"La vie nous procure tous les outils pour dessiner notre route" Eleonora Galasso - Destins de femmes

  • il y a 8 mois
Judith Beller reçoit dans Destins de femmes Eleonora Galasso, écrivaine, cuisinière et comédienne, à l’affiche de "Dévorante" au théâtre des Mathurins.

"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.

Une émission de Judith Beller.

Merci au Groupe Connect Travail Temporaire !

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##DESTINS_DE_FEMMES-2024-02-17##

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Transcription
00:00 Le groupe Connect, expert en recrutement intérimaire.
00:04 Rejoignez les 35 agences du groupe Connect pour des opportunités de carrière partout en France.
00:08 Le groupe Connect présente...
00:10 Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
00:14 Bonjour, bonjour les copines et les copains.
00:16 Comme tous les samedis à 13h30, on se retrouve pour Destin de Femmes,
00:19 pour que le combat pour le droit des femmes devienne une cause commune,
00:22 inspirée du livre au même titre de Valérie Pérez-Hénouchi.
00:25 Autrice à succès et ambassadrice de la Dolce Vita en France,
00:29 Eleonora Galasso ne se contente pas de charmer les papilles
00:32 avec ses délicieuses recettes méditerranéennes.
00:34 Elle libère la parole, elle brise les tabous
00:36 en évoquant avec une franchise désarmante les violences conjugales.
00:39 Et c'est sur scène au Théâtre des Maturins à Paris,
00:42 dans son spectacle Dévorante, mis en scène par Chloé Frauger.
00:46 Un destin de femme emprunt, de résilience et de gaieté, c'est ce qu'on aime.
00:49 Bienvenue sur Sud Radio, Eleonora Galasso.
00:51 Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
00:55 Alors Eleonora Galasso, je vais vous poser les 4 questions
00:57 auxquelles doivent répondre toutes les invités de Destin de Femmes.
00:59 - Ah ça vous fait rire déjà. - C'est mon destin.
01:01 - C'était comme la chanson des inconnus, je ne sais pas si vous l'avez connue.
01:05 Descends Manu, c'est ton destin.
01:09 - Ni vu, ni connu.
01:11 - Quel destin de quelle femme vous inspire le plus, Eleonora Galasso ?
01:14 - J'aime le mélange.
01:16 Donc on va dire les destins de deux femmes
01:19 qui me marquent beaucoup, d'un moment l'imaginaire et d'un moment l'inspiration.
01:23 La première est une française, Fanny Ardant.
01:26 Je trouve qu'elle incarne la liberté farouche.
01:29 C'est quelque chose qui m'anime tous les jours.
01:34 Et pour lequel je paye aussi mes frais, évidemment.
01:37 - Ça coûte cher la liberté. - Oui, ça coûte très cher.
01:40 Mais après on se libère et on a de moins en moins de couches.
01:45 On est de plus en plus... - Proche de soi.
01:48 - Oui, animé par une quête véritable.
01:51 Bon, quel philosophe !
01:53 Et la deuxième femme serait...
01:57 une femme que j'ai toujours beaucoup admirée,
02:01 originaire de ma contrée natale,
02:05 et c'est Sofia Loren.
02:07 - C'est deux femmes, quoi. - Deux vraies femmes.
02:11 Ce que j'aime chez Sofia Loren, c'est le fait qu'à la base,
02:15 c'était une femme du peuple, une Napolitaine,
02:17 qui ne parlait même pas la langue italienne.
02:20 Elle parlait en dialecte.
02:22 Et on la croyait illitrée,
02:24 on la croyait...
02:27 non apte à exceller dans la vie.
02:31 Et certainement, son destin a été celui de faire des gosses
02:36 et de récueillir des pommes de terre.
02:39 Et elle a bâti son destin à sa sauce à elle.
02:42 - C'est ça, c'est le dépassement de soi-même,
02:44 du destin qu'on vous a pointé, en fait.
02:48 C'est ça qui vous parle dans son parcours réel.
02:51 - Ce qui me parle dans son parcours, c'est le Sud.
02:53 Parce que je suis également issue d'une famille du sud de l'Italie.
02:58 Je suis née dans les Pouilles.
03:01 Et en fait, je suis née à la maison.
