• il y a 9 mois
Avec Christophe Margain, chef, président des Toques blanches lyonnaises ; Jérémie Bréaud, maire de Bron ; Bruno Benoît, historien.

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##LE_FACE_A_FACE-2024-03-28##

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News
Transcription
00:00 Direct depuis Lyon Aurexpo
00:02 Sud Radio Bercov dans tous ses états
00:05 Le face à face
00:08 Eh bien le face à face aujourd'hui, et voilà là on va passer à un stade de plaisir
00:14 d'art et où mieux que Lyon on pourrait parler de gastronomie bien sûr
00:19 avec Christophe Marguin qui est président des Toques Blanches lyonnaises
00:23 qui est propriétaire du restaurant Le Président, très très connu bien sûr
00:28 et vous venez de sortir un livre, un livre remarquable, je veux dire très très beau
00:33 et sûr sur ces Toques Blanches, alors d'abord c'est quoi ces Toques Blanches,
00:37 ça a été créé comment Christophe Marguin ?
00:39 C'est quoi l'histoire ?
00:41 L'histoire c'est que l'association a été créée en 1936 par un très grand chef
00:45 qui s'appelle Marius Vettard qui était Place Belcourt
00:49 et au départ c'était vraiment une amicale de chefs
00:52 et c'était vraiment un rassemblement de copains, ils se retrouvaient tous les mois,
00:55 ils jouaient aux boules, ça a duré pendant de nombreuses années
00:58 puis fin des années 80 ça commence à se structurer
01:01 et puis il y avait toujours ce petit casse-croûte tous les mois
01:03 mais on commençait un peu plus à parler de l'ensemble des chefs
01:06 et moi je suis pris cette association il y a 20 ans en me disant
01:10 voilà aujourd'hui il faut qu'on fédère encore plus,
01:12 c'est à dire qu'on est la seule association en France qui va du Bouchon lyonnais
01:16 parce qu'on a cette tradition à Lyon du Bouchon au restaurant 3 étoiles
01:19 et pour nous c'est important de fédérer.
01:20 À qui réunit tout le monde.
01:21 Exactement, souvent les associations de chefs dans les régions
01:23 on va prendre les 10, 15 meilleurs de la région et on valorise que l'excellence.
01:28 Les étoilés ou les non étoilés, enfin oui.
01:30 Exactement, mais il y a des très bons petits restaurants
01:32 et nous on est là pour valoriser tout le monde.
01:34 Alors justement donc l'histoire des Toques Blanches,
01:36 elles sont combien ces Toques Blanches aujourd'hui ?
01:39 Donc aujourd'hui on est 147 mais surtout on a eu je pense l'intelligence il y a 3 ans
01:44 d'ouvrir les portes aux gens du service.
01:46 Les associations de chefs étaient toujours un petit peu sectaires
01:49 et puis un jour ça m'a pris, j'ai dit aux membres du bureau
01:52 peut-être qu'on se fédère un peu plus
01:54 parce que sans le service on ne serait pas là.
01:57 Donc on a fait rentrer le service, la somme élevée
01:59 et les métiers de bouche qui nous entourent aussi, on veut qu'ils nous rejoignent.
02:03 Comme par exemple ?
02:04 Le fromager, on a un fromager meilleur au Royaume de France,
02:06 un grand homme qui nous a rejoint,
02:08 on a un caviste d'exception à Lyon qui nous a rejoint.
02:10 Donc ces métiers nous intéressent parce qu'on ne travaille qu'aux quotidiens
02:13 et pour nous c'est important de les valoriser tout le temps.
02:15 Et oui, et ce livre est né de cela,
02:19 si on vous a dit on va peut-être rassembler un certain nombre de témoignages.
02:22 Ce qui est important c'est que quand vous avez la chance d'avoir bientôt 90 ans,
02:26 je pense qu'une histoire il est important de la raconter,
02:28 il est surtout important de laisser une trace.
02:30 Et quand vous avez cette histoire qui est là
02:33 et qui fait vivre notre région,
02:35 parce qu'on fait vivre à travers nos métiers une filière qui est très importante,
02:39 qui va de l'agriculteur aux arts de la table,
02:42 à tous nos fournisseurs,
02:44 donc de fédérer c'est un mot important pour moi.
02:47 Et à travers ce livre on a décidé de mettre 100 chefs
02:50 qui ont donné 100 de leurs recettes
02:52 et nos sommeliers, on a 5 sommeliers mérouvés de France,
02:55 chacun a fait un accord mévin pour chacune de ses recettes.
02:58 Et bien sûr on raconte notre histoire au début de ce beau livre.
03:01 C'est un très beau livre, il est paru aux éditions de l'ENA,
03:04 vraiment je le recommande parce qu'il est passionnant en plus,
03:06 il est beaucoup fait de recettes,
03:08 mais qui sont Margal ?
03:10 C'est une question que je pose peut-être,
03:12 les Lyonnais ont la réponse, mais les non-Lyonnais non.
03:15 Qu'est-ce qui fait que Lyon,
03:17 est-ce qu'on peut expliquer pourquoi Lyon reste,
03:20 demeure, et c'est très bien, mais depuis des siècles,
03:23 la capitale à qui on veut bien manger,
03:25 d'abord on pense à Lyon, bien sûr que d'autres villes existent.
03:28 Alors la première chose, c'est notre histoire,
03:31 on a eu les mères, qui travaillaient chez les soyeux,
03:35 et un jour les soyeux ont vécu la crise aussi,
03:38 à un moment de leur vie,
03:40 et ils ne pouvaient pas garder leurs employés,
03:42 donc certaines femmes se sont installées,
03:44 c'est la femme de Fiyou qui a formé la fameuse mère Brasier,
03:47 et ces femmes, elles sont le début de notre histoire.
03:50 - Ça a commencé par les femmes ?
03:52 - C'est les femmes qui ont marqué l'histoire de Lyon.
03:54 Ensuite on a eu un grand chef qui était juste à côté de Lyon,
03:57 qui s'appelle Fernand Poin,
03:59 et il a formé toute cette génération de chefs,
04:01 de Paul Bocuse, de M. Troigrot, de M. Berlin, d'Alain Chapelle, de M. Houtier,
04:05 tous ceux qui aiment nous, notre génération, sont nos maîtres.
04:08 Et ça a toujours duré, ça a perduré, parce que ça se transmet,
04:11 on a une troisième génération, moi je suis la quatrième génération,
04:13 j'ai un fils qui me suit, donc j'espère qu'il y aura une cinquième génération bientôt.
04:16 Je pense que la force elle est là, c'est qu'il y a une tradition,
04:19 et on a des fournisseurs extraordinaires,
04:21 on a les Halles de Lyon qui sont là,
04:23 on a un vivier de produits qui est autour de nous,
04:25 et qui nous abreuve au quotidien,
04:27 on a les vins, on a entouré des vins,
04:29 donc on a une richesse qui fait que je pense que le territoire,
04:31 les gens ont envie de rester.
04:33 Et maintenant, depuis quelques années, on a la chance d'avoir une école également,
04:36 qui s'appelle l'Institut Life,
04:38 qui a changé de nom il n'y a pas très longtemps,
04:40 et qui forme des jeunes qui viennent du monde entier.
04:42 Et depuis une dizaine d'années, on se rend compte que beaucoup de jeunes,
04:45 ils ne repartent pas dans leur pays,
04:47 ils s'installent, et ils s'installent à Lyon.
04:50 - Ah oui, et ils viennent de partout !
04:52 - Exactement, et c'est important parce qu'ils apportent quelque chose de différent.
04:55 Et justement, cette force de Lyon elle est là,
04:58 c'est le fait de mélanger cette tradition,
05:02 cette nouvelle vision, ces nouveaux goûts qui viennent un peu d'ailleurs,
05:05 et qui s'implantent maintenant dans notre ville,
05:08 et je pense que ça va durer encore très longtemps, on passe à ça.
05:11 - Oui, c'est formidable, on voit quand on vient ici, c'est vrai,
05:14 la qualité est là,
05:17 et vous avez tout à fait eu raison,
05:20 et même plus que ça, de dire, il y a les bouchons,
05:23 et puis il y a les grands restaurants, et tout ça,
05:25 mais vous savez, moi, une de mes premières visites à Lyon,
05:27 je le raconte toujours,
05:29 j'étais dans les traboules, et je me rappelle,
05:31 j'arrive, et je n'avais même pas d'appareil photo,
05:33 il y avait un restaurant, c'était marqué "Restaurant ouvrier, cuisine bourgeoise".
05:36 - Vous avez trouvé ça, ouais.
05:38 - Et il y a une chose que j'ai oublié de dire, également, qui est importante,
05:40 c'est que le Lyonnais aime sortir.
05:42 C'est-à-dire que le Lyonnais, il aime aller manger au restaurant,
05:45 il aime aller manger au Halle de Lyon,
05:47 il aime aller découvrir des nouvelles tables,
05:49 et ça, pour nous, c'est important, parce que c'est grâce à eux qu'on vit.
05:51 - Oui, c'est formidable. Alors, justement,
05:53 il y a autre chose aussi, Christophe Marguin,
05:56 c'est que, comme un restaurateur tel que vous,
05:59 a commencé à avoir, non seulement des vélités,
06:02 mais des intentions de rentrer en politique.
06:04 Et de rentrer en politique, attention, par la grande porte,
06:07 parce qu'on peut le dire, vous visez la mairie de Lyon.
