"Quand on veut constamment, on réussit forcément" : Agnès Bricard - Destins de Femmes

  • il y a 7 mois
Dans Destins de femmes, Judith Beller reçoit Agnès Bricard, fondatrice cabinet d’expertise comptable Bricard, Lacroix & Associés.

"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.

Une émission de Judith Beller.

Merci au Groupe Connect Travail Temporaire !

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##DESTIN_DE_FEMMES-2024-03-30##

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Transcription
00:00 Le groupe Connect, expert en recrutement intérimaire.
00:03 Rejoignez les 35 agences du groupe Connect pour des opportunités de carrière partout en France.
00:08 Le groupe Connect présente...
00:10 Sud Radio, Destin de Femme, Judith Beller.
00:14 Bienvenue à toutes et à tous dans Destin de Femme sur Sud Radio.
00:16 Comme tous les samedis à 13h30, vous allez découvrir aujourd'hui le destin d'une femme française au destin extraordinaire.
00:22 Alors évidemment, tout ça pour que le combat pour le droit des femmes devienne une cause commune.
00:26 Tirée du livre, au même titre, de Valérie Pérez-Enouchi.
00:30 Alors Agnès Bricard, elle est fondatrice du cabinet de l'expertise comptable Bricard Lacroix et associée,
00:34 et notamment vice-présidente de Pacte PME, mais elle en fait des choses, Agnès.
00:38 Vous allez pouvoir nous raconter ça.
00:39 Vous êtes une figure influente dans le domaine de l'expertise comptable en France.
00:42 Vous êtes fortement engagée aussi pour la promotion des femmes dans les instances décisionnelles notamment.
00:47 Et vous le démontrez par l'action, vous allez pouvoir le découvrir, chers auditeurs.
00:51 Voici une femme qui façonne activement son parcours et son destin en oeuvrant pour ses sœurs.
00:54 Bienvenue sur Sud Radio.
00:56 Bienvenue à vous.
00:57 Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
01:00 Alors pour débuter, Agnès Bricard, les quatre questions que je pose à toutes les invitées de Destin de Femmes.
01:05 On commence par la première, quel destin de quelle femme vous inspire le plus ?
01:09 Aujourd'hui, réellement, c'est Christine Lagarde.
01:10 Avec sa vision, sa stratégie, une avocate d'affaires qui devient ministre
01:15 et qui est aujourd'hui à la tête de la BCE, la Banque Centrale Européenne.
01:18 Ouais, sacré parcours quoi.
01:20 Sacré parcours, puisque moi, en tant qu'expert comptable,
01:22 je peux imaginer que j'aurais pu, donc je la regarde.
01:25 Je la regarde en plus avec beaucoup de respect et d'admiration.
01:28 Elle est très incarnée, c'est ça aussi qui fonctionne.
01:30 Elle est claire dans ses décisions, dans son positionnement, c'est limpide quoi.
01:35 Voilà, debout, bien ancrée dans le sol.
01:39 Un peu comme vous quoi.
01:40 J'essaie, c'est mon modèle.
01:42 Et alors quel a été votre plus grand succès à vous, Agnès Bricard ?
01:45 Mon plus grand succès, c'est le financement des TPE-PME.
01:47 C'est-à-dire réellement, il n'y avait pas de visibilité.
01:50 On parcourait, quand on était créateur ou repreneur,
01:53 enfin on parcourait, on avait ce que j'appelle une promenade auprès des banquiers,
01:58 puis évidemment de tout ce qui est BPI, qu'on connaît bien,
02:01 puis également des fonds de pension, des fonds d'investissement.
02:04 Et à chaque fois, chacun parlait de ses produits, chaque acteur financier.
02:08 Et donc j'ai fait un guide routard du financement avec Philippe Gouaguen.
02:11 Il avait toujours eu cette idée de guide routard,
02:13 mais celui-ci s'appelle "Guide routard du financement".
02:15 Et on a pu en produire pour plus de 100 000 exemplaires,
02:18 mais surtout distribués dans toutes les banques.
02:20 Et ça a servi, évidemment, de former ce qui était au niveau des guichets,
02:24 pour donner du sens aux questions des repreneurs ou des créateurs.
02:29 Et c'est vrai que c'est mon vrai succès de me dire qu'aujourd'hui,
02:32 le financement c'est simple, et il faut que ça continue à être simple,
02:35 pour qu'on fabrique de la richesse.