03:05 Donc, les années 80 dans les Pouilles,
03:07 c'est comme les années 40 en France, je trouve.
03:10 Il y avait une imposition, une manière de faire,
03:14 de regarder, d'ouvrir ses sens,
03:17 qui était assez stricte.
03:20 - Très restreinte, oui.
03:21 Et c'était très patriarcal aussi.
03:23 - C'était patriarcal, moi je trouve, assez comique d'un côté,
03:27 parce que c'était tellement exagéré.
03:28 Quand j'étais petite, j'ai été élevée par mon arrière-grand-mère.
03:32 C'est une femme que j'ai absolument adorée.
03:35 Mais c'est vrai qu'elle concevait qu'il fallait que je dors d'une certaine manière.
03:39 Donc, elle venait me contrôler.
03:41 Donc, à côté de mon matelas, elle venait avec son bâton.
03:43 Et si jamais mes jambes ou mes bras étaient un peu écartés,
03:49 eh bien, elle venait pour les resserrer.
03:53 Et je n'avais pas le droit de regarder les hommes dans les yeux.
03:58 Tu imagines bien la réaction.
04:02 - C'est incroyable ce que vous racontez là.
04:03 Dans le Moyen-Âge, en fait.
04:04 - Ah oui !
04:05 - Parce que l'histoire des jambes écartées dans le lit,
04:06 je n'avais jamais entendu ça.
04:07 J'en ai entendu, mais celle-là, non.
04:09 - Alors, je dors toujours comme une homme.
04:11 - C'est ça, vous dormez les jambes serrées.
04:13 - Je suis déjà prête pour la mort, en fait.
04:15 Je dors comme ça.
04:16 Oui, les bras serrés, les mains serrées.
04:19 Mais véritablement, depuis lors, je me suis libérée de plein de choses,
04:25 de plein d'a priori.
04:27 Et j'en fais beaucoup d'humour dans mon cœur, en fait.
04:32 Tout cela me fait fort rire, parce que ça parle des peurs, en fait.
04:36 - Bien sûr.
04:37 C'est vrai que la bonne réponse à la peur, c'est le rire aussi.
04:40 Votre plus grand succès, Léonora Galasso ?
04:42 - Le plus grand succès pour moi, il doit encore arriver,
04:48 mais certainement, c'est celui de m'être rendue compte à un moment donné de ma vie
04:52 que j'étais vivante, que la vie m'appartenait et que mon identité aussi.
04:57 Et c'est là été le début d'un jeu que j'ai commencé à faire avec la vie
05:03 et où je me suis rendue compte que la vie, en fait, procure tous les outils
05:07 et qu'en fait, on peut dessiner des choses différentes
05:10 de celles qui nous sont destinées.
05:13 - Vous avez les clés de votre outil, quoi.
05:15 - Mais en fait, elles viennent à moi tous les jours.
05:19 Il suffit de se dire, ah, il serait sympathique que cela arrive
05:24 et cela, à un moment, va se manifester devant vous.
05:30 Il suffit de jouer, de flirter avec la vie pour que la vie fasse la même chose avec vous.
05:35 - D'accord.
05:36 Donc quand vous voulez un truc, ça se matérialise.
05:37 C'est ça que vous dites, en fait.
05:38 - Si on joue suffisamment avec le désir, oui.
05:42 Si on impose avec une forme de peur ou de persécution, non.
05:51 Alors la vie devient plus dure et donc elle n'est pas si généreuse que ça.
05:58 Donc il faut rester tendre.
06:01 - C'est joliment dit, comme la viande.
06:03 - C'est ça.
06:04 - Exactement.
06:05 - Quelle est votre plus grande déception ?
06:07 - Et Léonora Galasso ?
06:09 - Ma plus grande déception a été vis-à-vis de moi-même
06:14 lorsque je me suis rendue compte que j'avais une forme d'espoir vis-à-vis des autres.
06:21 Non, il ne faut pas espérer des autres parce que chacun fait de son mieux
06:26 par rapport à ce qu'il peut faire.
06:28 Et moi-même, je vais faire de mon mieux pour ce qui me concerne.
06:33 - Donc c'est la fin d'espoir.