06:10 - Oui, c'est une ambition qui me tient à cœur,
06:13 parce que, tout simplement, je suis amoureux de ma ville.
06:15 Ça fait maintenant 20 ans que je m'investis auprès des teublanches chineuses à travers l'associatif.
06:20 J'ai des mandats différents à la Chambre de commerce,
06:22 à la Chambre internationale de commerce,
06:24 à la région, au tourisme, au conseil économique et social.
06:28 Donc tout ça fait que je suis élu depuis 3 ans à la métropole, maintenant.
06:33 Donc je vois ma ville, je vois ma ville qui se dégrade,
06:36 je vois ma ville qui souffre.
06:38 - Qu'est-ce qui se dégrade surtout ? Qu'est-ce qui ne va pas ?
06:41 - Il y a une chose qui n'existe plus, aujourd'hui, à Lyon,
06:44 c'est de bien vivre ensemble.
06:46 Aujourd'hui, on sent que beaucoup de gens ne sont pas heureux.
06:51 Et il y a des tensions.
06:53 Vous prenez la voiture, il y a des tensions.
06:55 Vous vous promenez dans le cœur de la presqu'île, il y a des tensions.
06:58 Donc je pense qu'il faut apporter un petit peu de sagesse,
07:00 il faut arriver à ce que tout le monde soit heureux de revenir dans notre ville qui est extraordinaire.
07:04 - C'est vrai. En tout cas, elle est plus que séduisante.
07:09 Mais dites-moi, c'est un chemin, je veux dire,
07:12 parsemé d'embûches, j'allais dire.
07:15 Et vous, en fait, vous vous dites, c'est le moment,
07:19 parce que vous pouvez vous dire, c'est vrai,
07:21 vous quittez votre zone de confort,
07:23 et heureusement qu'il y a des gens qui quittent leur zone de confort,
07:25 en tout cas qui prennent aussi des distances,
07:27 parce que c'est un métier à plein temps.
07:29 - Moi, j'ai la chance, ça fait aujourd'hui 41 ans que je travaille,
07:32 donc je pense que j'arrive au bout de mon métier.
07:35 Je pense qu'il faut avoir la sagesse à un moment de savoir se retirer, de passer la main.
07:39 Et mon fils qui est à nos côtés maintenant, je serai heureux qu'il me succède.
07:44 Donc comme je suis un garçon hyperactif, je suis incapable de rester chez moi, à m'ennuyer.
07:49 Et je me suis dit, il faut que tu te consacres à ta ville.
07:53 Moi, je ne fais pas ça pour avoir un mandat.
07:55 J'ai la chance, je n'ai pas besoin de ça pour vivre.
07:57 J'ai la chance de dire, voilà, moi si je me consacre à ça,
08:00 je n'ai pas de but pécuniaire, je n'ai pas de but particulier,
08:04 c'est uniquement ma ville.
08:06 C'est dire, voilà, aujourd'hui, le centre-ville souffre,
08:09 les commerces souffrent, les gens que je connais souffrent,
08:12 les difficultés sont de plus en plus importantes, en plus de l'économie.
08:15 On leur met des bâtons dans les roues pour travailler.
08:19 - En quel sens ?
08:20 - Parce que, par exemple, notre maire préférée,
08:25 il y a un axe principal en Procès, dont on est entouré de deux fleuves.
08:28 Donc il y a la presqu'île, et cette presqu'île,
08:30 il y a tous les commerces, beaucoup des commerces sont dans la presqu'île,
08:34 et il y a des axes traversants, et ils décident d'un seul coup,
08:37 du jour au lendemain, sur une décision personnelle,
08:39 de fermer un des axes principaux.
08:41 Donc, c'est-à-dire que tous ces commerçants,
08:43 qui sont des gens de difficultés aujourd'hui,
08:45 risquent de se trouver dans une situation vraiment très, très critique.
08:48 - Oui, ou les gens peuvent faire faillite.
08:50 On a vu ça à Paris avec la rue Rivoli, par exemple.
08:52 - Exactement, et puis il y en a déjà qui sont dans une situation très compliquée,
08:56 et je pense que malheureusement, ça ne va pas s'avancer.
08:58 - Mais c'est quoi, alors ? Dites-moi juste, c'est quoi ?
09:01 C'est une certaine idéologie, j'allais dire, de diatola de l'écologie ?
09:07 C'est quoi, dans le cas de Lyon ?
09:10 - Oui, il ne faut pas employer certains mots.
09:13 Il n'y a pas de discussion.
09:15 Moi, je suis élu à la Métropole, on est dans l'opposition, bien sûr.
09:19 Je pense que, malgré que je ne sois que depuis quelques années vraiment en politique,
09:24 je pense que l'intelligence de la politique, c'est d'échanger.
09:27 Surtout quand on dirige une ville comme Lyon,
09:29 un maire, il doit être élu pour tous ses administrés.
09:33 Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui avec les gens qui sont au pouvoir.
09:37 Et c'est des gens qui décident, qui font vraiment comme ils ont envie.
09:40 L'économie ne les intéresse pas.
09:42 En fin de compte, je pense que pas grand-chose les intéresse.
09:46 - C'est quoi, c'est la planète qui les intéresse ? La planète abstraite ?
09:49 - Je ne suis même pas sûr. Je ne sais pas s'il y a quelque chose qui les intéresse.
09:52 J'ai un ami, un général qui vient de prendre sa retraite de la gendarmerie.
09:56 Lorsqu'il est arrivé à Lyon, malgré que Lyon soit sous contrôle de la police nationale,
10:01 normal, il voulait rencontrer le maire de Lyon, il a refusé de le rencontrer.
10:05 Comment on peut faire ça ?
10:07 Et ça, c'est un exégème que je pourrais en citer plein d'autres.
10:10 Nous, ce qu'on veut juste, c'est arriver à dire, voilà, notre ville, elle est extraordinaire.
10:14 On a eu des maires qui ont fait des travaux merveilleux pendant de nombreuses, nombreuses, nombreuses années.
10:19 On veut juste que ça revienne normal, que l'économie reparte, que les gens soient heureux,
10:23 que les gens aient envie de continuer à venir habiter à Lyon.
10:26 Aujourd'hui, chaque année, le nombre d'habitants de Lyon est en décroissance.
10:30 Ils vont autour de Lyon. Donc ça, c'est pas bon.
10:33 Il y a de moins en moins d'élèves dans les écoles.
10:36 Et ça, c'est pas bon. Un moment, on va le payer.
10:38 - Et à votre avis, on peut changer la situation, bien sûr.
10:43 C'est pour ça, d'ailleurs, que vous me présentez.
10:46 Mais qu'est-ce qui fait que...
10:49 On le voit à Paris, et nous, très fortement.
10:53 Moi, j'habite Paris, et je vois très, très bien qu'il y a des avenues qu'on ferme.
10:58 Il y a des gens... Or, vous n'êtes pas à Venise.
11:01 C'est pas une ville usée, Lyon. C'est pas une ville usée, Paris.
11:04 Pourquoi veut-on empêcher les gens de travailler ?
11:07 Moi, c'est une question vraiment qui me taraude.
11:09 - Non, mais c'est... Pourquoi on veut empêcher les gens de vivre ensemble ?
11:13 Voilà, tout simplement. C'est ce qu'on veut.
11:15 C'est un moment où on a l'impression qu'il y a deux catégories.
11:18 Il y a une catégorie de gens qui aiment certaines choses,
11:21 et les autres, ils existent pas.
11:23 Donc je pense que c'est pas ça. Je vous le dis, je me répète,
11:26 mais on doit faire pour tout le monde. Et aujourd'hui, c'est pas le cas.
11:29 - Oui. Et certains considèrent, effectivement, que...
11:34 Est-ce que ce n'est pas ça, aussi, Christophe Barguin ?
11:37 Certains considèrent que, moi, je sais mieux que vous ce qui est bon pour vous.
11:40 Moi, je suis le camp du bien. Donc, moi, je sais, vous, vous ne savez pas.
11:43 Vous n'avez pas tout ça, tout ce qui est bon.
11:45 Donc, laissez-moi faire, et vous allez voir, vous allez être contents.
11:48 On a l'impression, en tout cas, et pas seulement à Lyon,
11:51 mais un peu partout, qu'il y a ce camp-là.
11:54 - Je pense qu'on ressentait bien les choses.
11:57 Il faut... Le truc qui nous bloque, c'est de ne pas pouvoir échanger.
12:02 De dire, voilà, à un moment, il y a un intérêt commun,
12:05 et à la fin, qu'est-ce qui est le plus important ?
12:08 C'est les gens qui vivent dans la ville.
12:10 Donc, plus à la limite, plus il y aura... L'économie ira bien.
12:13 Plus il y aura d'habitants, plus il y aura d'enfants dans les écoles,
12:15 plus nos personnes âgées seront heureuses, plus la ville sera propre.
12:18 La circulation sera fluide, ça sera un monde merveilleux.
12:21 Mais le problème, aujourd'hui, on va dans le sens contraire,
12:23 et avant d'y arriver, on aura beaucoup de travail, puis on va s'y atteler.
12:25 - Comme quoi, l'enfer est pavé de bonnes intentions.
12:28 Merci, Christophe Barguin.