02:37 - Donc si le financement est simple,
02:38 aujourd'hui, ce que vous nous dites, c'est que c'est grâce à vous, Agnès Bricard.
02:41 - Pas que moi, j'ai toujours une équipe.
02:43 Jamais on est seule, on fonctionne...
02:45 - Travail d'équipe. - Travail d'équipe.
02:46 - Pour avancer ensemble, on a plus de force quand on est accompagnée,
02:49 c'est ça que vous dites aussi.
02:50 - C'est mieux qu'accompagnée, c'est-à-dire qu'à chaque fois, 1 + 1 = 3.
02:53 - Ah, c'est beau.
02:54 1 + 1 = 3 sur Sud Radio ce soir.
02:57 Quelle a été votre plus grande déception, Agnès Bricard ?
02:59 - Finalement, je me demande si c'est de ne pas avoir eu un mandat politique.
03:03 - Ah oui. - J'ai vu le temps,
03:04 je ne l'ai pas constaté qu'il allait finalement aussi doucement que j'imaginais,
03:08 il a s'est accéléré.
03:10 Et donc aujourd'hui, oui, c'est un regret de...
03:11 - Vous regrettez de ne pas avoir fait de politique ?
03:13 - Oui. - Vous en faites, en fait, quand même.
03:14 - Je crois que j'aurais voulu vous faire bouger les lignes,
03:17 mais c'est pas dit qu'en politique, on fait vraiment... - Un petit poste de ministre ?
03:20 - Bah écoutez, quand on regarde Christine Lagarde,
03:22 on peut imaginer qu'être ministre, elle a été de l'agriculture,
03:24 elle a été du commerce extérieur, elle a fini à l'économie.
03:27 - Bah rien n'est impossible, Agnès Bricard.
03:28 - Il y a des âges pour tout maintenant.
03:30 - Ah oui ? Et vous pensez que, quoi, vous n'avez plus envie
03:32 parce que vous considérez que vous êtes trop âgée ou c'est plutôt les autres ?
03:35 - Non, c'est plutôt l'âge quand même, parce qu'il faut des députés aujourd'hui
03:39 qui ont entre 35-45, 50, peu importe.
03:41 - Oui, mais peut-être que ça leur ferait du bien de sagesse de l'âge, justement,
03:45 à ces députés, on en entend pas mal parler en ce moment.
03:48 Quelle a été votre plus grande joie, Agnès Bricard ?
03:51 - Alors, ma plus grande joie, c'est de me lever le matin
03:53 avec la même énergie que j'ai depuis mes 20 ans,
03:56 et de me dire qu'il est temps, et je le fais, systématiquement,
03:59 de partager mes acquis, de partager mes enseignements.
04:02 Et réellement, j'ai été nommée ambassadrice à l'intéressement
04:06 et à la participation par le gouvernement.
04:08 Et donc, il y a une même position que je faisais pour les femmes et les hommes,
04:11 où je devais trouver un bon équilibre et un juste respect de part et d'autre.
04:15 Aujourd'hui, c'est entre employeur et salarié,
04:18 où je fais le nécessaire pour qu'il y ait un juste équilibre
04:21 dans la distribution de richesses.
04:23 Après avoir fabriqué la richesse, il faut aussi penser, évidemment, à la partager.
04:27 Et c'est à ce titre-là que je suis ambassadrice,
04:29 et que je fais en sorte de dire, il faut ancrer ça dans vos entreprises,
04:33 c'est une culture sociale, et vous, en plus, entrepreneurs,
04:36 vous pouvez échanger avec vos salariés, et c'est ce qui manque à la France,
04:40 c'est cet échange entre, justement, les dirigeants
04:43 et ces ressources humaines qui s'appellent les salariés,
04:45 qui ont une valeur aussi importante que le capital financier.
04:48 - Du coup, il faut changer aussi l'image du patron,
04:50 qui est encore un peu poussiéreuse en France.
04:52 - Ils s'en viennent, je pense à nos start-up,
04:55 elles ont fait en sorte, même, d'imaginer l'actionnariat salarié,
04:58 de dire "vous rentrez, vous êtes des ressources humaines,
05:01 vous valez autant que le capital financier".
05:03 Et c'est aussi ça, notre ambition, dans le partage de la valeur,
05:06 c'est d'amener l'actionnariat salarié à peu près.
05:07 - C'est ça le progrès.