06:34 - Oui, c'était une grande déception, mais ça a enclenché d'autres mécanismes
06:42 qui m'ont permis de déregarder les choses et les personnes
06:46 de manière beaucoup plus humaine.
06:49 On n'est pas surhumain, on est juste des gens.
06:52 - On fait ce qu'on peut.
06:53 - Voilà.
06:54 - Votre plus grande joie ?
06:56 - C'est très banal, mais c'est mes deux garçons.
06:59 J'ai des garçons qui sont...
07:00 - Ils ont quel âge ?
07:01 - Ils ont trois ans et demi et presque deux ans.
07:05 Et j'aime beaucoup, comme beaucoup de mamans et de parents le disent en général,
07:09 mais regarder le monde à travers leurs yeux et me rendre compte
07:13 qu'il y a une forme de poésie qui demeure toujours très active chez moi.
07:19 Beaucoup de gens me trouvent même un tout petit peu délirante
07:22 parce que je...
07:23 - Dévorante.
07:24 - Délirante, dévorante !
07:26 Mais je dois baigner dans la poésie à tous les tournants de ma vie.
07:32 C'est absolument nécessaire.
07:34 Et c'est vrai que c'est là que ça me rend soit très seule dans une multitude,
07:40 soit extrêmement joyeuse comme si j'étais à une fête lorsque je suis seule.
07:45 Et donc ça, c'est quelque chose que je fais bien avec mes enfants.
07:49 Ils sont aussi tarés que moi, donc c'est super.
07:51 - Ok.
07:52 Alors votre spectacle Dévorante, il est au Théâtre des Maturins.
07:56 C'est du 16 janvier au 24 mars.
07:58 Alors chers auditeurs, il faut y aller. Courrez-y.
08:00 Si vous êtes par là, c'est à Paris.
08:02 - Non, c'est jusqu'à fin mai.
08:03 - Ah, c'est jusqu'à fin mai.
08:04 Oui, vous avez été prolongée tout à fait.
08:06 Jusqu'au combien d'ailleurs ?
08:07 - Jusqu'au 30 mai.
08:08 - Jusqu'au 30 mai.
08:09 Alors ça, c'est important de le renoter.
08:11 Donc c'est les lundis à 19h.
08:13 - Les mardis à 21h, vous m'arrêtez si je me trompe.
08:16 Et les dimanches à 15h.
08:17 - Exactement.
08:18 - Et ça s'érase jusqu'à fin mars.
08:20 Ensuite, à partir d'avril jusqu'à fin mai,
08:23 ça s'érase les mardis, mercredis et jeudis à 21h au Théâtre des Maturins.
08:28 - Alors le Théâtre des Maturins, c'est à Paris.
08:30 Et moi, j'y suis allée, chers auditeurs.
08:32 Et je dois dire que ce qui m'a le plus marquée personnellement,
08:34 c'est le switch que vous opérez, Léonora Galasso,
08:36 entre les scènes de violence dont votre héroïne est victime
08:39 et le cours de cuisine où elle doit faire bonne figure.
08:41 Comme pour illustrer que ce qui arrive vraiment aux femmes,
08:44 ça arrive quand elles sont victimes de violences.
08:46 C'est-à-dire qu'elles sortent de la maison,
08:48 elles se sont fait taper dessus,
08:49 puis après elles vont au travail et elles font bonne figure.
08:51 C'est ça que vous racontez.
08:53 - Oui, je raconte un phénomène que je pense existe dans chacun de nous,
08:59 c'est-à-dire l'être public et l'être privé.
09:02 Et comment harmoniser les deux.
09:05 Et comment aussi normaliser les deux.
09:08 Parce que notre société, c'est vrai qu'aujourd'hui,
09:11 on n'a plus tendance à mettre en exergue l'être public,
09:15 même dans les réseaux sociaux.
09:17 L'être privé devient être public,
09:19 donc on ne voit plus l'être privé.
09:22 Et c'est presque une honte de vivre l'être privé
09:25 avec sa solitude, avec ses questionnements.
09:27 Voilà, donc j'ai voulu faire...
09:31 - Là, la vie privée en question, elle n'est quand même pas usuelle.
09:34 C'est-à-dire qu'on espère bien que toutes les femmes
09:36 ne connaissent pas ce genre de situation, justement,
09:38 à devoir faire bonne figure, après ça te fait taper dessus, tout simplement.