12:30 Je rappelle que vous êtes propriétaire du restaurant "Le Président",
12:35 et je rappelle surtout votre livre, vraiment, à lire, à feuilleter,
12:40 et à essayer de faire les recettes, donc, sur ces toques blanches,
12:44 ce très beau mouvement des toques blanches.
12:46 Et voilà, ça, ce serait un très bon programme, ce que vous en pensez, Victor.
12:49 Vous venez à Lyon, et vous faites les 140 toques blanches du livre.
12:53 - Ça ne sera pas facile, hein ?
12:54 - Oui, ça prendra du temps, mais après tout...
12:56 - Il n'y a pas que le temps, il y a également le foie.
12:58 - Oui, mais nous avons la foi, donc...
13:01 Merci, Christophe Barguin.
13:03 - Merci à vous, merci beaucoup.
13:04 - Merci, Christophe Barguin d'avoir été avec nous.
13:05 On va marquer une courte pause sur Sud Radio.
13:06 Nous sommes toujours en direct de l'Expo de Lyon, le salon des PME.
13:10 Vous pouvez nous voir, on est à l'espace Paul Bocuse, au pavillon 6.3.
13:14 Si vous voulez nous faire un petit coucou et écouter l'émission en direct,
13:16 on revient tout de suite sur Sud Radio.
13:18 - Oui, j'écoute.
13:19 - Ah non ?
13:20 - Sud Radio, c'est Jacques Pessis.
13:22 Vous êtes désormais 900 000 à nous suivre sur la chaîne YouTube de Sud Radio.
13:27 Pour vous expliquer le proverbe, quand on aime, on ne compte pas.
13:30 On vous aime et on sait qu'on peut compter sur vous.
13:33 - Sud Radio, parlons vrai.
13:36 En direct depuis Lyon, leur expo.
13:38 - Ici Sud Radio.
13:42 Les Français parlent au français.
13:47 Les carottes sont cuites.
13:49 Les carottes sont cuites.
13:52 - Sud Radio, Bercov dans tous ses états.
13:55 Bercov dans tous ses états en direct de leur expo.
13:57 Salon Made in PME à Lyon.
13:59 On était à l'instant avec le chef Christophe Marguin.
14:02 Et désormais, nous sommes avec Jérémy Brehaut, le maire de Bron.
14:05 Bonjour monsieur le maire.
14:06 - Bonjour.
14:07 Oui, et on n'est pas dans l'émission de Pierre Bonte.
14:09 Contrairement à ce que l'on pourrait penser.
14:12 Jérémy Brehaut, c'est intéressant parce que justement, il parle de Lyon.
14:16 Mais parlez de Bron.
14:17 Bron, ville de 43 000 habitants.
14:19 C'est bien ça.
14:20 Qui est à côté, je veux dire.
14:24 Mais 43 000 habitants, c'est une ville bien moyenne, etc.
14:27 Et je voudrais juste commencer par dire au fond,
14:31 qu'est-ce que c'est qu'être maire ?
14:34 Surtout, je rappelle simplement que c'est une ville qui était historiquement à gauche depuis 1944.
14:40 Et elle est passée avec vous à droite, disons, en 2020.
14:45 C'est bien ça.
14:46 Mais au-delà de la gauche et de la droite,
14:48 aujourd'hui, qu'est-ce que c'est ?
14:50 Ça fait donc 4 ans maintenant que vous exercez.
14:53 Qu'est-ce que c'est que le métier de maire d'une ville moyenne, aujourd'hui, comme Bron ?
14:58 C'est-à-dire qu'est-ce que, au-delà de ce qu'on sait ce que fait un maire,
15:02 et justement, par rapport au pouvoir qu'il a aujourd'hui,
15:05 par rapport au pouvoir qu'il avait avant,
15:07 par rapport au consensus, Christophe Marguerin parlait de vivre ensemble,
15:10 par rapport à l'exécutif, puisque vous avez évidemment la métropole,
15:14 on va en parler, la communauté de communes,
15:16 est-ce que c'est devenu plus difficile d'être maire d'une ville comme Bron,
15:20 ou pas, où les difficultés sont les mêmes ?
15:24 Écoutez, c'est déjà une activité passionnante,
15:28 sur le plan humain notamment,
15:30 et à titre personnel, quand je me lève le matin,
15:32 j'ai pas l'impression d'aller travailler,
15:34 tellement que le mandat de maire vous permet de rencontrer
15:38 une telle diversité de situations, une telle diversité de personnes.
15:42 Être maire, c'est quoi ?
15:43 C'est à la fois gérer le problème du quotidien des habitants,
15:47 qui parfois, souvent même pour vous,
15:50 c'est pas votre priorité, mais pour eux, ça leur mine la vie,
15:53 problème de voisinage notamment, problème de voirie et autres,
15:56 et en même temps, c'est avoir une vision à 30, 40, 50 ans,
16:00 où vous pouvez véritablement agir sur l'urbanisme, sur le cadre de vie.
16:04 Donc c'est, on va dire, c'est une activité où il faut un couteau suisse,
16:08 il faut à la fois s'occuper du quotidien,
16:11 et en même temps, maintenant, je suis un jeune maire,
16:15 dans le sens où j'ai été élu, effectivement, pour la première fois en 2020,
16:18 donc j'ai pas le recul de certains de mes collègues,
16:21 mais ceux-ci me disent que c'est de plus en plus compliqué.
16:24 Mais c'est comme au niveau national, où il y a de plus en plus de normes,
16:27 où il y a de plus en plus, on va dire, de contraintes,
16:29 et ce, dans un contexte budgétaire de plus en plus difficile.
16:33 Ceci étant, Bronx est une ville de 43 000 habitants,
16:37 on est la 6e ville la plus peuplée de la métropole de Lyon,
16:41 on a à la fois un taux de population dit riche supérieur à la moyenne nationale,
16:47 et en même temps un taux de population dit pauvre supérieur à la moyenne nationale.
16:51 Donc on a une ville avec beaucoup de disparités,
16:53 et en même temps, vous devez prendre des décisions
16:56 qui engagent le plus de monde poste, tout le monde,
16:59 et effectivement, parfois c'est pas simple,
17:02 mais il y a tellement de métiers qui sont plus compliqués que ça,
17:05 mais en tout cas, ça reste, déjà c'est pas un métier,
17:08 c'est un mandat qui est passionnant.
17:11 Oui, parce que j'ai commencé jeune, il y a quelques années,
17:14 il y a 25 ans, quand j'avais 16 ans, mais en tout cas,
17:17 c'est passionnant, même si c'est compliqué,
17:20 notamment dans nos rapports parfois avec l'État,
17:22 ou parfois également aussi avec la métropole de Lyon.
17:24 Justement, je voudrais vous en parler, parce qu'on a reçu beaucoup de maires,
17:27 je pensais au salon des maires,
17:29 nous allons avec Sud Radio de temps en temps,
17:32 et de façon assez régulière,
17:35 mais ceux qui disent beaucoup disent ça,
17:38 en fait, nous avons vu le pouvoir s'éroder comme une peau de chagrin.
17:41 C'est-à-dire, aujourd'hui, le pouvoir par exemple,
17:44 par rapport au budget, etc., parlons très concrètement,
17:47 par rapport à la métropole, qui donc coiffe tout ça,
17:50 quel est votre pouvoir, je veux dire, budgétaire,
17:53 qui vous a le quoi, c'est quoi la mécanique aujourd'hui ?
17:57 On va dire, ce qui nous reste encore,
18:01 c'est notamment le pouvoir d'instruire les permis de construire.
18:05 D'accord, ça c'est la mairie.
18:07 Ça c'est la mairie, bien que la métropole voulait nous le prendre,
18:10 donc il y a eu une front des maires,
18:13 parce que ça vous donne la main, on va dire, sur le développement du cadre de vie.
18:16 On a encore le pouvoir de police municipale.
18:19 Moi, par exemple, j'ai multiplié par trois les effectifs de police,
18:24 je me suis passé de 35 caméras à plus de 300, etc.,
18:27 tout ça pour réduire l'insécurité,
18:30 mais par exemple, ce que l'on n'a pas,
18:32 et ce qui est pour nous une aberration,
18:34 c'est qu'on n'a pas la compétence voirie.
18:37 Vous n'avez plus la compétence voirie ou vous l'avez eue ?
18:40 Non, on l'a eue il y a déjà quelques années,
18:42 mais maintenant on ne l'a plus, et ce qui fait que là on voit bien,
18:45 vous avez la métropole qui, du jour au lendemain,
18:48 modifie son circulation, ou va vous installer une piste cyclable,
18:53 qu'on appelle une voie lyonnaise chez nous,
18:55 sans même tenir compte des problématiques.
18:57 La piste cyclable chez vous s'appelle voie lyonnaise ?
18:59 Oui, pour info, la métropole,
19:01 tenue par l'exécutif écolo d'extrême gauche.
19:04 On met un peu de chocolat, on met la barrette de chocolat.
19:07 Le lier à la boutonnière.
19:09 C'est plus marketing, mais ça pédale pareil.
19:12 Ils vont mettre un demi milliard d'euros sur le plan vélo,
19:18 beaucoup plus que ce qui est mis sur la rénovation des collèges,
19:22 par exemple, ou sur la santé et le social.
19:25 Un demi milliard d'euros sur le plan vélo ?
19:27 Sur le mandat pendant 6 ans.
19:28 Et en ce moment, les écoles vont très bien, merci.