05:09 Et alors, vous nous parlez du juste respect entre les hommes et les femmes,
05:12 j'ai quand même envie de vous entendre deux secondes
05:13 sur ce qu'on entend du féminisme en général aujourd'hui,
05:16 et en particulier des féministes radicales
05:18 qui, justement, clivent au lieu de rassembler.
05:19 Est-ce que vous pensez que c'est une solution ?
05:22 - Alors, il y a d'abord un grand changement qui s'est fait pour le féminisme,
05:25 ça a été les quotas, personne n'y croyait.
05:28 Et franchement, Mme Marie-Josie Berman a dit "c'est ça et rien d'autre",
05:31 et on constate dix ans après, ça doit être 2011, j'exagère, donc quinze ans après,
05:35 c'était vraiment les quotas qui ont fait décoller ce que j'appelle une parité.
05:39 Puis ensuite, il y avait les salaires, 22% d'écart entre hommes et femmes.
05:43 - Mais on en a encore là, je crois.
05:44 - Uniquement les maternités, qui à chaque fois,
05:47 on s'arrêtait et qu'on reprenait,
05:48 on nous faisait payer pendant deux ans le fait qu'on n'était pas augmenté.
05:51 Donc il y a eu une loi qui a dit "quand on rentre de maternité,
05:54 un, on doit payer la femme avec les augmentations qu'il y a eu
05:58 dans l'entreprise pendant les deux ans ou les 13 ans,
06:00 ça pour pouvoir justement ne pas perdre.
06:03 Et un deuxième point, c'est de dire "il faut mettre enfin un index de l'égalité
06:08 dans le monde privé", mais où il y a le Pénicaud, ministre du Travail,
06:11 l'a évidemment inscrit.
06:13 Et aujourd'hui Stanislas Guérini l'a inscrit au 1er janvier 2024
06:16 dans tous les ministères pour qu'en 2026,
06:19 ça soit inscrit dans les collectivités territoriales et les hôpitaux.
06:21 - Oui parce que dans le monde privé, on constate encore par exemple
06:24 au niveau des cas de supérieurs,
06:25 que les femmes sont payées 24% de moins que les hommes en France.
06:27 Et donc on demande aujourd'hui que dans les 10 personnes les mieux rémunérées,
06:31 il y ait 40% de femmes.
06:32 - Ah, bravo.
06:33 Et alors justement, cette action de Muriel Pénicaud et de Stanislas Guérini,
06:38 ça s'appelle "2GAP"
06:39 pour "Gender, Gouvernance, Action, Plateforme".
06:42 Ça comporte une cinquantaine d'associations du monde privé,
06:46 une cinquantaine d'associations du monde public,
06:48 c'est ce que vous m'expliquiez hors antenne.
06:50 Racontez-nous un peu comment ça fonctionne tout ça.
06:52 - Alors comment ça fonctionne, c'est qu'on a une présidente qui s'appelle Nathalie Pils,
06:55 qui est du monde public, qui est une énarque,
06:57 et qui fait en sorte de trouver ce que j'appelle une coordination
07:00 entre toutes les présidentes,
07:02 puisqu'il y a un livre blanc par exemple qui vient de sortir 2024,
07:05 et qui parle des femmes, du sport et de la gouvernance.
07:08 Avec les Jeux Olympiques, il était nécessaire aussi
07:11 de faire en sorte qu'on retrouve une parité dans ce monde du sport,
07:14 et de montrer à ces petites filles qu'aujourd'hui, oui on peut aller,
07:17 on peut aller faire du football, c'est vrai,
07:19 et puis à des petits garçons pourquoi pas, d'aller faire de la danse s'ils ont envie de faire de la danse,
07:22 ou du tir à l'arc par exemple, on va prendre cet exemple.
07:26 - Alors très concrètement, j'ai un exemple,
07:28 j'ai reçu il y a peu de temps dans une autre émission, Philippe Diallo,
07:31 le président de la Fédération Française de Foot, qui expliquait que
07:34 à la rentrée à l'hiver, en novembre 2024,
07:37 il faut que la gouvernance de la FFF soit 50% paritaire, donc hommes-femmes,
07:42 sauf qu'il a un vrai souci, c'est qu'il n'a que 10% de licenciés.
07:45 Alors comment on fait dans ces cas-là ?
07:47 - C'est comme pour les infirmières, pourquoi il y a 90% d'infirmières et 10% d'infirmiers ?
07:52 Pareil, il faut donner du sens au fait que les hommes peuvent être des infirmiers,
07:56 tout à fait adaptés, mais il faut une génération pour que ça arrive.