09:41 - C'est l'histoire d'une introspection.
09:43 Moi, je voulais fortement comprendre
09:46 quels étaient les mécanismes d'une emprise.
09:49 Comment ça se fait qu'à un moment donné de la vie,
09:51 on arrive à l'emprise ?
09:54 L'emprise ne se fait pas du jour au lendemain.
09:57 C'est l'acceptation, petit à petit, mais de manière certaine,
10:00 d'une forme de franchissement des limites.
10:03 Et on se dit, bon, l'autre personne est tellement douce,
10:07 elle a tellement besoin d'être rassurée,
10:09 que moi, je vais carrément ne plus avoir des limites
10:12 pour qu'il puisse se sentir rassuré sous mes ailes.
10:15 Mais finalement, ce n'est pas l'autre qui est fragilisé, mais nous.
10:20 Pourquoi on en arrive là ?
10:23 Et donc, au cours de ces spectacles, effectivement,
10:25 je décris des manières plutôt banales et j'espère universelles,
10:29 toute une série de petites choses qui arrivent à nous tous.
10:33 Pendant l'enfance, on a tous eu une personne de notre entourage
10:37 qui nous a dit une phrase un peu maladroite,
10:43 peut-être un peu malveillante, source de ses propres insécurités.
10:48 Et cette phrase même est devenue notre légende.
10:51 Donc, puisque mon père m'a dit comme ci,
10:54 puisque ma mère m'a traité comme ça,
10:56 alors les gens me traitent de telle manière.
10:59 Mais finalement, c'est nous qui imposons aussi
11:02 un certain rythme à nos relations.
11:04 Et nous sommes tous des êtres pensants
11:07 et nous pouvons même bien analyser ce qui nous arrive.
11:11 Et lorsque, et là l'analogie avec la gastronomie s'impose,
11:16 lorsqu'il y a quelque chose qui ne va pas dans nos viscères
11:19 et que nous ressentons par notre intuition,
11:22 qui est, selon mon spectacle, évidemment un des piliers de la société italienne,
11:27 l'intuition, la débrouillardise, l'improvisation.
11:31 Et donc si dans ces moments de premier égard,
11:38 nous faisons confiance à ce que nous ressentons à l'intérieur de notre cœur,
11:45 en fait, il y a déjà toutes les réponses.
11:48 La situation change en fonction de la manière dont on la regarde.
11:51 Avec Eleonora Galasso, vous êtes bien sur Sud Radio
11:54 et nous aussi, Destin de Femmes.
11:55 Vous l'aurez compris, c'est en compagnie de l'actrice comédienne
11:58 et cuisinière de talent, sans oublier la femme engagée.
12:01 Eleonora Galasso, ne partez pas trop loin, parce que nous on reste là, tout de suite.
12:05 Sud Radio, c'est Destin de Femmes, l'émission consacrée aux femmes d'exception
12:23 qui fondent notre République française,
12:24 aujourd'hui avec la comédienne qui cuisine et qui dénonce aussi,
12:27 Eleonora Galasso, bienvenue à vous, si vous nous rejoignez.
12:30 Alors Eleonora Galasso, on a envie de savoir,
12:33 je rappelle que vous avez votre spectacle qui est en cours,
12:35 dévorante, au Théâtre des Maturins à Paris.
12:38 J'ai envie de savoir comment réagit le public justement à ce spectacle.
12:41 Est-ce que vous avez constaté des changements dans leur compréhension,
12:44 dans leur perception ? Est-ce qu'ils viennent vous voir après,
12:47 quand ils ont vu votre performance ? Comment ils réagissent ?
12:50 C'est véritablement la partie la plus merveilleuse de ce parcours,
12:56 de cette aventure, c'est justement, et là je lis Sud Radio parlons vrai,
13:02 c'est vraiment le parler vrai.
13:04 Donc je reçois un nombre de témoignages à chaque représentation,
13:08 par courrier ou des visus, des gens, hommes et femmes d'ailleurs,
13:13 qui viennent me voir et qui me racontent comme quoi,
13:16 à une couche ou à une autre du millefeuille que je propose sur scène,
13:22 ils se retrouvent dans cette histoire.
