que le boxeur Macron
02:46 manie des codes sexués, oui, c'est indéniable.
02:49 Il y a une ambiance qui n'est peut-être pas érotique,
02:51 mais au moins sensuelle dans cette photo.
02:53 Et puis, oui, c'est une image de la masculinité.
02:56 Gros bras, gros cerveau.
02:57 C'est un cocktail qui est fait fantasmer,
02:59 qui plaît à pas mal de femmes, et d'ailleurs pas qu'à des femmes.
03:02 J'ai quelques amis garçons qui l'ont trouvée très bien,
03:06 cette photo.
03:08 Et notre époque libérale, voyez-vous,
03:11 permet aussi à ceux qui détestent ce théâtre
03:13 où les hommes sont des hommes des vrais
03:15 et les femmes des femmes de s'en affranchir
03:16 et de se jouer une toute autre pièce.
03:18 Et c'est très bien.
03:19 Alors oui, je souhaite tout le bonheur du monde
03:21 à Madame Rousseau avec son homme déconstruit.
03:24 Mais si elle n'aime pas la virilité
03:25 qu'elle n'essaie pas d'en dégoûter les autres,
03:27 d'ailleurs, elle n'y arrive pas.
03:28 - Bon, et vous, dites-le franchement,
03:34 mon cher Alexis Poulin, comment vous l'avez trouvée, cette photo ?
03:37 Alors, à priori, ce n'est pas photoshopé,
03:39 mais c'est vrai qu'il y a sur les réseaux sociaux
03:43 un doute, quoi.
03:45 Alexis ?
03:46 - Alors, ce n'est pas photoshopé,
03:47 mais c'est mis en scène.
03:49 Enfin, on voit, c'est la salle de boxe,
03:51 comme le disait Elisabeth,
03:52 un homme seul contre un sac
03:54 qui s'est inscrit à se battre comme ça.
03:57 Bon, ici, une photo pour la fan base d'Emmanuel Macron.
04:00 Clairement, l'idée après de mettre ça sur les Jeux olympiques,
04:03 ce n'est pas la première fois qu'il se met en scène avec la boxe.
04:06 Mais il y a un truc plus intéressant
04:07 avec le noblard qu'est la boxe,
04:10 c'est de voir comment ce sport est récupéré
04:12 par les élites, d'abord économiques,
04:14 les youppies dans les années 80
04:16 qui se mettaient à la boxe et qui adoraient ça.
04:19 Et maintenant, les politiques,
04:20 il y a Édouard Philippe, notamment,
04:22 mais Emmanuel Macron,
04:24 et qui reprennent ce sport
04:25 qui est quand même un sport de classe à la base,
04:28 sport plutôt très populaire,
04:30 d'émancipation, etc.
04:31 Et donc, il y a aussi la volonté, je pense,
04:33 de montrer la mise à niveau aussi,
04:36 en disant voilà, moi aussi, j'aime la boxe,
04:38 moi aussi, j'aime ce sport.
04:39 Et donc, c'est important.
04:40 Plus le côté, bien sûr, je suis un président combatif.
04:44 C'est fatigant, en fait,
04:45 cette scène politique qui est dominée
04:49 par les communicants depuis maintenant trop d'années,
04:51 où tout est calibré pour la communication,
04:54 l'ultra communication.
04:56 Je pense qu'on va en avoir une overdose
04:58 d'ici quelques années,
05:00 mais on est encore dans une apogée
05:04 de ce système-là,
05:05 de la politique people,
05:07 de la politique mise en scène,
05:09 qui n'apporte rien à part
05:11 la propre mise en scène des politiques eux-mêmes,
05:14 avec tous les messages qu'ils aimeraient faire passer.
05:16 Derrière, il y a des dossiers
05:20 sur le bureau du président,
05:21 il faut les traiter de manière urgente.
05:23 - Si vous voulez, excusez-moi,
05:25 d'abord, s'il y a de la communication,
05:27 c'est parce qu'on en demande.
05:28 - Oui, pas forcément.
05:30 - Attendez, je vais quand même aller au bout de ma phrase.
05:33 Merci. Donc, s'il y a de la communication,
05:35 c'est parce qu'on en demande,
05:36 parce que face à des gens qui sont un peu,
05:38 qui s'exhibent, il y a des gens qui regardent.
05:40 Je suis désolé, sinon il n'y aurait pas.
05:42 Il n'y aurait pas de réseaux sociaux,
05:44 il y aurait même des gens qui en parlent.
05:46 Deuxièmement, moi,
05:47 enfin, je trouve, excusez-moi,
05:49 ces commentaires sur la communication
05:51 un tout petit peu paresseux.
05:52 Louis XIV se mettait en scène, je suis désolé.
05:54 La communication, ça fait partie du pouvoir.