07:59 Donc il y a un 10 ans déjà pour mettre en place,
08:02 et puis 10 ans après c'est normal, et bien là ça sera pareil.
08:04 Il va falloir démarrer les petites filles au football, taper du ballon,
08:08 il faut que les choses se fassent en disant
08:10 "le tennis c'est pareil, vous arrivez, vous vous mettez en place pour être classé 15",
08:15 donc il y a quand même tout un travail, mais ça s'est en train de se mettre en place doucement,
08:19 sûrement avec d'autres valeurs, qui sont des valeurs de solidarité,
08:23 des valeurs de respect, et des valeurs qui permettent justement demain peut-être
08:27 d'imaginer que les violences vont un peu cesser,
08:30 alors qu'il en existe encore un peu trop avec les féminicides.
08:32 - Alors ça permet de rebondir sur la question que je vous posais tout à l'heure
08:35 et que vous n'avez pas tout à fait répondu, sur justement l'engagement de ces féministes radicales
08:39 qui font hors champ, hors les hommes en fait,
08:43 comme si on pouvait construire un monde sans lier les deux.
08:48 - Alors c'est le problème de cette radicalité dont vous parlez, qui a juste au titre un vrai problème.
08:53 On a toujours connu des extrêmes, en fait il y a une telle diversité,
08:57 évidemment au niveau de notre société, que cette radicalité n'a pas de sens.
09:01 Et pour autant, on a l'impression que c'est pour démontrer qu'on peut aller plus vite,
09:05 et moi je dis à chaque fois "non", parce qu'un homme et une femme ça fait toujours trois,
09:09 on arrive toujours à faire un enfant en faisant 1+1=3.
09:12 Je reprends l'exemple de cet enfant, mais il est vrai que quand on regarde,
09:16 il doit avoir autant de respect pour nous les femmes que pour les hommes,
09:18 que les hommes doivent avoir du respect pour nous.
09:20 Il n'y a pas d'impérialisme, il n'y a pas à prendre la place,
09:23 il y a à vivre ensemble, en cohabitation, avec une belle solidarité et un respect de l'autre.
09:27 - Donc les progrès très concrets, si vous aviez un ou deux exemples à nous donner tout de suite,
09:31 à faire pour l'égalité des genres, par exemple dans le monde des affaires, qu'est-ce que ça serait ?
09:35 - Alors dans le monde des affaires, il faudrait qu'il y ait au niveau de ce que j'appelle les dirigeants,
09:39 une gouvernance alternée.
09:41 - D'accord. - C'est pas pour autant que, au moment où l'homme...
09:43 - On enlève du pouvoir là, attention !
09:45 - Non, au moment où l'homme va partir, il ne faut pas nécessairement dire "je mets une femme pour une femme".
09:49 Je continue à dire que je choisis dans les plus compétentes trois femmes,
09:53 mais que je fais en sorte qu'après un homme, il y ait une femme.
09:56 C'est deux façons de diriger, de manager,
09:59 et qu'il faut, je crois, démarrer aujourd'hui cette idée de la direction tout de suite,
10:04 qui est de dire "il y a un homme, il y a une femme, il y a un homme, il y a une femme".
10:07 - Et alors Simone de Beauvoir, elle disait que les femmes seront les égales des hommes
10:10 le jour où il y aura une femme incompétente au même poste qu'un homme,
10:14 qui gagnera le même salaire qu'un homme, en fait,
10:16 qu'au même poste où il peut y avoir un homme incompétent aussi.
10:19 Qu'est-ce que vous avez envie de lui répondre, votre tombe ?
10:21 - Forcer le trait, hein, c'est ce que j'appelle forcer le trait.
10:24 On a eu des femmes incompétentes, on ne va pas les nommer,
10:26 y en a tant d'hommes incompétents.
10:28 Ils sont pourtant à des postes de direction,
10:30 parce que quand on arrive à un poste de direction, il n'y a pas nécessairement que la compétence,
10:34 il y a la façon aussi de parler aux autres, une façon de mettre la main dans le dos
10:39 pour donner le sentiment qu'on est amis,
10:41 et puis il y a autant de femmes que d'hommes qui le font.
10:43 Donc, pour autant, est-ce qu'on a l'égalité ? Non, pas encore.
10:46 Parce que je trouve que quand on regarde les femmes du 440, du SBF 120,
10:50 ben y a pas assez de femmes.
10:51 - Y en a pas assez, clairement, très objectivement.