13:25 Effectivement, j'invite les spectateurs à rentrer dans ma cuisine,
13:28 mais c'est la leur aussi.
13:30 C'est pourquoi le spectacle est un spectacle d'interaction.
13:34 J'ai envie que les gens puissent participer avec moi,
13:37 parce que cette tambouille dont je parle n'est pas uniquement la mienne.
13:41 Je mets cette histoire que je propose au service de l'histoire de tout le monde,
13:45 de tous ceux et celles qui viennent voir les spectacles.
13:48 Et c'est aussi cette approche interactive justement,
13:50 qui différencie votre spectacle des autres formes de sensibilisation
13:53 autour de ces sujets.
13:55 Le fait que vous fassiez agir ou réagir le public face à ce que vous lui dites,
13:59 c'est quand même vraiment ce qui fait votre cuisine particulière.
14:04 Oui, je pars du principe qu'on part tous avec les mêmes ingrédients
14:08 et puis chacun fait sa recette.
14:11 Que la vie est vraiment comme une histoire d'amour
14:14 et qu'en fait, on va tous à travers un peu les mêmes sensations.
14:21 Et il suffit juste de les évoquer pour pouvoir réfléchir
14:26 et faire un point de là où nous sommes dans nos vies
14:31 et arrêter de se raconter des balivernes.
14:34 Bien sûr.
14:35 Alors, est-ce que cette histoire, ce que vous nous racontez,
14:39 est-ce que c'est votre histoire ?
14:40 Ou alors, est-ce que c'est inspiré ?
14:42 Qu'est-ce que vous nous racontez là ?
14:44 Alors, c'est effectivement issu partiellement de mon histoire personnelle,
14:49 mais je m'en fiche de raconter mon histoire personnelle.
14:53 Pourquoi ?
14:55 Parce que je ne veux pas du tout être dans la dénonciation
14:59 ni dans une forme de militantisme.
15:03 Je suis sur scène pour raconter un parcours d'introspection,
15:10 un parcours de prise de conscience par rapport à certains mécanismes.
15:15 Donc, ce qui vous intéresse, c'est plus la femme en tant que telle
15:17 qui traverse ce parcours-là plutôt que l'agresseur ou ce qui se passe autour.
15:21 Oui, absolument.
15:22 On n'a pas la main dessus.
15:24 L'agresseur a un profil qui fera qu'il aura sa voie, son parcours,
15:30 il rencontrera d'autres femmes et il devra passer par ses étapes à lui
15:34 pour peut-être s'améliorer.
15:37 Chose qu'on souhaite à tous.
15:41 C'est pourquoi il n'y a pas de peine des morts en France.
15:43 Mais de l'autre côté, il y a des femmes, des hommes,
15:47 des êtres pensants qui sont ceux qu'on appelle les victimes.
15:51 Pourquoi je dis "on appelle les victimes",
15:53 c'est pas qu'il n'existe pas des victimes,
15:55 mais je pense toujours qu'il y a un moment donné,
15:58 au cours d'une relation, où on sait qu'on est en train d'aller trop loin
16:02 et on décide que c'est bon.
16:04 Quand on décide que c'est bon, c'est un autre risque et péril.
16:08 Donc finalement, si on s'écoutait, on resterait pas, c'est ça que vous dites ?
16:13 Ou si on écoutait cette première voix-là ?
16:15 Cette première voix viscérale, qui te dit "la pasta c'est très bon"
16:19 et qui te dit aussi "celui-là, il est pas en train de te faire du bien, ma chérie".
16:25 Et pourquoi on a tellement de mal, à votre avis, selon vous, à l'écouter cette voix-là ?
16:30 Parce qu'on a un manque d'amour propre abyssal.
16:34 Parce que nous sommes les seules, peut-être, nous sommes les seules,
16:39 en Occident, on fait beaucoup d'expériments avec l'enfance.
16:46 Donc moi je trouve que notre éducation, je suis née et je suis une fille des années 80,
16:51 a été très différente par rapport à celle que ma mère ou mes grands-mères avaient reçue.
16:56 Et je sais qu'aujourd'hui, mes enfants, moi je les élève d'une manière encore différente.
17:03 Mais si on allait chez les chasseurs-cailleurs des Andes, par exemple,
17:10 ils font la même chose depuis mille ans.