19:30 Tout va bien. Les hôpitaux, n'en parlons pas.
19:32 Je pense que vous avez la réponse dans vos questions.
19:35 D'accord. Et ça, donc, en fait, la métropole a une politique écologique totale, 100% ?
19:46 Oui, il y a une vraie nouveauté.
19:48 Jusqu'à maintenant, non.
19:50 Bronf fait partie de ce qu'on appelle la métropole de Lyon.
19:52 La métropole de Lyon, c'est une, on va dire,
19:55 pour expliquer simplement aux auditeurs,
19:57 c'est une communauté de communes,
19:59 on va dire avec des spécificités,
20:04 elle est unique en France, en l'état,
20:07 et jusqu'à maintenant, avec les anciens présidents de la métropole,
20:10 je pense à Gérard Collomb, je pense à Raymond Barre,
20:12 ou à Michel Noir, si on remonte un peu plus loin,
20:15 il y avait une sorte de cogestion entre le président de la métropole et les maires.
20:20 Ça veut dire qu'il y avait une sorte de consensus,
20:22 voilà, sur un projet, qu'est-ce que tu en penses, on fait ci, etc.
20:26 Il y avait toujours une réalisation commune.
20:28 Là, pour la première fois, ça basculait une gouvernance écolo,
20:33 et là, vous avez un passage en force qui est terrible,
20:36 et d'ailleurs, j'en veux pour preuve,
20:38 sur les 58 maires qui composent la métropole,
20:41 on est à peu près une quarantaine à régulièrement signer des communiqués de presse,
20:45 ou mener des actions communes, pour dire...
20:47 Vous avez eu une fronte des maires, effectivement.
20:49 Voilà, mais c'est une fronte qui traduit un véritable ras-le-bol,
20:52 puisqu'en fait, nos avis ne sont absolument pas respectés,
20:57 et donc, à un moment, on dit "stop",
20:59 et à un moment, ce n'est plus possible de fonctionner comme ça.
21:02 Certes, ils ont été élus, et il faut respecter le suffrage universel,
21:04 mais nous aussi, dans nos communes, nous avons été élus.
21:08 Et la spécificité de la métropole de Lyon, qui est une aberration,
21:12 c'est que parfois, vous avez des maires qui ne sont pas représentés à la métropole,
21:15 alors que leur opposant, au sein du conseil municipal,
21:17 est vice-président de la métropole, et c'est lui qui décide à la place du maire.
21:20 - Vous êtes très hors-reli, en fait.
21:22 Vous savez, tous les hommes sont égaux, mais il y en a qui sont plus égaux que d'autres.
21:25 - Oui, il y en a qui pensent qu'ils sont supérieurs aux autres.
21:28 - D'accord. Mais au fond, le ras-le-bol que vous exprimez,
21:31 en tout cas, les 40 maires, les frondeurs, disons,
21:34 c'est sur quoi, spécifiquement ? Qu'est-ce qui vous fait réagir ?
21:37 - C'est sur la méthode de gouvernance.
21:40 Notre avis ne compte pas, nous ne sommes pas écoutés,
21:44 et à un moment, la communication, on l'a stoppée.
21:47 Quand on se retrouve une fois, deux fois, trois fois, dix fois,
21:50 face à un mur, on s'arrête.
21:53 Et puis, également, c'est, on va dire les choses,
21:56 c'est une politique qui est menée en faveur des petits copains.
22:01 Il y a un clientélisme qui est assuré,
22:04 ils se disent écolo, mais en même temps, ils sont contre le nucléaire,
22:07 quand même une aberration, et en même temps, ils sont contre le lion-turin,
22:11 qui est un projet d'envergure dans notre région.
22:14 C'est pour ça qu'il y a... c'est une politique...
22:17 - Ce n'est pas une aberration pour eux d'être contre le nucléaire,
22:20 c'est dans leur ADN, on ne peut pas le reprocher.
22:23 - Non, mais en revanche, comment...
22:26 - Comment on fait pour l'électricité ? - Exactement.
22:29 - Surtout quand il y a un embargo. Non mais, pour revenir à ça,
22:32 ce qui est étonnant dans ce que vous dites sur cette métropole,
22:35 d'ailleurs c'est formidable, moi je croyais que la caractéristique de Lyon,
22:38 l'unique, c'était la gastronomie, et vous avez la métropole.
22:41 Autre anomalie constitutionnelle, enfin j'exagère.
22:45 Mais ce que je veux dire, c'est qu'au fond,
22:48 cette chose qui a été créée aujourd'hui,
22:51 vous en dépendez quand même. - Oui, on dépend.
22:54 Donc c'est pour ça qu'on est quand même, malgré tout,
22:57 on est quand même obligé de faire avec,
23:00 parce que notamment sur certaines compétences, on est obligé d'avancer avec eux.
23:03 Mais c'est pour ça qu'actuellement, on est en train de travailler
23:06 tous les maires frondeurs,
23:09 pour qu'en 2026, ça puisse cesser.
23:12 Et puis qu'on puisse retrouver une gouvernance comme avant,
23:15 et c'est d'ailleurs pour ça qu'on pousse la proposition de loi du sénateur
23:18 Etienne Blanc, qui propose justement de revoir
23:21 le mode de scrutin pour éviter... - Alors de revoir comment,
23:24 en fait, spécifiquement ? - Eh bien pour éviter,
23:27 déjà pour que chaque maire puisse être représenté à la métropole,
23:30 pour pouvoir défendre sa commune. - Alors que c'est pas le cas aujourd'hui.
23:33 Et aujourd'hui, par exemple,
23:36 on voit très bien ce qui se passe. Comment ça se passe
23:39 sur le plan du chômage, sur le plan du vivre ensemble,
23:42 sur le plan des relations et des tensions, à Brome ?
23:45 Est-ce que vous êtes un peu le miroir de ce qui peut se passer
23:48 dans beaucoup d'autres villes de France ?
23:51 Moi j'ai été élu essentiellement sur la thématique de la sécurité.
23:54 La sécurité, pourquoi ? C'est la première des libertés.
23:57 Les premières victimes de l'insécurité et des incivilités,
24:00 ce sont celles et ceux qui vivent dans les quartiers difficiles.
24:03 Et quand vous arrivez à obtenir des résultats,
24:06 vous arrivez à refaire venir des commerces de proximité
24:09 qui avaient fui, et également aussi vous êtes en mesure
24:12 enfin de pouvoir organiser des événements populaires.
24:15 Bref, quand vous ramenez la sécurité, vous ramenez de la vie dans votre commune.
24:18 Ça a été chaud. La première année, il y a eu
24:21 une succession d'événements, parce que justement
24:24 on n'a rien lâché. J'ai même été sous protection
24:27 pendant 6 mois, mais maintenant 3 ans après, les résultats sont là.
24:30 Tous les indicateurs sont à la baisse.
24:33 On est passé de 130 voitures qui brûlaient en 2020 à une petite trentaine.
24:36 Il y a également aussi, il n'y a plus de mariage.
24:39 On parlait en préparation, il n'y a plus de mariage
24:42 qui déborde à Bronc parce qu'on ne lâche rien là-dessus.
24:45 On va en parler tout de suite après cette petite pause.
24:48 Parce que ça c'est très important de savoir justement
24:51 où on met le taquet, où on met effectivement
24:54 au-delà de cette limite le ticket les plus valable.
24:57 On en parle tout de suite après cette petite pause.
25:00 Vous êtes avec nous Jérémy Bréaud, maire de Bronc. On marque une courte pause sur Sud Radio.
25:03 On est toujours en direct de ce salon. DPME, espace Paul Bocuse,
25:06 pavillon 6.3, si vous voulez venir nous faire un petit coucou.
25:09 Et puis si vous êtes dans votre voiture, peut-être que vous nous écoutez dans la région de Lyon.
25:12 105.8, la nouvelle fréquence en direct sur Sud Radio.
25:15 A tout de suite.
25:18 Sud Radio, votre attention est notre plus belle récompense.
25:21 Je voulais vous remercier d'exister.
25:24 C'est Sud Radio que j'écoute et vous êtes quasiment les seuls
25:27 à faire véritablement votre métier de journaliste.
25:30 Sud Radio, parlons vrai.
25:33 En direct depuis Lyon Aurexpo.
25:36 Ici Sud Radio.
25:39 Les Français parlent au français.
25:42 Je n'aime pas la blanquette de veau.
25:45 Je n'aime pas la blanquette de veau.
25:48 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
25:51 Dans tous mes états, je ne suis pas le seul, mais bien sûr.
25:54 Et nous sommes toujours avec Jérémy Bréau, maire de Bron.
25:57 Et justement, on est en train de parler de la sécurité.
26:00 Jérémy Bréau, je voudrais vous raconter justement que vous êtes arrivé,
26:03 vous vous êtes occupé beaucoup, on parlait de ce qui se passe,
26:06 de la sécurité. Beaucoup de gens, comme vous dites,
26:09 ce n'est jamais les plus riches qui s'ouvrent de la sécurité
26:12 parce que la plupart ont des maisons protégées, etc.
26:15 Mais dans certains quartiers, on le sait, il y a eu des points de deal, etc.
26:18 On sait ce qui se passe.
26:21 J'ai même eu des enquêtes et j'ai vu qu'on arrivait dans certaines caches d'escalier.
26:24 Et comment vous avez réagi ?