10:52 - On continue à voir réellement du monde masculin.
10:54 Mais ça va se faire, ça se met en place.
10:56 - Sur les générations d'après, c'est ça que vous dites, sur les jeunes générations, dans 10 ans, quoi.
10:59 - Mais au moins le mouvement est donné, les lois sont mises en place,
11:03 et on sait qu'on va avancer.
11:04 - Vous le savez, Sud Radio, c'est votre radio de destins de femmes.
11:07 Aujourd'hui, c'est avec la dirigeante du cabinet d'expertise comptable,
11:09 Bricard Lacroix, et associée.
11:11 Et elle est aussi vice-présidente de Pacte PME.
11:14 Elle est très engagée pour la cause des femmes.
11:15 Agnès Bricard, vous restez avec nous, et vous aussi, chères auditrices, chers auditeurs.
11:19 À tout de suite.
11:19 - Sud Radio, destins de femmes, Judith Beller.
11:24 - Le groupe Connect, expert en recrutement intérimaire.
11:28 Rejoignez les 35 agences du groupe Connect
11:30 pour des opportunités de carrière partout en France.
11:32 Le groupe Connect présente...
11:34 Sud Radio, destins de femmes, Judith Beller.
11:38 - Si vous nous rejoignez, bienvenue, les copines et les copains dans Destins de Femmes sur Sud Radio.
11:42 C'est l'émission du féminisme positif consacré aux femmes qui font notre République française.
11:46 Aujourd'hui, pour vous, la très engagée est incarnée Agnès Bricard,
11:49 qui est notamment fondatrice du cabinet d'expert comptable, Bricard Lacroix,
11:52 et associée vice-présidente de Pacte PME.
11:54 Mais vous l'aurez bien compris, c'est pas que.
11:56 Alors, Agnès Bricard, justement, on en parlait tout à l'heure.
12:00 Votre nomination en tant qu'ambassadrice à la participation
12:02 et à l'intéressement par le gouvernement il y a peu,
12:05 ainsi que votre rôle de présidente d'honneur du Conseil National de l'Ordre des Experts Comptables
12:08 vous positionnent comme une voix influente, clairement,
12:11 dans le domaine de la comptabilité, de la gouvernance d'entreprise.
12:14 Qu'est-ce que vous avez envie de dire à ceux qui doutent encore
12:16 des capacités des femmes à occuper des postes de leadership
12:18 dans ces secteurs qui sont traditionnellement, on peut le dire, dominés par les hommes, quand même ?
12:22 - Alors d'abord, il n'y a pas à douter.
12:24 C'est toujours une question, j'allais dire, aussi bien homme-femme que de compétence.
12:27 Il faut déjà savoir de quoi on parle.
12:29 Puis la deuxième chose, c'est la façon dont on parle.
12:32 C'est-à-dire d'aller chercher l'autre pour le ramener vers soi.
12:36 C'est pas uniquement parler en s'entendant parler,
12:38 en se faisant plaisir parce qu'on parle bien,
12:41 mais c'est d'aller chercher l'autre pour justement assurer cette sorte de communication
12:46 qui fait que du coup on échange et pas chacun sur une route parallèle.
12:50 - Donc pour aller chercher l'autre, il faut l'écouter, quoi.
12:51 - Voilà. Et puis c'est aussi transmettre.
12:54 Donc dans, par exemple, cette position,
12:55 en fonction d'ambassadrice à l'intéressement et à la participation,
12:59 est venue de l'idée que si aujourd'hui nos entreprises de plus de 50 salariés
13:03 ont une participation obligatoire,
13:05 dès lors qu'évidemment il y a un certain nombre de calculs effectués à partir d'une...
13:10 Il y a une formule de calcul de participation,
13:12 il n'y en a quand même qu'une entreprise sur deux qui ont l'obligation
13:15 parce qu'elles ont justement fait du bénéfice.
13:18 Puis il y a malheureusement des entreprises où il n'y a pas de participation
13:21 et c'est dommage et je le déplore.
13:23 Donc on avait dit contrat d'intéressement.
13:25 - OK.
13:25 - Et il faut savoir que le contrat d'intéressement, il est facultatif,
13:28 alors que la participation est obligatoire depuis De Gaulle en 67
13:31 et l'intéressement c'était aussi De Gaulle.
13:33 Il sortait de la guerre pour ainsi dire.
13:35 - Il a fait des trucs bien.
13:36 - Et en 59 il fait contrat d'intéressement mais facultatif.