17:13 Et alors le fait de monter sur scène pour raconter votre histoire,
17:15 même si ce n'est pas totalement votre histoire, ce n'est quand même une bonne partie,
17:18 est-ce que le fait de la raconter, c'est aussi, alors je n'ai pas envie de dire que ça vous soigne,
17:22 mais ça vous permet peut-être de vous en détacher, de la visualiser autrement
17:25 et d'y rajouter une forme de poésie comme vous le faites d'ailleurs ?
17:28 C'est certainement une étape de guérison.
17:31 Et puis ce qui compte pour moi, c'est de pouvoir transmettre un message
17:34 qui puisse servir aux autres.
17:36 Que ça ne soit pas une grosse, mais que ça se transforme en une œuvre d'art.
17:42 C'est ça le message que vous voulez faire passer ?
17:44 C'est quoi le message que vous voulez faire passer au public ?
17:47 Qu'on peut tout transformer en quelque chose de beau.
17:50 Mais il suffit de le vouloir.
17:52 Et pour vouloir la lumière, il faut regarder vers la lumière
17:56 et non pas se plaindre de toute la noirceur.
17:59 Il y a un truc que vous dites aussi à la fin, c'est que grosso modo,
18:02 si on a quelqu'un dans notre entourage qui souffre de ce genre de violences
18:05 ou qui sont non dites, il faut venir voir votre spectacle
18:07 parce que ça permet de voir la bouche.
18:08 Donc c'est un spectacle qui s'engage pour changer la condition des femmes
18:11 qui sont potentiellement victimes de la même chose
18:14 et qui viennent le voir et pour qui ça va être une révélation.
18:17 Les spectacles ont comme vocation d'être un point de réflexion
18:22 pour certaines femmes qui pourraient se trouver dans une situation
18:26 qu'elles n'arrivent pas trop à concevoir.
18:28 Elles pourraient se sentir un peu désorientées,
18:31 penser que leur mémoire leur fait des défauts, des mauvais tours.
18:40 Et en regardant ces spectacles, peut-être qu'elles sortiront
18:43 avec quelques éléments qui leur permettront de...
18:47 De faire face ou de réagir.
18:49 Oui, de comprendre comment affronter la suite
18:53 en prenant le pouvoir sur l'air futur.
18:56 Alors Eleonora Gallasso, je le dis pour les auditeurs qui vous êtes,
19:01 vos ouvrages de cuisine et de lifestyle italien ont été traduits en 14 langues.
19:05 Ils ont été vendus à plus d'un million d'exemplaires.
19:07 Vous avez été aussi notamment pendant 5 saisons
19:09 derrière les fourneaux de l'émission "C'est à vous".
19:11 Je parle de la France évidemment, mais il y a eu aussi des émissions
19:13 par exemple en Angleterre sur la BBC.
19:15 Là on parle de France 5.
19:17 Alors pourquoi cette volonté de passage sur les planches,
19:20 de sortir du petit écran ?
19:22 Est-ce que c'était pour vous confronter à vous-même, au public aussi ?
19:25 Qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné vous dites
19:27 "Bon, ça y est, je vais sur scène".
19:29 C'est pas si simple que ça.
19:31 Non, mais je pense que la cuisine est un lieu
19:33 où on peut se cacher dans une cuisine.
19:35 La cuisine peut se cacher derrière nous.
19:38 En fait, voilà, je m'intéresse à beaucoup de choses.
19:42 Et j'ai toujours écrit aussi mes ouvrages de cuisine
19:48 en ayant en tête des anecdotes, des histoires,
19:51 donc je pense que c'est plutôt aligné avec ce qui a été mon passé.
19:58 Ce que vous avez fait au départ, oui.
20:00 Et ça va vers d'autres plages certainement.
20:05 Mais c'est une forme de cuisine aussi,
20:10 l'effet d'écrire un texte, de monter sur scène.
20:13 Oui, parce que vous avez co-écrit avec votre metteur en scène,
20:16 mais du coup vous en avez quand même écrit une partie,
20:18 donc c'est un nouveau job.
20:20 Vous écrivez, vous faites mettre en scène et vous montez sur scène.
20:24 Donc c'est quand même un nouveau chemin.
20:26 Est-ce que c'est un chemin que vous allez continuer ?