26:27 Qu'est-ce qui s'est passé concrètement ?
26:30 Vous avez essayé de faire des choses,
26:33 mais j'imagine qu'il y a eu des résistances.
26:36 Qu'est-ce qui s'est passé ?
26:39 Effectivement, j'ai été élu en juin-juillet 2020.
26:42 Très rapidement, on a mis en place ce pourquoi on a été élu.
26:45 Il fallait très rapidement montrer que nous étions au travail.
26:48 Donc, ça a été déjà une augmentation des effectifs de police.
26:51 Ça a été plus de présence sur le terrain de la part des policiers.
26:54 Ça a été aussi, surtout, la fin des mariages qui débordent.
26:57 Ça a fait la une de l'actualité à l'époque.
27:00 Les mariages qui débordent, c'est-à-dire les cortèges de voitures ?
27:03 Exactement. Ça veut dire qu'on rentre en mairie avec des fumigènes.
27:06 Ça veut dire qu'on arrive avec 45 minutes de retard.
27:09 Bref, on fait ce que l'on veut.
27:12 Suite à ce dernier mariage qui avait débordé au mois de septembre,
27:15 je m'occupe maintenant de faire signer une charte.
27:18 Et depuis septembre 2020, il n'y a plus aucun mariage qui déborde.
27:21 Très concrètement, tous les mois, on reçoit en mairie
27:24 tous les futurs mariés du mois suivant.
27:27 On leur fait signer une charte. Et dans la charte, quand vous êtes maire,
27:30 vous ne pouvez pas annuler un mariage. En revanche, c'est clairement inscrit.
27:33 Si vous arrivez avec plus de 30 minutes de retard,
27:36 le mariage est décalé au lundi 8h du matin.
27:39 Si vous faites du rodéo en arrivant à la mairie, rendez-vous le lundi 8h.
27:45 Si vous entrez en mairie avec des drapeaux,
27:48 quel que soit le drapeau, lundi 8h.
27:51 Si vous arrivez avec des groupes de musique, lundi 8h, etc.
27:54 C'est dommage d'en arriver là.
27:57 Pour l'instant, il n'y a jamais eu aucun mariage qui n'a plus débordé.
28:00 C'est triste d'en arriver là.
28:03 On fait signer la charte. Si on ne signe pas, on ne marie pas.
28:06 C'est dommage. On a l'impression de revenir dans une cour d'école.
28:09 Mais c'est comme ça que ça marche. On ne marie plus l'après-midi aussi.
28:12 On est moins excité le matin à 10h du matin
28:15 qu'à 3h de l'après-midi en plein canière, en étant alcoolisé.
28:18 Donc ça reste encore fragile.
28:21 Mais depuis 3 ans et demi, ça a pésé la situation.
28:24 C'est même plus que ça. Ça a totalement disparu.
28:27 Alors qu'il y avait des mariages qui débordaient très régulièrement à mon arrivée.
28:30 Deuxièmement, on a multiplié les actions de terrain.
28:33 On a mis une police nationale sur le terrain.
28:36 Ce qui fait que ça n'a pas plu à celles et ceux qui tenaient le quartier.
28:39 Une semaine après l'assassinat de Samuel Paty,
28:42 j'ai eu à 3 ou 4 endroits de la ville des tags indiquant
28:45 "Bréau, on va décapiter, décapitation, etc."
28:48 Carrément.
28:51 Après, visite de terrain avec le président de région Laurent Wauquiez.
28:54 Là où nous sommes allés sur le terrain, ça a brûlé.
28:57 Et puis surtout, en février 2021,
29:00 la voiture de mon directeur de cabinet a été caillassée.
29:04 Nous étions juste à côté. Pendant 10 minutes, on a vu au-dessus de nous
29:07 passer des projectiles, cailloux, morceaux de bois, canettes, etc.
29:10 Suite à ça, j'étais sous protection pendant 6 mois.
29:13 Donc 24-24.
29:16 Et le rapport de force, voyant que je n'avais pas cédé,
29:19 et moi je considérais que c'était...
29:22 Malheureusement, c'est triste de dire ça, mais il fallait passer par là
29:25 pour arriver après.
29:28 On a mené le quartier, on a dû chiffrer la fin de la récré,
29:31 en disant aux petits jeunes "Vous arrêtez vos conneries,
29:34 parce que ça fait venir les journalistes, et ça fait venir la police sur le terrain,
29:37 donc c'est pas bon pour le business."
29:40 Effectivement, quand vous êtes maire, vous n'êtes pas magicien.
29:43 Il y aura toujours des incivités.
29:46 Mais en tout cas, tout ce qui pourrissait le quotidien des bondillons,
29:49 à savoir les rodeos, les tirs de mortier, etc., ça a quasiment disparu.
29:52 En revanche, le fléau que l'on a actuellement,
29:55 mais comme partout en France, je trouve qu'on n'en parle pas suffisamment,
29:58 c'est la drogue.
30:01 Il faut avoir un constat lucide.
30:04 Au moment des émeutes de juin dernier,
30:07 qui ont duré à peu près 4 jours,
30:10 quand le président Macron dit "C'est bon, l'État en a réglé ça en 4 jours",
30:13 c'est pas l'État qui a réglé ça en 4 jours, c'est dans les quartiers.
30:16 - Les dealers ont dit "Arrêtez, c'est pas bon pour l'économie,
30:19 c'est pas bon pour le business".
30:22 - C'est vrai que les quartiers nord, ça a pas duré 4 jours les émeutes.
30:25 Au bout du premier jour, ils n'avaient plus...
30:28 A Brons, ça a été un peu chaud le premier soir,
30:31 après ça a été extrêmement calme.
30:34 Le problème, c'est que ça fait vivre tellement de personnes,
30:37 ça fait vivre parfois des allées entières dans les immeubles,
30:40 que c'est extrêmement compliqué.
30:43 Mais pour l'instant, là-dessus, j'ai pas la solution.
30:46 - Justement, Jérémie, vous n'avez pas la langue de bois non plus,
30:49 mais vous avez parlé de l'économie parallèle, l'économie de la drogue.
30:52 Est-ce que c'est un mal, je ne dirais pas nécessaire,
30:55 mais c'est un mal qu'on ne peut pas éradiquer ?
30:58 Parce qu'on a entendu matin et soir, on a vu,
31:01 dès que les réformes politiques, qu'elles qu'elles soient, vont à l'ailleur,
31:04 "Oui, oui, il faut, il faut, il faut".
31:07 En fait, et vous dites vous-même, et vous n'êtes pas le seul,
31:10 ça fait vivre toute une partie de la population, je dis pas,
31:13 une majorité, enfin, une minorité.
31:16 Mais est-ce qu'il faut faire avec ? Franchement.
31:19 - C'est compliqué pour moi de vous répondre.
31:22 Oui, on peut pas... Le problème, effectivement,
31:25 parfois, il y a des opérations place nette actuellement.
31:28 - Oui, ou XXL. - Voilà, XXL.
31:31 Pour faire court, c'est, on envoie énormément de présences policières pour nettoyer.
31:38 Mais sauf que derrière, il faut engager un véritable travail de fond,
31:41 parce que sinon, ils reviennent, peut-être pas le lendemain, mais au moins le lendemain.
31:44 Il y a un vrai travail à faire avec les bailleurs, il y a un vrai travail à faire aussi sur le cadre de vie,
31:48 il y a un vrai travail aussi au niveau de la mixité sociale dans ces quartiers.
31:53 Je vais employer un mot qui était un gros mot il y a encore 4-5 ans,
31:57 mais maintenant, tout le monde l'emploie, il faut l'employer.
31:59 C'est la question du peuplement aussi.
32:01 À un moment, il faut éviter de refaire les erreurs du passé,
32:04 où on crée des ghettos en mettant uniquement des personnes de même origine au même endroit.
32:10 Ça ne peut pas fonctionner. Et là, on a créé des sortes de bonbonnières.
32:15 Et c'est pour ça que nous, à Bron, je vous parlais tout à l'heure d'avoir une vision à 30-40 ans,
32:20 l'un de nos plus gros dossiers qui nous prend le plus d'argent, mais à bonne escient,
32:24 c'est la rénovation urbaine d'un des deux quartiers prioritaires de la ville,
32:28 dont l'objectif est de faire passer le taux de logement social de 99% à 65%.
32:35 Mais ça, sauf que ça, ça ne prend pas un mois avant de s'en engager sur des années.
32:40 Non, mais c'est très important, en tout cas.
32:42 Vous allez vers... Il faut effectivement employer des idées nouvelles,
32:47 une réalité nouvelle et des démarches absolument nouvelles.
32:52 Merci, Jérémy Breau. Mais on reviendra vous voir, on reviendra et à Lyon et à Bron.
32:57 Et on fera des émissions, effectivement, parce que ça, c'est quelque chose qu'on a très envie de faire sur le terrain.
33:01 Merci à vous.
33:02 Merci, monsieur le maire, d'avoir été avec nous.
33:04 On va marquer une courte pause sur Sud Radio et dans quelques petites minutes,
33:07 on va parler d'histoire sur Sud Radio. À tout de suite.
33:10 Sud Radio.
33:12 C'est Valérie Expert. Un grand, grand merci.
33:14 Vous êtes 900 000 désormais à nous suivre sur notre chaîne YouTube.
33:18 Merci à vous. Merci d'être fidèles au Parler Vrai de Sud Radio.