13:39 Et donc que nos entreprises au-delà de 50 salariés
13:43 ont de la participation, de l'intéressement, de l'abondement, de l'actionnariat salarié.
13:48 Mais les entreprises entre 11 et 49 n'avaient rien.
13:51 Donc il y a eu un accord national interprofessionnel
13:54 avec des organisations dites patronales et des organisations dites syndicales.
13:58 Et ensemble elles ont décidé de ce qui devait s'appliquer.
14:01 Et le gouvernement a mis en place une loi du 29 novembre 2023,
14:05 - Oui.
14:06 - Récente, pour dire "application au 1er janvier 2025,
14:09 dans nos entreprises de 11 à 49,
14:12 d'un des dispositifs de partage de valeurs".
14:14 Donc tout mon travail c'est de dire parmi les cinq qui sont proposés
14:18 quels sont les critères qui permettent de le choisir.
14:20 Et c'est là où ça se complique un tout petit peu
14:23 puisque derrière tout ça, au moment où on a choisi,
14:26 il y a l'épargne salariale.
14:27 Et l'épargne salariale aujourd'hui, c'est 188 milliards,
14:30 quand on sait que l'assurance vie c'est 2000 milliards.
14:33 - Incroyable.
14:34 - Or, cette épargne salariale c'est une sorte de...
14:36 aussi une retraite par capitalisation pour un certain nombre.
14:39 Parce que de plus en plus on en entend parler,
14:41 on sait bien que nos retraites par répartition,
14:43 c'est en général la moitié du net de ce qu'on gagne aujourd'hui,
14:46 donc c'est difficile après de boucler les fins de mois.
14:49 Donc c'est vrai d'envisager sérieusement
14:51 ces dispositifs de partage de valeur
14:53 auxquels on a joint l'épargne salariale,
14:56 permet d'envisager autrement ses retraites,
14:58 mais également la possibilité de faire de l'épargne
15:00 pour acheter son habitation.
15:01 Il y a un vrai problème en France sur le logement,
15:03 et c'est un moyen aussi de se dire
15:05 c'est mon premier apport pour acheter mon habitation principale.
15:08 - D'accord.
15:09 Alors on va parler un petit peu de vous maintenant Agnès Bricard tout de même.
15:12 À commencer par un moment de votre carrière
15:15 qui vous a particulièrement marquée
15:17 et qui a contribué à façonner votre vision sur les années à venir.
15:20 Vous en avez un qui vous vient comme ça ?
15:22 - Je crois déjà de démarrer dans une banlieue ouvrière,
15:26 comme beaucoup d'ailleurs,
15:27 parce que j'entends au moins les trois quarts,
15:29 tous on a démarré dans des banlieues difficiles,
15:32 et où on se disait comment on fait pour réussir,
15:36 comment on fait pour rentrer dans Paris,
15:37 comment on fait pour se loger dans Paris.
15:39 Certains disent "moi je me mets tout de suite en start-up
15:42 et je démarre" et ils ont réussi,
15:44 d'autres ont moins réussi.
15:46 Moi j'ai dit en faisant mes études
15:48 que j'avais certainement la possibilité de choisir.
15:51 Et j'ai pris cette position d'aller à Nanterre,
15:54 de faire droit à Sciences-Eco, un troisième cycle de fiscalité,
15:57 et de dire maintenant qu'est-ce qu'on a devant soi ?
15:59 J'avais tous les choix possibles.
16:01 Et j'ai décidé de prendre une profession libérale
16:03 pour avoir la possibilité d'adapter mes temps de vie professionnels
16:07 et les temps de vie privés.
16:08 Parce que c'est aussi compliqué pour une femme d'assurer justement
16:13 comment on fait pour gérer, entre les deux, le pro et le perso.
16:18 - Alors c'est là que la profession libérale est tout à fait agréable,
16:22 dans son choix, puisque c'est nous qui décidons.
16:24 Et puis aujourd'hui il y a le télétravail.
16:26 - C'est un des progrès du Covid, effectivement.
16:29 - Ça c'est vraiment un beau succès,
16:32 et en plus une belle application parce que c'est pas uniquement une journée.
16:35 Maintenant on constate la moyenne c'est entre deux jours et trois jours.
16:38 Mais ça peut pas être pour tous les métiers.
16:40 Dans la restauration on peut pas l'appliquer, sur le télétravail.
16:43 Ils doivent être là, les serveurs.
16:45 Si les coiffeurs peuvent pas l'appliquer, ils doivent être là quand même pour nous coiffer.