20:28 Est-ce que c'est ça que vous voulez faire maintenant ?
20:30 Oui.
20:31 D'accord.
20:32 Je pense que j'ai plein d'histoires à moi,
20:34 plein de recettes que j'ai envie de transformer.
20:38 Et puis je suis disponible à la vie
20:41 et je me laisse surprendre par la chose.
20:43 Parce que finalement, c'est ça que vous nous racontez aussi,
20:45 c'est le bonheur du goût,
20:47 puisqu'avec la cuisine on parle de goût,
20:49 puisque c'est le bonheur du ventre,
20:51 et puis parce qu'on ne vit pas sans nourriture.
20:53 Et d'autant plus si elle est bonne, tant mieux.
20:56 Il faut qu'elle soit bonne, il faut qu'elle soit belle.
20:59 La beauté c'est important aussi.
21:01 L'esthétisme de la nourriture c'est important.
21:03 Oui, mais pas un esthétisme hyper soigné.
21:06 Ça tombe un peu dans une forme d'égoïsme.
21:09 Non.
21:10 Vous en faites des petites portions.
21:12 Non, un esthétisme juste.
21:16 Quelque chose qui soit juste et qui s'inscrive dans la tradition.
21:22 Parce que quand quelque chose s'inscrit dans le temps,
21:25 il y a des bonnes raisons.
21:27 Alors si vous aviez un souhait,
21:29 et l'on aurait galasso,
21:30 si vous aviez un petit génie comme ça qui vous dit
21:32 "je vous réalise un souhait", ça serait quoi votre souhait ?
21:35 J'aimerais que les sujets qui sont traités dans mon spectacle,
21:42 le harcèlement, deviennent quelque chose de complètement archaïque
21:47 lorsque mes deux garçons deviendront des trentenaires
21:52 et qu'ils pourront dire "oui, effectivement,
21:54 maman parlait de ça il y a trente ans,
21:56 mais bon, c'est plus de nos jours".
21:58 Ça c'est vous qui leur transmettrez, vous le savez.
22:01 Je ne sais pas si je l'ai redirait,
22:03 mais peut-être que je ferai les choses
22:05 en sorte qu'ils puissent voir ça.
22:08 Le mot de la fin, il est au nom à galasso,
22:10 on est déjà obligés de se quitter.
22:11 Vous avez un petit mot à dire à nos auditeurs ?
22:13 "Sens affine, jamais la fin".
22:16 C'est beau, c'est beau.
22:17 "Jamais la fin" avec Eleonora Galasso, merci beaucoup.
22:20 Merci beaucoup Judith.
22:21 Vous êtes venue dans "Destin de femme".
22:22 Alors chers auditeurs, "Dévorante" c'est au théâtre des Maturins,
22:25 c'est à Paris, c'est du 16 janvier au 30 mai.
22:27 Alors pour jusqu'à fin mars, on est les lundis 19h,
22:30 mardi 21h et dimanche 15h.
22:32 Et à partir du 30 mai, ça sera mardi, mercredi, jeudi, 21h.
22:35 Non, à partir d'avril et jusqu'au 30 mai.
22:37 Oui, excusez-moi.
22:38 Ça sera les mardis, mercredis, jeudis,
22:40 mais sur tous les sites de réservation des tickets théâtrales en ligne,
22:44 il y a tous les calendriers.
22:46 Merci beaucoup.
22:47 Et merci à tous et à toutes, évidemment, de votre fidélité.
22:50 Rendez-vous samedi prochain à 13h30 pour un nouveau "Destin de femme".
22:53 Demain à 19h, c'est "C'est excellent", vous le savez.
22:55 Et puis tous les rendez-vous sont à retrouver sur sudradio.fr,
22:58 la chaîne YouTube, les réseaux sociaux, 10h en complet.
23:01 Merci à Julien Delmas qui réalise pour vous aujourd'hui,
23:04 aux équipes de Sud Radio.
23:05 Et une bise à toutes et à tous.
23:07 Sud Radio, "Destin de femme", Judith Beller.
23:12 Avec le groupe Connect, expert en recrutement intérimaire.
23:15 Rejoignez les 35 agences du groupe Connect
23:17 pour des opportunités de carrière partout en France.

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