33:22 Et on vous attend encore plus nombreux.
33:24 Sud Radio, parlons vrai.
33:26 Quand on appelle.
33:27 En direct depuis Lyon Aurexpo.
33:30 Ici Sud Radio.
33:33 Les Français parlent au français.
33:38 Les carottes sont cuites.
33:40 Les carottes sont cuites.
33:43 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
33:46 Et il n'était pas question de filmer cette émission ici à Lyon Aurexpo.
33:52 Vive les PME.
33:54 Sans parler d'histoire.
33:56 Parce que Lyon, Luc Dunhomme, c'est une histoire, c'est une très longue histoire.
34:01 Merci d'être avec nous Bruno Benoît.
34:04 Vous enseignez l'histoire contemporaine à Sciences Po Lyon.
34:08 Oui.
34:09 Et ça m'intéresse. J'ai vu que vous étiez père du concept de Lyonitude.
34:15 Alors expliquez-nous c'est quoi la Lyonitude ?
34:18 La Lyonitude c'est un sentiment d'appartenance à cette ville.
34:25 On n'est pas bientôt emmené à Lyon pour partager la Lyonitude.
34:32 Mais il faut en partager son histoire et ses identités.
34:40 Donc c'est-à-dire qu'il y a des non-lyonnais qui ont pu devenir des lyonnais porteurs de Lyonitude.
34:47 Simone de Beauvoir me disait "On ne naît pas femme, on le devient".
34:50 Vous dites "On n'est pas lyonnais forcément mais on peut le devenir".
34:52 Tout à fait.
34:53 Donc ce n'est pas du tout une ville qui refuse que des non-lyonnais puissent s'intégrer à sa démarche et à son existence.
35:02 Donc c'est une ville ouverte.
35:04 C'est une ville ouverte et qui l'a montré dans son histoire.
35:08 Vous parlez de la Romanité mais il y a eu la Renaissance où les Italiens ont été très nombreux à Lyon.
35:14 Et puis à partir de l'industrialisation lyonnaise au 19ème, c'est une ville qui a accueilli énormément d'Europens.
35:22 Et même de ressortissants de notre empire colonial.
35:25 Alors justement vous parliez de ces identités.
35:28 Ce sont quoi alors les identités de Lyon ?
35:31 Il y en a trois. Il y a trois identités.
35:34 Il y en a deux qui apparaissent dès l'origine de cette ville.
35:39 Qui t'appliquent d'ailleurs ?
35:41 Une identité économique par exemple.
35:43 Lyon est une ville qui est située sur un carrefour de route.
35:48 Un carrefour de route et qui a eu, dès son apparition de Luc Dunhomme comme capitale des Gaules,
35:54 elle a été une grande ville commerciale.
35:58 En vue transitée, on peut dire les marchandises venues du sud de l'Empire Romain vers par exemple l'Angleterre.
36:08 Et c'est une ville aussi où on allait chercher l'étain en Angleterre pour faire du bronze.
36:15 Puisque le bronze est fondamental.
36:17 C'est cuivre + bronze et c'est l'Angleterre qui possédait des mines d'étain.
36:20 Donc le fameux cratère de Vicks qui existe dans un musée en Bourgogne,
36:26 c'était offert par des Grecs qui venaient en Angleterre et qui l'ont offert à ces populations pour le passage.
36:34 - Bon, c'est un immense passage.
36:36 - Oui, c'est un immense passage.
36:38 Ça c'est l'identité économique qui s'est développée bien sûr avec les foires de la Renaissance
36:45 et qui s'est épanouie avec au XIXe siècle et à l'arrivée avec la foire de Lyon en 1916
36:53 qui est quand même aujourd'hui, puisqu'on est contemporain de cette foire.
36:56 La deuxième identité, c'est une identité spirituelle.
37:01 Lyon en 177, c'est la ville où il va y avoir le premier martyrologe des chrétiens.
37:08 - En 177 ?
37:10 - En 177, dans l'amphithéâtre des Trois-Gaules au pied de la Croix-Rousse.
37:14 Et là, puisque la ville était un carrefour aussi de population,
37:20 il y avait des populations christianisées qui venaient.
37:23 Donc il y avait des esclaves qui étaient christianisés
37:26 et il y avait même des gens d'Asie mineure comme Potin, un des premiers évêques de Lyon
37:31 qui va être mis à mort, pas par les Lyons, parce que ça c'est sur les représentations,
37:36 mais en général tué par des taureaux, tué par des taureaux, qui vous envoient en l'air.
37:41 Cette identité spirituelle qui fait de Lyon, bien évidemment, en 1079 la prima des Gaules.
37:50 Lyon devient prima des Gaules en 1079.
37:53 Et donc l'archevêque de Lyon est prima des Gaules, le premier des Gaules.
37:57 Il va aussi être, je dirais, grossi par ce culte de la Vierge qu'on a à Lyon,
38:06 avec le Vœu des Échevins en 1643, au moment où la peste rodait en France.
38:12 - Donc ça continue encore, en tout cas la cérémonie...
38:15 - Ah ben la cérémonie c'est en hommage, elle date de 1852.
38:18 Elle date de 1852, mais c'était en hommage en effet à cette Vierge,
38:23 la fourvière n'était pas construite encore, mais il y avait une petite chapelle à fourvière,
38:27 on voit encore une belle statue de la Vierge dorée, c'était en hommage de cette Vierge.
38:32 Et cette spiritualité, elle s'est un peu enrichie de spiritualités, je dirais, marginales,
38:39 comme la franc-maçonnerie, qui est une des grandes spiritualités laïques, peut-on dire,
38:45 de la République, et qui s'est développée à Lyon à partir de la fin du XVIIIème, très fort.
38:53 Alors on dit que Lyon est une ville de spiritualité parce que c'est une confluence,
38:58 et une confluence ça correspond à un sexe féminin, donc une ville féconde.
39:03 Une ville féconde, je dirais, en culte, qui peut venir...
39:08 Il y a une autre ville en Europe qui ressemble à Lyon, et qui est une ville aussi féconde,
39:12 c'est la ville de Prague. Il n'y a que deux villes.
39:15 Prague est une ville aussi très... - Avec les deux...
39:18 - C'est une ville aussi très curieuse, Prague.
39:20 Et ces deux spiritualités vont aboutir, parce qu'il y a un personnage qui s'appelle Hippolyte Rivail,
39:27 qu'on ne connaît pas bien à Lyon, sous le nom d'Hippolyte Rivail,
39:31 mais qui est enterré non pas à Lyon, mais au Père Lachaise, et dont la tombe est en permanence ferie,
39:37 c'est le père du spiritisme, dont le nom s'appelle, en termes de spiritisme, Alan Kardec.
39:44 - Ah oui, Alan Kardec. - Mais son vrai nom c'est Hippolyte Rivail.
39:48 Il est né à Langues... - Donc il y a un côté spiritisme, spiritualité,
39:54 un côté du christianisme... - Oui, oui, m'en reviens, tout à fait.
39:57 Il y a ces deux spiritualités qui avancent, qui ne font pas bientôt bon ménage,
40:01 mais qui cohabitent. - D'accord.
40:03 - Et le troisième courant ? - Alors le troisième, elle date d'un drame.
40:07 Elle date de 1793, lors de la Révolution française, quand Lyon s'est soulevée contre la Convention.
40:15 Lyon s'est soulevée contre la Convention, pas pour des raisons, je dirais, d'autonomie,
40:21 mais pour des raisons politiques. La ville de Lyon était une vie modérée, sur le plan politique,
40:26 et elle en voulait un personnage qui s'appelait Chalier.
40:31 Chalier qui était un montagnard lyonnais, et qui parlait d'établir la guillotine sur le pont Moran,
40:37 pour que les têtes tombent dans le Rhône, bref.
40:40 Et c'est contre cette sorte, je dirais, d'extrémisme, d'exagération, voilà, d'exagération politique,
40:46 que les modérés lyonnais se sont soulevés, mais ça n'a pas plu du tout au comité de salut public à Paris,
40:52 parce que la France révolutionnaire était en guerre, et on a envoyé l'armée à Lyon,
40:57 et la ville a été prise, on a mis la guillotine place des terreaux,
41:04 et là, ont été à peu près exécutés 1500 personnes.
41:09 Avec la Vendée, c'est la ville qui a le plus souffert de la révolution.
41:13 - La Vendée, c'était un massacre, tu sais.
41:15 - Donc, - C'est l'époque de Robespierre, ça.
41:17 - Oui, oui, c'est l'époque de Robespierre.
41:19 Et cette sorte de... Il y a eu un décret qui est sorti à la convention, au mois d'octobre 1793,
41:28 le décret s'appelle "Lyon n'est plus".
41:31 - Ah, carrément ?
41:32 - Ah, Lyon n'est plus. Lyon devait être détruite.
41:35 - Ah, mais Délendaz, Carthago-Est, comme Carthage.
41:37 - Exactement. Les révolutionnaires avaient une culture antique, donc...
41:42 - Ah oui, c'était "Lyon n'est plus", dans la France pro-feuillestée.
41:45 - Alors, on a démoli les immeubles de la place Belcourt, qui portait la morgue aristocratique de cette ville.
41:52 Mais vu qu'il y avait, comme d'habitude, des questions financières, et qu'il fallait payer les démolisseurs,
41:57 on n'a pas payé les démolisseurs, et la ville a eu quelques lieux qui ont été détruits, comme les immeubles.