05:57 Alors, on trouve que peut-être il en fait trop,
05:58 on peut toujours en discuter,
06:00 mais si vous voulez, c'est à chaque fois,
06:02 en fait, maintenant, que Macron fait quelque chose,
06:03 qu'Emmanuel Macron, pardon,
06:05 fait quelque chose, ou qui que ce soit d'autre.
06:06 D'ailleurs, ce n'est pas le président en tant que tel
06:08 que je veux défendre.
06:09 J'en ai un peu marre, si vous voulez,
06:11 de ce ricanement général
06:14 dès qu'un politique, dès qu'un élu fait quelque chose.
06:17 Donc, je trouve qu'il y a d'autres choses à en dire.
06:19 Je trouve que, comme je vous l'ai dit,
06:21 cette image, elle dit quelque chose à son insu,
06:24 parce qu'effectivement, je ne crois pas
06:25 que c'est ce qu'il voulait dire,
06:26 mais elle met en scène un homme seul.
06:28 Moi, ça, ça m'a frappé.
06:29 - Mais ce n'est pas un fake, Alexis Poulin,
06:31 vous qui débusquez beaucoup, en fait,
06:33 un petit peu tout sur les réseaux sociaux.
06:34 - Non, non, c'est la photographe officielle
06:37 du président, c'est-à-dire de la moissonnière,
06:39 qui a publié ces images.
06:40 Donc, elles ont été validées par le staff.
06:41 - Y compris sur les biscottons,
06:43 parce que c'est vrai qu'il y a eu d'autres photos
06:45 qui circulaient où on voyait Emmanuel Macron,
06:47 il n'avait pas forcément les mêmes biscottons.
06:48 - Ah oui, mais depuis, il est à la salle.
06:50 - Vous savez, allez-y, Patrick,
06:52 vous allez voir, en deux mois.
06:54 Non, mais et par ailleurs, si vous voulez,
06:56 on ne peut quand même pas reprocher aux élites
06:58 de pratiquer la boxe.
06:59 C'est comme si vous disiez que les pauvres
07:01 n'ont pas le droit d'aller au golf.
07:02 - Ah, mais je ne leur reproche pas.
07:03 - La boxe, l'intérêt de la boxe, c'est que...
07:05 - Y compris hommes et femmes, bien sûr.
07:08 Rachida Dati s'était mis à la boxe,
07:10 je ne sais pas si elle continue.
07:11 - Notre conseilleuse Sonia Mabrouk
07:13 m'a dit hier qu'elle faisait de la boxe.
07:14 J'espère que je ne trahis pas.
07:16 - Oui, oui, bon non, vous pouvez le dire.
07:18 - J'espère que je ne trahis pas quelque chose.
07:20 - Judith Beller, tient animatrice de Sud Radio,
07:23 elle faisait de la boxe.
07:24 Je crois qu'elle a arrêté parce qu'elle avait trop de biscottons.
07:26 - On m'a beaucoup conseillé d'en faire.
07:28 On m'a dit "ça va te défouler, ça va te calmer".
07:30 - Oui, c'est vrai. Vous n'avez pas essayé ?
07:32 - Si, j'ai déjà essayé, mais c'est un sport super complet.
07:34 Simplement, moi je préfère faire du sport chez moi
07:36 parce que sinon, en plus, il faut aller...
07:38 - Je crois même que Valérie Pécresse avait voulu s'y mettre.
07:41 Bon, ça n'a pas porté chance.
07:43 - Et donc, bon, oui, il y a de la com',
07:46 la question...
07:47 Mais je ne crois pas que ce soit la com'
07:49 qui l'empêche de traiter des dossiers.
07:51 Après, évidemment, si vous voulez,
07:53 dans le contexte avec Poutine,
07:55 on peut effectivement s'en amuser.
07:57 Mais moi, si vous voulez, d'abord,
07:58 je remarque aussi parce qu'on nous dit "c'est viril".
08:01 C'est viriliste, c'est viriliste.
08:03 Eh bien, je constate pour un petit sondage
08:05 pas tout à fait scientifique fait auprès
08:07 de quelques-uns de mes amis,
08:09 filles et garçons,
08:10 qu'il y en a pas mal qui ont trouvé cette photo
08:13 assez à leur goût.
08:14 - C'est ce que vous avez dit tout à l'heure.
08:15 Allez, dans un instant, je ne sais pas si il a montré
08:17 les biscottos hier soir, Emmanuel Macron.
08:19 Il a réuni ses ministres et les chefs de la majorité
08:21 notamment pour dire que rien ne va plus
08:23 sur un plan financier en France.
08:25 Grosse crainte, évidemment, de déficit.
08:28 On l'évoquera dans un instant,
08:29 comme d'autres sujets, évidemment.
08:31 8h21 sur Sud Radio.
08:33 Bruno Rotaillot, l'invité politique aussi
08:34 dans une dizaine de minutes
08:36 de Jean-Jacques Bordin
08:37 sur Sud Radio, version Rocky ce matin.