16:48 Donc c'est vrai que ce télétravail,
16:50 pour au moins 60% de nos secteurs d'activité,
16:54 eh bien c'est une réussite.
16:56 Alors pour les femmes, comment concilier ça ?
16:59 C'est du temps partiel, et donc c'est vrai que du coup...
17:02 - C'est moins bien payé.
17:03 - Moins bien payé.
17:04 Au niveau des retraites c'est presque 40% d'écart.
17:08 Et c'est là où justement je pense qu'il y a un effort de solidarité à trouver
17:12 pour que quelque part on puisse dire...
17:14 - Qu'il y ait l'égalité des chances.
17:16 - Voilà, pour amener le fait qu'il faut continuer à créer nos enfants.
17:20 Parce qu'on le voit bien, aujourd'hui 1,75 d'enfants par foyer,
17:25 même pas deux, qu'est-ce qu'on va faire dans 40 ans pour nos retraites par répartition ?
17:29 - Oui, à mon avis ça sent pas très bon effectivement.
17:32 Quand on vous écoute parler de votre parcours Agnès Bricard,
17:35 on se dit que finalement quand on décide quelque chose et qu'on le fait à 100%,
17:39 en s'incarnant et en s'engageant dans sa route, tout est possible.
17:43 - Oui, tout est possible avec des rencontres.
17:45 Ce qu'il faut aussi, c'est pas uniquement dire tout est possible,
17:48 c'est dire il faut savoir sortir.
17:50 Moi je dis toujours ça aux jeunes en leur disant mais faut pas rester entre vous.
17:54 Il faut vous imaginer il y a un écosystème tout autour.
17:57 Donc il faut oser parler avec les autres qui sont pas nécessairement
18:01 ni de votre milieu, ni de votre culture, ni de votre religion, ni de votre genre.
18:07 Mais parler. Faites en sorte que justement, vous puissiez vous dire à un moment
18:11 "mais c'est là la rencontre".
18:13 Et c'est comme ça qu'à tout moment je me rends compte
18:15 qu'aujourd'hui tous nos jeunes, c'est pas à ce qu'ils ont rencontré un tel,
18:18 pas nécessairement que ce soit un modèle, mais qu'ils mettent le pied à l'étrier.
18:22 Ou alors ils se mettent, comme je dis toujours, dans les routes,
18:25 le route son vélo et puis ils avancent avec.
18:28 - Mais c'est aussi vieux que le 18e siècle ce que vous dites,
18:30 parce que Danton il disait déjà "de l'audace toujours de l'audace".
18:33 - Et rien que de l'audace mais il a perdu sa tête.
18:35 - Ouais. - Alors on va essayer quand même...
18:38 - Bon, on retire la phrase mais on garde la tête.
18:41 - De se dire qu'il faut juste se donner ses propres limites à soi.
18:45 - Oui c'est vrai.
18:46 Qu'est-ce que vous auriez comme conseil à donner Agnès Bricard
18:48 pour les jeunes femmes qui cherchent à réussir dans le même domaine que vous
18:51 et qui ont envie de se lancer dans une grande carrière comme ça, pourquoi pas publique aussi ?
18:54 - Alors le premier, ce que j'aurais à leur dire, c'est de croire en elle.
18:59 De toute façon si vous croyez pas...
19:00 - Comment on fait pour croire en soi quand on n'y croit pas ?
19:02 - Alors comment faire ? C'est simplement de se regarder,
19:04 de voir ses qualités, de voir ses défauts.
19:06 De toute façon, croire en soi c'est tout à gagner et rien à perdre.
19:10 Donc ça on démarre déjà sur ce principe-là, et on perd pas sa tête là.
19:13 - C'est de la garder tous les jours.
19:15 - De croire en soi, tout à gagner, rien à perdre.
19:18 Ne pas avoir de modèle nécessairement.
19:20 Moi je crois pas nécessairement au modèle, je crois d'abord à soi.
19:23 Mais il faut bien regarder ses qualités, ses défauts, pourquoi ?
19:26 Parce qu'au moment où on va s'associer, que ça soit en couple,
19:28 que ça soit au niveau d'un binôme dans les affaires,
19:30 que ça soit dans une association,
19:33 et bien c'est par rapport à ses défauts qu'on doit aller trouver celle qui a les qualités.
19:37 - Qui complète quoi.
19:38 - Qui permet justement de réussir.
19:40 C'est là où on réussit ensemble.