42:04 - Mais pas tous.
42:05 - Non, pas tous. Et elle a perdu son nom.
42:08 Et son nom est devenu "Ville Affranchie".
42:11 Comme une esclave.
42:12 - Elle s'appelait "Ville Affranchie".
42:13 - "Ville Affranchie". Et il a fallu attendre la chute, en effet, de Robespierre, et la chute de la Terreur,
42:19 pour que la ville reprenne son nom, et c'est surtout Bonaparte.
42:23 C'est pour ça que Bonaparte a, à Lyon, une place un peu privilégiée,
42:27 parce qu'il est venu à Lyon, au Bonaparte, après la bataille de Marengo,
42:31 et il a posé la pierre de la reconstruction des immeubles de Belcourt.
42:38 Et donc, Lyon et Bonaparte, c'est un mariage un peu particulier.
42:42 C'est un mariage particulier, même si, une fois qu'il a quitté l'île d'Elbe, en 1814,
42:51 et qu'il est passé à Lyon, il s'est arrêté une semaine à Lyon, Napoléon,
42:57 il a refait son empire à partir de Lyon, il a reconstruit l'empire,
43:01 et après il est monté sur Paris, et il y a eu Waterloo,
43:06 mais avant de quitter Lyon, il a fait un texte, qui est fondamental,
43:11 que les Lyonnais auront... - Qu'il a écrit à Lyon.
43:14 - Oui, qu'il a écrit à Lyon, une affiche qui a été placardée sur les murs de Lyon,
43:18 et il y a marqué "Lyonnais, je vous aime".
43:21 Ce qui, ma foi, cher monsieur, est rarement dit, car en France, on n'aime pas beaucoup les Lyonnais.
43:26 - Ah bon ? - Non, on n'aime pas beaucoup les Lyonnais.
43:28 Regardez, le club de foot, l'OL, n'est pas un club très aimé.
43:31 - Oui, non, c'est pas le plus populaire. - Non, c'est pas le plus populaire.
43:35 - Ni PSG, ni OM. Mais dites-moi, ce "Lyonnais, je vous aime", c'était quoi ?
43:38 C'était une déclaration... On la voit, elle est là ?
43:41 - Ah oui, oui ! Au musée de Gadanes, qui est le musée d'histoire de Lyon,
43:44 vous avez les affiches, encore, de ce "Lyon, je vous aime",
43:48 c'est-à-dire que Napoléon quitte Lyon pour retrouver le pouvoir à Paris,
43:53 fait aux Lyonnais une sorte de déclaration d'amour.
43:58 Surtout que dans la chapelle du lycée Ampère, en 1802, là on est en 1815,
44:04 il est retrouvé en arrière, en 1802. Il était, à l'époque, encore premier consul.
44:09 Il vient à Lyon, et dans la chapelle du lycée Ampère, devant une délégation
44:13 de 400 délégués italiens, il se fait élire président de la république italienne.
44:18 Donc, la république italienne est née à Lyon, la première république italienne est née à Lyon.
44:23 - C'est intéressant. - On appelle ça la "consulta".
44:25 La "consulta" pour les italiens, et c'est vrai que c'est un moment assez extraordinaire.
44:31 Lyon, c'est cette coalescence, quand un maire de Lyon arrive à faire la coalescence entre les trois identités,
44:38 la ville de Lyon va bien.
44:41 - Économique, religieuse, politique... - Exactement.
44:46 Hériault a été, pour reprendre une expression gastronomique,
44:51 Hériault a été le grand chef de ce que j'appelle l'hériotisme,
44:55 il a été le grand chef de créer une identité lyonnaise qui est une sorte de plat
45:03 où les trois ont été mêlés et étroitement associés.
45:07 Le problème c'est que Hériault a fondé l'hériotisme,
45:11 c'est-à-dire la ville de Lyon est forte quand il y a une forte municipalité, un municipalisme,
45:16 un anti-parisianisme, à Lyon, tout ce qu'on n'aime pas à Lyon,
45:20 on le met sur la rive gauche du Rhône, la préfecture par exemple.
45:24 On n'aime pas tout ce qui représente l'État.
45:27 - Ah oui, toujours le "soberise", Robespierre, etc. - Oui, oui, et puis il y a cette idée aussi d'une ville
45:35 qui est toujours une ville d'entrepreneurs.
45:41 Et ça il faut reconnaître que l'association chef d'entreprise,
45:45 ici on est bien placé, on est bien placé,
45:48 entre entreprise et banque, forme un coup. - Absolument, "Made in PME"
45:52 - Oui, "Made in PME" fait une belle association entre les entreprises et la banque.
45:56 Et c'est vrai que c'est ça un peu Lyon.
45:58 C'est pour ça que l'université à Lyon n'a jamais été très valorisée,
46:02 car l'université n'intéresse pas fondamentalement le monde des affaires.
46:07 - Très intéressant. On va reprendre tout de suite avec vous,
46:10 c'est absolument passionnant Bruno Benoist, c'est vrai, de montrer comment une ville s'est faite
46:14 et comment on va continuer, on va d'ailleurs parler des soyeux peut-être, entre autres.
46:18 A tout de suite, après cette toute petite pause.
46:23 Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
46:26 appelez maintenant pour réagir 0826 300 300.
46:30 En direct depuis Lyon Aurexpo.
46:33 Ici Sud Radio,
46:37 les français parlent au français.
46:41 Je n'aime pas la blanquette de veau.
46:45 Je n'aime pas la blanquette de veau.
46:47 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
46:50 Eh oui, dans tous les états, je ne suis pas le seul,
46:53 nous sommes avec l'historien Bruno Benoist,
46:56 qui fait sa livre française de l'histoire de la ville de Lyon.
46:59 Il raconte ça très bien, on parlait de l'unitude,
47:01 on va parler des trois grands courants quand même de cette ville de la confluence,
47:06 le courant religieux, le courant économique, le courant historique et politique, effectivement.
47:13 Et puis on ne peut pas ne pas parler, Bruno Benoist, de soi, de soyeux, des canuts.
47:19 Alors la soirée, elle arrive à Lyon en pleine renaissance en 1528,
47:25 et apportée par les Florentins, dont certains Gadagnes,
47:32 Gadagny à l'époque, qui était même consul de Lyon,
47:36 c'est-à-dire l'équivalent, je dirais, d'un maire de Lyon de l'époque,
47:41 ce qui montre déjà que les Italiens s'étaient très bien intégrés.
47:44 Et cette soirée va développer une activité unique, on peut dire, dans le royaume de France,
47:50 c'est-à-dire une activité, une mono-activité qui employait 50 000 personnes.
47:55 50 000 personnes, pas tellement sur la rive gauche du Rhône,
48:00 mais surtout dans la Presqu'île, sur les pentes de la Croix-Rousse,
48:03 et dans ce qu'on appelle le vieux Lyon aujourd'hui.
48:05 Cette soirée, elle a développé ce qu'on appelle la fabrique des tissus de soie,
48:11 avec deux choses assez extraordinaires, c'est-à-dire c'est un capitalisme commercial,
48:16 et pas du tout un capitalisme façon 19e, c'est-à-dire que le chef d'entreprise,
48:21 le marchand-fabricant, ne possède pas d'usine.
48:25 Il ne possède que la matière première, la soie, et les commandes.
48:31 - Mais qui possède l'usine ?
48:33 - Les chefs d'atelier, qu'on appelle canuts au 19e,
48:36 et qui emploient des compagnons, et qui bien entendu possèdent,
48:42 selon leurs capacités, un ou plusieurs métiers.
48:45 Et ces métiers, en effet, tournent, et vous avez des problèmes,
48:50 c'est-à-dire quand il y a une crise, une révolution, un renversement de monarchie,
48:56 les commandes sont moins fortes, la ville de Lyon connaît des difficultés économiques,
49:01 puisque c'est une mono-activité, et il n'y a pas grand-chose d'autre à Lyon
49:05 à part des teinturiers pour les teintures de la soirée,
49:09 et un peu de mécanique basique pour faire les métiers.
49:13 Mais bien évidemment, au 19e siècle, il y a une chose qu'on appelle le tarif,
49:18 c'est-à-dire à quel tarif les marchands-fabricants payent les chefs d'atelier les pièces commandées.
49:24 - D'accord.
49:25 - Et tout ça se discute sur les pans d'Alcoirus, dans des bouchons lyonnais,
49:30 autour d'un pot ou d'un tablier de sapeur.
49:34 Bien évidemment, en 1831, lors d'un mécontentement des chefs d'atelier et des canuts
49:42 contre le mauvais paiement des pièces, il va y avoir la fameuse révolte des canuts,
49:48 qui a lieu en novembre 1931, qui est une révolte assez unique en Europe,
49:53 puisqu'elle secoue l'Europe, toute l'Europe est secouée par cette révolte des canuts,
49:57 et beaucoup de beaux esprits vont venir à Lyon pour voir ce que c'est que cette ville,
50:02 qui a engendré, et avec le fameux slogan, "vivre en travaillant ou mourir en combattant".
50:09 Ils descendent des pans de l'Alcoirus vers l'hôtel de ville,
50:12 les bourgeois lyonnais, comme d'habitude, ont fui dans leur domaine,
50:16 ils occupent la mairie, mais vu qu'ils ne sont pas politiques,
50:19 rapidement ils rejoignent leur atelier et la répression arrive en 1931.
50:24 Il va y avoir des arrestations, des exécutions,
50:28 mais il y en aura une autre en 1834, qui n'est pas une seule révolte des canuts sur fond salarial,
50:37 mais c'est une révolte républicaine, qui là, elle sera encore plus durement,
50:41 je disons, réprimée par la monarchie.
50:44 - En avançant un peu, parce qu'on pourrait vous écouter pendant des heures,
50:48 c'est vrai que c'est une histoire passionnante,
50:50 aujourd'hui d'ailleurs il y a eu une très belle chanson sur les canuts,
50:53 "C'est nous les canuts, on y rend tous nus", etc.
50:56 - Oui, pour gouverner il faut avoir Jean-Édian, "Chance au toit", très belle chanson.
51:02 Aujourd'hui, on peut parler, aujourd'hui encore,
51:07 parce qu'au moment où les identités sont soumises à l'auberge espagnole des fantasmes,
51:12 on peut parler d'identité lyonnaise, est-ce que ça a un sens aujourd'hui ou pas ?
51:19 - Ecoutez, vous avez mis le doigt sur ce qui blesse,
51:23 il est évident que l'identité lyonnaise a atteint son acme en 1958,
51:30 au moment du bimillénaire de Lyon.
51:32 - 1958 ?
51:34 - Oui, 1958.
51:36 Là, Hériot venait de mourir, c'était Pradelle qui était maire de Lyon.
51:42 Mais c'était Hériot qui avait préparé, Pradelle, même si ce n'était pas un génie intellectuel,
51:47 c'était un fils, je dirais, un fils adoptif d'Hériot.
51:53 Donc il faisait de l'hériotisme.
51:56 Il est évident qu'en 1958, la population n'était pas brassée comme elle a été brassée par la suite.
52:01 Il y a eu l'arrivée des pieds noirs massifs à Lyon en 1962,
52:05 ils ont occupé la Duchère, et Pradelle a été un maire très accueillant pour les pieds noirs.
52:10 Il y a eu l'immigration qui est arrivée massivement,
52:15 et je dirais que ce qu'on appelle le fond, comme dans une casserole,
52:21 le fond de Lyonitude, il a cessé de diminuer.
52:27 Et qu'aujourd'hui, la Lyonitude, elle existe un peu d'une manière subliminale,
52:34 quand les hommes politiques l'appliquent, et le maire de Lyon actuel est parisien,
52:39 il n'a pas du tout la veine de la Lyonitude.
52:43 - Oui, il ne sait pas ce que c'est que la Lyonitude, soyons honnête.
52:47 - Non, il m'a rencontré pour essayer de capter quelques éléments,
52:52 mais il est évident qu'il va y avoir un truc assez extraordinaire,
52:56 c'est le fameux monument à la Shoah.
52:59 Il va y avoir un monument à la Shoah à Lyon, qui va être établi place Carnot.
53:04 C'est un amoncellement de rois et de chemins de fer,
53:08 qui symbolise... Le problème, jamais les nazis n'ont embarqué les juifs à la garde pérenne.
53:15 Ils les ont embarqués à la garde vénitieuse.
53:18 Et les nazis étaient assez malins pour ne pas qu'on embarque les juifs
53:22 dans un lieu public fréquenté par la population.
53:25 Si la garde vénitieuse, vous la trouvez, c'est déjà fort,
53:27 parce qu'il faut la trouver la garde vénitieuse.
53:29 Mais le maire actuel, pour des raisons de récupération politique,
53:33 utilise la place Carnot, qui est quand même un symbole,
53:36 mais il y a la garde...
53:38 - Alors que ça n'a rien à voir avec l'histoire.
53:40 - Non, ça n'a rien à voir avec l'histoire.
53:42 Et on peut dire que la Lyonitude, aujourd'hui,
53:45 dans une population qui a été brassée par les courants d'immigration,
53:49 aussi bien nationaux qu'internationaux,
53:52 la Lyonitude reste plutôt un élément de conférence,
53:56 ou d'intervention, plutôt qu'un élément vécu.
53:59 - Est-ce qu'il y a encore, disons ça comme ça,
54:02 est-ce qu'il y a encore un résiduel, quelque part ?
54:04 Si je cherche la Lyonitude, même dans des détails,
54:07 est-ce que je peux la trouver ?
54:08 - Oui, il y a l'Académie du Gorgillon.
54:10 L'Académie du Gorgillon, qui est une académie
54:12 qui a été créée au 19ème siècle,
54:16 et jamais, par exemple, Hériot en était membre,
54:20 mais Hériot et surtout Justin Godard.
54:23 Voilà un personnage qu'on a oublié à Lyon, Justin Godard.
54:26 Justin Godard, c'est un fils de Canut.
54:29 Il est maire de Lyon à la Libération,
54:31 parce qu'Hériot était prisonnier en Allemagne.
54:33 Il était maire de Lyon.
54:34 C'est un personnage extrêmement important,
54:37 il est un avocat, mais un homme plutôt de centre-gauche.
54:41 Et ce personnage, il est le grand président
54:46 de l'Académie du Gorgillon.
54:49 Et Hériot, ce qui est assez curieux,
54:51 c'est qu'entre Hériot et lui, ils ne s'entendaient pas très bien.
54:54 Alors que ce Godard a été ministre de la Santé...
54:57 - Et donc l'Académie du Gorgillon...
54:59 - Oui, une académie qui...
55:01 - Elle existe, elle existe.
55:03 - Oui, elle existe toujours.
55:05 On ne peut pas dire qu'elle soit porteuse d'un discours
55:09 qui ait de la grande résonance.
55:11 Mais elle existe.
55:12 C'est une sorte d'académie qui tourne un peu sur elle-même,
55:17 mais elle est porteuse de cette mémoire.
55:19 - Est-ce que Bruno Benoit peut dire,
55:21 encore une fois il ne s'agit pas de réduire,
55:23 parce que c'est une histoire extrêmement riche
55:25 et que vous l'avez en quelques mots,
55:27 mais très bien résumée.
55:30 Est-ce qu'on peut dire qu'aujourd'hui,
55:32 dans cet art de vivre, cet art de bien manger,
55:34 parce que ça reste,
55:36 est-ce qu'il n'y a pas une nonitude dans cet art de bien manger,
55:39 aujourd'hui, à Lyon ?
55:40 - Oui, c'est vrai qu'à Lyon, on me permet de dire,
55:43 on se connaît quand on a mangé ensemble.
55:46 - Pour se connaître, il faut manger ensemble.
55:49 - Il faut manger ensemble.
55:50 Là, on a parlé ensemble,
55:51 mais ça ne veut pas dire qu'on se connaisse.
55:53 - Non, non, non.
55:54 - Ça veut dire que...
55:55 - On mangera ensemble, et on se connaîtra mieux.
55:57 - Le choix de la table reste quand même un élément fondamental.
56:01 Même si ce n'est pas une des identités,
56:03 il est, je dirais, un des supports d'identité.
56:06 - C'est ça, les supports d'identité, absolument.
56:09 Et juste pour terminer,
56:12 est-ce que vous pensez que...
56:14 C'est ça, entre la modernité et la tradition, c'est deux.
56:17 Est-ce qu'en fait, je dirais en quelques mots,
56:20 il ne faut jamais oublier le passé, quand même.
56:22 Est-ce que ce n'est pas ça, le problème ?
56:24 Parce que quand on dit "vous, passé, faisons table rase",
56:27 on voit très bien ce que ça donne, d'ailleurs, dans tous les domaines.
56:30 - Il est évident qu'en tant qu'historien,
56:33 quand le présent ignore le passé,
56:36 il peut commettre des irréparables.
56:39 - Tout à fait.
56:40 - Il est évident qu'aujourd'hui,
56:42 sans tomber dans l'actualité internationale,
56:44 on a ignoré le passé,
56:47 et aujourd'hui, ça permettrait de comprendre ce qui peut se passer
56:51 dans certaines situations internationales,
56:53 ce qui est incroyable.
56:54 Mais il est évident que cette ville de Lyon
56:56 ne peut pas se comprendre aujourd'hui
56:58 si on ne la met pas en perspective
57:01 avec son histoire de longue durée.
57:03 Même si, comme vous l'avez si bien fait remarquer,
57:06 même si ça joue à la marge,
57:08 ça joue quand même.
57:09 - C'est clair. On le voit partout, comme vous dites,
57:12 aussi bien dans l'international que le national.
57:15 Oublier le passé, c'est se condamner, d'ailleurs,
57:18 à le revivre, mais pas de la façon la plus glorieuse.
57:20 - Exactement.
57:21 - Merci beaucoup Bruno Meloy. - Merci.
57:23 - Merci pour votre intervention.
57:24 Et voilà, nous quittons là-dessus,
57:27 nous quittons le Lyonnais,
57:29 et nous ne quitterons pas, évidemment,
57:31 l'art de la table et l'art du bien-vivre.
57:34 A bientôt.
57:35 - Sud Radio.
57:41 - Vous êtes 900 000 à nous suivre sur notre chaîne YouTube.
57:45 Quel succès !
57:46 Merci de votre fidélité.
57:48 À votre radio préférée, c'est Sud Radio,
57:50 et c'est Judith Bélair qui vous parle.
57:53 - Sud Radio. Parlons vrai.
57:55 Bye !

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