19:42 - Donc finalement avoir des défauts ça peut être une bonne chose.
19:44 - Moi je trouve de temps en temps qu'il faut aussi se faire plaisir,
19:47 se caresser un peu, se dire "bah j'ai ce défaut là, je l'assume".
19:51 - Et puis un défaut, on parle de la dualité là finalement.
19:55 Le blanc n'existerait pas sans le noir, le mal sans le bien,
19:58 les qualités sans les défauts non plus.
20:00 - Et surtout rechercher la diversité.
20:02 - Oui bien sûr.
20:03 Le conseil le plus important que vous ayez reçu dans votre carrière Agnès, s'il y en avait un ?
20:07 - Quand on veut constamment, on réussit forcément.
20:11 Et donc c'est vrai qu'il faut de temps en temps se dire...
20:13 - Quand on veut constamment, je le répète pour les auditrices et les auditeurs.
20:16 - Oui quand on veut constamment, on réussit forcément.
20:18 C'est à dire qu'il faut se lever le matin, il faut se coucher le soir,
20:21 avec l'idée que c'est là la direction, ou c'est là son destin, c'est bien le destin de femme.
20:26 - Ça c'est beau, vous êtes parfaite.
20:28 Même si on doit continuer, ça aurait été une transition magnifique pour terminer,
20:31 mais j'ai encore deux trois questions.
20:33 Déjà votre souhait, si vous aviez un souhait comme ça, Agnès Bricard.
20:36 Un petit génie qui arrive, qui prôte la lampe.
20:39 - Principalement, je me dis que si j'avais 15 ans de moins,
20:48 je pense que la politique m'intéresserait.
20:51 - Vous seriez venue où ?
20:53 - À l'économie.
20:55 - À l'économie, sûrement. Pas au social.
20:58 Et pour autant, je pense que demain, réellement, si je me projette à 15 ans,
21:03 je me dis que c'est sur le social, parce que là où il y a la ressource humaine,
21:06 et qu'on a mis en place en France depuis le 31 décembre 2023,
21:10 d'après une directive européenne,
21:12 des normes extra-financières, mon rêve c'est de les voir vivre.
21:15 C'est-à-dire, quand je prends un capital financier,
21:17 et qu'on n'arrive pas à dire que le capital humain est à l'identique avec les mêmes valeurs,
21:21 avec bien sûr des critères,
21:23 aujourd'hui, à 15 ans, on va se projeter,
21:25 et on verra que le capital humain, il a aussi une vraie valeur qu'on va pouvoir évaluer, mesurer.
21:30 - C'est ce que vous dites, que le capital humain c'est la richesse.
21:33 - C'est la richesse, mais on n'arrive pas à donner du sens comme au capital financier.
21:36 Le capital financier = dividende, normal, puisqu'on a pris des risques.
21:40 - Et finalement, quand le vrai progrès, ça ne sera pas au moment où on va prendre conscience
21:44 que le capital humain finalement est bien plus riche que juste la virtualité de l'argent, j'ai envie de dire.
21:50 - J'en suis sûre. Mon souhait c'est bien d'avoir 15 ans de moins pour pouvoir me projeter,
21:53 me dire que c'est là où la ressource humaine, enfin on a des critères,
21:56 enfin on les value, enfin on les estime,
21:59 et enfin des bourses pourront exister, comme des bourses aujourd'hui financières, sur ce capital humain.
22:05 - Eh bien merci beaucoup d'être venu raconter votre destin avec nous Agnès Bricard,
22:09 c'était un plaisir de vous recevoir, vous revenez quand vous voulez.
22:12 - Merci beaucoup, à très vite.
22:14 - Merci. Alors votre blog Agnès, et puis toutes vos actus, c'est sur agnès-bricard.com
22:22 et puis vous aurez toutes les actualités, les informations, etc. sur le parcours d'Agnès et sur ses engagements.
22:28 Nous on a rendez-vous samedi prochain, 13h30, et puis juste avant, c'est demain à 19h pour cet excellent.
22:34 Vous pouvez tout réécouter sur sudradio.fr, la chaîne YouTube de Sud Radio.
22:38 Merci chers auditeurs, chères auditrices, on est à 900 000 pratiquement sur YouTube,
22:42 c'est une grosse réussite, un million d'écoutes par jour.
22:44 Sud Radio c'est votre radio, vous le savez, on vous embrasse.
22:48 Sud Radio, Destin de femmes, Judith Beller.

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